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LA PAROISSE DE PEAULE |
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Cette paroisse de Péaule, à collation libre, devint, à une date qu'on ne peut assigner, le siège du doyenné rural de ce nom et s'étendant, d'après un pouillé de 1580, aux seize paroisses suivantes : Ambon, Arzal, Berric, Billiers, Bourg-Paul-Muzillac, Caden, Larré, Lauzach, Limerzel, Malansac, Marzan, Noyal-Muzillac, Péaule, Pluherlin, Questembert, et Molac, cette dernière sortie du territoire de Rieux dont elle faisait encore partie, en 1516, ainsi que nous l'avons déjà vu.
Note : Formes anciennes de Péaule : Pleaule, 1387 (Chap. de Vannes), — Plœaule, aliàs
Plaule, 1454 (Canonis. de Saint Vincent-Ferrier). — De ces formes on peut tenter de déduire
une interprétation et étymologique et proposer de traduire ce nom par les
expressions latines Plebs aulœ, peuple ou paroisse de la Cour. Mais quelle était
cette Cour ? Je l'ignore, à moins de la trouver dans le presbytère lui-même, dont
l'architecture et les proportions rappellent les puissants châteaux du
moyen-âge.
Puisque nous rencontrons, pour la première fois, ce mot celtique
Pié qui se confond avec Plou, Ploué, Plouef, Pleu, etc., dans la composition des
noms de plusieurs paroisses encore à étudier, il n'est, peut-être, pas inutile
d'en donner une courte explication.
Il faut remarquer d'abord que Plou est
comme la racine dont les autres formes citées ne sont que des variantes ; ensuite
que le Plou ne se trouve qu'en Bretagne ; enfin qu'il est plus ancien que le
latin plebs, qui en est la traduction et non la racine.
Employé aussi pour
désigner un pays, une contrée ou mieux un canton de terre, le Plou ou
Ploué, dit Dom Le Pelletier, dans son Dictionnaire la largue bretonne, « est proprement une
multitude d'habitants d'un canton champètre divisé en quantité de villages et
maisons particulières ». Dans cette partie de l'Armorique qui est devenue notre
Petite-Bretagne, ce mot eut, à l'origine, une signification spéciale et, un peu
différente. Vers le milieu du Vème siècle de notre ère, attaqués simultanément
par les Pictes, les Scots et les Saxons, écrasés et obligés de se retirer dans
les régions montagneuses de la Cambrie, au pays de Galles et dans la
Cornouaille, les infortunés Bretons insulaires, déjà chrétiens, commencèrent une
migration qui dura près d'un siècle et jeta en Armorique de nombreuses colonies.
Montés sur des barques, ils venaient par bandes isolées, conduites par leurs
chefs et des prêtres. En débarquant, chaque bande choisissait un quartier désert
et s'y établissait. Elle formait une société tout à la fois civile et
religieuse, ayant à sa tête un chef temporel appelé tyern ou Machtyern, en
langue celtique, et, en latin, princeps plebis. L'autorité religieuse y était
exercée par des moines ou des prêtres. Or, chacune de ces bandes fugitives et
ainsi constituées était ce que la langue de l'époque appelait proprement un
plou.
Elle fut le noyau de la paroisse bretonne telle qu'on le rencontre
encore au IXème siècle, dans le cartulaire de l'abbaye de Redon. Pour distinguer
entre elles les diverses bandes ou colonies, au mot plou on ajoutait
ordinairement le nom du chef, ou du saint sous le patronage duquel était placé
le pays déserté et sous lequel on mettait aussi la station présente, pour avoir
ainsi sous les yeux une certaine image de la patrie absente. Telle est, on peut
l'affirmer sans crainte d'erreur, l'origine de la plupart de nos paroisses dans
les noms desquelles le plou se trouve en composition.
Comme conséquence de ce
qui précède il faut remarquer qu'il existe une notable différence entre deux
mots celtiques que l'on confond souvent : le plou et le pou. La signification
précise du premier se trouve fixée. Par le second, il faut entendre un
territoire, un pays ; c'est le pagus de la langue latine et l'équivalent du
Bro breton. En général, le pou portait plus d'un plou. Je n'en citerai que deux
exemples : le pou ou pagus de Belz, de son côté, le pou ou le
pagus de Rhuys, du sien, dont chacun renfermait plusieurs paroisses ou plusieurs plous.
