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Evolution de la paroisse de Rohan.

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Evolution de la paroisse de Rohan
(Archives municipales ; Registre des délibérations 1790-1796 et plus tard).

La lutte entre Goveriens et Rohannais semblait apaisée complètement, quand éclata la Révolution. D'après la nouvelle organisation administrative, Rohan faisait partie du district de Josselin.

Au religieux notre ville formait une trop petite paroisse pour qu'elle n'eût pas, à l'instar de toute société, le désir bien naturel de s'agrandir. Son vicaire, M. Perrotin, poussait les esprits dans cette voie. Son ambition l'avait fait nommer procureur de la commune en 1790. De ce chef il remplissait à peu près les fonctions d'un procureur fiscal sous l'ancien régime. Flatté d'exercer le ministère sur un champ plus vaste, il fut heureux de donner satisfaction à son amour-propre, et en même temps d'interpréter les sentiments de toute la population, dans la séance du conseil municipal le 11 mai 1791. Le procureur déclare persister dans sa requête présentée le 12 février précédent, à Messieurs du district de Josselin, pour la formation de la paroisse constitutionnelle, exprime le vœu « qu'en conformité du décret de l'Assemblée nationale de juin 1790, la paroisse de Saint-Samson en entier soit jointe à celle de Rohan et à celle de Saint-Gouvry son annexe, pour n'en faire qu'une qui portera le nom de Saint-Gobrien de Rohan ». La municipalité l'approuve : le maire, Nicolas-Etienne Lorand, les officiers municipaux, Mathurin Feuméliaud et Julien-Marie Gambert ; le conseil général de la commune autrement dit les notables Joseph le Malliaud. Pierre le Texier, Jean le Pioufle, Pierre Rolland Desaunays, Yves Rolland, François Raguédas, tous se rangent à l'avis de M. Perrotin. Les notables demandent en outre l'annexion à Rohan :

1° de Beauval, Pécane, Quengobrien, la Ville Rouaut et les Collins, tous villages dépendants de Bréhan-Loudéac.

2° de Kergourio, la Noë Blanche, Bourc-ès-Moines, Kerdo, Kerhué, Podinan, le Salut, la Haie, le Pré au Feuvre, Gaud, Kergan, Bouteville, le Ménezy, Kerhoin, villages de Crédin.

3° Au midi de Rohan : Clebzure, Kerhoin-Hubert, Kerhué, Lebrugay, Kerbourhys, Coesprat, Kerlouet, Kerloay, Kermaprézo et le Guer, villages de la trêve de Gueltas, district de Pontivy.

La nouvelle agglomération serait placée sous la même administration spirituelle et temporelle. On chanterait les offices dans l'église de Saint-Gobrien de Rohan, « attendu que celle de Notre-Dame de Bonne Encontre dépendante de la ville de Rohan, quoique située en la paroisse de Saint-Samson, n'est pas commode, ni susceptible d'aucune augmentation, à l'avenir, ce qui pourra faire une paroisse constitutionnelle d'environ 2.600 individus ». « Individus ! ». Le vicaire procureur eut mieux dit : « 2.600 âmes ».

Quoi qu'il en soit, le Conseil Général de la commune charge Lorant, Gambert, Feuméliau et Herpe de porter le lendemain, au Directoire de Josselin, leur pétition. Ils prieront les membres du District, de nommer au plus tôt des commissaires. Ceux-ci viendront sur les lieux faire une enquête. Ils transmettront ensuite à Messieurs du Département, en les priant d'y faire droit, la juste demande des Rohannais.

C'était trop de gourmandise. Pour le chiffre de population envisagé, l'église de Rohan se trouvait bien insuffisante. Et puis, le seul projet de formation d'une paroisse constitutionnelle, était manifestement schismatique. Il appartient, en effet, à l'autorité religieuse seule en dehors du Concordat, d'accord avec l'Etat sous le Concordat, de créer ou de modifier une paroisse. Aussi le projet échoua-t-il lamentablement.

