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LA CHAPELLE DE NOTRE-DAME DE BODONNOU EN PLOUZANÉ

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Cette chapelle, Notre-Dame de Bodonnou, se trouve dans les marais, à cinq kilomètres du bourg de Plouzané, à quatre kilomètres au sud-est de Saint-Renan.

Au cours de son voyage dans le Léon, en 1646-1647, le Père Cyrille Le Pennec, carme de Saint-Paul, la visita, et voici en quels termes il en parle : « A un autre bout d'icelle paroisse (Plouzané) se void la chapelle de Notre Dame du Botdonnou, située proche du Pont, soubs lequel coule un gros ruisseau qui fait la séparation de Plousané et de Guycler : elle n'est pas beaucoup esloignée du manoir de Keredec, appartenant à présent, au seigneur de la Chasse d'Andigné, conseiller au parlement de Bretagne ; la nomination du chappelain est aux puissans seigneurs du Chastel Trenazan » (Albert LE GRAND, Les Vies des Saints, éd. Kerdanet, p. 511).

Bodonnou ? Qu'est-ce à dire ? — Ce terme est une altération de Bot-gouesnou, formule que nous présente l'aveu du Chastel de 1505 : « village de Gouesnou ».

La chapelle, qui est du XVIème siècle, a un aspect étrange avec les contreforts qui épaulent ses vieux murs, et son petit clocher aux deux flèches plates et jumelées [Note : L'une d'elles a été mutilée par la foudre, il y a plusieurs années]. A bien examiner l'arc qui soutient le clocher on s'aperçoit que l'ancienne chapelle a été coupée dans sa longueur, et nous savons d'ailleurs qu'avant 1822 le clocher s'appuyait à un arc diaphragme séparant la nef du chœur, et que cette année-là fut démolie la partie de l'édifice qui formait le choeur (Archives de l'Evêché). La longère est est percée d'une porte ogivale et d'une jolie fenêtre à lobes et redents avec tympans flamboyants. Quant à la longère ouest, on y voit une porte également ogivale et une petite fenêtre à meneaux modernes. Une petite pierre en kersanton, portant la date de 1544, est encastrée au haut de l'un des contreforts, du côté midi de la chapelle.

A l'intérieur, au côté nord, figure une belle Vierge-Mère en granit, contemporaine de celle qui se trouve à la chapelle de la Trinité. Sur le socle est gravée en relief une roue dentée, emblème habituel de sainte Catherine d'Alexandrie. A côté apparaît l'inscription gothique que voici : M. Y. Quilbigno. Maître Yves Quilbignon, seigneur de Coetenez fut présent en 1534 à la montre de l'évêché de Léon.

Au-dessous de la Vierge est un bénitier en kersanton, portant un écusson, sur lequel, en dépit du martelage révolutionnaire, on distingue la forme de trois oiseaux ou merlettes (Penmarch de Coatenez, ou Le Garo de Keredec). Sur le côté est sculpté un calice accompagné des lettres Y. V. P.

Faisant pendant, à droite, à N.-D. de Bodonnou, est la statue en bois d'une sainte, dans le genre du XVIIème siècle, reposant sur un socle qui porte l'inscription saint Jean...

Le maître-autel possède un petit retable à colonnes et fronton. A droite, des niches abritent, l'une sainte Barbe, couronnée, appuyée sur sa tour, l'autre saint Joseph avec son lys. A gauche, un évêque, genre Louis XIV, coiffé d'une haute mitre, ganté, bénissant, puis un saint moine vêtu d'une coule à longs plis, aux manches très amples, tenant un bâton terminé par une croix.

Sur l'autel est une Vierge Mère debout, portant l'Enfant-Jésus; tous deux sont couronnés d'un diadème en cuivre (XVIIème siècle ou XVIIIème siècle).

Au bas de la chapelle, un vieux bénitier porte le fascé de six pièces des du Chastel. Sur un côté on aperçoit un calice en relief avec les lettres Y. V. P., sur l'autre ces lettres L M A I X, que l'on peut lire L. MAIX.

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Bodonnou constituait un gouvernement à la présentation des seigneurs du Chastel, valant 410 livres en 1583, à charge d'une messe basse dimanches et fêtes [Note : PEYRON, Les églises et les chapelles du diocèse de Quimper, p. 153].

