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L'EGLISE ROYALE COLLEGIALE NOTRE-DAME DU MUR

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L’orthographe du mot Mur, dans Notre-Dame-du-Mur, n’est pas exacte et a induit en erreur un grand nombre de personnes qui ont cru que cette église tirait son nom du mur du château près duquel elle était située, et dont elle était la chapelle, et que sa dénomination latine devait être Sancta-Maria-de-Muro-Castri. Mais le nom que lui donne le peuple de toute antiquité, détruit entièrement cette erreur ; il l’appelle en breton Itron-Varia-ar-Veur, qu’on peut traduire en latin par Sancta-Maria-Major et en français par Notre-Dame-la-Grande ou Sainte-Marie-Majeure. Telle est l’opinion du P. Albert le Grand qui avait fait beaucoup de recherches sur les antiquités de Morlaix et qui écrit toujours Notre-Dame-le-Meur. Le mot Meur au sens de Grand est perdu dans notre breton et ne se trouve plus que dans des composés comme meurbed, Meur-Maccon, Portz-Meur, Cleuz-Meu, etc... 

Cette église n’était primordialement qu’une chapelle que le duc de Bretagne, Jean IIème du nom, fit bâtir dans l’enceinte de son château de Morlaix. Il en posa la première pierre, en 1295, le jour de l'Assomption, en présence de cinq évêques, ceux de Rennes, Guillaume de la Roche-Tanguy, de Nantes, Henry, de Dol, Thébaud de la Guerche, de Léon, Guillaume de Kersauson, de Tréguier, Geffroy de Tournemine.

Le portail que le jacobin Albert le Grand trouve magnifique, ne fut commencé que soixante-un ans après. Jean IV en fut le fondateur et y posa la première pierre ; sa tour fut commencée vers les premières années du XVème siècle et la dédicace solennelle de l’église ne se célébra que 173 ans après sa fondation. Ce fut Mgr. Christophe du Châtel Trémézan, évêque de Tréguier, qui en fit la dédicace à Notre-Dame-du-Mur.

La reine Anne en confirma et ratifia la fondation, en 1504, (par acte du 4 octobre) et y ajouta deux enfants de choeur. Cette église communiquait au château par une galerie dont la porte donnait dans l’église. 

La construction de cette église est singulière, et sa tour mérite surtout l’attention par la délicatesse d’un travail à jour en fleurs de lis, en hermines et en étoiles ; elle fut bâtie aux dépens de la ville, qui y affecta longtemps une partie de ses revenus ; on la continuait encore, en 1533 [Note : En 1426, on mit entre les mains des procureurs nobles 200 livres pour la construction de la tour du Mur, lors nouvellement encommencée].

Elle était jadis plus élevée, mais le tonnerre en ayant abattu quelques brasses, on en diminua l’élévation, au mois de mai 1618 ; Albert le Grand qui pouvait avoir été le témoin oculaire de l’événement, dit que l’orage fut si violent « qu’on pensait la fin du monde estre venue ».

Cette même année, on fit une quête publique dans la ville pour la réparation du clocher et la ville y a souvent fait les réparations nécessaires.

Le chapitre fut originairement composé [Note : Marc le Dizeuls, chanoine doyen du Mur. Eclaircissement apologétique du dessein de rétablir la fondation du Mur, mémoire imprimé, en 1671, pages 3 et 4 — voir aussi le mémoire des chanoines imprimé, en 1752, page 1] d’un prévôt, premier et seul dignitaire, de huit chanoines, d’un diacre et d’un sous-diacre d’office, de deux suppôts ou chantres, d’un maître de psalette, de quatre enfants de choeur, d’un organiste, d’un bedeau, et autres officiers pour servir au service divin.

Le duc fondateur assigna pour desservir cette fondation une somme de 200 livres monnaie ou 240 livres tournois sur son domaine de Morlaix, « en attendant de faire autre fondation meilleure et plus commode ». Voici les termes du la fondation cités par le mémoire apologétique de 1671 : « Cette somme, dit le mémoire, fut assignée, moitié sur les impôts et billots et moitié sur les ports et havres et faisaient alors la moitié de ces deux fermes ». Si le fait est vrai, cette somme équivaudrait au moins à celle de 30,000 livres. Il est un autre fait : l’église du Folgoët (voir les 2 mémoires) fut dotée de quatre-vingts livres qu’on lui donna en terres et en blé, elle retirait six mille livres, en 1671, et aujourd’hui elle vaut environ dix mille livres, ce qui encore équivaut à la même somme de trente mille livres, puisque ces quatre-vingts livres ne faisaient que le tiers de celle de deux cent quarante livres donnée au Mur ; mais ils ne pensèrent plus sans doute à cette réassignation de fonds. Les rois de France ayant cédé à la ville les droits d’impôts et billots pour l’entretien du fort du Taureau, le total de la somme de deux cent quarante livres fut depuis assigné sur les ports et havres, le prix du marc ayant depuis centuplé et cette somme fixée en argent étant toujours restée la même, cette fondation, qui alors était considérable, a diminué au point qu’elle ne pouvait même suffire à l’entretien d’un simple suppôt.

La ville songea souvent à rétablir la fondation du Mur dans son ancien éclat ; ce projet fut formé dès le temps du premier Dauphin, qui fut duc de Bretagne, et les preuves en sont aux archives de l’église qui s’est enrichie plusieurs fois des dépôts de la fabrique. On en fit de nouvelles propositions, en 1571 [Note : Voir Mémoire de Marc Le Dizeuls, page 6 où il dit : « L’on en a trouvé dans les archives de l’église tous les mémoires et l’on en voit encore les requêtes qui furent présentées au Dauphin, duc de Bretagne »]. Les archives de l’église en ont encore la preuve dans les délibérations prises alors par la communauté. Les mêmes archives fournissent les preuves que ces mêmes desseins furent renouvelés par la ville, en 1620.

En 1624, on renouvela la même proposition ; l’avis unanime du corps de ville fut de la poursuivre, il nomma et entretint à ses frais à la cour un député pour tâcher de terminer cette affaire. En 1648, on reprit encore cette affaire et elle fut suivie, en 1652, 1653 et 1654 [Note : Voir Mémoire de Marc Le Dizeuls], mais comme sans doute on n’y mettait point assez d’activité, le prévôt la hâta et obtint, en 1656, du roi le quart des deniers d’octroi. On réclama hautement contre cette surprise, qui pouvait avoir des suites, et les habitants réclamèrent, contre ces moyens toujours odieux, l’autorité des Etats. Le doyen Le Dizeuls fait tout son possible pour prouver à sa manière que l’on peut employer toutes sortes de moyens pour parvenir à une bonne fin, ce raisonnement n’est pas tout-à-fait juste, mais il prouve invinciblement que le démon qui est un impie, est seul l’auteur de toutes les oppositions que le prévôt essuya en cette occasion ; que son règne était passé si jamais les chanoines du Mur pouvaient jouir d’un revenu considérable ; qu’il le sentit si bien qu’il usa alors des mêmes artifices, dont il se servit pour traverser l’établissement de la religion chrétienne.

