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La Métropole Saint-Pierre de Rennes

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évêché de Rennes

Reconstruction de la cathédrale de Rennes. — Prise de possession du nouvel édifice. — Translation des reliques des saints évêques de Rennes Amand, Melaine et Modéran. — Erection de la cathédrale Saint-Pierre de Rennes à la dignité d'église métropolitaine. — Décoration entreprise par Mgr Saint-Marc. — Description de la métropole : maître-autel et peintures du sanctuaire ; fresques des saints bretons ; chapelles du Saint-Sacrement et de la Sainte-Vierge ; voûte de la grande nef ; détails. — Ancien caveau du Chapitre et translation des restes des anciens évêques de Rennes..

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évêché de Bretagne : évêché de Rennes

 

LA METROPOLE SAINT-PIERRE DE RENNES

évêché de Rennes

Le 27 février 1754, l'évêque et le Chapitre de Rennes durent abandonner la cathédrale Saint-Pierre, qui tombait en ruines, et se réfugier dans la chapelle de l'Hôtel-Dieu. Aussitôt après leur départ on commença la démolition du vieil édifice, conservant seulement le portail occidental avec ses deux tours. Mais quand il fallut songer à construire une nouvelle cathédrale, de grandes difficultés s'élevèrent : le Chapitre et l'évêque de Rennes étaient loin de pouvoir subvenir aux dépenses qu'exigeait une oeuvre aussi considérable ; on réclama du gouvernement d'alors quelques secours qui se firent longtemps attendre, et la construction n'était pas encore commencée quand Mgr de Girac devint évêque de Rennes. Celui-ci ayant obtenu l'union de la mense abbatiale de Saint-Melaine à la mense de l'évêché de Rennes, et ayant quitté l'antique palais épiscopal situé près de la cathédrale pour venir habiter le palais abbatial de Saint-Melaine, songea sérieusement à transformer en cathédrale l'église de l'abbaye de ce nom. Il fit faire un plan de restauration pour cette église, ainsi que des plans de maisons prébendales qu'il voulait construire dans la rue de la Quintaine (nunc rue de Fougères) pour loger ses chanoines (nota : on peut voir ces plans, déposés aux Archives départementales). Mais l'opposition que firent à ces projets les Bénédictins de Saint-Melaine, qui ne voulaient point céder leur église, et l'état de vétusté de cet édifice lui-même, forcèrent Mgr de Girac à abandonner son projet. 

L'évêque et le Chapitre revinrent donc nécessairement au premier plan projeté, c'est-à-dire à la reconstruction de la cathédrale dans le même emplacement que l'ancienne, et en utilisant le beau portail et les tours demeurés debout. 

Ce ne fut toutefois qu'en 1787 que l'on put entreprendre le relèvement de la première église du diocèse ;  quand elle vit à l'oeuvre l'évêque et les chanoines, la Communauté de Ville fit vers eux une démarche pour leur en exprimer sa gratitude, et tous les habitants de Rennes en témoignèrent hautement leur satisfaction.

« Les travaux furent suivis avec autant de soin que d'activité. Déjà les murs étaient élevés de plus de 5 mètres au-dessus du sol, et une dépense de plus de 400,000 fr. avait été faite, lorsque la Révolution et la confiscation au profit de l'Etat de tous les biens ecclésiastiques vinrent en 1791 suspendre l'ouvrage commencé. En l'an XI, c'est-à-dire en 1803, quelque temps après que le culte catholique fut rétabli, l'église abbatiale de Saint-Melaine, dont on avait fait une paroisse, fut assignée au Chapitre pour la récitation de l'office canonial et les différentes cérémonies du culte qui pouvaient lui incomber. Tel était l'état des choses, lorsqu'un décret impérial du 7 thermidor de la même année ordonna la restitution aux anciennes fabriques des biens non aliénés ni transférés qui leur avaient appartenu. Un autre décret du 15 ventôse an XIII étendit la disposition du précédent aux fabriques des églises cathédrales et métropolitaines des anciens diocèses pour tous les biens provenant des ci-devant Chapitres, et les appliquant à ceux des diocèses actuels dans lesquels ils sont situés. Malgré cela, un décret du 30 septembre 1807 vint autoriser la ville de Rennes à faire construire une halle-au-blé sur le terrain et emplacement de l'ancienne cathédrale, à la charge de payer à la fabrique de cette église une rente annuelle de 2,000 fr., remboursable en quatre termes égaux par un capital de 40,000 fr. Le Chapitre se hâta de réclamer en envoyant une supplique à l'empereur, supplique qui avait d'autant plus de chance de succès que la municipalité de Rennes elle-même finit par se joindre à ses réclamations. Le 22 mai 1808, le Conseil municipal déclara solennellement que le principal motif de la demande qu'il avait faite du terrain et des constructions commencées sur le local de l'ancienne église cathédrale, avait été de prévenir l'aliénation et par conséquent la destruction d'un monument précieux à la ville de Rennes ; que pour remplir les conditions auxquelles ce local lui était concédé, il se verrait dans la nécessité d'augmenter les droits d'octroi au-delà des bornes qui doivent être fixées pour assurer les produits ; qu'enfin, il verra sans regret le succès des réclamations adressées par le Chapitre à Sa Majesté » (M. l'abbé Massabiau, la Cathédrale de Rennes - Revue de Bretagne, XIV, 355). 

