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CLISSON, PAR VOIE D'ÉCHANGE, ACQUIERT LE COMTÉ DE PORHOËT (1370). — ALIX (BEATRIX) SA FILLE APPORTE CE FIEF AUX ROHAN. — LA FAMILLE DE ROHAN. — PORHOËT AU MOYEN AGE. L'USANCE. DIVISIONS ECCLÉSIASTIQUES ET ADMINISTRATIVES. LA COMMUNAUTÉ DE VILLE.

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Auray est le premier champ de bataille où l’on voit apparaître Olivier de Clisson. Il y combattit comme un lion, ouvrant de toutes parts les rangs ennemis à grands coups de hache. Ses qualités guerrières et sa vaillance devaient lui valoir, dans la suite, le titre de Maréchal. Dès qu'il avait eu la force de tenir une arme, il s'était jeté dans le parti Montfort pour venger la mort de son père décapité à Paris. Mais ses opinions changèrent bientôt.

La mésintelligence entre Jean de Montfort et lui date de l'acquisition du Porhoët que fit Clisson, par voie d'échange, avec les comtes d'Alençon et du Perche. Le jeune duc vit en effet d'un œil défavorable un guerrier aussi puissant et redoutable s'établir dans son voisinage, au cœur même de la Bretagne. Clisson, qui paraissait déjà désapprouver son ami d'enfance, prit soudain parti contraire et rechercha l'appui de la France.

Voici l'analyse de ce contrat d'échange : « Pierre, comte d'Alençon, et Robert d'Alençon, comte du Perche, font savoir qu'ils concèdent à Olivier de Clisson et à Béatrix de Laval, sa femme, leur château de Josselin avec tout son territoire, en échange de la terre de Tuit, que le sire de Clisson possède dans la vicomte de Falaise, en Normandie. Ce dernier abandonne également aux comtes d'Alençon deux mille livres tournois de rentes sur la recette de Champagne. Les comtes d'Alençon choisissent comme procureurs, Robert de Beaumanoir, Henry de Plédran, P. du Bois-Helyon et Olivier de Valcher qui remettront le fîef de Josselin au pouvoir du duc de Bretagne, entre les mains duquel Olivier de Clisson prêtera hommage en prenant possession dudit fief. Donné à Paris le 14 mai 1370 » (Titre de Blein, D. MORICE, Preuves, T. I, col. 1639).

Dans un traité, signé le 21 juillet suivant avec le roi de France, Clisson s'engageait à ne livrer la place qu'à Charles V « au cas, disait-il, où mon dit seigneur, le duc de Bretagne, pour cause dudit châtel ainsi à moi baillé et délivré, serait adversaire du roy et tiendrait le parti de ses ennemis ». Cet acte, absolument contraire au droit féodal en Bretagne, dit M. l'abbé Lefranc, substituait à la suzeraineté ducale, la souveraineté royale sur une ville fortifiée, située au milieu du pays breton. C'était un véritable attentat contre les droits de l'ombrageux Jean IV. Charles V dut payer cette soumission de promesses certaines de protection et, pour ménager quelque peu les susceptibilités du duc de Bretagne, enjoignit à Olivier de Clisson de ne prendre possession de Josselin qu'au 1er août 1371. En réalité, l'acquêt n'eut son plein effet qu'en 1373.

Le pacte fameux de fraternité d'armes conclu (octobre 1370) entre du Guesclin et Olivier de Clisson [Note : Les deux guerriers burent de leur sang mêlé dans une coupe], confirma la Bretagne dans un mouvement d'opposition déclarée contre Jean IV. Dès lors le nouveau seigneur du Porhoët se rua contre ses amis d'hier, aujourd'hui ses mortels ennemis, les Anglais, avec cette rage sanguinaire qui lui valut de bonne heure le surnom de « boucher ».

Les campagnes qu'il entreprit concernent surtout l'histoire de la Bretagne et de la France ; mais, comme il avait fait de la forteresse du Porhoët son quartier général, on l'y retrouve à chaque instant et souvent aux moments les plus périlleux de la lutte, car les murs de Josselin, qu'il a fortifiés, sont pour lui le refuge inexpugnable, le bastion de la dernière défense.

En 1381, Clisson et Rohan, dans leurs villes de la Chèze, Josselin, Moncontour, aidés des garnisons et des gens du pays, tuaient beaucoup de monde aux Anglais et, tandis que le comte de Buckingham était forcé de se retirer sur Vannes, le connétable appelle à lui ses plus fidèles compagnons : le Barrois des Barres, le comte de la Marche, Chastel Morant, un grand nombre de chevaliers et d'écuyers et les reçoit généreusement. L'on fît à Josselin « bombance et moult réjouissances ». « Or, dit l'historien de Clisson, la distraction préférée de tous ces batailleurs consistait dans les tournois et les joutes. L'on se souvint qu'un défi avait été porté à trois chevaliers français par trois chevaliers anglais, quand le comte de Buckingham traversait le Poitou. Les trois Anglais furent sommés de venir à Josselin, afin de tenir leurs engagements. Ils le firent volontiers et le tournoi eut lieu sous les yeux du connétable. Tout se passa loyalement, sans grandes blessures de part et d'autre. Mais à leur tour les trois Français défièrent leurs adversaires et une nouvelle rencontre fut décidée.

Le comte de Buckingham, informé du nouveau défi, voulait jouir lui aussi du spectacle et fit des instances pour que les champions se rendissent à Vannes. Le connétable reconnut que le désir de Buckingham était juste et envoya demander des sauf-conduits pour tous les chevaliers français qui voudraient aller de Josselin à Vannes. Une trentaine de gentilshommes profitèrent de la permission. Clisson ne fut pas de ce nombre, ne voulant pas sans doute se rencontrer avec Jean IV.

Les champions français se couvrirent de gloire et revinrent bientôt à Josselin raconter au connétable les péripéties du tournoi ».

Après la mort de la duchesse de Penthièvre, survenue en 1384, Jean, son fils, maintenu captif à Londres, nomma Clisson son lieutenant en Bretagne et en France. Jean IV, voyant dans un perpétuel cauchemar la couronne lui échapper, jura de se venger de l'héritier de Charles de Blois en portant un coup criminel à son défenseur. C'est l'histoire de l'attentat de l'Hermine. Clisson dut la vie sauve aux remords du duc et sa liberté ne fut acquise qu'au prix de cent mille francs de deniers comptants, des villes et châteaux de Josselin, Broon, Blain, le Guildo, Jugon et d'autres encore.

Le premier usage qu'Olivier fit de cette liberté fut de porter plainte au roi de France. Celui-ci prononça une sentence, le 20 juillet 1388, par laquelle les cent mille francs devaient être restitués en cinq annuités, les places et châteaux forts extorqués, restitués immédiatement. Une réconciliation, plus feinte que réelle, s'ensuivit naturellement ; trois ou quatre fois déjà, les deux rivaux s'étaient tendu la main pour mieux se déchirer ensuite.

Olivier de Clisson trouvait bientôt d'autres ennemis non moins dangereux que le duc Jean dans les ducs de Berry et de Bourgogne, devenus régents après la catastrophe du Mans.

Pourchassé par les troupes du duc de Bourgogne, qui avaient mission de l'emprisonner afin qu'il se justifiât de l'accusation, portée contre lui, de s'être enrichi illicitement, le connétable s'enfuit en hâte de Montmédy et chevaucha vers Josselin jusqu'à ce qu'il fût arrivé sans encombre dans son château fort, bien pourvu d'armes et de provisions.

C'est là sans doute que lui arriva l'écho de l'arrêt du 19 décembre 1392 qui le déclarait déchu de sa charge de connétable et banni du royaume « comme faux et mauvais traître envers la couronne de France ».

Cette disgrâce de Clisson provoqua une véritable guerre civile en Bretagne. Jean IV, trop heureux de ce nouveau prétexte, porta le premier coup à Josselin, le cœur de la résistance de son ennemi. Ayant concentré précipitamment une nombreuse armée, il se présenta soudain sous les murs de la vieille cité du Porhoët. Mais Clisson en était sorti à temps. Seule, Marguerite de Rohan, son épouse, y restait enfermée. Le duc résolut de faire prisonnière l'ancienne veuve de Beaumanoir et d'enlever la ville.

