Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

Le corps politique de Plougonven.

  Retour page d'accueil       Retour " Ville de Plougonven "   

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Le compte de 1718 est rendu par Jean Larchier, qui inscrit dans sa décharge 61 livres pour travaux de réfection de la toiture de l'église, et 100 livres pour un canal de plomb placé le long de la sacristie par le Sr. La Roche, marchand plombier de Lannion. Il expose en terminant qu'un arrêt de la Cour du 11 mars 1717 l'a dispensé de faire sur le Général la levée de deniers dont il avait été chargé par le corps politique, puisqu'il y a dans la paroisse un syndic chargé de gérer les affaires du Général, et qu'une ordonnance épiscopale de mai 1700 interdit au fabrique de se mêler désormais de celles-ci.

Jacques Le Lay, ménager « gisant malade en un lit clos près du feu dans la manalle du lieu de Launay - Huellaff, sain d'esprit, mémoire et entendement, ayant cy devant receu le St-Sacrement d'Eucaristie et d'extreme-onction », fait son testament le 10 mars 1720. Il désire être inhumé dans l'église, fonde une messe annuelle à perpétuité, le jour de St-Jacques en juillet, lègue 3 livres au prêtre Razer, qui l'a visité durant sa maladie, 3 boisseaux de blé, 1 de seigle, 1 d'avoine et 1 de blé noir à la chapelle de Christ, 6 livres aux 3 autres fabriques, 40 sols à St-Germain du Kervézec, 18 sols à St-Sauveur, donne aux pauvres la moitié de ses habits quotidiens et 12 livres qui seront distribuées le jour de son octave, et règle pour finir diverses dettes de famille (Archives du presbytère).

Le compte de 1745, rendu par Jean Bourven, mentionne « les mises pour la chapelle de Christ, située sur le cimetière et menacente de ruine, que les paroissiens ont résolu de rebâtir ». Le marché en fut passé avec Yves Coetivi, maçon, et Guiziou, piqueur de pierres. Les frais détaillés ne dépassent guère 80 livres, mais ne concernent que la mise en train des travaux. Au compte de 1753-1754, rendu par Yves Larchier de Trélesquen, est citée la refonte d'une des cloches de l'église « Aux fondeurs de cloches, tant pour la fonte que pour le mestail, 723 livres 10 sols. — Pour les ferrages et batants des cloches, 86 livres. Pour le marbre de la cloche neuve, 8 livres ».

En 1760-1761, le grand fabrique est Hervé Le Saoult, auquel succède François Derrien, du Gaspern. Parmi les articles du compte de ce dernier, on remarque un payement de 420 livres fait à Me. Guillaume Tilly, procureur à Morlaix et chargé des affaires du Général, lourd impôt prélevé par la chicane sur le budget paroissial, et un autre payement de 321 livres fait conformément à une délibération du corps politique, dont l'objet n'est point indiqué. Ledit compte, se soldant par un excédent de 2.242 livres, est visé et signé à Morlaix, le 28 juin 1762, par Jean-François de la Marche, vicaire-général de Tréguier, qui devint en 1772 évêque de Léon et fut le dernier prélat de ce diocèse.

Le 24 juillet 1764, noble homme Yves-François Larcher, sieur de Kerascoët, intendant du marquis de Kersauson, passe contrat avec Mgr. Hervé-Nicolas Thépault du Breignou, évêque de Saint-Brieuc, pour la fondation au bourg de Plougonven d'une maison et école de religieuses du Saint-Esprit. Le 24 novembre suivant, l'évêque de Tréguier donne son consentement à cette fondation, que ratifie à Landerneau, le 12 décembre, haut et puissant Messire Jean-Jacques-Gilles, marquis de Kersauson et de Brézal (Archives du Finistère, E331 bis). Une pensée charitable animait ce grand seigneur, celle de faire dispenser gratuitement l'instruction aux fillettes de la paroisse. Il établit, les « Soeurs Blanches » dans un de ses immeubles du bourg, près de l'église. Angélique Poulain de Quéferon, fille du Saint-Esprit, était en 1781 supérieure de cette maison, que la Révolution ferma et vendit comme bien national, le 2 mai 1793, au citoyen Joseph Raoul.

On trouve à la mairie un registre contenant les délibérations du corps politique depuis 1774. Elles permettent de se rendre compte de l'organisation de cette assemblée qui différait sensiblement, on le verra, des conseils municipaux actuels et d'étudier l'une de ces institutions de l'ancienne France qu'on ignore aujourd'hui bien plus profondément que la date de Nabuchodonosor ou les moeurs des Samoyèdes.

