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MERVEILLEUSE EXTENSION DE LA GLOIRE DE SAINTE THECLE

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Après de si longs siècles, soutenu par une pénurie si grande de documents, il nous a fallu quelque courage pour arriver à une conclusion. A tout oeil sage elle apparaîtra sérieuse, cependant, et difficile à renverser. Elle est tout à la gloire de sainte Thècle de Maurienne bien qu'elle paraisse neuve peut-être à plusieurs et contraire aux opinions acceptées.

Un champ assez vaste, nous l'avouons, est ouvert aux contradictions, et cela est loin de nous déplaire. Et nous les préférons à une négation dédaigneuse et sans appui. Quelle qu'elle soit, notre soutenance, c'est une justice qui nous est dûe, n'est pas sans intérêt ni probabilité.

Il sera permis de voir dans l'exposition de ces faits une extension merveilleuse de la gloire de sainte Thècle. Au lieu d'une chapelle nous lui avons élevé une cathédrale. Son rôle, déjà si beau, n'est plus restreint à la seule Sabaudie, il s'étend comme une consolation à toute la race celtique expirante, et place le saint Précurseur du Christ pour ainsi dire en la main de Clovis pour lui montrer du doigt la marche à suivre.

Qu'intéressante est cette sainte Mauriennaise au cœur d'apôtre ! Elle a aimé et honoré les saints du Ciel, les amis de Jésus : elle a aimé et secouru ses frères de la terre comme l'avait fait Geneviève : unissant au degré héroïque la vie contemplative à la vie active, elle a procuré la gloire de Dieu de toutes ses forces, de toute son âme.

Et voici qu'après sa mort, les siècles conservent sa mémoire et publient sa gloire pour les centres de bénédiction qu'elle a fondés, car, par elle, il est vrai de dire que le Bienheureux Jean continue ses merveilles : et Fer illam defunctus adhuc loquitur (Hebr. XI, 4).

Emerveillé, le bon chanoine Pardiac (Pardiac, loc. cit. p. 509) après avoir raconté le seul fait de Bretagne, s'écrie :

« Et telle est la puissance d'un doigt ; il a donné son nom à un pays, à une fontaine ; il a opéré des prodiges ; un temple superbe l'abrite ; c'est le trésor de la contrée, son Palladium, dont les habitants sont fiers ! ».

Quel serait l'émerveillement s'il nous était donné de raconter, comme il convient, les prodiges accomplis, dans l'heureuse Maurienne, chez la discrète Normandie !

Le lecteur sera bien aise d'avoir quelques renseignements sur le culte de sainte Thècle en Maurienne. Voici ceux qui nous sont parvenus (Truchet : Hist. hagiogr. ch. 4).

Sainte Thècle fut ensevelie dans sa cellule de l'hermitage de Lozeray en Rocheray, en la chapelle souterraine, à côté du maître-autel [Note : Ceci est du Bul. d'après des manuscrits disparus aujourd'hui].

L'ermitage de Sainte Thècle est divisé en deux étages :

La partie inférieure est un espace maintenant sans entrée, qui reçoit le jour par 4 ouvertures ; cet étage était l'habitation commune de Thècle, de Pigmènie et de 12 veuves.

L'étage supérieur est depuis longtemps sans toiture : on y entre par un portail en tuf peu élevé. Au fond, dans le rocher, s'ouvre une grotte plus large que longue. Dans la cour, ou sur le rocher, était située la cellule où la sainte aimait à se retirer pour prier.

Tout a été dévasté à la Révolution.

La chapelle de Sainte-Thècle possédait au XIIIème siècle des revenus considérables, fruits de la générosité des fidèles. En 1270 Pierre de Guëlis, évêque de Maurienne, les unit à la mense capitulaire pour venir au secours du chapitre.

La chapelle de sainte Thècle ne possède plus aujourd'hui qu'une lisière sans valeur de rochers et de forêt.

En 1858, l'état des lieux est déplorable : quelques planches bariolées en guise de voûte ; un petit autel en bois, pauvre et dégradé ; une grille également en bois sur le devant ; tels sont les seuls ornements de grotte qui rappelle à la Maurienne de si précieux souvenirs !

Depuis, le chevalier Anselme a fait don d'un autel en marbre blanc très simple placé au fond de la grotte et d'une grille en fer à l'entrée ; si la voûte a perdu ses ridicules lambris bariolés, elle apparait dans une triste nudité, soutenue par des murs en ruine !

Au XVIIème siècle. des paroisses entières y faisaient encore de dévotes stations.

Les Reliques de sainte Thècle sont perdues.

Un bras fut longtemps honoré à la cathédrale de saint Jean ; il disparut à la Révolution, dans la spoliation du trésor, le 21 décembre 1793.

Il y avait, à la cathédrale de s. Jean, une chapelle de sainte Thècle, convertie en débarras de sacristie au XVème siècle. Il ne lui resta plus alors qu'un simple autel le long du mur dans la nef, disparu lui-même à la Révolution. Aujourd'hui il ne lui reste plus rien.

