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LE PELERINAGE DE SAINT-JEAN-DU-DOIGT

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Les merveilles qui se racontaient de la translation de Normandie en Bretagne du Doigt de S. Jean à traon Mériadec, provoquèrent dès le XVème siècle, la réunion d'un grand nombre de pèlerins.

Dans le compte de Jean de Mauléon, trésorier du duché, 1429, il est dit que Jean V donna cette année, deux marcs d'argent pour couvrir le S. Doigt (Mor. P. II f. 1227).

A la fin de ce siècle, la visite de la duchesse Anne ne fit que confirmer la dévotion populaire, les pèlerins et les libéralités se multiplièrent, si bien que pour le XVIème siècle nous avons pu relever plus de 72 donations ou fondations de messe à la chapelle S. Jean aussi ne fallait-il pas moins de 12 ecclésiastiques pour le service du pèlerinage dans cette simple chapelle isolée de toute grande voie de communication. On dut dès lors, se préoccuper d'un règlement pour assurer le bon ordre dans l'exécution des messes et offices. Voici quelques extraits de ce règlement pris de concert avec les ecclésiastiques, « l'état de la noblesse et le tiers état ».

« De la part de Messire Yves Prigent prêtre et gouverneur de la chapelle de Monsieur St Jean de Traonmériadec a été remontré, ce jour de dimanche 20 septembre 1587 que considérant les honnêtes biens et offrandes qui tombent de jour en autre en la dite chapelle en outre de son revenu certain, par la dévotieuse fréquentation qui y font, et continuent en augmentant, les bons catholiques tant de près que de lointaines contrées, comme lieu où il plaît à N. S., de sa grâce et par l'intercession de Monsieur S. Jean, être prié et honoré ; Plusieurs bons personnages zélateurs de l'honneur de Dieu, auraient tenu propos de leur faire entendre qu'il serait raisonnable pour s'acquitter envers Dieu et les bienfaiteurs » de faire un règlement pour bien ordonner le service « ce qui peut donner grand accroissement à la dévotion du peuple », est donc ordonné qu'il y aura dans la chapelle S. Jean une « messe solennelle à note, tous les jours de la semaine » de 9 heures à dix de Pâques à la Toussaint et de dix à onze heures au reste de l'année, à laquelle tous les Chapelains seront tenus d'assister en surplis, ainsi qu'aux vêpres qui se diront chaque jour.

« Devront les dits chapelains être présents avant la fin du dernier Kyrie de la messe et avant le Gloria Patri du premier psaume de vêpres et se contiendront en leur office avec la due révérence et dévotion, sans tenir entre eux ni avec autres vains propos et confabulations, à peine d'être privés de la distribution ».

C'était une sorte d'office Canonial bien digne de faire envie à beaucoup de cathédrales.

Les offrandes étaient considérables, en raison de l'affluence des pèlerins. Lors de l'ouverture des troncs en 1595 on y trouve 200 livres de monnaie soit environ 3.000 fr. de nos jours, la valeur de la livre étant de 15 fr. à la fin du XVIème siècle ; et notons que cette somme de 3.000 fr. n'était que les deux tiers de la somme totale, un tiers en ayant été déjà prélevé, au profit du Recteur de la paroisse ; et les revenus de saint Jean en terres et fondations n'entraient pas en ligne de compte.

Grâce à ces ressources la chapelle venait largement au secours de la mère église de Plougasnou, notamment pour l'entretien des écoles, comme en témoignent plusieurs délibérations des XVIème siècle et XVIIème siècles.

On conçoit dès lors qu'une chapelle si bien dotée dût être un perpétuel sujet de tentation pour les partisans, qui durant les guerres de la ligue se disputèrent le pays (les Espagnols n'étaient pas loin s'étant fortifiés à la pointe de Primel en Plougasnou). Aussi les gouverneurs de saint Jean avaient-ils pris leurs précautions pour protéger le trésor de la sainte chapelle. Le compte de 1596 s'exprime ainsi :

« Pour ce que à cause de la notoire hostilité et émotion de guerre qu'est advenue entr'autres années, l'an de ce compte, et que encore dure en ce quartier par les incursions des adversaires : les comptables se craignant d'eux et désirant, à la possibilité, obvier au danger de ravage, et autres inconvénients ou dommages ensuivants, dont on était jour et nuit menacés en la paroisse, aurait été, pour la conservation des biens de la dite chapelle, par plusieurs et diverses fois, en icelle, tant de jour que de nuit, l'an de ce compte, pour expressement transporter, cacher, et mettre en sure garde les biens transportables d'icelle chapelle ; ce que les dits comptables n'auraient pu faire sans avoir souffert quelques frais et mises, dont ils supplient à MM. les Commissaires qu'il leur plaise, en considération, leur allouer telle somme qu'ils croiront être raisonnable » il leur fut alloué 75 sous (soit an peu plus de 75 fr).

