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LES CALVAIRIENNES DE MORLAIX

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La Maison des Calvairiennes de Morlaix fut fondée en 1625 par Françoise Calloët, dame de Kerven, en Guimaëc, veuve en 1620 d'Olivier Nouel, sieur de Kerven, et mère du célèbre capucin Joseph de Morlaix (Annales Calvairiennes par le Frère Siméon Mallevaud Récollet, Edition de 1671, p. 686). La servante de cette dame, Françoise Loscun, la suivit au couvent, et y fit profession sous le nom de Soeur Françoise de la Nativité ; elle mourut en 1634, en odeur de Sainteté [Note : Sa pierre tombale fut découverte le 1er Octobre 1866. Cette pierre, avec les reliques de la religieuse, fut transférée au Calvaire de Landerneau. — On conserve encore à Morlaix la mémoire de cette pieuse moniale. Une famille de cette ville a fait apposer dans l’église Saint-Melaine une plaque d’ex-voto : « Reconnaissance à Soeur Françoise de la Nativité » pour commémorer la grâce d’une guérison survenue en 1918].

Le 16 Avril 1627, messire Alain Quemper, seigneur de Lanascol, fournit à Adelisse Quemper, entrée au Calvaire de Morlaix, une dot de 25 livres. Le 10 Février de l’année suivante, il dota de même façon Françoise Quemper ; puis, le 20 Juillet 1641, ce sera au tour de Marie Quemper de recevoir de lui une dot de 50 livres (Archives départementales, 28 H. 1).

Un document du 6 Mai 1629 signale la présence au monastère des religieuses dont les noms suivent : « Marye de St-Joseph, prieure, Françoise de la Conception, sous-prieure, Marguerite de St-Benoît, Elisabeth de St-Lingard, Anne de l'Annonciation, Jeanne de l'Annonciation, la Mère de Dieu dicte Calloet, Marie Jégou dicte Calloet, Françoise Calloet » (Archives départementales, 28 H. 1).

Le 25 Février 1636, le couvent fut la proie d’un incendie. Le feu prit aux infirmeries, entre dix et onze heures de nuit. L’alarme fut donnée par les sentinelles du château ; mais le vent était si violent et l’eau tellement éloignée que l’on ne put enrayer les progrès du feu. Les portes fermées à clef durent être enfoncées pour permettre aux Religieuses de sortir. On ne put sauver d’autres meubles que le Saint Ciboire et le crucifix. Les Calvairiennes se retirèrent au manoir de Coatserkhou, et de là s’établirent en celui de Pennaru, jusqu’à ce que leur maison eût été rebâtie (Albert le Grand).

Elle fut à nouveau brûlée en 1668 et en 1682 (Archives départementales, 28 H. 16). Le 14 Août 1685, Marguerite de Penfeuntenniou, faisant profession au Calvaire sous le nom de Soeur de Jésus Maria, est dotée par son père Yves, seigneur de Penhoat, du Cosquer demeurant en son manoir du Cosquer, en Plougonven : elle bénéficie de 150 livres de pension viagère, 200 livres d’entrée et 60 livres à perpétuité (Archives départementales, 28 H. 1).

La fontaine du monastère date du XVIIème siècle ; on y lit l’inscription suivante : LA : REVERENDE : MERE : DE : ST : DENIS : DITE : DE : KERMENGUY : DETERNELLE : MEMOIRE : A : FAIT : VENIR : LEAU : DANS : CE : MONASTERE : AVEC : BIEN : DES : TRAVAUX : LAN : 16...

En 1752, les Religieuses du Calvaire se déclarent vassales du prieur de Saint-Matthieu de Morlaix, mais quittes envers lui de rentes féodales et de toute autre. Elles reconnaissent leur obligation de faire cuire leur pain au four du prieuré. Au prieur elles payaient un droit annuel d’indemnité de six livres (Archives départementales, 28 H. 16).

