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PALAIS EPISCOPAL DE QUIMPER

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Le palais épiscopal (XVIème siècle), édifié au début du XVIème siècle par l'évêque Claude de Rohan, et transformé en 1912, en musée archéologique. 

Nous lisons, dans la Vie de saint Corentin, que Gradlon lui donna son propre palais pour lui servir de demeure. Il ne reste plus trace de ces anciens bâtiments : mais nous pouvons conjecturer qu'ils étaient contigus à la cathédrale, ne s'étendant pas, comme ils l'ont fait depuis, jusqu'à la rivière ; car au folio 1° du Cartulaire 31, il est spécifié que, en face de la salle d'audience de l'Evêché, se trouvait, en 1228, un jardin qui se prolongeait jusqu'à la rivière Odeth, jardin qui n'appartenait pas à l'Evéché, ou du moins au sujet duquel il y avait contestation entre l'Eveque et un certain Guillaume Vigier. « Super orto sito a fronte aule nostre in villa de Kemper Corentin juxta aquam que vocatur Odeth ». Mais il fut convenu d'un commun accord que Guillaume Vigier cédait ce jardin à l'Evêque et à ses successeurs, ex mera et libera voluntate, et, en retour, l'évêque Renaud, du consentement du Chapitre, lui concédait toute la terre qu'il possédait près l'église de Chozon (Cuzon).

Ce fut, sans doute, sur l'emplacement de ces constructions primitives, que Bertrand de Rosmadec (1417-1445) éleva le corps de bâtiment de l'Evêché, qui s'étendait de la cathédrale vers les murs de la ville, longeant la rue de l'Evêché.

En 1507, comme le marque M. Le Men (Monographie, p. 228), à la fin du mois de Mars, commencèrent, sous la direction des maîtres de l'oeuvre, Daniel Gourcuff et Guillaume Goarager, les travaux de reconstruction de l'Evêché commandés par Claude de Rohan, nommé fort jeune à l'Evêché, puisque, nommé le 25 Juin 1501, il ne put recevoir la consécration épiscopale que le 6 Avril 1510, à l'âge de 32 ans. Il fit son entrée à Quimper le 6 Juin 1518, .et, depuis dix ans que les travaux étaient commencés, les nouveaux bâtiments devaient offrir déjà un logement convenable au prélat.

Les nouvelles constructions faisaient suite aux bâtiments de Rosmadec et se continuaient « jusqu'au mur de la ville, où elles étaient terminées par une tourelle ; de là, elles formaient retour vers l'Est, en suivant la même muraille, et se terminaient par une seconde tourelle » à l'endroit où se trouvent les bureaux du secrétariat construits en 1866. Le même prélat fit également construire « une chapelle, soutenue par deux piliers et une chaussée en pierre, entre le mur de la ville et les moulins de l'Evêché ». Les notes de dépenses pour ces constructions sont conservées aux archives départementales, carton G. 92.

Une grande partie de ce bel édifice fut détruite par l'incendie de 1595, que le chanoine Moreau, dans son histoire de la Ligue, raconte en ces termes : « L'an 1595, la maison épiscopale fut brûlée, qui donne sur la place Saint-Corentin, par la négligence d'un laquais, couché en la fênerie, où il avait porté de la chandelle, qu'il attacha contre un pilier, s'endormit laissant la dite chandelle allumée, qui tomba dedans le foin et brûla ce beau logis, qu'avait fait bâtir le grand et célèbre évêque Bertrand de Rosmadec. Quelques-uns disent que ce fut un juste jugement de Dieu, d'autant, disent-ils, qu'il y avait cette nuit-là bal à l'Evêché, au grand logis de Rohan, auquel lieu était présent l'Evêque (Charles de Liscoêt). Il fut impossible d'éteindre le feu que tout ne fut brûlé, et si l'église eût été combustible, elle courait aussi fortune ».

Dans cet incendie, les constructions de Bertrand de Rosmadec disparurent complètement, il n'en reste plus trace. 

Les bâtiments Le Rohan contigus à ceux de Rosmadec furent également brûlés jusqu'à la cage de l'escalier, et la hauteur de ce corps de logis nous est donnée par un reste de corniche que l'on voit encore accolé à la tourelle, au-dessus des bâtiments reconstruits en 1646.

