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Histoire chronologique de Moncontour-de-Bretagne (partie 6).

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1701. Les délibérations de la communauté font ressortir des démêlés entre le maire et le sénéchal, au sujet des impositions. Le maire, qui s'était écarté des règles habituelles, est désapprouvé par le comte de Toulouse.

1702. Les finances de la ville étant très embarrassées par l'accroissement des charges, d'humbles remontrances sont adressées à l'intendant de la province.

On célèbre la victoire de Villars en Allemagne par un feu de joie dressé sur la place Neuve (aujourd'hui place de la Carrière). A partir de cette époque, on allume très fréquemment des feux pour célébrer des victoires ou à l'occasion d'événements heureux pour les familles royale ou ducale.

Un aveu fait connaître qu'Isaac Gouicquet, seigneur de Saint-Eloi, doit une paire d'éperons blancs à la seigneurie de Moncontour pour la tenue de deux foires à Saint-Eloy. Ce seigneur possède des prééminences dans l'église de Ploeuc, et a droit de menée aux plaids de Moncontour.

1703. Naissance, à Moncontour, de Faiguet, économiste célèbre.

Un détachement de la milice est envoyé à Dinan. L'inspecteur des milices ordonne d'assembler tous les habitants de 20 à 45 ans, capables de porter les armes.

1704. La communauté reçoit une lettre de blâme pour s'être dispensée de soumettre à l'approbation du comte de Toulouse, diverses nominations de fonctionnaires. On signale de nouvelles contestations entre le maire et la communauté au sujet de la capitation. Ces dissentiments devaient fatalement se produire. Le maire, propriétaire à vie d'une charge qu'il avait payée fort cher, agissait avec une indépendance que ne voulait pas toujours accepter la communauté. Le comte de Toulouse donne droit aux réclamations de celle-ci.

1706. La milice est mise sur pied et passée en revue par son capitaine de Champglen Rouault, en prévision d'une descente de l'ennemi sur les côtes.

Divers détachements partent pour les ports principaux. On établit de Port-Louis à Saint-Malo par Loudéac, Moncontour et Jugon, un service de correspondance qui est fait à Moncontour par des dragons auxquels on adjoint des hommes de pied.

1707. Un arrêt du Conseil d'Etat fixe ainsi qu'il suit la composition de la communauté : Le maire, son lieutenant, le sénéchal ou à défaut son alloué, le procureur fiscal, le procureur du roi, le miseur, les deux plus anciens syndics, les deux plus anciens gentilshommes, le plus ancien avocat, le plus ancien procureur postulant, les deux plus anciens bourgeois et le greffier.

François de la Chesnaye, héraut et tambour de ville, décédé, est remplacé par Jacques Verdes « pour porter la cotte d'armes ». Le héraut avait un uniforme composé d'un chapeau à cornes, d'un habit rouge et de la culotte avec bas. Son équipement comprenait un tambour et une canne à pomme d'argent.

Le comte de Toulouse autorise le maire à élever une chapelle à ses frais près du calvaire du Bourgneuf [Note : Cette chapelle est appelée chapelle de Saint-Laurent-des-Portes].

Une compagnie du régiment de Bellabre passe ses quartiers d'hiver en ville.

1709. De janvier à mars, l'hiver est d'une rigueur extraordinaire. Les arbres fruitiers périssent, toutes les rivières gèlent et la mer est prise sur les côtes. La misère est grande et la mortalité double.

Le registre de la communauté mentionne des charges de toutes sortes, un logement continuel de gens de guerre, des réquisitions de grains et des impôts de plus en plus élevés, occasionnés par les guerres de la fin du règne de Louis XIV.

Le maire est décrété de prise de corps à la requête du comte de Toulouse, probablement comme responsable de l'insolvabilité de la ville.

1710. Le roi décide le payement à l'avance de six années de capitation. La communauté étant dans l'impossibilité de satisfaire à ces exigences, 28 habitants sont saisis et subissent la vente de leurs meubles. Malgré les réclamations adressées par le sénéchal aux Etats, les contraintes continuent. La ville est de plus en plus obérée.

Le corps des métiers ayant été imposé de 2.937 livres, les artisans députent à Rennes Guillaume Boisadam pour obtenir la réduction de cette somme et des délais de payement. Cette démarche n'a aucun succès et est suivie de nouvelles exécutions.

Le pont du Pissot (aujourd'hui pont du Point du Jour), situé à l'origine de la route de Saint-Brieuc, est emporté par les inondations.

A cette date on voyait encore les ruines de la maison du prieuré de la Magdeleine. Cette maison était située au bord de la route de Lamballe et au bout du pré de la chapelle. Trois autres prés dépendaient de cet établissement : celui de l'hôpital, celui des petits retraits et le grand pré.

On signale l'incendie de la forêt sur plusieurs points : au Vauhéart, à la Brehaudière, à Forville et aux Meurteux. L'année suivante, d'autres parties sont la proie des flammes. Les enquêtes sur les causes restent sans résultat.

1716. Pour combattre l'infection de l'église, la fabrique décide d'ouvrir un cimetière pour y transférer les corps après exhumation. Elle achète à cet effet un terrain dans la rue au Beurre, rue qui longeait le collatéral sud.

Un aveu de cette date indique l'étendue de l'ancien fief ecclésiastique de Brehand. L'église, le cimetière, le presbytère, le pilori, quelques maisons et pièces de terre dans le bourg et à Madehen, composaient tout le domaine épiscopal. L'auditoire où s'exerçait la juridiction ouvrait sur le pilori entre les maisons nobles d'Artois et de Carmené. En face était planté le pot avec son collier armoyé. L'évêque fondateur de l'église y avait ses armoiries, un escabeau à queue dans le choeur, et possédait le droit de ceinture et de lisière (Geslin de B. et de Barth.);

1717. Louis XV ayant supprimé l'office de maire et divers emplois municipaux, on retourne à l'organisation communale antérieure à 1690. Deux compagnies de cavalerie viennent séjourner en ville et sont logées l'une à la Croix-Verte du Bourg-Neuf, l'autre au Grand Lion-d'Or du Champ-à-l'Avoir.

1718. La communauté enregistre une ordonnance défendant de se rendre aux pèlerinages de Saint-Jacques de Compostelle, de Notre-Dame de Lorette et de Notre-Dame de Montserrat, en raison de leur éloignement. Les pèlerins mouraient de misère en route ou se comportaient en malfaiteurs pour subvenir à leurs besoins.

1719. Le roi défend enfin d'inhumer dans les églises.

On répare la voûte du chevet de l'église à l'aide de pierres tirées de la tour de Crouiche et de la voûte de la porte d'en bas.

La chapelle de la trêve de l'Aile des Haies est remplacée par une église construite aux frais de Messire Le Bel, seigneur de Penguily, à condition que cette trêve portera à l'avenir le nom de Penguily. L'évêque de Dol fait tenir cette église et l'érige en succursale.

1721. Incendie de 200 journaux de forêt, attribué aux paysans mécontents d'avoir été empêchés d'y faire paître leurs troupeaux.

1723. La communauté enregistre les lettres patentes délivrées aux dames de Saint-Thomas de Villeneuve.

M. Coupé des Essarts, capitaine aux dragons de la reine, vient s'installer comme gouverneur de la ville aux gages de 200 livres par an, à prélever sur les revenus de l'octroi. Cette charge rétablie par édit de 1722 n'ayant pas tardé à être supprimée, M. des Essarts n'eut pas de successeur.

1726. La Touche-Trébry appartient à cette date à Alexis Freslon, marquis d'Acigné. Ce seigneur possède des prééminences dans l'église de Saint-Jean, et doit chaque année à la seigneurie de Moncontour, pour la tenue de deux foires, une paire d'éperons dorés estimés 60 sols tournois.