Une furieuse attaque fut livrée contre les vieilles tours. « L'armée ducale était divisée en deux corps : le sire de Malestroit et le vicomte du Fou commandaient les Bas-Bretons. Pierre de Craon dirigeait l'autre aile, où se trouvaient les Bretons Gallos. Les troupes de Craon devaient attaquer le côté Est de la ville, tandis que les Bas-Bretons, qui avaient de longues rangées de boutons à leurs habits, campaient à l'Ouest, sur les bords de l'Oust ; dans le pays, on appelle encore le lieu de leur séjour, le camp des Boutonnés. De part et d'autre, l'on montra à la lutte beaucoup d'acharnement. Les machines de guerre étaient si près des murailles que les assiégés y mettaient le feu avec des torches enflammées. Le château fort était solide, mais les murs de la ville s'ébranlaient en plusieurs endroits. La famine se fît bientôt sentir et les défenseurs de la place, trop peu nombreux, succombaient à la peine. Une nuit, un homme dévoué et résolu sortit et, traversant le camp du duc, avertit Clisson qu'il était temps d'aviser, s'il voulait sauver la ville et son château de Josselin. Le vieux batailleur n'avait pas assez de soldats sous la main, il eut recours à la politique » (LEFRANC, Histoire de Clisson). Il fît agir deux femmes influentes et le siège de Josselin fut levé, mais à quelles conditions ! Clisson renonçait à son privilège de ne pas comparaître pendant huit ans devant le duc ; non seulement il abandonnait les quatre-vingt mille francs qui lui étaient encore dus par celui-ci, mais encore il avançait cinquante mille francs. Les clefs de Josselin devaient être présentées au duc par Robert de Beaumanoir, pour être ensuite remises aux mandataires de Clisson : les vicomtes de Rohan et du Fou.

Jean IV s'étant éloigné, Clisson refusa de se rendre à la Chèze pour ratifier l'accord et il fallut, l'année suivante (1394), l'intervention du roi de France pour déterminer les deux adversaires à convenir d'une trêve. Les négociations ne purent aboutir et la guerre se ralluma plus active que jamais, mais, cette fois, le duc abandonna le Porhoët pour porter son attaque vers le Penthièvre.

Les querelles sanglantes du duc de Bretagne avec le connétable ne furent entièrement apaisées qu'en 1396. Clisson, appelé à Vannes pour signer une paix définitive et complète, accepta le rendez-vous, à la condition seule, que le jeune héritier de Bretagne serait envoyé comme otage à Josselin, pendant la durée de l'entrevue. Jean IV parut enfin sincère et confia son jeune fils, âgé de sept ans, au vicomte de Rohan, le chargeant de l'aller conduire au châtel Josselin. Devant cet acte généreux, Clisson oublia ses rancunes. Aussi grand seigneur que noble chevalier dans cette circonstance, il partit à la rencontre de l'héritier de Bretagne pour lui faire honneur, et le reconduisit lui-même à Vannes, où il le remit aux mains de son père.

La réconciliation était sincère. Jean IV accorda l'exemption de rachat [Note : Droits de rachat : ces droits, payables à la couronne par les héritiers des fiefs, correspondaient à ce que nous appelons aujourd'hui les droits de mutation. Ils avaient été institués par Jean le Roux pour remplacer le droit de bail. Les héritiers mineurs abandonnaient à leur suzerain direct (car les seigneurs exerçaient aussi ce droit dans leurs fiefs) une année de revenu, sous prétexte de subvenir aux charges militaires dues par le fief] au territoire de la Chèze, comme faisant partie du Porhoët qui déjà en était exempt « laquelle baronnie [Note : Terme qui, à cette époque, voulait aussi bien dire fief que comté] de Porhoët, dit-il, tient de présent notre très cher cousin et féal Olivier, sire de Clisson ». Même, son suzerain lui confia, pendant son absence en 1396, la direction des affaires de Bretagne.

Clisson, désormais, se mêla fort peu à la vie publique ; il vécut retiré à Josselin, s'occupant de l'administration de son immense fortune. Après avoir réparé et fortifié son château, il reconstruisit l'église de Notre-Dame où il se réserva, pour lui et sa famille, une magnifique chapelle. « Pendant douze ans, dit Lefranc, Olivier demeura habituellement à Josselin, s'occupant moins des choses de la guerre que de prières et bonnes œuvres ».

Un auteur ancien, digne de foi, Alain Bouchard, rapporte que Jean IV, en mourant, laissa la direction politique de la Province, durant la minorité des enfants, au duc de Bourgogne et au sire de Clisson. En mars 1401 , à Rennes, devant la Bretagne réunie et au pied de l'autel, le fils de Jean IV fut armé chevalier par Olivier de Clisson.

Agé de soixante-huit ans, le connétable retrouvait l'énergie de ses jeunes années pour lutter encore contre les Anglais, ses ennemis jurés ; mais, malgré son ardeur guerrière, Clisson s'affaiblissait de plus en plus. C'est l'année suivante, qui est celle même de sa mort, qu'aurait été prononcée, à Ploërmel, la confiscation de tous ses biens et qu'aurait eu lieu une prise d'armes de Jean V contre Josselin. Cet épisode, qui repose sur un seul écrit découvert à Blain, par dom Lobineau, paraît par trop sortir de la vraisemblance. Avant et après cette affaire, Jean V, au contraire, fait preuve d'un grand attachement et de beaucoup d'amitié envers Clisson. La suite des dates, que nous offrent les chroniqueurs, ne présente même pas le temps nécessaire à cette prétendue querelle.

Le testament qu'il fît dans les premiers jours de 1407 nous révèle son état d'esprit sur la fin de sa vie. La fougue de l'homme d'armes avait souvent étouffé en lui les sentiments de justice et de bonté ; il reconnaît les torts faits à Dieu et au prochain et s'efforce de les réparer en laissant de nombreux biens aux églises [Note : Voici un passage concernant les dons faits à l'église de Josselin : « huit marcs d'or pour en faire deux beaux galices et douze patènes à l'usage d'icelle église. Item, je laisse et donne à ladite église deux de mes bréviaires, lesquels seront enchaisnez sur la sépulture de madite compagne et de moy, pour l'usage des chapelains et clercs qui y viendront dire leurs heures »], en restituant les sommes dues à titre d'indemnités à ses vassaux, en faisant des legs et dons à ses amis et serviteurs. Il demandait pardon des préjudices dont il s'était rendu coupable et implorait enfin le pardon de tous.

Il mourut dans sa résidence préférée, le 23 avril, et fut inhumé dans l'église Notre-Dame. Suivant sa volonté testamentaire un magnifique tombeau lui fut érigé ainsi qu'en l'honneur de Marguerite de Rohan, qui avait succombé quelques mois avant lui.

Fier de sa race et fort de son épée, Olivier de Clisson incarne en sa personne le type du « Baron féodal ». Il ne reconnut jamais aucun maître, dit l'histoire. Mais quel reproche encourt-il ? Sa vie durant, il n'a cessé de servir cette belle devise qui était celle de son nom : Pour ce qu'il me plest !

Lorsqu'en 1375, le duc ayant été dépossédé, Clisson fut nommé Lieutenant du roi en Bretagne, pour le pays Gallo, il s'occupa de restaurer les anciennes fortifications de Josselin. Les épaisses murailles et les ouvrages extérieurs de défense, restés intacts jusqu'à nous, remontent à cette époque. Ils offrent le type de l'architecture militaire du moyen âge. Les douves entourant la ville forte et alimentées par l'Oust furent creusées et agrandies ; les tours augmentées et renforcées. Il construisit même sur le côté sud de l'enceinte du château un donjon formidable par sa masse et son élévation, qui formait l’âme de la défense ; il avait, dit-on, 280 pieds de circonférence et autant de hauteur.

L'écusson du connétable accolé à celui de Marguerite de Rohan, le tout assez fruste, se voit encore dans la cour du château, au-dessus d'une des portes du rez-de-chaussée ; ainsi que des M couronnés représentant les initiales de la même épouse.

L'église Notre-Dame conserve également l'empreinte mise par le connétable. Il y fit faire différents travaux importants de reconstruction. Au sud de l'édifice se trouvait une chapelle particulière, où sa famille et lui venaient entendre la messe, quand il ne leur convenait pas d'y assister au château. Elle était sous le vocable de sainte Marguerite, patronne de la dame de Porhoët. « Le caractère architectonique de cette chapelle, rapporte Cayot Delandre dans son ouvrage Le Morbihan, est certainement antérieur au XVème siècle, et d'ailleurs sa dénomination traditionnelle, qui en attribue l'usage à Clisson, mort en 1407, suffirait seul pour fixer les idées à cet égard. Les murs, continue-t-il, sont couverts de fresques [Note : Il écrit en 1847] qui paraissent se rapporter au XIVème siècle, mais que le badigeon masque depuis longtemps. Quelques parties seulement de ces peintures reparaissent aujourd'hui ». On y voyait entre autres des Marguerites ; des M couronnés ; et la devise de Clisson : Pour ce qu'il me plest, plusieurs fois répétée ; la légende de sainte Marguerite et du dragon, l'entrée des rois mages à Bethléem ; un château féodal... etc. Des M se trouvent également dans les meneaux des claires-voies en pierre, qui forment séparation entre cet oratoire et le chœur.

