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HISTOIRE DE L'EGLISE CATHEDRALE DE QUIMPER

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Histoire. — Il y avait certainement, à la place occupée aujourd'hui par la cathédrale, une église romane, remontant, selon toute vraisemblance, à la seconde moitié du XIème siècle, et dont la nef ne disparut qu'au XVème siècle. Nous n'en connaissons qu'un chapiteau, retrouvé en 1879 dans le mur d'une maison voisine. Ce chapiteau, depose maintenant au musée archéologique, offre les plus grandes analogies avec ceux de l'église abbatiale Sainte-Groix de Quimperlé, fondée par le comte de Cornouaille Alain Caignart (1022-1058) et achevée vers 1085. Derrière le chevet de la cathédrale, mais à part, se trouvait une petite chapelle où, suivant une tradition très discutable, Alian Caignart fut enterré. Un baptistère, qui subsista jusqu'à 1440, complétait ce groupe d'édifices.

C'est un évêque d'origine française (de genere francus), Rainaud (1219-1245), qui entreprit de reconstruire sa cathédrale dans le nouveau style. L'œuvre fut commencée, par le chœur, probablement en 1240, La petite chapelle qu'on avait peut-être eu d'abord l'intention de conserver en la rattachant au monument gothique, fut démolie et remplacée. Le mur de la travée sud du déambulatoire voisine de la nouvelle chapelle renfermait jadis dans son enfeu un tombeau que l'on a parfois regardé comme celui de Rainaud, mort en 1245.

En 1261, on enterra dans le chœur l'évêque Hervé de Landeleau. Le chœur qui devait se trouver dès lors passablement, avancé, servait à la célébration du culte en 1287. L'évêque était, cette année-là, Éven de la Forest, depuis 1283. Nous pouvons lui attribuer, d'une part la construction des travées en trapèze du déambulatoire au sud avec le bas-côté qui les prolonge, moins la muraille même des chapelles de ce bas-côté, d'autre part la pose des remplages des fenêtres dans le chœur, la chapelle centrale et, les travées voisines. Il fut enterré en 1290 dans la chapelle centrale.

Les dernières années du XIIIème siècle se passèrent, semble-t-il, à terminer le bas-côté nord du chœur. L'inhumation de l'évêque Yves Cabellic, qui sans doute l’avait fait entreprendre, avait eu lieu en 1280 dans la seconde chapelle.

Le mur et les fenêtres du bas-côté sud datent des années 1335-1336. C'est la seule partie de la cathédrale qu'il faille assigner au XIVème siècle. Un inventaire ancien signale cependant un martyrologe de 1361 où il est fait mention, sous cette même date, « de la nouvelle œuvre de la cathédrale et d'un certain miracle ». Il n'est pas impossible que cette nouvelle œuvre fût l'établissement des voûtes de la chapelle centrale. Là se clôt la première campagne de travaux.

La seconde s'ouvre en 1408. Elle commence par la construction des voûtes du chœur pendant l'épiscopat de Gatien de Monceaux (1408-1416). Bientôt, enfin la nef romane céda la place à une nef gothique. Les tours, dont la première pierre avait été posée le 26 juillet 1424 par l'évêque Bertrand de Rosmadec, se trouvaient achevées, ainsi que les portails latéraux, en 1445. La nef était terminée en 1460, le croisillon sud du transept en 1467. Le croisillon nord fut construit de 1476 à 1485 et voûté avec le reste du transept en 1486. La nef, sauf les bas-côtés et les chapelles, couverts dès leur achèvement, ne reçut ses voûtes qu'en 1488. A la fin du XVème siècle, il ne manquait plus à la cathédrale que les flèches destinées à couronnée les tours. Les travaux, amorcés vers 1450, restèrent interrompus pendant quatre siècles. On surmonta les plates-formes de petits toits octogones, très laids, couverts d'ardoises.

Sous la Révolution, la cathédrale perdit un grand nombre de ses vitraux, et de ses sculptures. Du reste, les dégradations de toute sorte, effets de l'ignorance et de la négligence, s'y succédèrent jusqu'à 1836. On ne se préocupa activement de la restaurer que vers 1840. Mgr Graveran, qui gardera le principal mérite de cette initiative, mourut à la fin de 1854, sans avoir vu les flèches dégagées de leurs échafaudages (août 1856). La restauration, qui eut, à tout prendre, de bons effets, n'est pas, il faut le dire, sans prêter, sur bien des points, à la critique.

Eglise-Cathédrale de Quimper (Bretagne).

Plan. — L'édifice est orienté. Il comprend une nef de cinq travées, flanquée de bas-côtés que borde une rangée de chapelles ; un transept de deux travées à chaque croisillon ; un chœur formé, de cinq travées droites et d'une abside à trois pans avec bas-côtés, chapelles et déambulatoire. Une chapelle rectangulaire divisée en deux travées s'ouvre sur le déambulatoire derrière l'abside [Note : Les principales dimensions sont : longueur totale, 92m 45 ; longueur du chœur, 30 mètres ; longueur de la nef, 36 mètres ; hauteur de la voûte au-dessus du sol, 20m 20 ; largeur de la façade, 34 mètres ; hauteur des tours avec les flèches, 75m 40].

L'axe du chœur ne coïncide pas avec celui de la nef : il s'en écarte de deux degrés et demi, ce qui produit, au niveau du chevet, un déplacement de trois mètres vers le nord. Ouelques-uns veulent encore voir dans cette particularité l'expression d'une idée mystique, la figuration du Christ mourant sur la croix. En fait, M. de Lasteyrie a démontré que rien ne justifiait de pareilles interprétations. Les irrégularités de cette espèce s'expliquent, toujours assez facilement par les circonstances dans lesquelles la construction s'effectua. Elles résultent soit, d'une erreur d'alignement, soit de la nature des lieux.

Ici, quelque nombreuses que se révèlent, on le verra, les traces d'inhabileté en divers points du monument, il ne saurait, cependant s'agir d'une erreur. La faute serait trop grave, invraisemblable. D'ailleurs, les fondations de l'édifice roman, qu'on venait de jeter à bas, devaient servir de points de repère. C'est à des raisons tirées de la nature du sol qu’il faut demander l'explication cherchée.

