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L'ÉGLISE DE SAINT-SULPICE-DES-LANDES ET SES PEINTURES MURALES |
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Au sommet du coteau qui domine vers sud le cours du Mandy, ou mieux la Mandie (Mondia), ruisseau affluent de l'Erdre, qui sépare, en Loire-Inférieure, les arrondissements d'Ancenis et de Châteaubriant, se trouve l'humble village de Saint-Sulpice-des-Landes, déchu de son rang de chef-lieu par le transtert de la commune et de la paroisse au bourg voisin, appelé la Barre-Davy.
L'église abandonnée s’élève sur l'un des côtés de l'ancien cimetière, où subsistent encore une croix de pierre avec Christ archaïque et quelques tombes couvertes de dalles de schiste. Cet édifice est demeuré l'unique spécimen du style ogival de la région ; cette raison seule impose sa conservation. Son plan est un rectangle d'une vingtaine de mètres de longueur sur six environ de largeur. La nef unique est formée par deux murailles renforcées de contreforts et réunies par deux pignons. La porte principale ouvre vers l'occident, sous un cintre formé de claveaux de grès ferrugineux et de schiste. Une porte secondaire ouvre entre deux contreforts dans la muraille méridionale, percée eu outre de deux fenêtres presque carrées, aux ébrasements et aux meneaux de tuffeau polylobés, et d'une troisième, plus large, sans doute agrandie au XVIIème siècle pour éclairer le retable monumental qui fut construit à cette époque. Le pignon oriental s'ajoure d'une fort belle fenêtre ogivale, à deux meneaux verticaux, s'épanouissant en trois quatrefeuilles moulurés avec goût. Murailles et contreforts sont de maconnerie ordinaire, sans aucune ornementation. Aucune inscription ne donne la date de construction de cette église, que l’on peut fixer approximativement au commencement du XVème siècle, si l'on considère que la fenêtre du pignon est rayonnante et de bon style, tandis que les deux autres, flamboyantes, sont d'un dessin moins correct. Un humble campanile en charpente recouverte d'ardoise, refait ou ajouté au XVIIème siècle, domine le pignon occidental. Le pavé est formé de dalles de schiste toutes disjointes ; parmi lesquelles nous n'avons vu aucune pierre tombale.
A la fin du XVIIème siècle, un majestueux retable, occupant toute la largeur de la nef, fut construit un peu en avant du mur du chevet, de manière à ménager, entre ce retable et ce mur ; une sacristie de quelques mètres carrés. L'oeuvre, tout entière en tuffeau, se compose d'un portique dont l'entablement est soutenu par des colonnes ioniques, renflées et peintes en noir. Le fronton du centre est coupé pour laisser place à une niche ouverte entre les deux colonnettes que supportent le fronton terminal. Les autres niches à coquilles, entre des pilastres à rinceaux, avec têtes d'anges, contiennent les images anciennes de saint Sulpice et de saint Antoine le Solitaire, celui-ci accompagné de son fidèle compagnon. La niche centrale possède une statue de saint Jean-Bapiste.
Partout se montre la décoration lourde du « grand siècle » : guirlandes, angelots bouffis, flammes d'amortissement, etc. Deux belles portes à claveaux en bossage, percées sous les niches latérales, donnent entrée dans la sacristie. L'oeuvre est gâtée par des dorures et des enluminures faites en 1752. Une charmante Vierge en pierre, enluminée, avec l’Enfant couché dans ses bras, trône près de l'autel.
Le contre-retable est un tableau, grossièrement peint sur toile, représentant la légende de la Sainte-Face. Jésus tombe sous la croix entre Simon de Cyrène, qui en stmtient l'extrémité inférieure, et Véronique, devant lui, tendant le linge sur lequel s'est imprimé son visage sanglant. Derrière ces principaux personnages s'agitent des hommes d'armes recouverts d'armures du moyen âge ; un groupe emmène les deux larrons, dominé par un étendard aux lettres S. P. R. Au premier plan, un autre groupe de femmes curieuses. Le fond est rempli par le calvaire, monticule arrondi au sommet duquel de petits personnages creusent la terre, au pied des croix des larrons, déjà dressées. Au bas du calvaire, un proconsul est assis sur un piédestal.
Le retable, obstruant la fenêtre orientale, nécessita l'agrandissement des fenêtres ouvertes dans chaque façade : sous celle du Midi, est une piscine ogivale.
