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La paroisse de Quévert durant la Révolution.

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Renseignements Ecclésiastiques. — Quévert, que l'on orthographiait Guéver au XVIème siècle (Archives Nationales, G 8, I, f°, 74), était une cure du diocèse de Saint-Malo, relevant autrefois de l'archidiaconé de Dinan et du doyenné de Poudouvre, au siège de Saint-Enogat. La présentation de sa cure appartenait à l'ordinaire.

Le recteur était décimateur pour un tiers, les chapelains de la Garaye et quelques laïques pour le reste. En 1790, le recteur déclarait que les revenus de sa cure s'élevaient à 1.274 livres 10 sols, mais, ses frais déduits et son vicaire payé, ainsi que 55 livres versées au chapelain de Sainte-Anne, il ne lui restait plus que 612 livres 7 sous, ce qui constituait en somme un peu moins qu'une portion congrue.

Les revenus du recteur de Quévert se décomposaient comme suit 30 boisseaux de froment à 8 livres. 50 le bx (boisseau), soit 251 livres 12 sols ; 10 bx de seigle à 7 l. 10 s. le bx, soit 78 l. 15 s. ; 10 bx 1/2 mouture à 6 l. le bx, soit 73 l. ; 14 bx de paumelle à 4 l. 10 s. le bx, soit 65 l. 5 s. ; 183 bx de blé noir à 8 l. 8 s. le bx, soit 623 l. 18 s. ; 17 bx d'avoine grosse à 2 l. 10 s. le bx, soit 42 l. 10 s. ; 25 bx d'avoine menue à 2 l. le bx, soit 51 l. ; pailles, 98 l. (Archives des Côtes d'Armor, série Q).

En 1685, les seigneurs de Montafilant, en Corseul, se disaient fondateurs et prééminenciers en l'église et presbytère de Quévert, mais ils furent déboutés de leurs prétentions par sentence de la Chambre des Comptes du 27 juin de cette année. (Archives de Loire-Inférieure, B 1331 f° 186).

Le 10 août 1740, ces droits étaient aux mains de Maurice de Kermel, seigneur du Boisriou. En 1776, Maurice-François de Couessin, comme propriétaire du Boisriou, déclarait posséder « droit de ceinture armoyée au-dedans et au-dehors de l'église, du cimetière et du presbytère de Quévert, en même temps que droit de cep et collier au-devant du cimetière, à cause de sa haute, basse et moyenne justice à trois pots ».

Le. Pouillé de Mgr. de la Bastie signale l'église de Quévert « petite et basse, mais pas mal par ailleurs ». En 1769, Mgr. de Saint-Malo, au cours d'une visite pastorale, note cet édifice « assez mal tenu et d'une propreté douteuse ». On l'a reconstruit de 1837 à 1841, écrit G. du Mottay dans sa Géographie des Côtes-du-Nord. Son titulaire, aujourd'hui comme autrefois, est l'illustre Saint Laurent, martyr. Suivant M. Jourdan de la Passardière : Topologie des paroisses du Léon, in-Revue de Bret., année 1910, p. 314, le culte de ce saint aurait été importé, au Moyen-Age, d'Espagne en notre province. Du reste, ce diacre, naguère en grande vénération dans la région, est aussi depuis bien longtemps le patron de Langrolay et de Trévron, et présentement celui de Tréméreuc. Sa statue de bois se voit dans l'église de Quévert, ainsi que celles de Saint Guillaume et de Saint Etienne. Le comte de Laigue écrit quelque part, qu'on l'invoque dans certaines parties de la Bretagne contre l'asthme, les rhumatismes et les maux de pieds.

Quant au presbytère de Quévert, le Pouillé que nous utilisons le dit « peu de chose, mais proche de l'église ». Il fut reconstruit en 1776 et années suivantes, tel qu'il est encore de nos jours. Il devait autrefois deux sols six deniers de rente annuelle au seigneur du Boisriou.

En 1760, la fabrique possédait environ pour 80 livres de rentes annuelles en contrats et constituts. En 1739, le chiffre de ses recettes s'élevait à 139 livres, et celui de ses dépenses à 104 livres.

