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Rohan autrefois et au début du XXème siècle.

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Rohan autrefois et au début du XXème siècle.
(Voir pour ce chapitre : plan cadastral, délibérations du Conseil municipal et registres paroissiaux de l'époque, la ville elle-même).

 

Notre cité prit naissance aux pieds de son fier donjon, et avec le temps s'étagea sur les flancs de la colline dominant la rive droite de l'Oust. Des murailles et des douves la cernaient à l'est.

Comme dans les villes fortes, des rues étroites séparaient ses maisons tassées à l'ombre du château pour leur défense plus facile. La venelle qui borde la mairie, le commencement de la rue des Cuirs Verts, un reste de la rue de Pontivy au coin de l'hôtel de Rohan, voilà autant de vestiges des rues resserrées au temps jadis en la cité.

Pour rendre viable le chemin de la chapelle Saint-Martin, il fallut, au sud du château, creuser dans le roc. De même on fit pour la rue aboutissant de la place de la mairie, à l'ancienne église Saint-Gobrien.

Au nord-est les habitants avaient taillé dans la pierre, deux escaliers pour descendre à la rivière.

A l'instar de leur vicomte, plusieurs Rohannais assirent leur demeure sur le roc aplani.

Les rues de notre ville tirèrent leurs noms de leur nature : la Petite et la Grande rue ; d'un point, d'une localité située sur leur parcours : les rues du Pont d'Oust, de Notre-Dame, du Château, du Pré-aux-poires, de Saint-Gouvry, de Pontivy ; de l'industrie qui s'y pratiquait : la rue des Cuirs Verts ; de leur manque de propreté : la rue Fouérouse ; de leur affectation : places du Grand et du Petit Martrai (marché), la première appelée encore rue des nobles ou Grande rue.

Jadis quelques enseignes sur les façades des maisons, portaient bien le caractère moyennageux : les auberges des trois marchands, du cheval blanc, la boucherie à l'épaule de mouton...

Avant le creusement du canal de Nantes à Brest, commencé en 1831, et achevé au milieu du siècle dernier, les ponts d'Oust et de Notre-Dame laissaient beaucoup à désirer sous le rapport de la disposition, de la largeur... Il est probable que le pont d'Oust n'avait, au XVIIIème siècle, d'autre parapet qu'une traverse ou un muret trop bas. Le fait qui suit en semble une preuve. Le 7 février 1770, Joseph Cherouvrier quittait Rohan pour regagner sa demeure en la ville de la Chèze. Comme il passait sur le pont d'Oust, un coup de vent souffla si violent que notre voyageur fut précipité dans la rivière, en présence de plusieurs personnes impuissantes à lui porter secours.

Le corps du malheureux entraîné par les eaux, fut retrouvé un grand mois après, le 9 mars, sur la chaussée des moulins de Rohan, et inhumé le jour même, après l'autorisation délivrée par le procureur fiscal Nicolas-Etienne Lorant. Le certificat attestait que le noyé avait toujours fait profession de la religion catholique et romaine.

Dans les murs de la cité se tenaient chaque année, cinq foires : le mercredi de la Sexagésime (foire Grasse), la Saint-Macé le 21 septembre, la Saint-Jean le 25 juin, la Saint-Martin le 11 novembre, la Saint-Samson le 28 juillet. A cette dernière foire, le prieur de Saint-Samson percevait les coutumes, en vertu d'une donation des seigneurs de Rohan [Note : Vers 1926 deux foires par mois ont lieu à Rohan : le 2ème et le 4ème mercredis].

En souvenir de saint Martin titulaire de la chapelle prieurale de Rohan, un seigneur de ce nom dut établir la foire de la Saint-Martin. Elle fut toujours la plus considérable de l'année.

La foire de Saint-Jean amène à Rohan une jeunesse nombreuse : garçons et filles principalement des domestiques. C'est pour eux un jour de repos, d'amusement ; ils l'exigent des patrons. Cette jeunesse campagnarde exubérante, plus riche en mine qu'en écus, il faut la voir contempler, naïve, la bouche ouverte, les jeux divers, les expositions de bimbeloterie clinquante à l'étalage, écouter la réclame des marchands et des saltimbanques, enfourcher cochons et chevaux de bois, dans un carrousel tournant au son d'un orgue usé de barbarie. Voici une jeune fille qui monte en cachette dans une baraque, pour faire dire sa bonne aventure. A sa sortie du véhicule, elle achète un petit papier soigneusement plié et sur lequel notre fille simple et crédule, avec une joie mêlée de crainte, lit imprimée sa destinée ou plutôt toujours son bonheur futur !

