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Les Sculpteurs de la cathédrale de Quimper

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Olivier DANIEL.

Il sculpta en 1679 la chaire à prêcher de la cathédrale. Voici le marché qu’il passa pour ce travail, avec le procureur de la fabrique :

« Le vingtiesme jour d’octobre avant midy, mil six cent soixante et dix-neuf, devant nous notaire royaux à Quimper, avec soubzmission y jurée, ont comparus noble et discret missire Jan Gentil, prestre, chanoine de Cornouaille et fabrique de la cathédrale de ceste ville, faisant tant pour luy que, pour le vénérable chapitre dudict Quimper, d’une part ; et Jan Michelet, maistre menuisier, et Olivier Daniel, maistre sculteur, demeurants en ceste dicte ville, d’autre partye ; lesquels Michelet et Daniel ont promis et se sont obligez solidairement, de faire et construire, de bons boys, une grande chaire de prédicateur, dans ladicte église cathédrale de St Corentin, conforme au modelle qu’ils ont ce jour présentés à messieurs les chanoines, en chapitre, et qui est resté entre les mains de … pour y avoir recours. Laquelle chaire ils trouveront parfaicte et mise en place, soubz la St Michel prochain, moyennant quoy, et y satisfaisant suivant et conformément audict desssin, ledict sieur Gentil, pour luy et son successeur en charge, promet et s’oblige de payer auxdictz Michelet et Daniel, la somme de quatorze cents livres thournois, à valoir en laquelle ledict sieur Gentil, en ladicte qualité, leur a présentement payé la somme de deux cents livres thournois, en louis d’argent et autre bonne monnoye ayant cours, et le parsus leur sera délivré, savoir : six cents livres lorsqu’ils auront parfaictement accomply leur ouvrage et mise en place, soit par ledit sieur Gentil, ou celuy qui luy succèdera en ladicte charge de fabrique de ladicte cathédrale. A tout quoy faire et fournir lesdictes partyes s’obligent, chacune d’elles en ce que le faict les touche, mesme lesdicts Michelet et Daniel, à fournir ce qu’il sera nécessaire pour faire et rendre ledict ouvrage complet, sur l’obligation généralle de leurs biens présents et futurs, qu’ils affectent et hypotecquent, pour sur le tout estre procédé suivant les ordonnances et coustumes de ce pays, renonçants au bénéfice de division, ordre de droict et de discution des biens et personnes. Ainsy faict et consenti, à Quimper, au tablier du Roy, notaire royal, soubz les signs desdictes partyes et les nostres, lesdicts jour et an ; et est signé dans l’original de cestes demeuré dans l’étude, et par devers le soubsignant, Le Roy, notaire royal, et L. Le Roy, notaire royal, garde notte » (Déal du chapitre, 1671-1682, f° 68).

Pierre LE DÉAN.

Bien qu’aucun titre n’établisse que ce sculpteur ait travaillé pour la cathédrale, je place ici son nom parce qu’il était de Quimper, qu’il a fait dans cette ville et dans les environs, des travaux importants, et qu’il y avait autrefois dans l’église de Saint-Corentin des sculptures qui peuvent lui être attribuées, entre autres la Descente de croix, et peut-être aussi, un grand médaillon représentant la Trinité, qui est aujourd’hui au Musée archéologique.

Voici quelques articles des comptes de la fabrique de l’église de Notre-Dame de Roscudon, à Pont-Croix, qui mentionnent divers travaux de sculpture, faits par lui dans cette chapelle :

« En outre demande descharge de la somme de 90 livres, qu’il auroict payé au Déan, maistre sculpteur de Kemper, pour deux images qu’il auroict faict, l’une de la Trinité, et l’autre de S. Jan, de l’ordre du deffunct sieur recteur de Beuzec ». — Compte de Charles Jamoys pour 1664-1665.

Le même compte mentionne « six chandeliers noirs, facon d’ébène », faits par le même ouvrier, pour la somme de 10 livres.

« Donné au Déan, maistre sculpteur de Kemper, 64 livres 10 sous à valloir aux deux rétables qu’on a fait marché avec luy de faire, suivant l’advis des habitans ». — Compte de Jan Le Barz, sr. de Venez-Bihan, pour 1672-1673.