Voici ce passage des mémoires : « L’on ne doit pas fort s’estonner que l’ennemy naturel de la piété s’y soit encore meslé pour la traverser ..... Ce dessein étoit assés saint et assés contraire aux intérêts ordinaires de cet impie, pour mériter qu’il essayât de le troubler ; il faut donc encore susciter des orages et des tempestes pour dissiper toute cette belle entreprise ...... cet esprit de troubles et de factions veut jetter du désordre et de la division parmi les esprits de la ville ....... sans parler des faussetés qu’il fit autrefois recevoir à toute la terre contre la sainteté de toute la religion et l’établissement des premières églises de la chrétienté ».

On est sans doute étonné de voir assimiler l’histoire très-indifférente du plus ou moins grand revenu des chanoines du Mur à l’objet essentiel de la fondation du christianisme ; soit que le diable fût aussi surpris de voir assimiler deux choses aussi disparates, soit plutôt qu’il se soit rapatrié avec les chanoines, il ne traita plus d’égal à égal avec eux, cessa de traverser leurs affaires et les parties commencèrent à sa rapprocher.

Il faut s’en rapporter aux chanoines eux-mêmes sur l’état de dégradation et d’anéantissement où se trouvait alors cette église. L’office canonial ne s’y récitait plus, depuis longtemps elle était desservie par des chanoines qui n’étaient plus que de simples habitués de paroisse, réduits à quatre ou cinq tout au plus, « au lieu d’être servie par des ecclésiastiques d’honneur et de mérite et par des chanoines bien réglés et bien entretenus » [Note : Voir Mémoire de Marc Le Dizeuls : Cette église est sans culte, elle est sans service divin, elle est sans office, enfin elle est sans honneur, sans âme et sans vie, page 16 etc.).

Dans ces circonstances, ils présentèrent une nouvelle requête, en 1671 ; le doyen Le Dizeuls méditait depuis longtemps ce rétablissement, il venait de faire imprimer un éclaircissement apologétique en quarante-cinq pages in-4°, pour faire voir la nécessité de ce projet, il finit en assurant la ville de la part de la sainte Vierge que si elle concourt à cette œuvre pie, elle aura « tant de richesses et de nouvelles bénédictions sur le commerce.... que par cette adventageuse multiplication, vous pourrés avoir dès cette vie en seules bénédictions temporelles la récompense de ce que vous pourrés jamais donner à la reine du ciel, à la patronne de votre église, et à la protectrice favorable de votre ville et de tout son commerce » [Note : Voir Mémoire de Marc Le Dizeuls]. 

Sans discuter si réellement cette oeuvre était profitable à l’église ou aux chanoines, dont les intérêts sont très-distincts et souvent très-opposés, la communauté, qui jusque-là avait « travaillé avec plus de zèle que de succès » au rétablissement de la fondation, reçut très-favorablement la requête du chapitre dont elle connaissait les besoins réels ; elle fut remise à l’examen des commissaires et la communauté s’étant assemblée, le 8 octobre 1671, on prit unanimement une délibération qui portait : 

« 1° Que sa majesté serait très-humblement suppliée d’accorder aux chanoines et suppôts du Mur 2100 livres, par an, [Note : Ils demandaient le 1/6 des octrois qui aurait fait alors une somme de 2451 livres 13 sols 4 deniers] en supplément de fondation pour la somme être prise sur l’octroi de sa D. M. d’un sol 6 deniers par pot de vin et 3 deniers par pot de cidre et autres breuvages, comme octroi la somme de 200 livres pour être employée à l’entretien et réparation de la dite église, laquelle ne pourra être divertie à d’autres usages.

2° Que pour assujettir davantage les chanoines au divin service sa D. M. sera très-humblement suppliée d’ordonner que les portions de la dite église seront sujettes à la pique au profit des assistans et que dans la collation des bénéfices, prébendes et canonicats de la dite église, les enfants des habitans, administrateurs temporels de l’église seront préférés à tout étranger.

3° Que pour parvenir à tout ce que dessus les chanoines se pourvoieront vers sa M. comme ils verront, sans toutefois qu’en conséquence de ce consentement de la communauté, les dits habitans soyent obligés à aucune garantie vers les chanoines sous quelque prétexte que ce soit ».

Cette délibération fut souscrite de tous les membres de la communauté, — Louis Musnier de Quatremarres, juge consul, Laurent Siochan, consul, Bernard Blanchart commissaire, Jean Oriot, Maurice de Kergroas, Guy Jégou, anciens syndics, François Le Diouguel, André Carré, Joseph Coroller, Jean Eon et Rolland Guillouzou, — contre l’usage du temps où les délibérations étaient signées par les juges présidents.

Pour mieux concevoir quelle était la bonne volonté de la ville dans ce consentement par elle accordé de la levée annuelle d’une somme de 2600 livres sur ses octrois, qui ne montaient alors qu’à 14710 livres, il faut se rappeler que les dettes de la communauté, nouvellement liquidées, en 1670, par arrêt du conseil, montaient alors à plus de 120000 livres de notre monnaie et que toutes dépenses fixes acquittées, à peine restait-il à la ville 8700 livres pour les dépenses casuelles, aussi fut-il délibéré, le 26 du même mois d’octobre, que le supplément de fondation ne commencerait à être payé aux chanoines qu’après l’extinction des dettes de la communauté.

Mais peu d’années après, on commença à leur payer la moitié de cette somme, les habitants y furent autorisés par ordonnance du duc de Chaulnes, gouverneur de la province, jusqu’à ce qu’enfin les dettes de la communauté ayant été totalement éteintes, en 1687, le roi par son arrêt du conseil de la même année, attribua au Mur, en supplément de fondation, la somme réglée par délibération de la communauté, qui est rappelée dans le dispositif de l’arrêt.

Cette somme a toujours été payée, mais la valeur numéraire de l’argent ayant successivement haussé depuis et ayant actuellement doublé ainsi que le prix de toutes les denrées, il est arrivé que, sans rien perdre de leur revenu, les chanoines sont réellement devenus plus pauvres de toute la moitié au moins de ce supplément, ce qui ne peut qu’augmenter de jour en jour.

Suivant le mémoire imprimé, en 1752, on voit qu’il ne revenait aux chanoines qu’un revenu net de 285 livres 18 sols 7 deniers par an.

L’évêque de Tréguier s’employa, en 1738, pour faire réunir au chapitre quelque bénéfice de la province, son retour [Note : Voir Mémoire de Marc Le Dizeuls] de Paris et la mort de l’abbé de Calloët, lors prévôt du Mur, qui sollicitait la même affaire, en empêchèrent le succès, les nouvelles tentatives faites, en 1752, et pour le succès desquelles la communauté s’unit au chapitre par sa délibération du 17 août, ne furent pas plus heureuses.