Le soir venu, dans les auberges, après avoir bu plus que de raison, quelques jeunes gens et jeunes filles se livrent au plaisir de la danse.

Et à une heure déjà avancée de la nuit, plus d'un gars s'en retourne au village. Il lance, aux échos lointains, les accents d'une voix avinée à laquelle fait parfois chorus, une jeune fille qu'il tient par le bras, non la plus vertueuse de la paroisse.

Mais le spectacle le plus curieux que présente cette foire Saint-Jean, consiste dans la vue d'un certain nombre d'hommes et femmes ordinairement jeunes rangés sur la place publique, une baguette blanche à la main. Qu'attendent-ils ? Ils s'offrent comme domestiques à qui veut les gager. Pour cette raison la foire de Saint-Jean s'appelle « la foire aux gages ».

On dirait une exposition d'esclaves antiques.

Aussi cet usage barbare, après les remontrances du clergé, est-il à peu près disparu.

Jusqu'à ces dernières années 1900, Rohan possédait deux halles :

I. La halle aux étoffes ainsi dénommée parce qu'on y mettait en vente principalement des étoffes. Sur des étaux fixés au mur et des tréteaux, étaient disposées en ordre les marchandises. Là aussi le vendredi on vendait le poisson.

Au haut de la halle aux étoffes, accolé à ce bâtiment se trouvait le palais de justice ou l'auditoire. Orienté nord-sud, sa façade était tournée vers midi. Il s'étendait en longueur dans le sens de la halle, celle-ci plus large que l'auditoire, qu'elle débordait d'environ 2 mètres de chaque côté.

L'auditoire avait deux pignons : est et ouest ; au pignon sud-ouest le puits public actuel. Dominant l'édifice un beffroi dont la cloche sert aujourd'hui pour le petit beffroi de la mairie.

Le palais de justice se composait du rez-de-chaussée et de l'étage supérieur. Au milieu de la façade un escalier extérieur à pans coupés, en pierre de taille. A l'ouest de cet escalier, au rez-de-chaussée la geôle. Elle donnait accès sur la gauche à la prison des hommes, sur la droite à celle des femmes. Une fenêtre grillée en fer défendait à l'extérieur, l'entrée et la sortie de chaque prison.

L'escalier dont nous venons de parler, ouvrait au premier étage sur l'auditoire. Ce dernier appartement fut plus tard lui-même divisé en deux pièces : la mairie (ancien corps de garde) et l'école des garçons. Cette pièce donnant à l'est, il fallait passer par l'école pour entrer dans la mairie située à l'ouest.

II. A quelques cinquante mètres plus bas au sud-est, nous rencontrons la halle aux grains. Son nom vient de ce qu'on y exposait les grains en vente aux jours de marché. Dans les pierres de cette halle on voit un grand nombre de pierres sculptées en granit. Elles proviennent du vieux château de Rohan. La halle aux grains ne sert plus qu'à la remise des charrettes et voitures.

De bonne heure les seigneurs de Rohan abandonnèrent le berceau de leur famille. Ainsi délaissée par ses fondateurs, notre petite cité resta sans éclat et sans avenir, au point de mériter à peine le nom de ville.

A l'époque de la Révolution, certaines rues étaient dans un état lamentable. M. Jean-Marie Perrotin curé (vicaire) de Rohan et procureur de cette commune, requiert de la municipalité en 1790, qu'elle « rende pratiquable la rue qui conduit de chez Messieurs Gambert et Bazin jusqu'à la halle neuve » [Note : Délibération du 12 octobre 1790 (Archiv. municip.)]. A cet effet, on placera dans les cavités du vieux pavé, des menues pierres à la même hauteur et toujours en pente égale.

