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DOLÉANCES DES CORPORATIONS ET CORPS DE MÉTIERS DE QUIMPER.

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CORPORATIONS ET DIVERS CORPS DE MÉTIERS DE QUIMPER.

Les frairies et les divers corps de métiers eurent des assemblées particulières, avant le 9 avril, et choisirent des commissaires. Ces commissaires, réunis le 9 avril, désignèrent des députés qui devaient siéger, le 13 avril, à l'assemblée de ville. Voici comment fut organisée cette représentation :

La frairie de Saint-Eloy, 43 maîtres et compagnons, 1 député ; — la frairie de Saint-Crépin, 51 maîtres et 13 compagnons, 1 député ; — la frairie de Saint-René, 16 maîtres tisserands, 1 député ; — la frairie de Saint-Joseph, 20 maîtres menuisiers et charpentiers et 24 compagnons, 1 député ; — les maîtres tailleurs, 34 maîtres et compagnons, 1 député ; — les maîtres bouchers, 29 maîtres, 1 député ; — les perruquiers, 11 maîtres et 9 adjoints, 1 député ; — les laboureurs, 34 fermiers, 2 députés ; — divers : 28 maçons, 18 couvreurs, 4 vitriers, 2 ferblantiers, 1 passementier, 7 chaudronniers, 3 tanneurs, 8 charbonniers, 13 sabotiers, en tout 84, 1 député ; — divers : boulangers, meuniers, fourniers, cuisiniers, traiteurs et aubergistes, en tout 60, 1 député ; — employés et divers, non compris dans les catégories ci-dessus, au nombre de 153, 2 députés.

Ainsi, les divers corps de métiers comptant 581 électeurs du premier degré furent représentés à l'assemblée de ville par 13 députés. — Cf. DU CHÂTELLIER, op. cit., t. I, p. 137.

 

Cahier des charges et doléances des maîtres perruquiers, menuisiers, maréchaux, serruriers, cloutiers, selliers, forgerons, bouchers, charcutiers, tailleurs, cordonniers et tisserands de la ville de Quimper et des boulangers, aubergistes, jardiniers, maçons, couvreurs et journaliers de la même ville.

Tous réunis, sur la convocation faite par MM. les officiers municipaux de cette ville, pour faire notre cahier de charges et doléances, après avoir supplié Sa Majesté de les recevoir, la prions de continuer ses soins paternels pour adoucir le sort du peuple, tant des villes que des campagnes, et avons arrêté :

1° — De reconnaître la personne du roi pour sacrée et le droit héréditaire de la couronne inaliénable en sa maison.

2° — De demander qu'il soit fait une constitution établie sur des lois fondamentales ; que la nation seule, régulièrement assemblée, aura droit de changer ou de modifier ces lois, sous le bon plaisir du roi.

3° — Qu'il soit accordé que les Etats généraux seront assemblés tous les six ans ou dans tel autre délai qui paraîtra utile au bien de la monarchie.

4° — Que les voix se prendront par tête aux Etats généraux et que, s'il s'élevait sur cet article la moindre difficulté de la part des deux autres ordres, tous les députés du Tiers, qui est la Nation, seront obligés de se retirer et de protester.

5° — Que les ministres dont le roi aura fait choix pour aider Sa Majesté dans le détail du gouvernement, seront responsables de leurs contraventions aux lois, des dissipations des finances et seront obligés de rendre un compte à la Nation, à chaque tenue des Etats généraux, ou lorsqu'ils quitteront le ministère.

6° — Que le Tiers Etat ne soit plus assujetti aux tirages par le sort, qui enlèvent des enfants utiles et souvent nécessaires à leurs familles ; qu'il y soit suppléé par des enrôlements volontaires aux frais de la Nation [Note : Les art. 6, 7, 8, 9 et 10 sont très analogues aux art. 2, 6. 10, 11 et 12 des « Charges d'un bon citoyen de campagne », qui ont ici servi de modèle].

7° — Que les impôts soient répartis également sur les citoyens de tous ordres indistinctement et que le Tiers ne paie pas seul les fouages, le franc-fief, et les droits sur les boissons.

8° — Que l'ordre du Tiers aux Etats de la Province ait un nombre de députés égal à celui des deux autres ordres réunis et que les voix soient comptées par tête.