La déviation était prévue, admise à l'avance ; sinon, une fois arrivé au transept, l'architecte se serait bien aperçu qu’il s'était trompé, et la dernière travée eût reçu la disposition nécessaire pour s'adapter à un transept qu'on devait désirer construire, ainsi que la nef, suivant le nouvel axe adopté par hasard. Au contraire, les divergences des axes avaient été acceptées et les dernières piles furent placées parallèlement à celles de la pef. On peut aisément s'en rendre compte par l'examen des piles actuelles ; elles ne sont en somme que celles du XIIIème siècle refaites en partie au XVème siècle, mais dont certains profils, subsistant encore du côté du transept, nous permettent de nous représenter l'aspect complet. Si les travaux avaient pu être continués alors, la nef aurait eu certainement la même orientation qu'aujourd'hui. La déformation de la première travée du chœur ne pourrait s'expliquer, si l'on admettait une erreur, qu'à la condition d'admettre en même temps que les évêques se contentaient, d'avoir fait rebâtir cette partie de la cathédrale et ne se proposaient pas d'aller plus loin. La chose, certes, n'est pas impossible, mais elle est très douteuse. En tout cas, même prouvée, elle ne prouverait pas la réalité d'une erreur.

Pourquoi donc les architectes du chœur adoptèrent-ils un axe différent de celui du chœur roman ? Suivant R.-F. Le Men, ils auraient voulu rattacher leur construction nouvelle à la vieille chapelle d'Alain Caignart. Cette hypothèse paraît peu vraisemblable, car, en fait, la chapelle en question ne fut pas conservée. D'ailleurs, nous ne savons pas exactement où elle se trouvait. Une seule explication reste donc admissible : le sol, à l'emplacement des maçonneries romanes, était trop instable. Il faut songer que le lit de l'Odet passait autrefois plus près de la cathédrale que maintenant. Il faut se souvenir aussi que la partie du chœur la plus récente est justement le mur des chapelles du bas-côté sud. Suivant une tradition locale ancienne, ce mur aurait été bâti sur pilotis.

Une dernière question se pose : Pour quelle raison les architectes de la nef ne tentèrent-ils pas de rectifier le plan d'ensemble ? Pour une raison sans doute analogue, à celle qui, au XIIIème siècle, avait fait à la fois déplacer l'axe du chœur et accepter, pour la nef future, l'orientation primitive : il ne leur semblait pas désirable de se rapprocher trop de la rivière. De plus, Bertrand de Rosmadec venait justement de faire reconstruire son palais épiscopal, et la situation de ce palais, resserré entre la cathédrale et l’Odet, était telle qu'il fallait nécessairement, l'entamer, si l’on tenait à obtenir une construction symétrique. Les gens du moyen âge ne se préoccupaient pas assez, d'observer une régularité rigoureuse pour consentir à cette mutilation. On accepta ce qu'il était difficile d'empêcher.

 

Chœur. — Nous commencerons notre étude par le chœur, qui est la partie la plus ancienne de la cathédrale.

Il comprend en élévation trois étages : les arcades, le triforium et les fenêtres. Toutes les travées offrent la même disposition générale, que l'on conserva d'ailleurs au XVème siècle dans la nef. Cependant, la travée voisine de l'abside est un peu moins longue que les autres ; en outre, celle qui touche au transept présente du côté méridional une arcade plus large que celle qui lui fait face au nord.

Cette bizarrerie s'explique naturellement par la nécessité de rattacher le chœur gothique au transept roman. Mais ce qui paraît inexplicable, c'est que la pile sud, mitoyenne entre l'arcade et le transept, est moins forte dans le sens longitudinal que celle du nord. Le contraire eût été plus rationnel.

Les arcades de l'abside, où se profile un faisceau de tores, reposent sur des piliers cantonnés de colonnettes de divers diamètres, dont quelques-unes sont réunies par des gorges. Il y a autant de colonnettes sur le pilier que de tores à l'arcade. La mouluration des archivoltes reste la même dans la partie droite du chœur [Note : Il y a un filet au tore de l'intrados des arcades 3 et 4 du sud. Fantaisie personnelle ou réfection ? Il est impossible de décider], mais nous rencontrons ici un autre genre de supports, un massif cylindrique aux deux dernières piles, octogonal aux autres, flanqué de trois colonnes, une de chaque côté dans le sens longitudinal et, une vers le collatéral, et d'un faisceau de colonnettes vers l'intérieur du chœur. Le faisceau placé face au chœur comporte, aux deux dernières piles, trois colonnettes, aux premières, cinq. Les bases des dernières piles, portées sur de hauts socles polygonaux, se composent d'un gros tore aplati, surmonté de deux baguettes de même profil, le tout débordant le socle ; cà et là, de petites consoles soutiennent l'encorbellement. Les bases les plus proches du transept ont une mouluration plus compliquée. A l'abside, au contraire, l’aplatissement est tel que les bases se trouvent presque réduites à rien.

Les chapiteaux, relativement peu élevés, sont garnis de feuillages variés. On distingue sur quelques-uns des corps d’animaux, sculptés malheureusement sans finesse. Dans la partie droite, les chapiteaux des colonnes forment, avec celui du massif, une sorte de frise sous un tailloir commun, dont le profil consiste en un cavet légèrement refouillé par en-dessous et placé entre deux filets, le filet supérieur étant décoré lui-même d'un onglet très mince et, du reste, plus large que le filet inférieur. En plan, les tailloirs sont polygonaux. Ils supportent, du côté du chœur, trois longues colonnettes groupées, qui soutiennent les doubleaux, les ogives et les formerets.

Au-dessus de la clef des arcades court un bandeau orné de motifs divers, sculptés en creux ou en relief, feuilles de fantaisie, arcatures, quadrilobes. On y aperçoit même des têtes humaines, notamment du côté nord, où se trouvent, quatre têtes, dont l'une, coiffée d'une mître pointue, doit représenter l'évêque entouré des dignitaires du chapitre. Un cordon mouluré, contournant les groupes de colonnettes montantes, marque l'étage du triforium, constitué par une suite de petites baies tréflées, au nombre de quatre dans l'abside, cinq dans la dernière travée, six dans les autres. Chaque baie présente une mouluration continue formée par deux baguettes et par une gorge intermédiaire. Un tore en amande encadre le cintre et retombe sur les chapiteaux à feuillages de colonnettes adossées aux piles. Des ornements en creux garnissent les coinçons. A la première travée, du côté nord, deux petites arcades en tiers-point géminées s'ouvrent dans le mur, à droite de l'arcature du triforium.

On ne manquera pas de remarquer, dans l'ensemble du chœur, diverses fautes de construction. Les clefs des arcades ne montent pas toutes au même niveau. Il y a même de l'incertitude dans le dessin des archivoltes, particulièrement sur le mur du nord. Celui-ci, du reste, ne suit pas un tracé rectiligne exact ; il suffit, pour s'en rendre compte, de considérer dans tout son développement le cordon placé au niveau du triforium.