Le corps politique se composait, selon l'usage, de douze délibérants choisis parmi les anciens fabriques ou trésoriers qui avaient rendu leurs comptes et payé le reliquat. Les réunions étaient provoquées par le fabrique en charge, et se tenaient à la sacristie, après annonce faite au prône de la grand'messe précédente ; elles avaient lieu habituellement le dimanche, parfois les jours ouvrables. Le recteur y assistait, ainsi que le procureur fiscal de la juridiction de Gaspern, représentant le seigneur du fief, mais l'un et l'autre ne pouvaient présider, et n'avaient que voix consultative.

Le nombre des réunions annuelles change, avec la nature ou le nombre des affaires à traiter. Il y en a 3 seulement en 1784, 4 en 1774 et en 1786, 5 en 1782, 6 en 1780 et 1787, 7 en 1779, 9 en 1775 et 76. L'époque en est également variable. Sur les 6 réunions de 1787, 4 ont lieu au mois de décembre. Plusieurs fois, le quorum n'est pas atteint, et l'assemblée doit être remise, ce qui provoque de vives doléances du fabrique en charge.

Généralement, une première réunion se tient en mars, au début du Carême. Une seconde plus importante a lieu le dimanche de la Quasimodo. On y désigne le personnel de l'église, c'est-il-dire les dix fabriques de l'année ; ceux du grand-autel, des confréries de Saint-Yves, du Rosaire, du Saint-Sacrement, des Captifs, de Jésus-Christ, et des chapelles de St-Germain, St-Sauveur, St-Michel et St-Sulmin ou Sourin. A partir de 1787, on en nomme un de plus pour la Terre Sainte, « à la condition qu'il aille autour (de l'église) tous les dimanches et fêtes comme les autres fabriques ». Ceux des chapelles rurales sont ordinairement continués deux ans.

Le personnage le plus considérable de l'assemblée est le fabrique du grand-autel, dit aussi fabrique du Grand-Choeur ou grand fabrique. Il perçoit les rentes de l'église et du clergé, paye les fondations, poursuit au nom du Général les débiteurs malhonnêtes, soutient les actions judiciaires, vend aux enchères les offrandes, passe les baux convenanciers des terres et biens de la fabrique, solde les dépenses ordinaires et extraordinaires de l'église. Il rend ses comptes après l'expiration de son mandat, et les présente à l'examen des juges du fief assistés du recteur et des deux délibérants. Les fabriques des confréries rendent aussi leurs comptes de la même façon, mais ni les uns ni les autres ne mettent de précipitation à s'acquitter. Parfois, les dettes des fabriques et des syndics envers la paroisse traînent et vieillissent 15 et 20 ans durant. En vain l'assemblée fulmine contre leur négligence, et adopte des résolutions rigoureuses à l'exécution desquelles on n'ose d'ailleurs jamais passer. Tout au plus, de guerre lasse, leur joue-t-elle le bon tour de les attourner pour le montant de leur reliquat à des créanciers de la fabrique.

Une troisième réunion a lieu au commencement de l'été, une quatrième après la moisson. Enfin, à la séance du premier dimanche de l'Avent, qui doit être, sauf cas imprévus, la dernière de l'année, on renouvelle le personnel laïque, attaché aux affaires civiles de la paroisse. On nomme ou l'on maintient pour l'année suivante le syndic, les collecteurs des tailles, fouages, garnison, droit de nouvel acquêt (incorporé au fouage en 1783), capitation et autres droits y annexés, à raison d'un par frérie, les égailleurs ou asseurs des mêmes impôts, qui établissent les rôles chacun dans sa frérie, « le fort aidant, au faible à la manière accoutumée », et qui remplissent alternativement cette charge et celle des collecteurs ; les deux collecteurs du vingtième, etc. De plus, on y change le plus souvent 1 ou 2 délibérants, qui désignent eux-mêmes leurs successeurs. Cette façon d'agir est d'ailleurs irrégulière, et attire au corps politique, en 1775, l'injonction de se conformer aux réglements, ce qu'il ne fit guère. « L'ancien usage » de nommer les officiers de la paroisse au début de l'Avent souffre d'ailleurs de nombreuses exceptions. En 1775, les collecteurs du 20ème sont choisis en août.

