Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

SAINT-COULOMB - NOTICE HISTORIQUE

  Retour page d'accueil       Retour Ville de Saint-Coulomb 

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Sur les falaises, entre le bourg de Saint-Coulomb et la mer, s'élève une petite croix de granit fort ancienne ; d'après la tradition locale, l'illustre moine irlandais, saint Colomban, fondateur au VIème siècle de l'abbaye de Luxeuil, débarqua sur la grève voisine, lorsqu'il vint en Bretagne, et ce petit monument rappelle aux générations présentes le souvenir de son arrivée dans notre pays.

La paroisse qui continue de porter le nom de ce saint abbé est remarquable par ses vieux souvenirs et par ses pittoresques aspects : sur ses côtes se retrouve le célèbre nom de Du Guesclin, attaché depuis huit siècles au rocher fortifié qui fut le berceau de la famille du grand connétable ; dans les terres se dressent les dernières ruines du Plessix-Bertrand, château du moyen-âge, qui ne fut point sans importance et sans gloire ; et aux portes du bourg est le manoir de la Fosse-Hingant, qui, nous rappelant Desiles et de la Rouairie, appartient maintenant à l'histoire.

Dans la première moitié du XIème siècle, de 1010 à 1040 environ, Ginguené, archevêque de Dol, donna à un membre de sa famille nommé Salomon un fief d'une certaine importance, qu'on appela la seigneurie du Guarplic ou du Guesclin, parce qu'il avait pour chef-lieu un château bâti en mer sur le rocher de ce nom, et qui comprenait à l'origine le territoire tout entier de Saint-Coulomb. « Il y a lieu de croire, — dit avec fondement M. de la Borderie — que l'érection de la seigneurie du Guesclin et celle de la paroisse de Saint-Coulomb furent simultanées, soit que l'archevêque Ginguené ait voulu du même coup pourvoir à l'organisation féodale et à l'organisation religieuse de ce territoire, soit plutôt que Salomon, le nouveau seigneur, ait tenu à établir une paroisse dans son fief pour éviter d'être, lui et ses hommes, tributaires d'une église étrangère. D'après cela l'origine de la paroisse de Saint-Coulomb serait certainement antérieure à l'an 1040, et remonterait probablement aux vingt-cinq premières années du XIème siècle. » (Origines paroissiales ; Revue de Bretagne, 1871, I, 405).

Dans une charte du Mont-Saint-Michel, d'environ l'an 1080, il est fait mention du monastère de Saint-Coulomb : le chevalier Clamarhoc, fils de Richer, y est-il dit, donne aux moines du Mont-Saint-Michel « la moitié du produit de l'autel de Saint-Coulomb, la moitié des droits de sépulture appartenant à ce monastère, la moitié de la dîme des bestiaux que ledit monastère possède, et au même lieu de Saint-Coulomb autant de terre qu'en peut labourer une charrue en un an » (Ibid., I, 403. — Cartulaire du Mont-Saint-Michel).

Selon M. de la Borderie, quoique Saint-Coulomb reçoive ici le nom de monastère, ordinairement réservé aux simples chapelles ou oratoires religieux, il s'agit bien réellement d'une paroisse, car une paroisse seule pouvait parmi ses revenus compter des droits de sépulture. Toutefois cette appellation de monastère, donnée encore par l'usage à Saint-Coulomb, en 1080, montre que l'érection de cette église en paroisse ne devait pas alors dater de bien loin ; ce qui confirme dans la croyance que l'archevêque Ginguené en avait été précédemment l'auteur.

