Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

LA PSALETTE DE NOTRE-DAME-DU-MUR

  Retour page d'accueil       Retour Ville de Morlaix   

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

La psallette de la collégiale de Notre-Dame-du-Mur. 

Pour répondre à la pieuse intention du fondateur qui était d'assurer le service divin dans la chapelle de son château de Morlaix, la collégiale était composée d'un premier dignitaire nommé Prévost, de huit chanoines, d'un diacre et d'un sous-diacre d'office, d'un sacriste, de deux suppôts ou chantres, d'un maître de psallette, de quatre enfants de choeur, d'un organiste et d'un bedeau. 

Ce fut la duchesse Anne qui, par acte du 4 octobre 1504, confirmant la fondation de Notre-Dame-du-Mur, porta à quatre le nombre des enfants de choeur qui, jusqu'à cette époque, n'avaient été que deux. 

Le premier organiste dont nous trouvions mention sur les registres fut le sieur Tanguy Guéguen, prêtre chanoine de la collégiale (1592-1626) ; il reçoit par an 36 livres de gage. 

En 1574 (G. 186), Guillaume Le Lay, chanoine, cumule les fonctions de doyen de la collégiale et de maître de la psallette. 

Le 15 décembre 1644 nous remarquons au registre des délibérations « que Me Pierre Deucaff, musicien, demande 12 écus pour enseigner les enfants de choeur et 8 écus de distribution parce qu'il assistera au choeur en habit, en attendant que de lui faire la grâce d'être admis aux ordres sacrés »

En 1644, René Cantin, organiste de Saint-Mathieu, de Morlaix, prêtait son concours à la collégiale et se qualifie de joueur de basse à Notre-Dame-du-Mur. 

Le 31 janvier de la même année 1644, le registre des délibérations nous montre quelle importance on attachait à la bonne exécution des offices. « Est ordonné que pour l'exercice des musiciens du collège (de la collégiale)) l'on fera, tous les jeudis incontinent après vêpres, concert, où l'on chantera ce qui se devra dire le dimanche suivant, comme aussi la veille des grandes fêtes on fera de même, et celui qui y manquera perdra le gain de toute la journée. 

Il est aussi enjoint à Me Yves Eucat d'apprendre la musique, et lui a-t-on baillé un mois pour apprendre sa partie, passé lequel temps, s'il ne sait chanter, il ne gagnera rien à toutes les distributions de musique. Est pareillement ordonné à tous les autres de se perfectionner parfaitement pour le chant parce que ceux qui ne pourront chanter leur partie à livre ouvert n'auront aucune distribution jusques à l'avoir apprise »

Au mois d'octobre 1649, Jean Pehirin, prêtre de Quimper, est reçu chanoine de Notre-Dame-du-Mur en considération « de sa bonne voix et capacité pour le chant et la musique, ayant déjà servi en qualité de musicien au Chapitre de Vannes, à la place de Guillaume Moalic »

La qualité de musicien était de fait une condition rigoureuse d'admission, car nous voyons l'année suivante, le 27 mai, le prévôt de Notre-Dame-du-Mur, le sieur Yves de Calloet, faire la déclaration suivante : « Considérant que la disposition des places vacantes de cette église nous appartenoit de plein droit en sorte que toutes les réceptions faites en notre absence et sans notre consentement sont nulles jusqu'à ce qu'elles n'oient notre approbation, et plusieurs s'étant faites en notre absence depuis quelques années, nous les avons jusqu'à présent tolérées et différé les approuver ou de les refuser. Approuvons aujourd'hui Olivier Bouillon, prêtre, et Marc Diseul, diacre, comme ayant de bonnes voix et capacité, mais refusons Jean Maout et Yves Bideau n'ayant ni voix ni capacité en musique, ni disposition aucune pour l'acquérir. Ayant grand office à faire nous ne pouvons souffrir personnes qui ne peuvent desservir elles-mêmes. Mais de peur qu'on ne croie qu'ils sont remerciés pour d'autres raisons, leur permettons de garder l'habit de choeur et de desservir en l'église jusqu'à ce qu'ils soient pourvus d'autre bénéfice »

