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HISTOIRE DE L'EGLISE SAINT-MELAINE DE MORLAIX

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L'église Saint-Melaine n'est pas d'un intérêt exceptionnel, mais elle constitue un point de repère utile, étant assez bien datée.

Son nom lui vient d'un prieuré, dépendant de l'abbaye bénédictine de Saint-Melaine de Rennes, fondé dans la première moitié du XIIème siècle par Guyomar, vicomte de Léon, sur l'emplacement d'une chapelle de Ploujean, dédiée à la Sainte Vierge. Un faubourg de Morlaix se construisit peu à peu autour de l'église, déjà érigée en paroisse au XVème siècle.

Dès 1455 on se préoccupa de la reconstruire. Mais, d'après une inscription du porche méridional, ce n'est qu'en 1489 que fut commencé l'édifice actuel. En 1498, l’œuvre était confiée à Estienne Beaumanoir, Thomas et Jehan le Malyou, Jehan Gourcuff, Pezron le Besque, Yvon, Rolland et Yven le Boceur, tailleurs de pierre, et la charpenterie à Jehan le Diouguel.

Le, devis du chevet était établi le 17 février 1500 [Note : Archives du Finistère, série G, cité par Godefroy : Dictionnaire de l'ancienne langue française .... t. VII, p. 545 : « Le devis de faire le pignon susain de l'église parochielle de Sainct-Melaine »]. Enfin, la tour du clocher n'aurait été terminée qu'en 1574, au témoignage d'Albert le Grand, presque contemporain.

 

Intérieur. — Le plan comprend une nef et deux bas-côtés divisés en sept travées non voûtées et adossés à un chevet plat, que le tracé de la rue a obligé l'architecte de monter obliquement. Un clocher d'angle occupe la première travée du bas-côté sud.

Les piles cylindriques, sans chapiteaux, reçoivent en pénétration les cavets des grandes arcades en tiers-point dont les clefs sont ornées d'écus martelés en 1792. Le profil flamboyant des bases unit par une contre-courbe une arête au talon inférieur.

L'éclairage direct de la nef se borne à quelques lucarnes ménagées dans le comble. Une haute baie en plein cintre, percée dans le chevet, y contribue également. Un lambris moderne en berceau surbaissé, lié par des aisseliers courbes et une lierne faîtière, cache la charpente, dont on ne voit que les entraits engoulés sans poinçons.
Les sablières, creusées en cavet, conservent à la retombée de chaque aisselier un motif décoratif en relief : feuillage, tête ou buste burlesque, et s'assemblent aux extrémités avec des blochets où le sculpteur a taillé des anges porte-écus.

Une baie barlongue sous linteau surbaissé s'ouvre dans le chevet au fond des bas-côtés divisés en fausses chapelles latérales par des contreforts intérieurs où viennent s'adosser les autels et des enfeus, méthode économique qui fut en honneur dans le Midi et dans les églises rurales de la région troyenne. Il n'y a que trois chapelles dans le bas-côté sud, à cause du porche méridional qui en occupe l'emplacement à la hauteur des deuxième et troisième travées. La première sert de base au clocher carré, dont les arcades donnant sur la nef et le bas-côté sont renforcées d'une troisième voussure. Au nord, on compte quatre chapelles et le renfoncement des fonts.

Les collatéraux sont lambrissés en demi-berceau brisé, pénétré par les berceaux transversaux des fausses chapelles latérales. La décoration en est plus soignée dans les premières travées. Aux sablières, traitées comme celles de la nef, le sculpteur a ajouté des moines grotesques, taillés avec une certaine verve dans de larges blochets. Des clefs pendantes couvrent aussi les assemblages faîtiers des lambris.

Les enfeus sont particulièrement nombreux, à la fin du moyen âge dans les églises de Bretagne. Cela s'explique par ce fait que, depuis la fin du XIVème siècle, la noblesse bretonne vivait dans une paix relative, alors que la guerre de Cent Ans décimait celle des provinces voisines. Les prééminences pullulèrent. Ici des enfeus ont été creusés sous chaque baie dans les murs de fond des chapelles et au revers de chaque contrefort intérieur. Sauf un, qui est tracé en arc surbaissé, ils présentent tous, sous un cordon en accolade à crochets frisés et pinacles latéraux, des moulures toriques à filets saillants, à gorges profondes et à contre-courbes retombant sur des bases prismatiques.