Valloires, qui se dit si fier d'avoir été le berceau de sainte Thècle, ne lui a élevé qu'une petite chapelle au XVIème siècle, détruite à la Révolution, rebatie de nos jours et bénite le 28 juillet 1846.

La paroisse du Bourget-en-l'Huile l'honore comme patronne et titulaire.

La fête de sainte Thècle, comme chacun sait, est fixée au 25 juin, jour de sa mort et de son entrée au ciel.

Le bréviaire manuscrit du XIIIème siècle ou XIVème siècle à l'usage du chapitre de saint Jean renferme la légende de sainte Thècle et tout son office. Le cardinal Louis de Gorrevod, évêque de saint Jean, dans son bréviaire de 1512 fixe également la fête au 25 juin et donne l'office de la sainte avec ses 8 leçons propres.

Jusqu'à la Révolution la fête de Sainte-Thècle, mais pour la ville de S. Jean et la paroisse de Valloires seulement, était célébrée du rit double.

A la restauration du culte sous Napoléon la Liturgie Mauriennaise se contenta d'une simple Commémoration.

C'est Mgr Vibert en 1849 qui rétablit la Fête de sainte Thècle, du rit double Mineur et l'étendit à tout le diocèse : Pie IX a approuvé l'office et les leçons et par bref du 7 sept. 1858 a accordé aux visiteurs de la grotte une indulgence plénière le jour de sa Fête et 7 ans et 7 quarantaines les autres jours de l'année.

L'abbé Truchet remarque qu'au Moyen-Age c'était la dévotion des Evêques de Maurienne de se faire enterrer dans leur cathédrale au pied de l'autel de sainte Thècle, la véritable fondatrice de leur Evêché.

Nous n'avons jamais eu la pensée de déboulonner la Savoie de sa gloire la plus pure. Au contraire, nous avouerons ingénuement qu'une telle diminution, presque un abandon, du culte de sainte Thècle, tel que nous le voyons, nous a profondément affligé. La chère sainte méritait mieux de ce pays de Maurienne qu'elle a tant aimé, dont elle est la première gloire. Il appartient à la Société d'histoire et d'Archéologie de Maurienne de promouvoir à la restauration complète et architecturale de la Grotte de sainte Thècle et de ses souvenirs.

Il nous sera peut-être permis d'ajouter qu'au point de vue historique, sainte Thècle a droit à plus d'élévation dans la Liturgie sacrée. Ne serait-ce point le premier des devoirs d'une Société d'Histoire de Maurienne d'affirmer de plus en plus le côté patriotique de cette vie extraordinaire et, par de pressantes suppliques, obtenir qu'elle soit enfin considérée comme PATRONNE SECONDAIRE DU DIOCÈSE DE MAURIENNE, avec office double de seconde classe, comme il est de droit en ce cas. De nos jours, que Rome favorise hautement les gloires locales et s'empresse d'y promouvoir, une telle supplique serait favorablement accueillie. Que dirons-nous du Culte de saint Jean-Baptiste en Maurienne ? peu de choses également.