La chapelle fut vendue nationalement sous la Révolution. L'estimation en avait été faite le 26 mars 1792 par un expert au nom du district de Brest et montait à 407 livres. L'édifice se trouvait alors en fort mauvais état. Il fut vendu à une famille Simon.

Le 1er juillet 1822, Yves Pallier, cultivateur à Kérandantec, en Plouzané, céda à la fabrique pour la somme de 500 francs, la chapelle de Bodonnou qu'il avait achetée au compte de la fabrique « dans l'intention d'empêcher qu'elle ne fût détruite pour en enlever les matériaux, ce qui auroit pu arriver si les anciens propriétaires, pressés de vendre, avoient traité avec des personnes qui n'eussent pas eu le désir de remettre à la fabrique en possession de cette chapelle dont les vœux des habitants de Plouzané sollicitent la restauration » (Archives de l'Evêché).

Par ordonnance royale du 2 avril 1823, N.-D. de Bodonnou fut érigée en chapelle de secours.

M. Léost, recteur, note en 1857 que les habitants de Plouzané, Saint-Renan, Guilers y font dire quelques messes.

Le pardon a lieu le dimanche qui suit la fête de la Nativité de la Sainte Vierge.

La fontaine Sainte existe à une cinquantaine de métres de la chapelle.

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Notre-Dame de Bodonnou et la peste.
Voici une gracieuse légende contée jadis par sa grand'mère à M. Taburet, de Saint-Renan, décédé il y a quelques années :

« En ce temps-là, la peste ravageait notre pauvre pays : les morts s'entassaient sur les morts, et les survivants, craignant la contagion, n'osaient les enterrer. De ce fait, tout commerce était suspendu ; les marchés n'avaient plus lieu et les routes étaient désertes. Seuls quelques meuniers, ne connaissant que leur devoir, ou tentés par l'âpre désir du gain (l'histoire ne le dit pas), continuaient leur travail d'aller chercher le grain à domicile et d'y rapporter la farine...

Un de ceux-ci, un jour, trouva sur sa route une belle dame, dont les petits souliers fins n'osaient braver la boue des chemins défoncés. La belle dame l'interpella : « Meunier, meunier, ne pourrais-tu m'offrir une place sur tes sacs de grains ? ».

— A votre bon vouloir, ma belle dame ! Montez, montez ! Mais où allez-vous ?

— Plus loin que tu ne vas toi-même, meunier. Mais je m'arrêterai là où tu t'arrêteras.

La belle dame monta et son poids sembla avoir allégé la charge du petit cheval qui trottait, trottait, comme un vrai bidet breton qu'il était. Et la conversation s'engage. La belle dame étrangère apprend l'épidémie qui ravage le pays ; elle apprend que son conducteur, le meunier, a perdu sa femme et ses enfants de la terrible maladie, bref, elle connaît dans tous ses détails la grande pitié de ce coin de Bretagne... Et elle s'apitoye.

Subitement, à un endroit de la route, le plus défoncé et le plus boueux, elle prie le meunier d'arrêter son cheval pour qu'elle descende...

— Mais, ma belle dame, nous ne sommes pas arrivés. — Je veux descendre !

— Pas ici, voyons, vous enfonceriez dans la boue jusqu'aux genoux...

— Meunier, meunier, ne t'inquiète pas. Descends-moi.

Le meunier s'arrête. Alors la belle dame :

— Meunier, tu fus bon et charitable. Pour te récompenser, je te promets que la peste ne dépassera jamais cet endroit-ci. Et tu peux avoir confiance en moi : je suis Notre Dame de Bodonnou.

Ayant dit ceci, elle saute légèrement à terre qui, élastique comme un tremplin, la renvoie dans le ciel, où peu à peu elle disparut aux yeux étonnés et émerveillés du meunier...

A l'endroit précis où son pied céleste avait touché le sol, une fontaine vive et abondante jaillit, qui jamais depuis n'a tari...

Et la peste ne franchit jamais cette litnite sacrée... » ( Document communiqué par M. le docteur DUJARDIN).

(H. Pérennès).

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