Après l'incendie de 1595, les ruines ne purent être réparées immédiatement, et l'on se contenta de placer sur les murs des couvertures de paille. Comme on a pu le remarquer, le chanoine Moreau, ardent ligueur, n'est pas fâché de faire peser incidemment sur Mgr. du Liscoët, rallié au parti du Roi, l'incendie de l'Evêché, arrivé, dit-il, pendant un bal qui y était donné ; mais il est bon de remarquer, d'abord, la forme dubitative employée par l'historien : quelques-uns disent et, en second lieu, en admettant la présence de l'Evêque à l'Evêché pour ce moment, il ne faudrait pas en conclure que le bal fût donné sur son initiative, car en ces années 1593, 1594, 1595, l'Evêché était une vraie place forte remplie d'officiers et de soldats, ayant des canons jusque dans les chambres et aux embrasures des fenêtres et il est, de plus, probable qu'en 1595, Mgr. du Liscoët n'était plus à l'Evêché, mais à Concarneau.

Nous savons, en effet, par un mémoire rédigé pour Mgr. Le Prestre, du 11 Avril 1624, contre les bourgeois de Quimper (G. 33), « que feu l'évêque de Cornouaille, Mgr du Liscoat, étant ailé se rendre au parti du Roy, tes bourgeois de Quimper auraient logé ou souffert estre logés au dit manoir épiscopal, gens de guerre qui auraient laissé bruler un corps de logis et causé plusieurs autres ruines » ; et l'héritier de Mgr. du Liscoat (ou Liscoët) témoigne, le 16 Décembre 1623, « que le Sr. Evesque s'estant retiré à Concarneau, au parti du Roy, les habitants de Quimper se seraient emparés du dit manoir, y auraient mis un corps de garde, logé des canons jusqu'aux salles haultes, avec garnison de soldat qui l'auraient ravagé et rendu inhabitable » (Note : On peut noter de plus que, dans le long procès soutenu entre la ville et Mgr. Le Prestre, pour savoir à qui incombait la responsabilité des ruines de l'Evêché, jamais la Ville ne songe à faire peser sur l'Evêque les conséquences de l'incendie, qui, de fait, ne pouvait être attribué qu'aux soldats que la ville y plaçait pour sa défense).

De fait, M. de Liscoët ne revint plus habiter le palais épiscopal et demeura jusqu'à sa mort à sa maison de campagne de Lannirou (Voir Mémoires des bourgeois de Quimper, 22 avril 1624 - G.33). Son, héritier donna alors à la Communauté de ville une somme de 3.000 livres pour aider aux réparations de l'Evêché, la Ville ne pouvant décliner toute responsabilité dans les dégâts survenus à cette maison. A l'arrivée du nouvel Evêque, Mgr. Le Prestre, de Lézonnet, 1615, rien n'était encore fait, et le prélat dut prendre un logement en ville, dont le loyer, s'élevant par an à la somme de 200 livres, était payé par la Municipalité.

Celle-ci, retardant toujours les travaux de réparation, vit bientôt s'aggraver sa responsabilité et ses charges ; car, à la fin de l'année 1617, une partie de la muraille donnant sur la rivière et soutenant une partie des bâtiments s'écroula sur une assez grande longueur, laissant tomber dans l'eau une quantité de pierres qui empêchaient le fonctionnement des moulins, et ruinant la cuisine de l'Evêché qui était en appentis contre le mur, ouvert pour permettre « de prendre l'air, le jour ou l'eau de la rivière, ou purger les immondices d'icelle (cuisine) ». (Production de l'Evêque, 1621).

Le palais épiscopal n'était donc plus qu'une ruine. Le logis de Rosmadec n'avait pas été relevé depuis l'incendie, une partie du logis de Rohan venait de s'écrouler, et la solidité du reste était fort compromise. Un devis des réparations à faire fut adjugé, le 2 Décembre 1623, à un nommé Thomas Le Roy, de Nantes, pour la somme de 80.000 livres. Mais la Ville ne se trouvant pas en état de faire cette dépense, un long procès s'engagea entre elle et l'Evêque, pour savoir à qui incombaient les frais de restauration de l'Evêché.

