Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

Jean-Guillaume BELOUART, prêtre mis à mort en 1796 par les colonnes mobiles
dans le territoire du diocèse actuel de Saint-Brieuc.

  Retour page d'accueil       Retour page "Ville de Paimpont"  

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

337. — Jean-Guillaume BELOUART vit le jour à Paimpont (Ille-et-Vilaine) du mariage de Joseph et Mathurine Dono. Il reçut le baptême le 14 février 1725, jour même de sa naissance.

Le jeune Belouart fut envoyé étudier chez les Jésuites de Rennes. On le note au Séminaire comme « chantant un peu, pas mal à ses examens, répondant bien et avec jugement ». On lui assura son titre clérical le 9 décembre 1747, quelques jours avant son sous-diaconat. Il reçut la prêtrise le 14 mars 1750. Le 11 août 1773, cet ecclésiastique concourut vainement pour la cure de Plouër. Mgr de Pressigny, évêque de Saint-Malo, le pourvut « pleno jure » du rectorat de Lanrelas, le 28 octobre 1789.

338. — A son arrivée à Lanrelas où M. Belouart signa pour la première fois recteur, le 9 février 1790, sur les registres d’état civil de cette paroisse et la dernière fois le 22 décembre 1792, le nouveau pasteur trouva le presbytère en si mauvais état d’habitabilité que des réparations urgentes s’imposaient. En attendant qu’elles fussent exécutées, il dut prendre momentanément pension avec son vicaire chez une vieille fille, appelée Anne Renouvel, tertiaire du Sacré-Cœur. Le 20 février 1791, le recteur de Lanrelas déclara très nettement à sa municipalité « qu'il ne prêterait jamais le serment qu'on lui demandait, à moins que le Pape ne confirme les décrets sur la Constitution civile du Clergé ». (Arch. des C.-du-N., L m 5, 9).

Le 12 juin suivant, cet excellent prêtre se refusa positivement à donner connaissance à ses ouailles de la première lettre pastorale de l’évêque intrus Jacob et s’opposa même à ce que le maire Thominiaux en donnât lecture à sa place. (Arch. des Côtes-du-Nord, L m 5, 15).

Cependant, malgré sa fidélité aux bons principes, M. Belouart demeura dans sa paroisse, faute pour les révolutionnaires de trouver un curé constitutionnel pour le remplacer. C’est ainsi que le vaillant recteur de Lanrelas était toujours à son poste lors de l’application de la loi du 26 août 1792, qui l’obligeait comme « fonctionnaire public, insermenté sexagénaire », à s'emprisonner à la maison de réunion créée â Saint-Brieuc pour les ecclésiastiques de sa catégorie.

M. Belouart ne se soumit point volontairement à cet ordre et demeura au milieu de ses ouailles jusqu’à ce qu’on vint l’en arracher. Cet instant ne devait pas tarder. A la suite de son arrêté du 1er décembre 1792, le Directoire des Côtes-du-Nord prescrivit le 24 décembre suivant au district de Broons de faire saisir de suite tous les prêtres insermentés de sa région par les brigades de gendarmerie de Broons et de Merdrignac. (Arch. C.-du-N., L 263, f° 12). En conséquence, le maréchal des logis Pinot, accompagné de quatre autres représentants de la force armée, arrêtèrent en sa demeure M. Jean Belouart, le firent monter à cheval et le conduisirent à Broons le 30 décembre 1792. (Arch. C.-du-N., L m 5, 36).

339. — De cette localité, on le fit diriger de « brigade en brigade », sur Saint-Brieuc, où on l’interna comme un dangereux criminel à la maison de réunion des Filles-de-la-Croix ; il avait alors 66 ans.

Transféré de là aux Carmélites de Guingamp avec les autres ecclésiastiques sexagénaires ou infirmes des Côtes-du-Nord aux environs du 20 octobre 1793, M. Belouart ne fut rendu avec eux à la liberté, que le Vendredi-Saint, 3 avril 1795, à la suite de l’arrêté des représentants Guezno et Guermeur, en date du 26 mars précédent. Il avait à cette époque subi 27 mois d’une dure captivité.

