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Patrimoine de Pencran

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Au sud de Landerneau, et dominant les radieux paysages de la vallée de l'Elorn se dresse une longue ligne de collines accidentées et boisées que couronnent le magnifique domaine de Chef du Bois et l'église de Pencran, son calvaire et son ossuaire. 

Là, au milieu des massifs et des fourrés verdoyants, à travers les branches feuillues des hêtres, des chênes, des châtaigniers et des sapins, dans le silence majestueux des hautes futaies se déroulent les allées seigneuriales que parcouraient souvent, au temps des Rohan, tant d'ardentes et de joyeuses chevauchées et que troublent à peine aujourd'hui le pas de quelques rares promeneurs, la cognée du bûcheron, où, au printemps le chant des oiseaux fêtant le réveil de la nature.

Ville de Pencran (Bretagne).

A l'extrémité de la plus grande avenue qu'on appelait jadis le Mail de Kerlorec, on aperçoit au loin tout le cours de la rivière d'Elorn et dans le fond la rade de Brest. Encadré dans la sombre verdure des grands arbres, le paysage est d'une magnificence incroyable. A gauche, la côte rugueuse de Plougastel découpe ça et là des blocs superposés d'un fantastique étrange, à droite, de l'autre côté de l'eau, s'étendent les riants coteaux de Guipavas et de Kerhuon.

C'est au milieu de cette verdure que se trouve enfouie l'enceinte sacrée de Pencran clôturée par le mur du cimetière, pittoresquement située au centre des grands arbres qui ombragent ses tombes et son calvaire.

Au XVIème siècle, Pencran, en breton tête du bois, d'où le nom de Chef du Bois donné au château, était en ce point la limite de la forêt de Landerneau. Celle-ci alors immense enveloppait la petite capitale de toutes parts sur les deux rives de l'Elorn et elle étendait jusqu'à la Roche-Maurice ses verdoyantes ramifications.

Alors elle vibrait encore des souvenirs lointains des chasses au loup et au sanglier du roi Morvan, et des galantes chevauchées des habitants de la Joyeuse Garde, auxquelles avaient succédé les cavalcades et les meutes des ducs de Rohan escortant tant de galantes dames et d'élégants seigneurs.

Le château de Chef du Bois de Pencran date de 1668. Il portait fièrement sur sa porte principale l'écusson écartelé des Kersulguen, des Guirault et des Kerguizec. Il fut construit par François de Kersulguen et par Jeanne de Kerguizec sa compagne. Cette famille s'est fondue en 1753 dans la famille de Lesguern.

Avec ses dépendances à l'époque de la Révolution, il était assez considérable pour pouvoir servir d'hôpital militaire. Depuis l'on a dépecé les bois et les habitations pour les réduire à ce que nous en connaissons aujourd'hui.

« L'abside de l'église, le clocher à la flèche élancée, les calvaires et les étranges et élégants pylones qui ouvrent le cimetière forment un admirable tableau lorsqu'on les voit à travers les grands arbres du placitre et la jolie rosace flamboyante de la fenêtre absidiale ne contribue peu à donner du charme à cet ensemble plein de style » (abbé Abgrall, Pencran).

La vieille route qui conduit de Landerneau à Pencran est large et bordée d'arbres et de haies, mais elle est raide, escarpée et le roc apparaît sans cesse à sa surface. Quoique n'ayant sur la carte que deux kilomètres à vol d'oiseau, elle s'élève à Pencran à 170 mètres au-dessus du niveau de la mer. A mesure qu'on la gravit, la vue s'élargit, le panorama visible se développe et à travers les branches des arbres et des buissons, on domine bientôt les toits ardoisés et les flèches des églises de Landerneau, les collines boisées qui longent la rivière et vers l'Est les sommets découpés et pittoresques sur lesquels se dressent les ruines de Roch-Morvan.

La route aboutit à un carrefour d'où part l'avenue qui conduit à l'église de Pencran.

Au centre de ce carrefour est une croix très ancienne qui mérite l'attention du visiteur.