1729. Le Parlement sépare le général de la communauté (Geslin de B. et de Barth.). A Moncontour cette séparation existait de fait depuis longtemps déjà.
Le comte de Toulouse règle les honneurs à rendre aux personnes de distinction qui viennent visiter la ville. Une députation plus ou moins nombreuse, suivant le rang du personnage, doit se rendre au devant du carrosse sans aller à plus d'une lieue de la ville. Le porte-parole souhaite la bienvenue, puis les députés doivent rentrer en ville par le chemin le plus court, sans accompagner le carrosse ni se mêler à la maréchaussée, « cela ne convenant pas à une députation » (Archives de la ville).

Le marquis de Catuelan ayant acquis le Plessis-au-Noir, réclame des prééminences dans l'église de la ville. Il est débouté de sa demande par le comte de Toulouse.

1730. Les Etats entreprennent de relier les villes par un réseau de routes. Le général de la paroisse fournit les charrois et les corvoyeurs. Les gens de Trédaniel, Plémy, Quessoy, Hénon et Brehand sont astreints à la corvée pour établir la route de Moncontour à Saint-Brieuc. Les paysans de Trédaniel ayant résisté à cet ordre, cette paroisse subit deux fois les garnisaires.

1731. La fabrique acquiert deux petites maisons contiguës à la halle, situées vis-à-vis le portail de l'église, et les fait abattre pour former une petite place.

1732. Les ossements des défunts inhumés dans l'église sont transférés dans le cimetière ouvert à cet effet. Le recteur demande aux juges de police du duché de prendre des mesures pour empêcher les scandales qui se produisent dans le lieu saint à l'occasion des baptêmes et des fiançailles. Le peuple se portait en foule dans l'église pour satisfaire sa curiosité, gênait les cérémonies, faisait des réflexions à haute voix et assaillait les fiancés de quolibets grossiers.

1733. Logement de deux compagnies du régiment de Noailles, cavalerie.

Le roi ordonne que les officiers municipaux resteront en place jusqu'à nouvel ordre.

Sur autorisation du comte de Toulouse, on entreprend d'embellir et d'assainir l'église. Quelques notables jugeant ces travaux inutiles et trop coûteux, s'opposent à leur exécution et se plaignent que le recteur de Kervastoué et le sénéchal, son frère, s'entendent pour ruiner la fabrique. Les opposants perdent le procès qui leur est intenté, et les travaux reprennent leur cours. On entreprend de reconstruire le pont du Pissot [Note : On emploie à cet effet des pierres tirées des ruines de la tour de Crouiche, des débris d'une tour jointe à la porte d'en bas, et d'un reste de mur voisin de la seconde porte d'en bas].

1735. Dans la nuit du 9 au 10 janvier, il survient une tempête épouvantable qui bouleverse les terres labourées, renverse les arbres, découvre ou abat des maisons. Un éboulement considérable se produit à la porte d'en bas et rend cette entrée impraticable. La ville demande une réduction des impôts, mais sans succès.

1736. La réfection de l'église continue [Note : Elle se poursuit jusqu'en 1739]. Les piliers de la nef et un pignon sont surélevés, la toiture est refaite. L'autel de Sainte-Anne et son retable sont agrandis et rétablis par Corlay qui sculpte la statue de cette sainte et celle de la Vierge enfant. Le maître autel est rapproché de la nef. Le choeur est doté d'un parquet qui recouvre les pierres tombales des seigneurs du Vauclerc. Une balustrade en fer forgé est posée entre le choeur et la nef.

La fabrique dont les finances sont obérées, reçoit de nombreux dons en nature parmi lesquels on relève : une vache qui fut vendue 18 livres, des hardes et du fil, vendus 120 livres. On constate d'ailleurs que l'église recevait chaque année des dons assez importants consistant en chemises, habits, vestes, bonnets, coiffes, jupes, mouchoirs, linceuls, etc., neufs ou ayant déjà servi. Ces objets étaient ensuite vendus par la fabrique.

La communauté entreprend de supprimer la halle qui occupait la place de Penthièvre pour la rétablir sur un terrain libre, situé entre deux maisons du côté nord de la place.

1737. Un procès entre le comte de Toulouse et l'évêque de Saint-Brieuc fait mention des caquins de Trédaniel, installés à l'entrée du faubourg de la Vallée, sur la route de Lamballe [Note : Leur habitation portait le nom d'hôtel de la Caquinerie ou totininerie]. Il existait encore des caquineries en Quessoy, Hénon et Plédran. Les maladries établies pour les lépreux avaient fait place aux caquineries où étaient relégués les descendants de ces malheureux, sains ou non. Ces caquins, rejetés par la société, formaient une classe de parias. Ils étaient généralement établis aux portes des bourgs d'où on les surveillait. Ils étaient réputés serfs de l'église et lui payaient une taille. De plus, comme ils exerçaient le métier de cordier, le seul qui leur fût permis, ils devaient fournir un licol pour la monture de l'évêque lorsque celui-ci venait visiter la paroisse.

Mort du comte de Toulouse. Son fils, Louis de Bourbon, est le dernier qui porte le titre de duc de Penthièvre.

1738. A l'occasion du décès du duc, on pose une ceinture funèbre en dedans et en dehors de l'église. Cette ceinture, qui était peinte sur la muraille, se composait d'écussons aux armes du défunt et d'une large bande noire.

Un procès-verbal donne quelques indications sur la prison de la ville, installée dans le donjon du château. Ce donjon, constitué par une tour « d'une hauteur extraordinaire », avait une basse fosse, un rez-de-chaussée et un étage très élevé avec toiture. Un pavillon carré d'une hauteur de 60 pieds, était accolé à cette tour et y donnait accès. Ce pavillon avait une chambre haute et une chambre basse, affectées aux services de la ville. Il comprenait la prison des femmes qui se trouvait au rez-de-chaussée sous le portail à droite en rentrant. Les hommes étaient enfermés au fond du donjon sous l'escalier de la porte d'entrée, mais dans le jour on les laissait jouir d'un couloir grillé donnant sur la cour du château.

173.. La juridiction de Bocenit condamne à la pendaison une jeune fille et un indigne prêtre, son séducteur. Ce dernier est en outre condamné à faire amende honorable et à être dégradé des insignes sacerdotaux. Le Parlement rejette l'appel des condamnés, mais néanmoins les fait mettre en liberté sous certaines restrictions (Geslin de B. et de Barth.).

1742. La paroisse de Trédaniel reçoit une somme de 1.000 livres, léguée aux pauvres par Madame du Fournel, propriétaire du Plessis-au-Noir. M. de Catuelan ajoute 250 livres à cette somme pour permettre d'acheter un fonds de terre dont le revenu est destiné aux pauvres.

1743. Aveu de Christian de Montmorency-Luxembourg, maréchal de France, pour Piruit, la Ville-Hélio et autres terres en Plédran.

1744. Sur l'invitation du marquis de Coëtmen, la ville reconstitue la milice bourgeoise sous le commandement de Geffrelot de Pontrenault, ancien mousquetaire.

Le roi ayant rétabli les offices municipaux supprimés en 1717, M. Harembert de la Bazinière, doyen du présidial de Rennes, est nommé maire.

1746. La milice se rend à Port-Louis pour s'opposer au débarquement des Anglais. On signale de nombreuses troupes allant dans ce port ou en revenant. M. Harembert, qui continue à résider à Rennes, se désiste de sa charge de maire sur les réclamations de la communauté.

1748. Démolition de l'ancienne, halle et construction de la nouvelle. La place Penthièvre se trouve dégagée.

1749. La communauté nomme de la Couldraye Loncle « homme au roi, vivant et mourant pour les offices municipaux ».

1750. Le 21 juin, à plusieurs lieues à la ronde, une grêle extraordinaire endommage les habitations, ravage les arbres et les cultures, à tel point qu'on ne récolta cette année ni fruit ni grain, sauf du blé noir. Les habitants sont ruinés pour plusieurs années.

