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Ploeuc-sur-Lié : les seigneuries et l'ancienne noblesse

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LA NOBLESSE.

Ce qui caractérise la période du XIème au XVIIIème siècle, c’est l’existence du régime des fiefs, ou régime féodal. Ce régime était fondé sur la puissance des armes et sur la possession de la terre. Ceux qui détenaient cette supériorité militaire et en même temps terrienne, la complétèrent en percevant les impôts et en rendant la justice : c’étaient les seigneurs, les nobles.

Les premiers seigneurs furent de véritables brigands, détroussant les voyageurs, pillant les églises, maltraitant les paysans.

Les seigneuries se formèrent du IXème au XIIème siècle.

Plus tard, du XIIème au XVème siècle, il y eut perpétuellement des guerres de seigneur à seigneur ; c’était la dévastation pour les campagnes.

Les nobles étaient eux-mêmes soumis les uns aux autres. Pour notre région, le duc de Bretagne était le plus puissant seigneur ; ensuite venait le duc de Penthièvre ; celui-ci n’avait de comptes à rendre qu’au duc de Bretagne ou au roi de France, selon les cas. Le duché de Penthièvre, chef-lieu Lamballe, englobait à peu près ce qu’on appelle aujourd’hui l’arrondissement de Saint-Brieuc. La paroisse de Plœuc dépendait du Penthièvre. Remarquez que nous employons le mot paroisse, parce que la commune n’exista qu'à la Révolution.

Au-dessous des ducs étaient les comtes, vicomtes, marquis et simples gentilshommes. La paroisse de Plœuc était partagée entre dix ou douze seigneurs.

La période féodale dura de 700 à 800 ans. Nous allons passer en revue les maisons et terres nobles que le territoire de Plœuc renferma pendant cette période.

Les familles nobles de la paroisse peuvent se diviser en trois groupes : les Plœuc, les La Rivière et le reste des gentilshommes.

 

La seigneurie de Plœuc. — Les sires, ou seigneurs de Plœuc, sont originaires de la terre de ce nom. Ils portent le nom de leur terre, car du temps de la plus ancienne féodalité, les noms de familles n’existaient pas, il y avait seulement des prénoms et des surnoms.

La race première des seigneurs de Plœuc semble avoir été une branche cadette des puissants comtes de Penthièvre. Malgré le nom de Plœuc qu’ils portaient, leur seigneurie n’englobait pas toute la paroisse, qui comprenait alors Plœuc et Gausson ; elle s’étendait sur le bourg, sur des territoires situés dans la paroisse et ailleurs.

Plœuc était une seigneurie à bannière, c’est-à-dire que ce seigneur commandait à d’autres nobles en temps de guerre.

Le blason des Plœuc était « chevronné de six pièces d’hermine et de gueules ». Autrement dit, sur l’écu seigneurial sont dessinés trois rangs de chevrons assemblés à angle aigu, qui portent six rangs d'hermine blanche, trois montants et trois descendants, accompagnés de rouge.

Leur devise était : « L’âme et l’honneur ».

Le chef-lieu de la seigneurie était le lieu dit La Corbière, à la lisière de la forêt de Lorge, sur les bords de la rivière Le Lié. Ce lieu n’est pas fortifié naturellement. Il y eut plusieurs châteaux successifs à cet endroit ; c’étaient des manoirs fortifiés, des « maisons fortes », et non des châteaux-forts.

Un vaste étang l’avoisinait ; il était formé par une large vallée et contenu par un barrage. Depuis longtemps cet espace est transformé en prairies. Il y a cependant un souvenir des anciens maîtres de ces lieux : c’est leur manoir. A quelques centaines de mètres, on voit des modestes bâtiments à usage de fermes, ainsi qu’un dallage et des débris de murs qui font penser à l’existence autrefois d’une petite chapelle seigneuriale privée.

Pendant ces siècles de féodalité, où la chasse était en si grand honneur chez les nobles, la Corbière offrait de grands attraits pour le veneur : futaies immenses, étang large et profond, cerné de prairies.

Le plus ancien sire de Plœuc connu est Juhel, qui vivait en 1202. Le lieu de Plœuc est mentionné dès 1233, dans une donation faite par Geffroy Botherel, fils du comte Alain de Bretagne. Il parle du domaine de la Villejuhel, « lequel est proche la forrest de Ploëuc, avec la forrest qui est située en Villejuhel ». Il est probable que la Villejuhel et la Corbière sont le même lieu.

Dès le début du XIVème siècle, par suite d’un mariage, l’aîné de la famille abandonna la Corbière et alla se fixer chez sa femme, au Tymeur, seigneurie de la paroisse de Poullaouen, diocèse de Cornouaille. Il était ainsi au centre de ses fiefs du Bas-Léon et des environs de Quimper, plus riches que Plœuc. Ses descendants vécurent là, laissant la Corbière à la branche cadette, moins riche.

Tymeur, ou Timeur, signifie « grande maison » en breton. Les seigneurs portèrent désormais le titre de seigneurs de Plœuc et du Tymeur.

Cette maison tînt une grande place dans l’histoire de la Bretagne, et surtout de la Basse-Bretagne, pendant plusieurs siècles ; la carrière des armes avait ses préférences.

Charles de Plœuc, marié vers 1545 à Marie de Saint-Goueznou, dame du Brignou, en Léon, fit reconstruire le manoir de La Corbière. Il fit graver les armoiries de Plœuc et celles de Saint-Goueznou sur la belle cheminée principale de la maison et au pignon. Ce manoir, de dimensions modestes, existe encore. On voit qu’il n’a pas été achevé : pas de mur d’enceinte, pas de dépendances, etc...

En dernier lieu, nous trouvons écrit qu’en 1780 « la Corbière est un château qui n’a pas été achevé, avec une chapelle et un étang d’une étendue considérable, lequel joint la forêt de Lorges ».

Pendant les guerres de religion, le duc de Mercœur, gouverneur de Bretagne, qui tenait le parti de la Ligue, c’est-à-dire le parti ultra-catholique, mobilisa l’arrière-ban de la noblesse de Cornouaille, dont était capitaine le sieur du Brignou, cadet de Plœuc. Celui-ci, à la tête d’environ trente-cinq gentilshommes, fut attaqué près de Plestin (Plestin-les-Grèves) par deux cents soldats du roi ; il mourut de ses blessures ; d’autres seigneurs furent tués, dont le sieur de Crémeur et le sieur du Rusquec, beau-frère de Crémeur ; tous avaient une trentaine d’années. C’était en 1590.

La terre du Tymeur fut érigée en marquisat en 1616, en faveur de Sébastien de Plœuc.

