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Saint-Michel-en-Grève avant la Révolution

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L’ancienne province de Bretagne comprend 9 évêchés. Saint-Michel-en-Grève dépend de l’évêché de Tréguier. Le Parlement de Bretagne est à la tête de l’organisation judiciaire. Au-dessous, viennent les justices royales et les justices seigneuriales. Les sièges royaux sont désignés sous le nom de sénéchaussées en Bretagne et relèvent de juridictions présidiales. Le Présidial de Rennes comprend 4 juridictions ou sénéchaussées royales. La sénéchaussée sert aussi de cadre beaucoup plus vaste que le cadre judiciaire. Symbole de l’intrusion royale au sein des campagnes, la réunion des Etats Généraux va lui conférer un caractère nouveau ; c’est en effet au chef-lieu de la sénéchaussée que les députés des paroisses doivent transmettre leurs doléances et leurs vœux politiques, administratifs, économiques et religieux. Les griefs formulés par les paroisses sont repris dans les cahiers généraux de doléances de chaque sénéchaussée.

Saint-Michel-en-Grève est une petite paroisse rurale dans laquelle s'étend donc l'autorité de la cour royale. La paroisse constitue la structure principale de la société rurale micheloise et le recteur de l’époque joue auprès de ses paroissiens un rôle fondamental tout au point de vue spirituel que temporel. Le territoire de la paroisse est partagé entre deux sénéchaussées: celle de Morlaix et celle de Lannion. On dit qu'une paroisse appartient à telle sénéchaussée lorsque l'église se trouve dans le ressort de cette cour. Les textes les plus nombreux et les plus probants placent Saint-Michel-en-Grève ou du moins l'église, dans le ressort de Morlaix. Trédrez, Ploumilliau, Plestin et Trémel par contre sont du ressort de Lannion.

Saint-Michel-en-Grève détient une haute justice qui comprend presque toute la paroisse de ce nom et une très petite partie de Tréduder. Elle ne relève qu'en partie de Morlaix; pour les fiefs de Tréduder et même pour ceux d'une partie de Saint-Michel-en-Grève, les appels sont portés à Lannion ou à Guingamp (Archives Côtes d'Armor, B467. - La juridiction de Saint-Michel n'est pas citée dans le rapport de Charles Colbert (1665)). L'enchevêtrement judiciaire de Saint-Michel-en-Grève est vraiment compliqué : les juridictions de Coatrèdres, ou Coatrèdes-Coatfrec confirmée en 1673 par arrêt de la chambre royale du Domaine (Arch. Côtes d’Armor, B. 286, E.1674), et de Keruel-Kerbiriou ont une partie de leur ressort en Saint-Michel-en-Grève, mais, croyons-nous, dans la partie lannionaise. L'une et l'autre sont d'abord exercées au bourg de Saint-Michel-en-Grève; l'auditoire de Keruel-Kerbiriou sera plus tard transféré à Lannion; un pilier aux armes de la seigneurie, marque honorifique plutôt que poteau patibulaire est élevé en face de l'église de Ploumilliau (Archives Côtes d'Armor, B.550, 2035, 2038, 2053). Nous ne savons si cette juridiction de Kerhuel-Kerbiriou est la même que celle de Keruel dont les juges de Morlaix ont empêché l'exercice à Plouzélambre (rapport Colbert) et qu'une juridiction de Kerhuel exercée à Ploumilliau en 1760 (rapport du directeur des Domaines).

Runfao, deuxième menéant de Morlaix, a quant à lui son ressort dispersé dans 12 paroisses comprises pour la plupart dans la sénéchaussée  de Lannion (Archives Côtes d'Armor, B.1005, E.2744, 2745) où se trouvent la seigneurie de Runfao (paroisse de Ploubezre), la potence à quatre piliers et l'auditoire (Loguivy-les-Lannion). Le ressort morlaisien comprend presque toute la paroisse de Ploumilliau et une partie de Plouzélambre et de Saint-Michel-en-Grève. Le rapport de Charles Colbert (1665) porte que Runfao reçoit les appels de Lanascol  (ressort en Plouzélambre, Ploumilliau et Keraudy) et de Kerneyan, mais ces deux terres sont presque en entier comprises dans la sénéchaussée de Lannion.