Unique gros décimateur, le recteur de Péaule percevait la dîme à la 33ème gerbe dans toute l'étendue de sa paroisse. Mais là, sans compter les bénéfices attachés à son titre de doyen, n'était point la meilleure source de ses revenus. Les dépendances considérables de son presbytère lui rapportaient beaucoup plus. A ce presbytère, qui, avec les crénaux de ses murs de clôture, sa fuie, ses vastes chambres, sa belle cour dallée, sa tourelle polygonale en pierre, avait toutes les apparences d'un château fort important, étaient, en effet, attachés des bois, des étangs, des vergers, des jardins, des prairies, enfin un pourpris ou métairie d'une grande valeur. Qu'on ajoute à cela le casuel et le tiers des oblations faites aux différentes chapelles de la paroisse, et l'on ne sera pas surpris de voir le titulaire de 1615 affermr 1.100 livres le temporel de son bénéfice, tout en se réservant les bâtiments du presbytère, moins le four pour cuire le pain. Déjà en fort mauvais état, dès 1581, ces batiments durent être réparés, ainsi que l'église et le cimetière, suivant une ordonnance dressée en cours de visite ici, le 24 octobre 1589, par un des vicaires capitulaires qui chargea le doyen du quart de toutes les dépenses et prescrivit d'exécuter, dans l'espace de deux mois, ces restaurations devenues très urgentes. Une des chambres de ce presbytère portait le nom de Salle du Synode, titre qui ne s'explique, en le prenant à la lettre, à moins que cette pièce ne servit aux réunions du clergé de ce doyenné, attendu que les assemblées synodales du diocèse se tenaient à Vannes même et, le plus ordinairement, dans la cathédrale. Sur le chambranle de sa cheminée, on lisait naguère encore l'inscription suivante écrite en capitales romaines : M. D. XXXIIII. JO. DANIELO, ARCHIDIACONUS VENETE. DECANUS. A FVDAM. RESTAVRA.
Sous le vocable de saint Gaudens, évêque, l'église paroissiale renfermait une chapelle appartenant à la famille de Camsquel, qui y possédait un enfeu prohibitif. Les seigneurs de Kerthomas, manoir noble de Péaule, y avaient aussi, au moins dès 1587, une chapelle avec leur enfeu. La tombe des seigneurs de Fescal, autre terre noble de la paroisse, se trouvait, auprès de l'autel de Saint-Roch. Enfin, dans cette même église, un quartier spécial était réservé pour la sépulture des doyens et des autres prêtres.
Les autres chapelles, disséminées sur le territoire de la paroisse, étaient celles de Saint-Éloi et de Saint-Amand. Une existait au Pont de l'Étier et en portait le nom ; mais je ne puis la donner comme une troisième et différente de l'une des deux précédentes, attendu que son vocable m'est inconnu et que j'ignore l'emplacement des autres.
Dans les temps reculés, le village du Temple, dont le nom révèle un établissement de Templiers, avait aussi sa chapelle de Saint-Jean-Baptiste. Dès le XIVème siècle, une partie de la dotation de ce couvent était déjà devenue la propriété de l'abbaye de Prières, qui l'avait réduite à l'état de simple tenue. Plus tard, le duc d'Elbœuf, seigneur de Rochefort, s'empara de cette terre ; mais, en 1642, les moines lui intentèrent un procès, qui se termina en 1650 et leur en fit recouvrer la possession.
Plusieurs chapellenies s'étaient établies sur cette paraisse.
Il y avait d'abord celle de Saint-Jean, fondée, le 2 avril 1659, par Louis Jollivet, prêtre à Péaule, qui la chargea d'une messe à célébrer, chaque semaine, à l'autel de Saint-Jean, dans l'église paroissiale. Peu avant 1695, elle fut réduite à une seule messe tous les quinze jours. En 1710, elle se desservait à l'autel de la Sainte-Vierge, dans la même église. Sa dotation reste inconnue, et, pour trouver ses derniers titulaires, il faut remonter jusqu'au commencement du XVIIIème siècle.