On comptait à Quévert sept ou huit fondations pour les défunts à la fin de l'ancien régime, entre autres une appelée prestimonie de la Ville-Pierre, pour laquelle l'abbé Joseph Miriel obtint le visa le 5 août 1788 sur présentation de Pierre Chauvel, descendant de l'un des fondateurs.

L'ordre de Malte, d'après le Pouillé de Mgr. de la Bastie, possédait à Quévert une chapelle domestique dont il n'indique pas le nom, mais qui s'appelait Saint-Jean de l'Aublette, et les revenus de ces chevaliers pouvaient atteindre environ la somme de 30 livres dans cette paroisse, à la veille de la Révolution.

Les Templiers, du reste, avaient tenu autrefois d'assez grands biens dans cette localité, en particulier à Vildé-Goëlo. A côté de ce village, s'élevait le manoir de la Commanderie, dont les ruines portent encore le nom de prieuré Saint-Jean (G. de Corson : Les Templiers et les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem eu Bretagne, p. 138-9).

LA CHAPELLE DE SAINTE-ANNE DU ROCHER, EN QUÉVERT [Note : A propos de Sainte-Anne du Rocher, il est intéressant de citer les autres sanctuaires dédiés à Ste Anne aux environs de Dinan à la fin de l'ancien régime, pour faire voir combien populaire était alors chez nous le culte de la patronne de la Bretagne. C'était, à Pleudihen Ste-Anne des Airettes ; à Lanvallay : Ste-Anne du Chemin-Neuf ; à Trigavou : Ste-Anne du Bois de la Motte ; à Ploubalay : Ste-Anne du Bois-Jehan ; à Corseul : Ste-Anne de Montafilant ; à Taden : Ste-Anne en Taden ; sans compter une chapellenie dédiée à Ste Anne en l'église St-Sauveur de Dinan, que desservait l'abbé Le Tulle en 1790] — « Il existe aussi, note le Pouillé que nous utilisons, une chapelle frairienne dédiée à Sainte Anne, en laquelle il y a une grande dévotion. Elle est fondée en vivres ».

A cause de cette grande dévotion, encore aujourd'hui très en honneur, nous allons consigner ici les quelques renseignements que nous avons pu retrouver sur ce sanctuaire vénéré, dont les origines demeurent malheureusement mal connues. Nous avons puisé une partie de nos informations sur des titres.

Dans une requête adressée aux environs de 1770 à Mgr. dès Laurents, évêque de Saint-Malo, par les paroissiens de Quévert, nous lisons les lignes qui suivent : « Il s'est trouvé, écrit-on, dans les terres des confins de cette paroisse, l'image ou la figure de Ste Anne, où, sous l'invocation de laquelle, il s'est fait des voeux et des miracles qui y ont attiré une dévotion particulière des peuples qui y sont venus de toutes parts, même des pays éloignés en très grand nombre, tant au jour de la feste de Ste Anne qu'aux autres jours de la semaine qui y ont fait des offrandes et oblations qui appartenaient à la fabrice de l'église paroissiale et au sieur recteur, et que pour perpétuer la dévotion des peuples, le général et le recteur de Quévert les ont appliquées après un certain temps à bastir et construire en son honneur une chapelle où la figure de Ste Anne est placée à l'autel, telle qu'elle a été trouvée ». Telle, du reste, elle se voit encore présentement, en 1924.

Cette chapelle une fois construite et ornée, « le surplus des offrandes fut utilisé en divers acquêts, afin d'augmenter les revenus » de ce sanctuaire. A la même époque, l'on fonda à perpétuité une messe qui devait s'y célébrer chaque samedi, et il fut décidé « qu'une fois le tiers des oblations prélevé par le recteur, le reste appartiendrait à la fabrique de Quévert, afin de pourvoir à l'entretien de la chapelle et à l'acquit de la messe de fondation ».

