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Les anciens Usages de l'église de Rennes

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évêché de Rennes

Fêtes épiscopales et canoniales. — La Toussaint et la Saint-Melaine. — Les O de l'Avent. — Noël et l'évêque des Innocents. — Les charités de Sainte-Agathe, les Cendres et les Processions de Carême. — Semaine-Sainte. — Fêtes de Pâques. — La bouillie de Saint-Georges et les pelotes de saint Etienne. — Rogations. — Devoirs des Recteurs de Rennes envers le Chapitre. — Pentecôte et Denier du Saint-Esprit. — Triple fête de la Sainte Trinité. — Procession de la Fête-Dieu. — Fête patronale de Saint-Pierre. — Culte de saint Golven. — Redevance des chapeaux d'osier blanc. — Assomption. — Synodes. — Procession du mois. — Culte de saint Amand. — Procession de Bonne-Nouvelle. — Fêtes d'obligation dans le diocèse de Rennes en 1464, et suppression plus tard d'une partie de ces fêtes.

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évêché de Bretagne : évêché de Rennes

 

LES USAGES DE L'EGLISE DE RENNES

évêché de Rennes

Comme toutes les Eglises au moyen-âge, celle de Rennes avait ses fêtes et ses usages particuliers qu'il est intéressant d'étudier et même nécessaire de connaître si l'on veut se faire une idée exacte de sa physionomie. 

Le Chapitre de Rennes possède encore un curieux manuscrit auquel nous avons déjà fait de nombreux emprunts ; il fut rédigé en 1415 par Jehan de Beaumont, chanoine de Saint-Pierre. Relié en veau gauffré et fixé sur ais de bois avec clous de cuivre fleuronnés aux quatre angles, ce volume, de format in-4°, contient 73 folios de parchemin numérotés sur le recto. 

Sur le premier folio nous lisons le titre suivant : « Cest est le livre des Usages de liglise de Rennes, fait et compillé en ce présent an de grâce mil quatre cens et quinze, extrait et assemblé de plusours livres et martiroges (sic) anciens dicelle yglise, avecque les recordz et avisements de plusours notables anciens et expers personnes qui par longtemps ont veu gouverner liglise et mesmes esté au fait de l'estat et gouvernement dicelle yglise, lesquelles choses doivent estre tenues pour vroyes (vraies) et aprouvées, et dont len puet (l'on peut) savoir par les faiz et anciens tesmoins dessur nommez »

Nous trouvons dans ce manuscrit, jour par jour et fête par fête, dans l'ordre du calendrier ecclésiastique, commençant à la Toussaint, les cérémonies et usages observés au XVème siècle dans l'ancienne cathédrale de Rennes. A l'aide de ce précieux volume, — des manuscrits non moins rares, des Nécrologes de Saint-Pierre, et de quelques autres documents dont nous indiquerons la source, nous nous proposons donc de faire connaître ici les fêtes et coutumes religieuses de la cathédrale de Rennes. 

Les grandes fêtes de cette église, plus solennellement célébrées, étaient au nombre de neuf, « cinq festes épiscopales et quatre festes canoniales » ; aux cinq premières, « scavoir Noël, Pasques, Pentecoste, au Sacre et à la Toussaint, le Seigneur Evesque doit officier et doit le disner à tous les assistans portant chappes » ; aux quatre autres fêtes, c'est-à-dire « aux Rois, Chandeleur, Ascension et Assomption, MM. les chanoines doivent faire l'office ad turnum et doivent le disner aux officiants portant chappes ou 12 sols à chacun » (Mémorial d'un chanoine – Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 5 G, 36). 

Les Statuts du Chapitre, rédigés en 1588 par ordre de l'évêque Aymar Hennequin, nous apprennent qu'à toutes les fêtes épiscopales l'on portait à la grand'messe le livre des Evangiles et un instrument de paix à baiser dans le choeur : « Doresnavant, aux festes épiscopales, après l'Evangile dit, sera porté le livre des Evangiles par celui qui aura fait office de sous-diacre et ce à ceux qui seront aux hautes et basses chaires, chanoines et choristes, et non aux gens laics, n'estoit que ce fussent Mrs les gouverneur de la province en chef, évesque ou prince du sang, et sera tenu celui qui portera ledit livre le bailler ouvert à baiser et dira : Hœc sunt verba sancta, et lui sera répondu : Credo et confiteor....................... Pareillement sera portée la paix durant l'Agnus Dei par un des enfants de choeur, suivant ledit ordre du livre des Evangiles »

Les mêmes statuts réglèrent, — et ce ne fut pas à l'avantage de l'évêque, qui devait donner à dîner à tous ceux portant chapes, — que « doresnavant durant les grands messes des jours de Pasques, Pentecostes, Saint-Sacrement, Saint-Pierre et Noël, tous ceux qui seront dans le choeur, chanoines, choristes, chapelains et autres, seront revestus de chappes et ne pourront entrer dans ledit choeur sinon revestus d'une chappe » (Statuts des Ordonnances faits et rédigés en l'an 1588 – Archives du Chapitre). 

Après ces généralités sur les fêtes solennelles, ouvrons le Livre des Usages à son commencement, c'est-à-dire au jour de la Toussaint : « Il y a procession solempnelle celuy jour à la chapelle de Nostre-Dame de la Cité, touz en chappes d'or et de saye, et doze deniers de distribucion à chacun chanoine, les aultres distributions doubles et sonneries doubles de touz sains et durant la procession »

Le lendemain, commémoration des fidèles trépassés, « y a procession solempnelle en liglise de Rennes et (l'on doit) agiter l'eaue benoiste par liglise et cimetiere, et aler à Nostre-Dame de la Cité et à Saint-Martin (nota : à la chapelle priorale de Saint-Martin, mais non pas à l'église paroissiale du même nom).... et après vespres len puet (l'on peut) bien faire procession pour honestie de liglise, pour la devocion du pueple (peuple) et pour l'augmentation de la fabrique, c'est assavoir à l'autier de Saint Gobrian et ensuivant, en venant au cueur, devant l'image de S. Eustache dont les festes sont lendemain et a esté accoustumé ce faire ». Remarquons ici un assez singulier signe de deuil adopté ce jour-là par la liturgie de Rennes : « Celuy jour, en venant de la Cité on entre en liglise et doibt len (doit-on) aler autour d'icelle entre les paliers et autour du cueur en tirant jusques à la grant porte devers Mordelaise et de là faire stacion en la nef et cieulx qui ont chappes noyres doibvent les lesser pandre et choair à terre en signe de humilité et dire un Libera, De Profundis et Fidelium ô grande devocion » (Livre des Usages). 

A cette époque de l'année on changeait l'heure des sonneries du soir à la cathédrale. La coutume était, en effet, de sonner une cloche à midi, « au son de laquelle chacun est tenu de dire Pater Noster et Ave Maria, en mémoire de la mort et passion de N. S. », et de sonner « pareillement à sept heures du soir depuis Pasques jusqu'à la Toussaint, et depuis la Toussaint jusqu'à Pasques à six heures, pour advertir chacun de dire un De Profundis pour les trépassés » (Statuts et Ordonnances faits et rédigés en 1588). Ces prières remplaçaient l'Angelus, qui n'était pas encore en usage à Rennes au XVIème siècle. Nous avons vu précédemment que l'évêque de Rennes devait chaque jour « deux pots de vin breton » au sonneur de Saint-Pierre. 

Il y avait aussi à cette époque à Rennes des « reveilleurs » qui allaient « la nuit, par la ville, crier que l'on prye Dieu pour les trépassez ». Cet usage existait encore au XVIIème siècle, et nous voyons, en 1623, les membres de la Communauté de ville faire une aumône de 7 livres 10 sols à « Pierre Darel, pauvre homme reveilleur, qui excite le peuple à prier Dieu pour le repos des âmes des trépassez » (Archives municipales de Rennes). 

Le 6 novembre arrive la feste de saint Melaine, évêque de Rennes ; ce jour-là « y a procession au moustier de Saint-Melaine, auquel lieu les abbé et couvent dudit lieu doibvent au Chapitre de Rennes doze livres de bonne monnaie » (Livre des Usages). 

Cette procession solennelle était très-ancienne : de temps immémorial le Chapitre avait un droit de procuration sur l'abbaye de Saint-Melaine, lorsque Herbert, évêque de Rennes de 1184 à 1198, fit une transaction avec l'abbé de ce monastère. Par cet acte les chanoines renoncèrent à leur droit, moyennant un dîner que leur donneraient les moines le jour Saint-Melaine, fête que le Chapitre venait solennellement célébrer à l'abbaye. Mais cet accommodement, ratifié en 1243 par l'évêque Jean Gicquel, ne subsista que jusqu'en 1293 ; à cette dernière époque, les abus et les excès qui se commettaient dans ces repas, où le bas-choeur prenait part, forcèrent l'évêque et l'abbé à les retrancher pour toujours. Il fut alors convenu que l'abbaye paierait désormais chaque année 12 livres, en place du repas supprimé, au Chapitre venant processionnellement à Saint-Melaine le jour de la fête patronale, ce qui fut toujours exécuté depuis. A cette procession, Pierre de la Morinaye, abbé de Saint-Melaine, ajouta, en 1415, la fondation d'une messe solennelle le même jour ; un membre du Chapitre la célébrait dans l'église abbatiale ; le diacre de Saint-Pierre y chantait l'évangile et un religieux du monastère y lisait l'épître. 

A la fête de saint Martin (11 novembre), le Chapitre se rendait en procession à la chapelle du prieuré de Saint-Martin, et à la Présentation de la Vierge (21 novembre) il allait de même à Notre-Dame de la Cité. Ce fut l'évêque Anselme de Chantemerle qui fonda, en 1415, cette fête solennelle de la Présentation ; il ordonna qu'elle fût célébrée à perpétuité, le 21 novembre, non-seulement dans sa cathédrale, mais encore dans toutes les églises de son diocèse. 

Quant à la Sainte-Cécile, elle est beaucoup plus moderne, comme fête musicale ; ce n'est qu'aux derniers siècles que nous voyons les musiciens de Rennes se réunir à Saint-Pierre le 22 novembre pour y honorer leur patronne. Michel Boisard, semi-prébenbé et recteur de Saint-Hélier, fonda cette fête à la cathédrale vers 1603. 

Les jours qui précèdent la solennité de Noël sont marqués dans la liturgie par le chant des grandes antiennes, appelées vulgairement les 0 de l'Avent, parce qu'elles commencent toutes par cette exclamation. A Rome elles sont au nombre de sept ; toutes ont rapport au grand avènement du fils de Dieu dans le monde. Dans l'église de Rennes on en chantait huit, et par conséquent on les commençait le 16 décembre. Voici comment le manuscrit de 1415 parle de cette coutume : « A cest jour se commencent les OOz de liglise de Rennes ; — pour scavoir qui doit les ouyt (huit) OO de liglise de Rennes. — Le mestre-escolle (c'est-à-dire le scholastique) doit le premier O et ensevantement (ensuite) selond qu'ils sont nommez : l'arcediacre du Désert, l'arcediacre de Rennes, le trésaurier de Rennes, le chantre de Rennes, le Chapitre de Rennes dous OO (deux O) et Monseigneur de Rennes le derrain et ouyctiesme O. Et à celuy derrain O doit estre fourny de quatre torches ardantes aux vespres de celi O, comme au commencement de l'O ; et doivent ardoir (brûler) à complies. Chacun des autres dessus nommez y doivent fournir chacun à son O de douz torches semblables, qui doivent ardoir toutes celles torches de chacun O, en la procession, lorsque len yra aux hosteulx où len tiendra chacun O ; et durant le temps que len sera à les tenir doivent estre alumées »

Ce chant des O de l'Avent se faisait très-solennellement, comme l'on voit, puisque l'on allait en procession avec les torches allumées chez le dignitaire ou le chanoine qui devait les chanter : « Les seigneurs (les chanoines) et les gens de liglise, touz vestuz des draps de liglise, s'en doivent ensemble aler de liglise honestement pour aler au lieu où len tient chacun O ; les torches de l'O doivent estre portées ardantes devant elx, et pour ardoir durant l'O ». Rendus au logis, l'on y chantait non-seulement l'O, mais encore « hignes (hymnes) et chans diglise tant de Noël que d'autres chans diglise », puis celui qui recevait offrait une collation décrite avec une grande naïveté : « Celui qui doit l'O doit bailler et faire servir honestement des bons et des grans vins et suffisans que len puet finer (l'on peut trouver) en la ville et appartenances. Et, à leur venue doivent (les seigneurs et gens de liglise) estre serviz de vin, puis après de bonnes et fines confectures et ensevantement de vin. Et en après raisonnable distance len leur doit bailler et servir bonnes et fines, dragées et confectures, puis après le bon vin. Et au service de l'O et de cestes choses, pourrait len bien qui voudrait, leur bailler neilles (sorte de patisseries légères), gauffres et pain, que a esté bien accoustumé à faire plusours foiz. Et plus revérentement le fait, il fait plus son honour et le honour de liglise. Et durant chaccun O le collége de liglise (c'est-à-dire l'ensemble des chantres et des enfants de la psalette réunis aux chanoines et aux clercs) doit paciennement et revé­rentement se contenir ». Enfin, la cérémonie se terminait en reconduisant chaque chanoine chez lui : « Et au departir de chacun O, il appartient bien et est raisonnable chose accoustumée que les gens du cueur facent compagnie et honnour ès seigneurs de liglise à s'en aler ô eulx à leurs hosteulx et demores, et pour le honour de liglise » (Livre des Usages). 