1751. Le 16 mars, à 9 heures 30 du matin, un cyclone passe sur la ville. Presque tous les toits sont enlevés, de nombreuses murailles abattues, le clocher de l'église renversé, le pavillon du château effondré. Dans la campagne voisine les dégâts ne sont pas moindres. Un procès-verbal de dégradations aux domaines de la seigneurie fait connaître qu'à la métairie des Braizes les toits furent détruits, un pignon crevé, un couronnement en pierres de taille enlevé, 74 pommiers et 14 chênes arrachés. Les réparations n'ayant pu avoir lieu avec l'activité nécessaire en raison du manque d'argent, du nombre insuffisant d'ouvriers et du mauvais état des chemins, les habitants essuyent pendant de longs mois les injures de l'air. La communauté présente en vain des placets au duc pour obtenir une diminution des impôts.

Un plan dressé à cette date nous renseigne sur la disposition de la porte dite d'en bas qui formait l'entrée Est de la ville. Cette porte n'existait pas à l'origine, comme l'indique le nom de « Porte-Neuve » qu'on lui donnait au XVème siècle. Dans le principe, l'enceinte de la forteresse n'avait qu'une ouverture, praticable aux véhicules — celle dite porte d'en haut — ce qui explique l'obligation de contourner le mont pour entrer dans la place, si l'on se présentait de tout autre côté que du côté de l'Ouest. Vers l'Est il n'existait qu'une poterne donnant issue sur les routes de Lamballe, de Saint-Malo et de Collinée. Vers la fin du XIVème siècle, on ouvrit de ce côté une porte qui fut flanquée d'une tour et formée de deux passages-parallèles ; l'un pour les piétons, l'autre pour les véhicules.

Cette entrée était protégée par un ouvrage avancé, constitué par le boulevard (devenu promenade de la Porte-d'à-bas) qui existe encore aujourd'hui. Cette défense extérieure était fermée par une porte s'ouvrant sur le chemin du Point-du-Jour, à hauteur de l'escalier qui portait encore au XVIIème siècle le nom significatif de « herse ».

A des dates inconnues, la porte avancée fut détruite et la porte d'en bas fut remaniée. En 1751, suivant le plan dressé à cette date, cette dernière porte était formée par un massif de maçonnerie, de forme rectangulaire, recouvert d'une voûte. Le passage intérieur était orienté de l'Ouest à l'Est et s'ouvrait à quelques mètres au Nord de la ruelle des Dames, parallèlement à cette ruelle. La moitié Est du massif de la porte faisait saillie en dehors de la muraille de l'enceinte, tandis que la moitié Ouest occupait en dedans de l'enceinte un terrain compris actuellement dans le jardin de Nazareth. La ruelle des Dames avait moins de longueur qu'aujourd'hui, et la rue de la la Porte-d'en-Bas au champ à l'avoir longeait l'ancienne maison du sénéchal.

1754. M. Henry, procureur fiscal, défend de tirer le papegault sur la tour du donjon, attendu que les coups de fusil endommagent la charpente et la couverture de cette tour.

La nouvelle route de Moncontour à Saint-Brieuc par Quessoy est à cette date livrée à la circulation.

1757. En raison de l'importance de la fabrication des toiles dans la seigneurie [Note : A cette époque, on comptait environ 8.000 tisserands dans le ressort de la juridiction], l'intendant de Bretagne décide la création d'un marché aux toiles à Moncontour et y établit un bureau pour la visite et la marque des produits de cette industrie.

1758. Le marché aux toiles qui, dans le principe, avait été fixé sur la place Saint-Léonard, est transféré sur la place Penthièvre. Des détachements des régiments de Quercy, de Marbeuf, de Berry et de Penthièvre, sont logés en ville.

1759. Le roi dispense la communauté de donner un homme vivant et mourant pour les offices municipaux.

On aplanit le boulevard de la Porte-d'en-Bas pour en faire une promenade publique, et l'on répare le mur de soutènement de ce terrain.

1760. M. Tavet, maire, fait ouvrir une communication entre la route de Saint-Brieuc et celle de Lamballe, du pont du Pissot à La Vallée.

La communauté sert de parrain à l'enfant de M. de Kervastoué, sénéchal, et le nomme Moncontour-Jérôme-Charles.

Dans la nuit du 12 ou 15 octobre, le mur de soutènement du boulevard d'En-bas s'écroule sur une longueur de 100 pieds, écrasant trois maisons, comblant l'escalier qui relie la ville au faubourg de l'Etang-Martin, et obstruant la route de Saint-Malo à Lorient. Les décombres de l'éboulement servent à aplanir l'une des entrées de la ville, jusqu'alors très dangereuse [Note : Il s'agit probablement des abords de la poterne Saint-Jean].

1761. L'hôpital reçoit un don de 1.000 écus pour le relever de l'état de misère où il végétait. Cette somme est employée à acheter du linge et à augmenter la pension des pauvres.

1762. Dom Trouvain, prieur de Saint-Michel, fait vider l'étang du prieuré encombré par les vases. La chaussée ayant été éventrée à cet effet dans toute sa profondeur, l'étang est débarrassé du coup, mais les boues se répandent comme un torrent dans le vallon et ne tardent pas à être entraînées jusque dans l'étang des Grands-Moulins. Le duc de Penthièvre, propriétaire de ce ce dernier étang, intente un procès au prieur qui ne se libère qu'en payant 720 livres en réparation du préjudice causé.

La flèche qui supportait le papegault sur la tour du donjon ayant été supprimée, le tir n'a pas lieu cette année.

Le sieur Beauvallon qui, depuis 1760, faisait creuser le roc près de La Vigne pour réduire la pente de la route, fait part des difficultés imprévues que présente ce travail, en raison de l'épaisseur de la couche de granit. La communauté lui accorde une indemnité.

Un détachement du régiment d'infanterie de Nice tient garnison en ville.

1763. La ville loge une compagnie de dragons et quatre compagnies du régiment de Provence.

1764. La communauté décide qu'à l'avenir le papegault sera tiré sur l'esplanade de la porte d'en bas et sera planté, à cet effet, du côté du mur extérieur.

1767. Afféagement des Grands-Moulins et de leurs dépendances au marquis de Trémargat, pour une rente de 800 livres, à charge de les tenir noblement et de n'exiger aucune corvée des vassaux du Penthièvre.

1768. Achat du maître-autel en marbre de l'église, pour la somme de 1.890 livres.

1770. Démolition de la porte d'en bas et élargissement des portes d'en haut pour faciliter la circulation. La porte principale d'en haut est élargie du côté du Nord seulement.

Le tir du papegault est supprimé, comme devenu sans objet « en raison de la manière dont est réglé le service militaire ».

1773. Une épidémie occasionnée par la disette entraîne une forte mortalité. Le cimetière de la ville étant devenu insuffisant, la communauté en crée un nouveau dans les jardins contigus à la chapelle de Saint-Jean.

1774. Refonte de la grosse cloche de l'église. Le duc de Penthièvre n'ayant pas accepté d'en être le parrain, le Conseil s'adresse à M. de Catuelan et à Mme de Trémargat.

1778. La ville a pour garnison le régiment de Walsh, colonel de Sérant.

1779. Yves Ferchal, du fauburg d'Arondel, meurt dans sa centième année.

La ville est occupée successivement par les régiments de Barrois et de Boulonnois [Note : Chacun de ces régiments avait un effectif de 1.000 hommes et comprenait : 2 colonels, 1 lieutenant-colonel, 1 major, 1 trésorier, 1 adjudant, 2 porte-drapeau, 1 chirurgien, 1 tambour-major (officier), 1 armurier, 10 capitaines et un nombre de lieutenants non indiqué. Le régiment de Barrois possédait un aumônier. Chaque habitant loge deux ou quatre soldats, et reçoit 2 sols par jour et par homme] et par des détachements des régiments du Maine et de Royal-Corse.

