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CAHIER DE DOLÉANCES DE LOCMARIA (EN QUIMPER) EN 1789

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La paroisse de Locmaria est comprise aujourd'hui dans la ville de Quimper. La paroisse dépendait du prieuré du même nom, qui était une annexe de l'abbaye de Saint-Sulpice de Rennes (voir la note qui suit).

Note : Le prieuré de Locmaria (communauté de femmes) avait, en 1789, un revenu d’environ 3.600 l. Le recteur, Lalau, recevait 300 l. pour le gros et 300 à 400 l. pour le service du prieuré, soit en tout 700 l. — Du prieuré de Locmaria dépendait le petit prieuré-cure du Quilliou (en Plonevez-du-Faou). Cf. G PONDAVEN. Locmaria-Quimper, dans le Bulletin diocésain, 1924, pp. 193 et sqq.

POPULATION. — 130 feux, 650 habitants.
CAPITATION. — 140 cotes (3 l. et au-dessous : 125, au-dessus : 15). Total : 403 l. 1 s. 4 d. (capitation, 273 l., 21 deniers p. l. 23 l. ; milice, 36 l. ; casernement, 69 l.).
VINGTIÈMES. — 672 l. 16 s.
CORVÉE. — Route Quimper-Concarneau, 546 toises. Dist. 1 km 7. Cap. 262 l. Synd. Nicoas Denic.
Le fief du Prieuré de Locmaria qui avait une haute justice s'exerçant aux Cordeliers, en la ville close de Quimper, comprenait deux agglomérations distinctes Locmaria et Bourg-les-Bourgs, faubourgs de Quimper séparés par l'Odet. — Locmaria avait, en 1789, deux importantes manufactures de faïence dont les produits étaient universellement répandus en Basse-Bretagne. La première faïencerie, fondée en 1690, appartenait depuis 1782 à Antoine de la Hubaudibre, gendre et successeur de Pierre-Clément Caussy ; la seconde, créée par Eloury vers 1780, malgré une vive opposition de la part de Caussy, était déjà très prospère en 1789 (voir la note qui suit) (Voir LE MEN, La manufacture de faïence de Quimper, dans le Bull. de la Soc. Arch. du Fin., t. III, 1875).

Note 1 : « Il paraît que le sieur de La Hubaudière veut obtenir le privilège exclusif de faire de la faïence à Quimper. Nous rendons justice à ce monsieur ; il fait vivre une grande partie de la paroisse de Locmaria. Mais pourquoi demander un privilège exclusif ?. Le sieur Eloury, jeune homme digne de fixer l'attention du public, a déjà établi une manufacture de poterie qui, au moins, équivaut à celle de le Hubaudière. Il ne peut qu'être utile au public d’établir entre eux une noble émulation » (Lettre de la Commission diocésaine de Quimper à la Commission intermédiaire à Rennes, C 76, reg. de correspondance, 17 nov. 1787).

PROCÈS-VERBAL. — Assemblée électorale, le 5 avril, « en la chapelle de Sainte-Barbe, attendu que la sacristie, lieu ordinaire des délibérations est trop petite », sous la présidence de Me Jean-Pierre-Alexandre Huchet, sieur du Ménez, « avocat à la cour et procureur fiscal de la juridiction du prieuré royal et ducal du Grand Locmaria ». — Comparants : Antoine-Joseph de la Hubaudière (voir la note 1 qui suit), Guillaume Eloury (voir la note 2 qui suit), Jean-Baptiste Bérardier (voir la note 3 qui suit), Jean-Baptiste Cariou, Nicolas-Guillaume Denic, Gabriel Gestin, Guillaume Eloury, le vieux ; Guillaume Dumaine (voir la note 4 qui suit), Pierre Férec, Jean-Pierre Clément, René Gelot, Jean-Louis Deniel, Guillaume Hostiou, Augustin Le Roy, Léonard Minier, Louis Hascoët, Yves Cudennec, Joseph Tromeur, Jean Chalm, Nicolas-Jean Le Men, Alain Caban, Pierre Cuzon, Pierre Divanach, Julien Morel, Jean-François Béchennec, Philippe Colliec, Alain Frabolot et environ 40 autres. — Députés : Guillaume Eloury et Jean-Baptiste Cariou.