De nouvelles difficultés éclatèrent après la Révolution, entre Rohan et Saint-Gouvry. Un curé seul en résidence à Rohan, exerçait le ministère pour les deux communes. D'où une seule messe et grave inconvénient, surtout le dimanche, pour les deux localités.

Le conseil municipal de Rohan dans sa séance du 5 août 1816, autorise le curé de la paroisse, M. Breton, à demander à l'évêque de Vannes, un vicaire aux conditions suivantes : il aura sa résidence à Rohan, dira la messe tous les dimanches et fêtes, sera chargé de la direction de l'école primaire qui doit être établie en cette ville, sans qu'il puisse exiger, à cet égard, un excédent de traitement. Ses appointements sont, fixés à 300 livres tournois, outre les 200 accordées par le gouvernement (Ordonnance du 5 juin 1816). La somme de 300 livres sera payée par les habitants, et déposée dans le mois qui suivra l'arrivée du vicaire, ensuite chaque année, à pareille époque, chez M. le Curé. Les maires, adjoints et conseillers municipaux restent personnellement responsables du traitement.

Or en 1823, la commune de Saint-Gouvry refusa sa quote-part 150 francs pour l'allocation du vicaire. Plaintes de la municipalité de Rohan : elle est seule depuis le Concordat, à payer le loyer du presbytère [Note : La fabrique louait alors pour presbytère la maison de M. Pégorier (ancienne boucherie Yves Jégou)], 250 francs. Comme Saint-Gouvry aussi bien que Rohan profite de la religion et des offices, les Goveriens sont tenus à fournir une part dans ce loyer, et l'entretien du vicaire. La loi du 14 février 1810, leur en fait une obligation : « Si une paroisse est composée de plusieurs communes, chacune d'elles participe, pour sa part, en proportion de ses contributions, aux charges du culte... ». En conséquence, Rohan réclame le presbytère de Saint-Gouvry, en invoquant les décrets des 30 mai et 30 juillet 1806. Ils portent que les églises et presbytères supprimés, par suite de l'organisation ecclésiastique, font partie des biens restitués aux fabriques, et sont réunis à celles des cures et succursales, dans l'arrondissement desquelles ils seront situés, quand même ces biens seraient dans des communes étrangères. Le conseil municipal déclare que la commune de Saint-Gouvry a été par l'organisation ecclésiastique des paroisses, réunie à celle de Rohan pour n'en former qu'une dont le chef-lieu est à Rohan.

Pourquoi ce refus des Goveriens ? Leur mécontentement d'être réunis à Rohan pour le spirituel en est la cause. Par mesure de répression les représentants des Rohannais émettent le voeu, que les réfractaires leur soient annexés même au civil (Séance du 10 mai 1823).

Cette demande ils la renouvellent dans leur séance du 24 décembre 1824. A cette occasion, le maire de Rohan, M. Gobrien-Jean-Louis le Beau, prononça un discours de circonstance. Il rappelle que Saint-Gouvry devait donner 150 francs par an, pour le traitement du vicaire. Moyennant cette somme, il dirait alternativement la messe à Saint-Gouvry et à Rohan. Cette convention a été scrupuleusement suivie pendant deux années. Le but que nous nous étions proposés, dit-il en substance, était de resserrer les liens de l'amitié entre les deux communes. Nos bonnes intentions n'ont amené que de la jalousie chez les habitants de Saint-Gouvry. Ils ont osé élever leurs prétentions, jusqu'à vouloir la moitié des grand'messes, dimanches et fêtes. Dans l'impuissance d'obtenir cette nouvelle concession, mus par un esprit séparatiste au spirituel, ils refusèrent de contribuer aux frais du culte de la paroisse de Rohan, dans laquelle ils étaient entrés. Ainsi leur résistance allait « au détriment de notre petite commune où les trois quarts des habitants, ne subsistent que du fruit de leur industrie... Garder plus longtemps le silence sur un pareil abus, ce serait fouler aux pieds les intérêts de nos concitoyens et protéger l'injustice. Pour forcer la commune de Saint-Gouvry, ajoutait M. le Beau en forme de conclusion, à contribuer à toutes les charges du culte, faire disparaître tout prétexte de dissension, rétablir la concorde, le moyen le plus sûr c'est de réunir Saint-Gouvry à Rohan au temporel comme elle l'est au spirituel ».