Le devis des réparations conservé au carton G.29 des Archives départementales, après avoir constaté « qu'un pan de muraille de 8 toises de long sur 10 pieds de largeur est tombé vis à vis de la cuisine dudit manoir et au devant des moulins de l'Evêché », déclare qu'il faudra refaire la cuisine « étant en apenti contre la dite muraille » ;

Rebâtir « la tourelle de pierre de taille faisant le coing du grand corps de logis joignant ladite muraille et les deux fenêtre et lucarne à côté de la dite tourelle » ;

Rebâtir « le haut du pignon dudit grand corps de logis du côté oriental », c'est-à-dire la partie correspondante au pignon de la chapelle actuelle ;

« Réparer la muraille costière de la 1ère salle vis à vis de la maison de Marguerite Bougeant », c'est-à-dire le salon faisant suite à la salle synodale.

« Refaire les murailles, portes et fenêtres du corps de logis appelé le bâtiment de Rosmadec, qui est joignant la porte et principale entrée du manoir épiscopal », aujourd'hui la salle synodale.

Cependant, la ville ne se pressait pas de faire les réparations, et plaidait toujours pour en être exempte. De son côté, l'Evêque adressait supplique sur supplique, « A nos seigneurs de Parlement ». Le 18 Avril 1624, il écrivait : « Si les dits appelants (les bourgeois de Quimper) ont dépensé 10.000 livres à plaider contre le suppliant (l'Evêque), la Cour a toujours jugé qu'ils ont eu tort ; ils les debvraient employer à faire ce qu'ils sont obligés de faire sans ruyner le suppliant en frais et dépens comme ils font, aux dépens des deniers publics de la dite ville ». Et dans une autre supplique du commencement de May 1624, il faisait remarquer « que si les appelants, lors de la 1ère sommation, eussent fait les réparations, elles n'eussent pas coûté la douzième partie ni peut-être la vingtième de ce qu'elles coûteront à présent. Faute desquelles réparations les ruynes arrivent journellement l'une sur l'autre ».

Un arrêt intervint, le 31 Mai 1624, condamnant les bourgeois « à faire rebâtir la muraille de la ville, la cuisine et autres choses du manoir, et à payer le louage du logis où demeurait l'Evêque ».

L'Evêché devait être remis en état au bout de deux ans. Cependant, Mgr. Le Prestre, le 17 Juillet 1629, dans une plainte au Parlement, constatait que « les dits bourgeois n'ont aucunement satisfait aux susdites réparations ». Quelques travaux, cependant, avaient été exécutés, aux murailles et au logis de Rohan ; mais Monseigneur ne les jugeait pas suffisants, « n'ayant pas été appelé, dit-il, au renable (réception des travaux), par un grand nombre de manquements et défectuosités, encore à présent le dit logement demeure inutile au suppliant », et cependant les bourgeois de Quimper refusent de faire d'autres réparations et de payer le loyer. Mgr. Guillaume Le Prestre fut donc réduit à résider soit à Lanniron soit à son manoir de Kervéguan, en Scaër, mais ne dut jamais habiter l'Evêché. Ce fait peut servir à expliquer le séjour prolongé de la relique du Bras de saint Corentin au manoir de Kervéguan, où elle fut trouvée au moment de la mort du Prélat.

Si à cette époque l'Evêché ne logeait pas l'Evêque, il avait pour hôtes les prisonniers de sa juridiction des reguaires.

Voici, en effet, ce qui est relaté à l'occasion d'une évasion de prisonniers, dans un procès-verbal du 11 Mai 1616 (G. 32) :

« W Johannis Diziart, geolier, a déclaré qu'étant allé, à cinq heures du matin, visiter les prisonniers, aurait trouvé que Messire Pierre Morice, prêtre, et son frère Guillaume Morice, visités par lui, le soir précédent, et trouvés tous deux attachés par un pied à un grand fer et les mains manottées en la chambre criminelle au-dessus de la basse fosse, s'étaient sauvés, ayant par limes sourdes et autrement coupé la coupille du dit grand fer et ouvert les cadenas qui fermaient les dites manottes, éfondré, une muraille faite en une longue voûte conduisant de la dite chambre en la basse cour du manoir épiscopal, sous laquelle voûte les dites personnes ayant scié une grande lymande de l'épaisseur de demi-pied en carré par le bout d'en bas et forcé les clous de laquelle était attachée par le haut », se sont échappés et n'ont pu être retrouvés.