Voici un passage de cette supplique du Chapitre qui indique l'état où se trouvaient alors les travaux entrepris précédemment pour la reconstruction de la cathédrale : « ...... Il existe à Rennes une cathédrale dont les superbes tours sont achevées, dont la façade de devant qui les lie est achevée. L'édifice souterrain dans son entier est achevé. Il est déjà debout dans toutes ses parties ; il a même plus de vingt-cinq pieds d'élévation ; les dessins et les plans ci-joints en donnent une faible idée. Il est digne de la capitale de la province la plus religieuse de la France. Une somme de 400,000 fr. au plus allait l'achever, lorsque la Révolution est venue arrêter les travaux. L'édifice n'est pas encore déshonoré. Personne jusqu'ici n'a osé en enlever une pierre. Le service religieux se fait provisoirement, au défaut d'autre temple plus convenable, dans une très-ancienne église située à l'extrémité de cette grande ville, destinée à être seulement paroissiale, dont les murs dégradés annoncent au département qu'il aura de grandes dépenses à y faire, si la nouvelle cathédrale ne s'achève bientôt » (Supplique du Chapitre de Rennes à l'empereur Napoléon Ier).

Sur les entrefaites, le cardinal Fesch, oncle de Napoléon Ier, vint à Rennes et se chargea de plaider la cause du Chapitre près de l'empereur. En effet, le 23 avril 1811, Napoléon, par un nouveau décret, fit droit aux réclamations du Chapitre de Rennes ; il ordonna même l'achèvement de la cathédrale Saint-Pierre, affectant à cette reconstruction une somme de 500,000 fr., payables en cinq annuités. On employa immédiatement à cette oeuvre 51,000 fr. ; mais les difficultés du temps firent encore arrêter les travaux, qui ne furent repris qu'en 1819. Le gouvernement de la Restauration fit à cette époque pousser avec activité le relèvement de notre église. En 1823, de nouvelles sommes furent allouées pour la continuation du travail, et en 1837 une dernière allocation permit d'arriver, en 1844, à un état de choses suffisant pour que l'évêque et le Chapitre pussent prendre possession de leur nouvelle cathédrale. 

Ce fut le saint jour de Pâques, 7 avril 1844, que « Monseigneur Godefroy Saint-Marc, évêque de Rennes, accompagné des chanoines et Chapitre de l'église cathédrale, revêtus pour la première fois du nouveau costume de choeur bordé d'hermines, précédé d'un nombreux clergé, des directeurs et élèves du Grand-Séminaire, portant les reliques vénérées des bienheureux saint Amand et saint Melaine, quitta l'église de l'ancienne abbaye de Saint-Melaine, où depuis 1803 le Chapitre se réunissait provisoirement pour célébrer l'office canonial. La procession, suivie d'un grand concours de peuple, au son des cloches et au chant du Vent Creator, se dirigea vers la nouvelle église en parcourant les principales rues de la ville. A l'arrivée, on chanta l'antienne de saint Pierre pour saluer le patron de la cathédrale et du diocèse, et on prit ainsi possession de ce nouveau temple qui, après près d'un siècle, venait de se relever de ses ruines » (Procès verbal de l'inauguration de la nouvelle cathédrale). 

