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HISTOIRE DE L'ÉGLISE ABBATIALE DE REDON.

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Le sanctuaire primitif du monastère, édifié vers 848 et dédié à saint Etienne, s'élevait, a-t-on dit, à l'est de l'abside de l'église actuelle, et dominait le cours de la Vilaine. Peut-être occupait-il l'emplacement où fut construite plus tard une chapelle Saint-Etienne encore existante en 1651. Quoi qu'il en soit, totalement ruiné par les Normands, il dut être réédifié, en de plus vastes proportions, par l'abbé Ritcand (868-871) sur une partie du terrain que couvre encore l'église. C'était sans doute une construction à murs bas, coiffée d'une toiture à longues pentes, et présentant à l'intérieur du vaisseau une double rangée de gros piliers de bois reposant sur des socles de pierre.

Sur les murs du collatéral nord de la nef et sur ceux du croisillon nord du transept, l'on constate en effet un petit appareil cubique à la romaine, mêlé de chaînes en épi ou de feuilles de fougère et de rangs de pierres plates, qui sont les restes d'une époque archaïque et pourraient être attribués à la fin du IXème siècle. Le mur du collatéral sud, séparant l'église du cloître, cache sous son enduit et son badigeon le même petit appareil, ainsi que l'on a pu s'en rendre compte lors de travaux récents.

Mais une prudente réserve s'impose dès qu'il s'agit d'assigner une date précise à de tels vestiges. On se trouve bien en présence d'un petit appareil carolingien, mais d'un échantillonnage extrêmement irrégulier, où quelques moellons de schiste seulement sont bien posés à plat et en biais comme dans les arases et chaînages de cette époque, et où ne se trouve aucune arase de briques, alors qu'à la base du transept l'on voit, noyés dans la maçonnerie, quelques débris de briques de fort échantillon. On peut donc se demander si au XIème siècle n'a pas été effectuée une reconstruction à l'aide des matériaux anciens et à l'imitation de la maçonnerie primitive. Si les vestiges archaïques en cause remontent au IXème siècle, il y a lieu de noter que les dimensions de l'édifice (largeur de la nef : 21 m. 20 ; largeur du transept : 34 m. 40) sont tout à fait exceptionnelles pour la Bretagne à cette époque.

A la suite de nouvelles invasions et guerre dévastatrices, l'église abbatiale devrait encore être refaite deux fois en utilisant les mêmes murs extérieurs, et ces deux campagnes sont nettement reconnaissables. La première eut lieu vers l'an 1030, sous le gouvernement de l'actif abbé Catuallon (1009 à 1041) ; elle était encore en cours en 1051, année où Tugdual de Cordemais faisait une importante donation « ad amplificationem loci Sancti Salvatoris », et ne fut terminée que vers 1070, sous l'abbé Almodus [Note : Cartulaire de Redon, édition de Courson : Charte 59, appendice, et Charte 286]. Les piliers qui soutiennent les grandes arcades de la nef appartiennent à cette période : ils dénotent une grosse inexpérience dans l'emploi des supports.

La seconde campagne eut pour motifs la prise et l'occupation de l'abbaye par des seigneurs du comté de Nantes qui avaient transformé l'église en forteresse et y avaient causé de sérieux dommages. D'importants travaux furent jugés nécessaires. Or le duc Alain Fergent se trouvant en 1112 à Bedon et résidant chez un riche bourgeois nommé Barbotin Blanche-Goule, y tomba soudain gravement malade et ne recouvra la santé qu'après un très long temps. A peine guéri, il se retira à l'abbaye Saint-Sauveur où il devait vivre sept ans dans une retraite absolue. Il y mourut le 13 octobre 1119 et fut solennellement inhumé dans le chœur de l'église abbatiale. Sa veuve, la sainte et savante duchesse Hermengarde d'Anjou, vivant en recluse à « La Béguine », lui survécut jusqu'au 17 septembre 1148.

Ce furent certainement les libéralités du duc, continuées par sa veuve et par son fils Conan le Gros, qui permirent à l'abbé Hervé (1108 à 1133) de restaurer son église, de la remanier même profondément, et de l'embellir en surmontant la croisée du transept de cette curieuse tour demeurée intacte, d'un type unique en Bretagne. L'abbaye, posséda alors une église romane d'un style très pur et de proportions imposantes, dont la nef ne comptait pas moins d’onze travées.

La purification de l'édifice, avec consécration d'un nouveau maître-autel sous le vocable de Saint-Sauveur, eut lieu le 23 octobre 1127, jour anniversaire de la première dédicace. Elle fut faite en grande pompe par Gérard, évêque d'Angers, légat du Pape, et par Hildebert, archevêque de Tours, assistés de quatre évêques et de quatre abbés de Bretagne, en présence du duc Conan, de la duchesse Hermengarde, des sires d'Elven, de Malestroit, de Rieux, de Bain et autres. En même temps, l'autel de la chapelle de l’infirmerie des moines fut dédié à Sainte Marie-Madeleine [Note : Cette infirmerie ne devait pas être le « Logis Saint-Roch » dont nous avons parlé, car aucun document n'indique qu'il s'y trouvait une chapelle].

« Vers le milieu du XIIIème siècle, nous disent les anciens annalistes, l'abbaye Saint-Sauveur et sa basilique eurent une fois de plus beaucoup à souffrir des guerres ». Cette très vague formule semble bien avoir été choisie peur masquer les graves responsabilités des ducs Pierre Mauclerc et Jean le Roux dans les malheurs qui s'abattirent alors sur l'abbaye et contraignirent l’abbé Daniel et ses moines à un lointain exil.

D'après un document en date du 7 janvier 1231, provenant des archives de Windsor [Note : Patent Rolls, Hen. III, II, p.454. « Pro ecclesia de Reddun »], des quêtes furent faites cette année-là dans les diocèses d'Angleterre par des moines de Redon (dont maître Alain Lupeleus) « pour leur église qui avait été brûlée l'année précédente ». Cet incendie ne fut certainement que partiel et ne causa pas de dégâts importants, mais lorsque les moines purent rentrer à Redon grâce à l'intervention du Pape Alexandre IV, en 1256, ils n'en trouvèrent pas moins leur abbatiale en assez triste état. L'aide généreuse des fidèles de Bretagne, notamment celle de la comtesse Agnès, femme de Louis de Beaumont, allait cependant leur permettre d'entreprendre à bref délai de grands travaux.

C'est de cette époque que date la construction du chœur, qui fut suivie de celle de la tour-clocher. Lors de la première entreprise, on déposa tous les chapitaux du déambulatoire roman et du rond-point du chœur. Il n'en a subsisté qu'un seul exemplaire qui, transformé en bénitier, a été placé près de la petite porte de l'église ; il présente des crossettes d'angle surmontant une sorte de corbeille à collerette.

L'église, enfin terminée, compta alors vingt autels aux dires des annalistes ; jusqu'à l'incendie de 1780, elle ne devait plus être l'objet de modifications importantes. Dans la vue cavalière, très exacte, de l'abbaye Saint-Sauveur qui constitue la planche 167 du « Monasticon gallicanum », l'église abbatiale figure telle qu'elle fut du quatorzième à la fin du dix-huitième siècle, soit pendant près de quatre-cent-cinquante ans.

(R. de Laigue).

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