Cependant, la ville ayant réparé tant bien que mal une partie de l'Evêché, et Mgr. Le Prestre ne pouvant pas compter sur elle pour rebâtir la partie du bâtiment incendiée, songea à entreprendre lui-même cette construction. Vers 1635, il demanda au Sr. Bertrand Moussin (G. 33 : Enquête du 15 Octobre 1641) le plan d'un logis ayant « trois étages et des greniers. Au premier (c'est-à-dire au rez-de-chaussée) devait être la cuisine avec ses offices au second, une grande salle de 30 pieds de long avec une chambre au bout, vers la porte, et au troisième devait être un dortoir pour les officiers du dit Evêque.

En même temps, l'Evêque commença à rassembler les matériaux nécessaires à l'exécution du projet, des bois furent coupés en sa châtellenie de Coray, des pierres, du sable, de la chaux, déposés soit dans la cour de l'Evêché, soit sur la place de Tour du Châtel. Des ouvriers tailleurs et piqueurs de pierre furent appelés, et commencèrent à préparer la taille des pierres. M. Julien Texier, chanoine, était chargé de contrôler le travail et de payer les ouvriers, Monseigneur lui-même venait quelquefois les encourager, « disant qu'ils travaillaient pour l'ornement de l'église cathédrale ».

Mais ces travaux préparatoires furent suspendus par la peste de 1639, si bien qu'à la mort de Mgr. Le Prestre, Novembre 1640, les pierres œuvrées pour la nouvelle construction étaient amoncelées près de l'église cathédrale, mais aucune pierre n'avait été encore posée dans les fondations, que « le feu Sgr. Evêque avait simplement fait curer et en tirer toutes les immondices qui encombraient le dit applacement ».

A son arrivée, Mgr. du Louet s'entendit avec les héritiers de Mgr. Le Prestre, et en 1646, comme le marque la date inscrite sur l'une des fenêtres de la bibliothèque actuelle, fut relevé de ses ruines le vieux bâtiment de Rosmadec. Les Evêques de Quimper avaient cessé d'habiter le manoir épiscopal pendant environ cinquante ans.

Les constructions de 1646 subsistent encore, mais il n'en est pas de même des bâtiments de Rohan, construits sur la rivière. Lors de la nomination de Mgr. de Saint-Luc à l'Evéché, en 1773, cette partie de l'Evêché était en très mauvais état un devis estimatif des réparations à faire s'élevait à la somme de 78.580 livres 2 sols 5 deniers, le tout à la charge de la succession de Mgr. de Cuillé ; mais, contraint par les circonstances, Mgr. de Saint-Luc transigea avec les héritiers, et la somme à payer par eux fut réduite à 60.000 livres, de laquelle on devait déduire 12.500 livres en fonds de terre et effets qui se transmettaient successivement d'Evêque à Evêque. Restait une somme de 47.500 livres sur laquelle il fallait payer les réparations du château de Lanniron. Mgr. de Saint-Luc était donc réduit à louer en ville un appartement, comme il nous l'apprend, par une lettre du 19 Novembre 1775 (Archives de l'Evêché), dans laquelle il demande instamment aux héritiers de Mgr. de Cuillé 8.000 livres, nécessaires, dit-il, « pour les approvisionnements que j'ai eu à faire pour être en état d'être logé à la fin de l'été prochain ; je suis obligé d'être en maison d'emprunt, dont le louage est fort cher et diminue encore mes petits revenus ».

Pendant ce temps, il faisait travailler avec activité aux réparations de l'Evêché, sous la direction de M. David, ingénieur, et de M. Bigot, entrepreneur. « On était déjà parvenu au second étage, lorsque, le 14 Décembre 1775, un vieux pignon (du bâtiment de Rohan sur la rivière), qui avait 70 pieds d'élévation, s'écroula tout d'un coup et écrasa non seulement ce qu'on venait de reconstruire, mais encore la partie du bâtiment qu'on se proposait de conserver, ce qui éleva les frais des réparations à 74.000 livres ».