La Corbière était devenue en 1645 le partage d’une fille cadette. Ce lieu noble ne brillait pas comme le Tymeur ; au XVIIème siècle, malgré son château et son étang, ce n’était plus guère qu’un rendez-vous de chasse.

En 1643, lettres patentes du roi Louis XIVème, portant création de quatre foires par an et d’un marché tous les jeudis au bourg de Plœuc, en faveur de « Sébastien de Plœuc, chevalier, marquis de Tymeur, seigneur du bourg de Plœuc » pour les services qu’il avait rendus au roi Louis XIII au siège de La Rochelle, en 1627-1628.

On voit que le marché du jeudi au bourg existe depuis de nombreuses années. Toutefois, il s’est tenu le lundi vers 1850.

Les terre et seigneurie de Plœuc furent vendues en 1664. Elles passèrent dans la riche famille de La Rivière, dont nous parlons plus loin. Les sires de Plœuc tenaient cette seigneurie depuis sa fondation, cinq cents ans auparavant.

Le nom de Plœuc survécut. Les branches cadettes ont subsisté jusqu’à nos jours. Nous citerons parmi leurs représentants Alexandre, marquis de Plœuc (1816-1887). Il était sous-gouverneur de la Banque de France quand éclata la Commune de Paris, en 1871 ; il sut amener les administrateurs de la Commune à ménager les fonds de la Banque. Le dernier représentant de la race fut le marquis Charles XIV de Plœuc, né en 1867, mort en 1938. Le nom de Plœuc est désormais éteint.

Il existe un grand ouvrage intitulé : « Histoire généalogique de la maison de Plœuc, par Denis de Thézan, Beauvais, 1873 ». Le marquis Charles de Plœuc avait, sur l’invitation de J.-B. Illio, offert un exemplaire de cet ouvrage très rare, avec cette dédicace mélancolique écrite de sa main : « Offert par le dernier représentant de la famille de Plœuc à la Bibliothèque Municipale de Saint-Brieuc. — Marquis de Plœuc ».

 

La seigneurie de La Rivière. — Nous venons de voir que les aînés de la famille de Plœuc vivaient en Cornouaille depuis le XIVème siècle, qu’ils avaient abandonné la seigneurie moins importante de Plœuc à leurs cadets et qu’ils avaient vendu cette seigneurie en 1664 aux La Rivière.

La seigneurie de La Rivière était située en la paroisse du Haut-Corlay, évêché de Cornouaille. C’était une seigneurie à bannière, comme celle de Plœuc. La maison de La Rivière tire son origine des anciens comtes de Mûr et de Corlay, qui descendaient eux-mêmes des puissants comtes de Cornouaille, il y a mille ans.

Les armes de la maison de La Rivière étaient : « d’azur à une croix engrellée d’or », autrement dit que sur un fond bleu était dessinée une croix jaune, dentelée. Nous avons toute la généalogie de ces seigneurs, mais nous ne citons que quelques noms.

Thébaud, ou Thibaud de la Rivière se signala à la bataille de Cocherel, en 1364, aux côtés de Du Guesclin.

La branche aînée s’éteignit au XVIème siècle. La branche cadette acquit, par mariage, la seigneurie de Saint-Quihouët, ou Saint-Quiouait, paroisse de Plaintel, vers 1430.

Jean de La Rivière, commandant de cent arquebusiers à cheval, fut le père de Mathurin, capitaine de cinquante chevaux-légers et de cent hommes d’infanterie.

Un de ses parents, « noble et puissant René de La Rivière, sieur de Saint-Quihouait », était capitaine de deux cents chevaux-légers vers 1560.

C’étaient là des commandements importants et coûteux, qui montrent que dès cette époque, les seigneurs de La Rivière étaient puissants et riches.

En 1664, intervient l’acte de vente ci-dessous, où l’on voit les propriétés et les droits seigneuriaux passer des seigneurs de Plœuc-Timeur aux seigneurs de La Rivière.

1664. — Vente de la terre et seigneurie de Plœuc et la Corbière, en Plœuc, Gausson, sa trêve, et Hénon, par de Percin, marquis de Montgaillard, procureur et mari de Moricette-Renée de Plœuc, marquise du Timeur, à Yves-0llivier de La Rivière, seigneur du Plessis, de Kermartin, le Pont-à-l’Asne et autres lieux, pour la somme de 96.000 livres, d’une part, et 50.584 d’autre part.

Cette acte mentionne « Le château de la terre et seigneurie de Plœuc, appelé le château de la Corbière, logements, étangs, jardins, verger, droit de colombier, métairies, moulins, bois de haute futaye et de décoration, nommé bois de Putual, rabines, prés et terres arables et non arables, rentes et chefrentes, dîmes, corvées sur les hommes et vassaux, fief et juridiction avec droit de haute, moyenne et basse justice, et patibulaire à quatre piliers de pierre, droit de prééminence et de patronage en l’église paroissiale de Plœuc et trêve le Gausson en dépendante, de laquelle église paroissiale de Plœuc lesdits seigneurs de ladite terre sont fondateurs et présentateurs et tout droit de lisières par dedans et par dehors ladite église et de prières nominales, armoiries, écussons et autres droits honorifiques, ensemble les autres droits qui dépendent de ladite terre aux chapelles de Sainte-Marguerite, le petit Saint-Brieuc, Saint-Just, Saint-Eloy, même Saint-Léon, en Hénon, et outre, les droits de halle, de quatre foires par an, de marchés ordinaires chaque jeudi au bourg de Plœuc, péage, coutumes, four à ban dans ledit bourg, commencé à bâtir, et généralement sans réservation, tout ce qui dépend de ladite terre et seigneurie, le tout situé dans ladite paroisse de Plœuc, trêve de Gausson et paroisse de Hénon ».

En 1667, le roi Louis XIV nomme « gouverneur des ville et château de Saint-Brieuc, tour et forteresse de Cesson », le même « Yves de La Rivière, chevalier, seigneur du Plessis ». Il résidait à Saint-Brieuc. Les registres de la communauté de ville, qui était une sorte de Conseil municipal, le montrent président de cette assemblée ; il a une grande signature au bas des délibérations.

Louis XIV réunit en faveur d’Yves de La Rivière les seigneuries de Plœuc, la Corbière et le Pont-à-l’Ane, en les érigeant en comté, par lettres patentes du 16 avril 1696. Ces lettres portent que « ladite bannière de Plœuc est érigée en comté, en considération de l’illustre maison et de l’ancienne noblesse des seigneurs de La Rivière, issus des comtes de Cornouailles, juveigneurs des sieurs de Rohan, etc., et en considération des services qu’ils ont rendus, comme l’histoire le rapporte, notamment ceux de Thibaud de La Rivière, fameux capitaine ».