Une autre chapelle, située au nord et dédiée à sainte Catherine, remontait à l'époque romane. Après avoir servi de décharge pour l'église dans le courant du XIXème siècle, elle est aujourd'hui la chapelle de Notre-Dame du Roncier ; et malgré toutes les transformations qu'elle a subies, conserve encore les piliers romans qui l’ont toujours séparée du chœur.

« Là, se trouve une peinture à fresque des plus curieuses, dit le même auteur ; c'est une danse macabre à demi effacée, mais dont on distingue encore huit figures de grandeur naturelle, réunies deux à deux : la mort, sous la forme d'un squelette, entraînant dans sa ronde le personnage qu'elle est venue saisir à l'improviste au milieu des joies ou des misères de la vie. ». Ce genre de peinture, qui représente d'une manière à la fois grotesque et terrible le symbole de l'égalité devant la mort fut autrefois très répaudu ; c'était en quelque sorte une protestation cruelle et railleuse contre l'ordre social, tel que l'avait fait le moyen âge. La représentation de cette « danse macabre » aurait pris naissance en Allemagne vers la fin du XIVème siècle et serait apparue en France dans le cours du XVème siècle [Note : L'intérieur de la chapelle de Kermaria-an-Isquit (Côtes-du-Nord, aujourd'hui Côtes-d'Armor) nous offre encore un exemple de ces curieuses danses macabres. On y compte jusqu'à quarante personnages de tous les rangs de la société].

Les fresques que nous signale Cayot Delandre ornèrent les chapelles latérales, sans doute à la fin des travaux effectués par Clisson. La reconstruction de l'église dura environ un siècle. Le connétable commença en 1390 par le chœur, les chapelles, la nef. Ceci était terminé à sa mort ; en avant de l'autel, l'on mit son tombeau avec celui de sa seconde femme [Note : Deux dalles, portant les noms de Clisson et de Marguerite de Rohan, indiquent aujourd'hui l'emplacement primitif]. Sur le sarcophage en marbre noir, surmonté de leurs statues couchées, on y lisait l'inscription suivante en lettres gothiques : Chi gist noble et puissant seigneur, monseigneur Olivier de Clisson, jadis connestable de France, seigneur de Clisson, de Porhoët, de Belleville et de la Garnache, qui trépassa en apvril le jour Saint Jorge, l’an M.CCCC et VII. Priez Dieu pour son âme. Amen. Ce monument à la gloire du connétable, œuvre remarquable, fut honteusement mutilé en 1792 [Note : En même temps que furent violés deux cercueils en plomb trouvés dans un caveau, sous une des arcades entre le chœur et la chapelle Sainte-Catherine]. Restauré en 1856, il fut placé tour à tour, dans la chapelle nord et dans la chapelle sud, où il est exposé maintenant.

Les Rohan continuèrent les travaux. On travaillait effectivement au portail de l'ouest en 1461 et 1470, comme l'attestent deux inscriptions gothiques gravées sur les contreforts de chaque côté de la grande porte. La première, à droite, est ainsi conçue : Cestes chapelles fust comances le Vème jour de octoubre M.IIIIcc LXI ; au-dessus se trouve l'écusson de Jean de la Bouère, abbé de Saint-Jean des Prés. La seconde, à gauche, porte ces mots : Cest pignon fut comence le XXIXème jour de may l’an M.CCCC LXX.

Sur un contrefort du transept nord, c'est-à-dire de la chapelle de Notre-Dame, on lit : Cest pignon fut fait en l'an CCCC. IIIIxx. XI (1491). A l'extrémité de ce transept se trouvait un enfeu correspondant à un autre qui se voit au sud. Sur l'intertransept devait s'élever un clocher central [Note : Les registres nous apprennent en effet que le 26 juillet 1651 eut lieu la bénédiction d'une cloche, à mettre dans le petit clocher entre le grand clocher et celui de l'horloge].

Olivier de Clisson, de sa première femme, Catherine de Laval (fille de Guy de Laval et de Béatrix de Bretagne) avait eu deux filles : Béatrix, l'aînée et principale héritière, qui épousa Alain VIII, vicomte de Rohan ; puis Marguerite, qui le 20 janvier 1388 se maria à Jean de Chatillon, comte de Penthièvre, fils de Charles de Blois. De son second mariage avec Marguerite de Rohan, veuve de Jean de Beaumanoir et fille d'Alain VII de Rohan, il n'eut pas d'enfants.

Béatrix, appelée comtesse de Porhoët, eut en partage le fief paternel, dont elle portait le nom, et les Rohan, en recevant ce domaine au commencement du XVème siècle, deviennent seigneurs et maîtres de presque tout l'ancien Porhoët, qu'ils conservèrent ainsi jusqu'à la Révolution ; l'éclisse d'autrefois était aujourd'iiui le fief principal.

La fortune du nom de Rohan devait aller toujours en grandissant. Comme descendants directs des premiers comtes, ils furent reconnus princes de la Maison de Bretagne et à ce titre jouirent en France du rang et prérogatives de princes de naissance, de princes par définition d'Etat, de princes étrangers. Moréri, La Chenaye Desbois dans son « Dictionnaire de la Noblesse » et d'autres ont fourni toutes les preuves concernant leur illustre origine.

Bien que nous nous soyons déjà attachés à démontrer que Guéthenoc et ses successeurs ont été considérés comme issus de maison souveraine, il nous paraît intéressant d'appuyer cette affirmation de quelques témoignages indiscutables.

Différentes controverses se sont élevées sur une charte de 1188, dans laquelle le comte de Bretagne, en présence des Etats assemblés à Nantes, aurait reconnu officiellement l'origine souveraine des Rohan, plutôt des Porhoët. Justification en serait faite par un acte de reconnaissance « qui se trouve aujourd'hui, dit Moréri [Note : Moréri écrit en 1732], dans la Chambre des Comptes de Bretagne, et qui a été déclaré authentique par le roi Louis XIV, séant en son conseil le 1er avril 1692 » [Note : Les historiens modernes les plus documentés considèrent cette charte comme fausse et ne discutent même pas son authenticité]. Mais, ce qui est précis et n'accrédite aucun doute, ce sont les textes mêmes, qui nous révèlent sur ce point, l'opinion de nos ducs et des rois de France. Par exemple, dans des actes de 1420, le duc Jean V déclare le vicomte de Rohan « issu des fils de la maison de Bretagne et reconnaît Charles de Rohan, sire de Guémené, pour être du sang et lignage des ducs de Bretagne ». Plus tard, en 1440, le duc François Ier dit que le vicomte de Rohan « est issu le plus droitement de toute ancienneté de la ligne royale de Bretagne ; qu'il est descendu le plus près du sang et maison de Bretagne » et le qualifie « Prince de la maison de Bretagne ». Artus III, dans des lettres de 1457, reconnaît « la proximité de lignage et amour consanguin entre lui et le vicomte de Rohan ». Les Etats de Bretagne, eux-mêmes, dans un mémoire présenté au roi, en 1748, disent que les Rohan « sont issus des ducs de Bretagne, qu'ils sont princes de Bretagne et que, comme tels, ils possèdent un des premiers apanages du duché ».

Les rois de France ne témoignèrent pas moins en leur faveur. Dans les titres d'érection de la terre de Guémené en Principauté (1547), vérifiés et enregistrés au Parlement en 1549, Charles IX reconnaît « la maison de Rohan comme maison de Prince ». Henri III, dans les lettres patentes qui érigent le comté de Montbazon en duché-pairie, déclare que la « maison de Rohan descend des rois de Bretagne ». Même remarque à faire lors de l'érection de la baronnie de Frontenay en duché-pairie, pour Benjamin de Rohan, en 1626, et de la terre de Soubise en principauté, en 1667. Enfin, dans les provisions de Maréchal de France accordées au prince de Soubise en 1758, le roi Louis XV dit en propres termes : « que la maison de Rohan, tant par son origine que par ses alliances, non seulement avec la maison royale de France, mais encore avec toutes les maisons souveraines d'Europe [Note : Dès le XIème siècle, les Porhoët contractèrent différentes alliances avec la Maison régnante de Bretagne, et plus tard les Rohan furent considérés dignes des alliances les plus glorieuses. En 1377, Jean Ier, vicomte de Rohan, épousa en secondes noces Jeanne de Navarre, fille de Philippe III, roi de Navarre, et de Jeanne de France. Il devint ainsi beau-frère de Philippe de Valois, de Pierre d'Aragon et de Charles II, roi de Navarre, et on lit, à l'occasion de ce mariage, dans les registres du Parlement de Paris, dans l'année 1413, que « la fille du roi de Navarre fut mirablement mariée, le vicomte de Rohan étant moult grand seigneur en Bretagne, du lignage des rois de Bretagne »], a été jugée digne par les rois, ses prédécesseurs, et par lui, de jouir dans le royaume du titre, rang et qualité de prince et des honneurs dont jouissent les autres princes de maison souveraine en France » [Note : Les preuves ci-dessus sont empruntées à La Chenaye Desbois].

