Retour page d'accueil        Retour page "Evêchés bretons"  

Avant la Révolution, le titre de grand-chantre représentait la 3ème ou la 4ème dignité dans le Chapitre. Après le Concordat et à la suite de l'institution des archiprêtres, le grand-chantre ne vint plus qu'en cinquième ligne. Il ne serait pas juste, croyons-nous, de dire que celui qui possédait cette dignité eût voix prépondérante dans le Chapitre ; il n'y donnait (et n'y donne pas davantage actuellement) pas plus la tonique que la dominante, mais uniquement celle de son rang. Avant l'adjonction des archiprêtres au corps canonial, qui se fit sous la Restauration et sous le Gouvernement de Juillet, il venait immédiatement après le Doyen ou Prévôt, qui lui-même n'était primé — quand il l'était, ce qui n'existait pas partout — que par les archidiacres.

Les statuts du Chapitre de Nantes, imprimés sous l'épiscopat de Mgr de Hercé, en 1843, statuts qui reproduisent à peu de chose près les anciens, nous donnent, sur les attributions du grand-chantre, les indications suivantes :

« — Art. 96 : La cinquième dignité du Chapitre est celle de grand-chantre.

— Art. 97 : Le grand-chantre, sauf les droits des archidiacres et du doyen, a celui, lorsqu'il est en fonctions, de présider au chœur, de régler et de modérer le chant.

— Art. 90 : Aux offices des solennités désignées au Coutumier du Chapitre, le grand-chantre, portant le bâton cantoral, insigne de sa dignité et de sa juridiction, se tient au milieu du chœur, assisté de deux chanoines faisant les fonctions de sous-chantres, et marche ainsi en procession. Dans les offices ordinaires, il prend au chœur la 5ème stalle, attribuée à sa dignité ; il a également au Chapitre la 5ème place.

— Art. 99 : A son installation, après qu'il a pris possession de sa stalle, il est conduit au milieu du chœur où son installateur lui présente le bâton cantoral en lui disant : " Venerabilis frater, auctoritate D. D..., Episcopi, in choro insignis hujus Ecclesiœ Cathedralis, Domino virtutum cantabis, tam cordis jubilo quam oris eloquio ". Le grand chantre, après avoir répondu : " Deo adjuvante, ità ex toto corde volo ", donne le signal pour le chant de l'Introït, puis il retourne à sa stalle.

— Art. 100 : Lorsque le grand-chantre ne peut remplir ses fonctions, il est remplacé par le Théologal, au défaut de celui-ci, par le Pénitencier ; et, au défaut de l'un et de l'autre, par l'un des chanoines titulaires ou honoraires.

— Art. 101 : Le maître des cérémonies doit s'entendre avec le grand-chantre dans les points de contact de leurs attributions respectives ».

C'est à Daniel Vigier, Ev. de Nantes en 1305 et mort en 1337, que l'on doit l'institution de la dignité de Doyen du Chapitre, institution qu'il compléta en 1311, en unissant à la nouvelle dignité celle de Doyen de Nantes [Note : L'Ordinaire du Chantre Hélie, du XIIIème siècle, — ce qui prouve que la dignité de Grand chantre, à Nantes, est antérieure à celle du Doyen du Chapitre — n'assigne aucune place à celui-ci. Le titre de Doyen était alors exclusivement porté par les chefs des circonscriptions écclésiastique appelées Doyennés. Il y avait les Doyens de Nantes, Ancenis, Chateaubriant, Clisson, Retz et La Roche-Bernard. Le titre de Doyen du Chapitre était attaché, dans l'antique Eglise, au nom très significatif de saint Jean-Baptiste]. Le Doyen prit place immédiatement après l'évêque et avant les archidiacres (de Nantes et de la Mée). L'ordre des autres dignités ne fut nullement changé. Le Chantre le Trésorier et le Scholastique ou Ecolâtre, continuèrent d'occuper les mêmes places après les archidiacres (Sem. Rel. de 1897, n° 51, samedi 18 décembre). A Quimper, avant 1789, la dignité de Grand chantre venait, comme à Nantes, la 5ème après le Trésorier, aujourd'hui le Cantor y occupe toujours le même rang, mais avant le Trésorier auquel a été substitué l'archiprètre.

(J. de Kersauzon).

 © Copyright - Tous droits réservés.