La possession à Maurienne de la précieuse relique des trois Doigts de saint Jean-Baptiste fut, dans l'Eglise, un évènement considérable. Au dire de tous les auteurs contemporains des miracles signalés et nombreux se manifestèrent de suite, dont Grégoire de Tours lui-même se fit l'amoureux historien. Le Roi de Bourgogne Gontran fut le premier et le plus insigne bienfaiteur, ainsi que nons l'avons dit. Dès le début, les pèlerins affluèrent à l'autel de S. Jean-Baptiste ; le concours était parfois immense, surtout à ses fêtes, à tel point que Sigebert, moine de Gembloux au XIème siècle, ne craignait pas de dire, en sa chronique de 613, que déjà à cette époque la gloire de Jean-Baptiste éclatait à Maurienne, illustrée par ses reliques et ses miracles (Sigebert, loc. cit.). Tel fut l'éclat et le nombre de ces miracles qu'une Fête des Miracles de S. Jean-Baptiste fut établie à Maurienne et fixée au 2ème lundi après Pâques, comme il appert au bréviaire de 1512 [Note : On la trouve aussi fixée au 2ème lundi après l'oct. des apôtres S. Pierre et S. Paul]. La consécration de la catédrale de S. Jean de Maurienne au 29 août fut l'occasion, pour l'Eglise Romaine, de fixer enfin la fête de la Décollation de s. Jean-Baptiste à ce jour [Note : Pardiac, loc. cit. p. 424 : On n'a pas célébré partout à la même époque la décollation. En Afrique elle était célébrée le 27 décembre. Dans quelques martyrologes elle se trouve marquée le 10 avril, dans d'autres le 25 mars. Le martyr. rom. et l'egl. orient. la fixent au 29 août, jour de la 2ème invention du chef du Précurseur], ce qui fait dire à Jean Beleth qu'au lieu de Décollation on feraît mieux de dire Dédicace de s. Jean [Note : J. Beleth. loc. cit. Pat, lat. t. 202, c. 147. p. 151, « Non desunt qui putant B. Theclam digitum s. Joannis, qui comburi non potuit, ex oris transmarinis detulisse in Mauritaniam, ibique in honorem B. Joannis ecclesiam construxisse, quœ hoc die fuit dedicata. Quare statutum fuit à Pontifice ut hic dies per universum orbem christianum Beato Joanni sacer haberetur, juxta quod videtur festum hoc appellandum esse Dedicationis ». — Sicard, loc. cit. cap. 41., Durand, cap. 25, etc. — Il reprend l'idée de Beleth et de Sicard et dit expressément que la Dédicace de la cathédrale le 29 août fut l'occasion, pour la Papauté, de fixer définitivement à ce jour la Décollation dans toute l'Eglise latine : « Hac die dedicata est ei Ecclesia. Ideoque statutum fuit a Domino Papa, ut hœc dies in honorem B. Joannis per totum mundum semper celebris haberetur ». Et Durand ajoute une conclusion qui devrait bien être adoptée par l'Eglise de Maurienne : « et secundum hoc videtur quod debet dici Festum Dedicationis ». Puisque la Dédicace de l'église cathédrale de s. Jean de Maurienne est la cause de la fixation de la Décollalion à ce jour et de son extension à l'Eglise entière, elle a bien le droit, au 29 août, de célébrer LA DÉDICACE ET LA DÉCOLLATION DE s J.-B. tout ensemble] ; et il n'est pas le seul de son opinion. Cet acte pontifical a la plus haute portée puisqu'il signale au monde entier et consacre l'œuvre de Sainte Thècle comme la souveraine et suprême gloire du Saint Précurseur [Note : Il est remarquable que le Pape s. Grégoire lui-même (Sacramento), dans une délicieuse Préface que la Maurienne pourrait adopter, parle expressément du Doigt de s. Jean : « Vere dignum et justum est. Et quem in mundo digito demonstravit, ad infernos prœtiosa morte prœcessit. Et ideo »...].

Les grands personnages s'unirent au peuple pour honorer la Relique de S. Jean [Note : Henri VII de Luxembourg, 17 octobre 1310, allant en Italie. — Henri II, roi, 7 août 1548, se fait recevoir-chanoine de s. Jean. — Louis XIII et Richelieu, 11 juillet 1630. — Cardinal Caprara 25 septembre 1801 — Pie VII allant couronner Napoléon, couche à s. Jean, 16 nov. 1804]. Martin V au retour de Constance s'arrêta en Maurienne et fit pélerinage à la cathédrale (Le 12 sept. 1418) ; Francois Ier s'honorait d'être chanoine de Saint-Jean [Note : Se rendant en halle, s'arrête à s. Jean et y prend possession du canonicat fondé par le Duc de Savoie Charles II en 1489]. Moins heureux fut Lesdiguières, sectaire protestant, qui s'avançant un jour pour dévaliser le trésor de S. Jean fut subitement pris d'un tremblement étrange et forcé de renoncer à la dévastion projetée (En juin, 1567).

De même que les chroniques locales ont renoncé à noter pour la postérité les nombreux miracles, en raison même de leur fréquence, de même la catholique famille des ducs de Savoie si richement apparentée avec les Cours les plus célèbres de l'Europe et qui reçut tant de visites souveraines et seigneuriales, donna sans aucun doute par là même dans le passé un grand lustre à son célèbre pélerinage.

Du zèle d'autrefois, aujourd'hui il reste peu de choses.

A la S. Jean une vogue, ou fête patronale assez importante subsiste toujours, vestige fidèle de l'affluence du passé.

Les paroisses voisines viennent encore en pélerinage avec un assez grand concours de fidèles le jour de la solennité ; ce jour là, à qui le demande, on lit l'Evangile de s. Jean et aux petits enfants, surtout, l'on fait baiser la sainte Relique.

Tout cela est vraiment peu, au regard de ce qu'était autrefois le célèbre pèlerinage de s. Jean-de-Maurienne. Il serait très facile cependant de le remettre en honneur. Aujourd'hui que tant de pèlerinages français vont à Rome, une station à s. Jean-de-Maurienne est tout indiquée et donnerait à l'antique dévotion une nouvelle splendeur.

En 1447 deux chanoines de s. Jean-de-Maurienne partirent avec les Reliques implorer la charité des peuples catholiques pour la reconstruction de leur cathédrale démolie par la terrible inondation de Bonrieux en 1439. Et ils réussirent ; la cathédrale fut rebâtie et la dévotion populaire continua, soutenue par de fréquents miracles. Puisse cet écrit, et le vœu exprimé plus haut, promouvoir à son tour un nouvel élan vers le célèbre pèlerinage où se cueille le miracle, où s'accroit la piété.

(Charles Trillon de la Bigotière).

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