Cependant l'Administration laissait dormir l'affaire dans ses bureaux. Ce que voyant la municipalité rohannaise se réunit en séance extraordinaire, le premier décembre 1828, et demande les biens de fabrique de Saint-Gouvry, dans la délibération suivante :

« Vu la délibération du conseil de fabrique de la paroisse de Rohan, en date du 23 novembre 1828, tendant à ce que la fabrique soit mise en possession de biens dépendants de l'église et du presbytère de la commune de Saint-Gouvry, réunis pour le spirituel à la commune de Rohan ;

Vu les lois des 30 mai et 31 juillet 1810, qui accordent les biens des fabriques supprimées à celles conservées, et auxquelles elles sont attachées ;

Considérant que les biens de l'église et de l'ancien presbytère de Saint-Gouvry sont régis illégalement, puisqu'ils appartiennent, d'après les lois, à la fabrique de Rohan, attendu que la commune de Saint-Gouvry est réunie à celle de Rohan pour le spirituel, et qu'il n'y a qu'une fabrique pour les deux communes ;

Considérant que la commune de Rohan supporte seule le traitement annuel de M. le Vicaire, qui « est de 400 francs, le loyer de la maison presbytérale : 250 francs, les réparations et entretiens de l'église paroissiale qui s'élèvent annuellement à 4 et 500 francs ;

Attendu que la fabrique est dans l'impossibilité de faire face à toutes ces dépenses ;

Considérant que la commune de Saint-Gouvry comme celle de Rohan, bénéficie des prêtres et de leur ministère, des édifices du culte, que la première s'est toujours refusée, deux ans exceptés, à concourir aux frais du culte dans la paroisse, bien qu'elle y soit tenue par la loi, est d'avis que la délibération du 27 novembre soit approuvée, et que la fabrique de Rohan jouisse à l'avenir, de tous les biens qui appartenaient à l'ancienne fabrique de Saint-Gouvry, après autorisation de M. le Préfet ».

Un arrêté du ministre des Finances en date du 20 juin 1832, autorise la fabrique de Rohan à administrer comme il lui semblerait bon, l'ancien presbytère de Saint-Gouvry et ses dépendances et à en jouir sauf la possession.

En réalité la fabrique désirait vendre la maison curiale et le pourpris de Saint-Gouvry, pour acheter un presbytère à Rohan.

Dans le mois de février 1833, les fabriciens de Rohan firent l'acquisition d'un presbytère — maison à la veuve Desbois — rue Saint-Gobrien. L'immeuble coûtait 5.000 francs, prix d'achat, avec les réparations 8.000 francs. Grosse dépense pour les modiques ressources des habitants, mais sage économie au fond, qui les dispensait d'une location onéreuse. Au reste, l'Etat, la générosité des paroissiens surtout celle de M. Minier, curé, permirent d'acquitter rapidement la dette. En sollicitant un secours du gouvernement, le conseil municipal donnait comme raison à l'appui de sa demande, « que la commune de Rohan, chef-lieu de canton, du nombre des 37 qui composent le Morbihan, est la plus pauvre, et que le plus fort doit aider au faible »(Séance du Conseil municipal, 17 février 1833).