Le doyen Le Dizeuls pensait, en 1671, que malgré le peu de succès des tentatives faites par la communauté jusqu’alors pour le rétablissement de la fondation du Mur, « l’église n’en devait pas pour cela moins de recognoissance pour ceux qui en furent les illustres promoteurs et qu’elle en restera toujours obligée à la sagesse et au zèle glorieux qui put faire concevoir et résoudre un aussi beau dessein » [Note : Voir Mémoire de Marc Le Dizeuls]. M. Le Franc des Fontaines, abbé commendataire de Geneston, rendait, en 1752, un témoignage aussi honorable « aux sentiments d’attachement et de bienfaisance » qui animaient encore la communauté et il en cite pour preuve le nouvel acte de son adjonction au voeu du chapitre pour ce rétablissement ; mais, en 1767, la communauté ayant eu le malheur de croire que la nomination du sacristain d’une église, dont elle a l’administration temporelle, lui appartenait comme en ayant déjà souvent exercé le droit, tout changea, la communauté ne fut plus qu’un monstre dévorant qui violait les droits les plus sacrés etc.... on lui disputa même le titre de bienfaiteur qu’elle avait, il est vrai, souvent exercé, qui lui avait été donné par les chanoines, mais qu’elle n’avait jamais pris en aucun cas. Tout ce qu’on vient de lire d’après les témoignages mêmes du chapitre et ce qu’on verra dans la suite de cet article, feront voir si réellement la communauté a mérité ce titre.

Les chanoines du Mur ne furent regardés que comme chapelains jusqu’à 1629, qu’ils prirent l’aumusse. Si ce fait, cité par Albert Le Grand, est vrai, il n’est donc pas vrai que la chapelle du Mur fut dès son institution une congrégation de chanoines, on ne les trouve sur les registres de la ville que sous la dénomination de chapelains avant cette époque de 1629. L’acte primordial, cité par les chanoines dans leurs divers mémoires, affirme qu’ils étaient chanoines dès l’origine et que l’office canonial y devait être récité et célébré « comme dans toutes les églises cathédrales de leur duché ».

Par ordre de l’évêque, ils furent maintenus, dans cette qualité, par arrêt du parlement du 3 octobre 1668, qui leur donne le pas sur tous les recteurs de la ville, et enjoint à l’évêque de Tréguier, partie au procès, de leur adresser tous mandements et ordonnances pour les processions et cérémonies publiques, ce même arrêt ordonne aussi au prévôt de se faire prêtre dans six mois.

Outre les 240 livres données par les anciens fondateurs, l’église a eu depuis plusieurs fondations. Le mémoire imprimé de 1752 les fait monter à 1370 livres (voir le mémoire de 1752) y compris la fondation de la messe de cinq heures. Ces fondations portent 1070 livres en argent et cinquante quartiers de froment, évalués lors à six livres, et qui peuvent à présent l’être modérément à dix livres, ce qui peut faire monter à 1570 livres le total des fondations, on peut joindre à cela quelques troncs qui ont été enlevés par les chanoines à la fabrique, en effet, en 1735, ils se mirent on possession d’un tronc à l’entrée de l’église.

On trouve dans les registres de la ville que le roi donna, en 1669, mille livres à l’église du Mur pour faire un fonds destiné à six services annuels pour la feue reine mère, sans doute que ce fonds est compris dans le total des fondations.

Les orgues ruinées furent renouvelées, en 1670, la ville en fit seule les frais. La chaire du prédicateur tombant en ruine, la communauté, en 1710, par délibération du 21 août, ordonna la construction d’une nouvelle. Le marché en fut, par acte du 6 septembre 1710, fait avec Jean Lespagnol, sculpteur habile, qui promit de la rendre en cinq mois, elle devait être, suivant les clauses du marché, construite en bois de chêne pour les assemblages, à 6 pans de 2 pieds ½ de profondeur et avoir en tout 27 pieds ½ de hauteur. Elle devait être achevée pour le 20 février 1711 ; elle coûta 900 livres ; mais lorsqu’en 1711, on voulut la placer, les chanoines s’y opposèrent et on ne put parvenir à la placer qu’en 1720.

L’horloge du Mur a toujours été à la charge de la ville ; on en trouve les preuves dans les plus anciens registres qui nous restent, elle fut « cassée et démolie », en 1569, par le prêtre qui en avait soin (Jean Plourans sacriste et comme tel chargé du soin de l’horloge), il en coûta pour la réparer 15 livres 10 sols monnaie du temps. Les gages en étaient payés, tous les ans, ils étaient de quinze livres, en 1626, ils furent réglés par l’arrêt de 1670 à dix-huit livres et à la même somme pour l’horloger indépendamment de l’entretien ordinaire. La ville y a fait de tout temps les grandes réparations et a fait même fondre de nouvelles cloches. Il est peu d’années où il n’ait été fait à cette horloge des réparations considérables.

En 1612, on y fit pour 90 livres de réparations. En 1668 et et 1669, ces réparations montèrent à près de 500 livres. On résolut, en 1687, la construction d’une nouvelle horloge. Elle fut fondue, en 1691, aux Jacobins, par Jacques Guillaume ; elle fut portée à 3000 livres, la charpente seule coûta 100 livres, et le total de la fonte monta à 3750 livres ; en 1739, par adjudication du 25 février devant M. Daumesnil, subdélégué, on fit à cette horloge pour 1640 livres de réparations.

En 1767, la ville a entrepris de faire réparer à ses dépens le pavé de l’église, il a fallu pour cela faire sortir de la nef les bancs que la faveur, la parenté, l’intérêt, y avaient fait placer. Le chapitre y ayant donné son consentement, le procès-verbal des titres de possession a été communiqué au subdélégué et sans doute l’arrêt du conseil ne tardera pas à être rendu.

La confrérie de la Trinité, établie en Saint-Mathieu, fut transférée, lors de la fondation du Mur, en cette église. Cette confrérie de la Trinité était une association de dévotion et devint ensuite comme une compagnie de commerce composée de marchands de toiles et des tisserands, objet qui a toujours fait le principal commerce de Morlaix. Elle devint très-riche et l’église du Mur lui doit une partie de son argenterie qui jadis était marquée d’une navette ; le chef de la confrérie est appelé abbé ; la cloche de l’horloge avait été donnée par eux à l’église et s’appelait la cloche de la Trinité ; ils prétendirent, en 1618, qu’elle ne devait sonner que pour eux.