Elle se dresse sur un socle carré aux faces inclinées et qui paraît moderne, le fût s'élève cylindrique et sans ornements jusqu'à un léger évasement portant la croix. Sur l'une de ses faces est le Seigneur crucifié, de demi-grandeur naturelle ; ses mains sont fixées aux bras de la croix terminés par des fleurons, la tête est légèrement inclinée et une ceinture repliée lui entoure les reins. Au-dessus de sa tête est un fronton, abritant un écusson, surmonté d'un chapiteau dans lequel est implanté une petite croix en fer. En arrière sur un socle formant console est érigée une statue de la Vierge Marie, d'un caractère archaïque. Sur un de ses bras elle porte son fils enfant, l'autre bras paraît allongé le long du corps ; un long voile couvre sa tête que surmonte une couronne et elle a les cheveux longs et frisés. Au-dessous du socle un écusson dont on ne peut distinguer les armoiries.

L'entrée principale du cimetière est formée par trois piliers composites dont l'originalité égale l'élégance. Chacun d'eux se compose d'un socle rectangulaire surmonté d'une forte baguette. Sur ce premier soubassement se dresse un dé dont la face principale est ornée de panneaux rectangulaires. Cette face s'amortit en avant par une double volute inclinée, qui va s'appuyer sur un dé supérieur en retrait, couronné par une élégante corniche denticulaire ; au-dessus se dresse un lanternon à arcades et à dôme.

Deux de ces piliers sont séparés par une porte grillée en fer. Les deux autres servent d'appui à un emmarchement à clôture de pierre formant échalier.

Le clocher de l'église de Pencran date du XVIème siècle. Il est un de ces types si fréquents à cette époque dans le Léon qui conservent l'ossature et la flèche gothique et empruntant à la Renaissance une partie sinon la totalité de leurs ornements. Le clocher de Pencran consiste en une tour carrée flanquée à droite et à gauche de deux fortes saillies murales se raccordant à la façade latérale par des plans inclinés et couronnés aux angles par des pinacles rudimentaires en maçonnerie. Sa façade principale est renforcée par deux contreforts rectangulaires entre lesquels s'ouvre une porte ogivale flamboyante surmontée d'une statue de saint Pierre, moderne, mais qui doit reproduire dans toute sa naïve exécution une antique statue qu'elle remplace. Au-dessus de cette porte la nef s'éclaire par une élégante fenêtre à meneaux flamboyants.

Cette tour carrée se termine par une corniche saillante simplement moulurée que borde une élégante balustrade à rosaces de style rayonnant. Les quatre angles en sont renforcés de légers pinacles reliés par des arcs-boutants aux pilastres de la première chambre de cloches qui surmonte la tour. Au-dessous de ces pinacles et suivant une tradition constante dans tous les édifices du Léon dus à cette époque sont quatre gargouilles ayant l'aspect de couleuvrines braquées aux quatre coins de l'horizon.

Ce premier étage de chambres de cloches aux arcades circulaires est couronnée par une seconde corniche aux moulures classiques encadrant une seconde plate-forme bordée d'un balcon à balustrade renaissance, ornée de pinacles de même style. Des arcs-boutants les relient au second étage de cloches percé sur chaque face de doubles fenêtres rectangulaires ; cet étage est surmonté d'un entablement classique sur lequel se dresse la flèche octogonale à crochets caractéristique de cette époque. A la pointe sont implantés la croix métallique et le coq traditionnels.

Dans le clocher de Pencran se trouve la plus ancienne cloche du Finistère. Elle porte la date de 1365 ; voilà donc cinq siècles et demi qu'elle appelle à la prière les habitants du bourg.

La façade latérale placée du côté de l'Evangile n'a rien de remarquable, elle n'offre d'autre saillie qu'un lourd contrefort d'angle, ses fenêtres circulaires sont sans caractère ; elle est percée de deux portes basses dont l'une est circulaire et très simple ; l'autre située au-dessous de la tour est ogivale à accolade surbaissée.

La façade latérale opposée présente dans son ensemble la même simplicité mais il s'en détache à la hauteur de la deuxième travée un porche de toute beauté, analogue au porche des apôtres du Folgoat et rappelant ceux de Rumengol et du Faou. Il appartient à la brillante époque du style flamboyant dont il a la finesse, la richesse et l'élégance.