Quand aux Goveriens, ils gardèrent définitivement leur presbytère et pourpris. La lutte entre les Rohannais et eux, prit fin le 30 août 1843. Quelle ne fut pas leur joie en ce jour, de recevoir à Saint-Gouvry un recteur, M. Lagueux : Dans la paroisse ressuscitée il rétablit le culte. Depuis lors contents et fiers d'avoir un prêtre, les habitants de Saint-Gouvry vivent avec ceux de Rohan dans le meilleur voisinage. Les laboureurs portent au commerce et aux artisans de la petite cité leurs grains, fruits, bétail et denrées alimentaires. En retour ils achètent ce dont ils ont besoin pour les vêtements, le ménage et la ferme. Et cet échange de produits est toujours accompagné d'une confiance réciproque, de relations sympathiques et de l'accueil le plus cordial. Cette bonne entente devait toutefois subir une crise à une date ultérieure : nous le verrons tout à l'heure.

La petite ville de Rohan étouffait dans ses murs. Eprise d'un besoin inné d'expansion, elle forme, le 7 février 1847, par la voie de son Conseil municipal, un projet d'annexion. M. le Maire expose dans la séance de ce jour, « que la commune de Rohan qui se compose uniquement de la ville de ce nom, sans comprendre même les maisons situées sur la rive gauche du canal de Nantes à Brest, est d'une population trop minime (536 habitants), et présente trop peu d'importance pour un chef-lieu de canton, qu'il serait facile sans nuire d'une manière notable aux communes voisines, appartenant au même canton, de faire une commune de mille habitants, en réunissant à Rohan un certain nombre de villages qui dépendent actuellement les uns de Saint-Samson, d'autres de Grédin et un ou deux seulement de Saint-Gouvry, que cette réunion ne peut être qu'avantageuse pour tous ces villages, qui par leur situation appartiennent à la commune de Rohan où continuellement les habitants viennent, les dimanches et fêtes, assister aux offices, au lieu d'aller à leurs communes respectives dont ils sont tous éloignés, que d'ailleurs plusieurs d'entre eux ne peuvent se rendre au chef-lieu de leur commune, sans passer par Rohan même. M. le Maire a, en conséquence, invité le conseil à délibérer à ce sujet ».

Après délibération les représentants de Rohan à l'unanimité, demandent la réunion à leur commune des villages suivants, situés pour la plupart aux portes de la ville :

1° En Saint-Samson : la Hauteville, Kério, Coesqueland, la Guého, le Quengo, la Villemoysan, la Belle Etoile, le Point du jour, la Priouté et plusieurs autres maisons séparées de Rohan seulement par le canal.

2° Kergourio, Bourc-ès-moines, Kerdo, la Noë des Blancs, Kerué, Pordinan, Clergan, Clervégan, la Haie, les métairies de Kerhouin, du Menezy et du Pré au Feuvre en Crédin.

3° Les fermes du Prady et de Catelot en Saint-Gouvry.

Les municipaux prient le Conseiller d'Etat Préfet du Morbihan, de vouloir bien appuyer leur demande, pour la faire agréer par le Gouvernement. Ont signé :
Faucheux, Jouannic, Lorand, J. Nogues, Cordier, Laboux, Renault, Daubert.

Bref en cette pétition comme en tous les vœux formulés dans la suite, pour l'agrandissement de leur commune, les 19 mai 1852, 5 mai et 30 décembre 1853, les conseillers municipaux de Rohan invoquent les mêmes raisons : la trop minime population de la cité pour un chef-lieu de canton, le faible dommage apporté aux communes voisines par l'annexion, les avantages qu'elle procurerait aux riverains qui de fait, sont constamment à Rohan et en dépendent au spirituel.

Le 30 mai 1861, les représentants de Rohan sollicitent des pouvoirs publics, l'emprise de toute la commune de Saint-Gouvry, des villages limitrophes de Saint-Samson et de Crédin. Et comme le vieux sanctuaire de Saint-Gobrien menaçait ruine, les édiles de Rohan expriment le désir de voir leur commune entrer en possession de la chapelle de Notre-Dame de Bonne Encontre : avec quelques modifications à l'intérieur, elle pourrait servir d'église paroissiale.

