Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

LA CHAPELLE NOTRE-DAME DE KERELLON

  Retour page d'accueil        Retour page "Ville de Plouénan"  

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

La chapelle de Notre-Dame de Kerellon se trouve non loin du bourg, en bordure de la voie romaine qui menait de Saint-Pol de Léon au Faou. En forme de croix latine, elle comprend actuellement une nef d'environ quinze mètres de longueur et un transept à deux croisillons dont chacun mesure cinq mètres.

La chapelle Notre-Dame de Kerellon en Plouénan (Bretagne).

Le clocher consiste en une base rectangulaire avec deux compartiments où logent les cloches ; sur cette base s'élève un dôme soutenu par six colonnes, et lui-même surmonté d'un petit dôme appuyé à quatre colonnes. Au pignon de la chapelle on aperçoit un écusson écartelé au 1 de Rivoalen, au 2 de Plœuc, au 3 de Lannuzouarn, au 4 de Kergorlay. Ce sont les armes de Jacques Rivoalen, seigneur de Mezléan, Lannuzouarn, baron de Pennanéac'h, et de sa femme Louise-Gabrielle de Plœuc, fille de Sébastien de Plœuc, marquis de Kergorlay et du Tymeur, mariés en 1645.

A l'intérieur le choeur est flanqué de deux chapelles latérales, précédées d'une arcade ogivale, avec un passage qui dégage le pilier avoisinant le maître-autel.

Celui-ci est orné d'un retable à colonnes torses du XVIIème siècle, encadrant un tableau moderne fort médiocre de l'Assomption. Ce tableau, exécuté dans la première moitié du XIXème siècle, est l'oeuvre de Jean Robinaud de Saint-Pol de Léon. Il est surmonté, au centre, d'une statue de sainte Marguerite qui semble sortir d'un dragon lequel tient dans sa gueule un pan de sa robe, et latéralement de deux bustes de religieux encapuchonnés [Note : Ce retable ne viendrait-il pas, comme le suggère M. Jaffrès, recteur de Plouénan, de la chapelle de Locpréden, qui relevait de l'abbaye de Saint-Matthieu ?].

A gauche du retable figure la statue vénérée de Notre Dame de Kerellon, très noble image du XVème siècle, bien drapée. La Vierge Mère porte l'Enfant Jésus à demi couché, qui se prend le pied de la main droite et tient une pomme dans l'autre main. A droite du retable, sur un socle orné de trois masques grotesques, apparaît sainte Claire, en religieuse, tenant un livre à la main. Du même côté, sainte Barbe porte sa tour sur sa main gauche.

Notre-Dame de Kerellon en Plouénan (Bretagne).

La chapelle latérale de gauche est éclairée par une rosace à sept lobes en quatrefeuilles. On y voit un tableau ancien du Purgatoire, où les figures sont soignées et expressives. Il s'y rencontre également un groupe de statues : c'est la Sainte Vierge portant sur ses genoux le corps inanimé de son Fils. Elle est accompagnée de saint Jean et d'une sainte femme. Derrière sont la croix et les instruments de la Passion. Aux pieds de la Vierge deux anges tiennent un cartel avec cette inscription : MATER DOLOROSA. Non loin est la statue de saint Laurent avec un fragment de son gril.

La chapelle latérale de droite renferme un bon tableau daté de 1700 (?), qui figure saint François-d'Assise recevant du Christ la confirmation de sa Règle. Le Sauveur, entouré d'anges, présente au Saint un livre où on lit : COM : CE : EST. Et voici la signification de ces termes : les moines, se plaignant de la sévérité de la Règle qui leur était imposée, saint François demanda conseil à Jésus, qui lui répondit de ne rien modifier aux statuts qu'il avait établis pour son Ordre. Autour du patriarche d'Assise plusieurs moines apparaissent dans l'attitude de l'étonnement et de l'extase. On voit encore dans cette chapelle saint Roch et son chien, puis une très jolie statue de sainte Catherine, élégamment drapée, avec sa roue dentelée et un livre.

La chapelle est éclairée par une fenêtre à deux panneaux surmontés d'un quatrefeuille.