Comme on peut le voir, la complication, la confusion et le désordre engendrés par les survivances du Moyen Age n’étaient en fait nulle part plus visible que dans l’organisation judiciaire de Saint-Michel-en-Grève.

La population de Saint-Michel-en-Grève sous l’ancien régime est répartie en trois classes ou ordres :

-        la noblesse, c’est ceux qui combattent. On distingue deux sortes de noblesse : la noblesse d’épée (ce sont généralement de vieilles familles) et la noblesse de robe (qui ont acheté leur titre de noblesse). Ils paient l’impôt du sang. Comme ils sont chargés de risquer leur vie pour défendre celle des autres, ils ont été exemptés de payer l’impôt en numéraire.

-        le clergé, c’est ceux qui prient pour assurer le salut des âmes. La religion catholique est alors obligatoire.

-        Le Tiers Etat, c’est ceux qui travaillent. Ce sont des bourgeois, paysans, journaliers, artisans, commerçants,.. Ils sont les plus nombreux. Leur rôle est de travailler et de payer l’impôt.

Les deux premiers ordres sont considérés comme privilégiés mais ils ne comprennent qu’une infime minorité. La majorité des gens de la campagne de l’époque est illettrée. De plus, la grande majorité des michelois ignore le français et utilise seulement le breton. Aussi faut-il traduire les actes officiels pour que les paysans puissent les comprendre.

Grand producteur de céréales, la région côtière dont fait parti Saint-Michel-en-Grève fournit à cette époque des plantes textiles, des fils réputés, de la toile, du beurre. On y élève des chevaux, des vaches, des bœufs. On y cultive le froment, de l’avoine, de l’orge, du chanvre, du lin.... La condition sociale des paysans de Saint-Michel-en-Grève est  à l’époque liée étroitement à leur richesse foncière. Le paysan propriétaire d’une certaine superficie de terres, joue souvent un rôle privilégié dans sa paroisse en devenant membre du conseil général (ou « Général ») de celle-ci, à la fois sorte de conseil de Fabrique et de conseil municipal. Celui-ci est formé de 17 membres dont le recteur, le sénéchal de juridiction, le procureur du roi, 12 paroissiens, notables choisis parmi les anciens trésoriers, et deux trésoriers en exercices ou marguilliers. En tant que conseil municipal, il procède à la répartition de l’impôt entre les paroissiens et à la nomination de collecteurs chargés d’en effectuer le recouvrement. Le « Général » s’occupe aussi des charges pesant sur les paroissiens, surtout l’entretien de l’église, du presbytère, le soulagement des pauvres, mais ne dispose d’aucune source régulière de revenus et son efficacité de ce fait était inopérante. Au dessous de cette catégorie privilégiée, on trouve les petits propriétaires qui ont pour toute fortune une chaumière et quelques lopins de terre. Cette catégorie, de loin la plus nombreuse à Saint-Michel-en-Grève, se façonne une âme tout naturellement religieuse à cause d’une existence pénible et rude aggravée encore par les tristes réalités de la vie quotidienne.

On peut dire qu’à Saint-Michel-en-Grève, comme dans la plupart des petites villes du Trégor, la majeure partie des habitants ne « fait pas la Révolution ». Elle la subit. En effet, selon les périodes, force est de constater que peu de michelois sont réellement impliqués dans la vie politique : participation aux élections, aux fonctions électives de la commune, du district, du département.  Mais par contre l’ensemble de la population est affecté dans sa vie quotidienne par la répercussion des événements politiques, de la guerre civile et étrangère qui les accompagne durant de nombreuses années. Après avoir vu quels peuvent être les problèmes des michelois dans les années 1780, nous allons essayer de montrer leurs conditions de vie et le cadre dans lequel ils ont vécu de 1789 à 1800.

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