En raison des dots fournies aux Religieuses, les Calvaires de Morlaix eurent des titres de propriété à Commana, Guiclan, Guimaëc, Landerneau, au Minihy de Léon, à Morlaix, Plouénan, Plougasnou, Plouzévédé, Pouldergat, Garlan, Ploudiry, Plougar, Trefflaouénan, Plougonven, Plouguerneau, Plouigneau, Plouvorn (Archives départementales, 28 H. 3-14).

Voici les noms de quelques Supérieures du Calvaire : 1629. Marguerite de Saint Joseph. — 1642, 1646, 1647. Claude de la Passion. — 1656. Anne Chérubin. — 1665, 1676. Claude de la Sainte Vierge. — 1716. Renée-Marie de Saint François du Louet. — 1757. Béatrice-Péllagie de la Bilardière de Saint-Clément.

Conformément à la loi du 14 Octobre 1790, les Calvairiennes avaient choisi le 7 Juin 1791 une Supérieure et une Econome. Elles étaient alors au nombre de dix-neuf : douze Religieuses de choeur et sept Sœurs converses. La Communauté avait comme prieure Marie Urbaine, dite du Coeur de Jésus, âgée de 55 ans, comme doyenne Barbe Le Page dite de Saint René, ayant 87 ans d’âge. Notons la présence d’une jeune moniale de race noble : Rosalie-Etiennette-Densard du Rumain, âgée de 26 ans, dite du Coeur de Jésus.

A l’instar de ses collègues de chez les Carmélites et les Ursulines, l’aumônier des Calvairiennes, Mathias Mével, avait cru prudent de se cacher à l’annonce du décret du Département du 26 Novembre 1791 ; mais sur l’assurance donnée par la Municipalité aux religieuses que leur aumônier ne serait pas inquiété, si les offices se célébraient dans leur chapelle, les portes fermées, l’abbé Mével reprit ses fonctions le 21 Janvier 1792. Le 23 Mars suivant, le district le faisait arrêter et acheminer sur Brest où il fut le lendemain interné au Château (Peyron, Documents... I, pp. 275-276, 284-285).

C’est le 2 Novembre 1792 que les Calvairiennes furent chassées de leur Communauté. Elles demeurèrent pour la plupart à Morlaix.

En Mars 1794 elles furent incarcérées à la Communauté des Carmélites : « Quelle entrée, note l’une d’elles ! Là vivaient entassées des personnes de tout âge, de tout sexe, de toute condition... Ce nous fut un soulagement indicible que les greniers... L’hiver vint, froid, sans feu. Le vent pénétrait par toutes les fissures et nous avions à nous garantir de la pluie, de la neige, qui tombait à ciel ouvert sur nous par la toiture béante à bien des endroits. L’été, à son tour, nous amena des chaleurs torrides. Et que d’autres privations ! Mais la plus pénible était l’impossibilité d'avoir aucun secours religieux. Ni messe, ni sainte Communion. Aussi comme on s’efforçait de garder sa conscience bien pure. Notre vie quotidienne était remplie par nos exercices de communauté, tout comme dans notre cloître. Nous savons que cette régularité et la touchante union qui régnait parmi nous, faisaient l’admiration des autres prisonniers. Monsieur. de Beaumont, maire de Morlaix, interné lui aussi, nous a souvent redit que notre douce résignation l’avait bien des fois profondément ému. Plus tard ces souvenirs et le lien de souffrances communes nous méritèrent sa bienveillante et respectueuse protection ».

Le 9 Nivôse an III (29 Décembre 1794), les religieuses Calvairiennes, Ursulines et Carmélites détenues au Carmel s’adressèrent au district dans les termes suivants : « Détenues depuis Ventose an II... réunies dans notre pétition comme nous le sommes dans notre captivité, attendant le terme de celle-ci, réduites à ne vivre dans notre misère que du travail de nos mains et des secours de notre famille... demandons qu’il soit pourvu par vous, citoyens, à ce que chacune de nous touche son traitement arriéré » (Peyron).