9° — Que nos députés ne puissent étre nobles ni anoblis ecclésiastiques et ne puissent être choisis parmi les officiers ou les agents des nobles et ecclésiastiques.

10° — Que la présidence du Tiers Etat de la province sera élective, à la pluralité des voix de son ordre (voir la note qui suit).

Note : Un arrêt du Conseil attribuait la présidence du Tiers, aux Etats de Bretagne, au sénéchal dans le ressort duquel se tenaient les Etats.

11° — Que les membres du Tiers qui auront fait preuve de mœurs, de talents, de vertus, obtiennent les emplois militaires et civils dont ils se seront rendus dignes.

12° — Que le Parlement de la province soit composé moitié de l'ordre national, improprement nommé Tiers, moitié de privilégiés ; que les places de premier président et de procureur général soient, tour à tour, occupées par l'un et l'autre ordre.

13° — Que la justice ne soit désormais rendue qu'au nom du roi ; que les membres du Parlement soient réduits à la moitié ; que la compétence des présidiaux de la province soit portée jusqu'à 12.000 livres et le nombre de leurs magistrats à raison de l'importance de leurs fonctions.

14° — Que les lettres de cachet soient abolies el que l'on proscrive toute espèce de mandat, veniat et autres tyrannies, tant de la part des ministres que des cours souveraines.

15° — Que les députés aux Etats généraux, pour rétablir la balance des finances, demandent que la dette nationale soit assurée et cautionnée dans la meilleure forme possible.

16° — Quant à la liberté du commerce des blés, en notre province, que l'exportation en soit défendue, quand le quintal de froment excédera 12 l., 6 l. le seigle ; le blé noir et autres grains qui sont la nourriture nécessaire des habitants de la campagne, à proportion, quoique l'on n'ait vu l'exportation de ces derniers que cette année (voir la note qui suit).

Note : Des troubles provoqués par l'exportation des blés éclatèrent à Quimper à la fin de l'été de 1788. Le 19 septembre 1788, le bareau diocésain de Quimper en informe la Commision intermédiaire : « Nous avons l'honneur de vous prévenir que le peuple ameuté s'est opposé, il y a quinze jours, à l'exportation des blés, qu’il a fait décharger un bâtiment dans le port de cette ville et qu'on dit qu’il y a depuis longtemps une défense d'en embarquer de nouveau. Nous ne savons de qui provient cette défense. Quelques-uns disent qu’elle vient de M. l’Intendant. Nous ne garantissons pas ce dernier fait » (Arch. du Finistère, reg. de correspondant, C 76, à la date du 19 sept 1788). — A l’occasion des émeutes qui eurent lieu à Pont-Croix en octobre 1788 l’Intendant écrit au ministre : « Il est très intéressant de prendre des mesures efficaces pour arrêter les entreprises séditieuses du peuple à cet égard. La Bretagne ne manque pas de grains. Au contraire, il y en a une très grande surabondance et il est de l’intérêt général qu'on puisse en faire passer dans les provinces où la mauvaise récolte fait craindre la disette » (Arch. d’Ille-et-Vilaine, C 1715).

17° — Que les privilèges abusifs des nobles soient anéantis en ce qu'ils sont exempts de poursuites pour dettes, pendant qu'ils sont aux assemblées provinciales, attendu qu'ils y sont plus pour leurs propres intérêts que pour ceux du public.

18° — Qu'il soit admis au nombre des officiers municipaux de chaque ville de la province un membre de chaque corporation.

19° — Qu'afin de donner à la nation des juges qui méritent sa confiance, l'on oblige à recevoir le remboursement de leurs offices ceux qui, comme plusieurs à Quimper, ont appelé sur la tête du peuple les vengeances du Parlement, ceux qui sont ennemis de la chose publique et portent le trouble dans leur siège au désavantage des peuples, qui en sont toujours les victimes.

20° — Qu'il soit fait une loi qui, pour la facilité du commerce, autorise à prêter à intérêt et que, pour la tranquillité des consciences, les lois ecclésiastiques et civiles soient d'accord à cet égard.

21° — Qu'on soit dispensé de recourir à Rome et que chaque évêque dans son diocèse puisse accorder toute espèce de dispenses.

22° — Qu'il y ait une uniformité de poids et mesures par tout le royaume et que désormais toutes lois soient vérifiées par les Etats de la province.

