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LES ORIGINES DE L'ABBAYE ET DE LA VILLE DE SAINT–MÉEN-LE-GRAND

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L'ancienne abbaye de Saint-Méen offre des souvenirs intéressants pour nous tous puisque ses bâtiments claustraux sont maintenant occupés par le petit séminaire diocésain. C'est pourquoi nous allons rappeler ici en quelques mots comment et en quelles circonstances fut fondé ce monastère, — le plus ancien, après celui de Saint-Melaine, du territoire actuel de notre diocèse, — monastère à l'ombre duquel naquit au XIème siècle la petite ville de Saint-Méen.

Né dans la Grande Bretagne et parent des bienheureux évêques Samson et Magloire, Saint Méen suivit le premier d'entre eux lorsqu'il vint en Armorique fonder le monastère de Dol vers le milieu du VIème siècle. Envoyé par Saint Samson vers Guérech comte de Vannes pour implorer sa charité en faveur de Dol, Méen fit la rencontre sur la lisière des forêts de Brocéliande et non loin des rives du Meu, d'un homme riche et pieux nommé Caduon qui essaya de le retenir près de lui et offrit de lui construire un monastère. Saint Méen voulut d'abord accomplir sa mission près de Guérech ; mais à son retour du Browerech, voyant que Caduon persévérait dans ses bonnes intentions, et ayant reçu le consentement de son maître Saint Samson, il accepta l'offre généreuse qu'on lui faisait. Caduon lui « fit donation de tous les meilleurs fonds qu'il possédait des deux côtés de la rivière de Meu, qui tous ensemble formaient une seigneurie qu'on nommait Tréfoss « Trans fossam » (D. Lobineau. Vies des SS. de Bretagne, 139).

Saint Samson ayant donné quelques moines de Dol pour compagnons à Saint Méen, celui-ci, dit D. Lobineau, « mit aussitôt la main à l'œuvre et commença par défricher et aplanir le lieu qu'il avait choisi à Tréfoss pour y bâtir l'église et le monastère, dans une situation commode si l'eau vive, bonne à boire, n'y eût point manqué. Ce défaut ne l'empêcha pas cependant de prendre ses alignements ; et plein de confiance en Dieu, après s'être adressé à lui, il enfonça son bâton en terre dans le lieu où l'on eût le plus souhaité qu'il y eût une source, et à peine l'eut-il retiré que l'eau vive sortit à gros bouillons du trou qu'il venait de faire. Elle y a eu depuis un cours continuel, utile à la santé d'une infinité de malades, qui ont trouvé là leur guérison. Ce miracle rendit Méen encore plus cher à Caduon et celui-ci n’épargna rien pour le bâtiment de l'église et du monastère, où la réputation de la sainteté de Méen et ses fréquents miracles attirèrent bientôt assez de personnes pour former une nombreuse et florissante communauté. Tels furent les commencements de l'abbaye de S.-Jean de Gaël, car ce fut à S. Jean-Baptiste que l'église du monastère fut premièrement dédiée. On la nomme aujourd'hui S.-Méen, du nom de son premier abbé. Sa fondation est de l'an 550 ou environ  » (Vies des SS. de Bretagne, 140).

L'on voit par ce récit que le monastère de S.-Jean de Gaël ne fut pas construit là même où se trouve aujourd'hui la ville de Saint-Méen, mais un peu plus à l'est, à. une demi-lieue de la ville, sur la route du Crouais. Là se trouve, en effet, maintenant encore, la fontaine miraculeuse où des milliers de pèlerins venaient au moyen-âge chercher la guérison de leurs maux.

Dès son origine l'abbaye de S.-Méen se distingua par l'exercice de toutes les vertus ; « il fallait bien, dit encore D. Lobineau, que les religieux de cette sainte maison, sous la conduite de leur abbé, vécussent dans une grande observance, puisque dans un temps où toute la province de Bretagne était peuplée d'une infinité de saintes communautés de moines, celle de S.-Méen était une de celles qui avaient le plus de réputation ; de sorte que, quand Saint Judicaël, roi de Domnonée, voulut quitter la pourpre pour prendre l'habit religieux, ce fut cette abbaye qu'il choisit pour s'y retirer » (Vies des SS. de Bretagne, 140).