Le syndic est dit syndic des grands chemins, parce que sa principale fonction consiste à désigner les convoyeurs chargés de travailler aux réparations des routes. Il surveille aussi les levées de la capitation, dont il a les rôles entre les mains ; il dépose ces rôles aux archives après examen du procureur-fiscal et de 2 délibérants. Les collecteurs des tailles et fouages sont comptables au syndic. Dans la plupart des paroisses, il existe un second syndic, le syndic militaire, qui s'occupe du logement et de l'entretien des soldats de passage ; mais Plougonven se trouvant à l'écart des grandes routes sur lesquelles ont lieu des mouvements de troupes, on n'a pas jugé utile d'en nommer un. Le syndic est aidé dans chaque frérie par un député chargé de diriger les corvoyeurs de ladite frérie, de les conduire aux chantiers, de les faire travailler selon les instructions de l'ingénieur, et de signaler les défaillants et les paresseux.

La corvée des grands chemins date de 1730. En vertu des règlements, la tâche d'une paroisse ne doit pas être éloignée de plus de 2 lieues de son clocher, mais cette disposition n'est point toujours respectée. Le travail est équitablement proportionné aux facultés de chacun, de sorte qu'un paysan aisé, payant 20 livres de capitation, a une tâche dix fois plus forte qu'un pauvre diable qui ne paie que 2 livres. Chaque corvoyeur besogne 2 ou 3 jours. S'il est trop loin de chez lui pour y rentrer le soir, il se munit de provisions et a droit au feu et au couchage dans les maisons voisines du chantier. Les travaux durent 4 mois et demi par an, du 1er mars au 15 juillet, et du 15 octobre au 15 décembre, avant et après la récolte ; la journée est de 8 ou 9 heures en été, de 6 ou 7 heures en hiver. Il faut croire que cette corvée n'est pas trop insupportable aux Plougonvenais, car ils font répondre en 1787 par leur syndic Guillaume Le Guilloux, aux commissaires des Etats qui avaient ouvert une enquête pour connaître si les paroisses ne jugeraient pas moins pénible de s'acquitter en argent de ladite charge, « qu'ils préfèrent de continuer la corvée au grand chemin et de rester assujettis comme on l'a été au passé plutôt que de payer la façon des chemins en argent ».

L'emploi du syndic est gratuit, mais il réussit à en tirer quelques menus profits et privilèges. En 1775, Guillaume Le Guilloux sollicite des Etats la réduction de sa capitation à 20 sols par an. Les délibérants, dont l'avis est demandé, répondent qu'ils n'y voient pas d'inconvénient, à condition que le syndic fasse les démarches à ses frais. Comme il insiste, on lui réplique « qu'il jouit en sa qualité de syndic de beaucoup d'avantages, et qu'au surplus, s'il trouve sa charge onéreuse, il n'a qu'à s'en plaindre sur le champ au Général, qui nommera un autre à son lieu et place qui ne fera pas de difficulté de payer sa capitation ».

A l'occasion, on désigne, quand le besoin s'en fait sentir, d'autres titulaires de services dépendant du Général : commis chargé des procès-verbaux et des écritures, bedeau, courrier, distributeur de pain bénit (1784), porteurs de bannières aux processions (1788). A Plougonven, le commis ou greffier du Général est un notaire. En 1774, on nomme a cette charge Maître Jean-René Grossin, notaire royal, aux appointements de 54 livres par an. Il refondra les rôles des tailles et fouages pour en faire une juste répartition, vérifiera si la somme à prélever sur la paroisse n'est pas excessive, et tiendra le registre des délibération. Mort en 1777, il est remplacé par Maître Jean-B. Le Blanc, notaire royal et apostolique au Guerlesquin, qui demeure adjudicataire de l'emploi à qui pour moins moyennant 54 livres. En 1781, maître Jean Bourven, notaire devient à son tour commis du Général et consigne les délibérations jusqu'en 1792, mais, à partir de 1785, il se fait attribuer 60 livres de gages.

Le sacriste obéit aussi au Général. En 1776, le Parlement ayant ordonné que le bedeau de chaque paroisse couchât dans l'église pendant l'hiver, à l'époque des longues nuits sombres, pour faire garde contre les voleurs, particulièrement audacieux alors, le corps politique de Plougonven décide, le 8 décembre, que l'on fera coucher le sacriste Laudren « au coint qui est au bas de cette église près la sacristie, à commencer de ce jour jusqu'au 30 avril prochain, et aussy tous les ans depuis le 1er novembre jusqu'au 30 avril ». Il sera payé 3 livres par mois pour ce service ; on lui en fait part aussitôt, « tant en français qu'en breton », et on l'avertit de se rendre à l'église dès 7 heures du soir, pour en sortir à pareille heure du matin.

