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NOTRE-DAME D'ESPÉRANCE

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La Grande Guerre. - Voeu de l’ostensoir.

La dévotion au pape est une des plus chères traditions de l'Archiconfrérie. A l’exemple de ses prédécesseurs, le nouveau Directeur, le chanoine Gadiou, eut à coeur d’aller déposer aux pieds du Vicaire de Jésus-Christ l’hommage de la vénération et de l’obéissance des associés. Reçu en audience privée par Pie X, il eut la joie de recueillir de ses lèvres des encouragements et d’abondantes bénédictions. A sa prière, le Souverain Pontife n’hésita pas à inscrire son nom sur le Livre d'Or de l'oeuvre, comme l’avait fait Pie IX cinquante ans auparavant, et il ratifia in perpetuum les nombreuses indulgences concédées à l'Archiconfrérie et à la Basilique de Notre-Dame. C’était le 28 février 1913.

Un an plus tard, la guerre éclatait soudain. L’évêque de Saint-Brieuc, Mgr Morelle, dès le 5 août, adressait à son peuple une éloquente lettre pastorale qui se terminait ainsi : « A l’instar de ce qui s’est fait si heureusement en 1870, des prières spéciales seront faites sans interruption dans la Basilique de Notre-Dame d'Espérance. Déjà une neuvaine préparatoire à la fête de l'Assomption s’ouvrira le 6 août. Que la Vierge si vénérée à Saint-Brieuc et qui nous a fait sentir si efficacement sa protection pendant l’année terrible soit aujourd’hui encore notre bouclier ». C’était répondre aux voeux intimes des fidèles.

Depuis le jour où le tocsin lugubre annonça la mobilisation générale, la foule ne cessa d’envahir la Basilique. C’était un va-et-vient ininterrompu de femmes et d’enfants en pleurs, de jeunes hommes émus, de soldats. Ceux-ci demandaient des médailles-scapulaires, ou faisaient brûler des cierges, et surtout cherchaient à mettre ordre aux affaires de leur conscience. Pendant des semaines et des semaines, les confessionnaux et la table sainte étaient littéralement assiégés. Les régiments partis, ceux qui restaient, les pères et les mères de famille, les épouses, les soeurs et les enfants sentaient le besoin de chercher auprès de Marie la consolation et l’espoir. A toute heure du jour, le Rosaire était récité à haute voix. Et le soir venu, une cérémonie plus solennelle réunissait aux pieds de Notre-Dame une foule que la pieuse enceinte ne pouvait contenir. En dépit de toutes les prévisions, les hostilités se prolongeaient ; la lutte semblait se stabiliser, jetant dans l’angoisse toutes les âmes françaises. C’est alors que, cédant à des sollicitations qui venaient de toutes parts, l’évêque de Saint-Brieuc résolut de refaire le geste de nos pères, lors de la guerre de 1870. Il convoqua les fidèles à Notre-Dame d'Espérance le 2 février 1915 et dans un éloquent discours il donna le vrai sens à la cérémonie religieuse et patriotique qu’il avait provoquée :

« Mes Frères, l'assemblée imposante que vous constituez dans cette Basilique trop étroite pour contenir vos foules, écrit ce soir dans les annales religieuses du pays une page mémorable. L’angoisse qui étreint vos âmes, le secours que vous venez chercher sous ces voûtes, l’espérance que vous poursuivez, donnent à cette cérémonie une singulière éloquence. L’angoisse qui étreint vos âmes, elle ne date pas d’aujourd’hui. Elle est vieille de plus de six mois, et elle hante vos pensées et le jour et la nuit. C’est une angoisse commune à toutes nos âmes : la Patrie est envahie ; son sol sacré est foulé aux pieds par des armées barbares, et notre âme en est déchirée et nos coeurs en sont troublés : c’est l’angoisse patriotique commune à toutes les âmes françaises. L’angoisse, je viens de le dire : c’est elle qui tourmente vos âmes et les amène dans cette basilique. Qu'êtes-vous venus y chercher ? Vous êtes venus y chercher un secours, un encouragement, un exemple. Votre foi ne vous a pas égarés : Regardez ce grand crucifix : c’est tout à la fois un drapeau et un champ de bataille. C’est un drapeau, un drapeau glorieux, rougi non pas seulement d’un sang humain noble et généreux, mais d’un sang divin. C’est un champ de bataille, car c’est là, sur la croix, que s’est livré entre la vie et la mort, entre la vérité et l'erreur, entre la justice et le crime, un combat décisif et victorieux. Mais à côté de cette force où l’âme chrétienne vient se retremper, vous cherchez quelque chose de plus doux et de plus attirant : l’espérance !

