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Géographie sommaire de Rohan et de Saint-Gouvry.

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« Sans le secours de l'histoire l'homme vivrait étranger dans sa propre patrie. Il ignorerait absolument quels en ont été les premiers habitants, les noms des princes qui ont régné, les lois qu'ils ont imposées à leurs sujets... les villes qu'ils ont bâties, les ports qu'ils ont construits, la religion qu'ils professaient et les temples qu'ils ont fondés en l'honneur du vrai Dieu. Sans les historiens la mémoire des apôtres qui ont instruit nos pères... et des sages magistrats qui ont administré la justice, serait ensevelie dans les tombeaux qui renferment leurs cendres » (Dom Morice, Histoire de Bretagne, préface page I).

La commune de Rohan est bornée au nord par Saint-Gouvry, au nord-est, à l'est et au sud-est par Saint-Samson, au sud et à l'ouest par Crédin, au nord-ouest par Saint-Gouvry.

Rohan ne possède que la faible superficie de 45 hectares 28 ares 14 centiares. Elle s'étend principalement sur deux collines, soudées à un plateau auquel elles servent de contrefort. Ce plateau atteint une altitude moyenne de 120 à 130 mètres. La première colline tombe des hauteurs de Bourc-ès-Moines, presque à pic sur les rives de l'Oust. Au-dessous de la minoterie Lanoë, les rochers présentent une analogie assez grande avec la grotte de Massabielle. Plus loin sur la rive droite, un travail acharné a converti en prairie les pentes abruptes de la colline. A son extrémité nord, formant une sorte de promontoire, sur le mont écrété et aplani Alain de Porhoët dressa son castel (1127).

En descendant le chemin de la chapelle Saint-Martin à la route de Pontivy, nous trouvons le ruisseau de Crédin, et une vallée assez profonde, creusée providentiellement, dirait-on, pour faciliter l'accès à la cité et aux pays d'alentour.

Bien différente de la première est la seconde colline. Ses flancs sont beaucoup moins escarpés ; on ne voit pas ici comme là-bas, des roches figées en terre, pareilles à des dolmens ou capricieusement tourmentées. Au pied de la colline Saint-Martin, la rivière pour se frayer un passage, coupa de ses flots le schiste de la rive droite. Ici on penserait qu'un géant des temps fabuleux, adoucit la crête de sa main immense. En réalité, croyons-nous, la déclivité plus faible et comme graduée de la seconde colline, provient du frottement millénaire des eaux descendant du plateau supérieur de la Haie, de Cathélo et de Clervégan. Dans le chemin de Morhéry, il est aisé de constater l'action et le ravage des eaux ruisselant de ces hauteurs. Au surplus, il faut bien reconnaître que la main de l'homme a écrété, creusé, aplani le roc pour la construction des rues et des maisons de la ville.

La petite cité de Rohan n'offre pas au visiteur les logis moyennageux et intéressants que l'on trouve à Josselin, même à la Chèze. Ses principales demeures un peu anciennes datent du XVIIème et du XVIIIème siècle : on les voit sur la place de la mairie. Elles abritèrent les hommes de lois, « les robins » [Note : On les appelait ainsi à cause de leurs robes] de la juridiction seigneuriale.

Un certain nombre de maisons neuves construites avec goût et le confort moderne, reçoivent l'air et la lumière en de vastes pièces, comme dans les appartements bourgeois des temps passés.

La ville de Rohan dans son ensemble, forme un gracieux tableau. Comme une reine, elle trône doucement assise, et encadrée par un rideau de grands arbres clairsemés, qui lui servent en même temps de décor. Elle regarde avec complaisance : à ses pieds les eaux et les rives enchanteresses de l'Oust canalisé, la Belle Etoile et le Point du jour, le mont et la chapelle de Notre-Dame de Bonne-Encontre ; à son côté vers le sud, les hauteurs et la chapelle Saint-Martin ; au nord des prairies spacieuses et fertiles, produit d'alluvions séculaires. Sur sa tête notre citéreine porte telle une couronne géante, l'église neuve, la cure et le château de Lantivy.

La commune de Rohan compte approximativement 680 habitants vers 1926 ; la paroisse avec ses annexes de Crédin et de Saint-Gouvry 900.