Le 13 octobre suivant, le Chapitre de Rennes se réunit pour régler la dédicace des divers autels de la nouvelle cathédrale ; voici quel fut le résultat de cette délibération : on dédia le maître-autel à saint Pierre, patron de l'église ; — l'autel du transept méridional au Saint-Sacrement ; — l'autel du transept septentrional à la Sainte Vierge ; — la première chapelle du bas-côté méridional à saint Melaine, — la deuxième à saint Yves, — la troisième à saint Michel et aux saints Anges, — la quatrième à sainte Anne, — la cinquième à Notre-Dame de la Cité ; — la première chapelle du bas-côté septentrional à saint Amand, — la deuxième à saint Joseph, — la troisième à saint Malo et à saint Samson, — la quatrième à saint François Xavier, — la cinquième fut réservée pour contenir les fonts baptismaux et les saintes huiles (Annales ms. de l'Eglise de Rennes).

Vers le même temps, M. l'abbé Tresvaux, voyageant en Italie, obtint de l'évêque de Parme, dans le diocèse duquel est situé le monastère de Bercetto, une relique insigne de saint Modéran, décédé dans cette abbaye ; c'était un os fémur dont M. Tresvaux fit don à l'Eglise de Rennes, gouvernée jadis par ce bienheureux. La translation de cette relique se fit très-solennellement à Rennes, le 26 octobre 1845 ; tout le clergé de la ville se rendit en procession à la cathédrale, et Mgr Saint-Marc, qui avait cédé les honneurs de la présidence de cette belle cérémonie à son digne prédécesseur Mgr de Lesquen, célébra lui-même, dans un discours éloquent, les vertus de saint Modéran.

La cathédrale Saint-Pierre de Rennes, élevée en 1859 à la dignité d'église métropolitaine de Bretagne, est un édifice assez médiocre au point de vue de l'architecture. La façade, qui date de la fin du XVIème siècle et du milieu du XVIIème, a de la grandeur et réunit tous les ordres grecs et latins ; mais le reste du vaisseau, reconstruit depuis le commencement du siècle, manque d'élévation et laisse fort à désirer. De style néo-grec, cette église se compose d'un choeur en hémicycle avec déambulatoire, sans chapelles absidales, — d'une coupole centrale et de deux transepts, — de trois nefs et de dix chapelles disposées cinq de chaque côté des nefs ; la voûte est en plein cintre, et des colonnes d'ordre ionique entourent le sanctuaire et séparent la grande nef de ses collatérales. 

En 1863, Mgr Saint-Marc crut de son devoir, comme premier archevêque de Rennes, de laisser à ses successeurs une métropole digne de la religieuse province de Bretagne. Rebâtir cette église, terminée depuis vingt ans seulement, était chose impossible ; il eût fallu, d'ailleurs, le concours du gouvernement, qui l'aurait certainement refusé. Restait la ressource de compenser la médiocrité de l'architecture par la beauté et la richesse de la décoration intérieure. Dans cette pensée, l'archevêque de Rennes fit un appel à la générosité des enfants de la Bretagne, et, donnant lui-même l'exemple de la largesse, il offrit immédiatement 100,000 fr. de ses propres deniers pour commencer les travaux. Tant que vécut le généreux prélat, l'exécution du plan conçu par lui se poursuivit avec activité ; sa mort seule est venue arrêter cette belle restauration, et elle est venue, hélas! avant le complet achèvement de l'oeuvre. Il reste encore à décorer la coupole et à peindre quelques fresques dans les transepts et dans les petites nefs. 

« L'entreprise tentée par Mgr Saint-Marc, dit M. de la Borderie, a supérieurement réussi. La peinture décorative qui couvre les voûtes, toutes les parties de l'édifice, sauf les surfaces réservées pour les tableaux, est d'une richesse, d'une élégance, d'une harmonie et d'une douceur de tons qui caresse l'oeil, en même temps que le multiple développement de cette fresque immense étonne et saisit l'esprit. La peinture d'histoire, confiée à un artiste d'un grand talent, M. Le Hénaff, est une épopée religieuse. Dans le rond-point, la dation des clefs et la mission des apôtres ; autour du choeur, sur les murs des bas-côtés, se déroule la longue procession des saints de Bretagne : théorie chrétienne, celto-bretonne, dont nous pouvons hardiment opposer la majestueuse grandeur à la grâce élégante et facile des théories païennes de la Grèce. Les tableaux de sainte Anne et de la Sainte Vierge — rassemblant autour de ces deux grandes figures tous les principaux souvenirs du culte que leur a rendu et que leur rend encore la Bretagne — sont deux pages admirables. Toutes ces peintures sont d'un très-grand style. Les tableaux qui restent à exécuter achèveront de faire de la métropole de Rennes le panthéon chrétien de la Bretagne. Cette oeuvre, nous l'affirmons, illustrera à la fois, dans le présent et dans la postérité, l'artiste qui l'aura exécutée et le prélat qui l'a conçue, qui l'a résolument entreprise, qui seul — par sa libéralité inépuisable — pouvait la mener à bonne fin » (Revue de Bretagne et de Vendée, XXXVIII, 316).