Elle est bien longue, cette guerre, et humainement parlant rien ne permet d’en prévoir le terme. Quels ravages elle causera encore ; quelles ruines elle fera encore ; et surtout, quels flots de sang couleront encore?... Et alors vous vous êtes demandé s’il n’y avait pas quelque part, sinon sur la terre, au moins dans le ciel, une puissance miséricordieuse capable de hâter le terme de ce carnage. Et vous vous êtes souvenus d’une belle page de notre histoire briochine. Je ne vous la raconterai pas ; on vous la rappelait naguère ici même, et vous la connaissez mieux que moi. Il y a un quart de siècle, que, gravissant pour la première fois la colline où vous avez élevé cette basilique, cette histoire m’était racontée par un prêtre vénérable qui dirigeait mes premiers pas sur cette terre, qui devait devenir la patrie de mon adoption et de mes affections.

La France a déjà vécu des heures douloureuses : elle a vu cette année qui a gardé dans l’histoire le nom d' « année terrible ». Déjà les teutons se sont acheminés vers la Bretagne. Ils allaient en souiller le sol lorsque des femmes généreuses eurent la pensée de venir au pied de la Madone y faire une prière publique, un voeu solennel, pour déterminer une intervention en faveur du pays. Ce fut le 17 janvier, à cette heure, 6 heures du soir. Or pendant qu’elles priaient ici, à la même heure, à Pontmain, la Vierge apparaissait et voici le message qu’elle apportait : " Priez, Dieu va bientôt vous exaucer : mon Fils se laisse toucher ". Et à la même heure, l’armée de l’envahisseur rebroussait chemin : la Bretagne était sauvée ! Bientôt après, la guerre était terminée.

C’est ce souvenir qui vous appelle ici ce soir. Vous avez médité de venir apporter à la Vierge de vos espérances le même hommage que vos ancêtres. J’ai voulu que ce projet fût longuement médité, afin que vous ayez le sentiment plus profond de la nécessité d’une intervention surnaturelle. Mais l’heure est venue. Dans un instant, agenouillés tous ensemble aux pieds de Notre-Dame, nous lui promettrons de lui être plus fidèles que jamais.

Vos mères, Mesdames, ont été exaucées. Je les ai connues : la génération qui a prié ici en 1871 était encore debout quand je suis arrivé dans ce pays. C’étaient des femmes infiniment respectables, d’une correction de vie à nulle autre pareille, d’une austérité de moeurs parfaite, qui, au foyer, exerçaient par l’ascendant de leur vertu une véritable royauté, qui avaient conscience du devoir sacré de la maternité et élevaient leurs enfants dans les traditions de la foi bretonne et le culte de l’honneur. Voilà pourquoi elles ont été exaucées.

Mesdames, vous êtes leurs filles, les héritières de ces vertus.

Mais, parce qu’il faut qu’un voeu ait un corps, une expression sensible, nous promettons à la Vierge Marie que si la paix nous est accordée par la victoire de nos armées qui ne combattent que pour la justice et pour la liberté nous, ferons deux choses :

D’abord, un pèlerinage solennel sera organisé pour venir dans cette enceinte (ou plutôt dans cette ville, car l’enceinte de cette Basilique sera trop étroite), apporter à la Vierge de nos espérances l'hommage de nos religieuses et filiales gratitudes.