Ce corps était devenu si redoutable à la ville qu’en 1654, le prévôt du Mur, dans une apologie, se vante du gain d’un procès contre cette confrérie comme un général tirerait gloire d’une bataille dont le gain aurait sauvé l'Etat : « Ce puissant corps des abbés de la Trinité, dit-il, qui avait été jusqu’alors invincible, a été enfin terrassé, ces géants sont abattus qui avaient toujours paru si redoutables à la ville, au commerce et à presque la moitié de toute la province, et leur confrérie, cette tour inébranlable qui faisait toute leur force, leur a été enlevée des mains en un moment et portée en celles de leurs ennemis par un coup si pressé et tellement imprévu, que les uns et les autres et toute la ville mesme ont encore, longtemps après qu’il a esté porté, eu peine à comprendre comme quoi cela c'estait pu faire » [Note : Voir Mémoire de Marc Le Dizeuls] — On ne peut guère voir de plus grands mots sur de plus petits sujets ; on n’explique point dans ce mémoire l’objet qui les rendait si redoutables, on voit seulement que les texiers leur furent substitués, que la boete ou le trésor était considérable et qu’il y avait beaucoup d’abus dans le maniement de ce trésor.

La confrérie des agonisants fut érigée par bulle de Clément X ; la dame de la Villemain en fut la fondatrice ; les chanoines, le mercredi des cendres (en 1673), présentèrent à la communauté les bulles et requirent que cette confrérie fût érigée, établie et maintenue en leur église comme la principale et la plus commode de la ville, au milieu de laquelle elle se trouve située ; la communauté y donna son consentement.

Des Prévôts et Chanoines. La liste des prévôts est en partie tirée du mémoire des chanoines du Mur imprimé, en 1752. Le prévôt est le seul dignitaire du chapitre, sa dignité lui vaut par an un préciput de cent cinquante livres. - Vers 1486. Pierre de Penhoat, archidiacre de Plougastel. - 1499. Guillaume de Guicasnou, chanoine de Tréguier. - 1506. Richard Henry, recteur de Garlan. - 1533. Tanguy Le Barbu, recteur de Saint-Martin de Morlaix. - 1543. Charles Pommerot, recteur de Plouezal. - 1594, Nicolas de la Boëssière, archidiacre de Plougastel, fameux ligueur, c’est le premier prévôt qui ait assisté aux délibérations de la ville, si on peut appeler du nom de corps de ville cette chambre de la Sainte-Union qui s’assemblait aux Jacobins. - 1598. François Le Levier, recteur de Ploujean. - 1609. Pierre de Calloët, Sr. du Troffos, grand archidiacre et vicaire général de Tréguier. - 1610. François Le Levier. - 1642. Yves de Calloët, chanoine de Tréguier. Il se trouve nommé sur les registres de la communauté, immédiatement après le maire et avant les juges-consuls, et le gouverneur du fort du Taureau, lesquels ainsi que le prévôt n’y ont plus ni voix ni séance. Depuis l’extinction de la ligue jusqu’à son temps, on ne trouve sur les registres de la ville aucun prévôt du Mur ; celui-ci, frère du sénéchal, qui en cette qualité présidait alors à la communauté, y trouva facilement entrée. En 1649, il fut obligé de s’en exclure après 7 à 8 ans. Il était zélé pour le maintien des privilèges de la ville et lui servit beaucoup dans ses diverses affaires, mais plus jaloux encore d’enrichir son église aux dépens de la ville, on lui reprocha d’avoir surpris un arrêt du conseil en faveur des chanoines contre la ville. Il fit, vers 1656, imprimer son apologie où il se compare modestement à Scipion, à Annibal, à Philippe de Macédoine, etc... L’exemple de ces grands hommes le console, persécuté ainsi qu’eux, il s’est retiré des affaires, mais mieux protégé du ciel, (car Scipion n’était prévôt d’aucun temple de Rome et ne pouvait pas faire descendre sur ses ennemis la colère des dieux) il finit par faire craindre à la ville, « l’indignation du ciel et de Dieu justement irrité contre elle de l’impiété de ses avis et de ce qui a été résolu contre sa gloire et le bien de son église ». Voir la fin de son apologie. - 1686. René Oriot de la Villebasse. Les prévôts s’étant fait un titre de l’entrée de leurs prédécesseurs en communauté, et celui-ci étant fils, frère, parent ou allié de ceux qui composaient alors le corps municipal, il y fut admis ainsi que son prédécesseur ; il présida la communauté, en 1691, en l’absence da maire et des juges ; il prit, en 1702, les suffrages de la communauté sur la commission de maire, obtenue de M. de Ferrière. - 1709. Hyacinthe de Calloët, prieur de Montfort. - 1715. Jacques-René de Calloët de Lannidy. - 1740. Georges-Yves de Kerret, prieur de Saint-Mathieu de Morlaix et nommé au prieuré de Saint-Martin de la même église. - 1749. Guillaume Lemarant, Sr. du Val, recteur de Plémaut-Gauthier, nommé par le roi à cette place qu’il abdiqua pour garder sa paroisse. - 1750. Pierre-Guillaume-Joseph Le Franc des Fontaines, abbé de Geneston, vicaire général de Tréguier. - 1760. Laurent-Marie Boudin de Tromelin, se démet en 1784 ou 1785. - 1785. Drillet de Pennamprat, mort en 1788, il était vicaire général de Léon. - 1789. Le Forestier, nommé en 1789 ou 1790, n’accepta pas. - 1790. Bahezre de Lanlay ne fit que prendre possession. La Révolution l'empêcha d’exercer ; il fut nommé, en 1800 ou 1801, curé de Ploujean et mourut au bout de six semaines d’exercice.

Des Fabriciens, ou Gouverneurs, ou Procureurs nobles du Mur. Le gouvernement ou l’administration temporelle de l’église a de tout temps appartenu à la ville et les notables habitants, qui remplissaient les fonctions de procureurs nobles, ont toujours été pris dans le corps municipal, corps politique du Mur.

Le titre de gouverneur a été depuis peu disputé à la communauté dans un libelle diffamatoire présenté à l’intendance sous le nom de requête. Il est sûr néanmoins que c’était le titre qu’on donnait, en 1426, aux fabriques de l’église du Mur qu’on appelait alors chapelle, ce titre qui, comme tous les autres, n’a d’importance qu’à proportion de la grandeur des fonctions qu’on exerce, est si peu fastueux à Morlaix qu’on le donne à ceux que la communauté charge du soin des chapelles particulières qui lui appartiennent.

Cependant il n’a pas tenu au prévôt actuel de faire croire que la communauté, prenant un titre si injurieux à la majesté royale, était au moins coupable de lèse-majesté, mais, s’il avait réussi dans cette occasion, les chanoines se seraient eux-mêmes trouvés complices du même crime.