Noël n'offrait rien en lui-même de très-particulier à Saint-Pierre ; voici comment s'y célébraient la vigile et la fête : 

« Vigilia Nativitatis Domini. — Il y a rasture (c'est-à-dire : ordre à tous les gens du chœur de se faire raser la barbe et la tonsure, sous peine d'être chassés du chœur) générale de tous ceux de liglise ou lesser le cueur et le service de liglise. La messe de vigille doit estre sonnée en double de tous sains (de toutes cloches), et est double de distribucions et ensuilt à la feste de la Nativité ; et y doit le trésaurier de luminaire seix cierges outre son cotidian. Celui trésaurier doit fournir de luminaire à rastel les premières vespres, à matines, ès trois messes et ès secondes vespres, à chacune d'icelles houres, de trente-troys cierges, et ès douz complies de la veille et du jour, à chacunes, quatre cierges. Et n'y a, au jour de Noël, procession ne stacion accoustumée, s'il n'est dimaine (dimanche). Les seigneurs auront chappes d'or, et les gens du cueur chappes de soye. 

« Nativitatis Domini. — Nulle procession ne stacion n'y a. Le trésaurier fournist de luminaire à rastel, comme dit, à chacune complie de quatre cierges et l'ordenement devant dite en la vigile ; et tous les seigneurs doivent estre en chappes d'or et les chapelains en chappes ; les sonneries doubles ô grande solempnité, et les distributions doubles. Et là où elle avendra (viendra) an dimainche, il y a stacion comme au jour de Pasques » (Livre des Usages). 

Il faut remarquer, en effet, que tous les dimanches il y avait régulièrement une procession faite par le clergé de Saint-Pierre ; lorsque le Chapitre n'allait pas dans une église ou une chapelle hors de chez lui, il se rendait processionnellement à un des autels de la cathédrale ; quand arrivait, même sur la semaine, la fête d'un saint dont « l'image » se trouvait à Saint-Pierre, les chanoines allaient également en procession prier an pied de cette statue. 

Le jour Saint-Etienne, le Chapitre se rendait à l'église paroissiale de ce nom. « Ceste feste est double de tous sains et double de distribucions ; et y a procession à Saint-Estienne où est dicte la grant messe de liglise, et à chacun chanoine appartient pour sa procession dous sols, et en celui lieu appartient au Chapitre, qui se distribue entre les présents chanoines et grans chapelains, la moitié de toutes les oblacions quelconques que len donne et présente au grant aulter dudit lieu de Saint-Estienne entre le commancement que None commance à soner à liglise de Rennes le jour de la Nativité Nostre Seignour et le commancement du son de None au jour de ladicte feste de Saint-Estienne » (Livre des Usages). 

A cette époque de l'année avait lieu un des plus curieux usages de l'église de Rennes : nous voulons parler de la fête des Innocents, que M. Paul de la Bigne Villeneuve a le premier rappelée de nos jours dans une intéressante notice en partie reproduite dans ce qui suit.

Expliquons d'abord en quoi consistait cette parodie religieuse, usitée dans beaucoup d'églises au moyen-âge : « La veille ou le jour des Saints Innocents, les enfants et les clercs du choeur, réunis dans l'église, y élisaient un d'entre eux pour évêque des Innocents ; ils l'intronisaient ensuite, en le portant dans l'église, pour simuler l'entrée solennelle des évêques, avec accompagnement d'un cérémonial burlesque. Ce jour-là, les enfants de choeur occupaient les hautes stalles des chanoines, chantaient les antiennes et les répons, dirigeaient l'office au choeur, et leur évêque officiait en costume épiscopal, mître en tête, donnant la bénédiction au peuple et récitant les oraisons ; la journée se terminait par un repas joyeux pris en commun » (M. de la Bigne Villeneuve, Mélange d'Histoire et d'Archéologie bretonnes, II, 110). 

A Rennes, les monuments écrits nous font connaître que la fête des Innocents s'y célébrait de temps immémorial, aux XIVème et XVème siècles. On lit d'abord à ce sujet dans le Livre des Usages : « A celuy jour (23 novembre, fête de saint Clément), fait len l'évesque des Innocents et y doibt avoir des tesmoins ». Et plus loin : « Et à celuy jour (27 décembre, fête de saint Jean l'Evangéliste) va la procession solempnellement à la chapelle de Saint-Saulveur ; et les seigneurs de liglise ont accoustumé faire le servitute pour les enffans du cueur et serviteurs, et y doit entre l'évesque des Innocens, avecques sa compaingnie des chappelains et des clers du coeur. Et, après vespres d'icelui jour, ont accoustumé de aler les seigneurs de liglise en procession à Nostre-Dame de la Cité, pour venir en liglise en la compaingnie de l'évesque des Innocens que len y doit trouver, et au grant de liglise en s'en venant fere stacion et chanter les versets qui y appartiennent »

Le Nécrologe de Saint-Pierre, ms. de 1323, ajoute sous la rubrique des processions usitées dès longtemps par le Chapitre : « Processiones que debent fieri ab antiquo in ecclesia Redonensi et que consueverunt fieri et antiqua consuetudine approbata », que c'était la coutume dès lors d'aller à Notre-Dame de la Cité, la veille de la fête des Innocents, pour l'intronisation du petit évêque : « Et eadem die (in festo beati Johannis evangeliste) apud capellam beate Marie, pro apportando episcopo Innocentium ». Et cette expression prouve même que l'évêque des Innocents était porté ce jour-là sur une chaise d'honneur, à l'imitation de l'évêque de Rennes porté par quatre barons le jour de son entrée solennelle en sa ville épiscopale. 

Une procédure dirigée en 1381 par Raoul Orry, clerc et procureur du Chapitre, contre le prieur de Saint-Cyr, près Rennes, va nous mettre au courant des autres cérémonies qui caractérisaient à Rennes la fête dont nous recherchons les traces. Par une enquête que présente le susdit procureur à l'official de Saint-Brieuc, juge délégué dans cette affaire par l'évêque de Nantes, commissionné du Saint-Siège pour la conservation des droits du Chapitre de Rennes, nous voyons que, la veille du jour des Saints Innocents, l'évêque des Innocents était élu, nommé et institué par les clercs et enfants de choeur de la cathédrale ; que le lendemain, jour de la solennité, le nouvel élu, revêtu du costume épiscopal, chevauchant en tête des autres choristes ses camarades, se dirigeait avec toute sa suite droit au prieuré de Vaulx, membre de l'abbaye de Savigné, à une lieue environ de Rennes ; là le prieur, grangier ou administrateur de Vaulx, en son nom et comme procureur de l'abbé de Savigné, était tenu de délivrer entre les mains de l'évêque des Innocents et de sa compagnie un mouton, appelé chastri dans le langage du temps. Sur ce, la même chevauchée se rendait, dans le même appareil, au prieuré de Saint-Cyr, et le prieur du lieu leur remettait quatre chapons. Nantis de leur recette, l'évêque des Innocents et sa troupe revenaient en ville et procédaient au festin qui terminait la fête. 

En 1381, l'évêque des Innocents élu pour cette année, et dont le nom nous a été conservé par les actes de la procédure, s'appelait Nicolas Le Gainguenis ; il fut obligé de poursuivre judiciairement le prieur de Saint-Cyr pour soutenir ses droits et se faire délivrer ses quatre chapons. 

En 1401, des lettres patentes de Jeanne de Navarre, duchesse de Bretagne, mère et tutrice du duc Jean V, intervinrent en faveur de l'évêque des Innocents et des privilèges du Chapitre de Rennes pour maintenir « les clercs et cuereaux de l'église de Rennes » en possession du droit d'exiger le mouton ou chastri « bon et suffisant » du prieur de Vaulx, qui s'était permis de se faire prier pour acquitter le devoir accoutumé.

Le Chapitre accordait ordinairement chaque année aux gens du bas-choeur et aux enfants de la psallette un écu d'or et quelques boisseaux de froment pour contribuer à la célébration de la fête. On trouve encore une somme de cinq sols portée dans tous les comptes capitulaires pour les gants « pro cirothecis » de l'évêque des Innocents. 

Au XVIème siècle, l'antique cérémonie tomba en désuétude. On en sentit probablement le ridicule, et, en présence des attaques et des critiques amères du protestantisme, on reconnut la nécessité de faire des réformes dans ces usages, où il y avait désormais trop de laisser-aller. On peut suivre la décadence de la fête des Innocents dans les registres des délibérations du vénérable Chapitre. A la date du 20 décembre 1562, on y lit que le Chapitre autorisa encore pour cette année « les enfants de psalette et autres de l'église » à faire la fête des Innocents « en manière accoustumée, fors l'évesque ». Une fois l'évêque, principal personnage de la cavalcade, supprimé, il n'y avait plus qu'un pas à faire pour en finir. Ce pas fut fait : les registres subséquents ne mentionnent plus la célébration de la joyeuse fête des Innocents dans l'église de Rennes (M. de la Bigne Villeneuve, Mélange d'Histoire et d'Archéologie bretonnes, II, 110).

Cependant, au XVIIIème siècle, un dernier souvenir existait encore de cette fête d'antique fondation, et le 16 février 1742 le Chapitre assigna les prieurs de Vaulx et de Saint-Cyr « à payer le mouton et les chapons dus par eux à la psalette, le jour des Saints Innocents »

Retournons à notre Livre des Usages, qui va nous apprendre une autre touchante et pieuse coutume de l'église de Rennes en l'honneur de l'Enfant-Jésus : « Il est d'ordinaire et de coustume que le procheing semadi (samedi) après la Nativité Nostre Seigneur, il y a en liglise de Rennes procession et stacion, après vespres, devant le Crucifix, et par chacun semadi ensuivant, jusques à la Septuagésime, et y est chanté la anthiene O beata infancia »

Le jour de l'Epiphanie, il y avait « procession à Nostre-Dame de la Cité, tous en chappes d'or et de soye, et y aler avant la messe ». A cette même fête, le choeur de Saint-Pierre devait « estre paré de ses draps bien honnestement », c'est-à-dire garni de ses tapisseries, dont plusieurs avaient été données par les ducs de Bretagne. 

A la Purification, le Chapitre se rendait processionnellement à Notre-Dame de la Cité ; il en faisait autant à toutes les fêtes de la Sainte Vierge. Comme nous l'avons dit, cette chapelle de la Cité, berceau du christianisme à Rennes, était grandement honorée par les chanoines, qui avaient coutume d'y réciter les petites heures de Notre-Dame et de s'y rendre souvent en procession, notamment à toutes les grandes fêtes, avant la messe solennelle. 