Son sous-sol — comme celui de Saint-Gouvry — est formé en grande majorité de schiste vert. On peut s'en convaincre par un coup d'œil jeté sur les carrières qui ouvrent leurs bouches béantes sur la route de Pontivy, au sortir de Rohan.

On trouve aussi à Saint-Gouvry des puddingues dans les vallées de Kervert, du Hipdais et de la Maronière ; du quartz : à Rohan des deux côtés du canal, surtout en descendant vers Thymadeuc ; à Saint-Gouvry sur les hauteurs de Talhoët, du Prady, de la Croix-Jégou, de Kervret, du Bot, de la Villeneuve, du Roc-Huant.

Enfin la craie se manifeste en faible quantité dans les buttes du Liguau et du Profeuvre.

La petite vallée de Talhoët limite les communes de Rohan et de Saint-Gouvry.

Quand on suit la route de Rohan à Saint-Gouvry, après avoir dépassé l'étang desséché [Note : A la pointe de cet étang, sur le bord de la route actuelle, se trouvait un moulin à eau dépendant du château de Talhoët. Au-dessus de l'étang du moulin, en existait un autre de moindre étendue] de l'ancien manoir de Talhoët, à 1.500 mètres de la petite ville, le voyageur atteint le sommet d'une côte rapide. De là, s'il promène un instant ses regards en arrière, l'idée lui vient de comparer les trois collines de Saint-Martin, de Rohan-ville et de Saint-Gouvry qu'il domine, à trois vagues immenses. Elles se succédaient, durant que la terre était une masse en fusion, bouleversée comme l'Océan par la tempête, et alors elles se solidifièrent en plein élan.

En descendant la côte vous apercevez à droite, un taillis, à gauche un bois de hêtre encadrant le presbytère situé au pied de la colline. Durant près de deux siècles (1610-1793), il servit d'habitation unique au clergé de Rohan-Saint-Gouvry.

Voici devant vous un bosquet de grands arbres : ils cachent la fraîcheur et la grâce de la petite bourgade. Au point de vue topographique, elle ressemble à une cuvette dont le bord incliné déverse les eaux d'un ruisselet par de vallonneuses prairies dans l'Oust canalisé. Au fond de cette cuvette, l'église.

Le bourg est un bocage parsemé de chaumières ou de maisons neuves rustiques. Et dans ce cadre champêtre la vieille église avec son chapitrel, entourée du cimetière, et le presbytère antique flanqué de sa touraille, jettent la note d'une religieuse et douce poésie.

174 âmes, voilà la population de Saint-Gouvry-commune vers 1926. Elle ne couvre en superficie que 358 hectares 30 ares 29 centiares.

Au nord, l'Oust la sépare de Saint-Maudan, des Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor) et de Saint-Samson.

La petite commune de Saint-Gouvry est bien percée de routes. Elles vont à Rohan, à Crédin, à Clebzur et à Kervert (hameaux), à Gueltas et à Saint-Samson. Autour du bourg les villages forment une ceinture presque continue.

Au nord à un kilomètre du bourg, l'écluse du Roc-Huant, et l'île voisine charmante, entourée d'un côté par la vieille rivière, de l'autre par le canal, appartiennent à Saint-Gouvry. De même l'écluse du Guer, également au nord. Elle n'est séparée des Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor) que par le canal et l'Oust qui s'y rejoignent.

A 200 mètres au nord-ouest, le village du Guer partagé entre Gueltas et Saint-Gouvry. Dans la même direction la ferme du Bot. Elle surplombe le joli ruisseau de Kervert.

A l'ouest, « la Grenouillère » séjour de mares perpétuelles. Non loin de là, le village de Kervret est une enclave qui s'insinue dans le territoire de Gueltas (communication de M. l'abbé J. Thomas).

Au sud la couronne de villages qu'auréole le bourg de Saint-Gouvry, se continue par le village de Kervégan. Ainsi que le Guer, il est divisé entre deux communes. Mais dans ce hameau comme en beaucoup de communes, la délimitation est ridicule. En effet, la ferme la plus proche de Saint-Gouvry est de Crédin, tandis que la ferme la plus rapprochée de Crédin est de Saint-Gouvry.