L'acquisition du vieux fief familial, le comté de Porhoët, éleva la maison de Rohan à l'apogée de sa puissance en Bretagne. Qu'aurait-elle eu à envier aux souverains mêmes ? Son rang égalait celui des premiers princes du royaume ; son autorité s'étendait sur une grande partie du centre de la péninsule, l'ancien territoire des juveigneurs de Rennes, enfin dépouillé de ses forets et entièrement peuplé.

La légitime fierté des Rohan est toute dans cette devise : Roi ne puis, prince ne daigne, Rohan suis ! [Note : Réponse que fit l'un des leurs au roi Henri IV], leurs hautes aspirations dans ces mots, écrits en lettres de granit sur le fronton de leur château seigneurial : A Plus [Note : L'origine de ces mots fut le cri de guerre des premiers seigneurs de cette famille : A Plus Rohan].

Le rôle de Josselin ne diminua pas d'importance avec de tels maîtres. Porhoët resta toujours pour eux le premier de leurs fiefs, ils en relevèrent le titre, et le château, dont ils firent une merveille de la Renaissance, fut leur résidence préférée.

S'il faut en croire Moréri, les comtes de Porhoët, d'après un acte de 1092, auraient eu, dès cette époque, leurs propres barons comme les comtes de Champagne, de Flandre et autres souverains de leur temps. Leurs descendants augmentèrent encore les charges civiles et militaires dans leur entourage. Certains de ces officiers étaient chargés des juridictions seigneuriales, les autres de la sûreté des villes, d'autres étaient occupés du service personnel du comte ; tous ceux-ci, joints aux principaux vassaux, composaient une cour nombreuse au titulaire du fief. Josselin, devenu le siège féodal des Rohan, fut un centre actif et florissant.

Les domaines des Rohan, qui s'étendaient sur les évêchés de Vannes, Saint-Malo, Saint-Brieuc, et formaient au milieu du duché une véritable province, avaient une coutume qu'on nommait l'Usance de Rohan. Mais le Porhoët avait sa coutume particulière. Les petits seigneurs, inspirés de leurs suzerains et jaloux de leur indépendance, dès les premiers temps, voulurent donner, suivant leurs moyens, la souveraineté à leurs seigneuries. Ils légifèrent en fixant des usances particulières à certaines villes et à certains territoires.

Les comtes de Porhoët, dont les aïeux avaient été souverains eux-mêmes, ne manquèrent pas d'exercer le pouvoir législatif dans le territoire du comté, pour signaler la noblesse prééminente de cette seigneurie.

Malgré les démembrements du comté de Porhoët, il y avait encore, au XVIIème siècle, cinquante-deux paroisses sujettes au guet du château de Josselin. Cette sujétion nous montre que les anciens comtes avaient le droit de faire la guerre, d'assembler leurs vassaux comme soldats nés, et de faire monter la garde chez eux comme de propres souverains. L'usance, croirait-on, devait s'étendre au moins à toutes les paroisses sujettes au droit de guet. Il n'en est rien. Du moins, si primitivement il en était ainsi, au XVIIIème siècle elle n'est en vigueur que dans les paroisses de Guégon et Goëtbugat, évêché de Vannes, en qui relève des fiefs de Maugrenier et de Briend-Maillard, juveigneuries de Porhoët ; Helléan, la Croix-Helléan, Guillac, Lanouée, Mohon, La Grée Saint-Laurent, la Trinité, évêché de Saint-Malo ; et au village de la Villejégu, en la paroisse de Plemieux, évêché de Saint-Brieuc [Note : A cette nomenclature, il faudrait, semble t-il, ajouter la Chèze. Dom Morice nous dit : « Dans les juridictions de Josselin, la Chèze et la Trinité, l'on suit l'usement de Porhoët ; dans celles de Pontivy, Gouarec, Rohan, Loudéac, l'usement de Rohan »]. Il y a même certains villages, dans ces paroisses, qui ne suivent pas l'usance ; elle ne se pratique même pas dans les quatre paroisses de la ville de Josselin.

Les singularités d'alors ne peuvent s'expliquer que par l'introduction lente de l'usage général du duché, là où, par suite de l'oubli et des bouleversements de la guerre, la tradition ou la loi, si jamais elle fut écrite, se perdit. Elle ne subsista que dans de rares milieux.

Il est impossible de connaître l'époque où fut fixée l'usance de Porhoët ; vraisemblablement son introduction eut lieu, comme tant d'autres, avant la très ancienne Coutume de Bretagne qui parle des usements particuliers et qui en commande l'observance. On eut soin de faire rédiger par écrit la Coutume Générale en 1330, mais on n'eut point la même attention pour les usements particuliers. Dans ces conditions, lorsqu'on était appelé à régler des différends suivant ces usements, il fallait parfois avoir recours à des témoins qui pussent rappeler la tradition.

Nous ne connaissons l'usance de Porhoët que par les arrêts de différentes époques. Ceux recueillis par Pierre Hevin en 1659 nous éclairent beaucoup sur ce sujet. En 1737, Duparc Poullain livra également au public une importante rédaction sur les vraies dispositions de cette usance.

Telle est d'après celui-ci, dit l'auteur anonyme des « Observations sur le comté de Porhoët et sur l’usance de ce même comté » [Note : Manuscrit dû à l'obligeance de M. l'abbé Chauffier], l'usance touchant les partages entre roturiers : « Entre personnes du Tiers Etat, en proche et arrière fîef, pour le partage de leurs héritages roturiers situés auxdites paroisses, l'usement est que les enfants mâles et descendants d'eux, en quelque nombre qu'ils soient, prennent les deux tiers des terres du patrimoine de père et mère, même des acquêts appropriés par justice ou par laps de temps ; et les filles aussi en quelque nombre qu'elles soient, le tiers seulement du patrimoine et acquêts appropriés. Et pour le partage avantageux ci-dessus, il se fait trois lotties en quelque nombre que soient les enfants, l'une desquelles est choisie par les mâles, et après les filles ou la fille, une ou plusieurs choisissent une lottie des deux restantes et la troisième demeure audit mâle, sauf après aux uns et aux autres à subdiviser par entreux ». En un mot et suivant l'expression plus claire de Bourdot de Richebourg (Nouveau Coutumier Général, t. IV, p. 413) : « Au partage des terres roturières entre roturiers en ligne directe, les cohéritiers masles, en quelque nombre qu'ils soient, emportent les deux tiers et les filles le tiers en quelque nombre qu'elles soient ».

Le même auteur continue « En succession collatérale entre personnes roturières et pour héritages de mesme qualité, les masles succèdent les uns aux autres auxdits héritages, à l'exclusion des filles et les filles pareillement succèdent les unes aux autres, à l'exclusion des masles ». Pour ce qui concerne les biens meubles et les biens nobles, ils sont partagés suivant la Coutume Générale ; ceux-ci, pour la raison que l’usance n'a d'expression, ni d'application que pour les terres et les héritages roturiers.

Examinons maintenant quelle fut la constitution du Porhoët pendant tout le moyen âge au point de vue ecclésiastique, judiciaire et administratif.

La disposition ecclésiastique en est fort compliquée. Par suite de sa situation au centre de la Bretagne, où convergent les différents diocèses, le Porhoët s'étend sur trois de ces diocèses, ceux de Saint-Malo, de Saint-Brieuc et de Vannes. L'Oust servait de limite entre le sud et le nord ; Vannes d'un côté et Saint-Malo, Saint-Brieuc de l'autre. Ces deux derniers étaient séparés par l'Arguenon et une ligne joignant Jugon au confluent de la Lié et de l'Oust. Nous ne parlerons de l'Archidiaconé et du doyenné de Porhoët qu'en ce qui concerne spécialement le fief qui nous occupe.