Puis, de même que celles qui sont venues avant nous et ont connu les angoisses où nous sommes, ont offert à la Vierge une bannière comme l’expression visible de leurs sentiments, nous lui offrirons un ostensoir dans lequel Celui qu'Elle a donné au monde bénira les foules qui viendront s’agenouiller au pied de cet autel.

Et alors, quand dans un instant, au nom de tous, j’aurai prononcé le voeu, nous nous relèverons avec plus de confiance, et c’est avec plus de foi et d’amour que jamais que nous redirons le cantique si cher à cette cité et si cher à vos coeurs :

Mère de l'Espérance

Dont le nom est si doux,

Protégez notre France,

Priez, priez pour nous ! »

Aussitôt après ce discours, Mgr. Morelle, d’une voix forte et émue, prononça la formule de la Consécration et du Voeu à Notre-Dame d'Espérance, dont voici le texte :

« 0 Notre-Dame d'Espérance, avocate et secours des chrétiens, vous qui, au 17 janvier 1871, nous avez une première fois délivrés de l’invasion prussienne, nous vous consacrons notre pays, notre armée, nos familles, nos personnes, notre avenir.

Nous sollicitons ardemment votre intervention toute puissante et votre miséricordieuse protection contre les fléaux qui nous menacent.

Si la France est victorieuse de l’horrible guerre que nous subissons, nous promettons de contribuer, selon nos moyens :

1° A un grand pèlerinage d’actions de grâces qui aura lieu en votre honneur à Saint-Brieuc;

2° Au don d’un ostensoir qui sera offert en ex-voto à votre Basilique et qui redira aux âges futurs que vous avez daigné exaucer notre confiante prière.

Notre-Dame d'Espérance, Salut de la France, priez pour nous ».

Tour à tour, Mgr. Morelle convoque à la Basilique de l'Espérance les réfugiés, les veuves, les mères chrétiennes, les Enfants de Marie et surtout les Belges dont il préside toutes les réunions et que ranime la parole éloquente d’un des leurs, devenu chapelain de la Basilique, M. l’abbé Schrygens.

La guerre devait durer quatre longues années, multipliant les deuils, énervant les courages les mieux trempés, déconcertant les plus habiles tacticiens. Enfin, à l’automne de 1918, l’aube de la délivrance s’annonça. En quelques semaines, l’ennemi désemparé recula et, le 11 novembre, il suspendait les hostilités. La guerre était terminée ; la France en sortait victorieuse et rentrait en possession des deux provinces violemment arrachées par le traité de 1871. Aussi avec quel frémissement de fierté, le 31 mai 1919, Mgr. Morelle enlevait-il à la bannière d'Alsace-Lorraine que possédait Notre-Dame d'Espérance le voile de crêpe noir qu’elle portait depuis cinquante ans.

Ce fut seulement le 8 septembre 1920 que l’évêque de Saint-Brieuc put réaliser la promesse du 2 février 1915, mais il le fit avec une magnificence et un éclat dont le souvenir se perpétuera. Dans une lettre pastorale, hymne splendide de gloire en l’honneur de Notre-Dame d'Espérance, il convia tout son diocèse à cette grande manifestation, et, le jour venu, il eut la joie de voir à ses côtés pour glorifier la Reine du Ciel sept prélats, dont l’un, ancien chapelain de la Basilique, Mgr. Florent de la Villerabel, aujourd’hui évêque d'Annecy, chanta la messe pontificale sur le parvis de l'église Saint-Michel, en présence d’une foule de vingt à trente mille pèlerins. La journée entière s’écoula en cérémonies et en processions. A la clôture, l’évêque de Saint-Brieuc ne put résister au besoin d’épancher son coeur dans celui de ses enfants : « En des heures angoissées, dit-il, vous aviez fait un voeu à Marie. En ce jour splendide et heureux, vous l’avez accompli magnifiquement. Vous lui aviez fait une promesse ; vous venez de la remplir. Mais si ce Pardon du voeu a été l’expression et la manifestation de votre reconnaissance et de votre piété à l’égard de Marie, il ne doit pas en marquer le terme. Qu’il soit au contraire le début d’un pacte nouveau. Persévérez dans votre dévotion à Notre-Dame d'Espérance. Elle sera une source toujours ouverte et inépuisable de bénédictions célestes pour vous et vos familles. La France elle-même en recueillera les bienfaits ».