Dans la nef se font pendant deux statues en plâtre, l'une de saint Joseph, l'autre de saint Paul. L'une d'elles repose sur un socle orné des trois tourteaux de la famille de Keranguen.

Au total, les parties les plus anciennes de la chapelle de Kérellon remontent au XVème siècle. Elle fut remaniée au XVIIème siècle. A cette époque, un jubé existait dans l'édifice, puisqu'il est question en 1692 d'y établir un banc. De ce jubé il ne reste aucune trace.

***

Sur avis de M. Le Guerranic, architecte à Saint-Brieuc, la chapelle de Kerellon fut restaurée du mois d'octobre 1897 au mois de mai l'année suivante, sous la direction de M. Derrien, entrepreneur à Saint-Pol de Léon. La dépense se chiffra à 7.000 francs environ. Pour réduire les frais de réparation et d'entretien, on raccourcit la chapelle d'un tiers sur la longueur, et il fallut démonter et remonter le clocher pierre par pierre. On peut estimer que ce fut là un mauvais calcul, car dans la chapelle ainsi rapetissée, il n'est plus possible de célébrer la grand'messe des pardons.

La statue de sainte Catherine qui se trouvait au-dessus de la porte d'entrée, très détériorée, a été transportée dans la sacristie, en attendant des temps meilleurs où il serait possible de la réparer.

***

Un procès-verbal de 1614 nous fait connaître, pour cette époque, quelques-unes des prééminences de la chapelle.

Au quatrefeuille le plus éminent de la grande vitre apparaissait l'écartelé des Kermavan ou Carman, aux 1 et 4 d'azur à la tour portée par une roue de même qui est Lesquelen, aux 2 et 3 d'azur au lion d'or qui est Carman. Dans la seconde rosace étaient groupés quatre écussons, l'un de Keranguen, d'argent à trois tourteaux de gueule, les autres de Keranguen brisé d'un chevron d'azur, pour marquer la branche cadette, — plein et mi parti d'Auffroy, de Kerbic et de Kersauson. La troisième rosace enchâssait un écu d'or au lion (d'azur ?) accompagné de 3 étoiles de gueules (Le Guennec, Prééminences de la famille de Maillé-Kerman... p.126-127).

La fontaine.

A l'ouest de la chapelle se trouve la fontaine de dévotion, dite de Notre-Dame de Kerellon. Très abondante, elle alimente en eau potable une bonne partie de la population du bourg. Elle est surmontée d'un édicule sans caractère, où figure une niche qui abritait jadis une statue de la Sainte Vierge.

La fontaine Notre-Dame de Kerellon en Plouénan (Bretagne).

Historique.

Comptes de 1692. — Reçu le deuxième dimanche de mai, jour du pardon de Notre-Dame de Kerellon, 22 livres 18 sols 6 deniers.

Tous les jours de fête de la Sainte Vierge, y compris la conception de Notre Dame, il y a service à Kerellon et on y perçoit des offrandes.

Pour donner à dîner aux prêtres le Samedi-Saint et le jour du pardon de Kerellon, 11 livres 15 sols. —Toile d'argent pour orner le grand autel, 4 livres 10 sols. — Donner à dîner à ceux qui furent à Saint-Paul quérir le tabernacle qui est à Kerellon, 35 sols. Pour le poser et faire un siège dans la chaire de Kerellon, 10 sols.

1693. — Payé aux Soeurs de la Porte-Neuve, Béatrice Péron et Magdelaine Paugam, tertiaires, pour nettoyer les linges de l'église et de Kerellon, 9 livres. Reçu le jour de la dédidace de Kerellon, avec le plat, 30 sols.

1697. — Payé pour les indulgences qu'on a fait venir de Rome pour Kerellon, 23 livres.

1700. — Payé à M. le Recteur et autres prêtres pour les services qui ont été faits à Kerellon, aux fêtes de la Sainte Vierge, la somme de 18 livres, à raison de 45 sols par service, à savoir : à M. le Recteur 15 sols, au sous-curé 10 sols et aux autres prêtres chacun 5 sols.

1702. — Payé pour le repas du sieur recteur et prêtres pendant la Semaine Sainte et le jour du pardon de Kerellon, 38 livres 3 sols.