Des longrines, dont les moulures indiquent le XVème siècle, reposant sur les murailles, et reliées par des entraits avec poinçons, soutiennent la charpente, dont la couverture a été refaite fin XIXème siècle par ordre du Conseil général.
L'humble chaire en bois porte sur son abat-voix la date 1784.
Un très curieux baptistère roman est relégué dans un angle sous le clocher. Il se compose de deux bassins creusés dans un seul bloc de tuffeau, mais ayant chacun leur piédestal distinct. Le grand, octogonal extérieurement et circulaire à l'intérieur, repose sur un piédestal octogonal ; le petit, carré, est supporté par une colonnette cylindrique avec base et chapiteau.
Mais tout s'évanouir, pour l'archéologue, devant les peintures du XVème siècle qui couvrent les parois des murailles et la voûte de terre sur lattis, peintures dont il ne reste malheureusement qu'une faible partie. Car l'édifice entier étai orné de scènes reproduisant de nombreux épisodes empruntés à l'Ancien ou au Nouveau Testament, ou, à l'Histoire ecclésiastique. Elles ont dû être couvertes en partie par le badigeon ; en d'autres endroits l'enduit est tombé par larges placards.
Nous avons relevé l'ensemble de ces tableaux jetés sans ordre apparent sur les murailles et sur la voûte. En voici la nomenclature et la description aussi complètes que posible :
I. — Muraille septentrionale.
(La description commence par les scènes
voisines de la grande porte).
1. Deux femmes vêtues de rouge, assises, dont
l'une tient un livre ouvert sur les genoux. A leur droite était un persannage
vêtu de rouge.
2. Le Purgatoire. — Hommes et femmes nus, dessinés au trait
rouge, volant sur un fond rouge ondé, de fumées grises.
3. Saint Evêque, vêtu
de rouge, mitré d'or, nimbé de bleu, debout devant un autel sur lequel est posé
un calice d'or. Derrière lui, un personnage agenouillé, qui se retourne.
4.
Grande croix processionnelle, posée verticalement, sans que rien ne subsiste de
ce qui l'entourait. La croix est d'or, le bâton bleu foncé.
5. Saint
chevalier, cuirassé, nimbé d'or, tenant une lance avec longue oriflamme rouge,
qui s'enroule autour de lui. A sa gauche, un personnage mitré, robe rouge,
tunique blanche à parements d'or. Le fond est couvert de rinceaux rouges
portant, à l'extrémité de leurs enroulements, des fleurettes bleues.
6. Adam
et Eve, complètement nus tous deux, sans indication de sexe. Derrière eux, est
une grande figure rouge ; peut-être était-ce le Père éternel. Un
arbre sépare cette scène de la suivante.
7. Eve, nue, tenant une, pomme rouge
dans la main droite, et tendant la gauche vers un arbre chargé de pommes rouges,
au tronc duquel s'enroule le Serpent.
(Ici la fenêtre ouverte au XVIIème
siècle, puis touchant le retable, une scène effacée presque, au-dessus d'un
placard surmonté d'une croix).
8. La Résurrection de Lazare. — Jésus est
debout devant une tombe ; derrière lui, une femme (cette scène est incomplète).
9. Jésus parmi les Pharisiens. — Des personnages sont assis à une table. Ils
trinquent et boivent, et sont coiffés de chaperons rouges.
10. Cette scène
est derrière le retable : trois personnages sont agenouillés devant un autre vêtu
de rouge et dont le nimbe indique un saint.
II. — Muraille méridionale.
(La description commence par la scène voisine du pignon oriental).
11. Le
marché de Judas. — Le traître, nu-pieds, nu-tête, les cheveux blonds et
bouclés, est vêtu d'une robe noire et d'un manteau rouge. A sa droite, se tient
un personnage vêtu d'une robe blanche ; à sa gauche, un autre vêtu d'une robe
noire et coiffé d'un chaperon rouge ; tous deux ont aux pieds des poulaines
blanches. Auprès, un quatrième personnage vêtu en partie de rouge, caché par le
retable. Cette scène est la mieux conservée, et les couleurs en sont plus vives.
Au bas est restée l'inscription en lettres gothiques : Ct Iudas vendit noustre
Sr. Cette scène et la suivante sont derrière le retable.
