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Michel SOURDIN, prêtre guillotiné à Rennes
en exécution de la loi des 29-30 vendémiaire an II.

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125. — Michel Sourdin, né à Saint-Ouen-des-Alleux, le 18 avril 1757, de Julien et de Perrine Duval, fut baptisé le jour même de sa naissance. Nous le trouvons recevant à la fois à Rennes la tonsure et les mineurs, le 23 septembre 1780, puis le sous-diaconat dans la même ville le 23 décembre 1781 et enfin le diaconat le 21 décembre de l’année suivante. Quant à la prêtrise, en vertu de lettres dimissoriales en date du 15 décembre 1783, Mgr de Hercé la lui conféra à Dol, le 20 de ce même mois.

L’abbé Sourdin vint à Janzé en qualité de vicaire de la paroisse Saint-Pierre, vers le mois de novembre 1788, époque à laquelle on relève sa première signature sur les registres de catholicité. Quant à sa dernière, elle y figure au mois de juin de l’année 1791. Dans l’intervalle, M. Sourdin remplit les fonctions de curé d’office, à la mort du doyen Pierre-Ange Sourdin, son parent.

126. — Durant que le clergé de la paroisse de Saint-Martin de Janzé prêtait le serment constitutionnel le 9 janvier 1791, M. Michel Sourdin refusait de s’assermenter, tout en demandant à pouvoir néanmoins continuer l’exercice de ses fonctions, appuyé du reste en cela par sa municipalité, qui écrivait à son sujet : « Nous l’avons prié de le faire pour prévenir les accidents qui pourraient résulter de la cessation précipitée de son ministère ». Du reste, prenait-on soin d’ajouter : « C’est un très digne prêtre, qui jouit de la confiance publique et qui n’a semé aucun germe de division ni de soulèvement ».

En conséquence, M. Sourdin demeura à Janzé jusqu’au 17 juin 1791, date à laquelle la suppression de son église paroissiale et sa situation de prêtre réfractaire l’obligèrent à en sortir. On le retrouve, le 10 juillet de l’année suivante, réfugié à Saint-Ouen-des-Alleux, sa paroisse natale.

Quoiqu’atteint des premiers par la loi du 26 août 1792, en qualité d’ancien fonctionnaire public, l’abbé Sourdin ne s’exila point et demeura en France pour faire du ministère. Les lois terribles des 20 et 21 octobre 1793, qui faisaient peser la peine de mort sur la tête de tous les insermentés de son espèce, le firent peut-être chercher à cette époque un refuge à Rennes, où, pensait-il, il pourrait plus facilement passer inaperçu, tout en rendant service aux fidèles. On ignore la durée du séjour de cet ecclésiastique dans la capitale de la Bretagne lors de son arrestation, le 4 octobre 1794, rue Saint-Louis, dans une maison appartenant à Mme de Villeneuve.

127. — Interrogées sur la présence de M. Sourdin en leur demeure, ses hôtesses prétendirent complètement l’ignorer, et le proscrit lui-même, sachant de quel sort elles étaient menacées, répondit de façon à ne pas les compromettre. Cinq jours après leur arrestation, Michel Sourdin et les pieuses femmes poursuivies à cause de lui parurent devant le Tribunal criminel d’Ille-et-Vilaine. Les juges révolutionnaires portèrent ensuite une double sentence : d’un côté, ils condamnèrent à la peine capitale Michel Sourdin comme « convaincu d’avoir été sujet à la déportation comme insermenté et d’être malgré cela resté en France au mépris des lois ». Ils n’oublièrent pas non plus, pour bien affirmer l’esprit qui les animait, d’ajouter que les « hochets du fanatisme » saisis sur l’abbé Sourdin seraient « brûlés au pied de l’échafaud lors de son exécution ». D’autre part, ils déclarèrent que les trois femmes accusées d’avoir favorisé son séjour à Rennes étaient « jugées dignes de mort », mais qu’il serait pris à leur sujet de plus amples informations. On espérait probablement découvrir chez ces pauvres femmes quelque nouvelle chose compromettant d’autres ecclésiastiques.