Ces dispositions étaient déjà en vigueur dès avant 1685. A cette date, en effet, Jean de la Moussaye, seigneur du Boisriou, sur les terres duquel était bâtie la chapelle Ste-Anne, présentait, le 24 avril de cette année, l'abbé Hamon Ouyce, pour desservir ce sanctuaire, au lieu et place d'Alain Miriel, récemment décédé ; mais il posait comme conditions « qu'il célébrerait sa messe du samedi dans l'église paroissiale de Quévert les jours de fête, attendu qu'il n'y a pas à présent de prêtre dans ce lieu pour assurer la messe matinale ».

Quelques années plus tard, MM. Jean Poignand, recteur de Quévert, Gilles Lucas, sieur du Haut-Tribut, époux de Françoise Guillaume, Jacques Lange, sieur de la Dauphinais, tous paroissiens de Quévert, « pour le bien, augmentation et entretien de la dévotion de la chapelle construite en l'honneur de Dieu et de Madame Sainte Anne du Rocher, achetaient le 23 mai 1698, d'avec noble homme Prijent-Eléonor Apuril, sieur de l'Isle, pour la somme de 1.000 livres, plus les vins et commissions, une maison dite de la Croix-Blanche, sise dans le faubourg des Rouairies, et que l'on estimait vers 1770 valoir 60 livres de revenu » (Archives d'Ille-et-Vilaine, série G, 77).

Sainte-Anne du Rocher étant ainsi dûment fondée en revenus et en messes, Mgr. Sébastien de Guémadeuc, pour lors évêque de Saint-Malo, jugea pouvoir accéder à la prière de messire Jean Poignand et ériger ce sanctuaire en chapellenie par son ordonnance épiscopale du 14 juin 1700. Il prit soin en même temps de faire bénir et consacrer la dite chapelle par Messire Jean Oréal, recteur de Saint-Père, et promoteur de l'Officialité de Saint-Malo (Archives d'Ille-et-Vilaine, G 77).

D'après ces indications assez précises, nous croyons pouvoir fixer aux débuts du XVIIème siècle la découverte de l'image miraculeuse de Sainte Anne. Il semble en effet que si les origines du culte spécial de cette sainte à Quévert remontaient beaucoup plus haut dans l'histoire, point n'eut été besoin à Mgr. de Guémadeuc de s'occuper de faire consacrer ledit sanctuaire, non plus aussi que lui conférer le titre de chapellenie, toutes choses qui eussent été réglées déjà depuis longtemps.

Gaultier du Mottay, cependant, dans sa Géographie des Côtes-du-Nord, prétend que Sainte-Anne du Rocher reçut en 1448 la dépouille mortuaire de Mathurin Le Lionnais, évêque de Chitro, et abbé de Saint-Melaine de Rennes. Il nous semble que cet érudit a puisé ce renseignement dans Jollivet : Les Côtes-du-Nord, t. II. Or, il y a autant d'erreurs que de mots dans ce qu'avance cet auteur. Mathurin Le Lionnais, ancien religieux de Saint-Jacut, fut enterré à Rennes en 1488 dans une chapelle de son église abbatiale, dédiée à Sainte Anne. Guillotin de Corson : Pouillé historique, t. II. p. 13, a reproduit l'inscription funéraire qui figurait autrefois sur le tombeau de ce personnage.

Vers 1770, les revenus de la chapellenie de Sainte-Anne se décomposaient ainsi, qu'il suit : la maison de la Croix-Blanche, affermée 60 livres, comme nous l'avons dejà vu. Un constitut de 200 livres de principal qui valait de rentes 10 livres ; le produit du tiers des offrandes, estimé le moins, année courante, 80 livres ; une messe mensuelle le premier mardi de chaque mois, payée par une rente constituée de 7 livres 10 sols ; soit au total 157 livres 10 sols ; sur lesquelles il y avait lieu de déduire le coût de 64 messes à desservir chaque année, soit 38 livres 8 sols ; ce qui donnait de revenu net au chapelain 119 livres 2 sols.