Après cet aperçu général, entrons dans quelques détails et examinons successivement les diverses parties de la métropole nouvellement décorée. L'édifice tout entier est intérieurement recouvert de stucs imitant fort bien les plus beaux marbres ; çà et là, le long des murailles, ont été réservés de grands espaces ou tableaux pour les fresques ; la voûte, ornée de caissons de formes variées, est sculptée avec art et éblouissante de dorures. 

Entrons d'abord dans le sanctuaire. Au milieu se trouve le maître-autel, construit en marbres antiques merveilleusement beaux ; ces marbres sont un don du Souverain-Pontife Pie IX, qui les fit extraire de l'emporium romain pour les envoyer au premier archevêque de Rennes. Devant cet autel et au milieu du choeur se trouve, comme nous l'avons dit, le tombeau de ce prélat, au-dessus duquel pend à la voûte le chapeau cardinalice. 

Au fond de l'abside, le cul-de-four de cette voûte renferme la belle fresque de la dation des clefs : sur un fond d'or apparaît le divin Sauveur entouré de ses apôtres ; Jésus, enveloppé dans une auréole et décoré du nimbe crucifère, tient le monde d'une main et de l'autre donne les clefs du Paradis à saint Pierre, agenouillé à ses pieds ; de l'autre côté de Notre-Seigneur se tient, également agenouillé, saint Jean l'Evangéliste, le disciple bien-aimé ; les autres apôtres, groupés à droite et à gauche du Sauveur, reçoivent debout la divine mission d'aller, comme saint Pierre et saint Jean, parcourir la terre et évangéliser les nations ; tous contemplent avec respect et amour le divin Jésus nommant saint Pierre son représentant sur la terre et chef de son Eglise. Au-dessous de cette scène on lit ces mots, peints sur la frise : ET TIBI DABO CLAVES REGNI COELORUM.

Dans les nombreux caissons de la voûte du sanctuaire nous remarquons au centre trois grands écussons ; au milieu celui du pape Pie IX, écartelé aux 1er et 4ème d'azur au lion d'or ; aux 2ème et 3ème d'argent à deux bandes de gueules ; cet écu est placé dans un cartouche surmonté d'une tiare et accompagné de deux clefs posées derrière en sautoir ; — devant est celui du cardinal Saint-Marc : d'azur au pélican, en sa charité, d'argent, dans un cartouche surmonté d'une croix archiépiscopale et d'un chapeau à quinze houppes ; — derrière se trouve l'écusson du Chapitre de Rennes : d'azur à deux clefs d'argent passées en sautoir, les gardes en bas, placé également dans un cartouche surmonté d'une croix archiépiscopale. Dans d'autres grands caissons apparaissent divers emblèmes de la sainte Eucharistie, tels que l'Agneau pascal, d'après le type des Catacombes de Rome et d'après le Livre de l'Apocalypse, et des colombes s'abreuvant au vase sacré et becquetant une gerbe de froment. Enfin, cette riche décoration de la voûte du sanctuaire est complétée par les armoiries des divers Chapitres de la province de Bretagne : au Nord, les écussons des Chapitres de Rennes, — de Quimper et Léon — et de Saint-Malo ; au Sud, ceux de Vannes, de Saint-Brieuc et Tréguier — et de Dol. 

Le pourtour du choeur, où nous entrons maintenant, renferme l'oeuvre la plus magistrale peut-être de M. Le Hénaff. Sur les vastes parois des murailles de ce déambulatoire l'artiste a peint à fresque tous nos grands saints bretons ; il les a groupés selon les anciens diocèses qu'ils habitaient et dont le territoire fait aujourd'hui partie de la province de Rennes ; ils forment tous ensemble comme une double et majestueuse procession, ne se dirigeant pas, comme on l'a dit à tort, vers le petit buffet d'orgue qui se trouve au fond du choeur, mais partant tous, an contraire, de ce point central pour venir entourer le sanctuaire. Voici quels sont tous ces bienheureux, les uns rois et puissants, les autres simples moines mendiants, ceux-ci évêques et ceux-là martyrs, tous rayonnant de la gloire divine, tous ayant évangélisé ou édifié notre province, tous enfin nos pères dans la foi, vrais fondateurs de la catholique Bretagne, nos patrons et nos modèles. 

