Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

LA GUERRE A MORLAIX EN 1870-1871

  Retour page d'accueil       Retour Ville de Morlaix   

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

*** LA GUERRE DE 1870-1871. ***

Note : La guerre franco-allemande de 1870-1871, parfois appelée guerre franco-prussienne, guerre de 1870 ou guerre de Septante, est un conflit qui oppose, du 19 juillet 1870 au 29 janvier 1871, la France à une coalition d'États allemands dirigée par la Prusse. Victoire allemande. La paix est signée le 10 mai 1871. Le traité de Francfort mit fin à la guerre franco-allemande de 1870-1871 et amputa la France de deux territoires : l'Alsace et la partie de la Lorraine correspondant aujourd'hui au département de la Moselle. Proclamation de l'empire allemand. Chute de l'empire français et capture de Napoléon III.

Bretagne : Histoire, Voyage, Vacances, Location, Hôtel et Patrimoine Immobilier

Le début de juillet 1870 avait été très joyeux.

Le 3, une quarantaine d'élèves de la corvette « Heimdal » (marine de guerre danoise) mouillée en rade de Brest, étaient venus visiter Morlaix. Ils s'étaient restaurés très convenablement à l'Hôtel de Provence. Puis les courses avaient animé la ville pendant quatre jours consécutifs. Le samedi 9, concert au théâtre par Hermann Léon et Madame Gaveau Sabatier ; grande retraite aux flambeaux avec illumination du viaduc et de la mairie aux flammes de Bengale. Le dimanche 10, courses à Langolvas, jeux sur la place et le soir, danses bretonnes, feu d'artifice au champ de foire du Pouliet. Le lundi 11, deuxième journée des courses avec distribution des prix devant le péristyle de l'Hôtel de ville. Grand bal sous les halles. Le mardi, 12, bal d'enfants.

L'écurie Cillard (de Carhaix) pour les courses de galop et les chevaux de Person (de Plestin) pour les épreuves de trot avaient été les grands triomphateurs de ces journées hippiques. On avait remarqué les nouvelles toilettes où la crinoline, en décroissance depuis quatre ans, avait totalement disparu. Déjà s'annonçaient les retroussis et les « tournures » qui devaient donner une silhouette si étrange aux femmes de 1875.

Ces réjouissances venaient à peine de prendre fin, que la dépêche d'Ems alerta l'opinion. On ne doutait pas d'une victoire foudroyante, aussi, lorsque la déclaration de guerre fut connue à Morlaix, ce furent des cortèges avec drapeaux, des cris « A Berlin » et un enthousiasme spontané ! Le soir. le coucher de soleil fut impressionnant. Le ciel entier s'embrasa et apparut d'un rouge sanglant. On y vit un présage d'hécatombes !

Le 16 août, précédés des tambours et du drapeau, les mobiles de l'arrondissement firent leur entrée en ville. acclamés par la foule. Ils étaient bien dix-huit cents et chantaient de vieux airs bretons. On les logea dans les trois casernes. Comme il n'y avait pas assez de lits, ils couchèrent sur de la paille fraiche.

Cent trente-cinq engagés volontaires s'inscrivirent pour l'armée active dans les trois premières semaines de guerre. Dès l'annonce de nos désastres, ce chiffre s'éleva à deux cents.

A la fin d'août, on apprit que le général Le Flô. qui résidait au château du Nec'hoat, était appelé à Paris, par ce même ministre de la Guerre qu'il devait remplacer quelques jours plus tard dans le gouvernement provisoire présidé par Trochu.

Les événements m'étaient tragiquement précipités. Le public ne s'en rendait compte qu'avec un certain décalage. On ne pouvait pas croire encore à la défaite. Ils étaient si beaux ces soldats aux poitrines bombées, ces officiers à longues moustaches que les enfants admiraient sur les images d'Epinal !

L'annonce de la capitulation de Sedan et de la captivité de l'Empereur jeta la consternation. L'Empire avait toujours de fermes partisans et ses fastes unis à une prospérité financière lui valaient l'attachement d'une partie de la société bourgeoise et d'une fraction importante des milieux ruraux.

La proclamation du nouveau régime eut lieu le jeudi 8 septembre. sur la place de l'Hôtel de ville. Les tambours battirent « Aux Champs » ; le maire. M. Desloge, donna lecture du procès-verbal de la délibération du Conseil municipal réuni le 7, et, proclama solennellement la République. Des vivats se firent entendre, puis la « Marseillaise » gagna la foule.

La veille au soir, les mobiles de l'arrondissement étaient partis par le train de 10 h. 1/2 clamant le « Chant du départ ».