A la fin du XVIIème siècle, l'église était encore pavée de tombes plates qui n'existent plus.

 

Extérieur. — La façade occidentale, à laquelle on accède par un large escalier de trente-huit marches, qui faisait, en 1636, l'admiration de Dubuisson-Aubenay, est peu importante. Une porte en arc brisé, moulurée comme il vient d'être dit, encadrée par un cordon accolade à crochets, pinacles et fleuron, s'ouvre au bas du pignon, sous une baie flamboyante à deux meneaux.

Plus bas, de chaque côté, une petite baie élancée, à meneau unique et sans redents, éclaire chaque bas-côté dans l'axe. Le clocher carré est planté de façon à ne pas faire saillie sur la façade.

Ses quatre angles sont épaulés par des contreforts obliques, y compris la pile sur laquelle portent, à l'intérieur de l'église, les arcades des faces nord et est. Ces contreforts ne dépassent pas le rez-de-chaussée et ne soulagent pas l'encorbellement de la plate-forme, qui repose simplement sur les trois assises en retraites, décorées de feuillage, que l'on retrouve un peu partout dans la région. Ainsi rien ne dissimule les arêtes vives de la cage, percée sur chaque face de deux baies en tiers-point, étroites, recoupées par trois traverses horizontales.

Collée sur la façade occidentale, dans l'angle du contrefort nord-ouest, une tourelle d'escalier cylindrique, chargée de bandeaux-larmiers, monte de fond jusqu'à la balustrade flamboyante. La flèche en charpente est moderne.

Les profils des baies de la façade et du clocher sont faits de cavets successifs et d'arêtes intermédiaires.

Les élévations latérales présentent une suite de pignons correspondant aux toits transversaux deà chapelles latérales et du porche. L'élévation nord est englobée dans l'enclos du presbytère. L'élévation méridionale comprend, d'ouest, à l'est, le clocher, la saillie du porche et trois pignons de chapelles à décrochements successifs jusqu'au chevet. Les deux derniers sont retouchés.

Le porche s'ouvre dans un pignon pareil, appuyé par des contreforts d'angle assez bas, décoré d'un fleuron et de crochets frisés à la pointe et aux rampants, et de gargouilles aux sommiers. La porte en tiers-point, à double ébrasement mouluré et l'inscription gothique tenue par deux anges sculptés en haut relief au centre du gâble, l'une et l'autre encadrées d'un cordon en accolade fleuronnée à pinacles et crochets, composent à l'extérieur un ensemble plus riche qu'à Saint-Jean-du-Doigt, où les bénitiers extérieurs, qui manquent ici, interrompent seuls la nudité du mur.

L'inscription est ainsi conçue :

L’an : mil : quatre : centz : quatre :
Vingtz : neuff : fut : comancée :
Ceste : église : de : par : Dieu :

A l'intérieur, le porche est recouvert d'un simple lambris en berceau brisé, dont les sablières, les clefs pendantes et les blochets sont ornés de bouquets de feuillage et de personnages monstrueux ou burlesques. Dans le mur de fond, entre deux portes en accolade à fleurons et crochets frisés, un bénitier flamboyant, à dais hexagonal, se détache en encorbellement sur le trumeau, Rien de plus fréquent, mais il faut remarquer la niche à dais qui le surmonte et fait corps avec lui. A Saint-Jean, un châssis de bois ouvrant, simplement posé au même endroit, fait, le même office à moins de frais. Cette niche, qui contient actuellement une statue de la Vierge à l'Enfant du XVIème siècle, divise en deux le tympan encadré par une arcade en tiers-point.

Le 10 mars 1610, il avait été passé marché pour 128 livrés avec Hervé Lozac'h pour peindre le porche, les douze apôtres sur les côtés, et sur le tympan du fond la Salutation angélique, sous l'histoire de la vie de saint Melaine. Il ne reste de cet ensemble que des fragments visibles sous les retouches du fond, la Salutation angélique, et dans les écoinçons à droite et à gauche de l'arcade, saint Melaine délivrant un possédé et bénissant un fidèle.

