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Les auditoires des justices et les fourches patibulaires de Quimper.

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AUDITOIRES DES JUSTICES.

Ogée se plaignait au dernier siècle, qu'il n'y eût pas à Quimper « un temple de la Justice ». Que de juridictions cependant s'exerçaient dans notre ville à cette époque ! Et d'abord trois juridictions royales : Présidial, Sénéchaussée [Note : Le présidial et la sénéchaussée formaient en réalité deux juridictions, bien que ne formant qu'une seule compagnie], Amirauté ; — puis les deux juridictions de l'Evêque, ecclésiastique et séculière ; — enfin six hautes justices celle du fief de Quémenet, dépendant du marquisat de Pont-Croix, celle de Coatfao et Pratanras (paroisse de Penhars et Pluguffan), du Plessix-Ergué (paroise d'Ergué-Armel), du Hilguy (paroisse de Plogastel-Saint-Germain), mentionnées par Ogée, et deux hautes justices omises par lui : celle du prieuré de Locmaria et celle de la Commanderie de Saint-Jean.

Palais de Justice de Quimper (Bretagne).

Nous avons dit que la justice ducale, puis royale, s'était exercée autrefois hors ville, à la Terre au Duc, d'abord dans un auditoire non loin de la rue de la Vieille-Cohue, puis « dans un beau logis... devant la porte Médard ». Mais, ce dernier édifice ayant été abattu quand le duc d'Aumont menaça Quimper, il fallut chercher un auditoire ailleurs. Le chanoine Moreau donne même à entendre que, dès la création du présidial (1551), « les juges royaux empruntèrent une partie du monastère des Cordeliers pour y tenir leurs audiences ».

Plus tard, le présidial se trouvant mal installé acquit judiciellement une maison place Saint-Corentin ; mais l'Evêque, qui tolérait le siège de la justice royale dans son auditoire d'emprunt des Cordeliers, s'opposa à cet établissement définitif (14 octobre 1700) et le présidial admit cette opposition (Protestations du sénéchal et Réponses de l'Evêque, 7, v°).

La justice ecclésiastique de l'Evêque avait eu anciennement son siège place Médard. C'est, dit-on, ce que semble indiquer la devise du Chapitre que j'ai rappelée plus haut : A la barre de Saint-Médard. La justice séculière dite Cour des Regaires siégeait de toute antiquité dans les dépendances de l'Evêché. La transaction passée, en 1209, entre Guy de Thouars et l'Evêque confirmait au prélat le droit de tenir « sa juridiction plaids dans sa propre maison ». Cet usage tout d'exception ancien (LOBINEAU, p. 204. HÉVIN, p. 93. — Il cite cette phrase du Cart. : « In domo Episcopi, sicut olim fieri consuevit, placita tractabuntur »).

Le rapport du Sénéchal (1745) nous apprend que ce droit était exercé jusqu'au dernier siècle. Nous y lisons, en effet, que le pilier de la porte principale de l'Evêché, à gauche, joignait l'auditoire des Regaires. L'auditoire était donc compris entre le portail de l'Evêché et la cathédrale (Rapp. Sénéchal. 18, r° et v°, 35, r°).

D'après ce qui précède, le nom de rue des Regaires ne conserverait pas le souvenir d'un auditoire des Regaires en cette rue. Cette voie s'appelait au XIIIème siècle rue Rachaer, c'est-à-dire faubourg, selon Lhuyd, qui donne la forme Rag-kaer, en latin Inburbs, et le nom de Regaires appliqué à la rue paraît être une transformation maladroite du vieux mot breton.

D'où venait donc ce nom de Regaires ?...

Hévin dit que les prérogatives de la justice temporelle des évêques surpassaient celles des barons ou pairs laïcs ; que c'était une éclipse de la justice du souverain ; c'est pourquoi cette juridiction laïque était nommée Régale, d'où l'on aurait fait Regaires (HÉVIN, p. 59 et passim.).

Mais notre grand feudiste n'y entend rien : « La justice des évêques ne venait pas de leur fief, mais du choix que chaque ville épiscopale fit de son pasteur pour son juge de paix ! ». Quel est l'auteur de cette drôlerie ? M. Girard, avocat à Quimper, auteur de l'article Quimper au Dictionnaire d'Ogée. — Mais alors d'où vient le nom de Regaires ? Le même auteur va nous l'apprendre. Je copie : « Cette juridiction s'appela Regaire, de Raca, mot celtique signifiant faire du bruit, qui est, dit-on, la racine de Racaille et de Regaire ; et cela sans doute parce que dans un auditoire où tout le monde veut parler à la fois il y a toujours grand bruit, ou parce que cette juridiction fut exercée d'abord dans un des faubourgs, qui, étant ordinairement le séjour de la lie du peuple, n'est jamais sans tumulte et sans cris » [Note : Dictionnaire d'Ogée. Quimper. t. II., p. 397. M. Girard a été depuis président du Comité révolutionnaire, puis président du tribunal. La lie du peuple est une expression bien aristocratique, et comment le Comité n'en a-t-il pas demandé compte à son président ? J'espère du moins que quand M. Girard présidait son audience tout le monde n'y parlait pas à la fois].

Ogée déclare dans une note laisser ces imaginations au compte de M. Girard ; faisons comme lui et tenons-nous à l'opinion d'Hévin.

Les cinq hautes justices de Quémenet, Pratanras, Le Plessix-Ergué, Le Hilguy et Locmaria suivirent l'exemple du Présidial et allèrent siéger aux Cordeliers.