Malgré de fâcheuses mutilations, et la disparition de nombreuses statues extérieures, il constitue un ensemble plein de charme et digne d'une étude spéciale et complète.

Cet ensemble constitue un petit édifice tout en pierre de taille, au toit aigu qui s'enfonce normalement dans le mur et la toiture de l'église. Sa façade principale se dessine par un gable aigu dont les rampants sont ornés d'une fine moulure saillante agrémentée par des feuilles de choux frisées et dont la pointe se termine par un riche et élégant fleuron. Les angles de cette façade sont consolidés par de magnifiques contreforts à la base élégante dont se détachent deux pilastres accouplés et creusés. Sur chacun d'eux se trouve une niche cylindrique dont le plateau inférieur soutenu par une console richement sculptée était destinée à supporter une statue. Au-dessus sont des dais ajourés ayant l'élégance de ceux du Folgoat, une troisième niche semblable est incrustée dans le rentrant des deux contreforts. On y a conservé les statuettes de la Vierge Marie, d'une Piéta, de sainte Suzanne et de sainte Anne.

Il est vraisemblable que les dais servaient de socles à d'autres statues disparues aujourd'hui.

La statue de sainte Suzanne porte comme inscription : S. SUSS ANNA ORA. A gauche, dans la niche rentrante est un ange à genoux tenant une inscription gothique fixant la date de la construction de l'église, elle est ainsi conçue : LE 15me JOUR DE MARS 1552 FUT FONDÉE CETTE CHAPELLE AU NOM DE DIEU ET DE SA MÈRE ET DE Mme Ste APPOLINE DE KERAHÈS PAR HERVÉ « KERAHÉS >> ET GUILLE BRAO, FABRIQUES DE LADITE CHAPELLE.

Au-dessus des dais et en avant des contreforts se détache un premier pinacle richement fleuronné, en arrière sur le corps des contreforts s'élargit une corniche en larmier qui se prolonge par un riche pinacle à gables aigus et à pignons, de ces pinacles se détachent en saillie deux étranges gargouilles représentant l'une un lion fantastique et l'autre un dragon ailé à tête de chien.

Dans le pignon est creusée une niche circulaire à fond plat. C'est dans ce fond qu'est percée la porte principale. Elle est à arc surbaissé encadrée de trois nervures entre lesquelles court un cordon de fleurs et de feuilles enlacées de la plus délicate exécution.

Dans le tympan circulaire qui surmonte la porte, au-dessus d'une belle corniche feuillagée, était sculptée autrefois toute la scène de la Nativité avec de nombreux personnages. Presque tous ont disparu ; on aperçoit encore l'enfant Jésus couché dans son berceau, ayant à ses côtés la Vierge et St Joseph à genoux, pendant que l'âne et le boeuf le réchauffent de leur haleine.

L'entrée de la grande niche est limitée à droite et à gauche par des colonnettes prismatiques tordues en spirales avec un art remarquable, au-dessus des chapiteaux des deux extrêmes se dressent des pinacles superposés ornés de la plus fine dentelure. Les colonnettes extérieures se prolongent par une arcature contournant la niche, d'une fine couronne saillante qui se développe en une contre-courbe aiguë terminée par un riche fleuron. Cette nervure est extérieurement ornée de choux fleuris. Dans l'intérieur du tympan triangulaire ainsi formé repose sur la clef de voûte formant socle une statue de la Vierge portant l'enfant Jésus dans ses bras.

Deux autres nervures plus extérieures se détachent en arcs concaves de la partie supérieure des pinacles pour se réunir dans l'axe en un élégant fleuron.

L'extérieur de ces nervures est orné de choux fleuris, le long de l'intérieur court une guirlande feuillagée, d'une belle exécution.

D'autres nervures parallèles à la précédente remplissent l'embrasure de la niche, entre elles sont sculptés dans une suite de petits motifs les premières épisodes de la Bible.

1° Adam et Eve tentés par le serpent.

2° Adam et Eve chassés du Paradis terrestre.