Au sujet de cet anoblissement, on peut rappeler qu’en cette année 1696, le roi Louis XIV anoblit, « de sa certaine science, pleine puissance et autorité royale » (c’était la formule des ordonnances), cinq cents personnes en France ; mais c’était moyennant finance, pour remédier à la détresse du trésor royal ; l’historien duc de Saint-Simon dit à ce propos que Louis XIV « battit monnaie avec de la cire et du parchemin ». Etait-ce le cas pour les La Rivière ?

Charles de La Rivière, comte de Plœuc, page du roi, aide de camp du maréchal de Boufflers [Note : Louis François de Boufflers, né à Cagny le 10 janvier 1644 et décédé à Fontainebleau le 22 août 1711], enseigne des gendarmes anglais, gouverneur de Saint-Brieuc et de la Tour de Cesson, fut élu par la noblesse pour présider aux Etats de Bretagne, assemblés à Saint-Brieuc en 1709.

La charge de « gouverneur des ville, château de Saint-Brieuc et forteresse de Cesson » était devenue héréditaire dans la famille de La Rivière, qui fournit cinq gouverneurs de Saint-Brieuc depuis 1667 jusqu’à 1780.

Les gouverneurs avaient le droit d’habiter l'Hôtel de Ville d’alors, qui était à peu près à l’emplacement de la Préfecture actuelle, mais ils habitaient souvent ailleurs, notamment à Paris. En tous cas, ils dépensaient hors de Plœuc et de Gausson les impôts et les rentes sortis de là, ce qui ne contribuait pas à enrichir la paroisse.

1744. — Aveu de vassalité (déclaration) par messire Charles de La Rivière pour la terre et seigneurie de Plœuc, autrefois nommé La Corbière, avec bois de haute futaie, avec droit de haute justice, fourches patibulaires à quatre pots, foires, marchés, coutumes et péage sur tous les ponts de Plœuc et de Gausson. Il était toutefois interdit de tenir des foires à Plœuc quand elles coïncidaient avec celles de Moncontour, le duc de Penthièvre, seigneur de Moncontour, étant supérieur au seigneur de Plœuc.

Le fils aîné de Charles, que nous venons de nommer, était comte de La Rivière, de Mûr et de Plœuc, lieutenant-général des armées du roi, gouverneur de Rocroi et de Saint-Brieuc, tour et forteresse de Cesson.

Il habitait, en 1777, à Paris, le palais du Luxembourg qui devint un siècle plus tard le palais du Sénat. Il eut deux filles : Julie-Louise, qui fut mariée à son parent Joseph-Yves Thibault de La Rivière de Saint-Quilhouët, et l’autre au seigneur de Lusignan-Lezai.

Julie de La Rivière eut deux enfants : Joseph-Jules-Hyacinthe, né en 1756 ; il eut la survivance de la charge de gouverneur de Saint-Brieuc, que lui avait obtenu son grand-père le comte Charles de La Rivière, en 1766, mais il mourut à 14 ans, en 1770. L’autre enfant de Julie de La Rivière fut une fille, Marie-Louise, qui devint dame du Vieux-Marché et de Saint-Quihouët. Marie-Louise, qui se trouvait, avec sa soeur, la dernière représentante en ligne directe de la famille de La Rivière, se maria, en 1754, à Motier de La Fayette, gentilhomme d’une ancienne famille d’Auvergne. Ce mariage eut de véritables conséquences historiques : en effet, en 1757, naissait un fils qui devait devenir un grand général et, un grand homme politique, Marie-Joseph-Paul-Roch-Yves-Gilbert Motier, marquis de La Fayette. Il naquit au château de Saint-Roch de Chavaniac, ou Chavagnac, en Auvergne. La mort de sa mère et de son oncle, le petit, Joseph, le mit dès l’âge de treize ans à la tête d’une fortune considérable.

Il fut sous-lieutenant et se maria à 17 ans à une fille du maréchal duc de Noailles, l’une des grandes familles de France qui remonte au XIème siècle.

Il réussit, malgré l’opposition de ses parents, à aller se joindre aux insurgés américains qui étaient en guerre contre l’Angleterre. La guerre dite de l'Indépendance américaine se termina, en 1782, par la reconnaissance de l’indépendance des Etats-Unis. La Fayette se distingua dans la lutte, aux côtés de Washington et des volontaires français qu’il commandait. On a souvent rappelé cette intervention à propos de l’aide que les Etats-Unis ont apportée à la France dans la guerre de 1914-1918 et celle de 1939-1945.

Le comte Charles de La Rivière mourut en 1781, âgé de 90 ans. Ses héritiers firent dresser l’inventaire des titres et des biens. Les Archives départementales possèdent la déclaration des terre et seigneurie de Plœuc et du Pont-à-l’Asne et dépendances, faite par La Fayette et son cousin Lusignan, « seuls et uniques héritiers de très haut et très puissant seigneur de La Rivière... leur aïeul et bisaïeul, décédé le 21 avril 1781, et en ces qualités propriétaires desdites terres de Plœuc et du Pont-à-l’Asne ».

Voilà La Fayette à la tête d’un riche héritage, qui vient s’ajouter à celui de sa mère. Il est à ce moment possessionné sur 21 paroisses : Plœuc et sa trêve Gausson, Plaintel, Hénon, Saint-Carreuc, Saint-Brieuc, etc... Mais les frais de l’expédition d’Amérique ne sont pas tous couverts et il aime la vie large. Il entre en possession de l’héritage, avec son cousin, au commencement de 1783, et quelques mois après, La Fayette, sa femme et leur cousin, vendent les terres, comté et seigneuries de Plœuc et du Pont-à-l’Asne, moyennant la somme de 226.500 livres, à dame Anne Ferré de La Ville-ès-Blanc, veuve de Charles d’Andigné, marquis de la Chasse. L’acte de vente, très détaillé, mentionne : l’église de Plœuc, avec droits honorifiques dans le choeur ; la chapelle Sainte-Marguerite ; le four banal ; la justice et la juridiction (le seigneur avait un sénéchal, un alloué et un lieutenant) ; la lande de la Justice, sur laquelle est élevé un patibulaire à quatre piliers ronds, de pierres de taille ; les droits de marchés, de foires, les deux halles ; le Moulin Neuf ou Moulin de la Maladrerie, la dîme du bourg (terres) ; la prairie de la Noé Mingant ; la métairie de la Ville-Junguené ; des taillis ; les moulin, étang, manoir et métairie du Pont-à-l'Asne ; la chapelle du Pont-à-l’Asne et celle du Petit Saint-Brieuc (ces deux chapelles étaient en ruines) ; la métairie de La Deutte affermée 365 livres par an (cette métairie avait deux cofermiers, François Georgelin el Pierre Georgelin) ; la métairie de la Corbière ; l’ancien château de Plœuc, autrement dit La Corbière ; il n’en restait que les fondements, et le nouveau château n’était pas achevé ; le moulin de la Corbière ; l’étang de la Corbière, avec le droit seigneurial de pêche en icelui ; la dîme du Plessis ; la dîme du Rox ; les terres de La Saudrette et de Pourhon ; la chapelle de Saint-Just, le moulin Rolland ; l’église de Gausson ; les droits de prééminence, de patronage et autres en résultant, comme seigneur de Plœuc, présentateur et nominateur à la cure de Plœuc et sa trêve de Ga.usson ; la dîme de Bayo, appelée le cours de Bayo (à cette époque, 1783. Mathurin Visdelou était fermier du cours de Bayo), l’église Saint-Mathurin de Moncontour, la chapelle Saint-Eloy, etc...