Les fenêtres occupent la partie supérieure du troisième étage. Un mur plein forme le fond de la partie inférieure. Le long de ce mur passe une galerie de circulation qui traverse les piles ; en avant règne une balustrade quadrilobée. Cette galerie de circulation est, on le sait, d'un usage très fréquent dans l'école normande. Toutefois, en Normandie, on trouve presque toujours une voussure profonde encadrant la fenêtre, tandis qu'à Quimper, les montants et le cintre de chaque fenêtre sont réunis à la face interne du mur par des ébrasements garnis d'une série de moulures et de colonnettes. Les remplages, de style rayonnant, à deux ou trois meneaux, se composent de trèfles et de quatre-feuilles comportant des lobes arrondis.

La voûte, établie dans les premières années du XVème siècle, est divisée par cinq croisées d'ogives que traverse une longue lierne au tracé irrégulier. Les compartiments sont de blocage. Sur les nervures se profile un tore à filet, dégagé par deux gorges entre deux onglets. Les doubleaux décrivent une courbe brisée. La clef de la croisée voisine du transept est percée d'une lunette. Sur les autres clefs se détachent les écus des divers personnages, laïcs ou ecclésiastiques, qui, par leurs libéralités, contribuèrent à l'achèvement de cette partie de l’édifice. La voûte présentait jadis une décoration d'un autre genre. Dès 1417, on l'avait peinte. Des lignes rougeâtres dessinaient sur fond blanc un appareil de pierres. Les ogives avaient reçu une couleur jaune clair. Au XVIIème siècle, on recouvrit cette peinture d'un badigeon bleu de ciel semé d'étoiles bleu foncé. Lors de la restauration, une couche uniforme de badigeon blanc recouvrait tout l'intérieur de l’église.

Le chœur se trouvait, au XVIIIème siècle, séparé de ses collatéraux par des murs de pierre. Une disgracieuse cloison de bois remplissait entièrement le vide des arcades ; elle fut abattue en 1791 sur l'ordre du Directoire du département.

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Déambulatoire. — On compte, de chaque côté du chœur quatre travées droites, dans le déambulatoire, cinq través en trapèze, rattachées chacune à une chapelle rayonnante à trois pans, le pan central de la troisième s'ouvrant sur une chapelle d'axe. Les travées droites sont bordées par des chapelles, séparées les unes des autres par des murs qui ont été peints à fresque par le peintre breton Yan Dargent.

A la première travée du sud correspondent deux chapelles, plus étroites que les autres, disposition qui résulte de celle du chœur. Cette première travée ne dessine pas un rectangle ; aussi la pile qui reçoit sur le bas-côté l’arcade intermédiaire entre les deux chapelles présente-t-elle des colonnes dont les chapiteaux ne supportent rien. Peut-être les architectes du XVIIIème siècle prévoyaient-ils, pour la voûte d'ogives, une ordonnance autre que celle qu'on adopta plus tard.

Dans tout le déambulatoire, à l'exception de la chapelle centrale, et dans les bas-côtés du chœur, le profil des ogives reproduit celui que nous avons signalé dans le chœur.

La principale différence entre les bas-côtés sud et nord réside dans le dessin et l'encadrement des l’enêtres. Au nord, les remplages sont composés de trèfles et de quatre-feuilles dont les lobes restent arrondis ou ne s'amincissent que faiblement ; au sud, au contraire, on observe un amincissement très prononcé. Au nord, l'encadrement des fenêtres consiste en tores sur l'archivolte el colonnettes à chapiteaux sur les montants, tandis qu'au sud, on voit seulement quatre biseaux continus en ressaut.

Les travées en trapèze font, de chaque côté, partie du même ensemble architectural que les travées droites, avec un caractère cependant un peu plus ancien. Elles sont chacune étroitement unies à une chapelle par une combinaison de voûtes d'ogives à six nervures. Celles du sud présentent, à l'exception du pan de mur touchant à la chapelle centrale, des fenêtres dont l'archivolte à son arête émoussée par un tore qui repose, à la naissance du cintre sur une sorte d'encorbellement orné de feuillages et formant saillie sur les montants chanfreinés [Note : La fenêtre centrale de la deuxième chapelle est accostée d'une colonnette sur chaque montant, mais cette colonnette est dépourvue de base et porte un chapiteau formant encorbellement]. Les feuillages sont, pour la plupart, d'un dessin très sobre. Il y a une certaine variété dans les remplages. L'un porte l'empreinte du style du XIVème siècle avancé ; deux autres sont composés, suivant la tradition normande, par de petits arcs tracés avec la même ouverture de compas que les grands. Une seule fenêtre présente le remplage rayonnant, tel qu'il s'observe dans le chœur. Cela suffit, d’ailleurs, pour nous autoriser à considérer ces chapelles comme contemporaines des parties hautes du chœur, bâties de 1280 environ 1290. Quant au pan coupé rattaché à la chapelle centrale, il constitue un des morceaux les plus anciens de la cathédrale, mais on a tort de croire que l'évêque Rainaud fut, enterré là en 1245. Par son remplage, posé probablement après coup, la fenêtre ne se distingue guère des autres ; mais elle est encadrée par un tore qui repose sur deux colonnettes dont les chapiteaux ont un tailloir carré et une corbeille évasée.

La première chapelle du nord, à partir du bas-côté, a été l'objet de diverses modifications au XVIème siècle, lors de la construction d'une nouvelle sacristie. Au-dessous d’une fenêtre de remplage moderne, on remarquera une baie rectangulaire, surmontée d'un arc en anse de panier et encadrée d'une riche décoration flamboyante. Une forte grille, dont la partie centrale est mobile, la ferme. On a beaucoup discuté sur la destination de l'édicule, aujourd'hui démoli, qui prenait jour par cette baie. C'était, sans doute, une chambre à reliques, une sorte de confession. Lors de certaines fêtes, le clergé présentait par ce guichet les reliques à contempler ou à baiser. La grille protégeait le trésor contre les dévots trop pressés ou peu discrets. Les travées suivantes ont des fenêtres à remplage rayonnant et des montants garnis de colonnettes. Les chapiteaux sont décorés de feuillages variés, feuilles d'eau, feuilles de fraisier, etc. Par exception, deux corbeilles, jointes entre elles, montrent le corps d'un homme allongé auquel une cigogne administre un clystère. Les tailloirs, polygonaux dans le bas-côté, sont ici carrés, la plupart avec les coins abattus. Il en est de même sur les grosses piles qui, en face, supportent les arcades du chœur. On notera que, vers le déambulatoire, ces piles présentent des colonnes qui ne reçoivent rien. Les constructeurs des voûtes n'ont pas su ou n'ont pas voulu utiliser ces supports.