Grâce à ces précautions la plus riche partie du trésor de S. Jean fut conservée comme on peut le constater par l'inventaire dresse en 1607 au lendemain des troubles de la ligue : nous y notons les objets suivants :

Le doigt de Mgr S. Jean enchâssé en argent doré.

La tête Mr S. Mériadec enchassé en argent.

Le bras de Mr S. Mandel enchassé en argent.

Une image d’argent de mon dit Sgr S. Jean-Baptiste.

Une custode d'argent pour porter le dit doigt.

Deux autres chasses d'argent pour porter le dit doigt.

Une face avec deux yeux d'argent.

Une custode d'argent pour porter le S. Sacrement.

Une croix en argent doré.

7 calices d'argent dont cinq dorés.

8 calices d'étain.

Neuf missels à l'usage de Paris.

Trois missels à l'usage de Rome.

« Six livres à l'usage de Rome du décret du Concile de trente savoir : Un bréviaire, deux antiphoniers, deux graduels et un psaultier ».

Une bannière noir et rouge.

Une autre en satin et damas.

Et dix ornements complets chape, chasuble, tuniques en drap d'or, toile d'argent, velours noir et velour rouge etc.

Cet inventaire montre assez par lui-même l'importance du pélerinage. Mais on se demande à quoi pouvait servir cette face d'argent garnie de deux yeux ? Nous pensons que c'était une sorte de face à main, sanctifiée par le contact de la relique du saint doigt et qu'on appliquait sur les yeux des dévots pèlerins pour les préserver ou guérir du mal d'yeux. Aujourdhui que cette face d'argent de l'inventaire de 1607 n'existe plus, c'est le reliquaire lui-même du S. Doigt, ayant la forme d'un étui d'argent fermé par un globe de verre, que le prêtre fait toucher aux yeux du pèlerin, et nous savons qu'en la chapelle de s. Jean du passage à Plougastel Daoulas, un petit globe de verre est suspendu à la statue du saint. Ce qui permet aux fidèles de s'en toucher les yeux dans le même but.

Ce qui esi certain, c'est que c'est tout particulièrement pour obtenir la grâce d'une claire vue des closes, soit au physique soit au moral, que l'on invoque le S. Précurseur qui nous a invité si instamment à fixer nos regards sur l'Agneau de Dieu qui efface les péchés du monde.

Voici deux faveurs de ce genre obtenues s. Jean du doigt et consignées dans un ancien registre de compte.

Le 22ème jour de juillet 1641, dame de Lemoyor ou de Montersy, laquelle print ce jour le chemin de venir en dévotion à l'église de Monseigneur S. Jean du Doigt en la paroisse de Plougaznou au treff de S. Mériadec. La quelle dame nous a affirmé et déclaré que auparavant elle ne voioit gouste des yeux et sy tost qu'elle a commance en chemin, elle a recouvré la veu par la grâce de Dieu et le bon Saint Jan du Doigt et se trouva à la d. église le 26ème jour dudit mois le jour et feste de sainte Anne ; la quelle a présenté son pourtroit en cire blanc, en tesmoin de ce elle a signé ceste pour affirmer la vérité du miracle que a faict le bon Sainct en son endroit. LOUISE DE LAPORT.

Le 10ème jour d'aoust 1641 un vénérable et honorable personne, Charles Léon de la ville d'Kerahes, lequel nous a affirmé et déclaré avoir perdu la veu le jour et feste de S. Laurens, s'estant voué au bon S. Jan du Doigt, a recouvré la veu par la grâce de Dieu et le bon S. Jan dans huit jours après et en tesmoing de ce miracle et bon don de Dieu et de S. Jan il a signé ceste, pour affirmer la vérité, le 22ème jour d'aoust les d. jour et an que devant. P. LÉON.

Le pèlerinage continua à être très fréquenté durant le XVIIème siècle et nous voyons les comptables de 1652 demander au sieur d'Allain célèbre faiseur d'orgues à S. Pol de Léon, d'entreprendre la façon de nouvelles orgues pour la chapelle.