Il restait quantité de terres nobles à la Fayette. En Bretagne, il était seigneur de Saint-Eloy, en Plœuc ; de Saint-Quihouët, en Plaintel, des Villes-Doré, en Saint-Brieuc, etc... En Auvergne, il était seigneur du lieu dit La Fayette, baron de Vissac, et sieur de Chavagnac.

Le général entra aux Etats de Bretagne en 1786 ; c’était une sorte de Chambre des députés de la Province. Député de la noblesse d’Auvergne aux Etats-Généraux de 1789, il fut commandant de la garde nationale de Paris ; on lui présente la cocarde tricolore : « elle fera annonce-t-il, le tour du monde ! ». Il joua un certain rôle politique, puis s’exila en 1792. Pris par les Autrichiens, il est enfermé dans un fort, en Moravie, jusqu’à 1797. Député sous Louis XVIII et sous Charles X, il fut un des chefs du Parti libéral. Il voulait une monarchie constitutionnelle, ou une république modérée. Il mourut en 1834.

Au Conseil municipal de Saint-Brieuc, en 1932, on donna le nom de rue La Fayette à une rue nouvelle ; cette rue traverse l’ancienne terre noble des Villes-Doré, ayant appartenu aux La Rivière, puis à La Fayette.

Ce qui explique, selon nous que La Fayette se soit lancé avec tant d’ardeur dans la guerre de l'Indépendance américaine, c’est qu’il était du coeur de la Bretagne, d’une vieille famille de guerriers, par sa mère et les aïeux de sa mère, et que comme tous les Bretons, il était épris d’aventures et d’idéal.

La Fayette a laissé des descendants directs, dont trois ont été députés au XIXème siècle.

 

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AUTRES NOBLESSES.

A côté de la puissante seigneurie de Plœuc-Tymeur, puis de La Rivière, il y avait sur le territoire de la paroisse d’autres maisons et terres nobles. Nous allons les passer en revue. Nous en avons des traces depuis l’an 1300 environ jusqu'à la Révolution.

Pour les biens nobles comme les roturiers, les curieux consulteront utilement, aux Archives départementales, la série E, numéro 852 ; ce sont les tables des héritages situés dans les paroisses de Plœuc et de Gausson, avec indication des possesseurs à diverses époques, autant qu’on a pu les trouver.

Ce que nous savons des biens nobles vient des aveux et des déclarations.

On appelait aveu ou aveu de vassalité la déclaration par laquelle un vassal reconnaissait être lié envers son seigneur supérieur à cause des terres qu’il tenait sous la seigneurie ; ces déclarations se faisaient principalement lors des mutations de biens. En plus de ces aveux, nous avons trois déclarations civiles des maisons et terres nobles de la paroisse : la première dressée le 2 août 1679 par Allain Pesrin et Jean Corlay, trésorier de la paroisse de Plœuc ; une autre le 24 mai 1690, par un notaire, sur attestation de « honorables gens Jean Allo et Jean Gautier, trésorier et marguillier de la paroisse de Plœuc, demeurant aux villages des Norniers et de Casribet » ; un autre a été dressé vers 1780. Nous commençons par des déclarations.

Biens de mainmorte (en 1679 et 1690). — On ne connaît pas de biens appartenant aux gens d’église.

Déclarations de biens communs (en 1679 et 1690) — Il y a en ladite paroisse trois landes, partie en bruyères : la lande de Tannet, où on pâturait en commun, jusqu’à ce que le seigneur du Tertre-Gousquet s’en rendit maître, et eût afféagé la meilleure partie à divers particuliers, comme propriétaire de la terre et seigneurie de Saint-Eloy.

La lande Rousse, où les habitants de Plœuc ont de toute connaissance, pâturé et joui en commun sans trouble.

La lande de Crémeur, de laquelle ils ont toujours ouï dire que les habitants circonvoisins, tant de la paroisse de Plœuc que de celle de Plémy, ont pâturé, coupé laitière et faits des mottes en commun sans empêchement ; aux seigneurs de Crémeur, qui en ont afféagé et arrenté une partie à des particuliers.

De plus, connaissent un tertre nommé le tertre de Branleix, possédé en commun par les habitants, qui néanmoins est de peu de valeur.

( La lande de Branleix était en 1638 à Yves Amette).

Voici la première liste entière de nobles connue ; ces nobles habitaient Plœuc en 1426-1427 ; il y en avait 26 : Annor et Guillaume de Penthièvre ; Jehanne Raoul ; Eon de Bréhant ; Alain et Jean Le Moenne ; Le Moenne et sa mère ; Alain Budes ; Olivier de Cresmeur ; Guillaume Chesuet ; Olivier Pléour et Guillotte sa soeur ; Olivier Ryou ; Pierre Jagu et sa mère ; Geoffroy Hux ; Bertrand Goujon ; François Guillou ; Roland Guéhéneuc ; Eon, Pierre et Etienne de Launay ; Alain Dollou ou Dolo ; Pierre et Jean Visdeloup. Voi­là leurs noms de familles, mais nous ne savons pas les noms de leurs seigneuries.

Comme habitants nobles de Plœuc, en 1513, on trouve entre autres les noms de Jean de Guéhéneuc ; Hervé de Penthièvre, sieur de la Vieuxville ; Olivier Visdeloup, sieur du Pont-à-l'Asne et du Vaudorbet ; Antoine de Bréhan, sieur de Saint-Eloy. La maison de La Corbière appartenait au sieur de Plœuc, ainsi que celle de la Boullaye et celle du Vau-de-Lier.

