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Saint-Mathieu était un prieuré de fondation ancienne, dépendant de l'abbaye bénédictine de Saint-Mathieu, au nord de Brest, et transformé, comme Saint-Melaine, en église paroissiale. Quoique hors des murs, lors du voyage de Dubuisson-Aubenay, elle desservait la ville close. On s'occupa de la rebâtir à la fin du XVème siècle. En 1548, la tour fut commencée par Yves Croazec, qui mourut ayant d'avoir achevé son œuvre. Guillaume Crehif lui succéda, et plus tard, de 1580 à 1582, Michel le Borgne, constructeur de l'oratoire de Saint-Jean, et Augustin Pen travaillèrent aux parties supérieures. Enfin, en 1601, Guillaume Guezennec dressait « les moles » pour tailler les pierres du dôme. Ce dôme, qui passait pour surcharger la tour, fut démonté à la fin du XVIIIème siècle. Quant à l'église elle-même, elle fut négligée, démolie et remplacée, en 1821, par l'édifice actuel, qui ne présente aucun intérêt.

Il ne reste que la tour carrée, épaulée à chaque angle de contreforts en équerre. Le soubassement d'Yves Croazec en est la meilleure partie. Au-dessus d'une ligne de rosaces et de mascarons, dans un grand espace vide limité par deux fortes moulures, une haute banderole décore toute la face occidentale, jusqu'en arrière de ses contreforts. Elle porte en caractères romains l'inscription suivante :

LAN : MIL : CINQ : CENTS : QUARANTE : HOVICT : LE DIXIESME : JOUR : DE : JULLET : FUT : COMMECE : CESTE : TOUR : EN LHONEUR : DE DIEU : DE : NOSTRE : DAME : ET : DE : MONSEIGNEUR : SAINCT : MAHE.

Palustre trouvait à cet ornement un grand caractère. C’est le développement d'une idée déjà appliquée à la porte occidentale de Notre-Dame de Guingamp.

Sur la façade ouest, entre les contreforts, deux pilastres inoccupés indiquent l'abandon du plan primitif à la mort de Croazec. Ses successeurs élevèrent un monument massif, très inférieur au clocher de Plouaret, par exemple, commencé à peu près à la même époque, en 1554.

Des niches disposées sans goût, dont certains frontons s'infléchissent en pointe par le milieu de l'arc ou de la base, de lourds boutons de feuillage en relief sur les contreforts constituent la décoration.

On entre dans le clocher par une porte en plein cintre, percée dans le contrefait oriental de la façade, entre deux colonnes corinthiennes qui ne supportent rien. Des feuillages épais dans la voussure perpétuent grossièrement la tradition gothique. La tourelle d'escalier, dans un angle voisin, monte jusqu'à la cage : à ce niveau s'ouvre, sur la face est, une galerie de petites arcades en plein cintre retombant sur des piliers, dont l’effet est assez heureux.

La cage, visiblement construite avec toute l'économie possible, est dépourvue d'ornement. Deux baies très étroites et cintrées, à large ébrasement sans moulures et à traverses horizontales, s'ouvrent sur chaque face.

(Par le Vicomte Alfred DE LA BARRE DE NANTEUIL).