Au XIIIème siècle, Pierre de Boveroul, archidiacre puis tréso­rier de Rennes, laissa au Chapitre un legs important pour fonder une distribution de pain aux pauvres de Rennes les jours de la Sainte-Agathe (5 février) et de la Chaire de Saint-Pierre à Antioche (22 février). Le Diurnal des Obits de Saint-Pierre nous signale cette aumône dans les termes suivants : « Les jours Sainte-Agathe et la Chaire de Saint-Pierre en février, se doivent departir des miches aux pauvres » (Archives départementales). Les Registres capitulaires complètent ce renseignement trop succinct en nous apprenant qu'en 1483 le Chapitre fit marché avec un boulanger pour ces « charités de pain » : ce boulanger promit de faire de chaque quartier de froment (nota : le quartier comprenait, avons-nous dit, seize boisseaux, et le fondateur avait légué six quartiers pour sa charité) livré par le Chapitre « 750 miches » de « pain bon et compétent de 16 onces en pâte et 14 en pain cuit ». En 1561, on faisait ces pains moins gros, car 950 miches sortaient d'un quartier, ce qui faisait un total de 4.596 petits pains ; ces chiffres montrent avec quelle générosité les pauvres de Rennes étaient traités par le Chapitre, qui déléguait quelques-uns de ses membres pour distribuer eux-mêmes ces aumônes. 

A la fête de saint Grégoire (12 mars) il y avait, en 1415, « procession à Saint-Estienne », et le Chapitre y chantait la grand'messe, « et à chacun chanoine est pour distribucion douz sols ». Plus tard, au XVIème siècle, l'usage s'établit que l'un des chanoines allât ce jour-là célébrer au bourg de Saint-Grégoire la fête patronale et officier à la messe en compagnie de la musique et des enfants de la psallette ; nous avons précédemment expliqué l'origine de ce dernier usage. 

A l'Annonciation (25 mars), la procession avait lieu avant la grand'messe à la chapelle de Notre-Dame de la Cité. 

Entrons maintenant en carême : « Il est notable que au premier jour de karesme, jour des sainctes cendres, len va premièrement au sermon et dilec (de là) à la absolution, et puis en procession à la porte de liglise et mect len (l'on met) les pénitenciers hors de liglise ; oultre len va à la Cité en procession et y est baillée la cendre, et au revenir len va à la grant messe de liglise »

Le Missel de Mgr Aymar Hennequin (1588) nous donne quelques intéressants détails sur la cérémonie de ce jour, et nous montre qu'à cette époque les pénitences publiques exis­taient encore dans l'église de Rennes : « Benedictio cinerum : omnibus horis canonicis dictis usque ad vesperas, fit cinerum benedictio per majorem Dignitatem Ecclesiœ. Deinde fit concio ad populum, qua finita, recitantur septem psalmi pœnitentiales et datur absolutio ; deinde adducuntur pœnitentes a Pœnitentiario ad Dignitatem ut, ab ea acceptis cineribus, templum exeant ad agendam pœnitentiam ; omnibus peractis, fit processio, cantando antiphonas et responsoria, ad capellam Beatœ Mariœ sitam in Civitate. Deinde revertitur ad ecclesiam, cantando litaniam, et dantur cineres primo dominis canonicis cœterisque ecclesiœ ministris, demum omni populo ; quo facto incipiatur missa » (nota : Missel faisant partie de la bibliothèque du cardinal Saint-Marc, léguée par S. Em. au Grand-Séminaire. — On voit par ces textes que la distribution des cendres, faite primitivement à la chapelle de la Cité, se faisait au XVIème siècle à la cathédrale même). 

Il était aussi d'usage de faire des processions tous les mercredis et vendredis de carême ; le Manuale Redonense (nota : la bibliothèque de la ville de Vitré possède un exemplaire de ce livre liturgique, imprimé au XVIème siècle) dit qu'on y chantait les sept psaulmes de la pénitence et les litanies des saints, et le Livre des Usages nous fait connaître l'ordre des stations. 

« Les processions que len fait en karesme en liglise de Rennes

— Le mercredi après lnvocavit me, à la chappelle de Saint-Martin ; 

— Le vendredi ensuivant, à la chappelle de Saint-Moran ; 

— Le mercredi après Reminiscere, à la chappelle de Saint-Denis ; 

— Le vendredi ensuivant, à la chappelle de Saint-Melaine-le-Petit ; 

— Le mercredi après Oculi mei, à la chappelle de Saint-Erblon ; 

— Le vendredi ensuivant, à la chappelle de Saint-Saulvour ; 

— Le mercredi après Lœtare Jerusalem, à la chappelle de Saint-Guillaume ; 

— Le vendredi ensuivant, à la chappelle de la Cité ; 

— Le vendredi après Judica me, qui est avant Pasques fleuries, procession à la chappelle de Saint-Exupère, quelle procession fondée par Mtre Jehan de Beaumont, chanoine ». 

Nota : ces chapelles étaient situées comme suit : Saint-Martin et Saint-Moran, rue de la Cordonnerie (nunc rue de la Monnaie), — Saint-Denis, rue des Dames, — Saint-Melaine-le-Petit, rue du Chapitre, — Saint-Erblon, rue Saint-Sauveur, — Saint-Sauveur et Saint-Guillaume, rues de mêmes noms, — la Cité, rue de la Cordonnerie, — et Saint-Exupère, rue Saint-Yves. 

Les cérémonies de la Semaine-Sainte méritent tout particulièrement notre attention ; voici comment le Livre des Usages les annonce : « Toute l'ordrenance de la feste de Pasques à commancer le jour de Pasques flories et chacun jour de la semaine penouse »

On sait que le nom de Pâques fleuries a désigné, dès le XIème siècle, le dimanche des Rameaux, à cause de la procession qui se fait en ce jour avec des palmes, des rameaux et des fleurs. Quant à la semaine penouse, hebdomada pœnosa, on appelait ainsi jadis la Semaine-Sainte, à cause du souvenir des souffrances de Notre-Seigneur et de sa mort sur la croix, aussi bien que des jeûnes et des oeuvres de pénitence qui doivent consacrer en ces jours la mémoire de la Passion. 

Le jour de « Pasques flories » voici donc les rites observés à Saint-Pierre de Rennes : « Et premier len benesquit (l'on bénit) les rameaux à liglise, et dilec len sen va à Saint-Estienne en procession ô les rameaulx, au sermon et au salut de la croez (croix) et puis, du revenir, len dit à liglise la messe et l'office de la Passion Nostre-Seigneur »

Remarquons en passant combien fréquemment le Chapitre se rendait en procession à Saint-Etienne ; cela seul prouve l'antiquité et l'importance primitive de cette paroisse, regardée alors comme la première de Rennes. 

Le mercredi de la sepmaine penouse « cessent les houres de Nostre-Dame en cueur (c'est-à-dire l'office de la Sainte Vierge que les chanoines récitaient en outre de leur office canonial, comme font encore beaucoup de religieux) jucques au lundi de Quasimodo. Et aux matines et ténèbres que len dit celui jour de mer­credi, le trésaurier y doit treze cierges, chacun de demie livre »

Le Jeudy absolu, c'est-à-dire le Jeudi-Saint, « après prime et tierce dictes, va la procession à la porte de liglise pour mettre les pénitenciers en liglise ». Il s'agit ici de l'absolution des pénitents ou pécheurs publics repentants, mis hors de l'église le jour des Cendres et réconciliés solennellement le Jeudi-Saint, ce qui faisait appeler ce dernier jour le Jeudy absolu. Le Missel d'Aymar Hennequin nous décrit comme il suit cette touchante cérémonie, en 1588 : « Finito pulsu cam­panœ, pœnitentibus congregatis ante fores ecclesiœ, omnibusque ecclesiasticis in medio navis ecclesiœ stantibus, introducantur pœnitentes et a Pœnitentiario presententur Episcopo vel majori dignitati. Immediate fit processio ad capellam, B. M. sitam in Civitate, post cujus regressum statim fit sermo ad populum, quo finito dicitur et datur ab Episcopo vel majori dignitate abso­lutio pœnitentibus »

Le Livre des Usages, expliquant cette même cérémonie de l'absolution des pénitents, continue en ces termes : « Et puis sen va len à la chappelle de la Cité ; et puis du revenir len vient au sermon où il n'a point de distribucion et va len à la absoluccion en après et dilec à la messe et au service du cresme. Et à la messe du jour le trésaurier doit fournir de quatre cierges pour l'auter et doit fournir à la procession du cresme que len fait par liglise de sept cierges. Il est bien vray que la distribucion de mettre les pénitanciers en liglise vault à chacun chanoine deiz et ouyct (18) deniers, et celle d'aler à N.-D. de la Cité vault seix deniers ; item la procession que len fait à liglise durant la messe vault à chacun chanoine deiz et ouyct deniers ; item celui jour, après disner, la procession doit estre ordrenée à laver les aultex (les autels) ; item ès ténèbres et matines que len dit celui jour du jeudi, le trésaurier y doit fournir de treze cierges, chacun de demie livre, et la distribution est double »

Observons ici que le saint chrême se faisait dans la chapelle de la Cité, et qu'on l'apportait ensuite processionnellement à la cathédrale : « Die Jovis sancta, processio vadit ad capellam beate Marie pro chrismate conficiendo ; et eadem die fit processio in ecclesia Redonensi et in capella Episcopi pro altaribus lavandis ». L'on voit aussi par ce texte, qui est de 1323, que la procession se rendait encore le même jour à la chapelle du manoir épiscopal. D'un autre côté, le Missel d'Aymar Hennequin nous apprend qu'on lavait solennellement, ce jour-là, tous les autels avec de l'eau et du vin : « Post missam et ves­peras denudentur altaria abluenda ; hora autem tertia a meri­die, conveniant presbyteri et clerici ad ecclesiam ad lavanda altaria cum vino et aqua. Et cantor incipiat ante majus altare responsum in monte oliveti ; deinde cantetur antiphona cum versu et collecta sancti in cujus honore dedicatur altare ; quod fit ante quodlibet altare »

« Le vendredi aouré et benoist (le Vendredi-Saint) les distribucions en sont doubles et y doit fournir le trésaurier, au mystère du jour, de quatre cierges, et y a procession par la Cerche (nota : La Cherche, ou recherche du choeur, « circata, circuitus » était le collatéral régnant autour de l'abside de Saint-Pierre. On y allait chercher la croix pour la présenter à l'adoration du peuple : Die veneris sancta fit processio in Chercha pro cruce asportanda ad chorum ut adoretur) ; et doit estre portée la croez par un des seigneurs de liglise couverte jusques à l'entrée du cueur, que celui qui fait le mistère de l'auter la va encontrez et querre (la va chercher) à l'entrée du cueur. Et à ténèbres celui trésaurier doit fournir de luminaire de treze cierges... et celui jour len doit monstrer et apparoir les reliques ovecques la châsse de saint Goulvin

« Le semadi veille de Pasques, après que len a leu (lu) les prophéties et fait en cueur la stacion de la letanie, len va en procession feire les fons (c'est-à-dire bénir les fonts baptismaux) ; et les prieurs de Saint-Denis, de Saint-Moran et de Saint-Martin ont accoustumé à y porter les empoulles ; et celui jour est double de sonnerie et de distribucion et doit fournir le trésaurier de seix cierges, à la messe et à vespres, en oultre les deuz cierges du cotidian qu'il doit ; item celui semadi à complie doit fournir celui trésaurier de quatre cierges et va len celui semadi, après complie, en procession et stacion solempnelle en chappes d'or et de saye devant le crucifist et non ailleurs, et vault celle procession à chacun chanoine deiz et ouyt deniers ; le cueur doit estre paré et tendu de ses draps moult honnestement ; la complie dicelui semadi doit estre sonnée ô prime et ô mathelin (il s'agit de deux noms de cloche) et puis ô les deux gros sains de la tour » (Livre des Usages). 