Il faut rappeler tout d'abord que les diocèses étaient alors ordinairement divisés en archidiaconats et ceux-ci en doyennés. Le doyenné était un groupement régulier de paroisses soumises à la direction d'un archiprêtre ou doyen [Note : Les attributions des archiprêtres consistaient à surveiller les paroisses placées dans leurs circonscriptions et les prêtres attachés à ces paroisses. Ils jouaient à l'égard de ces derniers le rôle de représentants, de subdélégués de l’évêque]. Quelquefois les archidiaconats et doyennés subsistaient les uns sans les autres, comme l'on pourra s'en rendre compte sur la carte. L'époque où apparaissent ces institutions du clergé séculier reste ignorée ; elles sont en tout cas fort anciennes. Les circonscriptions diocésaines à limites fixes ayant été reconnues au IXème siècle, l'organisation complète de leurs divisions peut donc être considérée comme remontant au Xème ou IXème siècle.

Il est impossible d'établir la liste complète des subdivisions ecclésiastiques des anciens diocèses si l'on ne prend pas pour base une époque déterminée. L'on comprendra aisément que dans un laps de temps aussi considérable, des modifications sans nombre se produisirent parmi les localités : « Les unes, simples villages ou frairies à l'origine, deviennent, avec le temps, trêves à l'approche de la Révolution ; il en est dont l'état se modifie jusqu'à trois ou quatre fois, par suite du déplacement de la population, de l'érection en paroisses des anciennes chapelles seigneuriales ou prieuriales, englobant à leur tour leurs paroisses primitives, de rivalités et de procès qui en résultaient et dont quelques-uns duraient encore en 1789 ». L'on s'exposerait à de graves erreurs en essayant de composer un pouillé [Note : Etat général des bénéfices ecclésiastiques d'une province] à l'aide d'éléments de diverses époques.

M. Rosenzweig, l'éminent archiviste du Morbihan, grâce aux importants travaux qu'il fit sur les documents datant du XIIème au XVIIIème siècle, a réussi à établir un pouillé qu'il a rapporté, pour plus d'exactitude à une date fixe, l’année 1789.

Le doyenné de Porhoët, diocèse de Vannes [Note : Le diocèse de Vannes était partagé en neuf circonscriptions : les doyennés de Carentoir, de Porhoët, de Guémené-Guingan ... etc.], dont le siège était à Saint-Servan, comprenait trente-cinq paroisses. A part cinq petites trêves ou paroisses, elles appartenaient toutes à la vicomte de Rohan ou au comté de Porhoët [Note : Les trêves, du breton tref, étaient les églises succursales démembrées de la paroisse. On les appelait aussi fillettes ou feillettes]. Voici celles comprises dans ce comté :

Sainte-Croix de Josselin, dont nous avons vu la fondation.

Guéhenno. — appelé tour à tour Mouster-Guezenou en 1260, Mouster-Guehenou en 1387, Moustoir-Guéhenno en 1429 [Note : Abb. de Lanvaux, Chap. Vannes, Chât. de Talhouet, Saint-Martin de Josselin], enfin Guéhenno en 1501, eut une origine monastique comme l'indique le nom Moustoir. Ce Moustoir peut bien avoir existé au Mont (Mont Guéhenno où se trouvent actuellement les restes de deux chapelles), comme l'indique la tradition.

La chapelle es Brières ou Notre-Dame des Brières était une trêve de Guéhenno ; après avoir été tout d'abord paroisse sous le simple nom de Capella (1387).

Cruguel. — dont le nom signifie : Tertre, petite butte, a été un démembrement de Guéhenno. Les limites de cette dernière paroisse venaient à toucher pour ainsi dire Cruguel. Le château des Timbrieux et quatre ou cinq villages circonvoisins au cœur du territoire furent, jusqu'à la Révolution, de Guéhenno. C'est en 1258 qu'on trouve la première mention de Kreugel dans les archives du chapitre de Vannes.

Billio, sa trêve, ou plus justement sa paroisse sœur, doit son origine aussi à un monastère, car son nom était jadis : Moustoir Billiou (1387, 1422). A l'établissement ruiné, peut-être par les Normands, succéda une petite paroisse (fin du Xème ou commencement du XIème siècle). Avant la fin du XVème siècle, Billio fut réuni à Cruguel. Il y eut un desservant pour les deux églises ; celui-ci finit par s'établir à Cruguel et conserva Billio comme trêve.

Plumelec. — qui signifie paroisse (Plou, Plu, traduction de « peuple ») de Saint-Melec. Très ancienne localité ; figure déjà dans la fondation du monastère de Locmaria mentionné en 1146 comme prieuré de femmes dépendant de l’abbaye de Saint-Sulpice de Rennes [Note : Un vicomte de Porhoët fut le fondateur de Locmaria. Le prieuré rendait aveu au titulaire de la vicomté]. Sur le même territoire, un autre établissement religieux, mais d'hommes, était le prieuré de Saint-Julien de Cadoudal, appartenant aux Trinitaires [Note : Saint-Julien avait été fondé par un seigneur de Cadoudal et annexé, ou plutôt soumis à la maison de Rieux avant 1346].

Saint-Aubin. — Sanctus Albinus (1387) — considéré comme trêve bien qu'uni seulement (vers le milieu du XVème siècle) à Plumelec, avait été paroisse indépendante depuis le XIIème siècle environ [Note : Le motif de ces réunions de paroisses était le plus souvent une amélioration nécessaire à la situation du recteur].

Callac n'a jamais constitué une trêve, malgré son titre de « bourg de Callac ». Il fut toujours desservi par Plumelec.

Saint-Jean-Brevelay. — Son église fut fondée par des émigrants bretons qui, au XIème siècle, rapportèrent de Beverley, en Angleterre, des ossements de saint Jean, évêque d'York (721). Saint-Jean Beverley devint Saint-Jean Brevelay. Au village de Moustoir existait sans doute un établissement monastique ruiné par l'invasion normande (Xème s.).

Guégon. — Le style roman de certaines parties de son église révèle son antiquité. L'Abbaye de la Joie nous fait connaître Guezgon en 1283.

Cette paroisse avait comme trêves : Tregranteur, qui s'écrivait jadis Tregarantec ou Tregarenteuc et était sans doute primitivement une simple chapellenie de la seigneurie de Tregranteur. L'étymologie de ce nom breton serait : Treiz, passage ou pas ; garantec, amoureux : Passage ou pas de l’amoureux. Ses registres depuis 1657 ont été conservés. — Coët-Bugat, voulant dire en breton : le bois de la lessive. Cette trêve remonte à un prieuré dépendant de Saint-Jean des Prés de Josselin. En 1387, elle avait le titre de paroisse, le prieur en était recteur. Malgré une interruption au XVIème siècle, les chanoines réguliers conservèrent ce bénéfice jusqu'à la Révolution.

Lantillac. — localité très ancienne qui donna son nom à une famille déjà éteinte en 1300.

Quilly. — ayant fait partie comme trêve, au XIème siècle, de l’immense territoire de Serent (Quilir locus. — Cart. Red., 1082) [Note : La primitive paroisse de Serent comprenait comme trêves : Quilly, Saint-Guyomard, Lizio, le Roc Saint-André. Le territoire propre de Serent dépendait de la seigneurie de Malestroit] ; fut érigé en paroisse dans le courant du XVème siècle.

Le Roc Saint-André. — ancienne trêve également de Serent ; ne fut érigée en paroisse qu'au commencement du XVIIème siècle.

Lizio. — dont l'étymologie se rattache au vocable même de l'église dédiée à Notre-Dame du Lis. Détaché de Serent. Le nom d'un village. Le Temple, garde le souvenir d'un établissement de Templiers. La tradition leur attribue aussi l'ancienne chapelle Sainte-Catherine.

Saint-Servan. — qui semble avoir été choisie, lors de la restauration religieuse du XIème siècle, comme chef-lieu du doyenné de Porhoët, à cause de l'hermitage et du tombeau de saint Gobrien, très vénéré à cette époque [Note : « En 717, saint Gobrien, évêque de Vannes, honoré par Dieu du don de guérir du mal des Ardents, quitta son siège et vint ici (près de Saint-Servan et sur les bords de l'Oust) chercher une solitude pour se préparer à la mort. Il y reçut les derniers sacrements de la main de son successeur, rendit son âme à Dieu le 3 novembre 725 et fut inhumé dans son territoire ». L. M.].

Peut-être même le siège de la paroisse fut-il tout d'abord au village qui s'éleva autour de l'oratoire.

Saint-Servant vient de Sanctus Servacius (1387).

De l'autre côté de l'Oust, les paroisses du Porhoët, dépendant de Saint-Malo, étaient d'un doyenné qui avait son siège à Lanouée [Note : Taupont était la seule paroisse du doyenné de Lanouée indépendante du Porhoët ; elle faisait partie de la seigneurie de Ploërmel] et faisait partie de l'archidiaconé de Porhoët. C'étaient :

Les trois paroisses nord de Josselin : Notre-Dame du Roncier, Saint-Martin et Saint Nicolas.