Ce titre de gouverneur que la communauté n’a jamais pris encore ; que les procureurs nobles avaient, dans le XVème siècle, a été donné à cette communauté par le chapitre lui-même. Voici comment s’exprime, en 1671 , un chanoine doyen de Notre-Dame-du-Mur : « Messieurs, l’église collégiale de N.-D.-du-Mur est un monument qui nous reste de la piété de vos anciens ducs de Bretagne.... les mêmes princes.... ont voulu encore honorer tout le corps de ville de l’administration temporelle des biens de la dite église et de son gouvernement, dont ils lui confièrent le soin... et lui ayant donné de si riches tuteurs, etc..... La ville avait encore cet avantage très-honorable que c’estait une église qui lui appartenait particulièrement puisque messieurs de la ville en étaient les seuls gouverneurs et que leurs princes leur en avaient confié le soin.... En 1654, l’église eut enfin un digne gouverneur, les autres églises à qui l’on avait, les unes après les autres, fait part des deniers d’octroi, étaient bien dans la ville, puisqu’elles y étaient situées, mais qu’elles n’étaient pas pour cela à la ville comme celle du Mur.... qui estait la principale et la propre église de la ville.... Votre église principale est dans un état qui vous déshonore.... Votre église du Mur qui est de plus votre église particulière... Que diriez vous, Messieurs, d’un seigneur qui par sentiment de vertu ou de libéralité aurait fait à ses dépens bâtir de magnifiques chapelles dans les maisons de ses voisins et qui aurait cependant à ses yeux laissé ruiner et périr, faute de réparations, la chapelle de son château.... Avant la sainte résolution que vous avez enfin prise de rétablir votre église du Mur, n’eût-on pas pu vous reprocher d’avoir fait presque la même chose.... C’est votre église particulière, vous en êtes les directeurs, vous y avez tout pouvoir.... Vous en êtes les gouverneurs, les tuteurs et les procureurs.... Avez-vous jamais bien pensé que vous fussiez les gouverneurs de votre église du Mur.... Nous vous avons fait — ce sont les ducs de Bretagne qui parlent — un véritable don de cette église, nous vous en avons donné le gouvernement » [Note : Voir Mémoire de Marc Le Dizeuls].

Ces termes du doyen des chanoines sont d’autant moins suspects, qu’il ne parlait à la communauté qu’après le don accordé de 2400 livres. Un témoignage bien moins suspect encore est celui de M. Y. de Calloët, prévôt du Mur. Ce qu’il avait fait pour la communauté, lui avait suscité des ennemis qui l’avaient forcé à se retirer des assemblées publiques, c’est au moment de cette retraite involontaire et dans les premiers mouvements du chagrin qu’il en ressent qu’il écrit et fait imprimer son apologie, c’est au milieu des reproches qu’il fait à la communauté, qu’il dit : « Est-ce que l'église du Mur est de pire condition que les autres à cause que le gouvernement en appartient à la maison de ville... à cause qu’elle est l’église du roi et la leur... et ne craignent ils pas que le roi... ne leur en ôte le gouvernement, que les ducs de Bretagne leur ont accordé » [Note : Voir Mémoire de Marc Le Dizeuls].

La communauté jouissait anciennement du droit de nommer le sacriste de l’église. Ces sacristains étaient anciennement chargés d’entretenir l’horloge, de sonner la campane pour les assemblées de l’hôtel de ville et, pour ces services, ils étaient payés par la ville. On trouve dans les registres de la ville beaucoup d’actes de nomination de ces sacristains. — Nominations de sacristes du 23 juillet 1612, de chapelains le 13 février 1619, du 1er mars 1629, pour sacristes, du 15 avril 1633, du 12 février 1674, du 19 décembre 1675, du 19 octobre 1677, du 23 juillet 1685, du 9 et du 12 mars et 25 septembre 1691.

Le corps de ville ayant par acte capitulaire du 21 octobre 1675, nommé à cette place Alexandre Mazeas, les chanoines s’opposèrent à sa réception ; ce fut une tracasserie passagère, les chanoines destituèrent de même Guillaume Guéguen, sacriste, nommé, le 25 septembre 1692, par la communauté devant laquelle il avait fourni caution.

La communauté, après avoir fait consulter des avocats célèbres, intervint dans l’instance que le sacristain avait contre les chanoines. Au premier objet se joignit encore un incident et la communauté attaqua le chapitre en spoliation des titres de la fabrique. M. de Francheville, avocat général, proposa de mettre cette (Voir les cahiers des délibérations, page 102 et 103) affaire en arbitrage mais les divers incidents sur lesquels des arbitres ne pourraient légalement prononcer, et l’état des parties toujours censées mineures, ne permirent pas d’accepter cette médiation.

L’affaire allait se juger lorsque les chanoines trouvèrent le moyen de la reculer en attaquant comme faux les titres produits par la ville. Enfin, M. l’intendant ayant pris communication des papiers pour accommoder les parties, cette affaire resta depuis sans suites. Les chanoines en conservèrent la possession et, en 1766, la communauté voulut rentrer dans ses anciens droits et il y eut instance commencée. M. de la Royère, évêque de Tréguier, prélat recommandable par ses vertus et surtout par son amour pour la paix, ayant proposé son arbitrage dans cette affaire, elle fut enfin terminée par transaction. Le revenu de la fabrique est des plus modiques, il ne passe pas 850 livres et le casuel est de peu de chose. Il fut augmenté, en 1767, de 340 livres par la location des chaises. La communauté comme corps politique règle au temporel tout ce qui concerne l’église.

Les procureurs nobles étalent nommés pour trois ans, chacun d’eux exerçait cette fonction pendant un an. Si dans le corps de la communauté, il ne se trouvait qu’un ou deux jurats n’ayant point encore rempli cette place, on n’en nommait qu’un ou deux. Nous croyons inutile de donner la liste des prévôts nobles ; leurs noms figurent déjà dans la liste des maires et des procureurs-syndics. Cette longue nomenclature ne pourrait d’ailleurs qu’être assez ennuyeuse, car elle contient 136 noms.

Prédicateurs du Mur. Dès la fin du XVème siècle, la ville établit au Mur des prédicateurs français pour apprendre cette langue au peuple. Ou aurait dû, en même temps, gager des professeurs de langue, pour lui enseigner les grandes vérités de la religion. Leurs honoraires n’étaient point fixés, ils dépendaient de la satisfaction que l’on en avait ; ils furent réglés, en 1670, par arrêt du Conseil (du 18 août) à cinq cents livres. La ville par délibération de la même année la fixa à la même somme (Avril 1671) ; la répartition en fut faite pour le prédicateur du carême à deux cent cinquante livres, pour l'octave de la Fête-Dieu, à trente livres, pour l'avent, à cent vingt livres, et pour la dominicale, à cent livres. Cette dominicale est partagée entre les capucins et les récollets de la ville, aux quels on paye à chacun cinquante livres par an. Ils sont payés par le miseur sur les octrois. Ce fut le meilleur temps pour les prédicateurs que celui où leurs honoraires étaient à la volonté de la ville. Le taux sur la fin du XVIème siècle et au commencement du XVIIème étaient de trois cents livres, qui en feraient mille de notre monnaie en 1879, pour le prédicateur du carême. Il était outre cela logé et nourri chez un des notables habitants ; la ville le régalait en outre à son arrivée et à son départ. Un père Joseph, capucin, qui prêcha, en 1611, coûta à la ville la valeur de plus de dix-huit cents livres de notre monnaie en 1879. La chambre des comptes modéra souvent ces dépenses, elle les raya même absolument, en 1599, « d’autant, dit-elle dans son apostille, que c’est aux recteurs et curés de prescher la parolle de Dieu à leurs paroissiens et que cette nature de deniers n’est affectée à tel usage ». Il n’y avait effectivement aucun règlement qui autorisât cette dépense, elle ne le fut que vers le commencement du dernier siècle, où on la porta dans les dépenses du nouvel octroi, qui avait été obtenu naguère.