Entrons maintenant dans la semaine de Pâques : 

« Le jour de Pasques est double de toutes choses, de sonnerie et de distribucions, ô la plus grant solempnité que len puet (que l'on peut). Et avant la messe n'a stacion ne y a procession ». Mais après dîner il y avait procession et sermon, « die Pasche fit processio ad sermonem audiendum », et « après vespres, celui jour, il y a procession solempnelle en chappes d'or et de saye à aller ès fons ô le cierge benoist et ô les empoules que ont accoustumé à porter lesdiz prieurs de Saint-Denis, Saint-Moran et Saint-Martin et y a distribucion de seix deniers pour chacun chanoine et fait len stacion devant le crucifist, et y dit len les versez accoustumés Exultemus ; et il y a rastel entièrement celui jour et à complie quatre cierges ; à celui jour doivent estre monstrées toutes reliques ès deux aultex dune et autre partie de lentree du cueur

« Le lundi de Pasques est double de sonnerie et de distribucions, et va la procession à Saint-Melaine chanter la grant messe, touz en chappes, si le temps n'empesche à porter chappes ; et chacun des chanoines a deux sols de distribucion ; item après vespres dicelui jour, il y a procession ès fons et stacion tout en la manière du jour de Pasques

« Le mardi de Pasques est double semblablement de sonnerie et de distribucion et va la procession à Saint-George en chappes semblablement et dire la grant messe, et distribucion de deux sols à chacun chanoine. Et à celui jour et lieu l'abesse et couvent de Saint-George doivent au colège de liglise de Rennes bouillie de froment eu leit (au lait) preste à manger et bien honnestement fecte et bien appareillée ; et au vespre dicelui jour, après vespres de liglise len va en procession ès fons en chappes, et semblablement et ô semblable distribucion selon le jour de Pasques, et stacion devant le crucifist ; et le trésaurier doit fournir de luminaire comme au devant dit lundi. 

« Le mercredi de Pasques et touz les aultres jours de la sepmaine de Pasques jusques au semadi ne sont plus doubles de sonnerie ne de distribucions ordinaires, et y a procession ès fons et stacion en la manière devant dite ô la distribucion de seix deniers, et le chappelain qui fait l'office, les deux bacheliers et ceux qui portent les empoules y doivent porter chappes et non aultres » (Livre des Usages).

« On voit dans ce texte, dit avec raison M. de la Bigne Villeneuve, et en le conférant avec les anciens rituels de l'église de Tours, que le cérémonial observé à Rennes pour la Semaine-Sainte et les fêtes de Pâques se rapprochait beaucoup des usages suivis dans l'église métropolitaine de Saint-Martin : notamment la coutume immémoriale de ces processions solennelles aux fonts baptismaux, pendant les vêpres du jour de Pâques et des jours suivants, se retrouve consignée dans l'ancien Ordinaire de Tours cité par dom Martène. Elle semble même prendre son origine au berceau du christianisme dans nos contrées, car saint Paulin y fait allusion dans la Vie de saint Martin, et saint Grégoire de Tours en parle comme d'une coutume adoptée de son temps » (Mélange d'Histoire et d'Archéologie bretonnes, II, 124). 

« Le dimanche de Quasimodo est double de tous sains et de distribucion et après disner len doibt sonner un des gros sains et lors les seigneurs et les aultres gens de liglise se doivent assembler en liglise et aler à Saint-Estienne férir (frapper) les pelotes, de quoy le curé de Saint-Estienne doit fournir à chascun de liglise de trois pelotes à ses despens. Et le sourchantre de liglise doit fournir de barrel de boays ô quoy férir les pelotes ; et doit bailler et geter les pelotes à chescun pour les pouair (pouvoir) férir. Et à ceul jour et lieu, le curé de Saint-Estienne doit paier au Chappitre de Rennes deux florencées et demie d'or, ou, s'il ne puet les trouver, le pris d'icelles florencées par monoye, second qu'ils pourront valoir, dont les seigneurs et grans chappelains ont une florencée et demie, et les moindres chappelains et les enffenz du cueur en ont une florencée à despartir entr'eulx par moitié. Et le trésaurier doit fournir à liglise de luminaire scavoir treze cierges, etc. » (Livre des Usages). 

Nous avons déjà vu le Chapitre se rendre processionnellement devant le Crucifix honoré spécialement à un autel de la cathédrale ; de même qu'à Noël il allait y chanter la sainte enfance du Sauveur, de même à Pâques il s'y rendait pour célébrer sa résurrection glorieuse : « Le sabmadi devant Quasimodo y doit estre stacion devant le Crucifist et doit len y chanter : Christus resurgens, etc., par les bacheliers à genoux, dicant deo, dicant nunc, et ô le luminaire, et puis après : respexit. Et en celuy jour de dimainche de Quasimodo il y a stacion devant le Crucifist avant la grant messe et en y alant len doit chanter le repons de sedit angelus ad sepulcrum, et par dous bacheliers doit estre chanté crucifixum in carne deus qui hodierna die, etc. »

Nous avons voulu donner sans interruption le tableau complet de la semaine de Pâques à Rennes au XVème siècle ; fermons pour quelques instants notre manuscrit, et, revenant un peu sur nos pas, expliquons ces deux singuliers usages que nous y avons trouvé mentionnés : la bouillie due par l'abbesse de Saint-Georges et les pelotes fournies par le curé de Saint-Etienne. Ici encore nous allons avoir recours à l'érudition de M. Paul de la Bigne Villeneuve. 

La bouillie de Saint-Georges était une redevance, une sorte de prestation féodale que le monastère de ce nom payait chaque année au Chapitre de Rennes, le mardi de Pâques, ainsi que nous venons da le constater dans le Livre des Usages de 1415. 

L'origine de cette coutume, qui paraît assez bizarre, ne nous est pas connue. M. Marteville, dans ses annotations sur Ogée, article RENNES, émet l'idée que cet usage pourrait avoir quelque rapport avec la donation de la paroisse de Saint-Pierre-du-Marché (nota : Il ne faut pas confondre la cathédrale Saint-Pierre, qui ne fut jamais église paroissiale, avec l'église de la paroisse Saint-Pierre-du-Marché ou Saint-Pierre-en-Saint-Georges, qui avoisinait l'abbaye de Saint-Georges) à l'abbaye de Saint-Georges ; mais on ne peut guère accepter cette hypothèse, car, aux termes d'un acte du XIème siècle, l'église de Saint-Pierre, située dans un faubourg de Rennes, fut donnée à l'abbaye de Saint-Georges non pas par le Chapitre de la cathédrale, mais par le duc de Bretagne Alain III. Cette bouillie ne rappelle-t-elle pas plutôt un repas dû anciennement au Chapitre par l'abbesse de Saint-Georges, repas analogue à celui que devait au même Chapitre, dans de semblables circonstances, l'abbé de Saint-Melaine ? Dans cette supposition, le dîner de Saint-Georges eût été aboli par l'évêque de Rennes à la même époque (1293) et pour les mêmes raisons que le dîner de Saint-Melaine, et remplacé ici par une rente de 12 livres et là par un plat de bouillie.

Quoi qu'il en soit, le droit du Chapitre à se faire présenter tous les mardis de Pâques une bassinée de bouillie était incontestable et s'exerça chaque année, avec une grande régu­larité, jusqu'à la fin du XVIIIème siècle. On en dressait procès-verbal, et dans les Registres capitulaires on retrouve plusieurs spécimens de ces actes authentiques constatant le droit du Chapitre et l'exercice annuel qui en était fait. Nous emprun­tons à un de ces procès-verbaux, dressé le mardi de Pâques, 16 avril 1476, les détails curieux de cette cérémonie ; nous traduisons sur le texte latin : 

« L'an de Notre-Seigneur 1476, le mardi après la fête de la Résurrection de Notre-Seigneur, seizième jour du mois d'avril, indiction IX, la cinquième année du pontificat de Notre-Très-Saint-Père en J.-C. et seigneur Sixte IV, par la divine Providence pape, pendant la célébration de la grand'messe de ce jour que le collège de l'église de Rennes était venu processionnellement, selon la coutume, célébrer à l'autel de l'église du monastère de Saint-Georges, vénérable Messire Maître Jehan Hollier, chanoine de ladite église de Rennes, comparut dans le cloître dudit monastère, en présence de vénérables Messires Maîtres Jehan du Loquet et Jehan Bouëdrier, chanoines de la même église ; lequel Hollier trouvant dans ce cloître une grande bassinée de bouillie de lait et de fleur de froment cuite, comme il lui sembla, et un peu urcée ou brûlée, « una magna patellata bullie lactis et floris frumenti cocta, prout apparebat, et modicum ussata seu assata », il demanda, au nom du vénérable Chapitre de l'église de Rennes, à honorables et religieuses dames Guillemette de la Moussaye, cellérière, et Julienne Péan, sous-cellérière dudit monastère de l'ordre de saint Benoît, si la susdite bassinée de bouillie était bien la bassinée de bouillie qui, en ce jour et à cette heure, était due par les vénérables dames l'abbesse et le couvent dudit monastère au susdit Chapitre de Rennes, selon l'usage anciennement observé. Ladite dame Guillemette, assistée de ladite Julienne, répondit qu'elle n'avouait pas qu'il y eût quelque chose de dû, mais qu'elle offrait, selon l'usage, et baillait à la susdite église la présente bassinée de bouillie convenablement préparée. Ces explications échangées, les gens du choeur de l'église de Rennes s'approchèrent de la bassinée de bouillie, en prirent autant qu'ils voulurent dans de grandes écuelles, avec des cuillers de bois, et l'emportèrent avec eux, « quibus dictis, choriste dicte ecclesie Re­donensis de ipsa patellata bullie, prout et quantum voluerunt, in et cum magnis scutellis et coclearibus ligneis ceperunt et secum detulerunt ». Donné, comme dessus, en présence des susdits seigneurs, ainsi que de Jehan Bretaigne et de Michel Le Saige, clercs du diocèse de Rennes, de Maitre Jehan Hervoche, du diocèse de Vannes, de Jehan Simon, du diocèse de Saint-Malo, et de plusieurs autres témoins à ce appelés et requis. — G. Roumé, clerc du diocèse de Rennes, notaire public par l'autorité impériale et scribe de mesdits seigneurs du Chapitre, ai signé le présent acte pour minute » (M. P. de la Bigne Villeneuve, Mélange d'Histoire et d'Archéologie bretonnes, I, 278). 

On a beaucoup exagéré la singularité de cette coutume ; remarquons, en effet, que les chanoines ne touchaient pas eux-mêmes à la bouillie présentée, mais l'abandonnaient aux gens du choeur, aux clercs et aux enfants de la psallette, « choriste », ou bien la faisaient distribuer aux, pauvres, ainsi que le constate un autre procès-verbal du 23 avril 1526. 

Arrivons aux pelotes de Saint-Etienne

« De vieux et anciens auteurs liturgiques, dit encore M. de la Bigne Villeneuve, Jean Beleth, qui vivait au XIIème siècle, et Guillaume Durand , évêque de Mende, qui florissait au XIIIème siècle, parlent du jeu de paume ou de la balle, pila, pelota, dont les évêques et archevêques ne dédaignaient pas de jouer quelques parties, en certaines fêtes solennelles, avec leurs inférieurs. Dans quelques Eglises, c'était à Noël, dans d'autres aux fêtes de Pâques, que la coutume autorisait cette dérogation à la gravité cléricale. Ces jeux, qui ne semblaient pas alors malséants pour les ecclésiastiques, avaient succédé à des réjouissances pieuses qui tiraient leur origine de la ferveur des premiers siècles. La fête de Pâques, principalement, avait toujours eu le privilège d'inspirer aux fidèles une pure allégresse, que la naïveté des siècles de foi traduisit en démonstrations joyeuses. Il ne faut pas juger avec les idées de nos jours ces vieilles coutumes, ni s'en scandaliser mal à propos. L'Eglise d'Auxerre est citée par Ducange comme ayant conservé jusqu'en 1538 la tradition du jeu de la pelote, qui faisait, dès le XIVème siècle, l'objet d'un article dans les statuts du Chapitre de cette Eglise » (Mélange d'Histoire et d'Archéologie bretonnes, II, 265). 

Une tradition analogue et l'usage d'un jeu semblable remontent aussi à des temps très-reculés dans l'Eglise de Rennes. 