Se fondant sur diverses considérations trop longues à énumérer ici, le général de la paroisse de Quévert demandait alors à l'évêque de Saint-Malo, que cette somme fût désormais attribuée comme émoluments d'un vicaire dont les paroissiens de Quévert désiraient vivement la nomination, afin qu'il leur assurât le dimanche une messe matinale. Aussi, pour déterminer leur évêque à leur envoyer un prêtre, les postulants ne manquaient-ils pas de faire valoir que cet ecclésiastique trouverait chez eux plus de messes qu'il n'en pourrait célébrer ; car assurent-ils, « il se dit chaque année à Ste-Anne plus de 1.000 à 1.200 messes, et les Capucins seuls en ont dit l'année dernière plus de 800, mais, malgré cela, les pèlerins et les voyageurs ne trouvent pas le plus souvent de prêtres pour aller à cette chapelle dire la messe ».

Cependant, les paroissiens de Quévert ne furent pas exaucés. Les évêques de Saint-Malo avaient jugé bon de disposer du modeste bénéfice de Sainte-Anne, pour en gratifier les familiers de leur entourage. C'est ainsi que le document que nous utilisons nous apprend que Mgr. de la Bastie avait nommé l'un de ses vicaires généraux, titulaire de la chapellenie de Sainte-Anne. A sa mort, RENÉ DEROUILLAC en fut pourvu le 15 novembre 1760. Cet ecclésiastique, né à Mégrit le 1er février 1722, de Guy et de Charlotte Desprez, après avoir fait de bonnes études chez les Jésuites de Rennes (Archives d'Ille-et-Vilaine, G 97), reçut la prêtrise le 12 mars 1747. Il fut peu de temps vicaire dans sa paroisse natale, puis professeur de théologie au collège de Dinan et enfin supérieur des Clercs de cet établissement. M. Derouillac acquits dans ces fonctions une grande réputation de science et de sagesse. Guillotin de Corson l'indique dans son Pouillé, p. 630, comme l'un des vicaires généraux de Saint-Malo depuis 1782, en même temps que prieur titulaire de Saint-Solen en Mesrenel, bénéfice valant 345 livres de revenu en 1730. Son neveu René-Jean Derouillac obtint à son décès la chapellenie de Sainte-Anne, pour laquelle il payait 6 livres 10 sols de décimes ou impositions en 1790, époque à laquelle la Révolution Française le dépouilla de ce bénéfice.

Le culte de Sainte Anne se continua cependant dans sa chapelle jusqu'en 1791. En réponse à une demande que lui adressait le recteur de Quévert, le Directoire du district de Dinan fit connaître, le 22 juillet de cette année, « que puisque l'usage de sa paroisse est de chanter les vêpres à la chapelle Sainte-Anne et de faire une procession autour de l'édifice, le jour de l'assemblée, il serait peut-être dangereux de supprimer ces actes religieux, et qu'il peut et doit faire cette année comme les précédentes ».

La chapelle de Sainte-Anne du Rocher et ses dépendances, estimées 1000 livres, furent vendues 605 livres comme bien national le 21 décembre 1792, lors de, la liquidation des propriétés ecclésiastiques [Note : Trois noyers et deux châtaigniers ombrageaient alors le déport de cette chapelle].

Revendue le 10 août 1794, elle fut rachetée 900 francs par la fabrique de Quévert le 7 juillet 1809. Cependant, d'après un rapport de police daté du 26 juillet 1798 (Archives des Côtes-d'Armor, liasse Lm 5, 118), on exerça clandestinement le culte cette année dans ce sanctuaire, à l'occasion de la fête Sainte-Anne, malgré l'acuité de la persécution religieuse organisée par le Directoire Exécutif.

Il existe encore à Quévert une autre chapelle au château de la Lande. Elle est dédiée à Notre-Dame des Sept-Douleurs, et sa fête patronale se célébrait autrefois à la chapelle même le 3ème dimanche de septembre. Ce sanctuaire n'est plus desservi.

Disons, pour finir avec ce qui concerne Quévert sous l'Ancien Régime, que par acte du 19 avril 1754, M. et Mme Marot de la Garaye assurèrent une rente de 60 livres par an pour être distribuées aux pauvres de la paroisse de Quévert (cf. l'abbé Carron : Les époux charitables, etc., in-12, Rennes 1782, p. 305).