Les voûtes du déambulatoire n'ont reçu aucune armoirie ; il n'en existe, que sur les arcades des enfeus ménagés dans les chapelles, mais elles ont des des clefs ornées de feuillages dont quelques-unes sont les morceaux de sculpture les plus joliment traités de la cathédrale.

La chapelle centrale, dont le plan offre un trapèze allongé, se divise en deux travées et se termine par un mur plat. La partie inférieure du mur nord de chaque travée contient un enfeu, la partie supérieure de toutes les travées, au sud comme au nord, une fenêtre, la seconde baie du sud étant un peu plus large que les autres. Une vaste baie est, en outre, percée dans le mur de fond. Dans le mur sud de la deuxième travée, une piscine s'ouvre entre deux petites arcades en tiers-point reposant sur des colonnettes dont les chapiteaux n'ont, pas de tailloir. Dans les remplages des fenêtres, très analogues à ceux des baies supérieures de la nef, on remarque des trèfles et des quatre-feuilles du type ordinaire de la première période rayonnante. L'encadrement se compose d'un tore à l'arête des archivoltes, d'une colonnette sur chaque montant. Les tailloirs sont carrés ou à coins légèrement abattus. C'est exactement le style du pan de chapelle voisin au sud. Tout cet ensemble est homogène.

Les voûtes seules font exception. Les faisceaux de colonnettes placés entre les travées et aux angles de l'est comprennent autant de colonnettes qu'il y a de nervures à recevoir. Ils étaient en place dès le XIIIème siècle, mais le profil des ogives, qui révèle une date bien postérieure, ressemble à celui des voûtes du chœur, avec l'onglet supérieur en moins. Peut-être, mais la chose n'est nullement certaine, la voûte fut-elle établie ici avant celle du chœur, vers 1360. On remarquera le tracé singulier du formeret du fond ; au lieu de suivre l'arête du mur, il vient encadrer le sommet du cintre de la fenêtre. Dans les angles de l'ouest, les ogives reposent sur des culots sculplés en forme de têtes fantastiques.

Cette chapelle se trouve parfois désignée, dans les actes du XIVème et du XVème siècle, sous le nom de chapelle neuve. Suivant R.-F. Le Men, elle ne serait que le résultat, d'un remaniement de l'ancienne chapelle romane. La restauration aurait eu lieu de 1285 à 1290. Nous ne saurions admettre cette hypothèse. D'une part, nous l'avons vu, la chapelle ne diffère que très peu des parties de l'édifice voisines et les plus anciennes. Si elle ne fut achevée qu'en 1290, c'est sans doute qu'elle resta plusieurs années sans remplage aux fenêtres. D'autre part, on n'y aperçoit aucun élément qu'il convienne d'assigner à une époque antérieure au XIIIème siècle. De l'ancienne chapelle d'Alain Caignart, il reste peut-être des matériaux, rien de plus.

 

Nef. — Bien que la nef soit de cent trente ans plus récente que le chœur, l'ordonnance d'ensemble y demeure la même. Nous retrouvons les trois étages : arcades, triforium, fenêtres avec galerie de circulation.

En partant des tours, dont les puissants supports d'angle forment, à l'entrée, de gros piliers cantonnés de colonnettes, on compte cinq travées communiquant avec les bas-côtés par des arcades en tiers-point dont la brisure n'est que faiblement accusée, surtout à la troisième et à la quatrième travée, un peu plus longues que les autres. Les arcades sont d'ailleurs toutes inégales entre elles. Celle de la cinquième travée du nord présente une ouverture plus étroite que celle qui lui fait face. La fenêtre haute est aussi, de ce côté, moins large que de l'autre. On observera, en outre, que la nef est un peu plus étroite que le chœur. On peut supposer que l'église romane était plus petite que l'église actuelle. Dans cette hypothèse, les fondations des tours auraient donc été posées en avant de l'ancienne façade et le repérage n'aurait pas alors été très exact, ce qui ne saurait nous étonner. Les diverses irrégularités que nous venons de signaler n'ont pas non plus d'autre cause.

Les arcades reposent sur des piles assez différentes entre elles. La première est un solide massif cylindrique dans lequel se perdent, en y pénétrant, les moulures des archivoltes. Deux groupes de moulures sur chacune de ces piles, l'un vers la nef, l'autre vers le bas-côté, retombent sur un culot à figurine sculptée. La pile suivante se compose d'un faisceau de colonnettes jointes par des gorges et correspondant à tous les tores des archivoltes. Les colonnettes ont des chapiteaux couverts d'une ornamentation végétale ; les tailloirs sont octogones, les bases prismatiques. Seules les plus grosses colonnettes ont un filet. Les troisième et quatrième piles présentent un plan octogone. Sur chaque face, une colonne reçoit un des tores des archivoltes voisines, les moulures secondaires pénétrant dans le fût. Les colonnes des faces non orientées portent un filet. Les autres, plus fortes, offrent un profil circulaire qui leur donne une apparence quelque peu archaïque. Sur aucun de ces supports, notons-le, la colonne interne ne fait saillie sur la nef ; elle ne reçoit que les tores des extrados, tandis que celle qui se trouve sur le bas-côté reçoit les doubleaux et ogives correspondants. La pile mitoyenne entre la nef et le transept est un massif cylindrique, cantonné de dix colonnettes, dont trois reçoivent les moulures de la dernière arcade.

Le triforium est souligné par un larmier qui repose sur un bandeau de feuillages. Il a la même hauteur que celui du chœur, et se compose également de petites arcades, au nombre de six à chaque travée, type plutôt rare, on le sait, à l'époque flamboyante. Comme dans le chœur, chaque baie s'amortit en trilobe, mais ici les supports sont formés par un groupe de colonnettes et chaque trilobe est encadré par un arc en accolade. Dans les écoinçons, des feuillages se mêlent à divers motifs d'ornementation sculptés en bas-relief.

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La balustrade qui borde la galerie haute a été mise en place vers 1860, mais il en existait des amorces qui ont permis de la reconstituer. Les fenêtres des deux dernières travées sont encadrées par des ébrasements garnis de colonnettes ; les trois autres ont une voussure profonde et des tableaux perpendiculaires au mur. Les remplages qui appartiennent au style de la dernière période flamboyante, furent posés plusieurs années après l'achèvement de la nef, en 1495.