12. (Cette scène est
placée au-dessous du n° 11). Une femme agenouillée devant un prie-Dieu, portant
un livre, se retourne vers
d'autres personnages à demi effacés, tenant des phylactères à inscriptions
gothiques.
13. La Cène. — A une table couverte d'une nappe et chargée de
plats, de vases, etc., se tiennent, assis sur des escabeaux, le Christ et les
Apôtres. L'ouverture de la fenêtre au XVIIème siècle a emporté la moitié du
tableau. Sept personnages seulement subsistent méconnaissables ; celui qui est
assis à l'extrémité de la table tient un couteau et porte quelque chose à sa
bouche. Ceux du premier plan se retournent vers le spectateur.
14. La Fuite
en Égypte (au-dessous de la Cène.) — Sur un âne blanc, la Vierge vêtue de blanc,
à la cheveture d'or, tient l'Enfant vêtu de blanc. Devant eux, Joseph, vêtu de
rouge, conduit, par une longue corde l'âne qu'il précède.
15. Le Baptême de…
(?) (entre les deux fenêtres.) — Un personnage est plongé jusqu'au cou dans une
cuve jaune, dont le contenu est rouge ; il reçoit sur la tête l'eau d'un vase que
verse devant lui un autre personnage nimbé de rouge.
16. Saint Clair. — Entre
la chaire et laporte du midi, un personnage blanc est placé sous une inscription
en caractères gothiques : S. Cler.
N. B. — Les peintures des murailles ne
descendaient pas plus bas que la hauteur d'homme ; une bordure ornée les
soulignais sur tout le pourtour de l'édifice.
III— Voûte septentrionale.
(La description des scènes commence par la gauche).
17. (?) Trois
personnages : à gauche, une femme (ou un homme imberbe ?) robe grise, guimpe
blanche, manches rouges à gigots, — cheveux blonds. Devant, un homme nu, la main
gauche levée, dans la droite un vase en forme de ciboire,
rouge. Un arbre au tronc rouge, feuillage vert, le sépare de la femme nue qui le
précède. Elle est dessinée au trait rouge, tandis que l'homme est au trait noir.
Cette femme tend la main gauche vers un cartouche à lobes, à fond noir, sur
lequel se détache une figure d'enfant au trait noir. Le fond du tableau est
jaune semé de fleurons rouges.
18. Saint Antoine. — (Ce tableau domine le n°
17.) Un personnage assis dans un lieu planté d'arbres, barbu, vêtu d'un
manteau à large collet-pèlerine couvrant les épaules, l'index posé sur un livre
ouvert sur ses genoux et lisant, un bâton jaune entre les jambes. Un porc est à
sa gauche, à ses pieds. C'est évidemment Saint Antoine le Solitaire. Il est
dessiné au trait noir. Les arbres ont le tronc et les branchages rouges et le
feuillage vert. Le cochon est juste au-dessus de la figure d'enfant, du n° 17.
Le fond est jaune semé de fleurons noirs.
19. La Résurrection. — Tableau à
fond jaune, semé de fleurs noires, à huit pétales. Le tombeau est rose à
l'extérieur; l'intérieur est « rose fondu ». Dedans, à mi-corps, Jésus, nu,
tenant la croix de triomphe. Adossés au tombeau, trois gardes dorment, tout
armés ; coiffes de différents casques, tonnelets rouges et bleus, munis de
différentes armes d'hast, lance, hallebarde, hache. Phylactère à inscription
gothique effacée.
20. Les Saintes Femmes au sépulcre. — Un ange est assis sur
le couvercle en bâtière, posé transversalement sur le tombeau rose. Cet ange
tient en mains un phylactère portant inscription en caractères gothiques
illisibles. A l'extrémité du tombeau, les trois Femmes nimbées de rouge, celle
du milieu vêtue de rouge, remuent le linceul laissé dans le tombeau. Le sol est
noir, et porte une inscription gothique sur fond blanc. Ce tableau suit la Résurrection et précède
les Apparitions.
Les Apparitions de Jésus, après sa résurrection, à divers personnages, suivent logiquement les scènes précédentes ; elles sont indiquées chacune par une inscription en lettres gothiques, commençant invariablement: Coment Dieu aparut... (sic) ; la première de ces inscriptions, seule, est complète et lisible.