1703. — Le recteur paie 63 livres 15 sols pour le convenant de Kerellon.

1709. — Payé à Messieurs les Prêtres à chacune des sept fêtes de la Sainte Vierge, 2 livres 10 sols : 20 sols au recteur, 10 au curé, 5 à chacun des quatre autres prêtres.

1724. — Payé pour l'indulgence de Kerellon et l'autel privilégié, 26 livres.

1734. — Le recteur célèbre un mariage en la chapelle de Kerellon. L'anneau nuptial est bénit le jour suivant, avant la messe dite par un autre prêtre.

1770, 1771. — Le service du culte se fait à Notre-Dame de Kerellon pendant les travaux de construction de l'église paroissiale.

1778, 1786. — A M. Arot de Rennes, pour expédition des indulgences qu'il a sollicitées en faveur de la chapelle de Kerellon, 8 livres.

Dans le rôle de décimes, subventions, capitations de l'évêché de Léon pour l'an 1711, voici ce que nous lisons :
KERELLAN OU KERELLON
Ordinaire : 1 livre 1 sol 10 deniers.
Séminaire : 1 livre.
Hault bois et forest : 5 sols.
Arrérage pour 1693 : 1 livre.
Rôle du 14 octobre 1711 pour don gratuit : 1 livre.
Capitation :. 5 livre.
TOTAL : 9 livres 6 sols 10 deniers

En 1786, M. Le Gall, recteur de Plouénan, écrit à l'évêché de Léon :

« MONSEIGNEUR,
J'ai l'honneur de vous envoyer cy joint l'état détaillé des revenus de la fabrique de Plouénan et
de Kerellon et la dépense annuelle depuis quinze ans.
Revenus en fond : 131 livres 1 sol 6 deniers.
Beaux à ferme : 1043 livres.
Offrandes année commune : 900 livres.
Rentes en bled 30 boisseaux et 3/4, mesure de Morlaix, à raison de 3 livres le boisseau : 92 livres 5 sols.
TOTAL : 2166 livres 6 sols 6 deniers.

Dépense annuelle du service et de l'entretien des deux églises de 18 à 1900 livres.
Cette dépense doit diminuer de 400 livres par an, la fabrique étant quitte et libérée envers le clergé du diocèse »
.

***

Le sanctuaire de Kerellon traversa sans dommage la Révolution ; il ne fut même pas vendu. Quant aux autres chapelles, elles furent vendues et démolies.

Le desservant, M. Tual écrivait à l'évêché le 15 février 1804 : « La chapelle de N.-D. de Kerellon qui est en bon état est nécessaire pour l'instruction des enfants et pour y faire l'office divin, pendant que l'on sera à rétablir l'église paroissiale ».

Voici d'ailleurs une déclaration officielle du maire de Plouénan à cet égard, datée du 27 janvier 1804 : « Nous, maire de la commune de Plouénan, certifions et attestons que la chapelle de Kerellon, sise près l'église paroissiale de cette commune, est d'une nécessité absolue pour cette ditte commune, attendu que l'édifice destiné au culte se trouve dans une mauvaise situation, et qu'on va des premiers jours s'occuper à le faire réparer. En conséquence, cette chapelle est très nécessaire pour y exercer le culte durant cette réparation, ainsi que pour faire école aux enfants. Cette ditte chapelle a servi depuis un temps immémorial à y exercer le culte pendant qu'on réparait l'église paroissiale. En foi de quoi nous signons le présent pour servir et valloir ce que de raison. En mairie de Plouénan, ce jour 22 Pluviose, an 12ème de la République française. Le maire de Plouénan, Louis LE SAOUT ».

Si la chapelle de Kerellon indispensable au culte a besoin d'être réparée, tout comme l'église paroissiale, les ressources de la fabrique sont insuffisantes pour que l'on mette en train les travaux. « La tour menace de tomber, écrit à Quimper, M. Tual le 10 février 1808 [Note : La flèche s'abattit trois semaines plus tard]. Nous avons besoin de refondre nos cloches. Nos fonds ne sont pas suffisants. Je désire que Sa Grandeur veuille bien nous laisser la part qui revient au Séminaire des offrandes de Kerellon, pour aider à ces réparations, et de nous permettre d'y exercer toutes les fonctions du culte pendant qu'on sera à réparer la tour et l'église, de nous exempter de catéchisme à la messe matinale... ».