Guillac. — remontant probablement au VIIIème siècle. On en trouve trace plusieurs fois dans le courant du IXème siècle, sous le nom de Gillac ou Giliac (Cart. Red.) son territoire était alors très étendu. L'appellation du Temple, laissée à un village, porte à croire que les moines chevaliers eurent là une propriété, comme du reste l'Abbaye aux Oies révèle la présence d'un établissement ayant probablement appartenu à l'abbaye de Redon. Saint-Jean des Prés de Josselin se trouve dans Guillac. On désignait aux XVIIème et XVIIIème siècles, sous le nom de Glac, une étendue de pays comprenant le Bas-Glac (paroisse de Guillac) et le Haut-Glac (qui renfermait les paroisses de la Groix-Helléan et d'Helléan).

Montertelot, sa trêve depuis le XVIème siècle, avait été primitivement paroisse. Son nom aurait été tiré de Mouster-Saint-Laur. Elle était du doyenné de Beignon, archidiaconé de Porhoët.

La Groix-Helléan. — détaché ainsi qu'Helléan, de Guillac, conserva jusqu'à la Révolution la dénomination de Haut-Glac, tandis que Guillac était le Bas-Glac. C'était un prieuré-cure dépendant de Saint-Jean des Prés. Il lui fut adjoint, vers le milieu du XVIIIème siècle, non comme trêve, mais comme paroisse unie, Helléan, vieille paroisse dont les registres remontent au XVIème siècle.

Lanouée. — qui s'écrit Lanoés dès 820, puis Lannois (1082), Lannoez (1239) (Cart. Red.), semble dériver de Lan, territoire, et noez, nu. Fut érigé en chef-lieu de doyenné vers le XIème siècle. Eut comme trêve Pommeleuc. Le village des Forges n'eut de chapelle que vers 1750, peu après l'établissement des forges dues à Louis-Marie de Rohan Chabot.

Pommeleuc. — primitivement Pont-Meleuc ou Melec, où s'établirent des chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem, fut longtemps trêve de Lanouée, puis érigé en paroisse [Note : La paroisse de Pommeleuc n'a subsisté que jusqu'à la Révolution, aujourd'hui il n'y a qu'une simple chapelle], desservie par un recteur, prieur de Saint-Jean des Prés.

Mohon. — qu'on trouve sous les noms de Muthon, en 1055, Mochon, en 1019 (Cart. Red.), tire sa dénomination de Moh, porcs, et dériverait, selon Deric, de Moëhon, lieu des cochons [Note : Les habitants de cette région faisaient jadis un grand commerce des animaux qu'ils nourrissaient avec des glands de la forêt de Lanouée. En 1255, Caro de Bodégat jouissait, par concession du vicomte de Porhoët, du droit d'envoyer soixante porcs paître dans la susdite forêt. . . et il ne devait pas être seul à jouir de cet avantage]. Sur son territoire, Bodieuc évoque le souvenir d'un retranchement féodal connu sous le nom de camp des Rouets (une tradition veut même que Bodieuc ait été jadis une ville qui portait le nom d'Alenczon). Deux prieurés : l'un, la Trinité de Bodieuc, de l'ordre de Saint-Jacut [Note : M. Piéderrière a trouvé, dans des titres du XIème siècle, confirmation de la fondation, par le comte de Porhoët, d'un prieuré élevé auprès des buttes féodales de Bodieuc, en l'honneur de saint Clair, à raison de son passage dans cette région], mentionné en 1199 ; l'autre, à Bodégat, appartenant à Saint-Jean des Prés.

Mohon eut pendant un temps comme trêve, La Grée de Saint-Laurent et comme simple chapellenie Saint-Malo des Trois-Fontaines (paroisse en 1846).

La Grée Saint-Laurent. — signifiant : hauteur de Saint-Laurent (Grée ou Crèh : hauteur) ; vraisemblablement démembrement de Lanouée, fut longtemps trêve de Mohon avant d'être paroisse.

Loyat. — mentionné comme paroisse en 1055, dépendait de Saint-Jean des Prés et avait un prieuré, Saint-Thomas. L'orthographe en a souvent varié ; on voit Loiat, 1082 ; Loueat, Louyeat, Locat au XVème siècle.

Sa trêve de Gourhel eut un monastère ; comme l'indique une charte de 1131 : Gurhel monasterium.

Guilliers. — autrefois, date du Xème siècle, desservi par un chanoine régulier qui prenait le titre de prieur-recteur. Berceau des vicomtes de Porhoët qui eurent comme première résidence Château-Tro.

Brignac. — donné comme paroisse au XIIIème siècle à l'abbaye de Paimpont qui y fonda un prieuré sous le vocable de saint Barthélémy ; le prieur devint prieur-recteur. ?

Menéac. — qui existait au commencement du XIème siècle (Miniac, Miniacum), renfermait deux prieurés : celui de Menéac (appelé parfois de Montfort ou de Montsoucy) relevant de Saint-Martin de Josselin, et celui de Saint-Yguer ou Yguer, donné comme dépendance de l'abbaye du Mont-Saint-Michel, mais qui appartenait en 1789 à l'abbaye de Lantenac. Les propriétés religieuses, sur son territoire, étaient nombreuses et son bénéfice très divisé [Note : Le bénéfice des paroisses était le plus souvent très réduit par les affectations étrangères. C'est pourquoi, pour subvenir aux frais d'une cure, dut-on souvent réunir deux paroisses. Voici ce qui se passait pour partager les dîmes de Ménéac en 1679. « On prélevait d'abord vingt-quatre quartiers de huit boisseaux chacun et on en donnait quatre à l'abbaye de Saint-Jean des Prés, quatre à l'abbaye de la Joie, deux à la fabrique de Ménéac, quatre à la fabrique de Saint-Jean du Mené et dix à des seigneurs. Ces prélèvements faits, le reste des dîmes se partageait : un tiers au comte de Porhoët, un tiers à l'abbé de Lantenac et un tiers à répartir par portions égales entre l'abbé de Saint-Jean des Prés, le prieur de Saint-Martin de Josselin et le recteur de Ménéac ». La part de ce dernier devait être assez réduite].

Sa trêve, Evriguet, simple chapellenie d'abord, érigée vers 1658.

Merdrignac. — sur l'emplacement d'une ancienne ville croit-on. En réalité, fondé à une époque reculée, par la maison seigneuriale du lieu, résidant au château de la Vieille-Cour (XIème, XIIème siècle). Prieuré de Sainte-Brigitte, aux chanoines Génovéfains; donné à Paimpont en 1100 par Guy de Merdrignac.

Gomené. — d'origine très ancienne, comme l'indique le nom lui-même, qui signifie Tête du Mené. L'église paroissiale est dédiée à la Vierge sous le vocable de Notre-Dame du Mené.

Il convient de ne pas omettre Campénéac, seule localité du comté, avec la trêve de Montertelot, égarée dans le doyenné de Beignon, archidiaconé de Porhoët.

Campénéac figure dès 840 dans le Cartulaire de Redon sous le nom de Kempéniac.

Quant au diocèse de Saint-Brieuc, que la rivière du Lié divisait en deux archidiaconés : Penthièvre et Goëllo, il formait une pointe avancée jusqu'au centre du comté. Langourla, Mérillac, Saint-Vran, situés dans ce diocèse (Archidiaconé de Penthièvre) se rattachaient aux paroisses que nous venons de mentionner en détail et cet ensemble formait la châtellenie de Josselin.

Toute la partie du môme évêché, au sud d'une ligne de jonction entre Saint-Gilles du Mené et Allineuc, constituait le territoire de la Chèze, la seconde châtellenie du Porhoët. Les principales dépendances de la Chèze étaient : Uzel, Saint-Hervé, Grâce, Saint-Thelo, Trevé, la Motte, Saint-Sauveur le Haut, Le Prenessaye, Lanrenet, Plemet, Loudéac, Cadillac, Saint-Barnabe, La Ferrière, Plumieuc, La Trinité, Saint-Étienne du Gué de l'Ile, Saint-Maudan, Saint-Samson, Bréhan-Loudéac ; en tout vingt-et-une paroisses destinées à former l'appoint dont s'enrichira la vicomté de Rohan, lorsqu'en 1603 elle sera érigée en duché-pairie. Le vieux comté, ainsi dépouillé au profit de son fier rejeton, sera réduit alors à sa première motte, à la seigneurie mère, Josselin, avec au moins trente-cinq paroisses ou trêves.
On peut juger par là que l'organisation ecclésiastique manquait souvent d'unité et de centralisation dans le domaine seigneurial.

Les limites administratives et judiciaires coïncidaient mieux avec les limites des fiefs.