Leur auditoire commun était une grande salle dans le bâtiment parallèle à la rivière de Stéïr, corps de logis que les titres du couvent nomment « le département de Saint-Louis » [Note : Ce corps de logis existe encore ; mais avant longtemps il doit être démoli]. On entrait par une porte pratiquée rue Saint-François, auprès de la chapelle du Juch, qui formait l'aile droite du choeur ; on traversait un jardin et on longeait les cloîtres pour accéder à l'auditoire. Cette installation extrêmement gênante pour les Cordeliers, qu'ils n'avaient acceptés qu'à titre provisoire et contre laquelle ils ne cessèrent de protester, devait durer un siècle et demi et survivre à leur couvent.

L'auditoire de la haute justice de Saint-Jean était derrière la chapelle sur le quai. Le fief de la commanderie ne comprenait à Quimper que la chapelle, un jardinet et son auditoire dans une cour ; en sorte que même le sacristain n'était pas justiciable de Saint-Jean, car n'habitant pas la chapelle il n'habitait pas sur le fief. Le commandeur de La Feuillée dans son terrier de 1731, proteste que la justice a été exercée sans interruption le jeudi de chaque semaine, jusqu'à 1621. A cette époque, la justice de Saint-Jean n'avait plus aucun officier : le Présidial toujours porté à restreindre les droits des seigneurs, s'empressa de déclarer la justice de Saint-Jean supprimée [Note : Sur les réquisitions du procureur du roi, Jean Beaujouan. Voir notice sur Jean Beaujouan. Bull. 1885. T. XII, p. 26. — Je ne puis insister. D'autres renseignements trouveront leur place dans une Etude sur les Hautes justices de Quimper. — Voir le terrier de la Commanderie (1730). Archives départementales avec un plan de la chapelle et de l'auditoire]. La commanderie n'avait pas grand intérêt à la rétablir, et les choses restèrent en l'état pendant un siècle. C'est seulement en 1727 que le Commandeur de La Feuillée demanda et obtint sans peine un arrêt du parlement « rétablissant la juridiction de Saint-Jean ».

Palais de Justice de Quimper (Bretagne).

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FOURCHES PATIBULAIRES.

D'ordinaires, les vieux plans des villes signalent par une potence le lieu des exécutions. Le plan de Quimper ne contient aucune indication de ce genre. C'est que les exécutions de la justice royale avaient lieu, au dernier siècle, tantôt sur une place, tantôt sur une autre, ou aux patibulaires du Roi sur le mont Frugy ; mais le plus souvent au Tour du Châtel [Note : Cela résulte des jugements de condamnation].

Il ne paraît pas que depuis longtemps l'Evêque haut justicier ait exécuté dans sa Ville-Close. Originairement les officiers ducaux réclamaient comme une prérogative et un honneur l'exécution des jugements prononcés par les hauts justiciers, et conduisaient le patient à la potence du Duc. Mais plus tard « la mode ayant changé », ils finirent par se refuser à cet office. C'est même à cette occasion que l'évêque de Quimper obtint, par lettres du 24 février 1424, du duc Jean V « le droit de lever en ses fiefs une justice patibulaire, pour y être exécutez les condamnez par sa justice séculière » (HÉVIN, Cons. III, p. 10. — Questions, p. 83). Cette justice « à quatre postz (poteaux) », fut dressée sur la colline de Kerallan, qui domine le moulin de Saint-Denis, au-delà de l'hippodrome. Le nom de justice (justiciou) donné à deux petites parcelles sur cette colline marque l'emplacement exact de cs fourches patibulaires (Nunéros 833 et 834 Son. A. du plan cadastral d'Ergué-Gabéric).

Les possesseurs des quatre hautes justices s'exerçant aux Cordeliers n'avaient pas qualité pour exécuter dans la ville, fief del'Evêque, ni à la Terre au Duc appartenant au Roi. Aussi, le jour où les juges ducaux, puis royaux se refusèrent à assurer l'exécution des jugements seigneuriaux, les seigneurs hauts justiciers durent se retirer sur leurs fiefs pour l'exécution.

La justice du Quémenet avait ses patibulaires sur la colline de la Justice, qui domine le Séminaire, entre la route de Pont-l'Abbé et la vieille route de Douarnenez [Note : La colline garde le nom de Justice et le chemin qui unit les deux routes se nomme chemin des Pendus. Aveu du 30 octobre 1730. V. Bulletin X, p. 211] ; — celle de Coatfao et Pratanras « aux issues du manoir de Pratanras, sur le grand chemin de Quimper à Douarnenez et Pont-Croix », (Aveu du 27 novembre 1751. Arch. départ. Voir Bulletin X, p. 14 et suiv. et 211) ; — celle du Plessis-Ergué, à Kervao, sur la route de Concarneau (Aveux du Plessis-Ergué (19 septembre 1683). Arch. dép.) ; — celle du Hilguy, non loin de ce manoir, entre les deux villages de Ménez-Huard et Ménez-Ogan, à gauche de la route de Quimper à Plogastel-Saint-Germain. Ce lieu garde encore le nom de Justice (Numéros 26, 29, 30 Son. C du plan cadastral de Plogastel).

La haute justice du prieuré de Locmaria n'avait pas de fourches patibulaires, puisque les aveux rendus au roi ne les réclament pas : la prieure avait seulement, sur la place près de l'église, « un poteau avec carcan pour y attacher les blasphémateurs et les malfacteurs » (Aveu du 17 avril 1679. Archives départementales, H, 317, carton).

La justice de Saint-Jean n'avait à Quimper ni fourches patibulaires ni poteau à carcan. (J. Trévédy).

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