Nous avons vu, dans l'extrait du Livre des Usages qui précède, que le Chapitre avait réglé tout le cérémonial de la remise des pelotes par le curé de Saint-Etienne, le jour de la Quasimodo. Ce règlement est de 1415, et les florins de redevance payables au Chapitre, « deux florencées et demie d'or », accompagnant les pelotes, pourraient servir à dater l'introduction de cette coutume à Rennes, si l'on savait pré­cisément à quelle époque on a commencé à y compter par florins. Le Blanc, dans son Traité des Monnaies, dit que la première mention connue des florins, dans les chartes, remonte à l'an 1068 ; mais Villani prétend, au contraire, qu'on n'a commencé à en frapper qu'en 1352. 

Quoi qu'il en soit, chaque année le Chapitre était fidèle à l'observance du cérémonial des pelotes et de la perception du tribut sus-indiqué. On en dressait procès-verbal chaque dimanche de la Quasimodo. Les Registres capitulaires en fournissent un grand nombre ; voici la traduction d'une de ces pièces : 

« L'an du Seigneur 1484, le dimanche de la Quasimodo, vingt-cinquième jour d'avril, indiction deuxième, etc., dans le chancel de l'église de Saint-Etienne, auprès du grand autel, se sont assemblés et ont comparu, au son de la grosse cloche de l'église de Rennes, Révérend Père en Jésus-Christ Messire Michel (Guibé), par la grâce de Dieu et du Saint-Siège apostolique, évêque de Rennes, ainsi que Maîtres Gilles de la Rivière, archidiacre et chanoine ; Robert Ferré, Jehan Hollier, Guillaume de la Rivière, Jean Bouëdrier, Jean Le Veyer et Pierre Méhaud, chanoines de ladite église de Rennes, représentant le Chapitre de la même église ; Jean Jarnigon et Olivier Drouet, grands-chapelains ; Jean Guy, prieur de Saint-Denis ; Jean de la Haye, prieur de Saint-Modéran, et Jean Daré, prieur de Saint-Martin, avec les prêtres et les clercs choristes de ladite église : en leur présence a été évoqué le vicaire de ladite église de Saint-Etienne. A cette évocation, Maître Jean Gilles a répondu être le procurateur du recteur de ladite église ; ultérieurement interrogé où étaient les deux florencées (ou florins) et demie d'or et les pelotes que ledit vicaire devait audit Chapitre, ledit Gilles a répondu avoir payé en monnoie lesdites deux florencées et demie d'or entre les mains de dom Jean Bretaigne, prêtre prévôt dudit Chapitre, selon l'usage ; comme aussi ledit prévôt a reconnu et confessé les avoir reçues. Ensuite le susdit procurateur a exhibé une grande quantité de pelotes de diverses couleurs, lesquelles doivent être lancées, selon la coutume, par lesdits seigneurs du Chapitre et leur compagnie, dans le cimetière de ladite église, et servies avec la raquette par le sous-chantre ou son remplaçant, aussi de la manière accoutumée. Et après les avoir présentées, ledit Gilles, procurateur dénommé, les a distribuées réellement et de fait, savoir : six pelotes au seigneur évêque, et trois à chacun des autres membres du collège de ladite église, et il les a remises aux mains dudit Féloc, audit nom, lequel doit en faire le service et celui de la raquette, afin que ledit seigneur évêque et les autres susdits réunis et présents dans ledit cimetière puissent frapper et lancer lesdites pelotes. — Fait au chancel de ladite église de Saint-Etienne et dans le cimetière, en présence de nobles hommes Guillaume Le Conte et Pierre Brahart, tabel­lions et passeurs des contrats de la Cour séculière de Rennes, avec plusieurs autres témoins à ce appelés et requis en grant nombre » (Mélange d'Histoire et d'Archéologie bretonnes, II, 266-267). 

Des procès-verbaux semblables étaient dressés chaque année ; le plus récent est de 1564. Les lacunes existant dans la collection des Registres capitulaires postérieurement à cette date ne permettent pas de constater à quelle époque l'usage de la cérémonie des pelotes de Saint-Etienne fut aboli. Mais il reste constant que l'Eglise de Rennes la pratiquait encore longtemps après qu'elle eut été supprimée à Auxerre.

Reprenons la lecture du Livre des Usages, en passant tout de suite au 25 avril : S. Marci Evangeliste, letania major, eodem die vigilia. — Double de distribucion et demi double de sonnerie ; il y a celui jour procession et prédicacion à Saint-Thomas (nota : Saint-Thomas était une chapelle située dans la rue de ce nom ; après la destruction de ce sanctuaire, les processions qui s'y faisaient se rendirent à l'église conven­tuelle des Carmes ou à celle des Jésuites, dans le méme quartier) et y dit len la grant messe et à chacun chanoine y a deux sols de distribucion pour procession, len y porte la châsse et les banières... et à celui jour les religieuses de Saint-George doivent la grant messe an grant aulter de liglise de Rennes

« lnvencio Sancte Crucis. — Il est double de tous sains et de distribucion. Au vespre y a procession devant le Crucifist et au jour y a procession à Saint-Morran de doze deniers à chacun chanoine... iceluy jour les reliques doivent estre apparues avecque la Vroye-Croez estre bien mise honnestement et honnorablement » (Livre des Usages). 

A la translation des reliques de saint Nicolas (9 mai), Jacques Cadier, chanoine et recteur de Toussaints, fonda plus tard, en 1553, une procession du Chapitre à l'église de Toussaints, avec, au retour, une grand'messe et un obit dans la cathédrale ; le recteur de Toussaints était tenu de se trouver à cette dernière cérémonie. Enfin, au jour de la translation de saint Modéran (16 mai), les chanoines se rendaient processionnellement, en 1415, à la chapelle priorale de ce nom. 

Les processions des Rogations présentaient quelques particularités. Voici leur ordonnance au XVème siècle : « Le lundi après Vocem joconditatis comancent les rogacions et onze jours ainsi appeliez, et celui jour la procession de liglise, le peuple et les enffans des escolles de Rennes doivent aler en procession ordrenée à Saint-Cire et y estre ditte la grant messe de liglise de Rennes, et à lissue dicelle messe le priour de Saint-Cire doit poier à liglise de Rennes en la recepte et office du trésaurier une livre denczens, et ainsi à estre continué, et y doivent porter de droiture ancienne en la procession la châsse de saint Goulvin les curés de Saint-Estienne et de Saint-Albin et la rendre à liglise, et y a à chacun chanoine de distribucion deux sols pour procession et les religieuses de Saint-George viennent à procession à liglise et y est ditte leur grant messe. 

« Le mardi ensevant la procession va à Saint-Melaine ô la châsse que y sont tenuz porter et rendre à liglise, comme dit est, les rectours de Saint-Martin et de Saint-Jehan et y est ditte la grant messe de liglise de Rennes, et pour la procession chacun chanoine y a deux sols ; et par semblable comme lesdites religieuses viennent à cest jour (à Saint-Pierre) les religieux de Saint-Melaine. Ces dernières lignes, mentionnant les processions de Saint-Georges et de Saint-Melaine à la cathédrale à l'époque des Rogations, sont d'une écriture contemporaine, mais différente cependant du reste du manuscrit de 1415. 

« Le mercredi ensevant va la procession à Saint-George et y doit len dire la grant messe de liglise, et y a distribucion pour la procession de deux sols à chacun chanoine ; et y portent et rapportent celle châsse que sont tenuz fère les curés de Saint-Laurens et de Saint-George »

Le jour même de l'Ascension, la procession du Chapitre se rendait à Notre-Dame de la Cité, et le lendemain « vendredi après l'Ascension va la procession solempnelle à la Magdelaine et y doivent estre les religieux de Saint-Melaine et les religieuses de Saint-George et y dit len la grant messe auquel lieu sont tenuz porter la châsse les rectours de Toussaincts et de Saint-Ellier »

Enfin « le vendredi prochain devant la Penthecouste la procession de liglise va à Saint-Thomas, là où len dit la grant messe ; les religieux de Saint-Melaine se y rendent ; à cieul lieu len porte la châsse de saint Golvin par le rectour de Saint-Germain et une personne que Chappitre y ordrene ; chacun chanoine y a deux sols de distribution » (Livre des Usages).

L'on voit, par ce qui précède, que l'on faisait à Rennes cinq processions des Rogations, et qu'on donnait ce dernier nom aux onze jours qui, avec l'Ascension, précédaient les fêtes de la Pentecôte. Les Registres capitulaires renferment quelques procès-verbaux relatant le devoir du prieur de Saint-Cyr envers le Chapitre ; ainsi l'un d'eux nous apprend que le 20 mai 1476, « à l'issue de la grand'messe et procession célébrées à haute voix dans la chapelle du prieuré de Saint-Cyr, Guillaume Chauvaingnère, au nom de frère Armel de Parthenay, prieur dudit prieuré, paya entre les mains des représentants du Chapitre, Maîtres Robert Ferré, Etienne Guillemier et Gilles de la Ripvière, une livre d'encens qu'il reconnut être due par ledit prieur auxdits chanoines ». Cette redevance d'encens datait de 1105, époque à laquelle le Chapitre et les religieux de Saint-Cyr firent un accord dont nous aurons occasion de parler plus tard. 

La châsse de saint Golven, renfermant les reliques de ce bienheureux évêque de Léon, mort à Saint-Melaine, ou plutôt dans les dépendances de Saint- Melaine, en la paroisse de Saint-Didier, était portée, à toutes les processions solennelles faites par le Chapitre, par les recteurs des neuf paroisses que Rennes renfermait à cette époque. Puisque l'occasion de parler de ces recteurs se présente, disons tout de suite quelles étaient leurs obligations vis-à-vis du Chapitre à cette même date de 1415 : nous allons voir qu'ils étaient tenus à assister à certains offices de la cathédrale tous les samedis et tous les dimanches. « Pour savoir que les neuff rectours des neuff paroaisses de Rennes sont tenuz fère à liglise de Rennes entre autres choses : Cielx neuff rectours des neuff paroaisses de Rennes, par elx et par leurs chappelains servitours èsdictes cures qui les en poent excuser, sont tenuz à liglise de Rennes à y estre à Vespres du semadi par chacun semadi de lan, et à chacun dimainche à Matines jusques à Te deum laudamus, et puis à chacun dimainche y estre à la procession et stacion que len fait à liglise de Rennes avant la grant messe. Oultre ce, sont tenuz lesditz rectours estre ès processions solempnelles que liglise fait quelles len lour fait savoir (que l'on leur fait savoir). Item sont tenuz estre à la grant messe de liglise de Rennes du vendredi devant judica me, perpetuellement chacun an, et pour chanter au letrin l'offerande de collegerunt ; mesme sont tenuz lesditz neuf rectours par elx ou lours diz chappellains porter la châsse sainct Goulvin ès processions de liglise ou temps des Rogacions selond quil est aillours déclaré ; et est bien assavoir que pour chacun deffault desdites choses fère et pour chacune foiz il y a paine de seix deniers monnaye y estre paiez par l'ordrenance du Chappitre de Rennes au proffit de la fabrique de liglise de Rennes, sauff plus grant paine vers celx qui en seront contumalx et le contrarieront dont le Chappitre a lauttorité et la poursieulte » (Livre des Usages).

Cette poursuite fut faite en 1678 par le Chapitre devant le Présidial de Rennes, contre les recteurs de Saint-Etienne, Saint-Martin, Saint-Georges et Saint-Laurent, qui avaient refusé de porter et de fournir des prêtres pour porter à leur  place les reliques aux processions des Rogations, comme ils y étaient obligés. 

Les fêtes de la Pentecôte ne nous offrent rien de bien saillant, sauf le Denier du Saint-Esprit, dont il a déjà été question à propos du Chapitre. 

«Le semadi veille de la Penthecouste... Après la procession ordrenee len va feire les fons, dont il appartient à chacun chanoine deiz et ouyt deniers de distribucion, et y doivent estre portées les empoules par les priours de Saint-Denis, de Saint-Morran et de Saint-Martin ainsi accoustumé le ferre ; aussy y doit estre porté le cierge benoist. La messe est double ; il y a rasture général à touz ceulx de liglise ou autrement cesser le cueur. Le trésaurier doit fournir de luminaire à celle feste scavoir à la messe de la vigille de seix cierges oultre son cotidian et aux premières vespres de trante et troys cierges ô rastel accoustumé, etc... le cueur doit estre paré bien honnestement de ses draps. 