La ville avait autrefois le droit de nommer les prédicateurs, et il était naturel qu’elle eût la présentation de ceux qu’elle payait. La preuve s’en trouve dans les registres dont voici quelques extraits, qui sont tirés de l’état des dépenses de noble homme Yves Jégou, procureur-syndic et misent, en 1595 : « Le dit jour — 23 juin — baillé suivant l’advis du party de MM. les habitans 12 livres à M. Samson Borette (Note : Birette ?), pour sa peine d’être venu en cette ville pour s’assurer de la chaire pour ce caresme ». Du compte de l’année 1600, folio 20 : « Le 29 du dit mois — mai — M. le prieur des carmes de Rennes... portant lettres de la part de M. de Krochiou, escuyer, par la quelle il le recommande aux dits sieurs habitans, a cequilz le grattifient de leur chaire à prescher le caresme prochain, ce quilz ne peuvent faire d’aultant quilz avoient faict promesse à M. Pechant et recherché de l’avoir, deux ans y avoit ». Et du même compte : « Le 11 du dit mois — janvier 1601 — fust rescrit à Rennes pour scavoir si ou non le dit Pechant viendroit prescher le caresme, — Le 21 du dit mois, pour le port d’une lettre reçue de M. Pechant portant déclaration qu’il fust venu prescher le caresme. — Le 28 février 1604, le dit comptable par l’advis des habitans envoya exprès Jean Regnault, messager, jusques à Quimper-Corentin, pour supplyer de la part des dits habitans le docteur Seguin de venir prescher le caresme en cette ville ». — Du compte de 1612 : « Le dit comptable de l’advis des dits habitans auroit escript... au R. P. provincial des dits capucins pour le supplyer de leur bailler et concéder ung de leurs dits pères religieux pour prescher l'advent et caresme, l’année suilvant de la charge du dit comptable ».

Les évêques eux-mêmes recommandaient à la communauté les sujets qu’ils protégeaient, comme le prouve le compte de l’année 1600, folio 22 : « Le 31 du dit mois — mai — M. Birotte théologal de Lantréguier estant venu à Morlaix avec lettres de Mgr l’évesque adressante aux habitans pour l’admettre à prescher le caresme prochain... luy feut présenté la collation... sur la délivrance qui luy feut faicte d’un mot de recognoissance d’avoir reçu sa lettre attendant la conférer aux dits sieurs habitans ». — En 1602, l’évêque de Léon écrit aux habitants pour leur demander la station du carême pour le Sr. Benedicty.

Du cahier des délibérations de la ville pour l’année 1607, à l’assemblée du 27 septembre, est extrait ce qui suit : « Pour la chaire du prédicateur françois demandé cy-devant au nom de M. Michel Collin, grand-maître du collége Duplessis à Paris, pourvu de l’archidiaconé de Plougastel, a esté advisé par les dits habitans en fabveur et recommandation de Mgr leur évesque qu’elle sera accordée audit Sr Collin pour le Kresme prochain parce que le dit seigneur évesque, suivant la parole donnée de sa part, en laissera à l’advenir la disposition aux habitans au désir de leur entier privilége »

Mais un précédent toujours observé était de demander l’autorisation du seigneur évêque de Tréguier au quel on envoyait des députés. En effet, ou lit dans le compte de 1608 de Guy Ballavesne, Sr. de Kerbasquiou : « Messieurs les habitans ayant advisé, en leur maison de ville, que en fabveur de Mgr nostre goubverneur que monsieur Benedicty fût pryé de venir prescher le caresme prochain, le dit comptable envoya lettre missive au dit Benedicty pour l’advenir de la part des dits habitans... Le dit comptable ayant reçu réponce du dit Benedicty par la lettre du 20 octobre, suyvant que le dit Ballavesne serait allé exprès jusques à Lantréguier avoir la permission de Mgr l’évesque de Tréguier au Sr Benedicty pour prescher le caresme prochain, en l’endroit vous montre la dite permission ... ».

L’évêque refusait quelquefois la mission, ainsi que nous le lisons dans le compte général de l’octroi de 1608 à 1614 : « A N. H. Jacques Le Grand, Sr de Lanterec etc... au voyage qu’ils auraient fait, comme députés de ladite ville, pour aller trouver Mgr l’évesque de Tréguier, requérir sa mission à un R. P. capucin pour prescher audit Morlaix les advants et caresmes subséquens et ce suivant en vertu de l’acte de députation faite en assemblée commune du dit comptable, le 8 juillet 1613 etc... sur ce que M. l’évesque aurait refusé de sa mission les dits députés, disant que les dits capucins avaient occupé la chaire de Morlaix les années précédentes, lesdits comptables auraient advisé de députer et envoyer vers luy à mesme fin, N. H. Jean Pinart, de Kerdrein ... le quel Pinart, n’ayant non plus peu obtenir la dite mission, les comptables pour la troisième fois, auraient député et envoyé pour réitérer leurs supplications sur ce sujet au dit Sgr évesque de Tréguier n. h. Bernard Nouel de Kerdannet » lequel réussit.

Dans le compte de n. h. Pierre de Kermelec de Kerouman, procureur-syndic et miseur, en 1610, on lit : « sur l’intention des dits sieurs habitans d’avoir un père capucin pour leur prescher la parole de Dieu l’advent et caresme de cette année, présentèrent requeste à Mgr l’évesque de Tréguier pour avoir la permission en tel cas, pour laquelle minute et transcripre paya ledit comptable pour les escriptures, cinq sols et le port d’autres lettres rescrites par te dit Sgr évesque au dit provincial des capucins dessus laquelle différa le dit Sgr évesque jusques un autre temps ».

Le compte de 1612 dit aussi : « Le quatorzième jour du mois de septembre, le dit comptable et le Sr de Rochledan auraient par l’advis des dits sieurs habitans escrit... et que les dits sieurs habitans eussent fait toutes les diligences pour supplyer Mgr de Tréguier de leur accorder et concéder sa mission pour l’un des religieux ».