 

Nous allons maintenant donner le détail des noblesses secondaires. Nous les nommons sans ordre, car elles ont souvent varié de propriétaires et d'importance. Nous commençons par le Pont-à-l'Ane.

La seigneurie du Pont-à-l’Asne, ou Pont-à-l'Ane, est ancienne et importante. Ses premiers seigneurs connus sont les Visdeloup. Guillaume Visdelou ou Visdeloup, sieur du Pont-à-l'Ane, partit à la croisade en 1248 (septième croisade, sous Saint-Louis). Visdeloup signifie visage de Loup ; on disait en latin Visus lupi.

Les Visdeloup ont possédé un grand nombre de fiefs : le Pont-à-l'Ane ; le Colombier en Hénon ; Saint-Guen, en Ploufragan, etc... Ils ont fourni un évêque de Saint-Pol-de-Léon, mort en 1671, enterré dans sa cathédrale.

Leurs armes étaient, d’après un sceau de 1276, d'argent à trois têtes de loup de sable, arrachées et lampassées de gueules ; ce qui veut dire que le fond de l’écu était blanc ; sur ce fond blanc étaient dessinées ou sculptées trois têtes de loup en noir, avec des lambeaux de chair pendant ; la langue était rouge.

En gallo, le nom se prononce Videleu ; ou fait souvent dans la prononciation ; c’est ainsi que le breton fou, qui signifie hêtre, a fait feü, et que houx a fait heüssard.

La seigneurie passa aux nobles Le Mintier, puis, au XVIIème siècle, aux La Rivière. Ces derniers placèrent leurs armoiries sculptées sur leur moulin du Pont-à-l'Ane, avec notamment la croix dentelée ; malheureusement, cette pierre a été placée à l’envers, comme on peut encore le voir.

La forteresse du Taureau, près de Morlaix, servit sous Louis XV et Louis XVI, de prison d'Etat. En 1753, on y incarcéra un M. de Visdeloup, pour « friponneries, ivrognerie et bassesses ». Il en sortit en 1757. On le rendit à son parent, M. du Liscoët, à Quintin.

Il existe encore dans la région de Plœuc des Visdeloup ; ils peuvent prétendre descendre des anciens seigneurs ; beaucoup des cadets de familles des petits seigneurs sont tombés roturiers, n’ayant pas pu profiter du droit d’aînesse, au moment des héritages.

Les La Rivière eurent le Pont-à-l'Ane d’environ 1630 jusqu’à 1781. Ce fut ensuite le célèbre La Fayette et son cousin de Lusignan ; ensuite, la marquise de La Chasse, puis des particuliers.

En 1780, le Pont-à-l'Ane était une ancienne maison avec une chapelle en ruines auprès de laquelle était un étang qui faisait tourner un moulin, avec haute, moyenne et basse justice, appartenant à M. de La Rivière.

Des ruines du manoir, on construisit, avant la Révolution, dans le bourg de Plœuc, dans le cimetière aujourd’hui désaffecté, une chapelle dédiée à Sainte Marguerite ou Sainte Margaïte.

Avant la Révolution, on voyait auprès de la chapelle du Ponl-à-l'Ane une statue de saint Pierre. Les habitants de la paroisse et des environs y portaient, lorsqu’ils allaient invoquer le saint, un paquet de genêts avec lequel ils fouettaient la statue pour obtenir leur guérison ou autre faveur.

Par la suite, au Pont-à-l'Ane, de paisibles cultivateurs ont succédé à des seigneurs qui furent puissants.

Lisle et Saint-Eloy. — Nous écrivons ces deux noms comme nous les trouvons habituellement écrits dans les vieux papiers. On trouve aussi l’orthographe L’Isle, qui est plus correcte ; quant à Saint-Eloy, la population prononce Saint-Elay, ou, plus courtement, Sintlé.

Ces deux terres sont à 20 ou 30 minutes l’une de l’autre. Elles ont appartenu à des branches de la vieille et puissante famille de Bréhan, ou Bréhand, ou Bréhant, la terre de Lisle pendant toute la féodalité, et la terre de Saint-Eloy pendant deux siècles environ. Lisle était une vicomté d’ancienneté, c’est-à-dire dont l’origine se perd dans la nuit des temps ; elle doit remonter à l’an mille environ. Saint-Eloy était un simple lieu noble.

La souche de cette vieille race était à Bréhan-Loudéac, département du Morbihan, qu’il ne faut pas confondre avec Bréhand-Moncontour, dans les Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor).

On trouve trace des Bréban dès 1225. Ceux de la branche aînée ont été barons de Mauron, diocèse de Vannes, et comtes de Plélo, diocèse de Saint-Brieuc. Leur devise était : Foy de Bréhan vaut mieux qu’argent.

De la branche aînée sont sortis des seigneurs moins puissants, les Bréhan de Glécoët et de Coëtuhan, qui furent absorbés, après un mariage, par les Guéhéneuc de La Roncière, dont nous parlons plus loin.

Les vicomtes de Lisle, du nom de Bréhan, sortent d’une branche collatérale de la branche aînée.

En 1423, Eon de Bréhan était vicomte de Lisle et seigneur de Saint-Eloy, François Ier, duc de Bretagne, lui concéda le droit de tenir deux foires par an dans le village de Saint-Eloy, avec les droits seigneuriaux accoutumés dans ces cas là.

Les petits-fils d'Eon furent Pierre de Bréhan, vicomte de Lisle, et François, seigneur de Saint-Eloy. Voilà donc les deux seigneuries séparées.

Vers 1680, les maisons, terres et seigneurie de Lisle, avec haute justice (droit de mort), étaient possédées par haute et puissante dame Marie Le Brun, veuve de haut et puissant seigneur de Bréhan, en son vivant vicomte de Lisle, tutrice de MM. leurs enfants, demeurant le plus ordinairement à Saint-Brieuc.

La famille de Bréhan de Lisle devint, au XVIIème siècle, possesseur de la seigneurie du Boisboissel, à Saint-Brieuc ; cette seigneurie comprenait presque le quart de ce que nous appelons aujourd’hui la commune de Saint-Brieuc.

La dernière héritière des Bréhant de Lisle épousa en 1774 le comte de Maillé ; ils possédaient notamment le vaste immeuble qui est au milieu du XXème siècle occupé, à Saint-Brieuc, par l'Administration des Ponts-et-Chaussées, et qui fut occupé auparavant, de 1802 à 1905, par l’évêque du diocèse. La famille de Maillé existe encore, mais ne possède plus cet immeuble.