3° Eve avec Caïn et Abel.

4° Adam laboureur, tenant une bêche.

5° Sacrifices de Caïn et d'Abel.

6° Meurtre d'Abel.

7° Arche de Noë.

8° Ivresse de Noë, péché de Cham.

Plus haut sont les quatre Evangélistes et enfin dans la partie supérieure de la voûte on trouve des anges jouant de différents instruments de musique.

L'intérieur du porche peut rivaliser avec les plus élégants et les plus intéressants du Finistère.

Voûté en croisée d'ogives sur place carré il encadre entre ses arcs doubleaux brisés les ouvertures intérieures et extérieures de l'église. Ses arcs formerets abritent sous leurs nervures douze niches qui dans leur riche variété, car elles sont toutes dissemblables, forment cependant un ensemble d'une harmonie parfaite.

Ces niches abritent sous des dais d'une grande richesse, merveilleusement sculptés les statues des douze apôtres. Ces dais sont du style flambloyant le plus brillant, sauf un seul qui est Renaissance.

Les deux arcs d'ogive diagonaux s'entrecroisent et se réunissent au sommet de la voûte par une clef pendante aux nervures ajourées d'une élégance extrême.

Le fond est percé de deux baies jumelles donnant accès dans l'église. Elles sont à accolades et séparées par un bénitier central de style Renaissance. Ce bénitier est formé d'un fond de cuve hémisphérique orné de godrons et terminé en bas par un fleuron pendant. Le bord supérieur est surmonté d'une frise circulaire moulurée garnie de torsades.

Sans avoir la richesse de ceux de Guimiliau et de Landivisiau, ce bénitier complète harmonieusement la décoration du portail.

Au-dessus, sur un socle en saillie, se dresse la statue du Christ Sauveur, à robe longue et à plis tombants.

Ainsi qu'il est facile de le vérifier par les traces subsistantes toutes ces statues étaient jadis polychromées et il est probable que les dais étaient même dorés ; quant aux parois elles étaient revêtues de peintures décoratives dues au XVIIème siècle. On aperçoit encore en arrière de la statue du Christ une draperie peinte lui formant une sorte de dôme dans le goût de Louis XIV et à côté on peut encore distinguer des têtes d'anges voltigeant dans le ciel bleu. Ces peintures pâlissent tous les jours et il est certain qu'elles finiront par disparaître.

L'église se termine en arrière du choeur par un chevet plat en forme de pignon aigu limitant le comble à deux pans qui couvre à la fois la nef principale et les bas-côtés. A droite du pignon se détache la sacristie qui fait saillie en forme d'équerre sur la façade latérale nord de l'église.

Dans l'axe est percée une très grande et très belle baie circulaire surmontée de plusieurs niches carrées superposées. Cette baie est remplie à la partie inférieure par sept longues fenêtres accolées, séparées par des meneaux élancées qui les ferment en lancettes flamboyantes. Au-dessus s'épanouit une magnifique rose à quatre branches entre lesquelles se jouent les plus délicates arabesques, constituant une vraie dentelle de pierre.

De chaque côté de cette belle verrière se trouve un contrefort rectangulaire à larmiers consolidant le grand mur de l'abside. A droite et à gauche à des niveaux différents apparaissent deux belles fenêtres ogivales richement découpées l'une et l'autre par des meneaux verticaux trilobés surmontés d'une belle rose de pierre.

La sacristie a été ajoutée à l'église au XVIIIème siècle. L'inscription suivante gravée à l'intérieur sur une pierre de taille au-dessous de la corniche l'indique clairement. La voici : L'AN 1706 : FAIT FAIRE : F : MOBIAN : E : H : STEPHAN : FABRIQUE F : DÉNIEL CURÉ : R : MADEC : P : H : SANQUER : PINSON : PRIEUR : RECTEUR : DE (L-VOR?).

Les ouvertures qui éclairent la sacristie sont rectangulaires et très simples ; le pignon aigu qui la ferme au nord a ses rempants ornés de crossettes et son faîte terminé par un fleuron sculpté. Deux contreforts Renaissance en consolident les angles. Ils sont formés d'un haut soubassement rectangulaire surmonté d'un dé plus court à panneaux et à corniche. Au-dessus est un fut de colonne cylindrique dont le chapiteau est remplacé par une simple moulure circulaire.