« Demande descharges de 560 livres, qu’il auroit poié à Jean et Pierre Le Déan, maistres sculpteurs, pour les deux rétables qu’ils ont rendus, à ladite églize, suivant la quitance du 16 aoust mil six centz cincquante (lisez : septante) et troys ». — Compte d’ Yves Le Gall pour 1673-1674.

Si je ne me trompe, ces deux rétables, dans la construction desquels il eut pour collaborateur Jean Le Déan, son père ou son frère, existent encore dans l’église de Pont-Croix (vers 1877). Ils étaient destinés aux autels de Saint-Pierre et de Sainte-Anne, et furent peints et dorés en 1673, par « maistre Grégoire Ansquer, maistre peinctre et doreur », pour la somme de mille livres.

En 1681, Le Déan fit le marché suivant avec Guy Bougeant, gouverneur de la chapelle du Pinity, à Quimper :

« Ce jour 27 d’avril avant midy, devant nous, notaires de la cour du roy, à Quimper, avec submission y promise et juré, a comparu en personne, noble homme Guy Bougeant, sieur de Kernevenou, demeurant en sa maison en ceste ville close de Quimper, et Pierre Le Déan, maistre sculteur, demeurant à présent en la ville de Brest, paroisse de St Pierre, d’une et d’aultre part, lequel Le Déan s’oblige de faire de bon bois de chesne ou chasteigné, un Exce homo avec cinq grandes figures de cinq pieds de haut, et deux petites figures de trois pieds et demy, conformément à ce qui est à Ste Anne d'Oray, et au modelle qu’il en a faîct, et en outre un dome soutenu de deux colonnes avec les ornemans conformémant au dessain qu’il en a baillé et vers luy demeuré et chiffré dudit sieur de Kernevenou, et lesdittes figures étoffés et dorrés aussy bien que les ornemans de ladicte voutte, et ce tout mettre en place jusques à l’autel à la chapelle de Nostre-Dame du Pinity de ceste ville, et dans la chapelle qui donne vers la montaigne, et de trouver ladicte bessoigne faicte et mise en place quitte de tous fraicte dans Nouel prochain. Ledict marché faict et accordé entre parties pour la somme de 700 livres, à valoir en laquelle ledict sieur de Kernevenou a présantement et à veu de nous, poyé la somme de 60 livres tournois, et le restant payable à la fin dudict oeuvre, et à tout quoy faire tenir et accomplir chaincun en ce que le faict le touche, se sont lesdictes parties obligé, soubz obligation gage et hipotecque de tous et chaincuns leurs biens meubles, saezis et criées de leurs immeubles, l’une voix n’empochante l’autre, et par toutes les autres voix et rigueurs permises de droict, et par les dernières ordonances. Faict et gré, renoncé et condempné, audict Quimper, sous les sins respectifs desdites parties et les nostres, ledict jour et an que devant ; et pour l’exécution du présent marché, sy requis est, ledict Le Déan fait élection de domicilie en la maison de Jan Boilève demeurant en ceste ville où vaudront les exploits comme sy faits estoient en sa propre personne. Ainsy signe en l’original de ceste, Guy Bougeant, gouverneur du Penety, Pierre Le Déan, et de Philipe, notaire royale, et Cauzer, notaire royal » (Titre de la chapelle de Notre-Dame du Pinity).

J’ignore si ce sculpteur était parent de François Le Den [Note : Compte de René du Louet, procureur de la fabrique de la cathédrale de Saint-Pol, pour les années 1628-1630. — Malgré la différence d’orthographe, je pense que c’est le même nom. Je trouve, du reste, dans le compte de l’année 1631, l’article suivant : Au Déan, menuisier, demeurant au bourg de Roscoff, pour des gradins ou bassets portatifs à mettre sur l’autel, 4 livres] qui habitait, je crois, Roscoff, et qui fit en 1628, moyennant la somme de 700 livres tournois, le rétable du Saint-Sacrement, sur l’autel du Saint-Esprit, dans la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon (R. F. Le Men).

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