En commençant par le pourtour septentrional nous rencontrons d'abord les saints de l'ancien diocèse de Rennes, dont voici les noms : RHEDONENSES : S. Amandus, — S. Melanius, — S. Armagillus, — S. Rainffredus, — S. Judicael, — S. Salomon, — S. Moderannus, — S. Robertus Arbricellensis, —   B. Yvo Mayocus. 

Puis les saints du diocèse de Vannes : VENETENSES : S. Paternus, — S. Guenninus, — S. Ninoca, — S. Tremor, — S. Triphina, — S. Gildasius, — S. Meriadocus, — S. Bilius, — S. Felix, — S. Vincentius Ferrarius.

Viennent ensuite les saints du diocèse de Quimper : CORISOPITENSES : S. Corentinus, — S. Guenhaelus, — S. Guingaleus, — S. Melorus, — S. Meliovus, — S. Gurlœsius. 

Voici les bienheureux de l'ancien diocèse de Saint-Pol-de-Léon : LEONENSES : S. Paulus Aurelianus, — S. Cethomerinus, —   S. Gœznoveus, — S. Senanus, — S. Golvinus. 

Nous arrivons alors au fond du rond-point où se trouve le buffet du petit orgue ; au-delà, dans le pourtour méridional, se poursuit la procession des saints de Bretagne, en commençant par ceux de l'ancien diocèse de Tréguier : TRECORENSES : S. Tugdualus, — S. Revellinus, — S. Briachus, — S. Christina, — S. Hervœus, — S. Yvo. 

Viennent ensuite les bienheureux du diocèse de Saint-Brieuc : BRIOCENSES : S. Budocus, — S. Briocus, — S. Kerianus, — S. Miocus, — S. Osmana, — S. Mauricius, —S. Guillermus. 

Puis voici ceux de l'ancien diocèse de Saint-Malo : MACLOVIENSES : S. Aaron, — S. Maclovius, — S. Gurwalus, —S. Enogatus, — S. Austolus, — S. Mevennus, — S. Gerfredus, — S. Convoio, — S. Lohemaelus, — S. Joannes de Craticula. 

Enfin, les saints de l'ancien diocèse de Dol terminent cette longue théorie : DOLENSES : S. Hildutus, — S. Maglorius, —S. Samson, — S. Similianus, — S. Ethbinus, — S. Sulinus, — S. Budochus, — S. Helerius, — S. Leucherius, — S. Thurianus, — S. Gilduinus. 

Comme l'on voit, ces grandes pages de peintures à fresque nous rappellent le souvenir de presque tous les bienheureux que nous honorons en Bretagne ; leurs nobles et saintes figures se trouvent donc à leur place naturelle autour du sanctuaire de la métropole bretonne. 

Pénétrons maintenant dans les transepts et commençons par celui du Midi, c'est-à-dire par la chapelle du Saint-Sacrement. Les peintures de cette chapelle sont consacrées à la glorification de sainte Anne. Au fond du transept, dans la demi-lune placée au-dessus de l'autel, sainte Anne est représentée assise sur un trône et recevant les hommages du peuple breton ; dans le lointain on aperçoit la grange où Nicolazic déposa la statue miraculeuse de sainte Anne d'Auray et l'église qu'élevèrent les Carmes en ce même lieu. 

Quatre grandes fresques décorent en outre cette chapelle, peintes sur les murailles orientale et occidentale ; à l'Est : un ange apparaît à saint Joachim et lui prédit la naissance de Marie ; — saint Joachim communique cette révélation à sainte Anne ; — à l'Ouest : sainte Anne et saint Joachim présentent Marie au grand-prêtre ; — sainte Anne et saint Joachim enseignent la Très-Sainte Vierge. Tout autour de la chapelle on lit sur la frise ces paroles : ANNA JESSE RADIX EGREGIA, OMNIMICANS VIRTUTE PRAEVIA, DE TE VIRGO PROCESSIT REGIA. 

Dans la riche décoration de la voûte on ne voit point d'armoiries, mais seulement, au centre, les initiales de sainte Anne entrelacées dans un écusson, et divers emblèmes des vertus pratiquées par cette grande sainte peints dans les principaux caissons. 

La chapelle du transept septentrional, dédiée à la Sainte Vierge, est décorée de la même manière que la précédente. Dans la demi-lune qui surmonte l'autel, Marie est peinte assise sur un trône et entourée de ses dévots serviteurs ; dans le fond du tableau apparaissent les monuments élevés en son honneur par les Bretons ; on y distingue entre autres la tour de Notre-Dame de Rennes. 

