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La tour-clocher, du début du quatorzième siècle, d'une hauteur totale de cinquante-sept mètres, présente cette particularité qu'elle correspond au collatéral nord, et ne se trouve par conséquent pas dans l'axe de la nef. Cette disposition pourrait indiquer dans le plan primitif un projet de construction d'une seconde tour symétrique, reliée à la première par un riche portail, comme dans les grandes églises de cette époque.

Quadrangulaire à sa base, elle est flanquée à l'angle sud-ouest d'une tourelle carrée pour l'escalier et de contreforts épais de part et d'autre des angles. La tourelle s'éclaire à l'ouest par une série de petites ouvertures en forme d'archères placées en ligne verticale, et au sud, par trois baies plus importantes. A son sommet, l'escalier aboutit à une guérite ou lanternon dont la toiture à deux rampants est construite en granit ; de cette guérite on accède de plain-pied à la plate-forme de la tour, d'où part la belle flêche hexagonale hérissée sur chaque arête d'ornements en crosses.

À la base de la flèche, quatre clochetons d'angle aux élégantes colonnettes alternent avec quatre lucarnes d'un gracieux modèle. A l'étage des cloches, une grande baie à meneaux s'ouvre sur chaque face. La base de la tour montre sur sa face méridionale les points d'attache de l'ancienne nef ; ils fournissent la preuve que la première travée, qui soutenait les orgues, et la travée suivante furent refaites lors de la construction tour-clocher et dans le même style qu'elle.

De même que l'abside, la tour gothique doit être l'œuvre de Jehan de Guipry, élu abbé en 1288 et décédé en 1307. On a dit que lui ou son successeur, Olivier de Bern, avait eu l'intention de reconstruire en totalité dans le nouveau style la vieille abbatiale Saint-Sauveur, mais notre Guerre de Succession, qui ouvrit en Bretagne une longue ère de troubles, puis la pauvreté où le régime de la commende fit tomber l'abbaye arrêtèrent toutes les reconstructions ou modifications projetées, et l’extérieur de l'église ne subit plus désormais aucun changement.

(R. de Laigue).

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