La voûte d'ogives, accompagnée, comme dans le chœur et le transept, d'une longue lierne, et, à chaque croisée, d'un tierceron transversal, date de 1488-1493. On l'avait commencée, sans doute, en achevant les murs, car il subsiste, aux retombées de la première croisée, des assises dont le profil est semblable à celui des ogives du chœur ; puis, on s'arrêta. Le profil adopté près de trente ans plus tard consiste, dans la première travée, en un tore à filet dégagé par des cavets ; dans les quatre autres, un tore aminci et garni d'un filet se relie par des cavets à deux tores simples et plus minces, dégagés chacune par un onglet.

Nous avons déjà fait observer, en décrivant les piliers, que les colonnes posées dans la nef ne recevaient que les moulures des grandes arcades. Il n'existe, en effet, aucune liaison entre les parties inférieures et les voûtes. Les ogives et les doubleaux viennent reposer sur des culots placés au niveau de la naissance du cintre des fenêtres. Les murs s'élèvent jusqu'à ce point sans que rien dans leur structure révèle l'attente de voûtes. L'effet produit, par une telle disposition est plutôt disgracieux. Les murs présentent ainsi au-dessus des piles une surface nue dont la monotonie n'est rompue que par les cordons délimitant les trois étages. Les sculptures variées des culs-de-lampe, ornés de bouquets de feuillage, d'animaux fantastiques et de masques humains, ne sont ni assez soignées ni, d'ailleurs, assez visibles pour rendre cette monotonie moins fâcheuse.

Les voûtes de la nef furent peintes en 1492 ; elles portent, comme celles du chœur, des écussons, où figurent, avec les armoiries de l'évêque Alain Le Maout (1484-1493), celles de divers chanoines de cette époque ; on en compte cinq dans la travée qui est entre les tours. La tribune adossée à la façade en a remplacé, en 1866, une autre de style classique, à pilastres corinthiens, construite en 1644, aussitôt après l'installation des orgues.

 

Transept. — Des arcades garnies d'une abondante mouluration délimitent le carré du transept. Celles des croisillons dessinent un cintre très légèrement brisé, celles de la nef et du chœur un cintre un peu surbaissé. Les massifs d'angle reçoivent les moulures de ces arcs, du côté du chœur, sur autant de colonnettes qu'il y a de tores dans les archivoltes, des autres côtés, sur deux ou trois colonnettes seulement, les moulures secondaires allant se perdre directement dans le fût. Les massifs placés à l'entrée du chœur ont été reconstruits au XVème siècle, mais dans la mesure strictement nécessaire pour faire correspondre les supports aux voûtes.

Le croisillon sud est un peu plus court que le croisillon nord, pour la même raison sans doute qui décida les architectes, au XIIIème siècle, à incliner l'axe du chœur, puis, au XVème siècle, à conserver l'orientation primitive de la nef : l'instabilité du sol entre l'église et la rivière. L'ordonnance générale ne diffère pas d'un bout à l'autre du transept. Elle est identique à celle de la nef. Chaque croisillon comporte deux travées ouvertes par des arcades et une travée à murs pleins, cette dernière plus longue au nord qu'au sud. Il n'y a pas de concordance, d'ailleurs, entre les clefs des arcades et celles des fenêtres hautes et encore moins des croisées d'ogives, car une seule croisée d'ogives et une seule fenêtre de chaque côté correspondent à la seconde et à la troisième travée ensemble. Au fond, le triforium se continue par une galerie de circulation à balustrade quadrilobée, qui passe sous l'appui de grandes fenêtres en tiers-point. Les fenêtres, divisées, celle du nord par cinq, celle du sud par quatre meneaux, renferment au tympan un remplage constitué par des soufflets et des mouchettes d'un dessin assez mou. Les vitraux sont modernes.

La voûte comprend, à chaque travée, outre la croisée d'ogives, une lierne et un tierceron. Toutes ces nervures ont un profil semblable celui des nervures de la nef. Ici aussi, on remarque des armoiries sur les clefs. Au carré se voit l'écu de Bretagne timbré de la couronne ducale. Autour de cet écu, la décoration picturale donnée aux voûtains comportait un semis de fleur de lys d'azur sur fond blanc.

A la limite du transept et du chœur s'élevait jadis un jubé de style classique qui fut abattu en même temps que la clôture du chœur, en 1791.

 

Bas-côtés. — Ancune particularité bien originale ne signale à l'attention les bas-côtés. Contemporains de la nef, ils portent l'empreinte du même style. Une suite de chapelle ouvertes presque toutes les unes sur les autres par des arcs en tiers-point, les bordent et, en quelque sorte, les doublent d'un bas-côté secondaire moins large. Les supports dessinent en plan des losanges ; ils consistent en un faisceau de colonnettes et d'arêtes correspondant toutes aux moulures des arcades. Toutes les colonnes ont des bases prismatiques et de petits chapiteaux renflés, pareils à ceux de la nef. Un filet rehausse à peu près la moitié des fûts. Les voûtes présentent de simples croisées d'ogives, sans liernes. On y trouve le même profil qu'aux ogives de la nef ; chaque clef est ornée d'un écu.

L'une des travées de chaque bas-côté, située, sous une tour, communique avec les autres par une arcade très moulurée. La travée de la tour sud est couverte de huit branches d'ogives rayonnant autour d'un trou de cloche, celle de la tour nord, de huit nervures dont la clef porte les armes de l'évêque Raoul Le Moal. La première constituait le seul coin de l'église où les lépreux eussent le droit de se tenir pour assister aux offices. Le ciborium, que abrite, dans la seconde, les fonts baptismaux, est du XIXème siècle. Toutes deux s'ouvraient autrefois sur le porche par une porte latérale qu'on a eu tort de murer lors de la restauration de l'édifice.

Dans la première travée, au nord comme au sud, s'ouvre un porche latéral. Les deux travées suivantes, dans le bas-côté sud, s'appuient au mur du palais épiscopal et sont, par conséquent, aveuglées ; un escalier de pierre, construit au XVIIème siècle pour relier l'évêché à la cathédrale, occupait jadis la quatrième. La fenêtre qu'on y voit aujourd'hui est toute moderne. A la place de l'escalier, il n'y a plus qu'une petite porte. Les fenêtres, inégales entre elles, à la fois en hauteur et en largeur, appartiennent toutes au style flamboyant par leur remplage à soufflets et, mouchettes, et sont encadrées de colonnettes surmontées de petits chapiteaux. Sous la plupart de ces baies, les enfeus sont presque tous dépourvus de leurs tombes.