Au sud-est, les villages de la Croix-Jégou et de Cathélo ouvrent sur les vallées de l'Oust et de Georget, sur les Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor). De là on aperçoit Loudéac, Mûr et la chapelle de Lorette : panorama splendide et grandiose, que nous sommes allés plus d'une fois contempler dans le ravissement d'une sorte d'extase esthétique.

A l'est la métairie de Talhoët qui a remplacé l'ancienne gentilhommière de ce nom, ferme la couronne, en déployant la richesse de ses domaines jusqu'aux rives du canal.

Notons au passage les nombreux préfixes bretons des hameaux qui entourent Saint-Gouvry. D'ailleurs, autour de cette commune, les noms bretons de villages abondent : Brangolo, Coëtquelan, Quengo, Coëtuhan, Coëdic, Coëtmoru, Coëtprat, le Breil, le Ménésy, une multitude de fermes et de villages, principalement sur la rive droite de l'Oust, commençant par Ker. Sans nul doute la langue bretonne était parlée autrefois à Saint-Gouvry, à Rohan et aux alentours.

A l'encontre de Rohan qui ne renferme pas de laboureurs, faute de terres suffisantes, la population de Saint-Gouvry est à peu près exclusivement agricole. Comme dans le reste du canton, la culture y a fait de très grands progrès, ainsi que l'élevage.

Si leurs voisins de Saint-Samson prétendent avec une légitime fierté, que leur cidre de cazot jaune vieux de deux ans, doit prendre place parmi les crûs les plus réputés de Bretagne et de Normandie, les Goveriens à leur tour, ont bien le droit de vanter le jus de leurs pommes à la couleur d'or, pétillant et savoureux.

Il fait chanter le jour, il fait chanter la nuit,
Mais donne la migraine à qui trop boire nuit.

Sur les territoires de Rohan et de Saint-Gouvry aucun mégalithe ; au village de Castello (le nom l'indique) en Saint-Gouvry ancien camp romain [Note : Des retranchements qui semblent remonter à la période romaine existent encore aux villages de Kerhuel et aux abords des villages de Kerflly, Kerandran, le Gras et Kergoët en Crédin (Cayot-Delandre, p. 351].

Les Rohannais, surtout les commerçants, regrettent vivement vers 1926 l'absence d'un chemin de fer à voie normale, reliant Pontivy à Ploërmel par Noyal-Pontivy, Rohan, Bréhan-Loudéac, les Forges de Lanouée et Josselin [Note : Le Conseil municipal de Rohan dans la réunion du 13 novembre 1898, avait renouvelé le vœu que la ligne votée par le Conseil général du Morbihan dons sa séance du 24 août 1882, passe de Ploërmel, par Josselin, Rohan, Pontivy, Carhaix]. A défaut de cette voie ferrée, un petit chemin de fer d'intérêt local, de Moulin-Gilet par Rohan à Loudéac, serait d'une grande utilité au pays.

De temps à autre, les candidats aux élections du Conseil Général ou de la députation, pour mendier les suffrages, font entendre le bruit d'une locomotive qui s'approche, ou plantent quelques jalons indicateurs d'une voie ferrée, déjà décidée en promesse dans les hautes sphères administratives en faveur du candidat officiel. Hélas ! les ruines de la guerre mondiale, le gaspillage de nos finances par la bande du Cartel, éloigneront pour longtemps encore la réalisation d'un tel projet.

Un service d'autobus met en communication Rohan avec Pontivy et Josselin. C'est un avantage fort appréciable pour les voyageurs et l'envoi des petits colis. Les camions automobiles suppléent pour les gros chargements, mais ce moyen de transport est dispendieux.

Jadis avant la construction des chemins de fer de Loudéac et de Ploërmel à Plouay, Rohan était un centre qui drainait le commerce pour les bois, les engrais, les grains, les charbons. Le canal de Nantes à Brest continue à rendre d'immenses services, surtout à ses riverains dépourvus de chemin de fer, pour l'expédition des marchandises non périssables. Les frais en sont moins élevés d'ailleurs que par wagon. Seulement la lenteur de la batellerie ne permet pas l'exportation des denrées avariables, sans compter que la navigation sur le canal chôme plus d'un mois à l'été, et que parfois les grandes eaux, la neige la rendent impossible. Au surplus, expéditeurs et destinataires sont tributaires d'une ville ou d'une région avoisinant le canal.