De nos jours, l’ancien domaine de Lisle est divisé : il est partie sur Plœuc et partie sur Hénon. A Lisle même, la chapelle seigneuriale a fini de tomber vers 1930. Une partie du grand portail d’entrée a subsisté ; le colombier seigneurial est bien conservé, il a environ quatre mètres de diamètre.

Parlons plus spécialement de Saint-Eloy. Nous venons de voir que le rameau de Saint-Eloy était d’une branche cadette de Lisle. Bertrand de Bréhant de Saint-Eloy était capitaine de cent hommes d’armes et gouverneur de Moncontour, vers 1480. Ce rameau de Saint-Eloy se fondit dans les seigneurs de Langourla, vers 1650. La terre et la seigneurie de Saint-Eloy furent vendues 50.000 livres, en 1663, par Anne de Bréhant, veuve du seigneur de Langourla, au seigneur des Cognets. Cette seigneurie passa ensuite aux nobles Le Mintier, puis aux du Tertre-Gouiquet.

Nous avons un aveu du XVIIème siècle, par Henri Gouiquet, pour la terre de Saint-Eloy, en Plœuc, Gausson et Plémy, ayant haute justice, prééminences en l’église de Plœuc, deux foires par an, à cause desquelles il est dû au duc de Penthièvre, seigneur supérieur, une paire d’éperons blancs. En 1780, Saint-Eloy était un vieux château, avec une grande chapelle et une prison, le tout en ruines. Il y avait un courtil ; la prison attenaît au courtil. On croit qu’il y avait, en contre bas de ce manoir, sur le ruisseau, à trois minutes de là, trois chaussées qui formaient trois petits étangs.

De nos jours (vers 1945), il reste des vieux bâtiments, des débris de murs et la petite prison seigneuriale, qui était plutôt un cachot, une geôle. Il n’y a plus trace de chapelle. La fontaine extérieure a été très bien restaurée, vers 1940. En plus d’une petite statue moderne du saint, on a placé sur le devant de la fontaine un saint de grandeur d’homme, sans doute saint Eloi, qui a pu appartenir à l’ancienne chapelle. De plus, on a rajeuni la croix et cimenté le lavoir.

Les seigneurs faisaient souvent exercer leurs droits de justice par un sénéchal. Voici le résumé des pièces conservées aux Archives départementales, et qui montrent des affaires civiles, traitées au nom du seigneur de Saint-Eloy, il y a plusieurs années :

Juridiction de Saint-Eloy, 1680-1682. — Audiences tenues par maître Hervé, sénéchal, au bourg de Plœuc. Tutelle des enfants de Mathurin Belloeil et d’Anne Turmel. — Emancipation de Perrine Robindaine. — Avis des parents pour faire décréter le mariage de Charles Noury et de Jeanne Tardivel. — Condamnation de François Chapron à payer sa quote-part de la pension due à sa mère Renée Rouillard. — Ordre de comparaître contre Anne Abraham et converti, par défaut de comparution, en prise de corps.

Pourquoi cet endroit s’appelle-t-il Saint-Eloi ? Ce saint était le protecteur des chevaux, produit précieux pour les nobles comme les roturiers. Il y a de nombreuses chapelles : Saint-Nicolas-du-Pélem, Louargat, Landébia, Plérin, Goudelin, où on amène les chevaux et même où on les baigne en les recommandant au grand saint Eloi.

Après Saint-Eloy, citons les maisons, terres et seigneurie de la Vieuxville ou Vieuville et fiefs en dépendant, possédés en 1680 par le seigneur de Vaucouleur, Lanjamet et autres lieux (ce seigneur n'habitait pas Plœuc) ; possédés ensuite par Pierre Derval puis 0llivier Martin. Vers 1780, le propriétaire était Le Deist de Botidoux. On voit que La Vieuxville a changé quatre fois de seigneurs en un siècle.

Les Le Deist de Botidoux et les Le Deist de Kerivalan avaient leur chef-lieu seigneurial au château de Beauregard, en Saint-Hervé-Uzel. Un Le Deist de Botidoux fut membre de l'Assemblée Constituante, en 1789-1791.

La façade du manoir de la Vieuxville fut imposante ; les pierres sont assez bien conservées ; il reste un dessus de porte avec des sculptures variées, entre autres deux animaux fabuleux ; une belle cheminée sculptée a été transférée par un amateur au fort Lalatte, en Plévenon ; on dit que d’autres sculptures sont parties à Saint-Quay-Portrieux ; c’est bien fâcheux.

Citons maintenant La Touche-aux-Moënnes, La Hazaye et fiefs en dépendant, possédés vers 1680 par messire Jean Maupetit, chevalier, seigneur de La Touche et autres lieux, demeurant à La Touche. Cent ans plus tard, la Touche-aux-Moines, manoir en ruines, avec haute, moyenne et basse justice, avait pour seigneur M. de Carlan.

Les maisons, terres et seigneurie de Cresmeur. — Cette seigneurie était ancienne et assez importante. Dès 1583, nous trouvons mentionné dans un acte un hommage par écuyer Jean, sieur de La Motte-Giraud, pour le manoir et lieu de Cremeur, bois de haute futaie, rabines, touches, taillis, garennes, droit de colombier, moulin, étang, fief, juridiction basse et moyenne ; les landes et communs de Cremeur, 20 journaux ; prééminences dans l’église de Plœuc.

Vers 1680, cette seigneurie, avec la métairie du Gras-Aulnay, était possédée par messire Thomas Le Sage, chevalier, seigneur de la Ville-ès-Bruns, demeurant à la Vill-ès-Bruns. Vers 1780, Crémeur avait un manoir avec chapelle, étang, moulin et fuie ; haute justice, à M. Le Sage de Crémeur.

Le mot « Crémeur » paraît signifier « grande croix » en breton : Crez-Meur. Le droit de fuie, ou de colombier, ou de pigeonnier, appartenait seulement aux seigneurs ; ce droit qui avec celui de chasse faisait causer tant de dégâts aux récoltes, fut aboli le 4 août 1789.

Dans ces vieux temps, il y avait à Cresmeur un beau bâtiment dont il ne reste que des traces ; une cheminée à l’étage, dont l’ornementation a disparu ; une chapelle qui a disparu, il n’en reste qu’une statue de sainte Anne-de-Cresmeur, remisée dans la ferme, elle peut-être du XVIIIème siècle ; un moulin en ruines ; un petit étang qui n’est plus qu’une mare.