Pour la station des prédications, Quévert était groupé avec Taden et Trélivan. Quant à ses adorations paroissiales, elles avaient été fixées par Mgr. des Laurents aux 19 et 20 février de chaque année.

Dans le plan de réorganisation paroissiale de 1792, Quévert figurait parmi les paroisses qui devaient être conservées, « à l'exception de la partie de son territoire attribuée à Dinan ». On y voulait ajouter par compensation « la partie orientale d'Aucaleuc et la section de Lescomats, dépendant de Corseul ».

Le presbytère de Quévert fut loué à un particulier le 1er août 1794. La vente du mobilier et des ornements de l'église de cette localité n'avait produit que 67 frs 75 le 22 mai précédent. Le 24 août de cette même année, on inventoria à Dinan l'argenterie de cette église, transportée dans cette ville sur les injonctions du district. On trouva un pied de calice, un pied de ciboire et le couvercle de celui-ci, un couvercle de petite custode, le tout pesant cinq marcs, une once, un gros et demi d'argent blanc. Une croix, un encensoir et sa navette pesant ensemble douze marcs, deux onces d'argent blanc. Un pied de calice provenant de Sainte-Anne du Rocher, pesant un marc, quatre gros d'argent blanc. Un calice, une coupe de calice, deux patènes, une coupe de custode, une coupe de ciboire, un croissant (ou lunule), pesant trois marcs sept onces quatre gros d'argent doré. La coupe d'un calice et sa patène provenant de Sainte-Anne du Rocher, pesant un marc, un gros d'argent doré. Enfin, le galon d'argent retiré des ornements produisit un marc, cinq gros et demi. Tous ces métaux précieux furent expédiés aux ateliers de la Monnaie.

Les autres biens d'église qui furent à cette époque liquidés à Quévert, étaient : la pièce des Champs-Bas, vendue pour 2.475 livres le 14 mai 1792 à Christophe Le Restif, notaire à Dinan ; une maison et une pièce de terre sises à la Ville-Pierre, dépendantes de la fondation de ce nom, adjugées à Benjamin Delaunay, homme de loi à Dinan, pour 4.600 livres, le 8 mars 1793 ; le Clos-Garel et le Clos de la Messe, acquis pour 5.000 livres par Louis Auffray, le 8 octobre 1793 ; la pièce des Grands-Gages, propriété des Dominicains, fut adjugée pour 3.200 livres le 28 mars 1791.

La tenue du presbytère et le champ du Gros-Chêne furent expertisés, mais non vendus. Le gouvernement de Bonaparte restitua à la fabrique de Quévert trois champs d'un revenu approximatif de 55 livres, qui n'avaient pas été liquidés au cours de la Révolution Française. (Cf. Dubreuil : La Vente des Biens Nat., etc., p. 607).

Du 28 avril 1795 au mois de septembre de cette année, l'église de Quévert fut rendue au culte sur pétition individuelle des habitants. A cela se bornent les renseignements que nous avons retrouvés sur l'histoire religieuse de cette paroisse au cours de la Révolution.

 

CLERGÉ.JOSEPH-CHARLES EBALLARD recteur, naquit à Saint-Jouan de l'Isle le 6 août 1753, de Jean et d'Anne Ramard, et fut jugé au Séminaire « bon, pieux et très appliqué » (Archives d'Ille-et-Vilaine, G 98). Ordonné prêtre à Saint-Méen le 20 septembre 1777, il fut envoyé vicaire à Tréméreuc au mois de novembre suivant : « Sa conduite, ses moeurs, sa studiosité, sa piété, écrit M. Fouace, le mirent bientôt dans le cas de conduire la paroisse presque seul et d'y cultiver la piété ». Institué curé d'office de Tréméreuc à la mort du recteur Jean Raciné, il conserva ces fonctions jusqu'à l'arrivée de son successeur.