Dans sa délibération du 15 mai 1811, le Conseil municipal défend de laisser les cochons et les chèvres en liberté dans les rues. Si les habitants veulent, les faire pâturer, ils seront tenus de les conduire par une corde, afin de les empêcher de porter préjudice. 3 francs d'amende aux délinquants. Pareille amende à ceux qui ne mèneront pas dans les rues leurs chevaux par le licol. Le garde-champêtre Pierre Charles, militaire retraité, était chargé de l'exécution de cet arrêté.

En 1850, après l'achat des biens du duc de Rohan, sis en notre ville, la municipalité débarrasse de ses ruines l'esplanade du château, pour en faire le champ de foire aux vaches et aux bœufs. Presque jusqu'à la fin du siècle dernier, Rohan comptait un grand nombre de maisons en chaume ; à leurs portes les habitants laissaient bois, fumiers, toutes sortes de détritus.

En 1816 la municipalité porte défense à la population, de couvrir aucuns édifices en paille ni bruyère, de faire une réparation quelconque aux chaumières, sous peine de les interdire comme demeures. Par mesure de sécurité contre l'incendie des maisons en paille, les édiles rohannais défendent de porter du feu d'une maison dans une autre, sans le moyen d'un sabot ou d'une terrine, de traverser la ville de jour ou de nuit, la pipe allumée, pendant le temps de l'aoust.

Déjà favorisée par le passage le long de ses murs, du canal de Nantes à Brest, Rohan allait entrer dans la voie du progrès. Le 8 février 1849, le conseil municipal vote l'achat de deux pompes à incendie. En 1855 la ville est dotée de six réverbères. Jusque-là, dans ses rues étroites l'obscurité de la nuit n'était dissipée que par la lumière de la lune et des étoiles.

Cependant la commission d'hygiène et de salubrité publique pour le canton de Rohan, fondée en exécution du décret du 18 décembre 1848, se plaignait dans sa séance du 20 janvier 1853, de la trop grande étroitesse de plusieurs rues, de leur malpropreté entretenue par le dépôt du contenu des vases de nuit et de toutes espèces d'ordures. La dite commission se plaignait encore de cours particulières, vrais cloaques toujours couverts d'immondices et de matières en putréfaction...

Elle demande d'urgence, s'il est possible, un plan d'alignement dans le but d'assainir la localité, d'empêcher l'encombrement et de faciliter la circulation.

Les Rohannais et avant tous M. de la Vigne leur maire à cette époque, avaient à cœur l'embellissement de leur cité rustique. Interprètes de leurs désirs, les membres du conseil municipal travaillent à élargir les rues suivant un plan d'alignement. Hélas ! pour la confection de ce plan un géomètre demandait 300 francs. La municipalité trouva la somme trop élevée, eu égard au maigre budget de la commune (1856) [Note : A cette époque Rohan comptait 500 habitants].

Pour la même raison, le vote de la construction d'un hôtel de ville et d'une maison d'école sur l'esplanade du château, échoua lamentablement.

Les différents projets à l'étude comportaient :

1° Un tracé d'élargissement de la route de Pontivy à Josselin dans la traversée de la ville de Rohan. Agréé par l'administration des ponts et chaussées en 1858, il ne put aboutir au moins dans le principe, grâce à l'opposition des propriétaires dont les maisons allaient être frappées d'alignement, et qui n'avaient pas un déport suffisant pour rebâtir.

Afin de parer à cette difficulté, la municipalité résolut de construire un embranchement partant de la fontaine Saint-Gobrien à travers l'esplanade du château, pour rejoindre par dessus l'Oust, la route de Josselin.

A son tour l'administration rejette ce projet comme trop onéreux.

Dans l'attente d'une solution, les édiles rohannais obtenaient l'enlèvement d'un coin du jardin Pégorier (n° 150 du cadastre), qui s'avançait comme un promontoire dangereux, au tournant de la route de Pontivy à Kerentré.

En 1859 élargissement du pont de Notre-Dame, pour y construire une arche marinière.

Une artère de la ville attirait particulièrement la sollicitude de ses représentants : la rue du pont d'Oust à la halle aux grains. Sur une longueur de 30 mètres, sa largeur n'était que de 2 m. 60.

