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MOULINS ET FOURS BANAUX DE QUIMPER.

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Au cours de la revue du vieux Quimper, nous avons trouvé le moulin de l'Evêque, au pied de l'Evêché, sur l'Odet, et le moulin du Duc, plus tard du Roi, au pied du Pichery, sur le Stéïr. En vous parlant de Locmaria, j'aurais dû signaler le moulin du Prieuré de Locmaria, dit aujourd'hui moulin des Couleurs, parce qu'on y broie les peintures employées dans une des faïenceries de Locmaria. Au voisinage de la ville et sur la colline qui la domine à l'ouest, était un moulin à vent dépendant du fief de Quémenet, au marquis de Pont-Croix.

Moulin de Quimper (Bretagne).

Au dernier siècle, un procès ridicule fut plaidé à la sénéchaussée de Quimper entre les trois meuniers du Roi, de la prieure de Locmaria et de Quémenet ; il s'agissait de la mouture d'une pochée d'avoine ; selon l'aveu de l'Evêque de 1682, la rémunération devait être du seizième. Les meuniers plaidaient apparemment pour l'honneur (Archives départementales, B.55, 1740-1741).

Mais, à propos de moulin, voici un bien autre procès.

Un moulin dépendait du manoir de l'Ile en 1539 ; en 1689, l'abbesse de Kerlot ne le comprend pas dans son aveu au Roi ; pourquoi ?... Est-ce seulement parce qu'il n'existe plus ?... Auquel cas l'abbesse, ayant principe de moulin, a commis une omission fâcheuse. Est-ce parce que l'abbaye, ayant acquis seulement une partie du manoir de l'Ile, n'a pas acquis le moulin ?... Auquel cas l'abbaye n'aurait pas principe de moulin. Grosse question qui va faire couler beaucoup d'encre et noircir beaucoup de papier. Quoiqu'il en soit, en 1689 et après, l'abbesse, en fait, n'avait pas de moulin à Kerlot ; et elle faisait moudre au moulin de Melgven, sur la route de Pont-l'Abbé, qu'elle tenait en fief sous le marquis de Pont-Croix.

Moulin de Quimper (Bretagne).

Le 4 mars 1700, le meunier de Melgven, suivant une vieille habitude, a amené deux chevaux à la porte de l'abbaye, et il les charge de pochées de blé. Tout-à-coup survient le meunier du Roi, assisté de M. Nédellec, général et d'armes, qui, sans autre préambule, saisit chevaux et pochées. L'abbesse fait opposition ; et le Présidial, jugeant un peu vite et sans avoir examiné la question du principe de moulin, ordonne, le 6 mars, la mainlevée de la saisie.

L'affaire en reste là. Les abbesses de Kerlot, les meuniers du Roi, les meuniers de Melgven se succèdent et passent. Le moulin de Melgven tourne toujours et continue à moudre le grain de l'abbaye.

Mais en 1763, le 6 juillet, un coup de tonnerre vient troubler cette sérénité. M. de Kergariou, seigneur de Coatiliou (près de Lannion), est devenu afféagiste des moulins du Roi il apprend la décision du 6 mars 1700, il intervient et reprend le procès jugé il y a 63 ans ! 

En 1717 et 1726, l'abbesse Marie-Anne de Goesbriant, avait fermé la venelle du Kergoz, la seule voie entre la rue de Bourlibou et le quai, et sur laquelle le jardin de la Retraite avait une porte cochère. Pour soutenir son usurpation, elle entre en lutte avec la communauté de ville, à laquelle se joint l'Evêque, supérieur des Dames de la Retraite. Marie-Anne de Goesbriant est morte en 1730 ; mais Françoise de Quélen de Kerohant, qui vient d'être nommée en 1763, n'est pas d'humeur moins belliqueuse. Elle a trouvé, il faut le reconnaître, un adversaire digne d'elle ; et la guerre qui commence va se faire en règle, avec force productions, conclusions, mémoires imprimés et signés de Duparc-Poullain. J'ai sous les yeux une requête grossoyée de 134 pages et trois mêmoires imprimés in-4° de 144 pages, et je n'ai pas toutes les pièces du procès ! Au premier abord, on ne comprend pas bien cette résistance désespérée : En fait, l'abbaye n'a plus son moulin ; elle est dans le fief royal ; pourquoi ne pas suivre le moulin du Roi ? La mouture n'y coûte pas plus cher qu'ailleurs. L'abbesse exigerait-elle donc que le meunier de Melgven fît gratuitement sa farine ? Ce serait trop lui demander : le meunier ne doit qu'un fermage de cent livres.