Nouvelle demande d'annexion, 31 juillet 1862. Rohan comptait alors 567 habitants. Son conseil municipal invoque un nouveau motif pour l'union à la cité, des villages limitrophes de Crédin. « Sans doute, dit-il, ils ont autrefois fait partie de cette commune (Rohan), car aujourd'hui encore les habitants de ces villages conservent, du moins pour la plupart, la dénomination de bourgeoisie de Rohan, où ils sont d'ailleurs journellement ».

La vérité c'est que les villages en question, sans être de leur paroisse, partagèrent avec les Rohannais leur titre de bourgeois, et participèrent à leurs privilèges jusqu'à là Révolution. On comprend que dès lors, par une raison de commodité au temporel et au religieux, ils aient cherché à se fondre dans la commune et paroisse de Rohan qui, avec tous ses nouveaux membres, aurait atteint le chiffre de 1.500 âmes.

En faveur de l'annexion de Saint-Gouvry, les municipaux de Rohan déclarent que Saint-Gouvry n'a qu'une population de 210 habitants, partant dépourvue de ressources. Elle aura beau cette commune se bercer d'illusions, s'agiter, toujours impuissante elle ne réussira malgré la bonne volonté de ses habitants, qu'à retarder les travaux des communes voisines. Cette fois l'administration préfectorale donna suite à la demande des Rohannais. Elle ordonne une enquête dans les sections à distraire ; leurs conseillers municipaux se réunissent à ce sujet. Mais une forte pression et des influences amenèrent des gens qui avaient sollicité l'annexion, à faire ensuite une déposition contraire. D'où l'échec au projet.

La municipalité Rohannaise va le reprendre avec plus d'acharnement que jamais. Le Maire, M. Olivo, annonce à ses collègues réunis en séance, le 15 février 1888, qu'il a reçu de nombreuses pétitions des villages voisins demandant leur annexion à Rohan : la Belle Etoile, le Tournepas, la Villemoysan, la Guiterne, la Hauteville, Kério, Coesqueland, le Tournenoué, la Guého, le Quengo, la butte de Quingo, le Point du jour en Saint-Samson ; Kergourio, la Villeglais, la Noë des Blancs, les Cinq Chemins, Kerhué, Pordinand, Kerdo, le Bourc-ès-Moines, le Salut, Clergan, Kerhouin, Clervégan, le Menezy, la Mare, la Haie, le Boutdeville, la Maronière, le Pré aux Feuvres en la commune de Crédin.

Le conseil, à l'unanimité, demande que toutes les localités ci-dessus soient rattachées à Rohan.

Cependant l'affaire traîne en longueur ; les représentants des Rohannais tiennent bon. Le 8 décembre 1889, ils revendiquent la propriété de la chapelle Notre-Dame de Bonne Encontre. Ils appuient leurs prétentions sur le titre de prieur de Rohan, donné avant la Révolution aux recteurs de Saint-Samson. Titre sans valeur dans la question, avouons-le, car il venait du prieuré de Rohan bénéfice desservi dans la dite chapelle.

Au secours des municipaux Rohannais vient le conseil de fabrique. Il n'ose réclamer comme un droit la chapelle en litige. Mais du moins regrette-t-il (délibération du 12 janvier 1890) qu'un édifice religieux touchant la ville, construit pour la population, ne lui appartienne pas. Les fabriciens souhaitent qu'une nouvelle délimitation remette tout en place. Eux ne peuvent prendre à leur charge, les revendications de la commune. Si, en effet, elle venait à posséder, un jour, légalement la chapelle, le clergé de Rohan n'aurait point de juridiction, sur un sanctuaire érigé dans la paroisse de Saint-Samson. Que la commune de Rohan presse de tout son pouvoir, l'affaire de son extension territoriale actuellement pendante au Conseil d'Etat. La fabrique de Rohan attend sa décision, qui lui permette d'entrer régulièrement en possession de la chapelle de Notre-Dame de Bonne Encontre. Elle s'unit au conseil municipal pour prier l'Administration, de ne point attribuer définitivement cet édifice religieux, avant que soit tranchée la question de l'annexion.