« Le jour de la Penthecouste est double de tous sains et de distribucions ô ses appartenances et y a procession solempnelle à la chappelle de la Cité touz en chappes d'or et de saye, et au revenir station au grant de liglise ô distribucion à chacun chanoine de doze deniers ; le trésaurier doit fournir de luminaire à rastel qui est trante et troys cierges à chacune des principales houres accoustumées et ès complies de quatre cierges ; à celui jour les reliques doivent estre apparues et monstrées. 

« Le lundi et le mardi de la Penthecouste ensevans sont doubles de sonneries et de distribucions, et à celui jour sont tenuz à venir en processions solempnelles ô les croez et banières les neuff rectours des neuff paroaisses de Rennes avecque leur peuple et y poier (payer) chacun un denier quils y doivent et qui est appelé le denier de saint Esprit ; et y doit le trésaurier le luminaire de treize cierges à chacune des principales houres et à chacune des complies lieux cierges. 

« Le semadi ensevant qui est le jour des sainctes ordres chacun chanoine y a, à cause de ce, deiz et ouyt deniers de distribucion » (Livre des Usages).

Le dimanche suivant commençaient les trois fêtes de la Sainte Trinité : « Tria sunt festa Trinitatis », est-il écrit en marge du manuscrit de 1323, qui s'explique lui-même non moins clairement, car il dit : « In tribus festivitatibus Trinitatis vadat processio ad Sanctum Salvatorem ». Et ailleurs « In festivitatibus Trinitatis que sunt tres ». Ainsi, à cette époque, on faisait à Rennes trois fêtes et trois processions à la chapelle Saint-Sauveur pour honorer les trois Personnes Divines. Le Livre des Usages, moins explicite, se contente de mentionner la procession du premier jour, c'est-à-dire du dimanche ; peut-être, d'ailleurs, ne faisait-on plus qu'elle en 1415 : « Le dimanche (de la Trinité), dit-il, y a procession à aler à la chapelle de Saint-Saulveur et revient len à la grant yglise dire la messe, et chacun chanoine y a pour ce doze deniers, en oultre (de) la procession de la Cherche »

La fête du Saint-Sacrement ou Fête-Dieu fut d'abord célébrée dans le diocèse de Liège, en 1246, sur les révélations d'une pieuse recluse ; instituée par le pape Urbain IV, en 1264, cette solennité fut confirmée au Concile de Vienne en 1311, et par le pape Jean XXII en 1318. Ce fut à cette dernière époque que, sous l'épiscopat de Alain III de Châteaugiron, le Chapitre de Rennes établit dans notre ville cette belle fête du Sacre, fondation mentionnée par lui dans les termes suivants : « Ad honorem Omnipotentis Dei et ut animabus nostris salubriter consulatur, in nostro capitulo generali, die martii post festum Ste Trinitatis, anno Dei 1318, fuit salubriter statutum, quod annuo fiat, in Ecclesia Redonensi, officium seu servitium Pretiosi Corporis Xti, prout habemus officium illud, in quaterno videlicet 5a fer. post oct. Pent., secundum ordinationem Urbani IV summi pontificis » (Bibliothèque Nationale, Blancs-Manteaux, n° 22, 356).

Voici comment se célébrait la fête en 1415 : « Le jeudi ensevant après les ouictieves (les octaves) de la Penthecouste est la solempnelle feste du benoist Sacrement et est double de tous sains et de distribucions et y a sonnerie des gros sains durant le temps de la procession à aler et à venir, et le Chappitre fournist de treze cierges oultre le cothidian du trésaurier quil doit et y a III sols de distribucion pour la procession, et le cueur doit estre paré de ses draps accoustumez tout entièrement et mesures des draps dor et de saye au plus honestement quil puet » (Livre des Usages). 

Une contestation qui divisa longtemps le Chapitre et l'abbaye de Saint-Melaine par rapport à la Fête-Dieu, nous apprend qu'à la procession de ce jour « le Saint-Sacrement était placé sur une chapelle ou parement, dont le devant était porté par l'abbé de Saint-Melaine et le derrière par l'évêque de Rennes » (Histoire ms. de l'abbaye de Saint-Melaine - Bibliothèque Nationale). Or, lorsque l'évêque était absent, l'abbé de Saint-Melaine prétendait devoir occuper sa place et porter le bout de derrière, considéré comme le plus honorable du brancart ; mais le trésorier, première dignité, les archidiacres ou le chanoine représentant le Chapitre, lui contestaient ce droit. En 1463, l'abbé Mathelin Le Lionnays disputa cette place au trésorier Robert d'Espinay ; le 1er juin 1480, au moment où la litière se trouva prête, le chanoine Guillaume de la Rivière s'avançant pour la soutenir, Jean Le Lionnays, abbé de Saint-Melaine, se présenta, mître en tête et crosse en main, pour prendre la première place ; mais le Chapitre donna tort à cet abbé et l'obligea à porter la litière in anteriori parte, tandis que Guillaume de la Rivière demeurait in posteriori. Jugée cependant de différentes manières, cette prétention des abbés de Saint-Melaine persista pendant des siècles et alla parfois jusqu'à empêcher la procession de se faire, comme le raconte D. Morice. 

Les bénédictines de l'abbaye de Saint-Georges devaient assister, comme les autres religieux et religieuses, à la procession de la Fête-Dieu ; mais la réforme et la clôture ayant été mises dans leur monastère, il fut convenu en 1527, entre le Chapitre et ces dames, qu'elles enverraient chaque année leurs excuses de ne pouvoir prendre part à la procession, et que, dans ce cas seulement, les chanoines déposeraient quelques instants, durant cette procession, le Saint-Sacrement dans leur église abbatiale. 

La fête du Sacre se célébrait donc à Rennes avec beaucoup de pompe : le cortège de la procession stationnait souvent en plusieurs églises ; voici, par exemple, le parcours que l'évêque et le Chapitre arrêtèrent en 1635 : « La procession sortira de la cathédrale, est-il dit, par la rue de la Cordonnerie, suivra cette rue et celles du Grand-bout-de-Cohue, la Ferronnerie, Puits-du-Mesnil, la Charbonnerie, la Sive, Carroy-Peschart (nota : toutes ses rues, situées au centre de la ville, ont été détruites par l'incendie de 1720), et entrera dans l'église Saint-Germain par la porte du bas ; elle sortira par la porte du haut de la rue Saint-Germain, ira à l'église des Carmes et, par la rue Vasselot, en celle de Toussaints ; et dudit Toussaints, allant par sur les Ponts-Neufs, Haute-Baudrairie, rues de la Pompe et du Chapitre, elle rentrera à la cathédrale par la porte proche la chapelle de Tréal » (Registre des délibérations du Chapitre - Archives départementales).

Deux siècles et demi après la fondation du Sacre, Aymar Hennequin, évêque de Rennes (1575-1596), voulut que l'octave de la Fête-Dieu fût célébrée dans son église avec la même solennité que cette fête elle-même. Ce jour-là le Chapitre prit l'habitude de porter processionnellement le Saint-Sacre­ment à la chapelle Saint-Sauveur, érigée bientôt en église paroissiale. 

Le 15 décembre 1766, le Chapitre, sur la proposition de Mgr Des Nos, établit dans la cathédrale la fête du Sacré-Coeur de Jésus, pour y être célébrée le troisième dimanche après la Pentecôte. L'année suivante, le même Chapitre gratifia de 120 livres le sieur Sautreau, qui venait de composer le chant de l'office du Sacré-Coeur de Jésus (Registre des délibérations du Chapitre - Archives départementales). 

La fête de saint Jean-Baptiste ne se faisait remarquer à Rennes que par l'offrande des premiers chapeaux d'osier blanc dus aux chanoines par les enfants de la psallette, — redevance dont nous reparlerons, — et par une procession du Chapitre à l'intérieur de la cathédrale. 

« Vigilia Nativitatis beati Johannis Baptiste. — Len dit matines à liglise dès le vespré, la fête est double de tous sains et de distribucions ; les enffans du cueur doivent à matines les chappeaulx d'osier blanc. Après les premières vespres, pour honestie de liglise, pour la devocion du peuple et la augmentation de la fabrique il y a procession accoustumée devant l'image de saint Jehan ; le trésaurier y doit fornir de luminaire, savoir à quatre principaulx houres, à chacune, de treize cierges et à chacune des complies deux cierges. La table du grant aulter puet bien estre ouverte et le doit pour le vespré et pour le jour seulement. — Nativitas beati Johannis Baptiste : Il est double de sonnerie et de distribucion, comme dit est en la vigille et comme le trésaurier doit fornir de luminaire ; et pour ceul jour len cesse matines de Nostre-Dame et lendemain len les dict sans cesser pour les ouictièves » (Liste des Usages). 

La Saint-Pierre, étant la fête patronale de la cathédrale et de tout le diocèse, était naturellement célébrée très-solennellement, et les bénédictins de Saint-Melaine devaient y venir prendre part, apportant avec eux processionnellement les reliques de leur église abbatiale. 

« Vigilia appostolorum Petri et Pauli. — La messe de la vigille est double de tous sains et de distribucion, et y a à la feste rasture général de tous cielx de l'église ou autrement cesser le cueur et le service ; et y doit le trésaurier, scavoir : à la messe de la vigille cinq cierges oultre le cothidian, item ès premières vespres et à matines, quelles matines se disent dès le soir, celui trésaurier y doit luminaire à rastel à chacune houre, de trente et trois cierges ; les enffans officiers du cueur doivent à celles matines les chappeaulx d'osier blanc aux seigneurs et aux gens du cueur, et à complies le trésaurier doit à chacune quatre cierges ; le cueur doit honnestement estre paré de ses draps. 

« Appostolorum Petri et Pauli. —. Il est double de tous sains et de distributions et y a procession à la chappelle de la Cité à doze deniers de distribucion pour chacun chanoine, et doit len en alant audit lieu encontrer ô les reliques les religieux de Saint-Melaine qui sont tenuz venir à ladite feste en procession à liglise de Rennes ; le trésaurier est tenu à y fournir de luminaire à rastel, etc..., item len doit apparoir les reliques aux deux autelx de Saint Père et de Saint Poul »