Note 1 : De la Hubaudière (Antoine-Joseph) (1744-1794), ingénieur en second des ponts et chaussées à Quimper, devint en 1782 directeur de la plus importante manufacture de faïences de Locmaria. Son fils aîné, Clément, aida puissamment à l’évasion des députés girondins fugitifs, en août 1793.

Note 2 : Eloury (Guillaume), directeur d’une manufacture de faïence fondée à Locmaria peu avant la Révolution.

Note 3 : Bérardier (Jean-Baptiste), né en 1736. Son frère, l’abbé Denis Bérardier, ancien principal du collège de Quimper, était en 1789 grand-maître du collège Louis-le-Grand et fut député de Paris aux Etats généraux et à la Contituante.

Note 4 : Dumaine (Guillaume), fondateur d’une troisième manufacture de faïence à Locmaria.

 

Du 13 avril. Assemblée de tous les habitants de la paroisse de Locmaria, au-dessus de 25 ans, qui ont voulu y assister en conséquence de l'annonce faite par M. le Recteur, à l'effet de donner des charges à ses représentants nommés par la délibération du 5 de ce mois, lesquelles charges ont été données comme suit :

1° — Les impôts seront également répartis entre les différents ordres, de quelque nature qu'ils puissent être et en proportion des facultés de chacun des individus qui composent les trois ordres ; et, si le Tiers n'obtenait pas cette justice, Sa Majesté sera suppliée de faire faire une recherche exacte des faux nobles qui sans droit et sans titre, s'attribuent la qualité avantageuse, parviennent à participer aux privilèges d'un ordre auquel ils n'appartiennent pas et cela à la charge du Tiers Etat dont ils dédaignent de se dire membres ; que ces faux nobles soient condamnés à des amendes proportionnées au tort réel qu'ils font au Tiers Etat (voir la note qui suit).

Note : L’abus était fréquent. En 1771, la municipalité de Quimper signalait 39 personnes des plus imposées inscrites indûment sur le rôle de la capitation de la Noblesse. Elle demanda leur inscription au rôle du Tiers (Arch. du Finistère, E 106, fol. 172, Délibération du 31 octobre 1771). Souché de La Brémaudière, député de la paroisse de Plomelin à l’assemblée de la sénéchausée de Quimper, en avril 1789, « avait contre lui un arrêt d’usurpation qui le condamnait à 400 livres d’amende pour avoir pris le titre de gentilhomme » (DU CHÂTELLIER, op. cit., I, p. 164).

2° — Sa Majesté sera très humblement suppliée de maintenir la province de Bretagne dans l’intégrité de ses droits, sauf la répartition égale des charges et impôts, comme il est dit ci-dessus.

3° — L'ordre du Tiers aura aux Etats de la province des représentants en nombre suffisant. Le tirement au sort et autres enrôlements forcés, comme celui des marins, seront supprimés et remplacés, si les besoins de l'Etat l'exigent, par des contributions pécuniaires. Les membres du Tiers seront déclarés habiles à posséder toutes charges, tant civiles que militaires, et que toute exclusion qui les concerne soit supprimée.

4° — L'imposition à l'industrie sera supprimée pour les objets de peu d'importance, notamment pour ceux relatifs aux manufactures, au commerce des bois et des fruits et autres de cette espèce qui se font dans cette province.

5° — L'exportation des grains ne sera pas permise quand le boisseau de seigle, mesure du marché, passera 6 livres et le boisseau de froment 9 livres.

6° — Sa Majesté voudra bien faire veiller à ce qu'il ne se fasse pas de fausses déclarations d'avarie de blé sur notre côte et celle des pays étrangers, en fraude des défenses qui seront portées contre l'exportation.

7° — Il n'y aura, à l'avenir, d'autres droits sur les vins que les droits d'entrée qui les renfermeront tous (voir la note qui suit) et le peuple ne paiera, à l'avenir, l'eau-de-vie sur d'autre pied que les privilégiés.