Le compte des devoirs du sol par pot rendu par n. h. Pierre Quintin procureur-syndic et miseur, en 1616, porte : « Au mois de juing, 1616, le comptable aurait envoyé à Lantréguier pour supplyer Mgr de Tréguier de bailler sa mission pour prescher les advents du dit an 1616 et le caresme 1617 à ung père capucin et lui aurayt de l’advis des dits sieurs habitans escript à cette fin, le quel Sgr de Tréguier auroit reçu ladite lettre et n’auroit voulu bailler la mission ni responce par escript et envoyé de recheff exprès à Lantréguier pour quoy faire il auroit frayé etc... le dit comptable par advis de ses jurats, après le décès de Mgr de Tréguier, auroit encore envoyé exprès au dit Lantréguier vers messieurs du vénérable chapître aux quels il auroit escript affin d’avoir leur mission au révérant père Léonin de Menechou, capucin pour prescher lesdits advents de l’an 1616 et le caresme de 1617 comme conste par la lettre du grand vicaire de Tréguier et autre de M. de Troffos, datée du cinquième jour d’août 1616, cy rendue, pour quoy faire et retirer la mission pour les advents et pour avoir la mission au dit père Léonin pour prescher le caresme, d’autant que messieurs du chapître n’auraient voulu bailler leur mission que pour les advents, le dit comptable auroit payé etc. ».

Du compte de Jean Guillouzou, Sr. du Goasrus, procureur-syndic et miseur, en 1617, est extrait ce qui suit : « Jean Laleyla, messager de pied, la somme de 48 livres tournois, aussi pour ses sallaires et despances du voyage qu’il auroit faict à Lantréguier où il auroit été envoyé exprès de la part de ladite communauté pour quérir une mission des chanoines du chapitre du dit lieu au prédicateur desquels les dits habitans désiroient se servir pour les advents et caresme de l’année présente ».

Les habitants en laissaient aussi la nomination, en cas de vacance, au chapitre de Tréguier et renonçant souvent au maintien rigoureux de l’exercice de leurs privilèges, ils laissaient l’option du prédicateur à l’évêque en lui nommant simplement tel ou tel, ou en lui désignant un ordre particulier, comme il est indiqué dans la délibération du 19 mars 1617 : « sur la remontrance... a été advisé que le Sr syndic escrira à Mgr l’évesque de Tréguier pour le supplyer de bailler sa mission pour avoir prédicateurs pour les advents et caresme de l’ordre des Jésuites ». On trouve aussi : « Congrégation et assemblée générale des nobles bourgeois et habitans de la ville de Morlaix congrégés et assemblés en leur maison commune le premier jour d’août 1623. Aussi le dit Sr syndic remontre qu’il est tems de pourvoir d’un prédicateur pour les advents et caresme prochain, c’est pourquoi le dit syndic prye MM. les habitans d’adviser qu’ils auront agréable de demander affin d’être assurés de l’intention de Mgr de Tréguier et de celuy que l’on demandera. Sur quoy les dits habitans ont chargé leur syndic d’escripre à Mgr de Tréguier et le supplyer de bailler sa mission à un père capuchin ou au père Custode de St-François de Cuburien à l’option du Sgr évesque etc. ».

Dans une délibération de la même année, datée du premier décembre 1623, il est dit : « Sur ce que le procureur-syndic remontre avoir eu advis que R. P. Meryan avoir eu la mission de Mgr de Tréguier de prescher en cette ville l’advent et le caresme, les dits habitans, ont été d’advis qu’attendu qu’il est mendiant de l’un des couvents de cette ville, qu’il soit receu et nourry aux frais de la ville et que le procureur de ville, donnera ordre pour le recepvoir et recueillir avec honneur suivant ses mérites ». Enfin une autre délibération du 28 juillet 1636 dit : « Sur la proposition faite par le dit syndic de pourvoir pour avoir un prédicateur pour les advents et caresme prochain, lesdits habitans chargent le dit syndic d’escripre à Mgr l’évesque de Tréguier pour le supplyer très-humblement de gratifier la communauté d’un prédicateur de l’ordre des révérants pères dominiquains et de lui en remettre l’élection et la nomination pour l’année prochaine ».

Il paraît qu’il y avait aussi alternance entre les récollets et les capucins, comme ils l’ont pour la dominicale. En effet, on voit dans la délibération du 6 mai 1642 : « Remonstre de plus que le R. P. provincial de cette ville luy a représenté que c’est leur rang suivant l’ordre de MM. les habitans de prescher les advents et caresme prochain, c’est pourquoy il demande que MM. les habitans ayent à y adviser dessus, demander l’admission pour un prédicateur et pour l’octave du Sacre prochain en ce qu’elle ne fût baillée. Les dits habitans ont député à l’effet de la dite remontrance les sieurs de Pratalan et Kermalvezan pour aller trouver Mgr de Tréguier et supplyer de conférer sa mission pour les advents et caresme prochain à un des religieux récollets du couvent de cette ville et pour l’octave du Sacre prochain, en cas qu’il n’y ait pourveu »

On est porté à croire que, vers 1629, les évêques de Tréguier avaient fait quelques difficultés à cette occasion. Une délibération du 1er avril 1629 dit en effet : « Les habitans ont advisé de députer quelques-uns d’entre eux, pour s’accommoder et traiter avec Mgr l’évesque de Tréguier touchant l’obtention à l’advenir d’un prédicateur... et à ceste fin ont nommé les Srs de Kerdannet et de Kervescontou pour luy présenter le mémoire qui a été cy-devant fait ». On voit par la suite que ces difficultés furent levées, mais soit qu’elles soient de nouveau survenues depuis, soit négligence de la part des habitants, on ne trouve point que les habitants aient exercé leurs droits au6delà de l’année 1642. L’évêque seul nomme à présent les prédicateurs, mais l’usage a toujours subsisté de laisser alternativement aux récollets et aux capucins la station de la dominicale (1768).

Les citations suivantes prises dans la longue liste des prédicateurs nous donneront des lumières suffisantes pour compléter cette étude.

- 1570. Le premier prédicateur dont il soit fait mention est Robert Chateneau, docteur en théologie, prédicateur du carême qui eut pour honoraires 120 livres monnaie ou 144 livres tournois, environ 720 livres de notre monnaie actuelle (1879).

- 1590. Le Sr. de Launay, ligueur, prédicateur du carême.

- 1595. A M. Samson Birette pour être venu demander la station, 36 livres. — A M. Jarnigon, prédicateur du carême, 300 livres. — A son compagnon, 24 livres. Pour sa pension à 3 livres par jour, 162 livres. — Pour collation à son départ 1 livre 4 sols. — Au prédicateur de l’avent, pour bois, charbon et chandelle 10 livres 4 sols 6 deniers.

- 1596. A dévot religieux Samson Birette, prédicateur du carême, 300 livres. — Au Sr. du Portzmeur qui fit voir le château au prédicateur 5 livres 10 sols.