Le culte de saint Golven, évêque de Léon, était très en faveur à Rennes au moyen-âge ; nous avons déjà vu que sa châsse était portée processionnellement aux Rogations par les neuf recteurs de notre ville. Cette châsse renfermait, dans l'origine, le corps entier du saint prélat ; mais en 1244, Jean Gicquel, évêque de Rennes, en enleva la tête, qu'il fit déposer à part dans un beau reliquaire d'argent ; en 1533, le bienheureux Yves Mahyeuc donna un os du bras à la paroisse Saint-Golven, aujourd'hui Goulven en Léon. D'autres dons de mêmes reliques furent également faits à diverses époques et diminuèrent d'autant le précieux trésor. Quant à la châsse, elle fut refaite en 1336, sous l'épiscopat de Guillaume Ouvrouin, qui y déposa solennellement les saintes reliques, le 23 août, en présence de l'archevêque de Tours, de l'abbé de Saint-Melaine et de l'abbesse de Saint-Georges. Cette châsse fut renouvelée plus tard par le Chapitre, en 1743 ; à l'époque de cette dernière translation des reliques, celles qu'on y plaça consistèrent en « le chef, en deux parties, de saint Golven et parties très-considérables des ossements de son corps, — et le chef de saint Hervé ». On replaça avec ces ossements trois petits parchemins trouvés dans l'ancienne chasse, et dont voici la teneur : « Hic continetur totum corpus B. Golvini episcopi Leonensis, excepto capite quod venerabilis pater Joannes Rhedonensis episcopus recondidit in vase argenteo quod propriis expensis fecit honorabiliter fabricari anno de Incarnatione Domini millesimo ducentesimo quadragesimo quarto. Istœ sanctœ reliquiœ sanctissimi confessoris episcopi Leonensis Golvenni fuerunt translatœ in istam capsam per reverendos in Xto patres dominos P. Dei gratis Turonensem archiepiscopum et Guillelmum Rhedonensem epiacopum hac die XXIII mensis Augusti, anno Incarnationis Domini millesimo trecentesimo trigesimo sexto, presentibus abbate et abbatissa Rhedon. ac eorum conventibus ac etiam conventu plurimorum et pluribus aliis. Intellecta et audita ferventi et assidua devotione Christi fidelium parochiœ sancti Golvenni Leonensis diœcesis et aliarum circumvicinarum parochiarum, Reverendus in Xto pater et dominus D. Yvo episcopus Rhedonensis et Reverendi domini capitulum dictœ ecclesiœ, magistri Hervœus Mahyeuc scolasticus et canonicus, Hervœus Colson, Georgius du Tertre, Joannes Jamois, Petrus de la Bende, Guillelmus Agaice, Almaricus Hermel canonici presentes, favore dicti Reverendi in Xto patris, ad augmentum devotionis populi, extraxerunt de capsa reliquarum beatissimi Golvenni, videlicet unum os (sic) ex brachio de parte inferiori, transmiseruntque et donarunt parochianis dictœ parochiœ sancti Golvenni, die prima Julii, festo solemni ejusdem sancti, anno domini millesimo quingentesimo trigesimo tertio. Sic subsignatum Agaice, clericus Rhedonensis diœcesis, publicus autoritate apostolica notarius, prœmissus interfuit » (Registre des délibération du Chapitre de Rennes en 1743.) Le Chapitre arrêta en même temps (13 mai 1743) « que la fête de saint Golven, qui se célébrait depuis quelque temps le 8 juillet, serait doresnavant célébrée, sous le rite double de deuxième classe, le cinquième dimanche après Pasques ». Mais précédemment on célébrait déjà avec une certaine pompe cette fête du saint évêque breton, puisque nous lisons ce qui suit dans notre manuscrit de 1415, à la date du 1er juillet : 

« La Saint-Golvin est double de distribucion et de sonnerie ; len doit mettre la châsse de saint Golvin sur le grant auter ès quatre houres principalles, et dès le vespré davant len dit après complie matines de la feste et y fournist le trésaurier de chandelle, plus celui trésaurier y fournist de luminaire ès quatre houres principalles scavoir de seix cierges, compté son cotidian, et ès complie à chacune de deux cierges ; il y a procession après vespres davant limage pour la devocion du peuple et la augmentation de la fabrique ; les enffans serviteurs du cueur y doivent à matines chappeaulx aux seigneurs et aux gens du cueur, qui doivent estre de osier blanc... Iceluy jour len doit apparoir les autres reliques de liglise » (Livre des Usages). 

Ce jour-là, en signe de réjouissance, le Chapitre servait une collation de cerises et de vin à tous ceux qui avaient chanté l'office de Saint-Golven : « Et est à scavoir que, après les leczons de matines, len faict potacion avecques des serises, et à chacun chanoine son plat de serises, son pot de vin, etc. » (Livre des Usages).

A l'extrémité de la rue et près de l'entrée du pont Saint-Martin se trouvait la chapelle de l'ancien hôpital Sainte-Marguerite ; le jour de la fête patronale (20 juillet), le Chapitre avait coutume de s'y rendre processionnellement et il y chantait la grand'messe. Le 29 suivant, fête de saint Guillaume, les chanoines allaient également en procession, après vêpres, à la chapelle Saint-Guillaume, située dans la rue de ce nom, près du manoir épiscopal. Enfin, le 31, fête de saint Germain, il y avait procession à l'église paroissiale de ce nom et « y était dite la grant messe de liglise de Rennes »

Le mois d'août voyait aussi se faire plusieurs processions semblables : le 3, fête de l'Invention du corps de saint Etienne, « va, celui jour, la procession à Saint-Estienne dire la grant messe à l'auter Nostre-Dame » ; — le 6, fête de la Transfiguration de Notre-Seigneur, « la procession va à la chapelle de Saint-Saulvour et dilec s'en revient dire la grant messe à liglise de Rennes » ; — le 10, fête de saint Laurent, la procession « va à Saint-Germain et y dit len la grant messe » (Livre des Usages). 

La solennité de l'Assomption mérite une attention particulière :

« Assumpcio beate Marie Virginis. — Le cueur doit estre paré de ses draps ; il y a procession après les premières vespres en la Cerche ; celle feste est double de tous sains et de distributions ; il y a rasture généralle de touz cieulx du cueur ou aultrement lessier le cueur et le service ; et dès le soir de la feste len doit dire matines en cueur et y doivent les enffans serviteurs du cueur aux seigneurs et aux gens du cueur chappeaulx dosier blanc. Le trésaurier y doit le luminaire à rastel, scavoir à chacune des quatre principalles houres trante et trois cierges, et ès complies à chacune quatre cierges, et y doit la chandelle à matines et aux autres matines de l'année semblablement dites. Il y a procession solempnelle celui jour à la chappelle de la Cité après tierce, touz en chappes d'or et de saye, à distribucion de doze deniers à chacun chanoine, et y doivent estre apparues les reliques avecques la châsse de saint Golvin, et après vespres il y a procession devant limage de saint Armel en liglise et y doit len porter le bras de Monsieur saint Arme! que len puet bien mettre sur le grant auter durant vespres » (Livre des Usages). 

Lorsque Louis XIII consacra son royaume à la Très-Sainte Vierge et demanda aux évêques de France une procession générale en l'honneur de Marie le jour de la mi-août, Mgr Cornulier fit connaître au Chapitre cet acte de piété du Roi très-chrétien et ordonna que la procession se fît cette année-là (1638) à l'autel de Notre-Dame du Voeu, qu'il venait de fonder dans sa cathédrale. Plus tard, cette procession fut plus solennellement faite, chaque année, à l'église conventuelle des Frères Prêcheurs, dédiée à Notre-Dame de Bonne-Nouvelle. 

Avant d'aller plus loin, remarquons que la mi-août était la quatrième et dernière fête en laquelle les enfants de la psallette devaient aux chanoines et aux gens du choeur de Saint-Pierre « des chappeaulx d'osier blanc ». Nous ignorons l'origine de cet usage, mais il est vraisemblable qu'il s'agissait ici d'une sorte de coiffure d'été telle que nos chapeaux de paille modernes ; les enfants les tressaient probablement eux-mêmes et les offraient aux membres du Chapitre aux quatre fêtes de saint Jean-Baptiste, saint Pierre et saint Paul, saint Golven et l'Assomption, alors que les chaleurs se faisaient plus vivement sentir. 

Le Chapitre avait coutume de visiter encore processionnellement à cette époque quelques autres chapelles : ainsi, le 21 août, fête de saint Symphorien, il allait « en procession dire la messe à Saint-Symphorien en la Cité » ; et le 1er septembre, fête de saint Gilles, « la procession, après les premières vespres, à la chapelle de Saint-Gille est de tout temps et anciennement accoustumée » (Livre des Usages). 

A la fête de la Nativité de la Sainte Vierge (8 septembre), « la table du grant aulter puet et doit estre ouverte pour les premières vespres et pour le jour seulement ». — Il doit s'agir ici du magnifique retable en bois sculpté et doré, s'élevant alors au-dessus du maître-autel ; nous avons dit précédemment qu'il renferme plusieurs scènes de la vie de la Sainte Vierge et qu'il était jadis muni de volets ouvrant et fermant à volonté. — « Après les premières vespres, len va en procession en la Cerche devant l'auter (de Notre-Dame), et le lendemain après tierce la procession va à Nostre-Dame de la Cité ». — A la fête de l'Exaltation de la Croix (14 septembre) « il y a procession au vespré davant la croez et après tierce va la procession à Saint-Morran ; à celuy jour len doit monstrer les reliques avecques la Vroye Croez que len doit présenter moult honnorablement ». — A la fête de saint Florent (22 septembre), le Chapitre faisait l'office de ce saint abbé, « pour ce que il y a cause de fraternité entre les seigneurs de liglise de Rennes et ceux de Saint-Florent » (Livre des Usages - il s'agit de l'abbaye de Saint-Florent de Saumur). 

On appelait au moyen-âge Sanne ou Senne le synode ou réunion de tous les recteurs et prieurs d'un diocèse, convoqués par l'évêque. Il y en avait deux à Rennes chaque année : « Il est vray — nous dit le Livre des Usages en 1415 — que le jeudy ensevant la Penthecouste, ainsi que le jeudy après la Saint-Lucas (cette fête arrive le 18 octobre) est le Saint Sanne et à chacun chanoine pour distribucion et y estre appartient deux sols deiz et ouyt deniers ». Dans cette assemblée synodale, l'évêque de Rennes faisait des règlements, donnait des avis et au besoin infligeait des corrections pour conserver dans son diocèse la pureté des moeurs cléricales. Nous possédons encore les Statuts synodaux édictés par l'évêque Jacques d'Espinay en 1464 ; c'est un recueil fort intéressant, rempli de curieux détails sur les moeurs, usages et coutumes du XVème siècle, époque où l'autorité ecclésiastique était en possession d'une grande et bienfaisante influence. 

Le manuscrit qui contient ces Statuts remonte au temps où ils furent édictés. Leurs premiers articles concernent les règlements de discipline et la correction des abus introduits au détriment de la juridiction ecclésiastique. L'évêque recommande ensuite aux recteurs des paroisses la tenue régulière et soignée des registres baptismaux et mortuaires ; il règle tout ce qui est relatif aux testaments ; défend aux curés d'entendre en confession et d'absoudre ceux qui ne sont pas leurs paroissiens, et de leur conférer d'autres sacrements ; il réprime les entreprises des religieux mendiants sur les attributions curiales ; il fixe le nombre et le degré d'importance des fêtes gardées dans le diocèse de Rennes : il y en avait alors cinquante-cinq dans le cours de l'année. Viennent ensuite les règles à observer pour la décence du culte et la conduite à tenir vis-à-vis des personnes excommuniées. Un des points les plus notables de ces Statuts est celui qui a rapport à la croisade contre les Turcs et au bref du pape Callixte III, donné en 1456 pour exciter le zèle des fidèles contre les envahisseurs musulmans et accorder des indulgences à quiconque contribuerait par sa coopération active ou par ses prières au succès des armes chrétiennes. Les Statuts se terminent par des mesures d'ordre et de bonne administration édictées pour le maintien des droits légitimes des patrons dans les églises paroissiales, en ce qui concerne les intersignes, enfeux, sépultures décorées de monuments funèbres, et la punition des atteintes violentes dont se rendaient coupables certains perturbateurs sacrilèges ; ces délits abominables sont frappés d'une amende de cent écus d'or. Enfin, il est formellement prescrit aux recteurs des paroisses d'avoir tous un exemplaire de ces Statuts synodaux, de les lire publiquement certains jours de fêtes désignés, et d'en surveiller l'exécution fidèle (Archives du Chapitre).

Les Pontificaux manuscrits de Michel Guibé, successeur de Jacques d'Espinay, nous apprennent avec quelle solennité se tenait l'assemblée du Synode de Rennes : L'évêque, nous disent-ils, entre au choeur, mître en tête et crosse en main, revêtu de l'étole et de la chape, accompagné des abbés du diocèse, du diacre et du sous-diacre et des officiers portant la croix et les cierges ; arrivé devant le maître-autel, il demeure quelque temps en prière, puis à cette parole de l'archidiacre : Orate, il se prosterne sur les degrés avec ses ministres pendant que le choeur récite la litanie des Saints ; à la fin de cette invocation, le prélat se relève et adresse une oraison au Saint-Esprit, puis s'agenouillant de nouveau et déposant sa mître, il entonne le Veni Creator ; cet hymne terminé, l'archidiacre dit : Erigite vos ; tous se lèvent, et le diacre chante l'évangile du jour, à la suite duquel l'assistance tout entière s'assied pour écouter un sermon en rapport avec la solennité. Lorsque le prédicateur se tait, les laïques et tous ceux qui n'ont pas droit d'assister au synode doivent quitter le choeur sous peine d'excommunication, et l'on appelle, après leur départ, les recteurs et les prieurs qui doivent siéger à l'assemblée. C'est le moment du synede proprement-dit, où l'évêque s'entretient avec ses prêtres des besoins de son diocèse ; lorsqu'il a terminé, il donne une bénédiction très-solennelle, puis commence le Te Deum. Alors a lieu la procession synodale, dont voici l'ordre en 1642 : « La croix est portée devant, et après marchent deux enfants de choeur avec deux cierges ardents, et ensuite viennent les sieurs prieurs, recteurs et doyens, et après eux immédiatement les autres enfants de choeur suivis des choristes et officiers, les quatre prieurs de l'église, le sous-chantre, les quatre semi­prébendés, MM. les chanoines et les dignitaires, et Monseigneur le révérend évêque ». Enfin l'archidiacre met fin à cette imposante cérémonie en disant : In nomine Domini Jesus Christi eamus in pace ; obéissant à cette invitation, tous les assistants se retirent en silence, emportant le souvenir des sages avis que vient de donner leur évêque (Registre des délibérations du Chapitre). 