Aussi Saint Judicaël, reçu au monastère par Saint Méen lui-même, a-t-il été de tout temps considéré comme un des fondateurs, et plus tard comme un des patrons de l'abbaye. Un titre très ancien nous apprend, en effet, que ce pieux monarque exempta le nouveau monastère de toute juridiction séculière, et, dès 814, l'abbaye portait le nom de S.-Méen et S.-Judicaël; en 1008 et 1135, on la nommait Notre-Dame, S.-Méen et S.-Judicaël « cœnobium. Beatœ Mariœ Sanctorumque confessorum Mevenni et Judicaelis » (D. Morice. Preuves de l'Histoire de Bretagne, I. 570 et 225).

Vers 799, les Bretons ayant pris les armes contre les Français qui occupaient Vannes, Charlemagne envoya une armée pour les châtier ; ses soldats entrèrent en Domnonée, traversèrent la forêt de Brocéliande et mirent tout ce pays à feu et à sang, n'épargnant ni les lieux saints ni les personnes consacrées à Dieu. L'abbaye de S.-Jean de Gaël fut en cette occasion détruite de fond en comble, l'église ne présenta plus qu'un monceau de cendres, à peine quelques moines échappèrent-ils à la mort.

Toutefois le monastère se releva promptement de ses ruines : Hélocar, évêque d'Aleth et abbé de Saint-Méen, alla trouver Charlemagne et lui fit connaître ce qui s'était passé. L'empereur accueillit favorablement l'évêque breton, lui donna tout pouvoir pour reconstruire son monastère, et lui assura, par lettres patentes, la possession des biens qui en dépendaient et en particulier le don de la paroisse de Gaël. Plus tard, vers 816, son successeur Louis le Débonnaire, confirma solennellement, en faveur du même Hélocar, les lettres de Charlemagne (D. Morice. Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 225).

Lorsque la Bretagne reconquit son indépendance sous le gouvernement de Nominoë et de ses successeurs, les rois bretons favorisèrent naturellement l'abbaye de Saint-Méen et de Saint-Judicaël, et, en 853, ce fut au monastère de Gaël, que Saint Convoyon vint trouver le roi Erispoë qui y tenait sa cour [Note : « Convoion adiit ad principem Britaniœ Erispoium consistentem in Wadel monasterio » (D. Morice. Pr. de l'Histoire de Bretagne, I, 3)].

Mais les mauvais jours n'étaient pas finis pour Saint-Méen : ce vénérable monastère n'échappa point, au Xème siècle, aux fureurs impies des Normands ; il fut détruit complètement par eux et les moines s'enfuirent, en 919, emportant avec eux les corps de leurs fondateurs Saint Méen et Saint Judicaël ; ils déposèrent les reliques du premier à Saint-Florent et celles du second à Saint-Jouin-de-Marne (D. Morice. Pr. de l'Histoire de Bretagne, I, 4).

