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Manoirs de Plougonven : Kerbiriou, Crechguen, Kervigaouet, Corvez.

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Au carrefour de Croajou-Men se coupent les routes de Plougonven à Morlaix et de Plourin à Saint-Eutrope. Une seule des croix de pierre subsiste dont l'existence est rappelée par le nom de l'endroit ; encore est-elle mutilée de sa partie supérieure. En continuant de suivre vers le nord-ouest la direction de Morlaix, nous laissons à gauche la ferme du Cosquer-Pinart, maison noble jadis possédée par les Pinart de Penanvern et du Val en Plourin, puis par les Coëtlosquet, et nous atteignons le village de Kervigaouet, autre chef-lieu d'une ancienne frérie. En 1490, Jehan Le Borgne arquiert d'Hervé Geffroy un convenant au terroir de Kerguigouez en Plougonven pour 120 livres (Archives du Finistère E. 23). Olivier Nouë1 et sa femme Françoise Calloët, sieur et dame de Kerguen, rendent aveu en 1600 au fief de Trogoff pour leur convenant de Kervigaouez, que la pieuse dame de Kerven ou Kerguen légua ensuite au couvent des Calvairiennes de Morlaix, fondé par elle en 1625 (Archives du Finistère E. 511).

Guy An Du, Le Du ou Le Noir, sieur de Kerguygavuez, époux de demoiselle Marguerite Coëtvoult, a des enfants baptisés à Saint-Mathieu de Morlaix vers 1575-1578. Il était fils de Jean Le Noir, sieur du même lieu, présent à la montre de 1549. Olivier Le Noir, sieur de Kervigaouez, Crechguen, perdit en 1639 sa femme, dont le nom est demeuré en blanc sur le registre, et disparut lui-même après 1645. Noble homme Jacques Le Bigot, sieur de Kervigaouet, âgé de 44 ans, est enterré en 1671 dans l'église Saint-Melaine de Morlaix.

Au milieu du village s'élève une vieille croix de pierre dont le socle semble formé des débris d'un menhir. C'est à Kervigaouet qu'eut lieu, vers 1877, le crime de Denis. Il avait assassiné sa vieille tante, dont il convoitait l'héritage, en lui défonçant le crâne à coups de sabots, et en la jetant ensuite dans une mare. On raconte que le brigadier de gendarmerie de Plouigneau, qui soupçonnait Denis, l'amena à se trahir en lui disant « Bon débarras que la mort de cette vieille ribaude ! A quoi servait-elle, sinon à ennuyer les gens ? Celui qui l'a envoyée au paradis n'a pas commis un grand forfait. Si je le rencontrais, ma foi, je lui paierais bien un verre ! » - « Régalez moi donc, répondit Denis, car c'est moi qui ai fait le coup ! ». Comme bien on pense, au lieu d'abreuver l'assassin, le brigadier l'empoigna aussitôt et lui passa les menottes. Condamné à mort, Denis fut guillotiné à Morlaix.

A l'ouest de Kervigaouet s'ouvre la creuse vallée du Jarlot, dominée par la colline de Pen-Run-Garo (le haut de l'âpre tertre) haute de près de 100 mètres. En continuant de suivre vers le nord-ouest la route de Morlaix, on rencontre sur la droite le bois agreste et le manoir de Kerbiriou. Il y avait là dès 1540, une maison noble possédée alors par François Le Marant, sieur de Penanguern en Plourin, et en 1620 par Tanguy Le Marant, sieur de Kerbiriou, époux de Jeanne Balavesne, mort le 7 septembre 1639 et enterré à Saint-Mathieu de Morlaix. L'une de ses filles, Anne Le Marant, dame de Penvern, épousa en 1659, dans la chapelle du manoir, écuyer René de Liorzou, seigneur dudit lieu, mais elle décéda en 1663. Son mari se fit prêtre et en 1672, il bénissait, dans l'église abbatiale du Relec, l'union de son beau-frère François Le Marant, écuyer, seigneur de Kerbiriou, avec demoiselle Jeanne du Dourdu, dame de Kerligonan. Ce dernier mourut sans enfants en 1692, et Kerbiriou passa aux Robert en raison du mariage de sa soeur Perrine Le Marant, dame de Portelant, avec écuyer Sébastien Robert, sieur de Kerguellen, de la paroisse de Gouézec, en 1661.