Les esprits s'échauffent. Partisans et adversaires de l'annexion se lancent quolibets, invectives, menaces. Quand les pétitionnaires se rendirent à leurs mairies respectives de Crédin et Saint-Samson, pour faire consigner par écrit leur requête, leurs compatriotes les accueillirent çà et là dans les bourgs par une chanson satyrique, des horions, des triques même. Une fois encore le projet d'annexion échoua. M. de la Horie du Quengo qui s'en était montré l'ardent défenseur, dut se démettre de sa fonction de conseiller général du canton de Rohan.

Enfin les aspirations des Rohannais allaient partiellement se réaliser. Le Concordat en un sens était un obstacle à l'annexion, car elle ne pouvait se faire sans le consentement des deux autorités. En 1913 l'Eglise et l'Etat vivaient en France séparés. A la faveur de cet état de choses, des notables de Crédin et de Saint-Samson sollicitent de Sa Grandeur Monseigneur Gouraud, d'être rattachés eux et leurs villages à la paroisse de Rohan. L'autorité religieuse demande une requête. M. le chanoine Jean-Marie Dubot, vicaire général, vient à Rohan, se livrer à une enquête : elle est suivie d'une contre-enquête menée par les deux recteurs de Crédin et de Saint-Samson, MM. J. Royer et P. Cozic, intéressés et naturellement opposés au démembrement de leurs paroisses. Finalement la demande des Saint-Samsonnais est rejetée, celle des habitants de Crédin acceptée. En conséquence l'évêque de Vannes lance le mandement suivant :

« Nous, Alcime Gouraud, par la miséricorde divine et la grâce du Saint-Siège Apostolique, évêque de Vannes ;

Vu la nécessité de faciliter le service religieux aux nombreux habitants de Crédin trop éloignés de l'église paroissiale, et conformément au désir souvent exprimé par eux d'être rattachés à Rohan ;

Vu le consentement du chapitre de notre église cathédrale, et après avoir entendu M. le Recteur de Crédin,

Après enquête canonique faite le 18 juin 1913,

En vertu de notre pouvoir ordinaire et d'un indult du Saint-Siège, avons ordonné et ordonnons ce qui suit :

ARTICLE I. — Au nord de la route de Pontivy à Rohan, la limite entre les paroisses de Crédin et de Rohan sera le chemin de Saint-Gouvry, qui vient rejoindre cette route de Pontivy à Rohan. Par suite tous les villages, fermes et maisons situées à l'est de ce chemin, sont annexés à Rohan (la Haie, le Pré au Feuvre, deux maisons de la Maronnière. Il en est de même de la ferme de Clervégan, quoique située à l'ouest de ce chemin).

ARTICLE II. — Au sud de la route de Pontivy à Rohan, la limite entre les deux paroisses sera le chemin qui va de Rohan à la Noë aux Blancs, et à partir de là, le ruisseau qui va se jeter dans le canal de Nantes à Brest. Par suite sont également annexés à Rohan les villages de Bourc-aux-Moines et de Kergourio, une maison de la Ville Glais et deux maisons situées sur le bord du canal.

ARTICLE III. — Un plan des précédentes délimitations est joint à la présente ordonnance, et devra être conservé avec elles dans les archives des deux paroisses.

Fait à Vannes, le 4 novembre 1913. + ALCIME, évêque de Vannes. Par mandement de Monseigneur : J. THUBÉ, Secrétaire ».

La paroisse de Rohan voyait sa population augmenter de 250 âmes environ.

Au commencement de 1916, trépassait missire François le Breton, recteur de Saint-Gouvry. A sa mort, la paroisse fut en grande partie rattachée à Rohan, qui compte aujourd'hui (vers 1926) — comme paroisse — approximativement 900 habitants.

(P. Martin).

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