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PARAMÉ et NOTRE-DAME DES CHESNES ou DES CHÊNES

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Paramé est une de ces grandes paroisses fort anciennes, qui n'ont point d'histoire parce que les documents du temps passé leur font défaut. Peut-être faut-il attribuer cette pénurie à ce que Paramé a toujours, semble-t-il, dépendu, jusqu'à la révolution, du Chapitre de Saint-Malo, or il ne nous est resté aucun cartulaire c'est-à-dire aucun recueil des chartes primitives de ce vénérable corps. Il en résulte qu'il n'est point fait mention de Paramé avant le XIVème siècle quoique cette paroisse ait été fondée bien antérieurement à cette époque.

L'église de Paramé est une œuvre du commencement du XVIIIème siècle, c'est dire assez qu'elle n'a ni style ni solidité et qu'il est nécessaire maintenant de la reconstruire plus grande et plus convenable. La bénédiction en eut lieu le 4 juillet 1712 et fut faite par Mre Jean Magon, chanoine et vicaire-général de Saint-Malo. A côté se trouvait jadis une vieille chapelle priorale dédiée à saint Domin, dont le titre et les revenus furent unis à la cure de Paramé.

Dans la paroisse s'élevaient d'autres chapelles en grand nombre dont voici la nomenclature : Saint-Michel-des-Sablons, dotée en 1624 par Pierre Pluvier, Sr de la Ville-Ameline ; et devenue de nos jours l'église paroissiale de Rotheneuf ; — Notre-Dame-de-Liesse, élevée à Clermont par Gilles Toustin, Sr du Moulin-Neuf, et Olive Gaultier, sa femme, et consacrée en 1604 par Mgr du Bec, évêque de Saint-Malo ; les fondateurs donnèrent ensuite cette chapelle aux Bénédictins anglais qui bâtirent à côté six petites cellules et y vécurent quelques années jusqu'à leur établissement définitif dans les murs de Saint-Malo. Passé en 1669 entre les mains des Bénédictins de la congrégation de Saint-Maur, l'oratoire de Clermont fut sécularisé en 1791. — Saint-Joseph, construite par Pierre Grohando, Sr de la Pierre, dotée par Alain Biochet, Sr du Demaine , bénite le 13 avril 1637 par Jean Gaigner, chanoine de Saint-Malo, et rasée en 1793. — Notre-Dame-du-Refuge, bâtie en 1698 à la Ville-Malet, par Jeanne Le Boucel, en accomplissement des pieuses intentions de Guillaume Le Boucel, Sr de la Ville-Malet, son frère, dotée de 230 liv. de rente et bénite en avril 1701. — Saint-Roch et Saint-Hubert du Vau-Salmon, fondée en 1672 par Alain Martin et Olive Salmon, sa femme, Sr et Dame des Parisières et du Vau-Salmon. — Cette chapelle, ayant été détruite, fut remplacée, à la Chipaudière, par celle de Notre-Dame de l'Assomption, bâtie par François Magon de la Lande et Marie-Gertrude Magon, sa femme, et bénite, le 7 août 1732, par l'archidiacre de Dinan, Julien Magon de Trégneury. — En 1687 Thomas Truchot Sr de la Belle Grange dota la chapelle qu'il avait élevée dans son enclos de la Huprée ; mais un peu plus tard Julien Eon de Carman démolit cet édifice qu'il remplaça par la chapelle de Notre-Dame du Colombier, bénite, le 7 novembre 1755, par Guil-laume de la Haye, chanoine de Saint-Malo. — Notre-Dame et Saint-Julien du Grand Frotu, bâtie par Julien Pépin, Sr de la Chipaudière, et dotée en 1642 par Jean Pépin, Sr de la Villeneuve, son fils, et Guillaume Le Fer, femme de ce dernier. — Le Sacré-Cœur de Jésus, bâtie au Pont-Pinel par François Guillaudeu, Sr du Plessix, et Marie-Thérèse Eon, sa femme, bénite le 13 juin 1732 par Mre Clinet de la Châteigneraye, vicaire-général de Saint-Malo. — En 1692 Sylvestre Gervais, Sr du Tertre, dota la chapelle qu'il venait de faire bâtir à sa maison du Tertre, à la suite d'un vœu fait par lui sur mer ; sa sœur Gillette Gervais delle de la Godelle confirma, en 1701, la dotation de cette chapelle qui a depuis lors porté le nom de la Godelle. — Enfin, en 1709, Mgr des Marets, évêque de Saint-Malo, permit à Jean Goret, Sr de la Coudre, de reconstruire sa chapelle de la Grand'Rivière, qui est encore desservie maintenant [Note : Tous ces détails sont extraits des Grandes Recherches manusc. de l'abbé Manet, conservées aux Archives municipales de Saint-Malo].