Gageons que le brave homme aurait renoncé de bon coeur à ses 3 livres mensuelles de supplément pour pouvoir esquiver cette désagréable corvée. Quoique son métier de fossoyeur et de gardien de cimetière lui eut sans doute endurci l'âme, il n'était pas Breton pour rien, et quand il se trouvait seul, tapi à l'angle de cette nef emplie de sépultures, dans le noir que trouait à peine là-bas la faible lueur vivante de la lampe du sanctuaire, il devait se pelotonner sous sa couverture de ballins pour ne point risquer de voir et d'entendre ces terrifiants mystères nocturnes auxquels assista Job Kervran (Luzel — Le Linceul des Morts, Revue celtique, XII, 201-219) et dont on s'entretenait à la veillée devant l'âtre. La frayeur abrégea-t-elle, ses jours, ou bien gagna-t-il un gros rhume sur les dalles froides de l'église ? Le certain, c'est qu'il mourut moins de deux ans après.

Son fils, Hervé Laudren, lui succède en 1778, de l'avis des délibérants, « parce qu'il sera assidu à l'église pour répondre les messes quand MM. les ecclésiastiques le requerront, et enfin aux offices et cérémonies ; en second lieu balayra l'église une fois la semaine pour le moins, dépoussera les autels quand M. le recteur le lui commandera, décrassera l'argenterie, entretiendra le semetière uni et sans pierres inutiles, fera les fosses de la profondeur fixée par les arrêts ». Il ne pourra se faire remplacer « par sa mère ou autre fille ». En 1779, on lui cède pour 20 sols par an l'herbe du cimetière.

Le courrier apparaît seulement en 1785, lorsqu'il est désigné « un crieur et courrier pour porter les ordres du Roy au syndic, à la montagne et à la trève auquel il sera payé 6 livres ». En 1786, ce courrier est le sacriste. En 1790, on accorde 9 livres à Michel Lancien, qui fera le courrier entre le district et la municipalité.

Aux réunions du corps politique, les affaires sont exposées, selon leur nature, par le recteur, le procureur fiscal ou le grand fabrique. Elles sont d'une extrême diversité, puisque l'assemblée réunit en elle les attributions d'une municipalité et d'un conseil de fabrique. Quand elles se rapportent par certains côtés à la trêve de Saint-Eutrope, deux délibérants de cette trève viennent soutenir ses intérêts. Les questions d'ordre religieux sont les plus fréquentes. Ce sont des travaux à exécuter pour l'entretien et l'embellissement de l'église et des chapelles, des achats de vases sacrés ou d'ustensiles, des réparations aux maisons de la fabrique. L'assemblée ne refuse jamais les crédits demandés. En 1773, M. Le Breton de la Borderie, peintre à Morlaix, repeint et dore le maître-autel, qu'on protège ensuite au moyen de rideaux d'indienne montés sur des gaules de fer. Cet artiste reçoit en tout 1888 livres. En 1783, sur la remontrance du recteur, on fait réparer les lambris et les confessionnaux ; en 1784, l'orologe est visitée par Le Chiquer, de Plougonver, horloger ambulant à qui l'on avait recours dans les paroisses du Haut-Tréguier. En 1785, on achète un graduel pour le choeur. En 1786, un ciboire neuf est vendu par M. Le Goff, orfévre à Morlaix, qui accepte en échange l'ancien, plus une somme d'argent avancée par le recteur au compte du Général. Les sapins et les frênes caducs du cimetière sont vendus aux enchères par le fabrique en 1783.

En 1786, Missire Jean Laizet, prêtre, né au Meshir, remontre à l'assemblée qu'il a fait sommation au recteur de l'admettre dans la distribution, comme enfant de la paroisse. Le recteur déclare ne point s'y opposer ; quant, aux délibérants, ils répondent ... qu'ils n'ont rien à répondre. On ne saurait être plus circonspect. Peut-être tenaient-ils en médiocre estime ce prêtre, qu'ils devaient avoir, six ans plus tard, pour vicaire constitutionnel.

La charité pour les pauvres est organisée à Plougonven ainsi que dans tout le diocèse. Sa caisse s'alimente au moyen de quêtes et de dons des habitants aisés. En 1779, le recteur dépose au coffre-fort 136 livres reçues à cette intention ; une partie sera distribuée aux pauvres en état de mendicité, et le reste sera réservé pour les pauvres honnêtes, qu'un prêtre accompagné d'un des délibérants ira secourir à domicile. En 1785, le recteur est chargé d'acheter 150 livres de filasse qui seront répartis entre les pauvres, lesquels en rendront compte sous 3 mois, « sauf à en acheter ensuite davantage si les pauvres en font bon usage ». Cet essai d'assistance par le travail mérite d'être noté. Lorsqu'on renouvelait le bail convenancier d'un des biens appartenant à la fabrique, les trois quarts de la commission étaient attribués aux pauvres.