1780. Louis de Rieux vend à Paul de Kerolly, pour 180.000 livres, les terres du Vauclerc, en Plémy, comprenant les restes d'une maison seigneuriale avec jardin, colombier et étang, le moulin de la Grille et diverses métairies. Il cède en outre divers fiefs et bailliages, ses prééminences dans l'église de Plémy, les droits, coutumes et prééminences qu'il possède dans la seigneurie de Moncontour.

1783. La cour du Parlement arrête que l'on continuera à conduire les corps au cimetière sans les faire passer par l'église.

1785. Cette cour interdit aux prêtres de recevoir de l'argent pour l'administration des sacrements.

1786. — Une extrême sécheresse ayant amené la disette, une foule de gens sont en proie à la misère et à la faim. Le Parlement décide qu'il sera pris 600 livres par an sur les deniers de l'église pour le soulagement des pauvres.

On reconstruit la façade de l'église à cette époque, à une date que l'on ne peut préciser.

Les registres de l'état civil révèlent qu'un nombre considérable de personnes, de femmes surtout, vivaient de mendicité.

Ces registres font encore connaître que la proportion des décès des enfants en bas âge était énorme. Par contre, en dehors des périodes d'épidémie et de disette, très peu de décès se produisaient dans la jeunesse et même dans l'âge mur. Les habitants de Moncontour atteignaient, pour la plupart, un âge avancé. Ceux qui dépassaient 80 ans étaient très nombreux, surtout parmi les mendiants.

1788. Les douze députés bretons qui étaient allés porter au roi les doléances de la province ayant été emprisonnés, la commission de l'évêché de Saint-Brieuc signe une pétition en faveur de ces députés. Cette pétition est signée, à Moncontour, par du Basbourg-Meheut, Glais-Villeblanche, Latimier-Duclésieux, Le Loutre, Le Héran, Le Metaër, Blanchard, de Lavergne, Viet de Villehamon, Duval de Boispaboul, Le Roy, Le Borgne, Joly et Villeneuve-Bernard.

Le Parlement de Bretagne ayant été chassé, la municipalité proteste contre cette mesure avec Quintin, Dinan et Lannion.

En décembre, les Etats de Bretagne se réunissent. Le Tiers-Etat réclame contre les privilèges de la noblesse. Dans le département, les députés de Saint-Brieuc et de Moncontour sont les seuls qui ne s'associent pas à cette réclamation.

1789. Le Tiers-Etat présente les cahiers qui résument ses revendications contre les abus et les privilèges.

La ville adresse les vœux suivants aux députés des Etats généraux :
« Mise des finances à l'abri des divertissements en usage. Vérification des pensions et suppression de celles illégitimes. Impression des comptes annuels de l'Etat et de la province. Organisation uniforme des assemblées municipales. Affectation d'un hôtel aux assemblées des villes députant aux Etats. Répartition des impôts dans un lieu public et annonce au prône des jours de l'égail. Etablissement des rôles des répartiteurs sans discontinuation et lecture immédiate de ces rôles au prône. Réduction des droits de contrôle et de diverses impositions. Obligation pour les évêques à la résidence permanente et à la visite de leur diocèse une fois par an. Paiement par l'évêque absent des frais occasionnés aux aspirants ecclésiastiques qui auraient été obligés de se faire ordonner dans un diocèse voisin. Réduction des formalités de procédure. Obligation pour les profès des abbayes de remplir plus scrupuleusement les règles de leur ordre. Réduction du nombre des abbayes au regard du petit nombre des profès. Emploi des richesses des monastères à améliorer la situation des recteurs et curés ».

En somme, ces revendications étaient justifiées et n'avaient rien de subversif. La ville s'abstenait du reste de récriminations contre la noblesse, abstention qui ne pouvait être qu'à l'honneur des gentilshommes du pays, car elle prouve que ces derniers ne s'étaient pas aliéné les sympathies de la population.

On constatera d'ailleurs que, pendant la Révolution, la municipalité de Moncontour fit preuve de modération et réussit souvent à atténuer les excès de cette époque.

En décembre, l'Assemblée nationale crée le système d'administration par département. Le canton de Moncontour fait partie du district de Lamballe et se compose de deux assemblées primaires comprenant : la première, les communes de Moncontour et de Trédaniel ; la seconde, celles de Bréhand et de Trébry.

1790. JANVIER. — A la suite du décret sur la nouvelle organisation des municipalités, les habitants se réunissent dans l'église. On nomme les officiers municipaux, et l'on choisit pour maire, M. des Alleux Loncle. MM. de Trémargat, Gouicquet de Bien-Assis, Courson de la Ville-Mereuc et Courson de Kemescop prêtent le serment de fidélité à la nouvelle constitution.

AVRIL. — Formation de la garde nationale sous le commandement de M. Henry. P. de la Bl..., de Langast, et V. de V..., de Plouguenast, font une dénonciation contre M. Loncle, prêtre, et un nommé Jehannez, auteurs de lettres contre les décrets. Ces lettres sont adressées à l'Assemblée nationale.

MAI. — La municipalité demande un tribunal de justice. Elle envoie, comme contribution patriotique, de l'argenterie donnée par l'église et par les particuliers. Le peuple de Lamballe, craignant un accaparement, s'empare de grains achetés dans cette ville par des blâtiers de Moncontour. A la suite des réclamations des intéressés, la restitution de ces grains ne tarde pas à être opérée.

JUILLET. — En exécution des décrets sur les biens nationaux, la municipalité acquiert les biens du prieuré de Saint-Michel et ceux de la chapelle de Saint-Jean, moyennant 24.000 livres.

MM. Glais, Le Héran, Latimier-Duclésieux et Veillet-Dufrêche sont députés à Paris pour assister à la fête de la Fédération. Le 14 juillet, il y eut à Moncontour une fête locale comportant, dans la journée, une distribution extraordinaire aux pauvres, la revue du bataillon de la garde nationale, une messe solennelle, la bénédiction du drapeau de la garde nationale, l'élévation d'un autel de la Patrie, le serment général patriotique et un Te Deum accompagné de 21 coups de canon ; le soir, une nouvelle salve d'artillerie, un feu de joie, des danses publiques et des illuminations générales.

AOUT. — Des bruits ayant couru sur l'accaparement des grains, il se produit une émeute, bientôt apaisée, ces bruits ayant été reconnus sans fondement.

Les habitants de Saint-Glen embrassent avec ardeur les idées nouvelles, à la suite de leur curé. Leur réputation de civisme les mit, dans la suite, à l'abri des poursuites révolutionnaires. Cependant, ils ne furent pas persécuteurs et ne dénoncèrent pas les prêtres insermentés qui se réfugièrent dans leur commune (Confér. ecclésiastiques).

1791. JANVIER. — Le Conseil fait enlever les armoiries des vitraux des églises de la ville. Un délit ayant été commis à Fanton, quarante gardes nationaux y sont envoyés pour garantir la sécurité des propriétaires. La constitution civile du clergé occasionnant une grande effervescence, le Conseil demande une compagnie de troupes de ligne qui lui est envoyée.

FÉVRIER. — La presque totalité des prêtres de la ville protestent contre cette constitution. L'un d'eux, J.-M. Le Clerc, qui s'était élevé avec énergie contre le serment, aurait été la première victime de la Révolution dans le département. Il serait mort quelques jours après avoir été frappé et foulé aux pieds, dans la rue, par des hommes soudoyés par un notable de la ville [Note : Les causes de cette mort restent mystérieuses. Ni Le Clerc, ni les prêtres insermentés qui l'assistèrent ne parlèrent de ces mauvais traitements, et la ville ignora la scène de brutalité, placée cependant au Chauchix, place de la ville].

JUIN. — M. Bouétard, recteur constitutionnel de Pléhérel, est nommé curé de Moncontour, en remplacement de M. Quéro, qui avait refusé le serment.