Aussitôt libre, ce bon pasteur revint au milieu de ses ouailles qui le revirent avec joie et reprit près d’elles l’exercice de son saint ministère. Il se refusa cependant à signer la formule de soumission « in globo » aux lois de la République, prescrite par la loi du 11 prairial an III (17 juin 1795) et urgée quant à l’application par le décret du 20 fructidor suivant (6 septembre). A plus forte raison n’accepta-t-il pas les obligations trop pénibles à sa conscience, imposées par la loi du 7 vendémiaire an IV sur les cultes (29 septembre 1795) et fit-il tout son possible pour détourner ses confrères voisins, en particulier les abbés Richard et Huguet, de se lier par ces formules captieuses, dans lesquelles on pouvait toujours craindre que ne fût blessée l’orthodoxie catholique.

Cependant, expliquait la municipalité de Lanrelas le 25 fructidor an III (11 septembre 1795), « ce prêtre n’a jamais prêché que la paix et la concorde. Il a toujours obéi à la loi et est encore prêt à s’y conformer, mais ses opinions religieuses ne lui permettent pas de faire la soumission qu’on exige. Du reste, il a cessé ses fonctions ». (Arch. C.-du-N., L m 5, liasse 96).

Sans doute, l’abbé Belouart cessa-t-il de célébrer dans l’église de Lanrelas, mais il continua quand même de faire en secret tout le ministère possible auprès de ses ouailles. Aussi sa présence et son influence sur le clergé des environs exaspérèrent-elles les révolutionnaires qui jurèrent sa perte. On le signala aux nombreuses colonnes mobiles qui sillonnaient la région. Elles ne devaient pas tarder à s’en défaire. Du reste, les militaires français à cette époque, affiliés pour une partie aux loges maçonniques, excités par les libelles déclamatoires qui leur dépeignaient le clergé catholique romain sous les traits les plus noirs, se montrèrent en général durant toute la Révolution les ennemis les plus acharnés des prêtres réfractaires et les exécutions sommaires, qu'à l'instar des massacreurs de septembre, ils firent des ecclésiastiques qu’ils pouvaient rencontrer, sont assurément fort nombreuses. Le recteur de Lanrelas devait lui aussi périr sous leurs coups.

340. — On va reproduire le récit de son assassinat d’après deux sources qui se corroborent et se complètent mutuellement. La première nous est fournie par le chanoine Tresvaux qui l’avait recueillie aux environs de 1840 de témoins oculaires. La seconde provient d’un vieux registre de Lanrelas où naguère était consignée la relation du meurtre de ce saint prêtre. Ce document est aujourd’hui perdu, mais les auteurs du Diocèse de Saint-Brieuc durant la période révolutionnaire, op. cit., I, p. 43, ont heureusement reproduit son texte et c’est leur version que nous utilisons. Or, leur récit, pour la première partie de la vie de M. Belouart, entre dans un tel ensemble de détails, dont on a vérifié l’exactitude rigoureuse, que l’on ne peut douter que son rédacteur n’ait été admirablement renseigné sur ce qu’il raconte. Voici donc comment trépassa M. Belouart :

« Des contre-chouans accompagnés de quelques soldats républicains saisirent l’abbé Belouart le 6 janvier 1796 et le renfermèrent d’abord dans une chapelle située dans le bourg, dite chapelle Saint-Jacques, puis la nuit étant bien avancée, les soldats le firent sortir pour le mener dans un champ voisin, où ils le massacrèrent à coups de baïonnettes. Tout son corps était tellement percé de coups dans le dos, dans la tête, dans les côtés et dans le ventre que ses intestins en sortaient. Quand les barbares l’entendaient prononcer le nom de Jésus et de Marie, ils s’écriaient : « Ah, le sacré bougre ! il prononce le nom de Jésus ! Enfonces-lui donc plus avant ta bayonnette ». Au rapport des meurtriers, plus il prononçait le nom de Jésus et plus il recevait de coups de bayonnette. En le conduisant au supplice, ils avaient tous en main des chandelles allumées, comme marque de leur triomphe. Le lendemain matin, ils revinrent voir ce que l’on avait fait et tirèrent sur ceux qui étaient à l’ensevelir, dont l’un fut blessé très dangereusement à la hanche par une balle ».