Nommé le 31 janvier 1781 vicaire à Pleslin, dont son oncle, l'abbé Jacques Eballard, était recteur, il obtint la cure de Quévert au concours le 25 février 1790, à la mort de M. Pierre-Julien Grignard, qui venait de décéder en fonctions le 21 novembre précédent. Celui-ci, né à Taden le 31 juillet 1743 d'Alexis et de Julienne Durand, avait été ordonné prêtre le 16 septembre 1767, après de bons examens théologiques, et c'est au concours qu'il avait également obtenu la cure de Quévert en 1788. Il y succédait à l'abbé André Nogues, de Pleurtuit, lequel avait été lui-même pourvu de Quévert le 6 août 1773. C'est chez lui que le célèbre Broussais, son petit-neveu, commença ses études. M. Nogues avait remplacé à Quévert M. Guillaume Girard., né le 8 octobre 1699 à Bazouges-le-Pérouse, de M Georges et de demoiselle Anne Picault. La vente du mobilier de ce prêtre eut lieu à Quévert dix jours après son décès, le 1er septembre 1773. Elle produisit la somme totale de 662 livres 17 sols. Nous relevons sur l'inventaire du mobilier vendu : « 20 vaisseaux de mouches à miel pour 80 l. ; une vache grise adjugée 40 l. et un vieux cheval soldé pour 16 livres ».

Revenons maintenant à M. Eballard. Il prit possession de sa cure le 12 mai 1790. Comme tel, il ne consentit à prêter serment qu'avec les restrictions qui s'imposaient (Robidou : Histoire et Panorama, 2ème éd.., p. 310). Il sut cependant se maintenir à sou poste malgré les difficultés des temps, et nous le voyons encore réclamer son traitement pour le premier trimestre de 1792.

Lors de l'application du décret du 26 août 1792, M. Eballard prit le 11 septembre suivant, à la mairie de Quévert, un passeport pour s'exiler. Nous y relevons son signalement que voici : « taille 5 pieds 3 pouces ; cheveux courts, front rond, sourcils bruns, yeux vifs, nez court et éraillé ».

Peu après son départ forcé, M. Eballard se vit remplacer à Quévert par un constitutionnel qui ne fit qu'y apparaître, ainsi que nous le verrons plus loin.

Le recteur de Quévert séjourna d'abord à Jersey, où le signalent en 1793 les listes de Gofvry et de Lefebvre d'Anneville. Il passa vraisemblablement en Angleterre dans la suite. Durant ce temps, le gouvernement, après l'avoir exilé, s'emparait de ses biens, et la vente de son mobilier, opérée par les agents du pouvoir, rapporta 429 livres au profit de la République le 10 juillet 1794.

M. Eballard revint en France en janvier 1801, avec MM. Carron et Le Tulle, et fit les mêmes difficultés que ceux-ci pour prêter la promesse de fidélité exigée par Bonaparte (Archives Nationales, F 7, 7835, n° 6092).

L'enquête de Boullé signale ce prêtre comme revenu à Quévert depuis 15 mois et le note comme « de bonnes moeurs, pacifique, bon pour une cure ou une succursale ». Placé à la tête de l'importante paroisse d'Evran, M. Eballard s'y installa le 3 mai 1803 et mourut dans cette localité le 9 août 1834, âgé de 81 ans.

NOËL-FRANCOIS JOSSE, vicaire, né à Pleurtuit, au village de la Hallais, le 25 décembre 1750, du mariage de Jean et de Françoise Durand, fit son Séminaire comme boursier à Saint-Servan, où on le nota comme « d'une piété très édifiante, studieux, d'un jugement un peu lent, ayant des facilités, mais aidées par le travail ; mal doué quant à la voix et au chant ». Après de bons examens, M. Josse reçut la prêtrise à Saint-Méen, le 19 septembre 1778.