Mais il s'agit bien de ces vétilles ! L'abbesse plaide au point de vue du droit pur, et elle plaidera sans se lasser durant quatorze années, jusqu'à 1777. Après tant d'efforts, le procès sera perdu. Il aura coûté (j'ai la note sous les yeux) 4.590 livres 18 sols 6 deniers. Qu'importe ! L'abbesse, en mourant cette année même, peut du moins se rendre cette justice que, si elle a succombé, elle a épuisé toutes les procédures, fatigué toutes les juridictions et lutté jusqu'au bout. — C'est quelque chose [Note : Archives départementales, H. 187. — Marie-Françoise de Quélen nommée seulement en 1763, n'avait pas succédé immédiatement à Marie-Anne de Goesbriant, morte le 6 juillet 1730. Entre ces deux abbesses se place Renée Rogier de Crévy. (Archives départementales, B.55. 1740-1741). Il y aurait à faire une histoire de l'abbaye de Kerlot. Le fonds de Kerlot aux Archives départementales est riche : il contient 17 cartons (H. 184 à 201). Ces cartons attendent un explorateur] ! ...

Moulin de Quimper (Bretagne).

Si la farine devait se faire au moulin banal, une fois transformée en pâte, elle devait être cuite au four banal. L'Evêque avait deux fours, un rue Neuve avec jardin sur la rivière, un autre au Mez-Gloaguen. — Ce dernier four est figuré au plan de 1764 en face de la fontaine, à mi-côte. Il existait dès le commencement du XIVème siècle et subsistait en 1792, puisqu'il a été vendu nationalement.

Dans l'aveu de 1682, l'Evêque réclame le droit d'établir d'autres fours ; en effet, d'après les procès-verbaux des ventes nationales, il en avait deux autres, un place Toul-al-Ler, l'autre dit de Saint-Laurent, en même temps four à briques, au faubourg de la rue Neuve [Note : L'existence du four du Mez-Gloaguen, au XIVème siècle, est révélée par le testament de M. Guillaume Coasguell, léguant à Saint-Corentin une rente de 20 sols à prendre sur sa maison et le jardin adjacent situés auprès du four de Mez-Gloaguen (Campus Gloaguen), du coté de la rue des Etaux (versus vicum stallorum carnium). 1348. Preuve nouvelle de ce que j'ai dit plus haut, d'après un acte de 1489, qu'anciennement le nom de rue des Etaux était donné à toute la longueur de la voie montant de la rue Kéréon au carrefour de la rue des Vendanges actuelle. Arch. dép. ventes nation. R. 104 et 105, nos. 220, 221, 229, 230. La situation donnée au four de Mez-Gloaguen par le plan de 1764, répond aux indications de l'acte de vente nationale : « donnant à l'ouest, rue Mezgloaguen, au midi et à l'est sur venelle (la venelle conduisant de la rue Mez-Gloaguen à la rue du Collège) ». Je serais porté à croire que le four dit de Saint-Laurent, bien que mentionné comme vendu sur l'Evêque, était le four du petit fief de Saint-Laurent annexé au collège. Ce four ne figure pas à l'état des revenus de l'Evêché en 1790. Ce four existe encore au début du XXème siècle].

Moulin de Quimper (Bretagne).