Pendant près d'un siècle les ruines de l'abbaye de Gaël demeurèrent désertes, mais Dieu lui suscita enfin un restaurateur dans la personne d'Hinguéten, abbé de Saint Jacut ; voici à quelle occasion. Après la mort du duc de Bretagne, Geoffroy Ier, arrivée en 1008, sa veuve la duchesse Havoise demeura chargée du gouvernement au nom de son fils encore jeune nommé Alain. Un oncle de ce dernier, Judicaël, profita de ces circonstances pour lever l'étendard de la révolte et disputer le trône à son neveu ; Alain alla assiéger le rebelle renfermé dans le château de Malestroit. Ce fut devant cette forteresse que, pour se rendre le ciel favorable, et à l'instigation de sa pieuse mère, Alain, de concert avec son frère Eudon, résolut le rétablissement de l'abbaye de Saint-Méen. Les deux jeunes princes firent venir à cet effet Hinguéten qui, comme nous venons de le dire, était abbé de Saint-Jacut ; ils lui donnèrent l'église de N.-D., Saint-Méen et Saint-Judicaël, avec tout le territoire et la forêt qui environnaient ce sanctuaire ; « ecclesiam Sanctœ Mariœ et SS. Mevenni et Judicaelis de Guadel cum tota terra et foresta quœ in circuitu ipsius ecclesiœ erat » (D. Morice. Pr. de l'Histoire de Bretagne, I, 358) ; et ils le prièrent d'y réunir quelques moines et de les gouverner lui-même jusqu'à ce qu'il pût leur procurer un autre supérieur. De plus, Alain et Eudon autorisèrent les moines à fonder un bourg autour de leur nouveau monastère ; ils leur donnèrent les droits d'y tenir des foires et des marchés, d'y établir un change de monnaies d'or et d'argent, et d'y lever des droits de tonlieu et de trépas, sorte d'octroi établi sur le passage des marchandises [Note : « Concesserunt in villa monasterii fieri quoddam burgum, forum, mercatum, commutacionem auri et argenti... teloneum et passagium. » (Archives dép. d'Ille-et-Vilaine, 4 G, 73.)].

Tout porte à croire que la ville de Saint-Méen date de cette époque, car c'est bien là le bourg dont il vient d'être fait mention. Jusqu'alors, en effet, l'abbaye de Saint-Méen avait dû faire partie de la paroisse de Gaël, d'où son nom primitif Saint-Jean de Gaël. Mais lorsque les moines eurent fondé un bourg autour de leur nouveau monastère ils obtinrent de l'évêque diocésain l'érection d'une paroisse qui fut celle de Saint-Jean de Saint-Méen renfermant outre l'abbaye tout le territoire environnant donné par les ducs de Bretagne.

La pieuse charité d'Alain reçut sa récompense ; Malestroit fut pris et Judicaël vaincu. Le comte, accompagné d'Havoise sa mère et d'Eudon son frère, alla en rendre grâces à Dieu dans l'abbaye de Saint-Méen. Grand nombre de seigneurs, tant ecclésiastiques que laïques, suivirent la cour à Gaël : on y distinguait Ginguené, archevêque de Dol, Gaultier, évêque de Nantes, Guérin, évêque de Rennes, et Raoul, évêque d'Aleth. Tous approuvèrent la restauration de l'abbaye transférée dans un nouvel emplacement peu éloigné du monastère primitif ruiné par les Normands, « cum ordinatio tunc novi loci placeret, » et pour témoigner leur satisfaction, les princes augmentèrent encore la dot des moines de St-Méen.

Ils ajoutèrent à leur donation première celle de la Chapelle-Saint-Onen, — la terre de Trémorel, — tout le minihy de Quédillac, — toute la terre du Loscouët, — et enfin celle du Crouais ; ce fut un don complet, tel que les habitants de ces diverses localités ne relevèrent plus dès lors que de l'abbé et de ses moines. Ils donnèrent encore l'église de Gaël, son cimetière et les rentes de cens levées en cette paroisse, — des bois et des terres en Gaël, nommés Chernueth, Récant, Hate et Trénencorath, celle-ci voisine du cimetière, — et cinq sols de rente sur la terre de Rouault le Vicaire (Archives dép. d'Ille-et-Vilaine, 4 G, 73).

Ainsi furent fondés le nouveau monastère et la ville de Saint-Méen : cette translation de l'abbaye eut lieu vers l'an 1024 d'après les Chroniques bretonnes (D. Morice. Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 358). Un peu plus tard les reliques des bienheureux premiers fondateurs furent rendues à la vénération des moines et des fidèles : le corps de S. Méen revint de Saint-Florent en 1074 et celui de S. Judicaël fut rapporté, en grande partie du moins, de Saint-Jouin-de-Marne en 1130.

(abbé Guillotin de Corson).

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