Il reste peu de chose aujourd'hui du vieux château du Guesclin, abandonné par ses seigneurs au XIIIème siècle et rasé presque complètement au XVIème ; sur ses ruines le gouvernement français fit en 1757 construire un fort qui existe encore, s'élevant solitaire dans l'îlot granitique qui porte toujours le nom du célèbre connétable. Ce n'est pas sans intérêt toutefois que l'on visite ce rocher : l'on y retrouve les bases de deux ou trois vieilles tours du moyen-âge, et à l'intérieur de la forteresse s'ouvre béant un immense puits creusé à grands frais dans le roc vif, destiné jadis à entretenir d'eau douce la garnison. Du haut des murailles le coup d'œil embrasse une belle étendue de mer entre les pointes du Meinga et du Grouin, et la vue se repose agréablement d'un côté sur les nombreuses et pittoresques îles Chausey, de l'autre sur les jolies plages sablonneuses qui bordent le rivage.

Ce fut vers l'an 1259, dit l'abbé Manet, que Bertrand du Guesclin abandonna la résidence maritime de ses pères et transporta son domicile dans les terres, à un tiers de lieue au-delà du bourg de Saint-Coulomb. Il y construisit une de ces petites forteresses que la nature particulière de leur enceinte extérieure, — composée dans l'origine d'une palissade de bois vifs, dont les branches ployées et enchevêtrées formaient une défense impénétrable, faisait appeler des plessix (plexitia), et lui donna le nom de Plessix-Bertrand.

Ce nouveau château acquit une certaine importance militaire et soutint plusieurs sièges ; possédé successivement par les sires du Guesclin, les seigneurs de Châteaubriant-Beaufort, et ceux de Châteauneuf, il appartenait en 1446 à Briand de Châteaubriand, qui obtint de François Ier duc de Bretagne l'établissement d'une foire dans le bourg de Saint-Coulomb ; en 1589, Charlotte de Montgommery, douairière de Beaufort, le vendit à Guy de Rieux, sgr de Châteauneuf, et l'un des successeurs de ce dernier seigneur, Jacques de Béringhen, obtint du Roi l'érection en comté de la seigneurie du Plessix-Bertrand.

Pendant les guerres de la Ligue, la forteresse du Plessix joua un grand rôle dans le pays malouin ; l'Histoire ms. de la Ligue à Saint-Malo, par Frotet de la Landelle contient à son sujet de longs et intéressants détails ; aussi, après la pacification, les Etats de Bretagne demandèrent-ils au Roi, en 1598, le démantèlement de ce château, ce qui fut accordé et exécuté. Aujourd'hui les ruines du Plessix-Bertrand sont presque insignifiantes, et l'on en découvre cependant encore l'enceinte à peu près complète, défendue par sept tours dont les bases existent toujours, et forment une sorte de parallélogramme entouré de vastes douves. L'on entre dans ce qui fut jadis la cour intérieure par une grande porte ogivale à demi-écroulée que flanquent toutefois deux vieilles tours découronnées ; ça et là gisent à terre d'énormes blocs de murailles si bien cimentés qu'ils ressemblent à des rochers ; ça et là aussi s'élèvent de grands arbres qui témoignent de l'antique destruction du château ; nulle part on ne voit de trace de la chapelle seigneuriale de Saint-Thomas du Plessix-Bertrand, relevant en 1575 du régaire épiscopal de Dol, et dont les revenus étaient encore possédés en 1788 par Mre Le Moine recteur de Cancale ; comté, château et chapelle, tout a disparu et n'appartient plus qu'à l'histoire.

Naguères l'on voyait dans l'eglise de Saint-Coulomb deux pierres tombales qui ne s'y trouvent plus ; elles portaient en relief les effigies d'un seigneur et d'une dame du Plessix-Bertrand et leurs écussons témoignaient qu'ils appartenaient à la noble famille des Châteaubriant de Beaufort alliée à celle de du Guesclin : l'un et l'autre joignaient les mains dans l'attitude de la prière, mais le guerrier reposait ses pieds sur un lion ; c'était en quelque sorte la personnification de l'esprit religieux et batailleur du moyen âge [Note : C'était très-probablement le tombeau de Bertrand de Châteaubriant, sgr de Beaufort, vivant en 1398, et de sa femme Tiphaine du Guesclin, dame du Plessix-Bertrand, fille de Pierre du Guesclin, sgr du Plessix-Bertrand et de Mahaud de Broons. (V. la Généalogie des seigneurs de Châteaubriant dans les Mémoires d'Outre-Tombe)].