Des quatre grandes fresques qui doivent orner cette chapelle, deux seulement sont terminées, encore ne sont-elles pas l'oeuvre de M. Le Hénaff, auteur de tous les tableaux précédents, mais bien de M. Langlois. Ces fresques représentent : l'une l'annonciation de l'ange Gabriel à Marie, —l'autre le mariage de la Très-Sainte Vierge avec saint Joseph. 

Sur la frise courant autour de la chapelle on lit ces paroles du Magnificat : QUIA RESPEXIT HUMILITATEM ANCILLAE SUAE, ECCE ENIM EX HOC BEATAM ME DICENT OMNES GENERATIONES

La voûte, dépourvue d'armoiries, est ornée au centre d'un grand écusson portant les initiales d'Ave Maria entrelacées, et de divers emblèmes des vertus de la Sainte Vierge représentées dans les caissons. 

Des transepts entrons dans la grande nef, composée, comme nous l'avons dit, d'une double colonnade d'ordre ionique revêtue de stuc comme l'édifice intérieur tout entier. 

L'entablement n'offre qu'une décoration architecturale, mais la voûte, d'une très-grande richesse, présente dans ses caissons cinq écus au centre, et dans les retombées les emblèmes des sept sacrements de l'Eglise complétés par l'emblème de la résurrection. 

L'écusson central est celui de la province de Bretagne, d'hermines plein, placé dans un cartouche que tiennent des anges, surmonté d'une couronne royale, accompagné de la devise : POTIUS MORI QUAM FOEDARI, et entouré, nous ne savons trop pourquoi, des colliers des Ordres de Saint-Michel et du Saint-Esprit. 

En remontant vers le choeur, le premier blason qui se présente est celui du Chapitre de Vannes : d'azur à un dextrochère habillé d'argent, tenant une clef à double panneton de même posée en pal ; le second écusson renferme réunies les armoiries des trois Chapitres de Rennes, Dol et Saint-Malo, comme il suit : écartelé : aux 1er et 4ème, d'azur à une tête de saint Samson mitrée d'or, qui est de l'ancien Chapitre de Dol ; aux 2ème et 3ème, d'azur à un navire d'or aux voiles éployées de même, voguant sur une mer également d'or, qui est de l'ancien Chapitre de Saint-Malo ; sur le tout : d'azur à deux clefs d'argent passées en sautoir, les gardes en bas, qui est du Chapitre de Rennes. 

En revenant au point central de la nef et en descendant vers la grande porte occidentale, on trouve d'abord l'écusson du Chapitre de Quimper et Léon, ainsi composé : parti : au 1er, de gueules à une tête de saint Corentin de carnation, coiffée d'une aumuce d'or, et accompagnée en chef d'un soleil et d'un croissant de même, qui est du Chapitre de Quimper ; au 2ème, d'azur à l'Agneau pascal d'argent, tenant une croix d'or à la banderole d'argent, qui est de l'ancien Chapitre de Léon. 

Enfin, le dernier grand écusson est celui du Chapitre de Saint-Brieuc et Tréguier : parti : au 1er, d'argent à trois personnages ; en chef saint Etienne agenouillé, les mains jointes, vêtu d'une aube et dalmatique de diacre, et saint Brieuc et saint Guillaume, affrontés et naissants de la pointe, étendant chacun une main pour bénir et tenant leurs crosses de l'autre, habillés pontificalement, le tout d'or (nota : le peintre a représenté à tort ces trois saints en carnation et vêtus de bure), qui est du Chapitre de Saint-Brieuc ; au 2ème, d'azur à un saint Yves de carnation, coiffé d'une barrette de sable, et habillé d'un camail et d'une soutane de même, chargée d'un surplis d'argent ; accompagné en flancs de deux palmes aussi d'argent (nota : le peintre a omis ces deux palmes) et en pointe d'un bouc de même, posé sous les pieds du saint, qui est de l'ancien Chapitre de Tréguier. 

Ces quatre écussons sont assez singulièrement surmontés chacun d'une croix, d'une mitre, d'une crosse et d'un chapeau à dix houppes. 

Dans les autres caissons de cette nef sont peintes des invocations aux saints bretons Melaine, Malo, Samson, Paterne, Corentin, Brieuc, et aux saints apôtres Pierre et Paul, patrons de la métropole. 