Un souterrain partait de la maison noble ; il aboutissait à 500 mètres de là, sur le chemin de la Fontaine-au-leü ; quand ce chemin fut élargi pour faire un chemin vicinal, vers 1900, l’aboutissant du souterrain fut dévié et on fit une entrée sur le bord de la route, dans le champ. Ce souterrain est bouché aujourd’hui.

Seigneurie de La Roncière. — Le domaine de La Roncière a été possédé depuis un temps immémorial jusqu’en 1772, par la famille noble des Guéhéneuc, ou Guéhenneuc, qui est un nom breton.

On trouve les premières traces certaines de cette vieille noblesse en 1426. En 1513, un Jean de Guéhéneuc était sieur de La Roncière de Plœuc. En 1583, écuyer Eugène-François Guéhéneuc, sieur de La Roncière, avait prééminence dans l’église de Plœuc. Les Guéhéneuc s’allièrent aux seigneurs de Glécoët et aux seigneurs de Coëtuhan, petites noblesses de la paroisse de Bréhan-Loudéac, d’où étaient également sortis les puissants seigneurs de Bréhan de Lisle.

Les Guéhéneuc purent prouver onze générations de noblesse à la réformation de la noblesse, en 1663.

Vers 1685, demoiselle Andrée-Renée Guéhéneuc, dame de Coëtuhan et de La Roncière, demeurait, nous dit un acte, à Coëtuhan et à La Roncière.

En 1757, Rose de Guéhéneuc, femme de Louis de Kérouallan, hérite des biens de son père, Pierre de Guéhéneuc, à savoir :

A la Roncière : la maison noble, le manoir de La Roncière, jardin contenant une petite chesnaie, une rabine, une prairie contenant deux journaux, un vieil « applacement » de chapelle ;

La métairie de la Porte de La Roncière, jardins, vergers, terres labourables et non labourables, prés et prairies ;

Le moulin Bertrand, dans la trève de Gausson.

(Ledit moulin Bertrand, qui existe encore au milieu du XXème siècle, était le moulin des seigneurs de La Roncière qui prélevaient un petit impôt sur les usagers).

Après la mort de Kerouallan et de sa femme, les mineurs de Kerouallan héritent de leurs parents, en 1772. Le bien passe donc sous ce nom.

Kerouallan est le nom d’une seigneurie de la paroisse de Lignol, diocèse de Vannes. Le premier Kerouallan fut anobli en 1478.

A la Révolution de 1789, le lieu noble de La Roncière était habité par François de Kerouallan. L’habitation seigneuriale comprenait un manoir, un grand jardin clos, nommé le courtil de la chapelle, une statue ou statuette de Notre-Dame-du-Roncis.

François de Kerouallan était un simple gentilhomme, mais ses sujets l’appelaient le marquis. Il émigra dès le commencement des troubles et sa propriété fut déclarée bien national, comme tous les biens d’émigrés. Elle fut vendue en l’an IV (1796) et acquise par Louise-Rose de Kerouallan, femme de Lemarchand de Launay, et soeur de l’émigré. Elle demeurait à Quintin. La « métairie », comme l’appelle l’acte de vente, avait été estimée 9.511 livres. On n’entendit plus jamais parler du noble émigré.

La Roncière était un gros village à la Révolution, comme on pouvait le voir encore un siècle après, en regardant ses vieilles chaumières. L’ancien manoir, dont il reste des traces, est à usage de ferme durant de nombreuses années.

Bayo. — Nous divisons le lieu de Bayo en trois : la noblesse, le Haut-Bayo, le Bas-Bayo.

D’où vient ce nom ? Nous ne savons. Autrefois, on attachait peu d’importance à l’orthographe des noms propres ; aussi, dans cette petite Histoire, nous les écrivons le plus souvent comme nous les avons trouvés écrits ; c’est ainsi que nous trouvons Bayo, Bayou, Beyo, Beyot, Baillo. Beyo est un nom d’homme qu’on trouve porté au XXème siècle dans l’arrondissement de Saint-Brieuc.

Nous avons trouvé trace de la « maison, métairie noble et dépendances » de Bayo depuis le 27 novembre 1508. Nous avons à cette date des aveux de vassalité par Jehan Guillaume et Pierre Visdeloup.

Ce parchemin relate que devant la Cour de Moncontour, représentant le duc de Penthièvre, ont comparu en personne nobles gens dom Jehan Visdelou, Guillaume Visdelou, Pierre Visdelou, frères germains, lesquels reconnaissent la seigneurie et obéissance de ladite cour, reconnaissent qu’ils sont hommes et sujets de ladite Cour, et « d’icelle tenir prochement à foy, homaige et debvoir, les maisons, héritages, terres et rentes qui ensuivent... ».

Dom Jehan fait aveu pour les maisons, manoir et jardins de Queliguen, avec les dépendances, deux journaux, à la suite dix pièces de terre ; en plus, au village de Quétel (probablement le Quété, en Gausson), une maison avec dépendances, etc...

Pierre fournit aveu pour la maison du Peudu paroisse de Bréhand.

«... Et ledit Guillaume Visdelou, les maison, manoir et domaine de Bayou (Bayo), ô leurs appartenances, contenant le tout ensemble, tant en prez que terres laborables, cinquantes journieux de terre ou environ joignant d’une part à terre et hoirs (hoirs signifie héritiers), Guillaume Tannée et Guillou de Pays, d’autre part, au chemin par où l’on va de la Croueix-au-Coq à Gausson, et d’autre part au Ruseau (c’est-à-dire ruisseau) de Sourdoué ; ytem une perrée de froment mesure Lamballe que lui doit 0llivier Guillet par chacun an au terme de Saint-Michel Montgargane... Ledit Guillaume a connu debvoir à notre dicte Cour cinq deniers obolle de Rente de Cens, payables par chacun an au jour et feste de Toussaint au bourg de Plœuc, à l’amenée du chemin dudit lieu, ô amande de quinze souls en cas de deffault de poëment ».

Dans le pays de Goëllo, beaucoup d’endroits le long des ruisseaux s’appellent sourdoué (sous le doué). Montgargane, c’est le mont Gargan, province de Naples, en Italie, et où l’archange Saint-Michel apparut au Vème siècle, et où il est honoré le 8 mai.

En 1535 et en 1538, la métairie noble et dépendances de Bayo était tenue par l’écuyer François Chaton ; en 1548, par noble homme Robert Chaton ; en 1583, par Anthoine Chaton. Les Chaton possédaient également le moulin Bertrand.

