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L'OSSUAIRE DE LA ROCHE-MAURICE

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En avant de l'église et au milieu des arbres, se dresse, adossé au mur d'enceinte du cimetière, un magnifique ossuaire du style de la Renaissance.

Calvaire de la Roche-Maurice (Bretagne).

La façade de cet édifice, est parallèle au porche du clocher de l'église. Au-dessus de la porte de cette façade on lit l'inscription suivante :
MEMOR : ESTO : JVDICII MEI : SIC ERIT ET TVVM : MIHI : HODIE : TIBI CRAS : 1639.

L'ossuaire de La Roche-Maurice (Bretagne).

Nous sommes là en présence d'une œuvre franchement originale, d'un art vraiment puissant dont l'austère symbolisme s'associe merveilleusement aux délicatesses de l'architecture de la Renaissance.

C'est un édifice rectangulaire au toit aigu dont les pignons ont des gables ornés de crossettes. Aux quatre angles, il est flanqué obliquement par de superbes contreforts à trois étages. Chacun d'eux se compose d'un dé élevé avec base et corniche moulurées servant de stylobate Au-dessus se dresse un piédestal rectangulaire, aux faces ornées de panneaux et dont la base est dorique, le piédestal se couronne par un riche entablement à corniche saillante. La frise en est décorée par des triglyphes et des consoles sculptées.

Au-dessus s'élève le troisième étage formé d'une niche circulaire dont le plafond sphérique, richement décoré, est soutenu par une clef sculptée. Cette niche est encadrée entre deux pilastres canelés d'ordre dorique, qui supportent un entablement supérieur du même ordre.

Cet ensemble s'amortissait par un élégant campanile à dôme analogue à ceux de Guimiliau et de Saint-Thégonnec. Cette partie de l'édifice a été détruite et il n'en reste plus que des débris.

Le pignon septentrional est éclairé par une grande fenêtre ogivale à meneaux flamboyants, orné de vitraux colorés. Le pignon méridional est percé d'une porte circulaire encadrée de hauts pilastres cannelés, d'ordre dorique, et couronnée par un entablement et un fronton. Sur la frise, ont lit l'inscription suivante : MEMENTO : HOMO : QVIA PVLVIS ES 1640.

Dans le tympan et aux extrémités de la frise sont sculptées des têtes de jeunes chérubins, Le pignon se couronne par un campanile à dôme et gargouilles, surmonté d'une croix de fer.

La façade latérale orientale est d'une richesse et d'une élégance remarquables. Au centre, une belle porte cintrée, à la clef fleuronnée, est surmontée d'un entablement et d'un fronton saillants soutenus par deux colonnes cannelées d'ordre composite, à base attique et montées sur un riche piédestal.

La frise porte l'inscription citée plus haut, encadrée par deux têtes de chérubins aux ailes éployées. Dans le fronton, on voit un écusson martelé supporté par deux palmettes. Au-dessus, un attique aux panneaux rectangulaires surmonte le fronton et le relie à la corniche supérieure.

La porte divise l'édifice en deux parties symétriques à deux étages superposés.

Au rez-de-chaussée, un entre-collement corinthien, aux fines colonnes cannelées d'un galbe gracieux, surmonte un soubassement symbolique, ordre dont la corniche supérieure à ressauts est le prolongement de celle du portail.

Entre les colonnes, sont percées des fenêtres cintrées garnies de vitraux.

Au premier étage règne une suite de pilastres doriques cannelés dont chacun prolonge la colonne corinthienne inférieure. Ils supportent l'entablement du même ordre qui couronne l'édifice, à la frise décorée et ornée de triglyphes, entablement qui n'est que le prolongement de celui des contreforts. Entre les pilastres, sont des niches, à coquilles sphériques et aveugles, destinées sans doute à recevoir autant de statues.

La nef de l'ossuaire n'est donc éclairée que par le bas. Il y a là une intention symbolique facile à saisir quand on y pénètre. Au fond, l'autel se trouve illuminé par la grande verrière. En avant, le sol seul est éclairé, tandis que la voûte supérieure semblé se perdre dans les ténèbres. Il en résulte une impression funèbre que devait accroître encore le spectacle de tous les ossements, autrefois accumulés dans cette crypte. C'est bien là le temple de la Mort, elle y règne sans partage, tout y respire sa puissance et y montre la vanité des choses humaines.

Les inscriptions et les sculptures extérieures confirment ce sentiment. Le petit bénitier de l'angle S.-E. supporte un squelette armé d'un dard et qui dit : JE VOVS TVE TOVS.

Dans le soubassement, formé de panneaux ou de caissons, on a sculpté une série macabre de personnages indiquant les différentes catégories de ceux qui sont voués au trépas.

1° Un laboureur avec une bêche ; 2° Une femme coquette, belle et parée, respirant un bouquet de fleurs ; 3° Un juge ou un avocat ; 4° Un pape, la tiare en tête… ; 5°, 6°, 7° Saint Yves entre le riche et le pauvre. Les autres panneaux sont garnis d'ornements ou d'emblèmes.

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Si vous ne voulez pas quitter La Roche sur une impression trop triste, enfoncez-vous un peu dans la campagne. Le paysage est si frais, la vallée si riante, le vallon est si profond que les idées funèbres disparaîtront vite, Traversez le village, entrez dans les bois, ils brillent par un beau jour d'une mystérieuse splendeur. Les prairies, les haies odorantes, les hautes futaies étincellent ; les branches fouillues des chênes, des châtaigniers et des bouleaux s'entremêlent et s'agitent.

Voici des chemins sombres, frais et mystérieux, des ombrages qui appellent le repos et la rêverie, et qui font surgir tous les souvenirs que leur ont légués l'histoire et l'épopée.

Là, en effet, s'assemblèrent jadis les bruyants guerriers du roi Morvan, là soupirèrent Tristan et Yseult, là s'échappèrent maintes fois du château de Joyeuse Garde les hôtes privilégiés du roi Artur et les chevaliers de la Table Ronde.

Ne croyez-vous pas, quand le vent souffle, entendre au loin les meutes des princes de Rohan qui parcourent ces allées, suivies de joyeuses et brillantes chevauchées ?

Aujourd'hui, la paix et le calme ont remplacé ces tumultueuses et galantes aventures ; mais le souvenir n'en est pas mort. L'église et les ruines du château féodal écroulé restent encore pour en conter les légendes et les faire revivre. Ces antiques pierres résument donc pour nous plusieurs siècles de luttes épiques, de gloire d'art et de poésie.

A. de Lorme (1903).

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