Marie Robert, fille des précédents, demeura héritière de Kerbiriou. Elle épousa vers 1695 écuyer Christophe de Penchoadic, sieur du Rusquec en Saint-Thégonnec, et lui donna de 1696 à 1705 cinq enfants dont l'aîné, Nicolas-Marc de Penchoadic, épousa vers 1724 Elisabeth Lachiver de Kerbalan. De leurs huit enfants, nés à Kerbiriou de 1725 à 1740 et baptisés à Saint-Eutrope, l'aîné des fils, Nicolas-Marc, avocat à Morlaix, était en 1779 l'époux de Marie-Françoise Le Guen de Kergunic. Ses soeurs, Thérèse-Nicole, Elisabeth-Philippe et Gabrielle, épousèrent respectivement Philippe-Claude Salaün, sieur de Bois-du-Parc (1749), Pierre Coussais de Vilamon, procureur du Roi de l'Amirauté de Tréguier (1762) et Jacques-Christophe Keating. Leur mère, Elisabeth Lachiver, dame de Kerbiriou, mourut en son manoir le 7 décembre 1764 et fut enterrée le 9 dans le cimetière de Saint-Eutrope, à l'âge de 64 ans.

Des Penhoadic (ou Penchoadic), la terre de Kerbiriou a passé aux Penguern, puis à la famille de Roquefeuil, qui la possède au début du XXème siècle. Deux avenues de grands arbres conduisent de ia route à l'habitation, bâtie au XVIIème siècle et flanquée de deux pavillons assez lourds. Près de la ferme est la chapelle domestique, dédiée à Sainte-Anne. Sa porte est surmontée d'un écusson mutilé, soutenu par deux lions, et d'un Christ en kersanton. Le pardon avait lieu jadis le dimanche qui suivait la Sainte-Anne, mais il est tombé en désuétude. A l'est, les bois taillis qui font suite aux futaies de Kerbiriou s'abaissent brusquement vers la mélancolique vallée du Tromorgant, au-dessus du moulin de Kergréach et du confluent du ruisseau de Rosampoul, non loin d'un autre moulin au nom funèbre, Poul-Ankou (le marais de la Mort).

Au hameau de Bohast, possédé en 1543 par François Le Cozic, sénéchal de Morlaix, et où la route de cette ville commence à descendre en circuitant, on croise le vieux Hent-ar-Muled (chemin des Mulets) qui menait autrefois, semble-t-il, directement de Carhaix à Lanmeur par le bourg de Plourin, Trovoas, le moulin du Vréon, Pratalan, Pilodoyer, Coatmorvan. et Saint André. Une croix de pierre signale le carrefour. A Créach-ar-Zant (la colline du saint) est une autre croix, érigée, dit-on, par un pieux ermite qui aurait jadis vécu en anachorète sur ces hauteurs.

Nous sommes à la pointe extrême nord du territoire de Plougonven, entre les deux rivières du Jarlot et du Tromorgant, qui se réunissent un peu plus en aval sous la ligne de Morlaix à Carhaix. A gauche apparaît le vieux manoir de Prat-ar-Feunteun, affaissé sous son grand toit gondolé et moussu, qui vient couvrir la tourelle d'angle accolée à l'arrière-façade. Ce lieu fut acquis en 1543 par Pezron Coroller, marchand à Morlaix (Archives de la Loire-Inférieure, B.1794). L'ancien inventaire des archives de Plougonven mentionne un acte prônal du 25 juillet 1574 d'où il ressortait que le propriétaire du lieu de Pratanfeunteun était obligé de tenir le chemin de Bogast (Bohast) en due réparation. En 1644, cette terre était à Hervé Guillemot, de Morlaix (Archives de la Loire-Inférieure, B.1794).

Sans descendre jusqu'à la vallée au fond de laquelle Morlaix découpe les arches dorées de son viaduc sur la verdure sombre des bois de Coatserho et de Portzantrez, reprenons la direction du bourg par la traverse de Saint Eutrope. En face de Kerbiriou, sur une hauteur boisée que baigne le ruisseau de Corvéou, nous trouvons le manoir de Crec'hguen (ou Chechguen). Son nom fut porté par une vieille famille noble de la paroisse dont était Missire Hervé de Crechguen, qui fit son testament en latin sur parchemin le 17 mars 1505, et légua sur ledit manoir 6 quartiers froment de rente au clergé et à la fabrique, moyennant 2 services annuels, l'un au jour de la Toussaint, l'autre le dimanche de la Quasimodo (Archives du presbytère).

La famille Le Noir de Kervigaouez habita Crechguen aux XVIème et XVIIème siècles, et s'éteignit vers 1665 en la personne de demoiselle Isabeau Le Noir, dame de Cheffdubois. Par contrat du 12 août 1662, cette dame accensa, sans doute moyennant une rente viagère, son manoir de Crechguen à écuyer François de Kermellec, sieur de Lanverzien, qui en prie possession le 7 novembre suivant. C'était un grand corps de logis couvert d'ardoises, comprenant salle, cellier, chambres, pavillon, « le tout en grande indigence de réparations ». En 1706, les Kermellec refusèrent de payer les 6 quartiers de froment hypothéqués sur leur terre au bénéfice de la fabrique de Plougonven, et plaidèrent vigoureusemvnt contre cette dernière, mais ils succombèrent en 1712, sous le poids d'un arrêt du Parlement de Bretagne, qui non seulement les condamna à payer ladite rente et ses arrérages, mais encore tança d'importance leur trop fougueux avocat, M. de Kerohic Chrestien, le taxa à 60 livres d'amende sur ses 100 livres d'honoraires, et lui enjoignit « d'estre à l'avenir plus modéré et plus circonspect dans ses écritures ». Par contre, le Parlement ordonna « que les termes calomnieux d'usurpateur de la terre de Crechguen couchés dans les escripts de François Le Goff », fabrique de Plougonven, seraient biffés à ses frais dans ses écritures par devant le sénéchal de Morlaix, comme attentant « à l'honneur et à la mémoire de feu François de Kermellec » (Archives du presbytère).

