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LE CHÂTEAU DE LA COURBEJOLLIÈRE ou COURBEJOLIÈRE

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L'ancien manoir de La Courbejollière tint jadis un certain rang parmi les places fortes de second ordre de l'ancien comté Nantais. Situé à un kilomètre du bourg de Sainte-Lumine de Clisson, il est vers 1886 la propriété de M. Sébastien de Boishéraud.

Saint-Lumine-de-Clisson : château de la Courbejollière (Bretagne).

Entouré d'une double ceinture d'eaux vives, ce château devait être jadis une position assez forte. On y accédait au sud-ouest par un étroit passage resserré entre les douves et d'épaisses murailles, et défendu par deux grosses tours. Après avoir franchi une première enceinte occupée par les bâtiments de servitude, on rencontrait un premier pont-levis, jeté sur des douves profondes et protégé par un fort bastion, qui permettait de pénétrer dans la cour du château proprement dit, situé en avant et un peu au nord-ouest d'un plat-site entouré d'eau de toutes parts, et dont l'arrière, actuellement occupé par des jardins, se terminait à l'est en forme de redan. Derrière ces bâtiments et à l'extrémité nord du château, un second pont-levis, partant du pied d'une tour, donnait accès sur deux langues de terre, complètement entourées d'eau, dont l'une, couvrant toute la partie nord-ouest du château, se terminait par une forte redoute.

De tout cela, hélas ! à part les douves et quelques murailles, il ne reste, pour ainsi dire plus rien. Ce manoir, demeure seigneuriale de l'antique famille Perrin de La Courbejollière, fut détruit à la tin du XVIème siècle, et le siège qu'il dut subir alors ne forme pas un des épisodes les moins intéressants des guerres de la Ligue dans nos contrées. Le Poitou, comme le Comté Nantais, était, à cette époque, en proie à la plus profonde anarchie. Nantes appartenait à la Ligue ; mais Clisson et Montaigu étaient restés fidèles au Roi, et, tandis que les troupes du duc de Mercœur désolaient les campagnes par leurs fréquentes incursions, les capitaines huguenots savaient leur opposer dans maintes rencontres des compagnies avec lesquelles elles devaient compter.

Saint-Lumine-de-Clisson : château de la Courbejollière (Bretagne).

Parmi ces derniers, l'un des plus vaillants était, sans contredit, Pierre Perrin, seigneur de La Courbejollière. Descendant d'Arthur Perrin, mentionné parmi les nobles de la paroisse de Sainte-Lumine de Clisson, lors des réformations de 1475 et de 1513 [Note : Archives de la famille Goguet de Boishéraud. — Induction à la Réformation de 1669 pour le sieur Perrin de La Courbejollière. — Arthur Perrin, seigneur de La Courbejollière, avait marié, le 17 décembre 1517, sa fille, Jehanne Perrin de La Courbejollière, à Guillaume de Lisle, seigneur de La Cormeraye en Mosnières. Le manoir ou château de La Cormeraye, vieux logis du XVème siècle, carrément entouré de douves, avait été donné à Julien de Lisle, père dudit Guillaume, par la duchesse Anne, et cette donation, datée du 5 avril 1489, était faite « en récompense des bons et agréables services rendus par Julien de Lisle, tant au leu duc François II, qu'à la duchesse »], il était fils de messire René Perrin, seigneur de La Courbejollière et de La Vivancière, mort à La Rochelle des suites des blessures reçues par lui à la bataille de Bassac, où fut tué le prince de Condé, et de demoiselle Jeanne Jaillard, tous les deux fervents calvinistes [Note : Archives de la famille Goguet de Boishéraud. — Enquête pour les enffans mineurs de deffunct Pierre Perrin, seigneur de La Courbejollière, deffendeurs, contre maître Gilles Robin, étudiant en l'Université de Paris, demandeur en payement d'une indemnité pour les temps de prinsons faictes au temps passé ès prisons de La Courbejollière, par feu Gilles Robin, son père, 1603]. Il avait épousé, le 15 janvier 1584, demoiselle Esther Mesnard. fille de haut et puissant seigneur François Mesnard et de demoiselle Jacquemine de Beauveau (Ibidem. Enquête de 1603). Ayant perdu ses parents de bonne heure, il avait été nourri comme page en la Maison du Roi et était entré à son service, dès que son âge lui avait permis de porter les armes. Sa bravoure et son habileté n'avaient point tardé à lui mériter la confiance du monarque et de ses lieutenants. Successivement capitaine d'une compagnie de chevau-légers, sous les ordres de M. le marquis de Bellisle, puis d'une compagnie d'arquebusiers à cheval sous l'autorité des princes de Conty et de La Trémoïlle et du sire d'Avaugour [Note : Haut et puissant seigneur messire Charles d'Avaugour, seigneur de Saffré, Kergroays, Vay, Le Bois-Rouaud, etc., fils de messire René d'Avaugour, seigneur de Saffré et Kergroays, et de Renée de Plouër, marié à demoiselle Renée de La Chapelle, dame de Machecoul et de La Roche-Giffart, mort en 1613], il avait assisté au siège de Montmorillon, où un coup d'arquebusade le laissa grièvement blessé, puis au siège de Montaigu, prise et rasée par les Ligueurs, le 6 mai 1587, à. ceux de Beaupréau, Brissac, La Seguinière, et aux engagements de Vallet, Liré et Mouzillon [Note : Vallet, chef-lieu de canton (Loire-Inf.). — Mouzillon, commune dudit canton] où, à la tête de sa compagnie, il avait complètement battu les gens du parti de l'Union (Ibidem. Enquête de 1603). Enfin, le 2 août 1588, chargé par le Roi du commandement de l'avant-garde de son armée, il avait réussi à défaire, en sa présence, au pont de Monnières [Note : Monnières, commune du canton de Clisson (Loire-Inf.)], les troupes du régiment de Jarzay et avait reçu dans la mêlée douze coups de piques dans le corps, grâce auxquels il avait dû se faire traiter pendant un mois chez un de ses voisins, messire Francois de Baye, écuyer, seigneur de La Danière, en Monnières (Ibidem. Enquête de 1603).