Dans la Terre au Duc, le plan figure un four banal du Roi rue des Orfèvres (ce serait aujourd'hui rue Saint-Marc). Mais il y en avait un autre mentionné dans le procès-verbal de 1539 « ô son courtil » dans une venelle allant de la rue Rossignol à la rue des Orfèvres. Les lieux n'ont pas changé depuis 1764, on pourrait dire depuis 1539 ; et les commissaires du Roi n'auraient pas besoin de cicérone pour retrouver aujourd'hui le four et le courtil qu'ils ont décrits il y a bientôt trois cent cinquante ans (F° 12, v° et 13 r°).

Prenez dans la rue Saint-Mathieu (autrefois du Rossignol) ou dans la rue du Chapeau-Rouge (autrefois des Orfèvres), la petite ruelle qui porte le nom significatif de venelle du Pain-Cuit ; et « par l'odeur alléchés » vous arriverez à une maison de four très-vaste, ayant seulement un rez-de-chaussée et un grenier. On peut croire que cette construction garde ses anciens soubassements. Le pignon a été rebâti et l'écusson qu'on pouvait s'attendre à trouver au-dessus de la porte a disparu. A l'intérieur, il y a une date, 1761 ; mais elle indique seulement la construction d'un four aujourd'hui fermé au pignon nord.

Au Bout du pont, j'ai omis de signaler sur la rive droite de l'Odet le moulin dit aujourd'hui Moulin des Couleurs (autrefois Moulin de Locmaria), parce que depuis cent ans et plus (1762), on y broie les peintures employées à l'une des usines de Locmaria. En 1762, le sr. Caussy, fondateur de la manufacture de Locmaria, devint acquéreur du moulin.

C'était autrefois le moulin banal du prieuré de Locmaria. La prieure avait « coercion sur ses hommes et vassaux pour les obliger à suivre le distroit du moulin » ; mais, en fait, elle n'exerçait pas ce droit, et depuis longtemps, puisque le moulin était ruiné dès 1679. (Aveu au Roi du 7 avril 1679. Archives départementales).

Le moulin des Couleurs n'est pas de ceux que l'usage du pays nomme moulins à mer, dont le réservoir est rempli par la marée montante. L'étang des Couleurs est alimenté par le ruisseau descendant du Séminaire et par l'eau dérivée du ruisseau qui fait tourner le moulin de Melgven, sur la route de Pont-l'Abbé.

Concernant les moulins du Roi et de l'Evêque, la Communauté de ville eut à porter, en 1739, une plainte contre les deux meuniers du Roi et de l'Evêque.

Le pain coûte, dit la ville, plus cher à Quimper que partout ailleurs. Pourquoi ?... Parce que le pain se fait avec de la farine ; et que les deux meuniers empêchent par menaces de séquestre, procédures, etc., les meuniers forains de venir vendre de la farine au marché.

Le 6 février, la Communauté délègue Jean-Hervé Le Bastard de Mesmeur, son syndic, pour obtenir la réparation de cet abus ; et fait approuver sa délibération par l'Intendant.

Pendant que le syndic taille sa plume et rédige sa compendieuse requête au Sénéchal, il lui est révélé un bien autre abus à la charge des deux meuniers.

Moulin de Quimper (Bretagne).

Ils ne peuvent suffire à moudre et les sacs de blé restent quelquefois une semaine au moulin, au lieu de trois jours et trois nuits, d'après la règle de la coutume (Art. 386). « Les particuliers s'impatientent : les meuniers leur rendent leurs grains, mais après avoir prélevé le prix de la moûture, un seizième par sac ; et disent d'un petit air aisé : J'ai pris mon droit, prenez le vôtre et allez faire moudre où vous voudrez ». Soit ! Mais il faut payer encore le meunier auquel on s'adressera : en sorte que « le particulier » paie deux droits au lieu d'un. « Ce sont, conclut M. de Mesmeur, ce sont ces différents manèges qui augmentent le prix du pain... » ; et il demande justice.

En 1750, un seul avait la ferme des moulins du Roi et de l'Evêque (Rôle de la capitation de cette année). (J. Trévédy).

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