Il subsiste à Crechguen uue vieille maison manale datée : 1710, avec porte cintrée à pilastres et claveaux. A un kilomètre au Nord-Est, sur le versant de la vallée, est l'ancien lieu noble de Tromorgant, qui a donné son nom à la rivière voisine. Les Kerloaguen et les Carné de Rosampoul le possédaient au XVIème siècle. En 1694, Charles de Clérembault, contrôleur général de la marine à Brest, époux de Gillette de Penfeuntenyou, rend aveu au Roi pour le manoir et métairie noble de Tromorgant (Archives de la Loire-Inférieure B. 1794).

Après avoir franchi le ruisseau de Rosampoul, nous rencontrons bientôt la chapelle de Saint-Albin, près du hameau de Kerguiomarc'h. Elle existait au XVIIème siècle, et possédait lors de la Révolution, selon un inventaire du 27 fructidor an II, un calice avec sa platine, 2 aubes, 3 nappes, un caporal (sic), et un jasuble de différentes couleurs (Archives du presbytère). L'édifice actuel est au début du XXème siècle d'une grande simplicité et n'offre aucune date. Il abrite la statue de Saint Albin, en évêque, et deux ou trois autres vieilles images. Le pardon a lieu le dimanche après l'octave du Sacre. Il doit être exclusivement religieux, et les marchands forains ne sont pas autorisés à dresser leurs tentes sur le placître. On boit de l'eau de la fontaine, située à 500 mètres au Sud-Ouest, afin de se guérir des fièvres intermittentes ; on en fait boire aussi aux enfants débiles, au mois de mai puis on les mène à la chapelle et on les roule sur l'autel pour leur donner force et santé (D. de la Herblinays. Au Montroulezis, p. 34).

La chapelle de Saint-Albin semble avoir dépendu du manoir voisin de Corvez, aujourd'hui Corveou, possédé au XVème siècle par la famille de Keranmanach, qui le transmit aux de Berrien, Le Seneschal et Brézal par voie d'alliance. Le 13 mai 1665, Messire Guy de Brézal, seigneur dudit lieu, Coatélant, etc., vend à à Messire Jean Le Lagadec, seigneur de Mézédern, Minuellou, etc., pour la somme de 25.000 livres, le manoir de Corvez avec ses prééminences, enfeus, tombes enlevées ou bosses, armoiries et écussons en relief et en peinture dans l'eglise de Plougonven, convenants à Corvez, Kerguiomarch, Kervezennec, etc.

Fort de son contrat d'acquêt, M. de Mézédern voulut remplacer, dans la maîtresse vitre de l'église, les armoiries des anciens seigneurs de Corvez par les siennes, mais il eut à vaincre l'opposition de la dame de Kermellec qui, propriétaire en Plougonven du fief de Bodister, dont les seigneurs de Coatélant étaient prévôts féodés, prétendait s'emparer des prééminences de ceux-ci sous prétexte qu'ils ne les tenaient que d'une concession gracieuse des sires de Bodister. L'avocat de Jean Le Lagadec ripostait en déniant à la dame de Kermellec tout droit de fondation dans l'église, et en se moquant de l'ambition ridicule qu'elle avait eue de faire remplacer, au sommet de la maîtresse vitre, les armes de Bretagne par les siennes (Kerloaguen) tout en conservant la couronne ducale pour en coiffer son propre blason (Archives du Finistère, E. 324).

Les seigneurs de Corvez avaient fondé à Plougonven, sur l'autel de leur chapelle prohibitive dédiée à Saint-Loup et à Saint-Eloy, un service annuel pour lequel Marguerite Keromnès payait un quartier froment de rente en 1678 (Archives du presbytère). Il ne reste rien du vieux manoir.

Entre Corveou et Kervigaouet était le lieu noble de Garzanquenquis, aujourd'hui Goazanquenquis. Un rameau de la famille de Kerloaguen le possédait au XVIème siècle et se fondit dans Destable, vers 1590. En 1674, Garzanquenquis appartenait aux héritiers du sieur de Bellemare Tanouarn.  (L. Le Guennec).

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