Mais le zèle pour la bonne exécution du chant dans l'église n'était pas, à Morlaix, l'apanage unique de la collégiale du Mur, car nous voyons à cette époque l'église paroissiale de Saint-Mathieu, de Morlaix, s'efforcer d'attirer de son côté quelques bonnes voix, même au détriment de la collégiale du Mur qui prend la chose de haut, et le 6 may 1650 (R. G. 510) obtient sentence du présidial de Quimper « contre le vicaire de Saint-Mathieu pour avoir suborné et débauché Théodore Le Moine, enfant de choeur du Mur, pour aller à leur église »

Mais autant les chanoines de Notre-Dame-du-Mur tenaient à conserver les sujets utiles à la bonne exécution du service divin, autant étaient-ils empressés à remercier ceux des musiciens qui montraient de la négligence ou de la mauvaise volonté dans l'accomplissement de leur devoir. On pourra s'en convaincre par l'extrait suivant du registre des délibérations du chapitre, en date du 2 juin 1654 (G. 187). 

« En chapitre extraordinaire, absent M. Le Provost, présents tous MM. les chanoines, sur la remonstrance qui a esté faicte que Missire Guillaume Martin, prêtre, ayant été reçu en qualité de musicien, tant pour jouer du serpent que chanter musique et enseigner les enfants de cœur avecque injunction de se bien et deubment acquitter de ce soin, porter respect au chapitre, il auroit esté si négligent que les enfants scavent présentament moins l'art de chanter que lorsqu'il se chargea de leur enseignement ; ayant été aussi démonstré qu'il auroit veu souvent MM. les chanoines en petit nombre faire l'office avecque beaucoup de paine sans les vouloir soulager et chanter une seule notte de plain chant et qu'il estoit d'un humeur si peu acorte et si capable de causer du désordre que estant convié de chanter pour la gloire de Dieu et pour l'ordre de l'office, il feroit tout au contraire et mesme commenderoit quelques fois aux enfants se retirer quand il n'est pas en humeur de chanter. Sur la remonstrance les dits délibérants ont tous esté d'advis de donner le congé au dict sr Martin, de faire informer des insolences qu'il a dict et faict dans la dite église pour l'en faire punir par la rigueur de justice, de pourvoir de personne sage et de bonne moeurs pour enseigner avec assiduité les enfants, et ont chargé M. Le Maoult, l'un des chanoines de la dite église, d'advenir M. le Procureur en charge de ne luy donner aucun argent. Faict ce jour et an que dessus en notre sacristie, lieu ordinaire de notre chapitre. Délivré copie au dit Martin pour lui servir comme il voira avoir affaire, et à cette fin qu'il n'ignore, Signé dans l'original. SULGUEN, doyen. - ROBIN. - J. LE MAOULT. – Yves BIDEAU. - LE DIZIEUX. - Yves BIDEAU, pour le Greffier »

Ce qui peut surtout nous donner l'idée de l'importance que l'on attachait à la bonne exécution du service divin à Notre-Dame-du-Mur, c'est l'intervention de l'autorité royale elle-même, pour y assurer le choix judicieux de chanoines qui soient « bons chantres et habiles musiciens » comme nous l'apprend la lettre suivante signée de Louis XIV encore enfant, par laquelle on fait appel au généreux concours des habitants de Morlaix, pour faire bon accueil aux chantres et chanoines dont on a fait choix pour la collégiale. 

25 octobre 1682. « De par le Roy, Chers et bien amés, le soin que nous avons apporté jusques à présant pour le rétablissement du revenu de notre église collégiale N.-D. du M., nous conviant (ensuite des bonnes résolutions que vous avès prises sur ce subjet à nous appliquer avec la mesme application à y remettre le service divin dans le mesme estat estoit lors de sa fondation, nous avons donné l'ordre au sr Calloet, provost de la dite esglise, de faire soigner sa recherche de bons ecclésiastiques, bons chantres et habiles musiciens, gens de probité, bien entendus, dans les cérémonyes de l'esglise et en fin capables de bien remplir et au choeur pour le chant et en tous autres lieux par l'honnesteté de leurs moeurs, les places de chanoines que nous avons appris y estre vacantes pour les mener après sur les lieux et les y établir, et parce que ce dessein est de soi si louable qu'il n'y a pas personne qui ne doibve contribuer à le faire réussir et que nous sommes particulièrement obligés d'y prendre part, l'église nous appartenant et estant la propre chapelle du chateau de nos prédécesseurs les ducs de Bretagne, nous avons bien voulu vous faire cette lettre pour vous ordonner que vous ayès à bien recevoir les dits chantres et chanoises... et d'autant que nous avons appris qu'il y a quantité de droits appartenant à la dite esglise qui ont esté usurpés pendant le longtemps que l'on a négligé son administration, nous désirons que vous vous appliquiez incessamment à en faire une exacte recherche... n'y faicte donc faute, car tel est nostre plaisir. Donné à Paris, le 25 jour d'octovre 1662. Louis. »