Les moulures de l'archivolte se composent de tores, de baguettes, de gorges et de contre-courbes. Les corbeilles rondes des chapiteaux des colonnettes sont garnies de folioles espacées.

Enfin, les impostes des portes de bois ont été conservées et portent l'inscription suivante, à laquelle manque fâcheusement le nom de l'artiste :

…a : fait : ces : deux huis : : vs : ici :
…nes : ges : pri : es : Dieu : pour lui.

Nous savons, d'après un aveu de 1677, que l'église flossédait « un reliquaire d'attache », c'est-à-dire un ossuaire, bâti probablement en appentis sur la façade méridionale à droite du porche.

 

Mobilier. — Le mobilier de l'église compte deux morceaux intéressants : les orgues et les fonts-baptismaux.

Les panneaux de boiserie de la tribune, richement sculptés dans le style flamboyant, doivent appartenir au commencement du XVIème siècle, mais le buffet des orgues est très postérieur. Saint-Melaine, comme l'ont prouvé les recherches de M. de La Rogerie, acquit successivement des orgues, en 1585 ou 1586, au Flamand Arnould Smidt, facteur ambulant ; en 1680, aux Dallam, que nous retrouvons les uns et les autres à Saint-Jean-du-Doigt, et, en 1722, au Morlaisien Noroy. Ici, les remaniements ont été complets et les deux jeux, analogues à ceux de Guimiliau, Ploujean, Lampaul, Pleyben (1688), Sizun, etc., datent probablement de 1722.

Les fonts baptismaux, placés dans un renfoncement de la deuxième travée du bas-côté nord, sont couverts par un baldaquin de la Renaissance, en bois, composé et sculpté avec goût. Le premier ordre présente, sur quatre colonnes corinthiennes aux fûts couverts de pampres, un entablement à huit pans, inscrit dans le même cercle que le carré, formé par les supports. Aux quatre sommets en porte-à-faux, une clef pendante reproduit le chapiteau. Des chimères à tête de femme, affrontées, dessinent une accolade sous chaque pan. Le second ordre, en retraite, dont le dôme surmonté d'un lanternon s'appuie sur huit colonnes ioniques cannelées, abrite les statues de saint Pierre, saint Paul, saint Melaine, un saint évêque et les quatre évangélistes.

La cuve des fonts est moderne et a remplacé une cuve à déversoir, en granit, l'une et l'autre octogones, comme à Saint-Jean-du-Doigt, dont les restes sont conservés dans le jardin du presbytère, et que Guilhermy et M. de Wismes ont décrits en 1848 et 1851. Darcel en a publié un croquis en réponse à la question suivante de M. d'Arbois de Jubainville : « A-t-on signalé quelque part l'existence d'un de ces vases qu'un procès-verbal du 26 février 1527 appelle crater seu discos in quo suscipitur lotium seu urina baptisandorum infantitun ? ». Il aurait pu en citer beaucoup d'autres exemples sans sortir du voisinage : Saint-Jean-du-Doigt, Roscoff, Lanmeur, Lampaul-Guimiliau, Pleyben, Penmarc’h, etc., etc. Mais je n'en ai pas rencontré d'antérieur à l'époque flamboyante, tout au moins en Basse-Bretagne. Le même principe préside à la division des fonts modernes en deux compartiments.

On remarquera, dans une niche haute, une Mise au tombeau à rapprocher, malgré ses petites dimensions, des sépulcres de Saint-Thégonnec, Lampaul-Guimiliau, etc.
En outre, parmi la statuaire rustique et tardive, on peut citer, dans le bas-côté nord, un saint Yves, sainte Anne, sainte Marguerite, saint Avertin ; de part et d'autre du maître-autel, saint Melaine et saint Pierre ; dans le bas-côté sud, saint Jean de la Croix, sainte Rose de Lima, saint Mathieu, saint Jean l'Évangéliste.

Le tabernacle, sculpté en 1561 par Jacques Chrétien, « tailleur d'images » de Morlaix, et la « pièce sur l'autel de Madame sainte Anne », faite par Jean Bertouloux en 1646, n'existent, plus ; non plus que la cloche fondue en 1664 par le protestant, Paul Bourdon.

(Par le Vicomte Alfred DE LA BARRE DE NANTEUIL).

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