Le 1er novembre 1816, M. Corre, desservant, écrit à Monseigneur Dombideau de Crouseilhes pour solliciter une prolongation de la bulle d'indulgence accordée à Notre-Dame de Kerellon.

En 1820, M. Le Guen, recteur, se préoccupe de trouver de l'argent pour faire face aux travaux de restauration de l'église et de la chapelle voisine. Il a mandé à l'évêché le 14 février « Depuis plusieurs années, le séminaire est privé du tiers des offrandes de la chapelle de Kerellon, probablement à cause des réparations que l'on faisait dans les deux églises. Jamais ces églises et surtout la paroisse n'ont exigé plus de réparations que dans ce moment. Les murs de l'église paroissiale menacent ruine dans plusieurs endroits ; la tour de la chapelle quoique peu élevée, travaille beaucoup dans les temps de pluie et de neige, les autels, et jusques aux tabernacles sont rendus dans un état affreux et désolant. Bientôt je compte demander aux paroissiens, pour une seconde fois leurs offrandes. Je vous prie, Monseigneur, de nous accorder encore pour une année le tiers des offrandes affectées au Séminaire... ».

***

Répondant le 5 mars 1857 à une circulaire de Monseigneur Sergent, en date du 25 octobre de l'année précédente, M. Prigent, recteur de Plouénan, lui donne sur Kerellon les renseignements intéressants que voici :

« Kerellon, note-t-il, est identique à Ker-al-lenn :  " le village des eaux ou de l'étang " [Note : Cette étymologie n'est pas fondée. On aurait dit non point Kerèllon mais Kerellon, avec l'accent sur la dernière syllabe. Peut-on suggérer " village des trembles ou des peupliers " ?]. La chapelle, le presbytère et les maisons voisines ont été bâtis dans un marécage. Auprès de la chapelle il y a un lavoir public alimenté par la fontaine de Kerellon, dont les eaux sont réputées salutaires aux malades.

La chapelle de Kerellon est un lieu de pèlerinage comme Notre-Dame de Pratcoulm, Notre-Dame de Berven, Notre-Dame de Lambader. Le pèlerinage a dû être plus fréquenté autrefois, et les offrandes bien plus abondantes à en juger par le trésor de la chapelle... Quoiqu'il ait perdu de sa vogue, en raison de l'affaiblissement de cette foi simple et naïve qui distinguait jadis nos bons Léonards et qui tend malheureusement à disparaître devant l'esprit raisonneur du siècle, ou peut-être à cause de la multiplication des sanctuaires consacrés au culte de Marie, nos bons paysans ont toujours conservé une grande vénération pour Notre-Dame de Kerellon. Nos Plouénanais surtout. Ils iront bien visiter Notre-Dame de la Salette, Notre-Dame de Callod, mais la curiosité est pour beaucoup dans leur dévotion, puis c'est souvent un but de promenade, une occasion de se distraire. Mais y a-t-il une personne bien malade, un enfant exposé, une femme en danger, aussitôt on allume un cierge devant Notre Dame de Kerellon, on fait une neuvaine, on recommande une messe. Meurt-il quelque personne ? Notre Dame de Kerellon est toujours comptée au nombre des héritiers ; on lui porte une chemise, une coiffe, une offrande en argent, en lin, en cire, etc...

Tous les dimanches et fêtes, les personnes pieuses se réunissent à Kerellon pour réciter le Saint Rosaire avant les vêpres, en accompagnant cette récitation du chant des Mystères. D'autres lui font une visite après les vêpres.

Pendant la dernière guerre, nos soldats de Plouénan et ceux des paroisses voisines se souvenaient bien de Notre Dame de Kerellon, et nous avons été édifiés de les voir venir la remercier à leur retour. Un soldat de Mespaul venant de Crimée, avant même d'aller embrasser ses parents, est venu déposer au presbytère de Kerellon [Note : L'ancien presbytère, complètement délabré, se trouvait à 800 mètres de l'église] la somme de dix francs, qu'il avait, disait-il, sur le champ de bataille, et au plus fort de la mêlée, promis de donner à Notre-Dame de Kerellon s'il avait le bonheur de se sauver : « Je n'ai eu aucun mal, aussi me voilà ».