Les affaires civiles qu'on voit traiter par le corps politique concernent des questions de voirie, des règlements édictés par le Parlement, des confections de rôles d'impôts et de listes pour le tirage au sort, des procédures, des prêts d'argent, des demandes en réduction de capitation. Ces dernières sont invariablement rejetées. A la requête de Jean Le Scanff, on répond en 1775 « qu'il est en état d'y satisfaire, même au delà, étant propriétaire de bien des droits, et qu'il se plaint injustement ». Yves Laizet et Marie Manach du Meshir s'entendent riposter en 1781, « qu'ils ont bien dix enfants vivants, mais qu'ils manoeuvrent un lieu qui vaut bien 500 livres de ferme et qui leur appartient, et que leurs enfants, loin de leur être à charge, leur sont au contraire d'un grand secours, leur évitant d'avoir des domestiques ou servantes... Ils ont un fils prêtre, et les autres enfants sont grands et en état de leur rendre service. Leur bien vaut au moins 750 livres, s'ils l'affermaient. Aussi le Général persiste de dire qu'ils ne sont pas trop imposés ».

Les tréviens de Saint-Eutrope ne sont pas mieux accueillis lorsqu'en 1777, ils adressent aux commissaires des Etats un placet où il se prétendent imposés de 150 livres au moins au-dessus de leur quote part véritable, et demandent à en être exonérés à l'avenir, avec restitution des 130 livres perçues indûment pour 1775. Le corps politique de Plougouven réplique « que les tréviens ont demandé leur séparation de la mère-paroisse, qu'ils se plaignent injustement et qu'ils continueront à supporter le tiers de la capitation, d'autant plus qu'à cet effet il a été joint à la trève plusieurs villages de la paroisse ».

En 1786, ordre au fabrique de consulter 3 avocats à Rennes pour savoir si l'on pourrait obliger les propriétaires fonciers à contribuer au rétablissement du chemin de Morlaix à Plougonven. Ces consultations d'avocats, d'ailleurs imposées par les règlements de la Cour, étaient fréquentes. En 1787, Jean Crassin, fabrique, remontre que le Général est assigné en sa personne, en la juridiction de Gaspern, par Guillemette Nuz, veuve Larhantec, pour subvenir à l'entretien de sa fille illégitime, les charges de cette nature incombant toujours aux paroisses. On l'envoie consulter 3 avocats de Morlaix, d'après l'avis desquels les délibérants de Saint-Eutrope sont convoqués pour délibérer sur cette affaire en assemblée générale. Les tréviens se résignèrent d'assez mauvaise grâce à contribuer, et le 17 mars 1788 Jean Crassin déposait aux archives 5 quittances des payements faits par lui à l'hôpital de Morlaix pour la pension de l'enfant.

La paroisse prête volontiers de l'argent au Général et même à des particuliers. Parmi ses débiteurs figure un notable gentilhomme, M. Le Rouge de Guerdavid, seigneur de Mézédern, qui rend en 1774 1.029 livres « pour reste de son obligation ». Le clergé est également créancier de divers nobles il possède une rente constituée de 24 livres sur les Sieur et dame Fouquet, une autre de 75 livres sur M. de Crezolles, un troisième de 20 livres sur les sieurs de Kerdaniel et de Mésily Le Roux.

On trouve peu de renseignements sur la milice et le service militaire. Le 2 juillet 1775, le recteur présente deux congés absolus accordés à des paroissiens, ex-soldats au régiment provincial de Vannes. En 1779 on nomme 6 délégués pour certifier et approuver « le rolle des jeunes gens de cette paroisse et trève de St-Eutrope » en vue du tirage au sort. M. de Kerloaguen de Quistillic était vers 1770 capitaine de la milice paroissiale.

En 1788, la commission intermédiaire de Tréguier questionne le corps politique au sujet, de la création éventuelle de nouveaux dépôts d'étalons, ceux déjà établis donnant d'excellents résultats. Il répond que l'intérêt public exige la répartition dans les paroisses des étalons de la province, et le rétablissement des garde-étalons dans leurs privilèges, en les autorisant à percevoir 20 sols par monte, que les laboureurs paieraient volontiers. Il faut laisser à ceux-ci la liberté de mener leur cavale à l'étalon de leur choix, au lieu de les obliger à recourir à l'étalon officiel, et n'envoyer dans chaque canton que des étalons d'une force proportionnée à celle de la race du pays. (L. Le Guennec).

 © Copyright - Tous droits réservés.