23° — Adhérons, au surplus, aux arrêtés du Tiers pris aux derniers Etats de la province, et prions Sa Majesté de nous laisser, par continuation, au moins un bataillon en garnison à Quimper (voir la note qui suit).

Note : Le bataillon qui tenait garnison à Quimper, en 1789, était commandé par le comte d’Andrezel, colonel du régiment de Rouergue (Arch. du Finistère, reg. de correspondance du Bureau diocésain, C 76, 23 mai 1789). A part les troupes de passage, même en temps de guerre, Quimper ne reçut jamais plus d’un bataillon de troupes réglées. En 1756, le bataillon du Cambrésis qui y tenait garnison comptait 695 hommes, dont 50 aux îles Glenans, 30 à Concarneau, 15 à Douarnenez et 15 à Audierne (L. BINET, Annales de Bretagne, t. XXVI, p. 318).

24° — Les boulangers supplient MM. les députés en Cour de vouloir bien s'intéresser pour eux auprès de Sa Majesté pour obtenir des lettres patentes, afin d'empêcher les abus qui se commettent en cet état.

Fait et arrêté, à Quimper, ce jour, 9 avril 1789.

Gloaguen, syndic des maîtres-perruquiers ; Le Moyne, Le Bihan, Michel Molet, Laporte, Henry Le Godec, Guédés, Henry Stéphan, commissaire ; L’Helgouach, commissaire ; René Thomas, commissaire : François-Marie Bodet, Pierre-Jacques Morvan, Le Corre, Corentin Salsa, Chevallier, Kergozien, Le Corre, Charpentier, trois signatures illisibles.

 

Mémoire pour les corporations des arts et métiers de la ville de Quimper, à elles jointes celles qui n'ont pas de maîtrises et qui en demandent.

Corpora omnium constituit vinariorum, lupinariorum, caligariorum et omnium artiunt hisque ex se defensores dedit.

La municipalité de Nîmes vient de former, dans ses réclamations, une demande affligeante pour tous ceux qui s'occupent dans le royaume des arts et métiers. Elle sollicite la suppression de toutes les maîtrises. Il est bien étonnant qu'une municipalité éclairée ait consigné dans ses doléances une réclamation aussi contraire, aussi funeste à une classe très nombreuse et très utile de citoyens. Quel mal, quel bouleversement ne résulterait-il pas dans tout le royaume si on accédait à leur demande !

Alexandre Sévère a été sage instituteur de toutes les communautés d'artisans : il réduisit en corps ou frairies les marchands de vins, les grainetiers, les cordonniers et tous ceux qui exerçaient des arts et métiers ; il voulut que chacun de ses sujets eut une propriété et, comme il ne lui était pas possible de donner à chacun d'eux quinze à vingt arpents de terre, il trouva dans l'industrie de bons suppléments de partage. Ce prince avait donc bien senti qu'il fallait assigner à chaque classe une espèce de propriété pour assurer à ceux qui n'en ont pas les moyens d'exister. Pourquoi donc aujourd'hui vouloir réclamer contre une propriété si sacrée, si ancienne et si sagement établie par un bon prince.

Une maîtrise n'est-elle pas à un plébéien ce que sont des provisions à un juge, à un notaire, à un procureur, etc. ? Cette maîtrise n'est-elle pas son seul et véritable patrimoine ? Si on y porte atteinte, comment pourra-t-il exister, lui et sa famille ? Il faut donc, au contraire, regarder la maîtrise comme aussi sacrée pour un artisan que l'est un sillon de terre à un propriétaire, un arrêt de noblesse pour une famille. Enfin, demander la destruction des maîtrises, n'est-ce pas mettre au pillage l'état de chaque citoyen ? Ce n'est donc pas en sollicitant la suppression des maîtrises qu'on soulagera le peuple. C'est au contraire en affirmant la maintenue de leurs privilèges et en fixant, par la suite, le nombre des maîtrises dans chaque ville qu'on pourra adoucir, en France, le sort de trois millions d'hommes si utiles et si précieux à la société.