On honorait particulièrement à Rennes sainte Ursule, princesse bretonne, et ses onze mille compagnes martyrisées avec elle à Cologne, où l'on retrouve encore leurs très-nombreuses reliques. Outre une chapellenie fondée en leur nom dans la chapelle Saint-James, sous l'Horloge municipale, il y avait à la cathédrale un autel érigé en l'honneur de ces onze mille Vierges, et le Chapitre s'y rendait en procession le jour de Sainte-Ursule (21 octobre). 

Le lendemain on célébrait à Saint-Pierre, tout à la fois, la fête des saintes Marie Jacobé et Marie Salomé, — vénérées comme Marie-Madeleine d'un culte tout spécial, — et la fête du saint évêque Modéran ; ce jour-là, les chanoines allaient processionnellement à la chapelle du prieuré de Saint-Moran. 

Outre ces nombreuses processions, qui pour la plupart étaient fort anciennes et remontaient à une époque beaucoup plus reculée que 1415, l'Eglise de Rennes avait quelques autres cérémonies du même genre dont nous n'avons pas encore trouvé l'occasion de parler ; telles étaient les processions du mois, celle de Saint-Amand et celle de Bonne-Nouvelle. Voici ce qu'on lit dans les notes qui accompagnent le Nécrologe de Saint-Pierre, manuscrit rédigé vers l'année 1323 : « Hec sunt processiones que debent fieri ab antiquo in ecclesia Redonensi et que consueverunt fieri et antiqua consuetudine approbata. Primo, in festo Omnium Sanctorum, apud capellam beate Marie, et, die mortuorum, in cymiterio. In festo beati Melanii apud Sanctum Melanium. In festo beati Martini hyemalis, apud capellam beati Martini. In festo beati Stephani, apud Sanctum Stephanum. In festo beati Johanis Evangeliste, apud Sanctum Salvatorem ad missam ; et eadem die, apud capellam beate Marie, pro apportando episcopo Innocencium. Die Epiphanie, vadit processio apud capellam beate Marie. In purificatione beate Marie et in omnibus aliis festivitatibus beate Marie, apud capellam beate Marie in Civitate. In capite jejuniorum, pro cineribus. In festo beati Gregorii apud Sanctum Stephanum. In quadragesima, ab Invocavit me usque ad isti sunt dies, qualibet die Mercurii et qualibet die Veneris, ad capellas, in civitate cousuetas. In ramis palmarum, apud Sanctum Stephanum. Die Jovis Santa, processio vadit ad capellam beate Marie, pro crismate conficiendo ; et eadem die fit processio in ecclesia Redonensi et in capella episcopi pro altaribus lavandis. Die Veneris Sancta, fit processio in Cercha pro cruce asportanda ad chorum ut adoretur. Die Sabbati Sancta, fit processio ad fontem benedicendum. Die Pasche, fit processio ad sermonem audiendum. Die lune, in crastino Pasche fit processio ad Sanctum Melanium. Die Martis sequenti, vadit processio ad Sanctum Georgium. Festo beati Marchi Evangeliste, vadit processio ad Sanctum Thomam. Prima die Rogationum, fit processio apud Sanctum Cyricum ; secunda die, apud Sanctum Melanium ; tercia die, apud Sanctum Georgium. Die Ascensionis, ad capellam beate Marie. Die Veneris post Ascensionem, apud Sanctum Lazarum. Die Veneris ante Penthecostem, apud Sanctum Thomam. In duabus festivitatibus Sancte Crucis, apud Sanctum Moderandum et in festo ipsius sancti in estate vadit processio. In festo apostolorum Petri et Pauli, vadit processio ad capellam beate Marie. In tribus festivitatibus Trinitatis, vadit processio ad Sanctum Salvatorem. In festo sancti Germani, vadit processio ad Sanctum Germanum. In festo inventionis beati Stephani, vadit processio ad Sanctum Stephanum. In festo sancti Laurencii, vadit processio ad Sanctum Germanum. In festo beate Margarite apud Sanctum Margaritam » (Annotations du Nécrologe de Saint Pierre de Rennes);

Nous apprenons par les Registres capitulaires des trois derniers siècles que le Chapitre établit, au moins dès le milieu du XVIème siècle (avant 1560), des processions générales le premier dimanche de chaque mois ; elles se rendaient soit à une église paroissiale, soit à un couvent, soit simplement à une chapelle, mais toujours dans la ville et sans sortir des faubourgs. A la fin de chaque mois, les chanoines fixaient en chapitre le lieu de station pour le premier dimanche du mois suivant. 

Souvent l'évêque et le Chapitre ordonnaient des processions extraordinaires pour obtenir un temps favorable aux biens de la terre, ou pour demander la cessation d'un fléau tel que la peste, etc. C'est ainsi qu'en 1561 le Chapitre décida que des processions générales seraient faites « pour la disposition du temps, » dans la même semaine, « le lundy à Saint-Germain, le mercredy à Toussaints et le vendredy à Saint-Yves. ». Au XVIIème siècle l'on voua, pour le même objet, un culte tout particulier à l'évêque de Rennes saint Amand, dont les reliques se trouvaient dans l'église abbatiale de Saint-Melaine. « Le vendredy, 8 mai 1637, Messieurs du Chapitre ont arresté, pour cause des grandes sécheresses et afin de requérir et demander à Dieu de la pluie, cessation de la contagion et la paix, que lundy prochain, huit heures du matin, tout le clergé des processions générales, prêtres séculiers et réguliers, s'assembleront céans (c'est-à-dire à Saint-Pierre) pour aller processionnellement en l'église de Saint-Melaine quérir les châsses de Monsieur saint Amand évesque de Rennes, les apporter en cette église, y dire et célébrer la Sainte-Messe, et en après les reporter en ladite église de Saint-Melaine, puis tous ensemble finir ladite procession en cette dite église » (Registre des délibérations du Chapitre). Cette même procession eut lieu bien d'autres fois dans des circonstances analogues et avec une beaucoup plus grande solennité, notamment en 1675 et 1709, comme on peut le voir dans les relations contemporaines. 

Enfin, nous ne pouvons omettre ici la célèbre procession à l'église conventuelle de Notre-Dame de Bonne-Nouvelle, inaugurée le 8 septembre 1634, à la suite du voeu fait à la Sainte Vierge par la ville de Rennes. On sait que cette magnifique manifestation de la piété du peuple rennais eut lieu régulièrement chaque année depuis cette époque, et qu'elle persévéra jusqu'au milieu de la Révolution française. On en peut lire les détails dans l'intéressante Histoire du culte de la Sainte Vierge à Rennes, par le R. P. dom Plaine ; nous en reparlerons d'ailleurs nous-même à propos du monastère de Bonne-Nouvelle. 

Nous croyons intéresser nos lecteurs en terminant ce Chapitre par la liste des fêtes « chommées », c'est-à-dire d'obligation dans le diocèse de Rennes au moyen-âge ; nous extrayons cette liste des Statuts synodaux de Rennes édictés en 1464 par l'évêque Jacques d'Espinay, et dont nous avons déjà parlé. Ces fêtes gardées étaient au nombre de cinquante-cinq, ce qui, avec les dimanches et la fête patronale de chaque église, faisait un total d'une centaine de jours fêtés ; en voici l'énumération : Circoncision de Notre-Seigneur. — Epiphanie de Notre-Seigneur. — Saint Fabien et saint Sébastien. — Saint Vincent, martyr. — Conversion de saint Paul. — Purification de Notre-Dame. — Chaire de Saint-Pierre à Antioche. — Saint Mathias, apôtre. — Annonciation de Notre-Dame. — Résurrection de Notre-Seigneur. — Les trois féries de Pâques. —Saint Marc, évangéliste. — Saint Philippe et saint Jacques, apôtres. — Invention de la Croix. — Saint Jean devant la Porte-Latine. — Saint Yves. — Ascension de Notre-Seigneur. —  Pentecôte et ses deux féries. — Fête du Saint-Sacrement. —  Saint Barnabé, apôtre. — Nativité de Saint-Jean-Baptiste. — Saint Pierre et saint Paul, apôtres. — Visitation de Notre-Dame. — Sainte Magdeleine. — Saint Jacques, apôtre. — Saint Pierre-ès-Liens. — Saint Laurent, martyr. — Assomption de Notre-Dame. — Saint Barthélemy, apôtre. — Décollation de saint Jean-Baptiste. — Nativité de Notre-Dame. — Exaltation de la Croix. — Saint Mathieu, évangéliste. — Saint Michel du Mont Gargan. — Saint François-d'Assise. — Saint Denis et ses compagnons. — Saint Luc, évangéliste. — Saint Simon et saint Judes, apôtres. — Toussaint. — Commémoration des Trépassés. — Saint Martin, de Tours. — Présentation de  Notre-Dame. — Sainte Catherine, martyre. — Saint André, apôtre. — Saint Nicolas, de Myre. — Conception de Notre-Dame. — Saint Thomas, apôtre. — Nativité de Notre-Seigneur. — Saint Etienne, martyr. — Saint Jean, évangéliste. — Saints Innocents. — Fête patronale de chaque église. 

Plus tard, on ajouta encore à cette liste les fêtes de saint Joseph, saint Louis, roi de France, et saint Melaine, évêque de Rennes. 

Mais, en 1609, Mgr Larchiver, voyant que ces fêtes trop multipliées devenaient une source de désordres, en supprima dix, savoir : celles de saint Vincent, martyr, — le mercredi de Pâques, — l'Invention de la Croix, — saint Jean devant la Porte-Latine, — la Décollation de saint Jean-Baptiste, — saint Louis, roi de France, — saint François-d'Assise, — saint Denis et ses compagnons, — la Commémoration des Trépassés, — la Présentation de Notre-Dame. 

Enfin, en 1710, Mgr Beaumanoir, « sur les remontrances et advis luy donné de la violation de ces saints jours, et attendu la grande nécessité de travailler pour vivre, le bled estant devenu très cher », supprima, par ordonnance épiscopale, vingt-six des fêtes qui restaient encore chômées ; en voici la liste : Saint Fabien et saint Sébastien. — Conversion de saint Paul. — Chaire de Saint-Pierre à Antioche. — Saint Mathias, apôtre. — Saint Joseph. — La férie du mardi de Pâques. — Saint Jacques et saint Philippe, apôtres. — Saint Yves. — La férie du mardi de la Pentecôte. — Saint Barnabé, apôtre. Visitation de Notre-Dame. — Sainte Magdeleine. — Saint Jacques, apôtre. — Saint Pierre-ès-Liens. — Saint Barthélemy, apôtre. — Saint Louis, roi de France (nota : cette fête avait été retablie par Mgr Cornulier en 1620). — Exaltation de la Croix. — Saint Michel du Mont Gargan. — Saint Luc, évangéliste. — Saint Melaine, évêque de Rennes. — Saint-Martin, évêque de Tours. — Sainte Catherine, martyre. — Saint Nicolas. — Saint Thomas, apôtre. — Saint Jean, évangéliste. — Saints Innocents (Statuts et Réglements du diocèse de Rennes). 

De la sorte, il ne resta plus que vingt-quatre fêtes d'obligation dans le diocèse de Rennes.

(extrait du Pouillé de Rennes)

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