Note : « Ce fut dans la tenue des Etats de 1605 qu'on assigna pour la première fois des droits sur le détail ; on levait auparavant des droits en gros ou d'entrée » (CARON, Administration des Etats de Bretagne, p. 362).

8° — Il sera pourvu au soulagement des prisonniers dont les logements seront rendus plus salubres et à ce que les malheureux qui les habitent ne manquent ni des choses de première nécessité ni du linge et de vêtements dont l'homme ne peut se passer sans que sa santé en souffre, n'étant pas juste que les accusés, qui souvent ne sont pas coupables, essuient dans les prisons un supplice anticipé par l'extrême misère qu'ils y ont souffert jusqu'à présent (voir la note qui suit).

Note : La prison du Roi à Quimper, située « à l'encoignure de la rue Verdelet et de la rue Obscure, était une maison particulière louée d'abord en 1667, puis acquise par le Domaine, et qui a servi jusqu'en 1807 ; c'était un édifice absolument insuffisant et incommode » (J. TRÉVÉDY, Promenade à Quimper, dans le Bulletin de la Soc. archéol. du Finistère, t. XII, p. 293). Partout, en Cornouaille, les locaux de détention étaient dans un état déplorable ; aussi les évasions étaient-elles très fréquentes. « Le procureur du Roi remontre qu’au mois d’août dernier tous les criminels se sont évadés des prisons de cette ville, ayant forcé les serrures et les barres de fer » (Arch. municipales de Quimper, reg. des délibérations, 10 octobre 1788). On entassait les prisonniers dans des locaux exigus, « ils périssaient ordinairement par les maladies contagieuses qui s’y engendraient ; ils y mouraient de faim » (DELAPORTE, op. cit., pp. 112 et sqq.). — Cf. Rapport du Directoire du Finistère, 19 novembre 1791, Derrien, Quimper, pp. 5 et 42.
Sur les prisons de Quimper, voy. Arch. d’Ille-et-Vilaine, C 112 :
« Le geôlier recevait 4 l. 10 s par prisonnier civil et par mois. Il avait pour tout salaire le casuel de ses prisons, qui consiste en un sol par jour qu'il retient sur la solde des accusés. Sur quoy il est obligé de fournir les eaux et 15 livres de paille à chaque accusé par mois ; il a, de plus, 12 sols d'entrée et autant de sortie pour les prisonniers de police ». Les prisonniers avaient une solde de 3 sous par jour dans certaines juridictions, 4, 5, 6 sols dans d'autres.
« La prison de Quimper est située dans un endroit où le soleil ne paraît jamais et où il y règne tant d’humidité, que la paille qu'on donne aux prisonniers y pourrit en très peu de temps, de sorte qu'ils sont presque toujours couchés sur le fumier » (Arch. d’Ille-et-Vilaine, C 129, et Ant. DUPUY, La Bretagne au XVIIIème siècle. Les Prisons, dans le Bulletin de la Soc. archéol. d’Ille-et-Vilaine, t. XVI [1883], pp. 1-54). — Sur l’état des prisons en Bretagne, voy. aussi Jean LORÉDAN, op. cit..

Fait et arrêté, en la grande église, la chambre des délibérations ne pouvant contenir tout le peuple assemblé, en présence de MM. Flamant et Huchet sénéchal et procureur fiscal de la juridiction de Locmaria, de M. le Recteur, sous leurs seings et ceux des habitants qui savent signer.

Huchel, Flamant, Berardier, Gabriel Gestin, Nicolas Jadé, Louis Brisquigner, René Boloré, Jean Herveat, Léonard Minier, Jean Cariou, faisant pour Julien Cariou son père ; de la Hubaudière, Pierre-Guillaume Nicolas, Eloury, Guillaume Eloury. Alexis Paul, Nicolas Dénic, G. Dumaine, André Michel. Mathieu Morvan, Jean-François Béchennec, Jean-Marie Léost, Jean-Baptiste Cariou, Pierre Férec, Grégoire-Joseph Eloury, Alain Bescond, Lalau, recteur de Locmaria ; l'Haridon, notaire.

(H. E. Sée).

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