Les temps changent, le catholicisme seul est immuable : d'après une tradition locale confirmée par des actes authentiques qu'on a bien voulu me communiquer, en 1735, mourait pour conserver sa foi, un pauvre paroissien de Saint-Coulomb, Guillaume Cœuru, — c'était son nom, — fils de Gilles et de Françoise Mallet, né au village de Tannée, fut fait prisonnier sur mer et emmené dans le Maroc ; ayant cherché à s'échapper de l'esclavage qu'il subissait depuis quinze ans, il fut saisi par les Maures ses bourreaux et ceux-ci le menacèrent de mort s'il ne voulait apostasier. Le jeune homme — il n'avait que trente ans — fit sans hésiter le sacrifice de sa vie et expira en confessant la foi de Jésus-Christ. « Il est mort bon chrétien et vrai martyr, — écrivait un de ses compagnons de captivité, — il fut tout coupé en morceaux et j'aidai à l'enterrer » (Lettre de Jean Pignole, esclave dans le Maroc, en date du 10 septembre 1735). Le nom de cet humble et courageux soldat du Christ ne mérite-t-il pas d'être tiré quelque peu de l'oubli et d'être rapproché de ceux que portaient ces puissants chevaliers du moyen âge, célèbres par leur vaillance et leur foi ?

Mais ne nous attardons pas dans les terres de Saint-Coulomb et regagnons la côte. Non loin du hâvre de Roteneuf, au-delà de l'étang du Lupin, dont le moulin, au milieu des eaux, offre un si pittoresque aspect, en face du vieux manoir de même nom, possédé en 1748 par un M. du Flachet — qui prétendait avoir des droits de prééminence en l'église de Saint-Coulomb, quoique l'évêque de Dol en fût seigneur supérieur, et le comte du Plessix-Bertrand seigneur fondateur, — à peu de distance de l'agréable baie de la Guimoraye, s'élève un monticule ; tourmenté évidemment par la main de l'homme, il s'avance en promontoire, à l'extrémité d'une vallée jadis baignée par la mer et porte le nom caractéristique de Vieux-Châtel. En fait de ruines il n'existe en ce lieu que les fondations d'une petite chapelle, mais tout porte a croire que jadis une forteresse s'y trouvait assise ; elle fut remplacee par un sanctuaire dédié à saint Nicolas, les moines de l'abbaye du Tronchet en devinrent possesseurs, et en 1685 ils firent au Roi la déclaration de ce qu'ils appelaient « leur prieuré de Saint-Nicolas du Vieux-Chatel ». Rien ne prouve maintenant toutefois l'existence d'un monastère proprement dit en ce lieu, mais dans la ferme du Vieux-Châtel, voisine de la chapelle, on voit encore quelques débris de constructions du XVIème siècle et un colombier plus moderne ; ils indiquent l'ancienne importance de cette maison, manoir des derniers siècles, ayant peut-être remplacé quelqu'autre établissement féodal et religieux. Ce fut le 23 octobre 1795 que fut vendue nationalement la chapelle de Saint-Nicolas, aujourd'hui complètement rasée ; la même année furent également vendues les chapelles de Sainte-Suzanne, dont une croix rappelle seule l'emplacement dans le charmant vallon du même nom, et celle de Saint-Vincent, qui, plus heureuse que les précédentes, a échappé au vandalisme révolutionnaire.

Terminons ici, car les chapelles que possédait et que possède encore Saint-Coulomb sont si nombreuses qu'il est impossible de chercher à les faire toutes connaître dans cet article ; ce qui précède suffit d'ailleurs pour intéresser le lecteur, semble-t-il, à la paroisse dont nous venons de parler ; un petit nombre de localités offrent autant de souvenirs et bien peu présentent d'aussi beaux sites et d'aussi variés buts de promenade.

(abbé Guillotin de Corson).

© Copyright - Tous droits réservés.