 

Façade. — La façade est très élégante. Élargie à la base par deux contreforts latéraux, elle dresse ses flèches à plus de 75 mètres. D'autre part, la prédominance des lignes verticales lui donne un aspect singulièrement élancé.

Le portail, placé en saillie entre deux contreforts est surmonté d'un gâble plein et d’une plate-forme bordée d'une balustrade à quadrilobes et à soufflets. Il comporte sept voussures, qui se continuent sur les ébrasements par de larges gorges de même profil, trois principales, garnies de niches à dais, quatre secondaires, occupées chacune par un cordon de bouquets feuillagés. Des tores, limitant les voussures, retombent sur les chapiteaux très minces des colonnettes disposées entre les canaux des ébrasements. Quelques niches abritent des anges d'une sculpture assez fruste. Le tore externe se termine par une accolade à peine marquée, ornée de choux frisés et portant un fleuron. Un petit nombre seulement de colonnettes et de tores présentent le filet, classique ailleurs à l'époque flamboyante. Du reste, cette dernière observation s'applique à toutes les parties de la cathédrale élevées au XVème siècle.

Le tympan et le trumeau datent de 1866. Le portail avait été mutilé vers 1820 pour laisser aux processions un large passage. Il se divisait, auparavant en deux baies en tiers-point, séparées par un pilier qui se composait de trois ou quatre colonnettes. Au tympan, une grande niche, flanquée de deux autres plus petites, abritait une statue équestre du duc Jean V. L’écu carré du duc subsiste toujours, sculpté sur le mur, entre les rampants du gâble. Il est tenu par le lion de Montfort casqué, qui, de son autre patte, tient la hampe de la bannière de Bretagne. Autour se groupent plusieurs autres armoiries grattées à l'époque révolutionnaire.

Au-dessus du portail, le mur comprend encore deux autres étages de hauteur égale, chacun percé d'une vaste baie. Celle du milieu, en plein cintre, renferme un remplage, de tracé à la fois souple et simple, établi vers 1490. La fenêtre supérieure, en plein cintre comme la précédente, mérite d'attirer l'attention. Une accolade ornée de crochets flamboyants, borde l'archivolte, abondamment moulurée et monte s'appuyer à la balustrade qui couronne le mur. Un faisceau central de colonnettes divise l'ensemble en deux baies, recoupées elles-mêmes en deux petites baies tréflées. Les petits arcs sont tracés avec la même ouverture de compas que les grands, à la manière normande. Deux meneaux horizontaux recoupent toute la fenêtre dans le sens de la largeur. C'est là encore une disposition normande ; mais chacun d'eux comporte, au-dessous, un motif de décoration tréflé qui, ainsi employé, est, semble-t-il, bien breton.

Le pignon à rampants peu inclinés qui couronne la facade est orné d'une balustrade semblable à celle du portail. Au-dessus, portée presque jusqu'au niveau du sommet des tours par le fleuron qui prolonge l'accolade de la baie du second étage, s'élève une statue équestre, refaite de nos jours et représentant le roi Grallon.

Les deux tours sont identiques entre elles, à quelques détails près. Une large fenêtre, qui ne reçut son remplage qu'en 1493, correspond à chaque bas-côté. Un larmier qui se continue sur les contreforts court au niveau des fenêtres ; un autre marque la limite supérieure de l'étage. Plus haut, le mur plein n'est percé que de deux petites baies rectangulaires, mais deux longues baies, profondément ébrasées, le dominent et ajourent plus de la moitié de la hauteur de la tour. Cinq minces colonnettes décorent les montants et les claveaux décrivent une courbe en cintre brisé. Une accolade amortie par un fleuron encadre l'archivolte. De fausses arcades en mitre, décorées comme les accolades, garnissent les surfaces nues, aux angles. Cinq traverses horizontales recoupent les baies, mais on y retrouve, au moins à la tour nord, le même motif tréflé qui se voit, à la fenêtre supérieure de la façade.

Deux contreforts, qui, dans leur montée, s'amincissent en se parant de pinacles à crochets, épaulent la façade de chaque tour sous les fausses arcades en mitre. Ceux des côtés, plus courts que les autres, forment, au rez-de-chaussée, une masse à forte saillie, et, au-dessus, se réduisent de façon à devenir les culées de deux petits arcs-boutants ajourés.

Trois bandeaux richement sculptés garnissent le mur entre les baies et la corniche. De la corniche s'élancent douze gargouilles, une à chaque angle, deux sur chaque face. Une galerie à double étage couronne la tour. Elle comprend une galerie principale couverte, entourée d'une balustrade à quatre-feuilles à laquelle se superpose une arcature tréflée, et une plate-forme supérieure bordée d'une balustrade flamboyante. Cette sorte de galerie couverte, dont le prototype, un peu différent de la galerie de Quimper, est à Rosporden, jouit d'une grande vogue en Bretagne du XIVème siècle au XVIème siècle. Elle s'observe encore à la tour de Ploaré, près de Douarnenez, qui n'est pas cependant antérieure à 1543.

Les flèches, œuvre moderne, s'adaptent néanmoins aussi bien que possible au reste de l'édifice et font honneur à l'architecte qui les conçut, M. Bigot. Il n'y a pas lieu de s'attarder à les décrire ; mais le travail ne s'effectua pas au hasard. De la construction commencée au XVème siècle, il restait des assises qui fournirent un point de départ certain. Il était facile de déterminer ainsi la hauteur que les anciens architectes se proposaient d'atteindre. En ce qui concerne la décoration, le clocher de Pont-Croix, bâti vers 1450, servit de modèle. L'aspect de l'ensemble est, en somme, très satisfaisant et sans doute peu différent de celui qu'auraient produit les flèches prévues par les constructeurs des tours.

 

Élévation latérale. — Tout auprès de la tour du sud s'ouvre un portail, composé d'une porte en anse de panier inscrite dans une baie en tiers-point amortie en accolade et décorée comme le grand portail. Un faux gâble dont les rampants sont garnis de choux frisés, vient s’appliquer à la balustrade. L’hermine de Bretagne se remarque, au milieu de divers écus martelés, dans l’espace qu’il délimite. Les sculptures du tympan représentent la vierge assise tenant sur ses genoux l’Enfant Jésus que des anges encensent. A gauche, dans la niche d’un contrefort, se trouve une statue de sainte Catherine grossièrement sculptée en Kersanton.

Eglise-Cathédrale de Quimper (Bretagne).