Nommé vicaire à Taden, où nous le trouvons en 1788, il fut transféré à Quévert, où il concourut vainement le 25 février 1790 pour la cure de cette paroisse. L'abbé Josse, en qualité d'insermenté, prit tin passeport pour s'exiler à Jersey le 11 septembre 1792. Gofvry et Lefebvre d'Anneville le signalent en effet comme ayant séjourné dans cette île en 1793, mais il était rentré en Bretagne dès 1797 et probablement même auparavant, car les autorités républicaines, au mois de septembre de cette année (si nous ne faisons pas confusion sur sa personne), l'indiquent comme caché du côté de Miniac-Morvan et le qualifient de « scélérat, de chouan et d'assassin », appellations qui convenaient du reste au mieux, appliquées par d'anciens terroristes à un prêtre qu'ils avaient proscrit !

Noël Josse ne fit sa soumission, suivant les décrets de Bonaparte, que le 3 juin 1802, après la promulgation officielle du Concordat. Nous le retrouvons vicaire de Pleurtuit en 1803. Il y continua de remplir ces fonctions jusqu'à sa mort, arrivée le 30 mars 1820.

Sur le refus de M. Jacques Leroy [Note : Fils de Jacques et de Marguerite Louvel, et natif de Saint-Pierre de Plesguen, M. Leroy était recteur-prieur de Saint-Remy du Plain depuis 1776, lorsqu'il fut transféré en 1783 à la cure de sa paroisse natale. Il y refusa le serment le 30 janvier et le 27 mai 1791. Bien que nous n'ayons jusqu'ici trouvé sur aucune liste le nom de ce prêtre comme déporté, ses récoltes furent cependant vendues à Pleudihen comme appartenant à un émigré, le 18 septembre 1794. Selon Guillotin de Corson, M. Leroy vivait à Saint-Léger en 1795. L'enquête de Boullé signale cet ecclésiastique comme habitant à Dinan depuis cinq ans en 1802 et le note comme « bon prêtre ». L'abbé Leroy mourut recteur de St-Pierre de Plesguen le 30 janvier 1813], déjà réinstallé dans son ancienne cure, à Saint-Pierre de Plesguen, d'aller recteur de Quévert, M. JEAN HAROUARD fut nommé recteur de cette paroisse le 16 janvier 1804. Nous avons déjà vu sa biographie à l'article Brusvily.

Lorsque ce prêtre démissionna de Quévert, M. JEAN-MATHURIN LORANS, dont nous parlons à l'article Saint-Solen, fut désigné pour lui succéder le 18 avril 1807, mais cette nomination fut rapportée, et M. JEAN LÉCUYER, dont on lira la vie à l'article Trélivan, devint recteur de Quévert le 20 mai de cette année. Il y mourut en fonctions le 11 juin 1834.

Vers 1925, deux prêtres étaient natifs de Quévert ; étaient originaires de cette paroisse en 1789 : MM. MICHEL-GUY COCHET, que nous avons vu à propos de Brusvily, et JOSEPH MIRIEL, que nous verrons à propos de Le Quiou.

 

CLERGÉ CONSTITUTIONNEL. — FÉLIX-ALAIN GOINGUENÉ, curé, originaire de Corseul, et que nous retrouvons plus au long aux articles Pluduno et Bourseul, fut élu curé de Quévert le 17 septembre 1792. Il reçut l'institution de l'évêque Jacob le 21 du même mois. Accompagné d'un commissaire et d'un détachement de la garde nationale de Dinan, il s'en fut prendre possession de sa cure le 1er octobre 1792. Mais bien que sous la protection des autorités officielles, son installation fut plutôt mouvementée et valut au maire Rageot de faire ouvrir une instruction contre lui (Archives des Côtes-d'Armor, Lm 5, 33, et L 154, f° 123). Aussi, après avoir sommairement visité la sacristie et le presbytère, Goinguené jugea-t-il prudent de déclarer « ne pouvoir accepter la jouissance actuelle de ce dernier local, vu son indigence, et vouloir fixer en conséquence son domicile à Dinan, place du Marchix, chez la veuve Bucaille ». Du reste, cet intrus abandonna bientôt la cure de Quévert, où se faire agréer par ses ouailles lui semblait trop difficile, mais pour l'administration de laquelle nous le voyons recevoir 200 livres de traitement pour la période du 1er au 22 octobre 1792. (Archives des Côtes-d'Armor, série L/v, carton 9, district de Dinan). (A. Lemasson).

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