Conformément ans décrets, qui n'accordent qu'une seule paroisse aux villes de moins de 6.000 âmes, la paroisse de Saint-Michel est supprimée.

Une délibération du Conseil fait connaître que les prêtres insermentés de Notre-Dame ont abandonné cette église et se sont attachés à celle de Saint-Michel, où le peuple se porte en foule, délaissant la première où officient les constitutionnels.

A la nouvelle de la fuite du roi, l'autorité supérieure fait prêter, par la garde nationale et par les officiers de la garnison, le serment prescrit par la loi du 15 juin.

L'église de Saint-Michel et la chapelle de Saint-Jean sont fermées.

Les armes des habitants, la poudre et le plomb à vendre sont mis sous sequestre.

Les prêtres insermentés sont réunis dans la maison de M. Cosson, ex-curé de Saint-Michel, et gardés par une sentinelle.

M. Courson de Kernescop, lieutenant de vaisseau, est emprisonné pour avoir refusé de prêter serment.

SEPTEMBRE. — M. Charles Ruellan est emprisonné sur une dénonciation d'un prêtre constitutionnel de Plessala.

OCTOBRE. — A la requête de M. Doré, maire de Plémy, 100 gardes nationaux sont envoyés dans ce bourg pour réduire les habitants qui saccagent le presbytère de M. Boscher, curé constitutionnel.

NOVEMBRE. — La tranquillité paraissant rétablie, les troupes de la garnison rejoignent leur corps à Lamballe.

DÉCEMBRE — Le Conseil demande une brigade de gendarmerie pour réprimer les attaques qui se produisent dans les campagnes.

La liste des prêtres de la commune, établie à cette date, comprend : deux prêtres constitutionnels : MM. Bouëtard, curé, et Boscher, Etienne, vicaire ; dix prêtres insermentés : MM. Boscher, Jacques, Le Clerc, Abgral, Cosson, Le Mounier, Carfort, Guillard, Trobert, Gaudin, Gautier.

Le Conseil demande aux administrateurs du district la détention des insermentés, « attendu qu'ils ne cessent de pousser les populations à la révolte contre les constitutionnels ».

Dans le cours de cette année, les reliques de saint Mathurin et de saint Nicolas avaient été mises en sûreté à Plessala (Archives de l'église) [Note : Ces reliques ne furent pas enlevées par des malfaiteurs, comme quelques auteurs l'ont avancé].

1792. MARS. — Le Conseil, pour réduire l'opposition des prêtres de Trédaniel, provoque l'annexion de cette paroisse et la désaffectation de son église. Il obtient en outre la fermeture des chapelles de la Magdeleine, de Notre-Dame-du-Haut, de Notre-Dame-de-la-Croix, de Saint-Germain et de Saint-Malo, où les insermentés disent des messes, font des quêtes, et rectifient les mariages et les baptêmes célébrés par les constitutionnels.

Le Conseil dénonce les prêtres Cherdel, Abgral, Guillard et Cosson, comme prêchant dans les campagnes la désobéissance aux lois, et il demande que quelques autres prêtres soient astreints à résider à Moncontour.

L'abbé Saillet, recteur de Trédaniel, est surpris disant la messe dans la chapelle de Notre-Dame-du-Haut. Ce prêtre réussit à se sauver, mais son répondant est pendu aux poutres de la chapelle.

La noblesse, soutenue par les paysans, commence à organiser sa résistance. Des gens de Quessoy assaillent les gendarmes qui fouillaient le château du Colombier. Le presbytère du curé constitutionnel de cette paroisse est saccagé. — Les gardes nationaux dispersent un attroupement qui s'était formé à la porte de la chapelle de l'hôpital pendant la messe.

JUIN. — Le Conseil demande la démolition de la tour de la chapelle de Notre-Dame-de-la-Porte. Il se plaint que la porte de cette tour, qui sert de passage, est d'une étroitesse telle que des accidents s'y produisent fréquemment, et que les gens qui la traversent de nuit sont souvent insultés ou maltraités.

AOUT. — Le 21, les prêtres insermentés Thomas et Hugues, devant être conduits par la gendarmerie de Plouguenast à Dinan, de nombreux paysans s'embusquent dans la lande de Fanton, surprennent les gendarmes à leur passage et délivrent les prisonniers. D'autres rassemblements se forment à la Prée, à Megrain et à Gomené. Une colonne est envoyée de Moncontour avec du canon pour joindre les détachements venant de Loudéac et de Plouguenast. Ces troupes mettent plusieurs jours à disperser les attroupements et font de nombreuses arrestations.

SEPTEMBRE. — René des Alleux Loncle est nommé député à la Convention nationale.

NOVEMBRE. — Un recensement fait connaître que Moncontour, y compris les faubourgs, compte 2.100 âmes. La municipalité demande en conséquence une justice de paix, la loi accordant un tribunal aux villes de 2.000 habitants.

DÉCEMBRE. — M. Montjaret-Kerjégu est nommé maire et fait à cette occasion un discours dithyrambique en l'honneur du nouveau régime.

1793. JANVIER. — Le Conseil donne son avis sur l'état de la fortune des sieurs Courson de Kernescop et Le Paige de Kervastoué, ces personnes étant appelées à entretenir des soldats à l'armée pour remplacer leurs enfants, supposés émigrés.

FÉVRIER. - Réunion de la municipalité composée des citoyens : Montjaret-Kerjégu, maire, Lavergne, Glais, général Geslin de Trémargat, Goguelin, Latimier-Duclésieux et Boscher, membres. Le Conseil décide de faire descendre les cloches des églises en exécution des ordres donnés. Il délivre des certificats de résidence aux personnes ci-après :
Gouicquet de Bien-Assis et son épouse, résidant à Moncontour.
Dames de Mauny, au Chêne, en Bréhand.
Quintin de Kercadio, au bourg de Bréhand.
Dame de Kerloir, à Beauregard, en Trédaniel.
Amateur et Emilie Bras-de-Forges du Boishardy, en Bréhant.
Maurice Geslin de Trémargat, général de brigade, à Moncontour.
Auguste Leclerc, à Moncontour.

MARS. - Un détachement de 25 hommes se rend à Launay, en Bréhand, pour opérer une visite domiciliaire chez le sieur Girard, y arrêter des émigrés et des prêtres qu'on y suppose cachés, et s'emparer des armes.

Le citoyen Vincent Boscher, procureur de la commune, rend compte au Conseil que 10.000 paysans assiègent Pontivy, que le tocsin sonne de cette localité jusqu'à Loudéac. Il représente que, pour empêcher l'extension de la révolte jusqu'à Moncontour, il y a lieu de prendre des mesures de sûreté générale et surtout d'empêcher les personnes notoirement suspectes d'entretenir des relations avec les campagnes voisines. Sur ce rapport, le Conseil arrête d'établir immédiatement une liste de suspects, de leur défendre de sortir de la ville sans autorisation, de les obliger à se présenter chaque jour au bureau de la ville, et de les faire surveiller par l'officier de garde, autorisé à entrer chez eux à toute heure de jour et de nuit.

Les campagnes se soulèvent. A Quessoy, les paysans renversent l'arbre de la Liberté et assomment un républicain. A Hénon, les prêtres constitutionnels sont traqués. A la suite de ces faits, des garnisons sont envoyées dans ces deux communes.

Le 23, Bras-de-Forges du Boishardy (plus connu sous le nom de Boishardy seulement), ancien officier de Royal-marine, se rend en armes dans le cimetière de Bréhand, y enrôle des jeunes gens et les conduit dans la lande du Gras, en Meslin. Il y est rejoint par une foule de paysans venant de nombreuses paroisses voisines. Il en prend le commandement et commence une série de coups de main pour entraver l'action de l'Administration (Archives judiciaires du tribunal de Saint-Brieuc).