Pendant ces mêmes guerres nous pouvions à peine desservir les messes qu'on nous demandait à Kerellon pour nos soldats et nos marins.

Il y a deux pardons à Kerellon. Le premier se célèbre le second dimanche de mai et l'autre le jour de l'Assomption. Ces deux jours, il y a procession solennelle de la chapelle à l'église paroissiale. Dans ces processions, on porte : 1° Les reliques de la vraie croix, renfermées dans une belle croix. — 2° Les reliques des saints martyrs Maurice, Théodore, Martial et Séverin. Toutes ces reliques portent l'approbation de Monseigneur l'Evêque de Quimper en date des 25 avril et 17 janvier 1850. — 3° La croix de la chapelle. — 4° L'image de la Sainte Vierge portée par les jeunes personnes [Note : Il s'agit de la statue de la Sainte Vierge] et une bannière représentant d'un côté la Sainte Vierge et de l'autre saint Pierre, Patron de la paroisse.

Les reliques des Saints sont renfermées dans un joli reliquaire représentant une chapelle surmontée d'un clocher très élégant. Les reliques sus-mentionnées sont les seules que nous ayons, quoi qu'en dise le cantique breton.

Ces reliques sont adjugées au plus offrant et dernier enchérisseur, les dimanches qui précèdent le pardon.

Pour le pardon de mai 1856, François Creignou et son fils ont donné pour les porter la somme de cent cinquante francs. On adjuge de même l'image de la Sainte Vierge.

Le Mois de Marie a été établi dans la chapelle de Kerellon en 1856, et nous avons eu la consolation de voir un grand nombre de personnes en suivre les exercices » (Archives de l'évêché).

L'année suivante, à la date du 28 mai 1857, le même M. Prigent écrivait à l'évêché :

« Autrefois, Monseigneur, il y avait des indulgences plénières attachées au pèlerinage de Notre-Dame de Kerellon, à l'occasion des deux Pardons ; mais les bulles sont perdues, et nous ne savons plus quelles sont les conditions à remplir pour gagner les indulgences.

Je supplie donc votre Grandeur de vouloir bien solliciter du Souverain Pontife :

1° Une indulgence plénière pour tous ceux qui, après avoir reçu les Sacrements de Pénitence et d'Eucharistie, visiteront la chapelle de Notre-Dame de Kerellon, y prieront à l'intention du Souverain Pontife, et feront une légère offrande à la chapelle : depuis le lever du soleil le samedi avant le second dimanche de mai jusqu'à son coucher le même dimanche — depuis le lever du soleil le 14 août jusqu'à son coucher le 15.

2° Une indulgence partielle pour tous ceux qui assisteront dévotement aux processions qui se feront le second dimanche de mai et le jour de l'Assomption de la Très Sainte Vierge ».

Le 16 juin 1869, M. Le Bars, recteur de Plouénan, écrivait à son tour à l'administration ecclésiastique :

« De l'aveu de M. Pringent au prône de la grand'messe, les indulgences en question n'étaient accordées par Sa Sainteté que pour 10 ans. Je ne sais depuis quand on en jouit dans la paroisse de Plouénan. Je suis certain d'une chose, c'est qu'on en profite : la fréquentation des sacrements par les fidèles de la paroisse et même des paroisses environnantes m'en donne la preuve.

Je prierai donc votre Grandeur de vouloir bien renouveler pour Plouénan ces faveurs et ces grâces spirituelles. C'est un moyen d'assurer les résultats déjà obtenus depuis quelques années, et toujours si consolants aux yeux de la foi. ».