La garde nationale fut dotée d'un uniforme dont la description parut dans la presse : Képi bleu à bande écarlate ; tunique à deux rangs de boulons, collet, parements de manches et pattes d'épaules rouges ; pantalon bleu foncé à passepoil rouge.

Les nouvelles de plus en plus mauvaises suscitaient des manifestations d'ordres divers : Le 2 octobre une procession partit de Notre-Dame du Mur à deux heures de l'après-midi, conduite par le curé-archiprêtre de Saint-Matthieu. La croix et la bannière de Saint-Martin ouvraient la marche, suivies des congrégations de femmes, des associations de mères chrétiennes, des élèves des frères, puis une longue théorie de jeunes filles : huit cents environ, vêtues de blanc, escortant la vénérable statue. Le clergé et les fidèles suivaient en masse. Après une heure de marche, on atteignit le couvent de Saint-François Cuburien, où l'aumônier, l'abbé de Kermenguy, accueillit le cortège. Un arc de triomphe était dressé au bas du chemin de la Salette et la procession gravit lentement la rampe escarpée. Lorsque la foule, évaluée à douze mille personnes fut rassemblée dans la belle avenue ombragée de Pennélé qui domine le cours de la rivière, l'abbé Guéguénou, recteur de Saint-Martin, harangua les fidèles avec une émouvante éloquence.

Deux jours plus tard, une réunion se tint chez M. Vichot pour la formation d'une compagnie de francs-tireurs. Presque chaque semaine, le journal de Morlaix publiait des poésies patriotiques d'auteurs régionaux : Evariste Carrance, G. Morvan, commandant du port ; Docteur Geffroy, de Morlaix ; Docteur Liscaot, de Saint-Pol.

Le 7 novembre, les francs-tireurs partirent pour rejoindre l'armée de Bretagne au camp de Conlie et un comité de dames se forma pour recueillir des objets à leur intention. Il se composait de Mesdames de Meynard, d'Amphernet, Dulong de Rosnay, du Bourquel, Bienvenue, Jamain, de la Villesbrel, de Gouzillon, de Lescoët, Le Bris, Vichot, Le Vacher, Ed. Puyo, Braouézec, Grésy, Guégot de Traoulen et Lannurien.

Dans chaque foyer, on travailla sous l'abat-jour des lampes à pétrole, tandis que pétillaient les grands feux de bois dont les reflets creusaient des ombres aux plis des rideaux et des alcôves.

L'hiver s'annonçait comme devant être glacial. On le sentait déjà venir en cette fin de novembre où la garde nationale quitta la ville après avoir fait bénir son drapeau. Quelques jours plus tard, elle était décimée à la sanglante attaque de l'Hay. On recevait des lettres de l'armée de la Loire, où se battait le morlaisien Tanguy qui me raconta en 1938 sa rencontre avec le général Chanzy et qui, tout comme son compatriote Fournis, devait voir passer en 1939 l'armée anglaise dans les rues de Morlaix, se dirigeant vers ce front de Lorraine où se trouvait son petit-fils.

Le 16 décembre, un premier convoi de quatre-vingt-trois blessés arriva en gare. Des voitures particulières les transportèrent à l'ambulance des Jacobins. Il gelait à pierre fendre ! Les sœurs du Bon-Secours et des dames auxiliaires s'empressèrent autour des malheureux grelottants qui avaient fait la retraite héroïque.

La garde nationale sédentaire était commandée par Lefebvre. Les consignes étaient parfois bouffonnes ! Des bourgeois morlaisiens étaient juchés sur la plate-forme supérieure de l'Hôtel de ville afin de surveiller les mouvements ennemis en rade ! Notons que de ce belvédère, on aperçoit à peine le pont tournant entre les piles du viaduc. Aussi, n'ayant rien à voir, ces braves gens apportaient de quoi se désaltérer et les bouchons de champagne imitaient la canonnade et les consolaient de leur inaction.

Enfin la triste guerre prit fin : le 14 mars 1871, on vit revenir les mobiles, bloqués jusque-là dans Paris assiégé, et le 23 mai, après la Commune, le public, quai de Léon, regarda passer Blanqui, l'insurgé, que l'on conduisit aux écluses pour être embarqué dans une chaloupe à destination du Château du Taureau.

Puis chaque chose reprit sa course normale : en juin, M. G.-E. Puyo fut nommé maire de Morlaix, puis on s'intéressa à la libération du territoire, et tandis que les lithos en couleurs représentant les combats de l'année terrible se vendaient dans tous les bazars, la jeunesse fredonnait les chansons de Dérouléde !....

(J. de Trigon).

© Copyright - Tous droits réservés.