La garde nationale de Lamballe disperse un gros rassemblement d'hommes armés, qui s'était formé à Bréhand.

Moncontour est le centre de l'insurrection dans le département. Le château de Bocenit, situé à proximité de grandes forêts et habité par Duval Le Gris, chef du canton de Saint-Goueno, en devient un quartier important.

Sur ces entrefaites, Louis de Bourbon, duc de Penthièvre, meurt, laissant le duché à Philippe Egalité, son gendre.

AVRIL. — La tournée de Billaud-Varennes dans le département a pour conséquence d'amener l'administration à se départir de la modération dont elle avait fait preuve jusque-là (Geslin de B. et de Barth.).

Une exécution militaire est ordonnée à Moncontour, mais les ouvriers de la ville refusent obstinément de monter la guillotine.

Le Conseil ordonne aux ouvriers d'obéir sous les peines les plus graves, et il annonce qu'il se transportera sur le lieu de l'exécution et mettra au besoin la main à l'oeuvre [Note : Annonce et menaces qui n'avaient d'autre but que d'empêcher cette exécution, en dissuadant les administrateurs du département d'envoyer des ouvriers étrangers pour monter la guillotine]. Les archives locales qui n'indiquent ni le nom des condamnés, ni les faits incriminés, sont en outre restées muettes sur les suites de cette affaire, mais on sait que cette exécution n'eut pas lieu, les ouvriers ayant persisté dans leur résolution et le conseil n'ayant pas accompli ses menaces.

Le Tribunal du département condamne à mort Boishardy, pour s'être mis à la tête du mouvement insurrectionnel du 23 mars. Il condamne à la même peine Le Borgne, domestique de Boishardy, Richard, secrétaire municipal de Bréhand, Pierre Morin, ex-capucin, et Julien Jaumet, ex-clerc tonsuré, pour la part qu'ils avaient prise au même mouvement. Ces deux derniers avaient sonné le tocsin à Quessoy, leur paroisse.

MAI-JUIN. — Le Conseil délivre des certificats de résidence aux personnes ci-après :
Montjaret-Kerjégu et Channois, à Moncontour.
Claude Drouart, ex-receveur des devoirs, à Moncontour.
Pierre Guillard, ex-contrôleur, à Moncontour.
Louis Picaut, ex-receveur de la régie, à Moncontour.
François Veillet, ex-commis de la régie, à Moncontour.
Jacques Berthelot, ex-contrôleur, à Moncontour.
Mme Burk, à Moncontour.
La Mère Odio, supérieure à l'Hôtel-Dieu, à Moncontour.

JUIN. — M. J.-B. Veillet-Dufrêche, qui avait depuis 19 ans une importante maison de commerce à Cadix, vient déclarer à la mairie qu'à la suite du décret qui expulsait du territoire espagnol tous les Français dans le délai de trois jours, il avait dû abandonner précipitamment ses affaires dont il évaluait la liquidation à plus de 300.000 piastres. La municipalité enregistre sa déclaration.

De juillet 1793 au mois d'avril 1795, les archives de la ville cessent de nous éclairer sur les faits survenus à Moncontour, pendant cette période, 60 pages du registre des délibérations ayant été arrachées vers 1860. On sait cependant que la ville eut à subir comme ailleurs la tyrannie de la Convention et toutes les aberrations imposées par la Terreur. Un arbre de la Liberté fut planté sur la place Penthièvre. L'église fut fermée et transformée en magasin à fourrages. On célébra avec pompe les fêtes de la Raison, de l'anniversaire de la mort de Louis XVI, celle de l'Être suprême et autres. De nombreuses personnes furent emprisonnées comme suspectes, toutefois les prisons de la ville ne paraissent pas avoir été toujours bien closes et l'on ne signale aucune exécution, grâce sans doute à une municipalité composée de personnes qui n'avaient de terroristes que le masque.

AOUT. — Les girondins Pétion, Barbaroux, Louvet, Buzot, Bergoing, Salles, Meillan, Lesage, Cussy et Giroust, mis hors la loi, traversent le département pour gagner un port de la côte Sud. Un lundi, jour de marché, ils sont signalés arrivant à Moncontour par la route de Jugon. Cette nouvelle met la ville en émoi. On bat la générale, le marché s'arrête, et les autorités rassemblent la garde nationale pour s'emparer des fugitifs. Pendant ce temps, ceux-ci échappent au danger, grâce à la présence d'esprit de M. Latimier-Duclésieux qui dépiste la police, et au dévouement de M. Glais. Ce dernier leur fait traverser la ville par des rues détournées (rues de Saint-Michel et de l'Abbaye) et les conduit au Haut-Quétel, en Gausson, où ils purent se reposer. La garde nationale les poursuivit vainement [Note : Il y a quelque apparence que l'on jouât ce jour là, à Moncontour, une vaste comédie].

SEPTEMBRE. — Le chef de brigade Bothas, conduisant un détachement de 200 hommes, fait une perquisition à Hénon, et se saisit de nombreux déserteurs.

OCTOBRE. — Hello, administrateur du département, marche vers Moncontour avec un canon et une troupe nombreuse pour s'emparer de Boishardy. Celui-ci, cerné, attaque un poste avec quatre autres condamnés à mort, désarme les soldats, et se sauve emmenant un prisonnier. Dans le même temps, on interrogeait le maire et les conseillers de Bréhand, soupçonnés de connivence avec le chef royaliste.

DÉCEMBRE. — Les officiers municipaux de Bréhand adressent aux administrateurs la requête suivante :
« Réparation à l'église que les volontaires ont occupée. Restitution d'un calice que ces derniers ont emporté, envoi de quelques fusils pour assurer la sécurité publique, continuation de la pension accordée anciennement à un prêtre infirme, élargissement des paroissiens détenus à Saint-Brieuc et fermeture de la chapelle de Saint-Trimoël, où des désordres sont à craindre ».

1794. Les paysans des environs s'agitant de nouveau, la municipalité de Moncontour demande à Saint-Brieuc toutes les forces disponibles.

Puysaye organise la chouannerie dans le département. Boishardy exerce les jeunes gens du canton de Moncontour. Le Gris et Carfort ont des camps à Plessala et à Langast. Ce dernier opère plus spécialement entre Moncontour et Saint-Brieuc. Les paysans de Quessoy obéissent à Morin, ceux de Hénon à Duros. Pendant ce temps, le général Humbert commande à Moncontour, et le citoyen Glais y préside le Comité de surveillance.

Le 21 janvier, Charles Berthelot, de Hénon, et J. Simon, de Plessala, sont condamnés à la détention comme agents de M. Le Veneur, de la Ville-Chaperon. Le 9 février, la soeur Plesse, de Saint-Gouéno, qui avait été rencontrée en costume de religieuse, subit le même sort (Arch. Judic.).

Le représentant Boursault vient à Moncontour et parle « en chaire » de paix et de pardon (Duchâtelier). Il fait écrire à Boishardy pour l'engager à se soumettre. Celui-ci répond qu'il ne peut y consentir, le gouvernement manquant de solidité et de justice.

Le général Humbert obtient de ce chef une entrevue qui eut lieu le 14 décembre dans un bois, à Bréhand (ou sur la lande de Gausson). Boishardy s'y rend accompagné de 30 hommes, tandis que le général s'y présente sans aucune escorte. Cette marque de confiance touche vivement, dit-on, le chef royaliste, mais leur entretien n'aboutit pas.

Une amnistie est offerte aux rebelles qui déposeraient les armes. Boishardy, craignant pour la cause qu'il sert les effets de ces propositions, se remet en campagne et va attaquer les républicains à Jugon et à Plédéliac.

1795. JANVIER. — Le 13, pendant une suspension des hostilités, une colonne venant de Lamballe fait une perquisition à la Ville-Louet, en Bréhand, et y trouve de faux assignats. Mme et Melle Quintin de Kercadio, qui habitaient cette ferme, sont inquiétées et subissent des interrogatoires.