Dans ce moment où le peuple souffre assez par les calamités de l'Etat, faut-il encore venir aggraver ses malheurs par des demandes qui ne tendent qu'à sa ruine ? Si les corporations de Nîmes ont pu être affligées de l'injuste demande de leurs échevins, ce n'est pas sans raison. Les plaintes qu'ils en ont faites sont bien fondées, sous tous les rapports. Les corporations de la ville de Quimper ne peuvent donc qu'y applaudir et joindre les leurs avec elles, pour solliciter des bontés et de la sagesse du gouvernement, non seulement la maintenue de toutes les maîtrises, mais même la fixation du nombre des marchands drapiers, épiciers, boulangers, cabaretiers, maçons et de tous les autres citoyens dignes d'être classés, en raison de leur état, dans les différentes villes du royaume, où comme à Quimper, il n'y a pas de maîtrises établies pour eux.

Si la population, dans les campagnes, doit être augmentée ou au moins améliorée dans le sort de chaque cultivateur, cette population, dans les villes, doit être maintenue en raison de chaque classe de citoyens, de manière que chaque père de famille puisse faire vivre ses enfants et fournir des sujets au roi, dans le besoin. Peut-on nier qu'une grande population n'est un bien qu'autant que chaque classe de citoyens sera multipliée et fixée de manière que l'une ne puisse anticiper sur les droits de l'autre ?

L'honneur et l'émulation ne pourraient-ils pas désormais entrer dans la classe la plus médiocre, si elle peut s’assembler, se réprimander, se perfectionner dans sa tâche et se faire représenter dans les diètes municipales, au moins, lorsqu’il s'agira de nommer un maire, un échevin, etc…? Une juste représentation dans une assemblée de corps, un avis souvent important dans une diète générale, ne peut-il pas sortir de le bouche d'un honnête plébéien comme de tout autre ? On doit donc désormais permettre aux corporations d'avoir des représentants dans les communautés des villes.

Les corporations de Quimper ayant obtenu cette grâce de leur municipalité, il ne leur reste plus qu'à faire les réclamations ci-après, savoir, demander :

1° Le maintien absolu et irrévocable de leurs maîtrises ; la création d'autres maîtrises, c'est-à-dire de nouvelles pour les classes qui n'en ont pas, de manière cependant qu'à l'avenir et après leur mort seulement, le nombre des maîtres soit réduit et que les nouvelles corporations ne puissent avoir un plus grand nombre de membres que celui qui sera fixé par Sa Majesté.

2° Que le nombre des maîtres cordonniers soit réduit par la suite à trente (voir la note qui suit), savoir : vingt pour hommes et dix pour femmes, attendu que, pour être en état de nourrir une famille, souvent nombreuse, il faut qu'ils puissent, être assez occupés pour donner du travail à quatre ou cinq compagnons ; qu'il soit fait défense expresse à tous marchands merciers et autres de vendre aucune espèce de chaussures étrangères, faites ailleurs qu'à Quimper, attendu le grand préjudice et la ruine même que cause cette vente aux maîtres cordonniers.

Note : La frairie de Saint-Crépin, à Quimper, comprenait, en 1789, 51 maîtres et 13 compagnons. — En 1750, 54 maîtres et 33 compagnons étaient portés au rôle de la capitation. Parmi les cordonniers étaient comptés vraisemblablement les savetiers. « En 1768 (8 octobre), 61 maîtres cordonniers présentaient requête au siège de Quimper pour prêter serment » (TRÉVÉDY, Rôle de la capitation de 1750 de la ville de Quimper, p. 19).

3° Qu’il soit aussi défendu à tous marchands quincaillers ou autres de vendre aucune espèce d'armes, attendu le danger perpétuel auquel le public est exposé par leur mauvaise qualité ; en conséquence, qu'il soit ordonné que les dits marchands ne pourront désormais livrer et vendre aucune arme avant qu'elle ait été visitée par les maîtres armuriers ; enfin que le nombre des maîtres armuriers soit fixé à deux (voir la note qui suit) ou trois, tout au plus, attendu que les deux qui travaillent à Quimper, dans ce moment, ont eux-mêmes de la peine à vivre.

Note : En 1750, il y avait à Quimper 4 arquebusiers (Ibid., p. 18). — Pendant la Révolution, Michel-Marie Mollet, maître armurier, est chargé de la réparation des armes de la garde nationale de Quimper (Arch. du Finistère, fonds Guezno, F).

(H. E. Sée).

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