Parlons maintenant d'un autre établissement religieux plus moderne, mais plus important que toutes ces anciennes chapelles.

En 1845 vivaient dans la paroisse de Paramé deux modestes chrétiens, vraiment dignes de ce nom, faisant chacun dans sa position le plus de bien possible aux pauvres, à l'exemple de leur divin Maître : l'un était un propriétaire-cultivateur, appelé Henri Le Marié, célibataire et possesseur d'un domaine d'une certaine étendue, connue sous le nom de ferme des Chesnes ; l'autre était une pieuse femme, Melle Amelie Fristel, née à Saint-Malo, en 1798, et fille d'un notaire de cette ville, anciennement juge de paix à Dol. Pendant que M. Le Marié, modeste dans ses goûts, conservant les simples habitudes de la vie des champs et « n'ayant d'autre luxe que la bienfaisance, » se faisait une loi d'exercer l'hospitalité envers tous les malheureux qui venaient frapper a sa porte des Chesnes, Mlle Fristel, après avoir perdu ses parents, se consacrait au service des pauvres en créant à Paramé même un bureau de charité pour procurer de l'ouvrage aux mères de famille indigentes et pour venir en aide aux nécessiteux. Aucun rapport de société habituelle n'existait entre ces deux personnes, « mais — comme le dit fort bien l'auteur anonyme d'une intéressante notice à laquelle j'emprunte ces détails, — pour les âmes inspirées par l'amour de leurs semblables, il est un centre commun où elles s'entendent, s'expliquent et se pénètrent réciproquement ; ce centre , c'est le Dieu de toute charité et de toute intelligence » (La sœur Marie-Amélie Fristel, p. 32).

Aussi M. Le Marié, désireux d'assurer après sa mort des secours permanents aux vieillards et aux invalides qu'il aimait à soulager durant sa vie, crût-il ne pouvoir mieux faire que d'instituer Melle Fristel sa légataire universelle ; il ne lui imposa d'ailleurs aucune condition, ne doutant pas un instant du bon usage qu'elle ferait de sa fortune. En effet, aussitôt après la mort de ce généreux bienfaiteur, arrivée le 25 juin 1846, Melle Fristel, apprenant quelles ressources lui arrivaient inopinément, comprit qu'elle devait se considérer, non comme propriétaire, mais comme dépositaire du talent que le divin Père de famille lui confiait, pour le faire fructifier au profit des pauvres. « Accompagnée d'une domestique pieuse et devouée qui ne l'a jamais quittée et de deux amies qui se font ses auxiliaires provisoires, elle entre dans la maison des Chesnes pour n'en plus sortir ; elle y fait entrer avec elle trois ou quatre vieillards, les plus abandonnés de la commune, et dont elle va se faire la servante. Tel est son cortège, telle est la prise de possession de son héritage » (La sœur Marie-Amélie Fristel, p. 35).

Dieu bénit les efforts de son humble servante ; il lui inspire de se consacrer à la vie religieuse tout en se donnant aux pauvres. Bientôt la maison de M. Le Marié devient l'Asile de Notre-Dame des Chesnes, une jolie chapelle s'y élève et de pieuses filles se mettent sous la direction de Melle Fristel ; Mgr Saint-Marc évêque de Rennes autorise ces dernières à revêtir l'habit régulier ; Sa Grandeur délègue M. Maupoint son vicaire-général pour recevoir les vœux de ces bonnes religieuses alors au nombre de sept, la fondatrice prend le nom de sœur Marie-Amélie et la congrégation nouvelle des Sacrés-Cœurs de Jésus et de Marie se trouve établie.