La chapellenie de Grégoire Suays ou de Kervily, ainsi appelée du nom de son fondateur et du nom du village habité par lui, se desservait aussi à l'autel de Saint-Jean, dans la même église ; mais, cet autel ayant été supprimé, au commencement du XVIIIème siècle, le service en fut transféré au maître-autel, où il se faisait encore en 1778. On ignore de combien de messes elle était chargée. Situé au village de Kervily et dans les environs, son temporel se composait d'une portion de jardin au levant de ce village, d'une pièce de terre dite Le Genetay, d'une autre portion de jardin, d'une parcelle de terre au réage du midi dans la Grande-Bande, d'une autre parcelle au réage du nord, d'une partie d'un grand parc et enfin d'une parcelle de prairie.
A une date inconnue, le prêtre Jean Caignard en avait fondé une autre, qui ne porta jamais que son nom et dont il avait réservé la présentation à ses héritiers. Chargée d'une messe à dire, chaque vendredi, à l'autel de la Sainte-Vierge ou de Notre-Dame, dans l'église paroissiale, elle était dotée d'une maison située au bourg même, avec appentis et jardin derrière.
Par son testament du 29 septembre 1739, le prêtre Jean Guillo, que habitait le village de Belon, fonda une autre chapellenie, connue aussi sous son nom et dont il réserva la présentation à ses héritiers. Il la chargea d'une messe à célébrer, par semaine, alternativement aux autels du Saint-Sacrement et de la Sainte-Vierge, dans l'église paroissiale, et la dota d'une rente annuelle de trois boisseaux de seigle et d'un boisseau de froment, qui devaient être fournis par ses héritiers auxquels il léguait tous ses immeubles.
Il y avait enfin la chapellenie de Dagaud, dont le service se faisait dans la même église. C'est tout ce que j'ai trouvé relativement à ce petit bénéfice, qui avait encore des titulaires au commencement du XVIIIème siècle.
Recteurs et doyens du Péaule.
1441-1456. R. Jean Jegot, chanoine de Vannes, permute avec le suivant contre le
rectorat de Caudan. Agé de 70 ans, il déposa, à Saint-Guen, en 1453 ou 1454, à
l'enquête pour la canonisation de saint.Vincent-Ferrier.
1456-1474. Henri
Borbihan, aliàs Jean, originaire du diocèse, chanoine de Vannes et de Quimper.
1474-1484. Jean Borbilian, qui fut peut-être aussi chanoine de Vannes.
1486-1514. Jean Le Texier, successeur immédiat du précédent et chanoine de
Vannes.
1514-1540. R. Jean Daniélo, archidiacre de Vannes, qui fit rebâtir la
Salle du Synode, résigna entre les mains du Pape.
1540-1558. R. Pierre
Daniélo, aussi archidiacre de Vannes, pourvu en Cour de Rome, résigna le 2
janvier 1558 (n. st.)
1575-1579. Guillaume Potier, accusé, en 1579, de
n'avoir pas résidé depuis deux ou trois ans.
1579. R. Guillaume Gruays donne,
le 31 janvier 1579, procuration pour résigner entre les mains du Pape en faveur
du suivant.
1579-1596. R. Gilles Jehan, prêtre du diocèse de Saint-Brieuc,
pourvu en Cour de Rome, le 7 mars 1579, prit possession le 10 août. En 1591, il
eut des prétentions au rectorat de Baden ; mais il en fut débouté. Le 1er janvier
1596, il donna procuration, pour résigner Péaule entre les mains du Souverain
Pontife en faveur de Guillaume, de la paroisse de Neuillac, au diocèse
de Cornouaille. Celui-ci réussit bien, paraît-il, à obtenir des provisions ;
mais non à se maintenir dans la possession de ce bénéfice que plusieurs
compétiteurs se disputaient alors.