Un tel courage et une fidélité aussi inébranlable à servir le Roi, qui l'affectionnait d'une manière toute spéciale et le regardait à juste titre comme l'un de ses meilleurs capitaines, n'étaient point faits pour lui attirer les sympathies des Ligueurs, qui vengèrent sur son château les défaites réitérées qu'il leur avait fait essuyer. — Guidées par un traitre, nommé Gilles Robin, qui, en 1587, avait déjà livré la ville de Moutaigu aux Ligueurs et causé sa ruine, et qui, dans cette nouvelle circonstance, ne craignit pas de cautionner l'artillerie possédée à Nantes par le duc de Mercœur, pour le décider à la laisser sortir de la ville (Ibidem. Enquête de 1603), les troupes de ce dernier, sous les ordres du sieur de Goulaine, son lieutenant, vinrent, en 1591, assiéger la Courbejollière et la ruiner à coups de canon. — « Il est chose certaine et véritable, dit une enquête de 1603, que Monsieur de Goulaine, lieutenant et commandant en l'armée de Monseigneur le duc de Mercœur, vint assiéger, en l'année 1591, la Maison noble de La Courbejollière, où il avait fait mener du canon, sur le cautionnement du sieur Gilles Robin ; laquelle maison fust prise, ruinée, pillée et en partie brûlée ; et fust laissé dans ladicte maison pour parachever la ruine d'icelle, d'autant que ledict sieur Perrin de La Courbejollière estoit serviteur du roi, le capitaine des Mortiers, lequel y demeura huit jours et fist brusler plusieurs lecttres et enseignements trouvés en abattant un pan de muraille et longère de la basse-cour, et même les bleds et aultres meubles ; et, en oultre, il est notoirement véritable que ledict sieur de La Courbejollière, veyant ne povoir résister à l'armée dudict sieur de Goulaine, qui lors estoit près d'aller à l'assaut, fust contrainct de sortir en plein jour l'espée à la main, à la teste de son armée, ce qu'il fist avec sept ou huict soldatz, desquels il fust tué deux : un, appelé des Moulins, et ung aultre, serviteur d'un chirurgien, nommé Maistre Pierre Beaupréau, qui lors traitait ledict Perrin d'un coup d'arquebusade qu'il reçut dans les reins au siège de Montmorillon ; et furent faicts prinsonniers, le nommé la Plante, et ung aultre appelé Pierre Girard, lequel comme domestique dudict sieur de La Courbejollière, avoit une valise sur son cheval en laquelle il y avait quelques deniers et grande quantité de papiers ; lesquels deux prinsonniers furent emmenez, à Nantes par les soldatz de l'Union ».

Mais, la ruine de son château et ses nombreuses blessures ne devaient point empêcher messire Pierre Perrin de guerroyer encore. Échappé presque miraculeusement à la mort qui l'attendait dans ce siège, il se remit aussitôt en campagne, fit le siège de Tiffauges avec le sieur de Malicorne, gouverneur du Poitou [Note : Jean de Chourches, chevalier, seigneur de Malicorne, gouverneur du Poitou, marié à Renée-Duvé, dame du Plessis-Bourré, en Anjou, veuve, en premières noces, de Magdelon de Brée, chevalier, seigneur de Perrault] et fut tué en 1597 au siège de La Flocellière, lors de l’expédition dirigée contre cette place par l'armée du sieur de Parabelle, dont il faisait alors partie (Ibidem. Enquête de 1603).

Saint-Lumine-de-Clisson : château de la Courbejollière (Bretagne).

Ainsi disparurent, à la fin du XVIème siècle, le manoir de La Courbejollière et son vaillant seigneur. Mais, nous nous trompons ; outre les ruines des anciennes fortifications, et le souvenir d'un valeureux guerrier, il reste encore quelque chose. Une curieuse cheminée de l'époque, échappée à la pioche et à l'incendie, vient nous révéler, aujourd'hui encore, les goûts artistiques des maîtres de céans. Supportée par des colonnettes sculptées dans le granit, de fines moulures ornent toute sa partie supérieure et entourent de charmants médaillons avec portraits de l'époque, au milieu desquels se détache le glorieux écusson des Perrin de La Courbejollière : D'argent au lion rampant de sable, armé, lampassé et couronné de gueules.

(Le Cte de Régis de L'Estourbeillon).

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