Aujourd'hui encore, note M. Jaffrès, recteur de Plouénan, le pardon de Mai voit arriver les pèlerins en grand nombre, mais la dévotion à la Vierge de Kerellon est devenue plutôt locale. La population a une grande confiance en Notre Dame de Kerellon. Les mères aiment à lui conduire leurs petits enfants, à prier pour leurs familles, notamment pour les absents, marins ou soldats, et aussi pour les malades et les agonisants. Fréquemment, surtout quand il y a des malades en danger de mort, on allume des bougies devant la statue vénérée de Notre Dame.

 

Le vieux cantique de N.-D. de Kerellon.

L'imprimerie Le Goaziou, de Morlaix, a publié un cantique breton de 56 quatrains à vers octosyllabiques, intitulé : Cantic spirituel en enor d'an Itron Vari a Kerellon en deveus eur chapel devot en parrez Plouenan tost da Gastel-Paol en eskopty Leon. Il doit se chanter var ton : Guers Santez Barba, pe var eun ton all. C'est un prêtre qui l'a composé ; M. Livinec, ancien recteur de Plouénan, l'attribue à un recteur de Plougoulm, qui l'aurait édité vers 1815.

L'auteur, à la manière d'un barde, sollicite l'assistance de l'adorable Trinité, pour qu'il puisse dignement célébrer la glorieuse Reine du ciel et de la terre. Kerellon est l'un des sanctuaires choisi par Dieu pour faire honorer sa Mère. Il est très fréquenté, aussi bien du marin que de l'homme des champs. La Vierge de Kerellon exauce ses dévots :

Dreïzi e kivit ar voyen,
C'hui, Roscovis ha Bazisien,
D'en em denna eus an danjer,
Divar ar môr, er goal amzer.

***

Guech-all e cris ar gombajou,
Epad amzer ar brezellou,
Da Kerellon en em voestlac'h,
Iac'h d'ar guear e tistroac'h.

Voici maintenant la description de quelques miracles accomplis par Notre Dame de Kerellon. C'est chose notoire qu'ils sont innombrables. Que l'on vienne donc en toute confiance à Kerellon, y gagner les indulgences et vénérer les reliques de son trésor. Ces précieuses reliques, l'auteur de la gwerz les détaille avec complaisance :

Fors relegou a zo ama,
Precius m'ar deus er vrô-ma.
Ervez testeni eur billet
Hac a zo ancien meurbet.

***

Er memor côz ma e lenner
E zeus a vir groas hor Zalver,
Eus ar serviet a dorchas
Treït e Ziskibien p'ho goalc'has.

***

Eus e sae ven, eus e vantel,
Eus a zillat e Vam Santel ;
Goude eus a groas Sant Andre,
Eus a eskern Sant Berthele.

***

Eus a re Sant Paol, Abostol,
Eus a c'hlin Sant Jacques minor,
Eus a c'habillamant Sant Vase,
Hac eus e relegou ive.

***

Sant Stephan, Georg ha Sant Lauranç,
Brassa relegou zo e Franç,
D'ar fin eus a re Sant Eozen,
Hac eus e roket c'hoai ouspen
[Note : Plouénan possède deux reliquaires. L'un contient des reliques de la vraie croix, l'autre des reliques de saint Pierre apôtre, des saints Martial, Théodore, Séverin, Mansuetus, de saint Camille de Lellis et de saint Benoît Labre].

Que le pèlerin de Kerellon, tout en étant dévot à la Vierge, mène une vie irréprochable ; qu'il fréquente les sacrements et pratique les vertus chrétiennes. Telle est la leçon qu'a donnée aux fidèles, il y a un certain nombre d'années, l'auteur du cantique, au cours d'une station qu'il prêcha dans la chapelle de Kerellon :

Eun evelep devotion
A brezeguis em station,
O sarmon d'eoc'h er chapel-man,
Eur nombr bloaveziou zo breman.

Que les fidèles prient la Vierge pour lui, de façon que tous soient ses vrais serviteurs en ce monde et obtiennent d'elle que la grâce d'une bonne mort les mène au paradis.

Voilà en bref, les traits essentiels du vieux cantique breton de Notre Dame de Kerellon.

On chante actuellement un cantique plus récent, composé de huit quatrains. Il porte l'Imprimatur de F. Corrigou, vicaire général, 10 mai 1902.

(H. Pérennès).

 © Copyright - Tous droits réservés.