128. — Après avoir entendu la lecture de la sentence qui le condamnait à mort, l’abbé Sourdin fut reconduit dans sa prison de la Porte Saint-Michel. Or, on venait d’incarcérer dans cette même maison les Hospitalières de la Miséricorde, qui donnaient naguère leurs soins aux malades de l’hôpital Saint-Yves à Rennes. Elles étaient toutes entassées dans une même chambre et elles avaient reçu la défense formelle de communiquer avec les autres prisonniers. Tandis que, privées de tout secours spirituel, ces bonnes religieuses se désolaient en pensant à la mort dont la menace leur semblait suspendue sur leurs têtes, tandis qu’elles gémissaient de ne pouvoir mettre ordre à leur conscience dans un moment si redoutable, elles apprirent que l’abbé Sourdin venait d’être transféré seul dans une chambre contiguë à la leur ; elles remarquèrent en même temps une petite ouverture pratiquée dans le mur de séparation. Se trouvant alors heureuses dans leur infortune, ces dignes filles de Jésus-Christ prièrent le prisonnier, son prêtre, de vouloir bien entendre leurs confessions. « Quoi qu’elles fussent au nombre de vingt-cinq à trente, M. Sourdin les écouta toutes successivement avec le plus grand sang-froid, la même complaisance, le même zèle et la même onction, sans précipitation, sans trouble, et avec autant de tranquillité que s’il eût été assis dans un confessionnal commode, et pendant les temps les plus calmes.

Il ne voulut pas qu’aucune d’elles connût tout ce qu’il souffroit d’une position insupportable à tout autre qu’à un généreux martyr, qui saisissoit l’occasion de remplir ses augustes fonctions jusqu’au dernier moment de sa vie. Afin de pouvoir les entendre, il fut obligé de se tenir suspendu, les pieds en des trous pratiqués dans le mur de pierre. Les extrémités de son corps étoient liées par une barre de trente à quarante livres pesant, tenue à des anneaux de fer. Ces anneaux par le poids de la barre, lui coupoient les jambes. On enferroit ainsi les prêtres, comme toutes les autres victimes, dès que la sentence de mort étoit portée. Cet acte d’une charité héroïque fut, peu d’heures après, récompensé par le sacrifice de sa vie pour la gloire et le nom de J.-C. ».

129. — Ce fut, en effet, le lendemain de sa condamnation, c’est-à-dire le 10 octobre 1794, que l’abbé Sourdin fut conduit à l'échafaud dressé sur le Champ-de-Mars de Rennes. Il jouissait d’une paix admirable, récompense de sa grande piété. Monté sur l’échafaud, il s’écria : « Plaise à Dieu que je sois la dernière victime ! » Le Seigneur, sans doute, écouta sa prière, car il fut le dernier qui versa son sang à Rennes pour l’exaltation de la Foi sous le régime de la Terreur. On ne manqua pas, selon la teneur de son jugement, de brûler au pied de l’échafaud les « hochets du fanatisme » saisis sur ce bon prêtre et qui consistaient en un ciboire contenant sans doute des hosties consacrées.

BIBLIOGRAPHIE. — Aimé Guillon, Les Martyrs de la Foi, op. cit., t. III, p. 371, qui le nomme Jourdin et raconte sur son compte les mêmes épisodes que l’abbé Carron : Les Confesseurs de la Foi de l'Eglise gallicane, op. cit., t. III, p. 210-213. — Tresvaux du Fraval, Histoire de la Persécution, etc., op. cit., t. II, p. 116-117. — Guillotin de Corson, Les Confesseurs de la Foi, etc., op. cit., p. 80-82. — Lemasson, Les Actes des prêtres insermentés de l'archid. de Rennes, etc., op. cit., où l’on trouve toutes les pièces officielles de son procès.

(Dossier n° 278 des actes du tribunal criminel d’Ille-et-Vilaine, série B, Parlement, aux archives d’Ille-et-Vilaine).

(Articles du Procès de l'Ordinaire des Martyrs Bretons).

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