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LES MAISONS A PANS DE BOIS DE MORLAIX

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Malgré des destructions absurdes et nombreuses, Morlaix possède, encore quelques vieilles maisons de bois à pignons, pour la plupart du XVIème siècle, dont la plus complète est, celle de la rue du Mur, n° 33, vulgairement appelée maison de la Reine Anne. Grâce au classement, il nous reste aussi son escalier de bois sculpté, le plus beau des cinq survivants, hélas ! dispersés, dont je connaisse l'existence.

Maison de la reine Anne. — Elle a été restaurée en 1890 par le service des Monuments historiques. Sur un rez-de-chaussée en pierre s'élèvent trois pans de bois en encorbellement ; le dernier, sous comble, est divisé par un plancher en galetas et grenier. Des goussets ornés de personnages soulagent la saillie extérieure des solives et empêchent le déversement du système. Quant au plan de bois lui-même, c'est l'assemblage ordinaire de poteaux, sablières hautes et basses, décharges et croix de saint André avec remplissage de torchis.

La porte centrale de style flamboyant, entre deux baies au rez-de-chaussée sur des soupiraux grillés, et les fenêtres en série, à chaque étage, sont aussi disposées selon un mode classique au moyen âge.

Dans les poteaux corniers sont sculptés, au premier, saint Jacques et saint Yves ; au second, sainte Barbe et sainte Catherine ; aux goussets, des personnage burlesques, un fou, etc.

L'intérieur nous offre un exemple de ces grandes salles-lanternes si particulières, éclairées Par le toit, chauffées par une grande cheminée à linteau monolithe et à hotte, occupant boute la largeur de la maison et séparant en profoncteur les pièces de façade des pièces sur le revers, contenant enfin l'escalier de charpente, qui les dessert toutes de la façon suivante.

La vis, logée, dans un des angles du devant, encastre ses marches autour d'un noyau monté d'une seule pièce, comme cela se faisait depuis le XVème siècle. Du côté de la salle, la cage est ouverte et réduite sa membrure essentielle, c'est-à-dire un poteau d'angle taillé aussi dans un tronc d'arbre, assembleur de limons spirales, un par révolution et une révolution par étage. De chaque point d'assemblage, une rampe de quelques degrés, dessinant par rapport à l'escalier une branche de spirale rebroussée, conduit à une galerie en encorbellement sur le mur goutterot. Cette galerie, dite pondalez, rejoint les chambres donnant sur la cour, celles de la façade ouvrant, un palier directement sur la cage. A chaque étage, un gardefou continu, en panneaux de menuiserie, borde la galerie, la rampe et le segment de vis compris entre le poteau et la cloison du devant. Un potelet soutient la solive de jonction des rampes et des galeries.

Cet ingénieux agencement constitue, avec la cour intérieure couverte ou lanterne l'originalité des maisons de Morlaix.

L'admirable escalier récemment déménagé du n° 14 de la Grand'Rue ; ceux que leur moindre qualité a retenus au n° 9 de la même rue et au n° 10 de la rue Ange-de-Guernissac, ancienne rue Saint-Melaine ; celui que le Victoria and Albert Museum conserve à Londres [Note : West Hall 48, A. 8-1909. Cf. Victoria and Albert Museum Guides. General. Guide to the collections…, London, 1913, 8°, p. 25 (avec planche). Cet escalier, provenant du n° 15 de la Grand’Rue fut vendu, vers 1900, à un sculpteur de Morlaix, et plus tard par un antiquaire parisien à M. Fitz-Henry qui en fit don au musée du South-Kensington. Je remercie vivement les conservateurs qui m’ont aidé à me procurer ces présicion avec une extrême obligance], présentent, une disposition semblable, et d’autres encore dont les débris recuillis au musée et des descriptions anciennes témoignent, accusaient la richesse et le goût des armateurs corsaires qui, pour la plupart, les ont construits.

La décoration seule variait. Le noyau de la vis, peu visibre, n'en recevait aucune. En revanche, sur le potean d'angle, les potelets et les garde-fous des rampes et galeries, le sculpteur se plaisait, à déployer la richesse du style flamboyant.

Dans le poteau ont été taillées des colonnes superposées à bases et chapiteaux ornés de feuillages et fûts couverts de rosaces inscriptibles au losange ; des niches à dais abritant les statues de saint Nicolas, saint Christophe et en amortissement saint Michel terrassant le dragon. Les potelets sont aussi revêtus de torsades perlées, d’imbrications losangées et de figurines. Ailleurs, on voit des buveurs pleins de verve, en costume du XVIème siècle, Samson luttant avec le lion ; l'ivrognerie et la force, sujets de choix des artistes bretons parmi les vertus et les vices.

Quelques autres maisons anciennes méritent d'être citées pour des détails de façade. Beaucoup de pignons ont été entièrement recouverts d'ardoises :

Place des Halles, N° 3, sculptés dans les goussets, un sonneur de corn-bond — sorte de clarinette — et des crochets terminés, par de larges rosaces, motif qui se répétera souvent.