Au delà des bâtiments de l’ancien évêché, la première fenêtre n’a été garnie de remplage qu’au moment de la restauration. Les fenêtres hautes de la nef ont un encadrement mouluré de trois colonnettes. Une balustrade couronne les murs des chapelles et de la nef ; celle des chapelles se compose de soufflets en forme de cœur ; celle de la nef, de quadrilobes. Une sorte de frise de bouquets feuillagés s'étend au-dessous de la corniche supérieure. A la limite de chaque travée, un petit pinacle à crochets flamboyants interrompt la balustrade.

Les arcs-boutants ont une double volée. Un quadrilobe ajoure l'écoinçon de la volée interne. La culée centrale est amortie par quatre pignons surmontés de fleurons, la culée externe par une bâtière avec des fleurons, disposition conforme aux traditions normandes. A cette culée s'adosse un pinacle à crochets formant contrefort et porté lui-même sur le glacis du contrefort qui épaule le mur des chapelles.

La balustrade de la nef se continue sur le croisillon du transept, qu'elle contourne complètement. L'aspect des fenêtres hautes, à l'ouest et à l'est, est aussi le même que dans la nef. Deux puissants contreforts s'élèvent à chacun des angles du croisillon, l'un appliqué sur le côté, l'autre sur la façade. Ils s'amortissent par des glacis où s'élèvent des pinacles ornés de fleurons et de crochets. Un grand larmier, qui continue la corniche du mur des chapelles, divise l'ensemble en deux parties à peu près égales dans le sens de la hauteur. La partie inférieure de la façade est nue ; la fenêtre occupe presque toute la partie supérieure jusqu'au niveau de la balustrade, qui, passant en avant du pignon, forme une loggia. Des crochets flamboyants garnissent les rampants du pignon qui est couronné par un fleuron.

A l'extérieur comme à l'intérieur, l'ordonnance du chœur s'harmonise avec celle de la nef.

Du transept jusqu'au pan de mur voisin de la chapelle d'axe, les fenêtres basses sont encadrées par un biseau, plus large sur les montants qu'au cintre, de sorte que le cintre, faisant encorbellement, porte, comme à l'intérieur du déambulatoire, sur des culots feuillagés. La fenêtre voisine de la chapelle d'axe, celles de cette chapelle et du déambulatoire nord ont des biseaux continus. On aperçoit sur le mur de fond de la chapelle d'axe, de chaque côté de la fenêtre, les marques d'une reprise. Les dimensions prévues tout d'abord furent abandonnées. Une balustrade formée de trèfles ou de quatre-feuilles règne au sommet du mur des chapelles.

Les fenêtres hautes présentent un encadrement constitué par un tore et une colonnette. Une moulure appliquée sur le mur contourne l'extrados et retombe, un peu au-dessus du niveau des chapiteaux, sur de petits culots dont la plupart figurent des têtes humaines. Le toit du chœur est bordé d'une balustrade quadrilobée qui n'atteint pas au niveau de celle du transept, car le toit du chœur se trouve légèrement en contre-bas de celui du reste de la cathédrale.

Les culées externes des arcs-boutants de la partie droite portent à faux sur la corniche du mur des chapelles. Il n'existe pas de contreforts. Les murs qui, à l'intérieur, séparent les chapelles en tiennent lieu. Ce sont en effet de vrais contreforts intérieurs et non de simples cloisons. Il est probable que les architectes avaient dû juger le terrain trop peu ferme au voisinage de l'Odet pour contrebuter la muraille au dehors. Ils se décidèrent donc à reporter leurs contreforts au dedans. En ce qui concerne le bas-côté nord, solidement assis pourtant, des raisons de symétrie ont pu le faire concevoir sur ce même plan. Les arcs-boutants, construits évidemment lors de la mise en place des voûtes, c'est-à-dire vers 1410, sont, à l'exception de certains détails, analogues à ceux de la nef. Quant aux contreforts qu'on voit aux murs du déambulatoire et de la chapelle du chevet, ils datent sans doute du XIIIème siècle, mais ils ne reçurent aussi des culées qu'au XVème siècle. A la naissance du chevet, une élégante tourelle à flèche octogonale contient un escalier.

Eglise-Cathédrale de Quimper (Bretagne).

De la place Saint-Corentin, au nord, l'inclinaison de l'axe s'aperçoit très nettement. Cette face de l'église est la plus décorée. Les fenêtres basses du chœur sont encadrées d'un tore reposant sur des tailloirs carrés ; les corbeilles des chapiteaux sont garnies pour la plupart de crochets de feuillage ; l'une porte une tête de chien ; deux autres sont arrondies et nues, à la mode anglaise. Le tore à filet saillant des archivoltes est également à signaler, car cette partie de la cathédrale n'est pas postérieure à 1300.

Sur le transept et les murs de la nef, nous n'avons à noter que quelques particularités. La balustrade supérieure ne passe pas sur la façade du croisillon nord, mais l'ornementation est plus abondante qu'au croisillon sud. Une porte, aujourd'hui murée, était percée en bas à droite. L’archivolte qui subsiste comprend de nombreuses voussures et s'amortit par une accolade et un fleuron. Un gâble plein surmonte le tout. Au sommet du pignon, un écusson martelé porte les armes du duc François II.

Une autre petite porte, pratiquée sous la deuxième fenêtre de la nef, est également murée. Le dernier porche s'ouvre, à l'extérieur, entre deux contreforts ornés chacun d'une niche, par deux baies jumelles en tiers-point qu'encadre un gâble plein. La décoration, avec ses crochets, ses cordons de feuillages et ses écussons, est identique à celle des autres portails. On remarquera cependant les deux petites statuettes de chiens posée, suivant une mode courante en Bretagne, à la retombée des rampants du gâble. L'intérieur, voûté d'une croisée d'ogives, comunique avec l'intérieur de la cathédrale par une porte en plein cintre.

Tout le pourtour de l'édifice, depuis la sacristie jusqu'au palais épiscopal, était autrefois englobé dans une ceinture d'échoppes établies depuis l'origine et qui ont été abattues seulement vers 1850. Cette modification à l’aspect ancien n'a rien de regrettable, mais il faut déplorer la démolition, effectuée au XIXème siècle, d'un élégant ossuaire construit en 1514, près du portail nord, à la place marquée maintenant par une croix, et la suppression, en 1620, de la flèche de plomb qui s'élevait sur le carré du transept. Elle avait été frappée par la foudre et presque fondue.

 

Vitraux. — Les verrières des fenêtres basses ont disparu sous la Révolution. Celles des fenêtres hautes ont été réparées de 1869 à 1873, mais souvent avec maladresse : l'ordre des panneaux et, dans chaque panneau, celui des compartiments, se trouve parfois interverti. Plusieurs vitraux ont néanmoins gardé leur beauté et sont vraiment intéressants.