341. — A défaut d’autres pièces officielles que l’on n’a pas jusqu’ici eu le bonheur de retrouver, voici, relevé sur les registres d’état civil de Lanrelas, l’acte de décès de ce saint prêtre :

« Aujourd’hui 17 nivôse an IV républicain (7 janvier 1796), environ 9 heures du matin, par devers moi, Jean Juhel, officier public de la commune de Lanrelas, élu le 27 janvier 1793, etc., etc., est comparu Mathurin Loyat, journalier, demeurant au bourg, lequel assisté de François Le Marchand, cultivateur et de Marie Chicouenne, le premier âgé de 38 ans ; la seconde, âgée d’environ 50 ans, demeurant tous les deux au village du Rochais, susdite commune, lesquels m’ont déclaré à moy officier public, que Jean-Guillaume Belouart, ci-devant recteur de Lanrelas, est décédé cette nuit, proche les ponts de Lanrelas et qu'il a été tué par une troupe de républicains armés [Note : M. Manceau, ancien vicaire de M. Belouart, écrit vers 1810, « que celui-ci fut sabré par les républicains », c'est-à-dire par les révolutionnaires qui avaient juré la destruction du catholicisme. (Archives du Presbytère de Lanrelas)]. D’après cette déclaration, je me suis transporté sur le champ au susdit lieu et je me suis assuré du décès du dit Belouart et j’ai rédigé le présent acte que le dit Mathurin Loyat et les deux témoins ont déclaré ne savoir signer ». Fait en chambre commune de Lanrelas le susdit jour et an que devant. Signé : J. Juhel, officier public.

Tresvaux du Fraval, qui raconte cette même scène à la p. 211 du t. II de son Histoire de la Persécution révolutionnaire en Bretagne, y ajoute quelques détails qui se juxtaposent très bien à ce que l’on vient de lire. Les voici : « Une colonne mobile arriva à Lanrelas et demande à parler au recteur. Son commandant proteste qu’il ne lui veut faire aucun mal. Néanmoins on refusa de lui dire où il est. Le lendemain, la colonne reparaît sans qu’on eut prévu sa venue. M. Belouart n’avait pas fui. On le saisit et tout le jour, on le retient prisonnier dans l’église. La nuit venue, on feint de le conduire à Broons, éloigné de quelques kilomètres, mais à quelques pas du bourg de Lanrelas on le transperce de coups de bayonnette ». Cf. aussi : Le Diocèse de Saint-Brieuc durant la période révolutionnaire, op. cit., I, p. 43, qui spécifie que le champ du martyre est placé à l’angle formé par les routes d’Eréac et de Broons, sur les bords de la Rance, près duquel une croix a longtemps gardé son souvenir. On conserve encore à Lanrelas la mémoire qu’un prêtre a péri à cet endroit en haine de la Foi. Aussi bien dans la mort que dans l’existence antérieure de M. Belouart, tout nous montre un ecclésiastique prêt à tout sacrifier pour la plus grande gloire de Dieu et tout dans sa vie, comme dans sa mort, apparaît héroïquement imprégné de surnaturel.

BIBLIOGRAPHIE. — Tresvaux du Fraval, Histoire de la Persécution révolutionnaire en Bretagne, op. cit. (1845), t. II, p. 211. — Le Diocèse de Saint-Brieuc durant la période révolutionnaire, op. cit. (1895), t. I, p. 43. — Lemasson, Histoire du pays de Dinan, Rennes, 1927, in-8°, p. 273-276. — Du même, Les Actes des prêtres insermentés du diocèse de Saint-Brieuc, mis à mort, etc., op. cit., p. 128-137, qui reproduit tous les actes officiels concernant M. Belouart.

(Archives des Côtes-du-Nord, série L. — Archives de la mairie et du presbytère de Lanrelas).

(Articles du Procès de l'Ordinaire des Martyrs Bretons).

© Copyright - Tous droits réservés.