Le 14, les autorités de Lamballe ont une conférence avec Boishardy, sur sa demande. Les républicains ayant reproché à ce dernier le meurtre d'officiers municipaux de Lantic, il rejette ces événements sur les provocations des troupes républicaines. Il fait remarquer qu'il ne peut d'ailleurs gouverner ses hommes comme une troupe régulière, en raison de leur dispersion et de leur indiscipline naturelle. Il prévient que si l'on poursuit Mme. de Kercadio, en violation manifeste de la trêve, il marchera pour les défendre et les délivrer (Arch. judic.).

MARS. — Hoche se rend à Moncontour avec le général Danican. Grâce à l'entremise de M. Latimier-Duclésieux, chez lequel il reçoit l'hospitalité, Hoche se rencontre avec Boishardy, Chantereau et Cormatin, qui ratifient le traité de la Jaunais.

Dans le même temps, M. Duclésieux donnait asile à des chouans blessés dont Hoche feignit, dit-on, d'ignorer la présence.

La plupart des chefs royalistes n'ayant pas tardé à reprendre les armes, un camp républicain, formé de compagnies de grenadiers réunies, est établi sur lande de Meslin avec Crublier pour adjudant général. Moncontour et ses alentours sont occupés par la 184ème demi-brigade et par une compagnie mobile de la 19ème.

JUIN. — Le 2, une colonne mobile commandée par Crublier, se rend à la Ville-Louet pour s'emparer de Boishardy et de La Roche, qui se disposaient à y passer la nuit. Les chouans, sur leurs gardes, reçoivent cette troupe à coups de fusils et disparaissent. Crublier trouve dans la ferme des provisions de toutes sortes, de faux assignats et des vêtements de chouans et de gardes nationaux (Archi. judic.).

Le 9, une colonne mobile venant de Moncontour, arrête à Plémy, Pierre Boinet, vicaire suspect bien que constitutionnel. Celui-ci, sommé de remettre ses armes, conduit les républicains à la Ville-Norme, chez un paysan qui lui avait pris autrefois son fusil. Dans le cours de la perquisition, le détachement reçoit une fusillade partant de la maison Jouan. Boinet, accusé de guet-apens, passe en jugement, mais sa culpabilité n'ayant pu être établie, on l'élargit (Arch. Judic.).

Le 16 (28 prairial) un traître va trouver le commandant du camp de Meslin et lui dévoile la présence de Boishardy en Bréhand. Celui-ci, en compagnie de quelques fidèles, traqués comme lui, passait la nuit dans le champ « sous la ville », situé entre le Vaugourio et l'étang du Moulin de Rainon. Un détachement du camp, composé de grenadiers de la Gironde et commandé par le capitaine Audillas, vient les surprendre le 17, vers 3 h. 1/2 du matin. Boishardy prend la fuite dans la direction de Moncontour, mais, atteint d'un coup de feu, il tombe et est massacré dans un chemin creux, dit des champs Piroués, près de la ville Grasland. Sa tête, coupée sur place, est portée à Moncontour au bout d'une baïonnette, promenée ensuite dans les rues de Lamballe et enfin jetée dans l'étang du château de Launay, près de cette dernière ville [Note : Les chouans surpris avec Boisnardy étaient ; Guérin, son aide de camp ; Richard, son secrétaire ; Le Borgne, son domestique ; Carlo, son fermier (Habasque), auxquels quelques auteurs ajoutent Villemain et Hervé du Lorin. Il était en outre accompagné de Melle de Kercadio, jeune fille de 16 ans, sa pupille et sa fiancée, suivant les uns, sa maîtresse, suivant les autres. Dans le peuple, on l'appelait « la femme à Boishardy ». En tout cas, dans l'interrogatoire qu'elle subit en août, à Bocenit, elle affirme n'être ni la femme, ni la maîtresse de Boishardy, bien qu'elle avoue avoir accompagné ce chef à la Mabilais et lui avoir donné asile, ainsi qu'à Chantereau, à la Ville-Louet. Elle nous apprend, en même temps, qu'elle s'était réfugiée à Bocenit, accompagnée de son domestique, pour fuir la police de Lamballe qui la recherchait. Sur ce dernier point, elle n'est pas d'accord avec Mme Duval Le Gris qui dit, dans l'un de ses interrogatoires, que cette jeune fille serait arrivée à Bocenit conduite par Mme de Kercadio, sa mère, quelques jours après la mort de Boishardy. Les archives de Moncontour font connaître que Melle de Kercadio épousa, en 1796, Hervé du Lorin, et qu'en 1797 on baptisa son premier né. Suivant une lettre de la municipalité de Moncontour, adressée à celle de Saint-Brieuc et rapportée par Habasque, Boishardy, surpris, prit la fuite, mais sans se presser. Ayant été cerné, il tira deux coups de fusil. Cette lettre mentionne en outre que ce chef était accompagné de 60 hommes. Ce dernier détail, qui n'est rapporté par aucun autre auteur, semble bien invraisemblable. Nous n'avons trouvé aucune trace de cette lettre. Suivant MM. Geslin de B. et de Barth., la tête de Boishardy fut coupée par Audillas, suivant Levot et autres par les grenadiers, et d'après Habasque, par le traître].

Dans la matinée de ce jour, les volontaires du bataillon d'Orléans arrêtent près du Vaugourio, François Chapin, du Chesne, porteur d'un sac contenant deux hamacs, deux draps et une couette de balle. Celui-ci déclare que ces objets appartenaient à Boishardy et qu'il les avait trouvés dans le champ « sous la ville » (Arch. judic.).

Hoche s'élève énergiquement contre ce meurtre et les circonstances qui l'avaient accompagné. Il prescrit à Crublier d'arrêter tous ceux qui avaient trempé dans ces infamies. Duval Le Gris devient le chef des royalistes dans le département et maintient son quartier général à Bocenit.

JUILLET. — En l'absence de son mari, Mme Duval Le Gris est contrainte, par un chef de chouans appelé « l'Intrus », à se rendre à Collinée pour rançonner le sieur Plesse Saint-Mirel, et est elle-même imposée de 300 livres par ce chef pour avoir acheté des biens nationaux (Interrogatoire de Mme Duval Le Gris).

Le 27, à Bocenit, Pontbellanger, s'intitulant chef de l'armée royale et chrétienne, délivre un certificat de blessure à Salomon de Lorgeril, capitaine au Loyal-Emigrant, de la division Tinténiac, blessé à Josselin (Arch. judic.).

Hoche, au retour de Quiberon, passe par Moncontour en se rendant à Saint-Malo. La nouvelle du désastre essuyé par les émigrés avait consterné les Moncontourais qui s'étaient disposés à donner une soirée aux chefs royalistes dont ils avaient escompté le succès. Si l'on en croit la chronique locale, les préparatifs ne furent pas perdus, mais ce fut Hoche qui fut fêté.