21. Coment Dieu aparut à
sa mère. — (D'après les Evangites, Jésus apparut d'abord à Madeleine.) Jésus est
vêtu d'une robe blanche et d'un manteau rouge, avec nimbe à quatre lobes inscrit
dans un cercle. Marie a un nimbe, un manteau rouge et une robe bleue.
Au-dessous, l'inscription.
22. Apparition à Madeleine. — Celle-ci est
agenouillée aux pieds de Jésus, avec, auprès d'elle, le vase à parfums
traditionnel.
23. Apparition aux saintes Femmes. — Trois femmes, dont
Madeleine, vêtue de rouge, son vase à parfums à la main, entre ses deux
compagnes.
24. Apparition à saint Pierre. — Celui-ci, debout devant Jésus,
tient un livre dans sa droite, et sa clef symbolique, démesurée, aussi longue
que lui, sur son épaule gauche. Inscription complete : Coment Dieu aparut à
saint Pière (sic).
25. Apparition à... un personnage armé d'un long bâton.
Cette scène incomplète doit être l'apparition aux disciples d'Emmaüs.
26.
Apparition à ... personnages aux portes de Jérusalem, représentée par des tours
flanquant une porte. (Cette scène est derrière le retable.)
27. Le Baiser de
Judas. — Scène incomplète dont on ne voit que la partie supérieure. Elle
comprend neuf personnages. Jésus et Judas s'embrassent et se baisent. Jésus a un nimbe et les cheveux blonds ; Judas a les cheveux noirs.
L'enduit est tombé précisément à l'endroit des deux visages. Derrière Judas est
Pierre, reconnaissable à son nimbe et au glaive qu'il tient en main. Les six
autres personnages sont des soldats armés et vêtus à la mode du XVème siècle.
28. La scène qui suit est presque effacée. Il reste un personnage nimbé, tenant
un livre fermé sur lequel un autre personnage met l'index.
29. Une autre
scène comprend deux personnages. L'un, vêtu d'un long manteau, (un prêtre sans
doute) portant un livre tenu sur la poitrine par son bras droit, levant le
gauche, faisant face à un second personnage en chausses, tunique serrée à la
taille, bordée de fourrure noire, manches rouges de la casaque sortant des
manches de la tunique.
30. Le Christ devant Caïphe. — Le souverain sacrificateur est assis dans sa chaire. Jésus est vêtu d'une robe blanche, deux
personnages lui bandent, les yeux. (Cette scène a lieu chez Caïphe. Luc, XXII).
Au-dessous, l'inscription.
31. Le Christ devant Caïphe. — Jésus, les mains
liées, entre deux personnages vêtus à la mode du XVème siècle, casqués, chaussés
de souliers à poulaines ; l'un, armé d'une massue. Le grand prêtre a un chaperon
retombant sur l'épaule.
32. Le Christ devant Hérode. — Les mêmes, plus
Hérode, assis sur un siège à dais, vêtu d'une robe à ramages noirs. De
l'inscription gothique, le dernier mot seul : Hérode, est lisible.
33. Le
Christ devant Pilate. — Le Christ et ses deux gardiens, plus Pilate dans sa
chaire, l'index levé, une couronne sur la tête.
34. Le Couronnement d'épines.
— (Le Christ est ramené devant Hérode, du moins c'est Hérode qui
figure dans cette scène, bien que le couronnement d'épines ait eu lieu dans le
prétoire, chez Pilate). Jésus est assis au milieu des soldats, tenant un roseau.
De chaque côté, deux bourreaux le frappent sur la tête.
35. La Flagellation.
— Cette scène se passe devant Pilate.
Le Christ est nu entre deux bourreaux
armés de fouets à trois cordes nouées. Ceux-ci ont des chausses et des tuniques
parties d'une couleur parties d'une autre. Le personage représentant Pilate est
effacé.
(La scène suivante est cachée par le retable).
IV. — Voûte
méridionale.
36. La Pentecôte. — Des douze apôtres, six seulement sont
visibles, mains jointes, pieds nus, nimbés de blanc, de rouge ou de noir. De
l'inscription qui souligne le tableau, reste seul le mot : S. Thomas.
37.
Du
Portement de Croix, qui suit, on ne voit bien que le Cyrénéen, vêtu de rouge.
38. La Crucifixion. — Cette scène occupe toute la hauteur de la voûte,
c'est-à-dire que le tableau égale en hauteur deux des autres scènes superposées.