Les comptes de cette même année marquent également qu'on a confectionné une soutane de serge raze « pour les prêtres forains qui viennent le plus souvent visiter la chapelle et ne sont garnis de soutane » cout 13.10 sols (40 fr.).

Si la dévotion se ralentit un peu au XVIIIème siècle, elle était encore bien cependant vivante au moment de la Révolution qui vint dépouiller le sanctuaire de tous ses revenus, mais non de son trésor le plus précieux ; ses saintes reliques furent sauvées ainsi que le beau calice émaillé attribué à la générosité de la duchesse Anne mais qui date videmment d'une époque ultérieure.

Les fondations avaient été accaparées par la Nation, les chapelains étaient dispersés.

Dès lors, après le concordat la chapelle devint église paroissiale desservie par un Recteur et un vicaire, mais le pélerinage de S. Jean est encore un des plus en renom dans le pays, et en 1871, le Recteur nouvellement arrivée écrivait à l'Evêché « le mois prochain a lieu le grand pardon de S. Jean, dix à douze mille pèlerins s'y rendent m'a-t-on dit à cette occasion, et on est persuadé que depuis la fête de S. Jean porte latine (6 mai) jusqu'à la fête de la Décollation de s. Jean-Baptiste (29 août) il y a indulgence plénière en visitant l'église de s. Jean du Doigt ». Le bon Recteur demandait qu'on écrivit à Rome pour régulariser cette concession présumée d'indulgence.

De nos jours, la fête du 24 juin attire encore un grand concours de pèlerins.

L'eau de la piscine de Siloë avait rendu la vue à l'aveugle-né, c'est aussi à l'eau sanctifiée pour le contact de la relique du saint doigt que les pèlerins de s. Jean ont recours, mais la fontaine est assez loin de la chapelle, aussi pour faciliter la dévotion des fidèles a-t-on eu soin de faire passer dans l'intérieur de l'église une sorte de canal, à hauteur d'appui, large d'environ 0, 30 cent. et découvert sur une longueur de deux à trois mètres. Les pèlerins peuvent donc à loisir satisfaire leur dévotion et se laver les yeux dans cette eau courante.

A certains moments c'est la relique elle-même qu'un prêtre présente à la vénération des fidèles, il se tient, à cet effet au pied de la chaire en étole et en surplis et se servant du reliquaire du s. Doigt dont nous avons parlé, il en touche les yeux des pèlerins, mais comme ceux-ci se présentent en foule, on a pris la précaution d'entourer le bas de la chaire d'une forte balustrade semi-circulaire qui a le double avantage de protéger le prêtre et de supporter un tronc d'une facture toute particulière. C'est une boite d'environ 0, 20 c. de large qui se prolonge de toute la longueur de la balustrade qu'elle surmonte ; cette boîte est fermée à la partie supérieure par une série de lamelles dans l'intérieur desquelles le pèlerin peut glisser son offrande en dépit des poussées de la foule.

Ce qui donne sa physionomie spéciale au grand pardon du 24 juin, c'est la procession solennelle qui se fait la veille au soir pour allumer le feu de joie traditionnel. Tout le clergé avec les croix et bannières des paroisses voisines, se rend sur une colline voisine où est préparé un grand bûcher que l'on bénit. Mais c'est un ange du ciel qui doit y mettre le feu. A cet effet, au moyen d'une corde tendue au-dessus de la foule, un ange portant une torche descend jusqu'au bûcher qu'il allume, et par l'artifice d'une fusée qui éclate à ce moment, il est ramené à son point de départ. L'effet est toujours des plus intéressants pour les assistants, mais on nous dit que depuis quelques années, un accident mortel s'étant produit par suite d'une fausse manœuvre de la machine, cette partie du programme a été supprimée. Le pélerinage et le pardon de S. Jean du doigt, n'en sont pas moins demeurés très populaires.

Pèlerinage de Bretagne (Saint-Jean-du-Doigt).

 

Pèlerinage de Bretagne (Saint-Jean-du-Doigt).

 

Pèlerinage de Bretagne (Saint-Jean-du-Doigt).

 

Pèlerinage de Bretagne (Saint-Jean-du-Doigt).

 

Pèlerinage de Bretagne (Saint-Jean-du-Doigt).

(Charles Trillon de la Bigotière).

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