Chaque panneau contient un ou deux personnages, généralement un chanoine, un seigneur ou une dame avec son saint patron. Un dais, constitué par une somptueuse architecture de flèches et de pinacles, décore la partie haute.

Ceux du chœur, les plus anciens, datent de 1417-1419 et sont aussi les moins bien conservés. Beaucoup, du reste, notantment celui du fond, sont modernes, ainsi que toutes les armoiries des tympans. Les fenêtres du nord semblent réservées aux gens d'église, les fenêtres du sud aux laïcs. Outre les donateurs, on remarque, entre autres saints, la Vierge portant l'Enfant Jésus — sujet représenté quatre fois — les apôtres saint Pierre et saint Paul, ce dernier figuré trois fois, la Sainte-Trinité, symbolisée par Dieu le Père assis, tenant entre ses genoux le Fils crucifié, tandis que la colombe du Saint-Esprit, repose sur le bras droit de la croix.

Les vitraux du transept ont subi plus de dégradations que ceux du chœur. Plus de la moitié des panneaux ont été refaits. Parmi les morceaux anciens, on peut citer, dans le croisillon nord, à l'ouest, saint Paul et saint Pierre, à l’est, saint Michel terrassant le démon, saint Christophe portant le Christ ; dans le croisillon sud, à la seconde fenêtre de l'est, on voit sainte Geneviève de Paris et saint Martin de Tours. Cette dernière verrière porte la date de 1496. Celles du fond des croisillons sont modernes.

Les plus beaux vitraux sont incontestablement ceux de la nef. Ils ont relativement moins souffert que les autres de la violence ou de la maladresse, et l'éclat en demeure très vif. A en juger d'après les dais, dont l'ornementation est tantôt gothique, tantôt conçue dans le style de la Renaissance, ils ne remonteraient pas tous à la même époque. Les plus anciens doivent être contemporains de ceux des croisillons. Le dessin, bien qu'assez archaïque, y est cependant plus soigné qu'au transept. On y retrouve des saints, soit seuls, soit accompagnant un personnage agenouillé. A l'exception des tympans et de la cinquième fenêtre du nord, presque entièrement refaite, il n'y a que quatre panneaux neufs. Ceux qui méritent d'attirer surtout l'attention sont au nord : à la première fenêtre, troisième panneau, saint Jean l’Evangéliste ; deuxième fenêtre, troisième panneau, la Vierge allaitant l'Enfant Jésus ; troisième fenêtre, au milieu, une pietà ; quatrième fenêtre, deuxième panneau, un chanoine en chape, à genoux, présenté par une sainte à l'abondante chevelure blonde. Au sud, la seconde et la troisième fenêtre, qui contiennent cependant chacune un panneau neuf, le premier, attirent le regard par la richesse du coloris ou la netteté du dessin.

 

Sculpture, mobilier. — La cathédrale est encore moins riche en sculptures qu'en vitraux. Des nombreux tombeaux qu'elle renfermait avant la Révolution, pas un seul n’a été préservé de toute atteinte. On en a reconstitué plusieurs, mais, à vrai dire, trois seulement valent la peine d'être remarqués. Les autres ont été trop restaurés ou sont très médiocres.

Le tombeau de l'évêque Raoul Le Moal se trouve dans un enfeu de la travée du bas-côte nord placée sous la tour.

La statue seule remonte au XVème siècle. Elle représente l'évêque couché, ayant sous ses pieds un dragon dans la gueule duquel il enfonce sa crosse. En face a été adossé au mur un haut-relief d'albâtre assez curieux, figurant saint Jean-Baptiste dans le désert. Il provient d'une église de Penmarc'h, qui, suivant la tradition, le tenait d'un navire naufragé. En tout cas, ce n'est pas une œuvre bretonne ; l'origine en est presque certainement anglaise.

La travée de la tour sud renferme dans un enfeu le tombeau de l'évêque Alain Le Maout, malheureusement, très encombré d'objets divers qui en rendent l'approche difficile. Le bas-côté sud du chœur abrite, dans la troisième chapelle, la statue tombale, d'une facture un peu fruste, de Bertrand de Rosmadec, et, dans la quatrième, celle, beaucoup meilleure à tous égards, du chanoine. Pierre de Quenquis, mort en 1459. Les pieds reposent, non sur un dragon, mais sur un chien couché. Bien que taillée dans le granit, cette statue présente une réelle pureté de lignes. La sculpture bretonne n'a rien produit de plus parfait dans la pierre du pays.

Non loin de là, à l'autel de la deuxième chapelle du déambulatoire, se voit un petit retable d'albâtre venu de Penmarc'h et représentant le Christ assis, ayant à ses côtés les quatre Vertus cardinales. Seules, la Justice et la Force se distinguent par des attributs caractérisés : la Justice tient une épée et une tête de mort, la Force une croix dont le pied s'enfonce dans la gueule d'un dragon.

La chapelle de la Vierge possède une table d'autel datée de 1295. Le grand autel du chœur a été exécuté en 1866, ainsi que le ciborium, sur les dessins de M. Bœswilwald. Le chœur, privé de ses stalles du XVème siècle, ne contient maintenant, plus rien d'ancien. Dans la nef, on peut regarder la chaire, qui remonte à 1679, et dont, les bas-reliers, racontant divers épisodes de la vie de saint Cotentin, ne sont pas sans valeur.

Signalons enfin, — à l’interieur au-dessus du porche, le buffet d'orgue dû à un « ancien organiste de la reine d'Angleterre », Robert Dallam, qui travailla vers 1645, — à l'extérieur, sur le toit de la façade, derrière la statue du roi Grallon, une cloches qui fut bénie en 1312 par l’évêque Alain Morel. Elle sert aujourd'hui de timbre à la grande horloge.

(Par M. Henri WAQUET).

Note : Les Archives du département du Finistère conservent les statuts des maîtres tailleurs de la ville et des faubourgs de Quimper, sous le nom de confrères de la frairie de Notre-Dame de la Chandeleur, desservie en l'église cathédrale de Saint-Corentin, depuis l'érection qui en a été faite par la reine Anne, duchesse de Bretagne, le 15 août 1505. Cette corporation, qui avait pour armes : d'argent avec une vierge de couleur, était assez nombreuse. Un extrait du registre des délibérations des maîtres tailleurs, du 7 mars 1702, nous donne les noms de 40 maîtres présents.

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