Dans le placitre même au midi de l'église de Pencran, on voit un calvaire en granit consistant en une croix de pierre assez élevée sur laquelle est fixée l'image crucifiée du Sauveur.

Ce calvaire est certainement intéressant.

Mais au nord, vis-à-vis du pignon de la sacristie est percée dans le mur du cimetière une entrée réservée aux piétons, formée de plusieurs marches permettant de franchir un escalier de pierre. Cette entrée est embellie par un calvaire des plus originaux et d'une exécution remarquable.

La croix principale se dresse sur la pile centrale de l'entrée. Au sommet en avant est le Christ crucifié et au-dessous sur un premier croisillon deux cavaliers contemplent son supplice. Un autre croisillon inférieur au précédent porte la Vierge debout d'un côté et de l'autre l'apôtre saint Jean.

Sous les pieds de ces deux statues voltigent deux angelots.

En arrière de la croix est un Ecce Homo, puis une vierge couronnée, enfin sur la pile même au pied du fût se trouve une statue de Magdeleine abîmée dans sa douleur.

Sur les deux piles latérales sont dressées les croix des deux larrons, complétant un ensemble d'une élégance toute particulière.

Un des montants de l'échalier du calvaire porte l'inscription suivante lisible en partie : AU COURS DE MAY MIL VC VINGT CINQ FURENT CESTES... PAR JEHAN GURYEC... ET YVON COAT GOUVERNEUR DE LA CHAPELLE DE CE (CEANS).

Ce calvaire si léger et si pittoresque est particulièrement gracieux dans le cadre séduisant qui l'entoure ; près des murs centenaires de la vieille église et au milieu des grands arbres dont la sombre verdure fait ressortir tous les détails lumineux de son architecture.

INTERIEUR

En pénétrant dans l'église, on est tout d'abord frappé de son bon état d'entretien ; elle a été récemment mise à neuf. Les mutilations produites par le temps ont été réparées, les statues repeintes, les sculptures retouchées ; et l'on se croirait en présence d'une église neuve, si le style de l'édifice et les caractères des statues ne s'unissaient pas aux inscriptions pour en rappeler l'origine.

La nef est divisée en trois parties par un double rang d'arcatures ogivales qui en sépare à droite et à gauche deux collatéraux, les arcades sont bordées de moulures intérieures venant mourir sur les colonnes circulaires qui les reçoivent sans chapitaux. La base de ces colonnes est circulaire et très simples deux colonnes s'allongent en forme de pilastres après la troisième travée, l'un de ces pilastres porte la chaire récente et assez élégante dans le style du XVème siècle ; celui qui lui fait vis-à-vis montre les restes d'un autel aux moulures fleuronnées.

En arrière du grand autel apparaît la maîtresse vitre avec sa belle rosace flamboyante.

L'autel nouveau en bois et de style flamboyant est une heureuse réminiscence des beaux autels du Folgoat. A droite et à gauche de la grille de communion se dressent deux jolies statues modernes polychromées, l'une du Christ, l'autre de la Vierge Marie.

Au fond du choeur adossés aux deux contreforts qui encadrent la grande fenêtre centrale, se trouve à droite une ancienne statue de la Vierge et à gauche un retable célèbre qui attire tous les visiteurs. C'est un grand groupe de haut relief de Notre-Dame de Piété ou la descente de croix, sculpture en bois, remarquable, due au XVIème siècle. Cette belle composition est placée dans une niche à dais mouvementé et à bordures feuillagées.

Au centre est la Vierge, accablée par la douleur. Elle tient sur ses genoux le corps inanimé de son fils. Près d'elle St Jean et la Madeleine agenouillés partagent sa douleur. En arrière sont groupées les Saintes femmes éplorées, Joseph d'Arimathie, Nicodème et deux pages dont l'un porte la couronne d'épines. Plusieurs des personnages sont vêtus du costume du XVIème siècle, notamment la Madeleine et les deux serviteurs.