Que dirions-nous de plus de la mère Marie-Amélie ? Comme l'écrit son biographe, son existence fut surtout « une vie cachée en Dieu ; mais précisément parce qu'elle s'absorba dans l'union avec la divine lumière, elle en fut comme toute pénétrée d'un rayonnement doux, paisible et fort, qui lui fit accomplir humblement de grandes choses » pour le plus grand bien de sa congrégation. Dieu appela vers lui sa fidèle servante en octobre 1866 : atteinte d'une congestion mortelle, elle perdit la parole et ne la recouvra plus, tout en conservant son entière connaissance. « La bonne mère, prévoyant le genre de sa mort, avait souvent répété à ses compagnes : « Lorsque je ne pourrai plus parler, je lèverai la main droite, ce sera pour vous bénir ». En effet, pendant les quelques jours de son agonie, malgré les souffrances auxquelles elle paraissait en proie, on la voyait soulever de temps à autre sa chère main défaillante, comme pour la poser sur la tête de ses filles agenouillées, offrant à Dieu leurs prières, leurs vœux, leurs mortifications et leurs larmes, obtenir la conservation d'une existence si précieuse. La messe se célébrait chaque jour à la même intention dans la chapelle, au milieu d'un grand concours de fidèles du dedans et du dehors. Les bons vieillards de l'hospice priaient sans cesse, le chapelet à la main, pour leur mère si dévouée. Hélas ! son œuvre était finie sur la terre ; Dieu la voulait au ciel ! » (La sœur Marie-Amélie Fristel, p. 83). Ce fut le dimanche, 14 octobre, fête de la Maternité de la Vierge, que la mère Marie-Amélie rendit doucement son âme au Seigneur.

L'œuvre fondée par cette pieuse femme continue de prospérer : au moment où nous écrivons ces lignes l'asile de Notre-Dame des Chesnes renferme quarante vieillards des deux sexes, appartenant tous, selon la volonté expresse de la fondatrice, à la commune de Paramé ; la congrégation des Saints Cœurs de Jésus et de Marie s'est répandue dans les diocèses de Rennes et de Vannes, où elle possède déjà cinquante-quatre maisons, et elle n'a pas craint de s'établir au milieu d'une population hérétique, dans l'île de Guernesey, pour y faire le bien ; enfin, le bureau de charité, établi par Mlle Fristel, existe toujours dans le bourg de Paramé et y soulage bien des misères. C'est ainsi que le petit grain de sénevé semé par les charitables fondateurs des Chesnes est en train de devenir un arbre. « Pour que Dieu continue de lui donner l'accroissement, la Mère Marie-Amélie obtiendra les chaudes haleines, les tièdes ondées, les rayons du midi et les rosées des nuits. Et, grâce à sa prière, si le vent de l'épreuve vient à souffler, les cîmes, secouées et élargies vers le ciel, affermiront, en les plongeant dans le sol, les racines de la jeune plante » (La sœur Marie-Amélie Fristel, p. 88).

Si quelques-uns de nos lecteurs se dirigent un jour de la belle plage de Paramé vers la modeste mais agréable solitude des Chesnes, — où s'exerce la plus cordiale hospitalité , — à l'entrée des bâtiments qu'ombragent quelques arbres agités par les grands vents de la mer, ils rencontreront tout d'abord la chapelle de Notre-Dame ; qu'ils y entrent sans crainte, qu'ils y prient agenouillés entre les deux tombeaux, — fort simples du reste, — de M. Le Marié et de la mère Marie-Amélie, et qu'ils méditent ces paroles gravées sur la croix tumulaire de la pieuse fondatrice : « Elle a ouvert sa main à l'indigent, elle a tendu ses bras aux pauvres » (Proverb., XXXI. 20). C'est le résumé complet de toute une vie de bonnes œuvres, et c'est l'encouragement pour tous à l'exercice de cette belle vertu de charité qui fait les Saints.

Et voilà comment la paroisse de Paramé, quoique n'ayant pas d'histoire, occupe cependant une place distinguée dans notre religieux diocèse, et mérite d'attirer sur ses enfants les bénédictions célestes.

(abbé Guillotin de Corson).

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