Telle est la riche décoration de la voûte de la grande nef ; les nefs collatérales ont simplement des plafonds ornés de caissons pleins de dessins de fantaisie. 

Pour compléter cette ornementation toute bretonne de la métropole de Rennes, les fenêtres de l'édifice sont garnies de verrières représentant les armoiries des évêques de Rennes : il y a deux écussons dans chaque fenêtre ; la série commence avec celui de Sylvestre de la Guerche, élu en 1076, et se termine par le blason du cardinal Saint-Marc. Au point de vue historique, il est fâcheux qu'on ait voulu remplir sans exception toutes les fenêtres de la métropole de ces armoiries, car il a fallu pour cela remonter à une époque où les blasons sont très-incertains ; c'est ainsi qu'on a attribué aux évêques Marbode, Rouaud, Hamelin, Alain, Philippe et Herbert, qui vivaient au XIIème siècle, des armoiries qui sont loin d'être authentiques. 

Il nous reste maintenant à examiner divers détails de la métropole qui offrent de l'intérêt. 

Tout d'abord, reproduisons le commencement d'une longue inscription gravée sur une table de marbre blanc attachée à la muraille du collatéral méridional ; on y lit ce qui suit : « A la demande de Mgr Brossays Saint-Marc, archevêque de Rennes, en vertu des lettres apostoliques des papes Benoît XIV et Clément VIII, le cardinal Mattei, doyen du Sacré-Collège et archiprêtre de la Basilique Vaticane, et les chanoines et Chapitre de la même basilique ont agrégé, par décret capitulaire du 10 février 1861, l'église métropolitaine de Rennes à leur basilique, et étendu à tous les fidèles qui visiteront cette église les mêmes indulgences attachées à la visite de Saint-Pierre de Rome » (nota : suit la longue nomenclature de ces indulgences).

Tout à côté, dans la chapelle Saint-Melaine, se trouvent les débris, encore précieux et restaurés, du magnifique retable en bois sculpté qui décorait jadis le maître-autel de la cathédrale de Rennes, dont nous avons précédemment parlé. 

Vis-à-vis, dans la chapelle Saint-Amand, est une châsse moderne de style roman, d'un fort bon goût, renfermant les reliques de ce saint évêque de Rennes, contenues dans un corps de cire revêtu de vêtements pontificaux ; c'est cette châsse que l'on continue de porter processionnellement dans les temps de calamités publiques. 

Notons aussi le buffet des grandes orgues, inaugurées en 1875 et placées au bas de la nef ; le chemin de croix, série de bas-reliefs posés dans les collatéraux, et le splendide trésor épiscopal légué par le cardinal Saint-Marc ; tous ces objets mériteraient une longue description que nous regrettons de ne pouvoir leur consacrer ; il est toutefois impossible de ne pas signaler au moins, parmi les nombreuses pièces du trésor, le magnifique calice offert par Pie IX à Mgr Saint-Marc, la belle croix archiépiscopale donnée par le clergé de Rennes à son premier archevêque, et un superbe calice en cristal de roche fabriqué par ordre de notre cardinal. Le personnel de la métropole se compose de l'archevêque et de ses trois vicaires généraux, — des neuf chanoines formant le Chapitre, — de quelques chanoines honoraires, — d'un maître des cérémonies, — d'un prêtre custode ou sacriste, — d'un prêtre directeur de la maîtrise, — d'une psallette composée de seize enfants de choeur, — d'un organiste, — de plusieurs chantres laïques et autres enfants, — de deux massiers, — d'un suisse, etc. 

Nous terminerons cette étude sur la métropole de Rennes par quelques mots concernant l'enfeu épiscopal qu'elle renferme. Nous avons vu précédemment qu'en 1756 , après avoir opéré l'ouverture de tous les tombeaux de l'ancienne cathédrale condamnée à disparaître, les chanoines de Rennes firent refaire les anciennes châsses qui se trouvaient usées, y replacèrent les corps des évêques trouvés entiers, et déposèrent les autres débris d'ossements dans la châsse de l'abbé de Rillé ; les restes du bienheureux Yves Mahyeuc furent tout particulièrement recueillis avec vénération et mis à part dans une double châsse de chêne et de plomb. Tous ces cercueils furent ensuite descendus dans un nouveau caveau que le Chapitre fit construire au bas des nefs de la cathédrale et qu'il bénit solennellement le 9 mars 1756. 

Depuis ce moment jusqu'en 1790, il ne mourut point d'évêques à Rennes, mais le caveau s'ouvrit pour plusieurs chanoines décédés dans ce laps de temps. 