D'autre part la municipalité se proposait de faire élargir la rue du Cuir Vert, faisant suite au chemin d'intérêt commun n° 25. Elle était comme les passages aux angles des deux halles, très étroite, difficile, même dangereuse par suite des embarras de voitures et de charrettes, surtout aux jours de foire.

Le 2 juillet 1869, M. de la Vigne, maire, présente à ses conseillers un plan de la ville dressé par ses soins. Il engage ses concitoyens à vouloir bien indiquer par le calque qu'il fait passer sous leurs yeux, les tracés des rues et la place des établissements publics à élever dans la suite. Les édiles acceptent les projets du maire. On dessine à l'encre rouge, des lignes indicatrices des rues et de leur largeur. A l'avenir ceux qui voudront bâtir, respecteront ces alignements.

Le plan actuel de Rohan est sorti de cette réunion mémorable.

En 1875 la municipalité acquiert la maison Joseph Chantoux, pour la transformer après des améliorations en mairie, justice de paix et école des garçons.

L'année 1879 vit la démolition de l'ancien auditoire. 1887 démolition du mur d'enclos de la halle aux étoffes, 1911, démolition de cette halle dont la disparition a dégagé la belle place de la mairie.

De 1878-1884 on élargit les rues du pont d'Oust, de Notre-Dame, du Cuir Vert, de Saint-Gouvry.

En 1898 la construction de trottoirs et de canaux.

Aux lampes à huile et à pétrole des réverbères, a succédé l'éclairage à l'acétylène (1911), puis l'électricité.

Depuis quelque trente années, s'élevèrent comme par enchantement l'église (1897), de jolies maisons qui servent de décor à Rohan, une école publique de filles avec maison d'habitation et deux classes, une une école chrétienne de filles avec maison d'habitation et deux classes, une école chrétienne de garçons (une classe), ce qui, avec l'école publique de garçons (deux classes), donne pour la petite ville et les environs immédiats, un nombre vraiment superflu de maîtres et de maîtresses, dans un pays où les croyances et les pratiques religieuses sont très en honneur.

Les registres paroissiaux nous signalent (9 février 1700), le mariage de Jean Hervizo avec Marie Jeffrédo. Tous les deux faisaient l'école dans la Grande Rue aux enfants, l'un aux garçons, sa femme aux filles. Plus tard cet instituteur devint notaire. Avant Jean Hervizo il est probable pour ne pas dire certain, que les vicaires successifs de Rohan ou un prêtre désigné à cet emploi, dirigeaient, suivant l'usage de l'époque, l'école primaire. La preuve c'est que dans les registres paroissiaux, à part le cas dont nous venons de parler, il n'est pas question d'instituteurs laïques.

Le conseil municipal dans la séance du 5 août 1816 (Voir Archiv. municip. registres des délibérations), demandait à l'évêché un vicaire qui aurait pour mission de faire la classe aux garçons de Rohan et de Saint-Gouvry. Monseigneur de Vannes accéda au désir des édiles rohannais. Dans la suite se succédèrent des instituteurs laïques chrétiens : MM. Mathurin Marquet, 1839 ; Joseph Lemoine, 1841, des frères de Ploërmel. Un religieux sécularisé de cette congrégation M. Mérien devait ouvrir l'école catholique nouvellement fondée, et que dirige aujourd'hui le vicaire.

Le 31 décembre 1876, la municipalité de Rohan demandait, et était heureuse d'obtenir des religieuses de la Charité de Saint-Louis de Vannes, pour diriger l'école à la place de Mlle Ramel jugée incapable. Depuis cette époque, les dites religieuses par leur piété, leur zèle éclairé ont gagné la confiance des parents catholiques. L'une d'elles sécularisée à la suite de la loi de 1901, Mme Galles, alsacienne d'origine, enseigne depuis plus de 40 années à Rohan, avec une vieillesse toujours verte et un talent qui ne se dément pas.

J'ai conté l'histoire de Rohan. Dieu bénisse notre ville et la rende prospère, fasse régner la concorde parmi ses enfants. Tels sont mes vœux ; les plus dignes de mon ministère et de la grandeur de la cité. Ces vœux je les place sous le patronage de ses saints protecteurs : saint Gobrien, saint Martin, Notre-Dame de Bon-Secours et de Bonne-Encontre.

(P. Martin).

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