1596-1598. R. Jean Grayo, originaire de
Caden, se fit conférer Péaule par dévolut sur un confidenciaire, le 13 octobre
1595, en Cour de Rome, et en prit possession le 4 février suivant. Ayant débouté
tous ses concurrents, il donna procuration, le 21 décembre 1598, pour résigner
entre les mains du Pape en faveur du suivant, avec réserve d'une pension, qui,
en vertu d'un accord, s'éteignit en 1609. Retiré dans sa paroisse natale, il y
mourut et, le 15 juin 1627, fut inhumé dans l'église.
1598-1614. Jacques Le
Sage, de la paroisse de Pipriac, dans le diocèse de Saint-Malo, et recteur de
Saint-Just, pourvu en Cour de Rome, le 21 décembre 1598, eut aussi des
compétiteurs dont il triompha. Parfois il signait lui-même Le
Saige. Son acte de décès le qualifie d'honorable gentilhomme. Le 20 avril 1614,
il fut inhumé dans son église paroissiale.
1614-1618. R. Pierre du Rancau,
sons-diacre du diocèse de Bordeaux et chanoine de Vannes, pourvu par l'évêque,
le 7 mai 1614, prit possession le 6 juillet. Il résigna, le 2 octobre 1618,
entre les mains du Pape en faveur de son frère.
1618-1624. R. Giron du
Rancau, aussi chanoine de Vannes, pourvu par le Souverain Pontife, le jour même
de la résignation du précédent, ne prit possession que le 9 mai 1621. En lui
conférant cette paroisse, le Pape fit insérer, dans ses lettres de provisions,
l'obligation qu'il lui imposait, sous peine de voir vaquer ce bénéfice, de
résigner, dans les deux mois, la trésorerie de la cathédrale, et le rectorat de
Saint-Jean-Brévelay. Il trouva cependant le moyen de conserver la susdite
dignité, et de permuter, en 1624, Péaule avec le suivant contre la paroisse
d'Arzano.
1625-1663. César Christofle, recteur d'Arzano et Guilligomarch,
mourut à Péaule, le 20 mars 1603, et y fut inhumé, le lendemain.
1665-1774.
François Blouet dut recevoir ses provisions de la Cour de Rome, puisque le
bénéfice avait vaqué en un mois de la réserve apostolique. N'ayant encore que 32
ans, il mourut, le 30 décembre 1674, et fut inhumé, le 31, dans son église.
1675-1681. Louis Gory, pourvu par l'Ordinaire, au commencement de l'année 1675,
dut résigner en faveur du suivant.
1682-1699. Pierre Gory. Malade, il fit,
le 12 avril 1699, une fondation dans son église, mourut, le lendemain, à l'âge
de 57 ans, et fut inhumé, le 14, dans la même église.
1699-1740. François
du Bot, prêtre du diocèse, pourvu par l'évêque, le 30 mai 1699, prit possession
le 4 juin. Décédé, à l'âge de 73 ans, le 10 mai 1740, il fut inhumé, le 11, dans
le cimetière.
1740-1789. Pierre-Félix-Hyacinthe Duboys, originaire de
Saint-Goustan d'Auray, chanoine d'Oranges et bachelier en théologie de la
faculté de Paris, pourvu par l'Ordinaire, le 1er juin 1740, prit possession, le
lendemain. Mort, à l'âge de 74 ans, le 24 janvier 1789, il fut inhumé, le 25,
dans le cimetière.
1789-1792. Jean Dequily, originaire de la paroisse de
Saint-Just, gagna cette paroisse de Péaule au concours et en fut pourvu par le Souverain Pontife. Ayant refusé de prêter le serment prescrit par la
Constitution civile du clergé, il dut s'éloigner de son troupeau et prendre le
chemin de l'exil. Muni d'un passe-port pour l'Espagne, on le trouve, le 29
septembre 1792, à la Roche-Bernard, embarqué à bord du navire La Constitution,
de Vannes, qui attendait, dans ce port, des vents favorables à sa route vers la
Corogne. Après le Concordat, il devint recteur de la nouvelle paroisse de
Rochefort, jusque là trêve de Pluherlin, et fut remplacé à Péaule par Jean-Baptiste - François-Louis d'Haumières, qui prêta serment entre les mains du
préfet, le 9 octobre 1802.
(Abbé Luco).
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