La collégiale avait depuis longtemps des orgues, mais au milieu du XVIIème siècle elles étaient hors d'usage ; aussi la communauté de ville qui nommait les procureurs du temporel de Notre-Dame-du-Mur, délibérant en 1656 (G. 187) « sur la représentation des dits procureurs sur le défaut d'orgue à Notre-Dame, demande (pour créer des ressources afin d'en acquérir au plus tôt), qu'on fasse payer 35 sous par chaque son de cloche pour les morts, vote 600 livres pour l'achat d'une paire d'orgues, et que marché soit fait avec Harisson. On placera les orgues devant la grande vitre en bas de l'église et la chambre des soufflets sera au-dessus du reliquaire qui est dans l'oeuvre de l'église »

Par délibération du 1er février 1672 (R. G. 484), le chapitre sur des lettres de recommandation des Augustines de Lannion, reçoit pour enseigner les enfants de choeur « Jean Roullet, né à Saint-Malo, prêtre, maître musicien et organiste, et d'autant qu'il s'est par dévotion engagé d'assister le plus ordinairement qu'il pourra à l'office cannonial, lui a été permis de porter le surplis et le petit capot, et aura 10 sols de distribution pour les enterrements »

Les orgues de 1653 furent réparées en 1682 (G. 169) par Michel Madé, facteur d'orgues, mais non sans provoquer les plaintes du sr Dizeul, doyen du Mur, qui avoit pris cette restauration à sa charge, comme on le voit par son testament daté du 19 novembre 1695, dans lequel nous lisons (G. 185). « Déclare avoir passé acte avec les habitants de Morlaix par lequel il laisse 600 livres pour la réfection qu'il a fait faire des orgues du Mur, à condition que la fabrice fera dire à perpétuité un service à chant les premiers lundis de chaque mois sur l'autel de la Confrérie du Saint-Esprit pour quoy elle paiera 30 sols au chapitre par service »

Citons une dernière libéralité « pour l'augmentation du service divin » à Notre-Dame-du-Mur (G. 185). 

Par testament du 18 septembre 1722, le sr. François Coroller déclarait « fonder en l'église de Notre-Dame-du-Mur la subsistance d'un chantre qui puisse dans les offices qui s'y disent, rendre tous les jours à perpétuité des actions de grâce à Dieu pour tous les biens que j'ai reçus de lui, pour attirer sa bénédiction sur ma famille et pour cet effet je donne 3,000 livres à placer ; entendant que le chantre que je fonde soit d'augmentation sur le nombre de chantres que le dit chapitre pourra et devra avoir ». N'est-il pas naturel de penser que ce zèle pour la bonne exécution du Chant et de la musique à la collégiale de Notre­-Dame-du-Mur, n'a pas peu contribué à mettre en honneur à Morlaix, peut-être plus qu'ailleurs en nos contrées, l'art de la musique ; toujours est-il qu'au XVIIème siècle la ville de Morlaix avait sa musique municipale, et que le 15 juin 1654, lors de la bénédiction de la première pierre de la chapelle des Ursulines, « les religieuses étant au choeur chantèrent le Te Deum et la musique de la ville répondait alternativement (Voir Annales des Ursulines). Maintenant encore si la ville de Morlaix est à bon droit renommée pour le talent et le grand nombre de ses artistes amateurs, peut-être le doit-elle, pour une part, à l'heureuse influence et aux bonnes traditions des musiciens de son antique collégiale Notre-Dame-du-Mur. 

(Peyron)

 © Copyright - Tous droits réservés.