- 1607. Adrien d'Amboise, docteur en théologie, grand-maître du collège de Navarre, évêque comte de Tréguier, prêche le carême à Morlaix. Il fut logé, défrayé, nourri, pendant tout son séjour aux dépens de la communauté de la ville. « Pour les frais j’a faits, dit la délibération du 6 mars 1607, et conviendra faire pour le recueil, logement de Mgr l’évesque de Tréguier estant à présent en cette ville pour prescher le caresme, a été advisé que tant le Sr Pratalan que le Sr Kerbasquiou, précédent procureur, auront allocquation des frais par eux faits et à faire pour cet effect, sur la rendition de leurs comptes, et baillent charge de recheff à ce dit Sr de Pratalan de fournir au dit seigneur évesque tout ce qui luy sera requis et nécessaire à son contentement ». La ville lui fit présent à son départ d’une tenture de cuir doré qui coûta environ 1600 livres de notre monnaie, et dépensa pour ce prédicateur, le seul de ce rang qu’elle ait eu, environ 3000 livres de notre monnaie.

- 1611. Au R. P. Joseph, [Note : C'était peut-être celui qu'on appela plus tard l'Eminence Grise, le conseiller de Richelieu] prédicateur du carême 750 livres 5 sols. Jamais peut-être prédicateur capucin ne fut tant désiré, tant accueilli, ni si honorablement reçu ; jamais l’humilité de sa Révérence n’eut tant à souffrir. La ville avait absolument résolu d’avoir un prédicateur capucin à quelque prix que ce fût. Les exprès, les messagers, les députés de la communauté furent souvent en campagne pour ce sujet. Le maire écrivit jusqu’à 28 lettres, à Tours, à Paris, — on n’avait point encore le bonheur d’avoir ces pères résidant dans la ville. — Il intéressa aux voeux de la communauté l’évêque de Tréguier, qui en écrivit au provincial. Tant de négociations réussirent enfin et l’ordre voulut bien consentir à donner aux désirs pressants de la ville, la satisfaction de voir et d’entendre un capucin. Ses paquets, ses livres, envoyés de Paris à Rennes, furent transportés sous bonne garde de Rennes à Morlaix par M. du Ruguellou. Enfin le R. P. Joseph s’ébranle, il se met en marche, il arrive à Rennes : il arrive, et soudain on dépêche de Morlaix un guide pour conduire sa Révérence et pour empêcher qu’elle ne s’égare en route. Le guide à son arrivée trouva le révérend déjà parti ; il avait pris la route de Saint-Malo : on écrit vite au correspondant, on le prie de veiller à la sûreté du révérend père, et s’il veut venir par terre, de lui donner un guide. Le Père comptait confier à la mer le dépôt chéri des voeux de Morlaix. Les vents contrarièrent longtemps sa Révérence et retardèrent la satisfaction de la ville. Enfin le prédicateur prit le parti de venir par terre. Conduit par son guide, déjà il est rendu au Ponthou, et aussitôt une députation solennelle court s’y rendre et le complimenter, accompagnée d’un nombre considérable de notables, de vivres et de rafraîchissements : c’est au milieu de toute cette pompe qu’il entre en triomphe à Morlaix accompagné du frère Archange, suivi et précédé de toute la communauté et de tout ce qu’il y avait de mieux en ville. Il va se reposer dans son logement : il avait été préparé de longue main avec toutes les commodités qu’une attention délicate peut imaginer : lits, matelas, oreillers, traversins, draps fins, et le tout neuf, bois, chandelle, cuisine complète, huile, vaisselle, rien enfin ne fut oublié, et les détails en sont consignés dans les comptes du miseur. Des garde-corps furent placés le long des escaliers.... L'histoire nous laisse ignorer si le prédicateur répondit par ses talents à une réception si brillante et à l’empressement qu’on avait témoigné pour l’entendre : tout ce qu’on sait, c’est que la communauté, revenue de son enthousiasme, chicana le miseur sur les dépenses qu’elle avait ordonnées, et qu’il y eut procès pour leur allocation : ce que l’on sait encore c’est qu’au cours actuel le prix d’un capucin est à meilleur compte.

- 1612. Le Sr. Fraschot, prédicateur du carême. Il eut procès avec la ville qui s’accommoda avec lui, « crainte des ruzes et malices du dit Sr Fraschot auprès de l’evesque, 320 livres ».

- 1613. Le R. P. Etienne des Feuillantins, capucin 320 livres. — Pour la location de deux chambres, bois et chandelle 44 livres 10 sols. — Frais de députation au père Claude à Saint-Brieuc, provincial, à Tréguier, déjeuners, dîners, collations en ville, au Ponthou, au Château du Taureau 97 livres 16 sols. — Le père Fourestier, provincial des cordeliers, prédicateur du Sacre, 3 doubles pistoles, 22 livres 4 sols. — A frère Georges Le Baillif, religieux de Cuburien, prédicateur de la Dominicale, 112 livres. Il paraît que l’enthousiasme qu’on avait eu pour le père Joseph, s’était renouvelé pour le père Etienne des Feuillantins ; on commença par députer vers le père Claude, de Saint-Brieuc, provincial, en Léon ; on le régala en ville, on lui présenta des confitures, on l’accompagna au Ponthou où l’on porta pour rafraîchir sa Révérence et pour sa réfection, quatre pots de vin et un gigot de mouton, on lui écrivit plusieurs fois pour rafraîchir sa mémoire, on lui fit voir le Château du Taureau où il fut régalé, enfin on députa trois fois à Tréguier pour obtenir la mission de l’évêque qui après avoir refusé deux fois la ville, fut enfin touché de sa persévérance et lui accorda le capucin qu’elle demandait.

- 1614. « A Criber, greffier, qui avait été durant les advents avertir aux bonnes maisons de la ville ceux qui debvoient fournir les disners et collations au prédicateur et leur bailler à ceste fin les billets, 2 l. 8 s. »

- 1617. Le père Léonin de Menehould, capucin, prédicateur du carême, 320 livres. — Les grandes et continuelles pluies de cette année firent penser à faire une procession générale pour obtenir le beau temps. Le vicaire général des cordeliers de la province d'Aquitaine prêcha à la suite de la procession « afin d’induire d’avantage le peuple à la dévotion ». Les religieux de Cuburien, au nombre de vingt-cinq furent traités par la ville. Le diner et les salaires du prédicateur coûtèrent 22 livres 10 sols.

- 1623. Le père Béchu, vicaire général de la nation gallicane des frères prêcheurs, prédicateur de l’avent et du carême.

- 1625. C’était alors l’usage, établi depuis longtemps, d’aller en corps visiter le prédicateur breton qui prêchait aux Jacobins, et, parce qu’il n’avait que sa quête, on lui donnait quelque chose pour aider à ses collations du carême.

- 1791. Le père Saillard, religieux dominicain de la maison de Morlaix « dont la probité et la prudence sont aussi connues que le talent » prêche le carême au Mur, bien qu’il n’ait pas prêté le serment constitutionnel. Il fut le dernier prédicateur français du Mur. (J. Daumesnil).

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