Aux XVIIème et XVIIIème siècles, le lieu noble de Bayo appartint aux Guéhéneuc de Glécoët et aux Guéhéneuc de La Roncière. On y mentionne au XVIIIème siècle, une chapelle desservie par les prêtres de la paroisse. Ce domaine, passa par héritage, en 1757, à dame Rose de Guéhéneuc, épouse de Louis de Kéroulan. Quand elle mourut, en 1772, le bien passa à ses enfants. La métairie noble était affermée pour neuf années, commencées en 1786, à Jean Allo, Elle comprenait jardin, verger, des pièces nommées la Claire-Chainay, la Grande Clôture, le Closset à trois coins, le Fauchet, le Pré-Cordan, etc.. Elle appartenait en 1789 à François de Kéroualan. Celui-ci émigra. La métairie fut alors déclarée bien national ; on lit aux archives départementales : « Bayo appartient à la République, aux termes de la loi du 12 février 1792, comme provenant de Kérouallan, employé sur la liste générale des émigrés, arrêtée à Paris le 11 pluviose AN II. ». Par Bayo, il faut entendre ici le lieu noble seulement, et non tout le village. La métairie fut séquestrée le 8 avril 1792. On lit aux Archives : « La métairie de Bayo, appartenant à Kérouallan, a été imposée à la contribution foncière de 1793 pour Bayo, La Roncière, et le moulin de Bertrand, à 128 livres 4 sols ».

Les biens nationaux ayant été mis en vente, la métairie de Bayo fut acquise en l’an IV par Louise Kérouallan, soeur de l’émigré ; elle habitait Quintin.

Il existe encore de nos jours dans le village un endroit nommé la Cour de Bayo, qui rappelle l’existence d’un manoir à cet endroit, mais des fermes ont remplacé le manoir et la chapelle.

Après la noblesse, voici le village. La partie qu’on appelle le haut Bayo, à côté de la grosse roche, est très ancienne. Nous y trouvons des propriétaires nommés Amice, de 1583 à 1690. D’autres propriétaires aux XVIème, XVIIème, XVIIIème siècles, étaient des Perrin et des Rouault, d’autres familles n’ont fait que passer. Au XVIIIème siècle, il faut citer des Georgelin, propriétaires suivant des actes de 1742, 1751, 1762.

Le bas Bayo est également très ancien. Marguerite de Pais y était propriétaire vers 1690-1693. Le 22 février 1742, Mathurin Perrin hérite de Pierre Georgelin. Le 20 mars 1771, Pierre Georgelin et autres héritent de Pierre Georgelin et Françoise Perrin. On trouve encore dans les vieux actes des endroits mentionnés comme suit : « près le terroir de Bayo » ; « entre les villages de Bayo et de la Nurealle », en 1786.

Ne quittons pas Bayo sans nommer la famille noble de Pays ou de Pais.

En 1523, aveu par Olivier de Pays pour le champ Boschier, deux journaux, donnant au champ de Bayo. Aujourd’hui encore, au Bas-Bayo, il y a un petit chemin de ferme, desservant quelques champs, dénommé le cheminet de Païs.

Un François de Païs mourut en 1759. Cette famille de petite noblesse est aujourd’hui disparue. C’est sans doute elle qui fit ériger une croix de granit, dite croix de Païs, au carrefour de la route d’Uzel et du chemin du Paimpou. A cet emplacement, on voyait encore, à la fin du XIXème siècle, une très vieille croix ; il n’en reste guère que les débris, qui sont eux-mêmes cachés dans le talus.

Parmi les petites seigneuries de Plœuc, citons encore la maison noble de la Saudrette, qui appartenait vers 1540 à Jacques de Lescouet. Vers 1680, les maisons, terres et métairies noble de La Saudrette étaient possédées par noble homme Pierre Le Veneur, sieur de La Saudrette, et Etienne Bellœil, son beau-frère, demeurant à la Saudrette et à Roxfan, en Plœuc.

En 1497, vente d’une tenue au village du Millet, qui appartenait alors à Jean Le Voyer, sieur de La Cornillière.

Pour finir notre énumération, voici d’autres maisons et terres nobles qui existaient vers 1650-1700 ; nous transcrivons textuellement la déclaration de 1679 : 

« Les maisons, terres et seigneuries du Roxgrignon, possédées par des Messieurs qu’ils ne connaissent, demeurant dans la paroisse de Plœuc et ne sachant où ils demeurent ;

Les maisons, terres et métairie noble de Launay, possédées par dame Anne La Moullin, dame de Kerognan.

Les maisons, terres et seigneurie de Lesclaiche et fiefs en dépendant, à présent possédés par noble homme Pierre Amice, sieur de Grandmaison, de la Norguamp et de Lesclaiche, et sénéchal de Plœuc et du Pont-à-l'Ane, demeurant au bourg de Plœuc. (On voit que Pierre Amice était vers 1680 l'homme qui rendait la justice au nom du seigneur de La Rivière-Plœuc. Plus tard, Amice sieur de la Grandmaison et du Roz, administrait les biens des La Rivière, toujours absents) ;

Les maisons et métairie noble de la Porte-Hervé, possédées par noble homme François-René, sieur de Champglens, demeurant à Marialla ;

La métairie d'Hidrio, possédée par les héritiers de feu noble homme Guillaume Gosserc, de la paroisse d'Alineuc ;

Les maisons et métairie de Hervelin, près du bourg de Plœuc, et la maison et le jardin de la Croix, dans le bourg, possédés par Pierre Corlay et sa femme, comme héritiers de leurs ancêtres ;

Une métairie à la Haute-Hazaye, appartenant à des mineurs de Basse-Bretagne qu’ils ne connaissent, non plus que leur demeure ;

Ecuyer Nicolas Berthelot, sieur de la Coste, demeurant en sa maison de la Coste, près du bourg, auquel ils ne connaissent aucun bien noble dans ladite paroisse. (Entre 1690 et 1760, on trouve des papiers mentionnant la maison de La Coste et ses dépendances, comme appartenant à des écuyers Berthelot) Vers 1820, un Berthelot de la Coste était chevalier de l'Ordre Royal et Militaire de Saint-Louis, et maire de Plœuc). Le manoir de La Côte fut bâti vers 1691.

Ecuyer Yves Berthelot, sieur des Vergers ; Mathurin Hervé, sieur des Noës ; Yves Hervé, sieur du Plessis, possèdent quelques héritages nobles dans la paroisse.

Ils déclarent de plus qu’il y a la plus grande partie de la métairie des Touches appartenant à François Cadin, demeurant à la Ville-Bertho, en Plouguenast ».

  (Jean-Baptiste Illio).

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