Monseigneur, faisant valoir près du Roi le peu de revenus de son Evêché, « qui, avec l'abbaye de Langonnet, ne produit (dit-il dans sa supplique) que 15.836 livres, et qui est l'un des moins dotés du Royaume », demanda à contracter un emprunt de 60.000 livres remboursable en vingt annuités ; mais le Roi, par lettres patentes du 31 Août 1776, n'autorisa l'emprunt que pour une somme de 40.000 livres, remboursable en quatorze annuités. Quatorze ans après, en Septembre 1790, mourait Mgr. de Saint-Luc, et la Nation décrétait la vente du palais épiscopal. Le 25 Décembre 1792, il était adjugé pour la somme de 28.700 livres. Et jusqu'à la fin de l'année 1809, il servit d'auberge et de salle de danse.

M. Trévédy (Voir Promenade à Quimper) rapporte, à cette occasion, comment le peintre Valentin usa de ruse pour sauver les portraits de Benoît XIV et des anciens Evêques qui ornaient la salle synodale : « Il recouvrit les portraits de toiles sur lesquelles il peignit Apollon et les muses. Quand l'Evêché fut rendu à sa première destination, ces peintures furent enlevées, et les Evêques reparurent dans leur palais purifié. Aujourd'hui encore, ceux de ces portraits, au nombre de six, qui n'ont pas été restaurés, gardent la marque des pointes qui servirent à fixer sur leurs cadres les toiles protectrices de Valentin ».

A l'époque du Concordat, Mgr. André dut louer une maison, la maison de M. Descamps, rue Kéréon (entre la maison de M. Bolloré-Capel, et la pharmacie voisine), qu'il n'habita guère, car pendant les deux années qu'il fut titulaire de l'Evêché de Quimper, il résida à peine quelques mois dans la ville épiscopale.

Mgr. Dombideau de Crouseilhes, nominé évêque de Quimper, en Janvier 1805, ne s'y rendit qu'à la fin d'Octobre de cette année, attendant toujours qu'on lui procurât un logement convenable. Le Conseil général avait voté 40.000 francs pour l'achat de l'ancien palais épiscopal ; mais l'acquéreur exigeait le paiement immédiat d'une somme de 70.000 francs. Mgr. André, ayant déjà donné congé pour la maison Descamps qu'il habitait, rue Kéréon, le Département avait loué un appartement provisoire pour Mgr. Dombideau, dans la maison de l'ingénieur Detaille, sur le pont Sainte-Catherine, vis-à-vis des terrasses de l'Evêché.

Monseigneur ne semblait guère satisfait de cet arrangement, et il écrivait à son grand vicaire, le 24 Septembre 1805, au moment de quitter Paris pour se rendre Quimper : « J'espérais, d'après ce que m'avait dit le Préfet, que j'occuperais toute la maison au 1er Vendémiaire ; il est impossible que je puisse habiter longtemps une maison où je n'aurai pas même la commodité d'un simple particulier, où je serai confondu avec des personnes qui m'imposeront, et à ceux qui voudront me voir, des gênes très désagréables. Je vous confie que le sénateur Cornudet m'a dit que j'étais logé d'une manière peu convenable et il m'a pressé d'aller habiter son logement à Saint-Pol de Léon... Parlez un peu de tout cela au Préfet. Le bien du diocèse et du département, surtout dans les circonstances où nous nous trouvons, exige que nous soyons rapprochés ; mais si je suis logé d'une manière peu convenable, je vous avoue que je profiterai des offres du sénateur ». Cette menace dut faire impression sur le Préfet, qui s'empressait, le 2 Octobre, d'écrire à Monseigneur, déjà rendu à Quimperlé : « La maison Detaille, louée pour servir de logement à l'Evêque, sera mise toute entière à votre disposition. Venez, venez bientôt, chacun vous tend ici les bras et vous offre son coeur. — MIOLLIS ».

Mgr. Dombideau, tout en s'arrangeant de celle concession, ne perdait pas de vue le rachat de l'ancien Evêché ; tout le monde s'accordait à dire que c'était le seul local convenable pour servir de palais épiscopal. En Mars 1807, Monseigneur écrivait au Cardinal Fesch : « Le Conseil général a voté l'achat de l'ancien Evêché. Il touche à la Cathédrale et sert dans le moment d'auberge et de lycée pour tous les bals du carnaval ; le Conseil général observe que cette destination est indécente ». Ce ne fut cependant. qu'à la fin de l'année suivante, le 17 Décembre 1808, que le Corps législatif convertit en loi l'arrêté du Conseil d'Etat approuvant l'acquisition du palais épiscopal pour une somme de 70.000 francs.