C'est, dit l'abbé Abgrall, dans son livre d'or des églises de Bretagne, une des plus belles productions du XVIème siècle. « Ce sujet, ajoute-t-il, a été très noblement traité dans plusieurs de nos églises, notamment à Bodilis, Lampaul-Guimiliau, Locronan, Ploeven, La Forêt-Fouesnant, Pont-Croix, etc., mais nulle part on a atteint à un si haut degré l'expression d'une douleur profonde et d'une telle compassion et adoration pour le divin Rédempteur ».

« Une inscription en lettres gothiques donne la date de cette belle oeuvre : EN L'AN MIL V CENT XVII CEST HISTOIRE FUST COMPLET S DOUGUEL VROY EST ».

A droite et à gauche de la grande verrière sont deux fenêtres flamboyantes qui servent de rétables à deux autels, l'un dédié à la Vierge dont il porte la statue, l'autre à un apôtre saint Jean ou saint Pierre dont la statue surmonte son tabernacle. Le style de ces autels est aussi flamboyant. A côté, dans le mur latéral gauche, est creusé un enfeu voûté en accolade avec contre-courbe fleuronnée et à crochets, surmontée d'une statue polychromée de sainte Véronique.

Cet enfeu renferme une tombe haute ornée d'une croix en relief aux extrémités fleuronnées. Près de là s'ouvre la porte de la sacristie en Kersanton dans le style du XVème siècle, elle est flanquée de légères colonnettes supportant un arc en accolade avec contre-courbe fleuronnée et à crochets. Au-dessus est une niche renfermant une statuette.

L'église est voûtée en bardeaux peints laissant voir les tirants polychromes très simples qui maintiennent l'écartement des fermes de la charpente.

Les fenêtres latérales sont sans caractère, ainsi que les fonds baptismaux, mais à côté du porche central et à l'extrémité du collatéral Nord, on peut remarquer un superbe confessionnal en bois sculpté, dans le style de la Renaissance, couronnée d'un dôme hémisphérique surmonté d'une croix.

Des statues nombreuses et intéressantes ornent l'église. Il y en a une par colonne et une par travée dans les bas-côtés. Plusieurs sont très anciennes et d'un caractère archaïque qui les rend savoureuses dans leur pose ou leur expression naïve.

Si nous les examinons en faisant le tour de l'église à partir de la sacristie et en descendant le bas-côté nord nous rencontrons successivement la statue de saint Hyacinthe, oeuvre en bois du XVIIème siècle et très remarquable. Le saint fuit le sanctuaire vidé portant pour les sauver de la profanation le Saint Sacrement dans un ciboire et en même temps une statue de la sainte Vierge. A côté et plus bas se trouve la statue de saint Roch puis ensuite saint Maudet avec crosse, chasuble et tonsure monacale.

Dans la nef, sur la colonne de gauche, voisine du choeur est fixée, portée par une console l'image de saint Herbot. Saint Eloi lui fait vis-à-vis de l'autre côté de la nef. A côté de la chaire saint Gabriel s'élance pour annoncer à Marie qu'elle enfanterait le Sauveur. En face la Vierge à genoux accepte la volonté de Dieu. D'un autre côté de la même colonne est une N.-D. de Pitié très ancienne et très originale.

Dans le collatéral sud, à partir du choeur on rencontre successivement les images de saint François, saint Yves, sainte Appoline et saint Corentin : sainte Appolline est la patronne de la paroisse, sa statue est ancienne et paraît remonter au XVIème siècle ; elle porte au-dessous de son socle une inscription gothique. L'église possède aussi une statue de saint Paul-Aurélien enchaînant son dragon.

OSSUAIRE

En sortant de l'église on est naturellement conduit à visiter l'ancien ossuaire devenu aujourd'hui une maison d'habitation. On y a muré les anciennes fenêtres du rez-de-chaussée, dans trois d'entre elles on a percé des croisées disparates qui jurent avec le reste de l'édifice et au premier étage dans l'axe au-dessus de la porte on a, en mutilant le cartouche qui le surmontait, ouvert une baie rectangulaire fermée par une croisée analogue à celles du rez-de-chaussée. Malgré ces odieuses et déplorables mutilations, on peut encore se rendre compte de l'état primitif du petit édifice.