Lorsque le régime féodal se fut organisé, les seigneurs, ne pouvant suffire aux nombreuses fonctions qu'ils avaient à exercer dans leurs fiefs, se déchargèrent sur certains officiers, qu'ils appelèrent baillis ou sénéchaux, des soins de présider leurs assises, de percevoir leurs revenus, même de réunir et de commander sous eux leurs forces militaires. Dès que les souverains bretons purent exercer le pouvoir provincial, s'inspirant des seigneurs, ils eurent leurs baillis investis également des attributions financières, judiciaires et militaires. Ceux-ci devinrent de véritables magistrats et officiers publics qui rendaient compte de leurs opérations au Parlement. Ce ne fut qu'au XVème siècle que leurs attributions commencèrent à diminuer par le fait qu'elles furent divisées en deux fonctions distinctes, l'une civile, l'autre militaire. Depuis le XIIème siècle jusqu'à cette époque, les baillis jouèrent un rôle important dans l'administration intérieure de la Province.

La Bretagne était divisée en huit baillies ou sénéchaussées : Rennes, Nantes, Ploermel, Broërec (Vannes), Penthièvre, Tréguier, Cornouaille, Léon.

Ce n'est qu'accidentellement que, dans le livre des Ost du duc Jean, en 1294, celle de Ploërmel se trouve jointe à celle de Broërec ; elle en était absolument distincte, comme le prouvent les aveux rendus à chacune de ces cours et qui sont aux archives de la Chambre des Comptes de Bretagne.

Les sénéchaussées ducales (plus tard royales) avaient dans leur ressort toutes les cours seigneuriales ayant droit de haute, moyenne et basse justice ; leurs appels étaient portés, suivant les cas, soit aux présidiaux [Note : Les présidiaux tenaient un rang intermédiaire entre le parlement et les sénéchaussées. Leur création date du milieu du XVIème siècle. Leurs sièges étaient Rennes, Nantes, Vannes, Quimper. En un mot, la juridiction ordinaire comprenait : Le parlement, les présidiaux, les sénéchaussées royales et enfin les justices seigneuriales], soit au Parlement.

En outre, l'évêque, le chapitre, les abbayes, les prieurés [Note : Josselin, en matières ecclésiastiques, comptait deux moyennes et basses juridictions : Sainte-Croix et Saint-Martin], les ordres militaires, avaient leurs juridictions. « Dans le livre d'Ost de 1294, le mot de baillie, dit la Borderie, a la signification d'une circonscription dans laquelle tous les fiefs et seigneuries relevant immédiatement du duc de Bretagne et compris dans cette baillie, portent et rendent leur hommage au même siège de juridiction ducale qui est la cour supérieure de toute cette circonscription. ». Bien que cette monstre ne constitue pas un dénombrement complet de l’armée bretonne, elle est cependant particulièrement intéressante au point de vue de l'état féodal de la province à la fin du XIIIème siècle.

Le territoire de la baillie de Ploërmel n'était autre que l'antique Poutrocoët, d'avant le IXème siècle. Elle comprenait donc tous les fiefs qu'y avaient taillés les comtes de Rennes et les éclisses de ces mêmes fiefs : Gaël, ainsi que Montfort, Montauban, Saint-Jouan de l'Isle (simple seigneurie), Saint-Méen, Brécilien, ses démembrements ; Saint-Malo de Beignon (regaire de Saint-Malo) ; Maxent (fief de prieuré) ; Maure ; Bossac ; Renac ; Malestroit ; enfin Porhoët avec Rohan, Guémené-Guingan, le Bois de la Roche [Note : Cette dernière seigneurie avait été détachée, sinon entièrement, du moins en partie, du Porhoët. Guilliers et Campénéac dans des déclarations du XVème et du XVIIème siècle sont formellement qualifiés de juveigneuries de Porhoët]. Son siège avait été fixé à Ploërmel, vieille ville bretonne, autour de laquelle les comtes de Rennes s'étaient réservé une seigneurie assez importante, qui fut plus tard incorporée au domaine ducal [Note : Seule, par suite de circonstances particulières, la seigneurie de Lohéac, extraite du Poutrocoët, fut rattachée à la baillie de Rennes].

« En ce qui touche le comté de Porhoët, les aveux et déclarations du XVIème et du XVIIIème siècle mentionnent comme juveigneries, les terres suivantes : La VICOMTÉ DE LOYAT [Note : Le nom de Pandonnet était, aux XVIème et XVIIème siècles, accolé à celui de Loyal : « Terre et vicomté de Loyat et Pandonnet ». Il semble devoir être attribué particulièrement au château de cette seigneurie (Ros.)], la SEIGNEURIE DE CHATEAUNEUF en Guéhenno, la VICOMTÉ DE CHATEAU-TRO en Guilliers et la SEIGNEURIE DE CAMPÉNÉAC, ces deux dernières faisant partie de la seigneurie du Bois de la Roche » (LA BORDERIE).

Il y avait cependant encore, comme juveigneries MAUGRENIER (ou Maugremieu), haute justice, en Coët Bugat [Note : Le livre des Osts de 1294 mentionne parmi les grandes seigneuries du Porhoët celle de « La Motte ». La Borderie croit qu'il peut s'agir là de la Motte Maugremien. C'était une seigneurie très ancienne, qui en 1400 était aux mains des Montauban, puis passa aux la Houssaye, aux Quélen, aux Bonin de la Villebouquais. A titre de juveignerie de Porhoët, elle comportait droit d'enfeu dans l'église Notre-Dame de Josselin], et BRIEND MAILLARD, en Guegon [Note : Qu'il ne faut pas confondre avec le fief de ce nom en Réguiny. Briend-Maillard, en Guégon, était, fin du XVIIIème siècle, aux Cintré (qui dans la même paroisse possédaient aussi Couesby) ; sa juridiction comportait sénéchal, procureur fiscal, notaire, etc. (Arch. départ.)]. De plus, il comptait comme principaux fiefs et mouvances :
LES AULNAIS CARADREULX, près Josselin, et la GRÉE SAINT-LAURENT, aux le Mintier.

LE BROUTAI, en la Croix-Helléan, depuis le milieu du XIVème siècle aux Quélen, qui obtinrent en 1656 son érection en vicomté. Dans la suite (1758) les Quélen devinrent pairs de France, sous les titres de princes de Carency et marquis de Saint-Mégrin.

BODÉGAT, en Mohon, habité au XIIIème siècle par la famille du même nom, passe ensuite aux Tréal, aux Sévigné (1500). Bodégat est mentionné dans les lettres de Madame de Sévigné. Au terrier de Bretagne de 1683 nous voyons figurer Charles de Sévigné, marquis de Bodégat.

BELLOUAN [Note : Château et seigneurie appelés aussi la Porte-Bellouan], en Ménéac, aux Cintré. VAUCOULEURS, dans la même paroisse, aux Derval.

La seigneurie de MERDRIGNAC, appartenant aux seigneurs de ce nom jusqu'en 1294, où elle passa dans la maison de Beaumanoir, par le mariage de Jean de Beaumanoir avec l'héritière de Merdrignac.

LORSEIL, en Saint-Vran.

La seigneurie de LANGOURLA, dont le chef-lieu, le château de Langourla, n'est pas en la paroisse de ce nom, mais dans celle de Saint- Vran. C'était une châtellenie qui relevait simplement à titre d'obéissance et sans rachat du comté de Porhoët comme ancien apanage des souverains bretons. Avec des domaines très étendus, cette terre avait quatre poteaux patibulaires au lieu de sa juridiction, avec Sénéchal, alloué, etc. [Note : Les poteaux de justice ou poteaux patibulaires sont les poteaux de pierre ou de bois sur lesquels reposait la traverse où l'on accrochait les corps des pendus. Ils indiquent par conséquent pour le seigneur titulaire un droit de mort sur ses sujets, limité au nombre de poteaux]. Famille très ancienne du même nom (XIIème s.).

CALLAC, en Plumelec ; aux Callac d’abord, puis aux Forestier, aux Rogier qui obtinrent son érection en Baronnie, l'année 1645. Aux Guémadeuc, aux Cleuz et enfin aux Marbœuf.

CADOUDAL [Note : Appelé aussi : La Cour de Cadoudal], même paroisse ; à la famille de ce nom, plus tard aux Guémadeuc (vers 1584) et au marquis de Marbeuf en 1780.

LANTILLAC ; d'abord à la famille de ce nom, appartenait en 1300 à Robert de Beaumanoir, en 1550 à Louis de Cléguennec, seigneur de Talhouet, puis aux Spinefort et aux La Landelle.

GUESWON et ROUGEUL, en Mérillac, aux Saint-Pern.

Les AULNAIS, aux Le Voyers, et LA GARENNE, aux La Vallée en Gomené.