La croix du Christ est plus élevée que celles des larrons. Le mauvais larron,
selon qu'il est convenu, est tout contourné. A la droite de Jésus, un soldat lui
perce le flanc ; à sa gauche, un autre lui présente l'éponge. Deux femmes à
genoux complètent la scène. Madeleine (?) est reconnaissable à ses cheveux, d'un
blond un peu vif, flottants sur son dos ; elle est nimbée de rouge, vêtue d'une
robe rouge et couverte d'un manteau bleu.
39. Apparition à Thomas. — Cette
scène, oubliée sans doute par le peintre, est, placée dans un
encadrement jaune au-dessus du Crucifiement. Jésus découvre sa poitrine pour
montrer au disciple la plaie de son côté. Inscription gothique : Coment Dieu
aparut à S. Thomas.
40. La Descente de Croix. — La scène est incomplète.
Suivent quelques fragments, dont l'un peut-être représente les Noces de Cana.
V. — Muraille du Chevet.
Au pignon oriental, de chaque côté de la fenêtre
ogivale, se voient d'autres peintures.
41. Du côté de l'évangile, la surface
murale est presque entièrement occupée par un gigantesque S. Christophe, barbu,
habillé de rouge, armé d'un bâton rouge, et portant l'Enfant, Jésus sur son
épaule gauche. A ses pieds sont d'autres enfants. Il gravis une colline
rocheuse que domine un arbre.
42. Le Jugement dernier domine S. Christophe ;
deux anges vêtus de blancs, avec ailes rouges, reçoivent au ciel de petits
personnages nus, représentant les bienheureux.
43. Le côté de l'épître est
moins bien conservé : se reconnaît en bas une procession de personnages se
dirigeant vers un évêque.
N. B. — D'autres traces de peintures se voient
encore au pignon occidental, et même sous le clocher.
VI. — Voûte.
De
chaque côté de la ligne médiane du berceau en ogive, deux rangées d'anges,
opposés, jouent, de divers instruments. Ils sont long-vêtus de robes
blanches, à bordure inférieure, collet et bordures des manches rouge vif. Leurs
ailes sont roses. Leurs instruments, harpes, violes, sont jaunes. Ils portent alternativement des instruments et des phylactères à
inscriptions gothiques. Le fond est jaune semé de fleurons rouges ayant la forme
de fleurs de lys et par endroits de quintefeuilles.
Sur les murs, subsistent, çà et là, les croix, entourées d'un cercle, du chemin de Croix. De petits pots de terre sont encastrés dans les murailles, leur orifice à la surface ; ce sont des pots acoustiques. Des oiseaux y out fait leur nid, leur donnante ainsi une nouvelle destination.
Note : L'église de Ruffigné, près de Châteaubriant, possède à la voûte du choeur une « Juiverie » complète, avec la Glorification du Christ ; l'espace couvert est moins considerable qu'à Saint-Sulpice, et quoique ces peintures soient de la même époque, la manière est beaucoup moins savante à Ruffigné. On ne peut faire de rapprochements que pour le choix des sujets et la naïveté de leur exécution. A Saint-Sulpice, les tableaux sont mieux composés ; les personnages, en nombre restreint, — trois, cinq, tout au plus, à part quelques grands épisodes, — sont tous distincts et ne se cachent pas les uns derrière les autres. Comme à Ruffigné, le peintre n'a employé que peu de couleurs ; le rouge, qui domine dans les vêtements et les nimbes, le bleu, le jaune pour les dorures, et le noir pour dessiner les contours. Le vert n'apparaît que pour le feuillage des arbres. La composition de la Résurrection, à Saint-Sulpice, est identique à celle de Ruffigné, mais mieux traitée ; les personnages sont d'un dessin plus correct, quoique la plupart aient des pieds et des mains d'une grandeur démesurée.
Il fallait une certaine érudition pour la composition de ces scènes et un certain talent pour leur exécution ; les modiques ressources de petite paroisse [Note : L'église de Saint-Sulpice était une fillette (succursale) d'Auverné] n'auraient pu suffire à payer un artiste étranger, voire même du pays, sans même tenir compte du temps dépensé à la confection d'une centaine de tableaux, peut-être ; aussi sommes-nous tenté d'attribuer cette oeuvre picturale, qui nous paraît tout entière sortie du même cerveau, à quelque moine des prieurés voisins de Rochementru ou de La Chapelle-Glain.
(Joseph Chapron)
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