Il nous apparaît avec les caractères extérieurs communs à tous les ossuaires du pays des Karnels. L'édifice est dressé sur un soubassement en pierre de taille formé d'une base, d'un corps et d'une corniche et décoré d'autant de ressauts sur la façade orientale qu'il y a de colonnes encadrant les fenêtres, à peu près au centre de cette façade est la porte composée d'une baie circulaire à la clef formant console.

A droite et à gauche se dressent sur des piédestaux de même style deux colonnes circulaires coniques à base attique encadrant la porte. Les chapîtaux en sont originaux. Le tore principal est orné d'un masque de femme que flanquent les deux volutes. Ces deux colonnes supportent un entablement complet surmonté d'un fronton de même style.

Sur la frise, on lit l'inscription suivante datée de 1694 : CHAPEL DA SA ITROP : HA : KARNEL : DA : LAKAT :  ESKERN : AN : POBL.

« Chapelle de Ste Eutrope et charnier pour mettre les os du peuple ».

Au-dessus du fronton existait jadis un attique orné d'un cartouche mouluré qui ont disparu pour faire place à la fenêtre du premier étage.

Au rez-de-chaussée sont percées sept baies en plein cintre, quatre à droite et trois à gauche de la porte principale. Ces baies sont séparées les unes des autres par des colonnes ioniques à masque féminin qui sont la réduction des colonnes plus grandes encadrant la porte principale.

Au premier étage se trouvent sept niches sphériques aveugles, correspondant aux baies du rez-de-chaussée ; ces niches sont séparées les unes des autres par des pilastres doriques, disposition analogue à celle de l'os­suaire de la Roche-Maurice.

L'intérieur du petit édifice est méconnaissable tant il a été transformé par ses habitants actuels. Il est encombré par un mobilier et un matériel considérable.

Cependant si l'on gravit l'escalier difficile qui donne accès au premier étage, on trouve deux sablières ou corniches de l'ancienne chapelle, qui méritent l'attention du visiteur. Sur l'une est représenté en bas relief un convoi funèbre. Le cercueil porté sur un chariot attelé de chevaux et de boeufs s'avance précédé par les prêtres qui chantent ; devant eux sont deux hommes dont l'un porte la croix et l'autre agite une clochette pour alterner avec les chants ; derrière vient le cortège des parents en deuil, des amis et des voisins. Cette représentation pleine de couleur locale est quelque peu rustique et incorrecte, mais elle est pleine de verve et d'originalité.

Les sculptures de l'autre sablière sont bien supérieures par la correction et le style de la composition qui est du classique le plus pur.

Le sujet représenté est le triomphe de Neptune et d'Amphitrite. Les deux divinités y sont couchées nonchalamment sur deux chars affrontés que traînent des griffons ailés à quatre pieds et que suivent d'autres montres à deux pattes dont les corps se terminent en queue de serpent.

Etrange et inexplicable sujet dans un lieu funèbre peu propre à invoquer de si sensuelles et si rayonnantes images. Leur caractère payen s'accorde peu avec le sentiment religieux et funèbre qui règne dans l'édifice et que lui impose sa destination.

Comme on peut le voir, l'ossuaire a beaucoup plus souffert que l'église des injures du temps. Cependant ce que les années n'ont pu détruire, le charme du site, la grâce du décor que les grands arbres leur fournissent, subsistent comme autrefois et constituent encore avec les calvaires pittoresques et les vieux édifices un ensem­ble attrayant sur lequel les bois ont jeté le doux mystère de leurs ombres.

Là se réunissent la poésie du passé, la beauté du paysage et les richesses d'une architecture qui même mutilée conserve encore toute sa saveur et toute son élégance.

Ses voûtes antiques sont réellement sacrées qui ont vu tant de mariages et tant de baptêmes et où depuis plusieurs siècles tant de douleurs ont trouvé le souverain baume et le consolant espoir.

A. DE LORME (1905)

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