Après la Terreur, une détente se produisit et le district de Morlaix, en Mars 1795, élargit les prisonnières. Quelques-unes des Calvairiennes se retirèrent dans leurs familles, les autres se logèrent dans deux maisons, voisines l’une de l’autre, sept dans chacune. Les plus valides habitaient une petite manufacture où elles travaillaient sans cesse pour se mettre en mesure de soulager leurs compagnes caduques et malades, soignées dans l’autre maison.

Leur liberté cependant n’était que relative ; elles demeuraient jour et nuit sous la surveillance des gardiens, qu’il leur fallait même payer de leurs deniers. A deux reprises elles furent dénoncées, la première fois aux représentants du peuple à Brest, le 7 Juillet 1795, la seconde fois, le 20 Mai 1796, au Département.

Les Calvairiennes ne purent rentrer dans leur établissement qui avait été transformé en caserne et manutention. Après la révolution, elles ouvrirent un petit pensionnat.

Mgr. André, sacré évêque de Quimper, le 9 Mai 1802, avait fait son entrée dans la ville épiscopale, le 12 Août. Le 17 Novembre 1803, la prieure du Calvaire, Marie du Coeur de Jésus, lui écrivait de Morlaix, 130, rue des Nobles, pour lui présenter ses hommages : « Convaincue de la multiplicité et de l’importance des affaires qui vous occupent, j’avais prié M. l’abbé Costiou, de qui j’ai l’honneur d’être connue, de vous présenter en mon nom et celui de mes compagnes, notre respectueux hommage, humble soumission et parfaite obéissance, mais je ne puis me refuser à l’entière confiance que m’inspire votre avènement dans ce diocèse, de vous offrir moi-même notre respectueux dévouement à ce qu’il vous plaira ordonner de nous ».

Elle met ensuite le prélat au courant de la situation : « Permettez, Monseigneur, que le plus laconiquement possible à une fille, je vous instruise de notre existence. Nous sommes sorties 23 Religieuses Calvairiennes et nous voilà réduites à 13. Malgré le fort de la révolution, nous nous sommes toujours tenues réunies, observant les trois voeux essentiels, même celui de clôture, ne nous permettant aucune sortie quelconque. Nous avons érigé une chambre en chapelle employée uniquement à ce seul et saint usage. De tout temps nous nous sommes toujours dévouées à l’instruction de la jeunesse, et il ne serait même pas possible de maintenir l’ordre établi, s’il fallait les conduire à la paroisse. De plus, nous avons des infirmes qui seraient privés de la plus douce satisfaction qu’elles puissent goûter dans leur état, ne pouvant se rendre à l’église. Déjà, Monseigneur, vous voyez que c’est votre approbation pour notre chapelle et M. notre directeur que je viens humblement solliciter auprès de votre grandeur ; ce qui ne préjudicie en rien aux services que ce Monsieur rend à la paroisse, qui sont même très multipliés de toutes façons ».

Mgr. André avait fait demander à la prieure du Calvaire de recevoir discrètement des postulantes, pour assurer le recrutement de sa Communauté. Elle lui répond : « Comme il est impossible, avec le nombre d’enfants que nous avons, que cela se fasse secrètement, sauf votre meilleur avis, Monseigneur, ne vaudrait-il pas mieux prendre patience, en attendant que l'Etat ait statué là-dessus, crainte que les mal intentionnés en tireraient l’occasion de faire un plus grand mal que le bien qui en pourrait résulter. Nous avons surement un pressant besoin de nous faire survivre, mais le bien de la paix dans l’ordre des choses n’est-il point à préférer, c’est ce qu’il ne m’appartient pas de décider. En cela comme en toutes choses, Monseigneur, vous reconnaissant comme l’envoyé de Sion, vous nous trouverez toujours disposées, en vraies filles, à remplir vos volontés. C’est ce que je suis chargé de vous offrir au nom de toutes mes compagnes, qui ont l’honneur de vous présenter leur humble respect... » (Archives de l'Evêché).

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