Grande-Rue, Nos 27, 25 et 30, crochets à rosace.
— N° 32, saint Jean-Baptiste, le Christ avec la croix de résurrection ; au second étage, sainte Marguerite avec son dragon et une représentation intéressante de sainte Anne montrant dans son giron la Sainte Vierge entourée d'une gloire, comme celle du vitrail de l'église Notre-Dame à La Ferté-Milon, c'est l'interprétation probable, ainsi que l'a montré M. Mâle, d'une gravure du livre d'heures de Simon Vostre (1510), inspirée de la thèse de Trithenheim, sainte Anne aussi pure que sa fille.
— N° 26, la Vierge allaitant l'Enfant ; un saint évêque.
— N° 19, au premier étage, saint Christophe portant l'Enfant Jésus; au second, sainte Catherine et saint Georges ; au troisième, saint François d'Assises et un saint évêque.
— N° 17, crochets à rosaces.
— N° 15, saint Jean et l'agneau, personnage familier, crochets à rosaces.
— N° 9, façade assez bien conseirvée : colonnettes flamboyantes sur bases à pans, avec chapiteaux, taillées dans le pan de bois. Au premier étage, dans des niches, l'Annonciation ; au second, saint Jacques le Majeur et son bâton de pèlerin, saint Laurent et son gril, saint Nicolas et le saloir aux enfants, sainte Barbe et sa tour.
Cette maison possède encore son escalier, disposé d'une façon semblable à celui de la rue du Mur. Mais, comme au n° 14, les rampes qui relient la vis aux galeries sont droites. Celles-ci sont d'ailleurs, très courtes. Le poteau d'angle, divisé en colonnes par des bases à pans, dais à accolades, crochets et fleurons frisés, est amorti par une statue de saint Jean l'Évangéliste.
— N° 14, façade analogue, moins les statues. C'est dans cette maison qu'on pouvait admirer, il y a très peu d'années, un magnifique escalier plus riche encore, sinon plus gracieux, que celui de la rue du Mur, et dont la disposition ne différait que par deux points. Les rampes qui conduisaient aux pondalez étaient droites au lieu d'être courbes ; de ce fait, il lui manquait quelque chose de l'élégance du premier. Une cloison sculptée à jours régnait au rez-de-chaussée sous les galeries de la rampe du premier étage.
Ce joyau, démonté par les soins de son propriétaire, aurait été transporté dans les environs de Saint-Malo, d'où il prendra sans doute le même chemin que son voisin d'autrefois ou que l'angelot du Lude. Quels que soient, les motifs d'une pareille détermination, le goût, le respect de l'histoire et l'amour de la cité s'accordent pour la condamner.
— N°. 10, adossés aux poteaux corniers, sous dais flamboyants, saint Antoine et son cochon, saint Jean-Baptiste et sa peau de bête. Colonnettes à imbrications, torsades, etc. Le rez-de-chaussée de cette maison, comme celui du n° 8 et plusieurs autres que nous venons de voir, présente un bon exemple de boutique de la fin du moyen âge, avec sa large baie pour l'étal et sa porte basse sur le côté.

Note : Aux coins de la rue Notre-Dame, on remarque un sonneur de biniou et un personnage burlesque.
En suivant la rue Carnot, que des contemporains ont connue entièrement bordée de maisons anciennes, nous arrivons à la rue Ange-de-Guernisac, ancienne rue Saint- Melaine, qui en contient encore quelques-unes, comme le n°. 41, décore des statues de saint Jean-Baptiste, de sainte Barbe, d'un évêque, de saint François d'Assises, et le n° 12, remarquable par son poteau cornier.
Au n° 10, on verra un escalier de bois, toujours du même type, mais d'ornementation Renaissance. La vis, exceptionnellement, est au fond de la lanterne au-lieu d’être à l'entrée. La partie inférieure du poteau d’angle est une colonne corinthienne ornée d'enroulements de laurier. Au-dessus, les statues de la Sainte Vierge et de saint Pierre sont renfermées dans des niches à dais formées d'enroulements adossés. La hotte de la cheminée de granit qui chauffe la lanterne possède un fronton courbe avec tête casquée sortant du tympan.
Il faut voir aussi la venelle au Son et la rue Longue-de-Bourret. Sur le quai de Tréguier, à côté du viaduc, il y avait, jusqu'à ces dernières années, tout un alignement de maisons de bois, montées sur portiques, formant rue couverte du plus curieux effet. Elles ont été stupidement détruites.
Les maisons de pierre sont plus rares et moins anciennes. L'hôtel de François du Parc, conseiller au Parlement de Bretagne, en bordure des escaliers de l'église Saint-Melaine, et l'hôtel Kergos, sur le quai de Tréguier, furent construits au XVIIème siècle en schiste ardoisier appareillé, avec chaînages de granit.

(Par le Vicomte Alfred DE LA BARRE DE NANTEUIL).

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