L’ex-voto du Voeu promis à la Basilique le 2 février 1915, fut solennellement béni au cours de cette cérémonie. Sorti des ateliers d'Armand Caillat, de Lyon, il constitue une oeuvre d’art remarquable. L’ostensoir est entièrement consacré à la gloire de la très sainte Vierge et plus spécialement de Notre-Dame d'Espérance.

« Son pied à huit lobes repose sur quatre empattements et à reçu quatre scènes : Sur la face, glorification de Notre-Dame d'Espérance au sein d’un vol d’anges ; au revers, Notre-Dame de Pontmain (1871) ; à gauche et à droite, le Couronnement de Notre-Dame d'Espérance par Sa Grandeur Mgr. David (1865) et le voeu solennel de Saint-Brieuc prononcé par Sa Grandeur Mgr. Morelle (1915). Au-dessus de chacune de ces scènes sont placées respectivement les armoiries de l'Archiconfrérie de Notre-Dame d'Espérance, de Sa Sainteté Benoît XV, de Sa Grandeur Mgr. Morelle et enfin de la ville de Saint-Brieuc.

Ces scènes sont traitées en émaux champlevés et les personnages s’enlèvent en or à traits d’émail sur fond d’émail ivoire rehaussé de rinceaux fleuris sur colorations nuancées ; elles sont encadrées de larges bandes ogivales ornées, traitées elles-mêmes en émail de tons variés.

Des motifs granulés sent ciselés sur le plat des lobes du pied, une couronne étoilée le termine.

Au-dessus s’élève la tige semée de motifs granulés. A son noeud sont disposés quatre médaillons contenant deux monogrammes du Christ et de la Vierge. Au sommet de la tige s’élancent deux crossettes dont les volutes enlacent chacune deux ancres croisées, traitées en vieil argent imitant l’acier et emblème de Notre-Dame d'Espérance.

Nous arrivons à la custode devant contenir la Sainte Hostie : elle est entourée d’un cercle d’émail au centre d’une vaste rosace à huit compartiments formés de huit arcades ogivales supportées par d'élégantes colonnettes d’or. Dans chaque arcade un sujet : nous voyons l'Annonciation, la Visitation, la Nativité, la Présentation au Temple, Jésus au milieu des Docteurs, la Communion de la Vierge, l'Assomption, son Couronnement dans le Ciel. Tous ces sujets sont traités comme ceux du pied et comme les médaillons du noeud et celui de la croix.

Des ogives irradient des fleurs de lis et des palmettes granulées, émaillées de tonalités très douces et comme lumineuses, se détachant sur l’or de la gloire dont les rayons semés de blé alternent avec des rinceaux perlés, cloués de fleu­rettes bleu pâle.

La Croix enfin surmonte l’ensemble, portant à son centre l’étoile des armoiries de Notre-Dame d'Espérance. L’oeuvre est semée de pierreries dues à la générosité des fidèles.

Des améthystes, des diamants, des perles, des grenats sur les bandes ornemanisées du pied, et immédiatement au-dessus une fort belle émeraude cerclée elle-même d'émeraudes. A la rosace, des perles, des émeraudes, des diamants, des grenats, un rubis entouré de diamants, des topazes jaunes et sur la gloire elle-même des grenats. A la croix enfin l'orfèvre a fixé une croix d'améthystes et de perles.

Au total 236 pierres, perles ou demi-perles ont trouvé place et concourent à la beauté de la pièce ». (J. Cadiou).

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