En 1872, Mgr Saint-Marc ordonna de faire des recherches dans la métropole pour y retrouver ce caveau dont on avait perdu le souvenir depuis près d'un siècle. Le prélat désirait surtout revoir les restes précieux d'un de ses prédécesseurs, Yves Mahyeuc, mort en odeur de sainteté. On parvint à découvrir l'entrée du caveau où avaient été déposées les châsses mentionnées dans les procès-verbaux de 1756 ; mais une fois descendus dans l'enfeu, au lieu d'y rencontrer les cercueils et les inscriptions désignant chaque personnage, on ne trouva que des ossements épars et confondus sans aucun indice de distinction. 

La Révolution, qui ne respectait pas même les morts, avait, en effet, passé dans cette crypte ; et sans doute, en vertu du décret qui ordonnait de fouiller les tombeaux pour en retirer les plombs et les fers au profit de la nation, on avait ici, comme ailleurs, violé les sépultures et dispersé les ossements sans égard ni respect. 

Voulant donc réparer autant que possible cet outrage de l'impiété, Mgr Saint-Marc ordonna que tous ces restes vénérables seraient réunis dans une même châsse, déposés sous un catafalque pendant la cérémonie d'un service funèbre célébré dans la métropole le 5 novembre 1872, et reportés processionnellement dans un sépultre qui leur serait préparé dans le caveau. 

Tout cela fut exécuté, et l'on plaça au fond de l'enfeu, au-dessus de ces ossements, une sorte de tombeau en forme d'autel, portant les inscriptions suivantes : 

HIC IN CHRISTO REQUIESCUNT 

OSSA VENERANDA EPISCOPORUM RHEDONENSIUM 

D. D. YVONIS MAHYEUC  

virtutibus et miraculorum fama percelebris, de quibus et solemnis inquisitio ad Apostolicam sedem transmissa est ;

ALANI DE CHATEAUGIRON, 

RADULPHI DE TREAL,  

GUILLELMI BRILLET,  

MICHAELIS GUIBE,  

BERTRAND! DE MARILLAC, 

AEMARI HENNEQUIN,

FRANCISCI LARCHIVER, 

PETRI DE CORNULIER,  

JOHAN. BAPT. DE BEAUMANOIR DE LAVARDIN,

CAROLI LE TONNELIER DE BRETEUIL ; 

Insuper et ossa ISABELLAE BRITANNIAE sororis ducissœ Annœ, cum pluribus aliis ignotis. 

Effossa templo ruinam agente et in hoc Canonicorum conditorio deposita anno 1756, dum hic expectant ut, reœdificata ecclesia, propriis tumulis restituantur, impiorum jussu suis etiam spoliata sunt loculis, anno ferali 1793. 

Quœ tandem reperta promiscue jacentia et insepulta non ferens, 

Illustrissimus Archiepiscopus Godefridus St Marc Rhedonensis, 

piaculari studio, colligenda statuit,

et, suffragantibus ecclesiœ suœ Metropolitœ Canonicis, 

in hoc communi sepulchro decenter reposuit. 

Anno Domini 1872, die 5a novembris. 

EXULTABUNT DOMINO OSSA HUMILIATA. 

Cinq ans plus tard, la dépouille mortelle du cardinal Saint-Marc était apportée, à son tour, dans son église métropolitaine ; nous avons dit qu'il y fut inhumé dans le choeur, devant le maître-autel, et nous avons décrit son tombeau. Il convenait, en effet, que le premier archevêque de Rennes, honoré de la pourpre romaine, dormit de son dernier sommeil à la place d'honneur de cette métropole si magnifiquement décorée par ses soins : au milieu de ce sanctuaire qu'entourent tous les saints de nos diocèses bretons, sous ces voûtes resplendissantes des armoiries des évêques de Rennes et des Chapitres de Bretagne, sous la protection spéciale de la Sainte Vierge et de sainte Anne, « les bonnes mères du peuple d'Armorique », repose dignement ce généreux et vertueux prélat. Sans chercher aucun honneur, Mgr Saint-Marc les reçut tous dans sa propre ville natale, et il mérita d'être appelé le cardinal de Bretagne ; aussi sa mémoire bénie et déjà légendaire restera-t-elle longtemps gravée dans l'esprit de nos pieuses populations bretonnes, personnifiant en quelque sorte le nouvel archevêché de Rennes.

(extrait du Pouillé de Rennes)

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