LE GUÉ DE LISLE (ou Saint-Etienne du Gué de I’Isle, dit quelquefois le Gué de l'Isle-la-Rivière pour le distinguer du Gué de l'Isle Naizin), qui passa aux Rohan par le mariage de l'héritière du Gué de l'Isle avec Eon, fils d'Alain VI de Rohan [Note : Cette branche de Rohan-Gué de l'Isle est la première tige qui soit sortie du tronc principal de la maison de Rohan — (La terre du Gué de l'Isle s'étendait aux paroisses de Plumieux, Brehant ; le château était situé sur la rive gauche du Lié, en aval de La Chèze) — elle-même donnera naissance aux Rohan-Poulduc (seigneurie dépendante du Porhoët, située dans la paroisse de Saint-Jean Brevelay)], ensuite fut aux mains des Carcado.

LE CAMBOUT, en Plumieux, berceau des Coislin dont le nom patronymique est du Cambout ; en dernier lieu aux princes de Lembesq.

COËTLOGON, même paroisse, aux Coëtlogon (possesseurs également de Loyat), puis aux Carné.

LA PEILLÉE, en Loudéac.

La seigneurie d’UZEL, en 1280 à Guillaume Budes. Elle passe de cette puissante famille aux La Chataignerais, aux Malestroit et tombe dans la maison de Coëtquen. En 1488 le roi Henri III l’érige en vicomté, en faveur du chef de cette maison, le marquis de Coëtquen. La dernière héritière la porte aux Duras.

Voici un aperçu généalogique de ces différents rameaux :

Généalogie d'Alain VI, vicomte de Rohan (Bretagne).

TRÉCESS0N,en Campénéac ; qui passe des Trécesson aux Carné (milieu du XVème s.). Ceux-ci rebâtirent le château tel qu'il est aujourd'hui et obtinrent régulièrement l'érection de la terre en comté (1681).

COETBY, aux du Val, aux Talhoet de Kéravéon, aux Talhouet de Brignac et aux Cintré.

TREGRANTEUR, aux Tregranteur, Quelen, Bonin de la Villebouquais.

QUELEN, aux ducs de Lavauguyon, après avoir donné naissance à la famille de ce nom.

Ces trois terres, dans la paroisse de Guégon.

Toutes ces seigneuries avaient haute, moyenne et basse justices. Elles se groupaient, comme nous l'avons vu, en deux châtellenies et juridictions, Josselin et La Chèze [Note : Les justices seigneuriales, qui occupaient le dernier échelon des juridictions en Bretagne, présentaient parfois un enchevêtrement inextricable. Souvent le même territoire dépendait de deux ou trois juridictions ; d'autres fois une ville, une paroisse, comptait plusieurs seigneurs hauts, bas et moyens justiciers. « Il était quelquefois plus difficile de trouver son juge, dit M. du Boitiez, que de se faire rendre justice »].

Il y avait à Loudéac (châtellenie de la Chèze) un siège de juridiction pour la vicomté de Rohan, à cause de la forêt de Loudéac et le territoire qui en dépendait, car bien qu'enclavée dans le comté de Porhoët, cette forêt était de la vicomté de Rohan.

Par suite sans doute de sa situation au centre d'une région encore très boisée, Josselin avait une maîtrise particulière des eaux et forêts, dite maîtrise de Porhoët, qui était rattachée à Vannes ; elle était composée d'un lieutenant particulier, d'un procureur fiscal et d'un greffier.

La capitale du Porhoët, constituée en communauté de ville, s'administrait elle-même en dehors du seigneur et de sa cour de justice. Le plus important privilège des communautés de ville fut la délégation aux Etats de la Province [Note : Dans l'origine, on ne vit aux Parlements que les possesseurs de fiefs ecclésiastiques et laïcs. Bientôt les évêques et les abbés y siégèrent en vertu de leur dignité même, y formèrent un ordre à part et s'octroyèrent sur les autres une vertu qu'on ne leur enleva jamais. Puis les villes furent appelées à se faire représenter. Ainsi se constitua aux Etats la réunion de trois ordres].

« Il est impossible, dit Pitre-Chevalier, de fixer au juste l'époque où les délégués des communes entrèrent au Parlement. Nous les trouvons désignés pour la première fois aux Etats de 1309 sous Arthur II et depuis sans interruption ; mais cela ne démontre pas qu'ils en fussent exclus avant le XIVème siècle ; en tout cas, même antérieurement, les communes bretonnes étaient représentées par les seigneurs de qui elles relevaient, et avec d'autant plus d'efficacité que leur droit de s'administrer elles-mêmes n'eût pas permis de négliger impunément leurs intérêts ».

Le nombre des villes que l'histoire nous montre députant à ces Etats a varié plusieurs fois, mais Josselin y a toujours compté et se trouvait des vingt-trois qui figurent d'abord. Peu importait le nombre des députés du Tiers Etat, chaque ville n'ayant du reste, comme chaque chapitre, qu'une voix délibérative. Rennes, Nantes, Saint-Malo, Vannes, Morlaix envoyèrent ordinairement deux députés ; Josselin n'eut pas de règle fixe. En 1450 et 1451 à Vannes, elle était représentée par un seul député. En 1591 (Vannes) par deux élus, Pierre Bostechair et Pierre Moro. En 1593 Josselin, ainsi que Guérande, Hennebont, Roscoff, a négligé de se faire représenter ; l'année suivante, au contraire, Josselin et même La Chèze sont là. Les troubles de la Ligue motivaient ; ces perturbations ; mais en temps normal, Josselin comptait un seul représentant.

Vers le milieu du XVIIème siècle le roi intervint pour régler la députation aux Etats de Bretagne. L'arrêt du 6 juin 1667 fixe définitivement le nombre des villes et ordonne que toutes les communautés de la Province ne pourront envoyer plus d'un député dans chaque tenue, excepté celles de Rennes et de Nantes, Parfois cependant on vit adjoindre aux députés, des agrégés ayant voix consultative. Nous voyons le cas se produire pour Josselin en 1762 et 1764.

Voici la liste des députés de la communauté de Josselin pour le XVIIIème siècle :

Tenues.

1717, De Kerandren, syndic.
1734, Robin.
1736, Hardouin, Sénéchal.
1738, Robin.
1740, Commandoux.
1741, Elie.
1742, Robin.
1744, Elie.
1746, De Kérangal.
(Extraordinaire) 1748, Elie.
(Ordinaire) 1748, Le Campion.
1749, De la Noë Campion.
1750, De la Noë Campion.
1752, Martin.
1754, Martin.
1756, Martin.
1758, Ozon.
1762, Robin, maire (député); Martin d'Aumont, de Saint-Léon, Le Normand, de Paimpoulle (agrégés).
1764, Elie de la Primaudais, maire (député) ; Martin d'Aumont, de Saint-Léon (agrégé).

Les communes rurales, elles, n'avaient pas droit d'élection et se reposaient sur le dévouement de leurs seigneurs ; elles n'en étaient du reste que mieux défendues ; nous savons quelle communauté d'intérêts ou plutôt de propriété le régime congéable établissait entre le titulaire du fief et les colons.

Comme les autres villes du moyen âge, Josselin prit de bonne heure des armoiries. Au XVIIème siècle, d'après d'Hozier, elle portait : de gueules à neuf macles dor, trois trois et trois écartelé d'or à trois chabots de gueules, mis en pal, deux en chef et un en pointe ; sur le tout de gueules à un lion d’argent, couronné, lampassé et armé d'or partie cousu de gueules à un château d'or et un franc quartier d’hermine. Ce qu'on peut lire : Rohan, Chabot, Clisson, Josselin, Bretagne [Note : Clisson portait comme armoiries : de gueules au lion d'argent armé, lampassé et couronné d'or]. A cette époque les différentes corporations de la ville avaient toutes leurs armoiries.

Ce n'est qu'au XIXème siècle qu'on vit apparaître les armoiries actuelles : d'Azur au Coq d'or, auquel on ajoute parfois un franc canton chargé d'une fleur de lys et la devise, Semper vigilat !

Les armes de la Ville de Josselin (Bretagne).l

L'écu des Rohan, seigneurs de Porhoët, portait : de gueules à neuf macles d'or [Note : C'est du sol même de la Bretagne que sont sorties les armoiries des Rohan. Les macles sous forme de losanges nettement dessinées et incrustées dans des cailloux schisteux, jonchent les bords de l'étang, des Salles, paroisse de Perret, vicomté de Rohan, où s'éleva un des plus anciens châteaux de cette famille suzeraine. Des ruines importantes subsistent encore], quelquefois mi-parties ou simplement croisé de l’hermine de Bretagne. Les Rohan Chabot écartelèrent de Chabot.

(Hervé DU HALGOUET).

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