Comme beaucoup de nos lecteurs ignorent l'histoire de la canalisation de l'Oust, nous allons en dire un mot.

Au XVIIème siècle, peut-être bien avant, on transportait par bateaux sur l'Oust jusqu'à Saint-Servan, et même probablement jusqu'à Josselin, des vins et des matériaux de construction : plâtres, chaux, briques, marbres.

Dans les derniers Etats de Bretagne la canalisation de l'Oust fut décidée.

La Révolution reprit ce projet. Il fut conçu en nivôse an IX, par P. J. B. Pichot, ingénieur en chef des ponts et chaussées du Morbihan. Le 28 germinal de la même année, il adresse au préfet du département susdit, une lettre dans laquelle il lui signale une pétition du maire de Malestroit et de ses adjoints, relative à l'interception de la navigation sur la rivière d'Oust, par la ruine des écluses de Rieux et de Beaumont. « La navigation sur cette rivière, dit-il, de Redon à Malestroit serait fort intéressante. Elle a existé autrefois. Tous les ans j'ai fait mention de cet objet, dans mes rapports au ministre ou au Conseiller d'Etat chargé spécialement des ponts et chaussées, canaux, taxe d'entretien et cadastre. Il y a même dans vos bureaux plusieurs rapports de moi à ce sujet ; la pénurie des fonds est la seule cause du non rétablissement jusqu'à ce jour, de cette navigation » (Archives du Morbihan : liasse relative à la canalisation de l'Oust).

An dire du sous-préfet de Ploërmel (M. Gaillard), ajoutait M. Pichot, des particuliers se proposeraient de former une compagnie pour payer la canalisation.

L'Ingénieur en chef des ponts et chaussées pour la navigation intérieure de la Bretagne, écrivait de son côté, au général Julien, préfet du Morbihan, le 17 prairial an XII : « La rivière d'Oust était navigable autrefois [Note : On embarquait encore des grains à Malestroit en 1789 La navigation ne cessa que quelques années avant la Révolution (voir lettre du sous-préfet de Ploëmel Gaillard au préfet du Morbihan, 29 prairial an IX) loc. cit.] de Redon à Malestroit, au moyen des écluses de Rieux et de Beaumont actuellement détruites. Il fut payé en 1788, une adjudication pour les reconstruire. Les Etats accordèrent un secours à la communauté de Malestroit, anciennement propriétaire de cette navigation. J'ai fait l'inventaire des matériaux approvisionnés, et j'en rendrai compte. Mais je n'ai trouvé à la mairie de Malestroit aucune pièce relative à cette navigation. L'on me dit qu'un ingénieur de votre département alla en vertu d'ordre, enlever pour vos bureaux tous les plans et mémoires y relatifs. Je vous prie d'avoir la bonté d'ordonner la recherche de ces pièces, et de me les communiquer, d'après un inventaire au pied duquel j'en accuserai réception. Salut et profond respect. BOUEXEL. ».

Le 8 messidor an XII, le Conseiller d'Etat Crétet écrit au préfet du Morbihan que le général Humbert, au nom d'une Compagnie, demande de rendre la rivière d'Oust navigable depuis Redon jusqu'à Josselin.

Les projets et les plans, comme il arrive d'ordinaire, de nombreuses années dormirent dans la poussière des cartons administratifs.

Enfin ces projets allaient être mis à exécution. La canalisation de l'Oust, le creusement de la Rigole qui amène régulièrement au canal les eaux des étangs de Beaulieu nécessaires à la navigation, à cause de l'insuffisance de la rivière en été, bref le creusement du canal de Nantes à Brest, forme un des plus beaux travaux du règne de Louis-Philippe.

Dans la partie qui borde Rohan entre les deux ponts, le canal fut creusé en 1831, par des forçats. Ils minèrent le rocher Notre-Dame, et élevèrent la digue qui protège les terrains adjacents sur la rive droite : jardins et prairies de MM. Arthur Jouannic, docteur Paul Daubert et François Jan. Tous ces terrains n'étaient alors que marécage. Couverts d'eau la plus grande partie de l'année dans les siècles passés, ils formaient un vaste étang protecteur, en cas d'attaque du château féodal et de la cité [Note : Renseignement fourni par M. Arth. Jouannic qui le tient de son grand-père, né en 1810].

(P. Martin).

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