Mais ce qui surprit tout le monde, c'est qu'après les votes réitérés du Conseil général consacrant ses ressources disponibles à cette acquisition, le décret faisait supporter la dépense par la seule ville de Quimper. M. Flammant, homme de loi à Quimper, en écrivait à Monseigneur en ces termes, le 20 Février 1809 : « Jamais les esprits ne furent plus en l'air qu'ils ne sont aujourd'hui, dans cette capitale de notre ancienne Armorique, pour la loi du 17 Décembre, qui met à la charge de la commune le prix d'acquisition de l'Evêché, jusqu'à concurrence de 60.000 francs. On croit que ce n'est qu'une erreur dans la rédaction. Le Conseil municipal fut hier assemblé ; chacun raisonna ou déraisonna à sa guise. On dit qu'un des honorables membres (c'est un boulanger) opina à ce que le Conseil municipal cassât la loi fatale du 17 Décembre et l'arrêté du Conseil d'Etat qui l'avait précédée. Dame ! c'est que nous avons de fortes têtes dans notre aéropage communal, dont le fameux Bonnaire (Note : C'était l'acquéreur du palais épiscopal) est, ne vous en déplaise, une des plus fermes colonnes. L'avis du mitron ne passa pas et on arrêta d'en écrire au Ministre de l'Intérieur. Je vous avoue que personne ne se doutait que la dépense dût être supportée par la commune ; je sais que vous en serez le premier et le plus affligé ». C'était, en effet, une erreur, et l'on sut peu après que c'était le département qui se chargeait de la dépense. Mais le palais épiscopal ne devait être livré qu'à la Saint-Michel 1809, et tout le temps du carnaval de cette année, il dut encore servir de salle de bal. Le 19 Janvier, M. Le Clanche écrivait à Monseigneur : « Je crois qu'il est temps de déloger Bonnaire ; il y a danse chez lui presque tous les soirs ; la bonne société n'y va point ». Il fallut encore patienter jusqu'au mois d'Octobre, et l'on comprend le soupir de soulagement exprimé par Monseigneur, le samedi 14 Octobre 1809, dans une lettre écrite à un ami : « Enfin, jeudi (Note : Cette notice a été écrite en 1895) soir, je serai établi à l'Evêché ».

Le prix de l'acquisition avait été de ...........

70.000 fr.

Les frais du contrat s'élevaient  ...........

  4.686 fr.

Les réparations jusqu'en 1810 à ...............

17.270 fr.

Soit un total de. . .

91.956 fr.

Depuis, les bâtiments de l'Evêché n'ont subi d'autres modifications que celles résultant de la construction des bureaux du Secrétariat et de la chapelle en 1866, et de la suppression de l'escalier descendant dans la cathédrale par la fenêtre qui se voit au-dessus du petit cloître construit à cette même époque sur le modèle du cloître des Carmes de Pont-l'Abbé.

Depuis la rédaction de cette notice (Note : Cette notice a été écrite en 1895), l'Evêché a changé de destination. Le 6 Janvier 1907, à l'issue des Vêpres solennelles de l'Epiphanie, Mgr. Dubillard quittait le palais épiscopal, autant pour échapper à une situation précaire que pour abandonner une demeure, dont le luxe apparent ne cadrait pas avec la spoliation toute récente de l'Eglise de France.

De l'antique séjour des Eveques et Comtes de Cornouaille, les possesseurs actuels ont fait un Musée. Plusieurs seraient peut-être tentés d'y voir un symbole. Mais voici que, sur la pierre débarrassée par endroits de son revêtement de plâtre et de chaux, les vestiges du passé, bas-reliefs et armoiries revivent plus nombreux, plus apparents. Res clamat domino !  

Quimper, ce 15 Janvier 1912, jour fixé pour l'ouverture au public du Musée archéologique dans les bâtiments de l'Evêché (Chanoine Peyron).

Quimper : palais épiscopal (tour de Rohan)

Quimper : palais épiscopal (tour de Rohan)

   

Quimper : palais épiscopal

Quimper : palais épiscopal

   

 

Quimper : palais épiscopal

Quimper : palais épiscopal

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Quimper : palais épiscopal 

Nota : les photos réalisées en 2010 par Roger Frey sont la propriété du site infobretagne.com.

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