AOUT. — Le 4 (17 thermidor, an III), jour de la foire de Saint-Unet, un détachement de 120 hommes du 2ème bataillon de l'Ain, en garnison à Loudéac, commandés par le capitaine de grenadiers Cerdon, se rend à Bocenit pour s'emparer d'émigrés et de chouans qui s'y trouvaient réunis en l'absence de Duval Le Gris. Les républicains arrivent au château, à 8 h. 1/2 du soir, y surprennent les royalistes et les massacrent presque tous. Parmi les tués on cite Salomon de Lorgeril, Ch. du Couédic du Cosquer, René Ribault, trois fermiers du nom de Gérault et le nommé 0llivier, domestique de l'abbé de la Ville-Chaperon. Cerdon arrête Mme Duval Le Gris, Melle Le Texier (soeur de la précédente) et Melle de Kercadio, et les conduit à la maison d'arrêt de Loudéac. Melle Le Texier, jeune fille de 18 ans, est relâchée le surlendemain, mais Melle de Kercadio est déférée au tribunal de Lamballe qui la recherchait. Mme Duval Le Gris n'est rendue à la liberté que le 19 novembre suivant, par le tribunal de Saint-Brieuc qui reconnaît l'illégalité des poursuites dont elle avait été l'objet (Arch. Judic.) [Note : Nous donnons là des indications fournies par les archives du tribunal de Saint-Brieuc, et notamment par le procès-verbal de l'interrogatoire de Mme Duval Le Gris. Le capitaine Cerdon, dans son rapport, se borne à dire que les chouans, au nombre de douze, furent « terrassés » avant d'avoir pu sauter sur leurs armes, mais le plaidoyer de Le Saulnier, défenseur de Mme Duval Le Gris, nous apprend que les chouans furent « égorgés » sous les yeux de cette dernière. Suivant M. de Kérigant (Les Chouans), qui devait être bien renseigné, les assaillants s'acharnèrent sur les cadavres. Du Cosquer, qui s'était défendu désespérément, fut dépecé et mis sur des charbons. Le dossier judiciaire ne nous fait pas connaître la présence de contre-chouans à cette affaire, mais ce silence n'infirme pas le récit de M. de Kérigant à cet égard, car nous avons trouvé dans un autre dossier la preuve de l'existence de « contre-chouans ou gardes territoriaux » à Loudéac. Il est plus que probable que la colonne Cerdon ne se mit pas en marche sans ces auxiliaires qui avaient dû être créés pour ces sortes d'expéditions. M. de Kérigant et, après lui, plusieurs auteurs, ont dû commettre une erreur de concordance de calendrier, car ils placent à la date du 1er août 1796 cet événement qui eut lieu le 17 thermidor an III, c'est-à-dire en août 1795, quelques jours seulement après l'affaire de Quiberon].

Le 23, le lieutenant Pivert et huit gardes nationaux de Moncontour arrêtent dans une auberge, près de Notre-Dame-de-la-Croix, le nommé Leturgeon, ex-capucin, de Gausson, et deux chouans en armes. Le premier s'étant défendu d'avoir pris une part active aux rassemblements armés de Gausson, et les deux chouans ayant déclaré qu'ils venaient faire leur soumission, le tribunal de Moncontour les élargit tous les trois.

La municipalité demande que l'église soit rendue au culte et que les fourrages dont elle est remplie soient transportés dans la chapelle de Notre-Dame-de-la-Porte, qui tombe en ruines.

NOVEMBRE. — L'assemblée primaire nomme M. Montjaret-Kerjégu, président du canton.

C'est dans le cours de cette année qu'on démolit la tour de Notre-Dame-de-la-Porte.

1796. MARS. — Mathurin Doré, de Plémy, prêtre insermenté, soupçonné de connivence avec les chouans, est arrêté et condamné à la déportation à la Guyane (Arch. judic.).

JUILLET. — Le 21, Duval Le Gris fait sa soumission au général Valletaux.

OCTOBRE. — Une brigade de gendarmerie est accordée à la ville. La municipalité met à sa disposition, dans la rue de la commune, la maison Kercadio et le cimetière y attenant.

1797. MAI. — Le 7, quelques chouans vont exercer des représailles à Gausson. Ils passent d'abord par Cornéan, en Plouguenast, où ils enlèvent l'argent qu'ils trouvent chez Jacques Moi, acquéreur de biens nationaux [Note : On remarquera que les chouans s'adressent spécialement aux détenteurs de biens nationaux pour en tirer les ressources qui leur sont nécessaires]. Arrivés le même jour au bourg de Gausson, ils mettent à mort Guillaume Duval, s'emparent des objets de valeur qu'ils trouvent chez cet homme et, avant de disparaître, placardent près de la porte un billet ainsi conçu : « de la part du roi, en revange (sic) de l'assassinat de Collinée » [Note : Les chouans impliqués dans cette affaire sont Duviquet, lieutenant déserteur du 104ème de ligne ; Mairesse, chasseur à cheval, déserteur (ancien déserteur autrichien et futur déserteur des chouans) ; Jean Lamandé ; Charles Le Nepvou, dit le capitaine Charles de Plémy ; deux hommes surnommés l'un Coeur-de-Lion, l'autre Plusjoli, et un inconnu. Deux d'entre eux étaient vêtus de vestes bleues et de gilets rouges (Arch. judic.)].

OCTOBRE. — Duval Le Gris, bien qu'ayant fait sa soumission, est arrêté dans le faubourg de Saint-Jean, lors de son passage à Moncontour, et emprisonné à Saint-Brieuc. Vers le même temps, on arrête sa femme, M. et Mme de Kérigant, M. et Mme Hervé du Lorin, Villemain, Mairesse et plusieurs autres, en tout 39 personnes dont 15 femmes, accusées de chouannage et d'embauchage.

Le curé constitutionnel Bouëtard est député pour le diocèse au concile national de Paris. Il y parle avec une éloquence très remarquée.

1798. JUIN. — Carfort et Duviquet, chefs royalistes, se rendent à Saint-Brieuc pour tenter de délivrer Duval Le Gris. Dans la nuit du 16 au 17 (28 au 29 prairial), Duviquet et quelques chouans, costumés en soldats de la ligne, cherchent à s'introduire dans la maison d'arrêt pour enlever le prisonnier. Ils se présentent à la porte, amenant un homme figurant un émigré dont ils demandent l'incarcération. Le guichetier, trouvant cette démarche insolite ou obéissant à des ordres reçus, les invite à conduire cet homme au poste de la préfecture et se garde d'ouvrir la porte. Duviquet ne se trouvant pas en mesure de forcer la prison, la tentative avorte. Dans la nuit même, les chouans repartent pour leurs cantonnements. Carfort et ses hommes s'arrêtent dans les environs de Plédran, tandis que Duviquet et les autres continuent leur route vers Langast.

A la Tantouille, hameau situé sur la route de Moncontour à Loudéac, Duviquet surprend une colonne mobile venant de cette dernière ville. Les gendarmes. Corniquel, Thierry, Barré, Thomas et six chasseurs de la 13ème légère sont tués, les uns dans les habitations, les autres sur la route. Le capitaine L'Honoré est blessé grièvement et fait prisonnier [Note : Nous nous trouvons en présence de versions très différentes, en ce qui concerne les circonstances de cette affaire. Suivant quelques auteurs, les chouans occupaient la Tantouille lorsqu'arrivèrent les républicains. Ogée avance que les chouans, costumés en soldats, avaient attiré leurs ennemis dans un guet-apens, mais cet auteur donne des indications matériellement fausses qui ôtent toute valeur à son récit. Habasque présente les faits d'une façon presque aussi fantaisiste. D'après les descendants de deux gendarmes, tués dans cette circonstance, les chouans, arrivés les premiers et revêtus d'effets militaires, auraient profité de la méprise des républicains, mais sans leur dresser d'embûche. Contrairement aux versions précédentes, de nombreux auteurs rapportent que les républicains étaient arrivés les premiers à la Tantouille et y faisaient halte pour se reposer ou pour perquisitionner. Si l'on accepte le récit de la femme Plé, fille de l'aubergiste du lieu et témoin des faits, les gendarmes et quelques soldats étaient attablés dans l'auberge, et les faisceaux étaient formés devant cette maison quand les chouans survinrent. Les gendarmes furent « hachés » dans l'auberge et les soldats amenés au dehors et fusillés. La plupart des soldats qui n'étaient pas entrés dans les habitations purent s'enfuir et donner l'éveil. Le courrier de Lamballe à Pontivy, arrêté par les chouans, à son passage à La Tantouille, peu d'heures après l'événement, racontait que quatre militaires avaient été tués dans l'auberge, deux dans l'autre maison, et qu'on voyait encore sur la route deux cadavres nus. Le jugement de Duviquet, seule pièce relative à cette affaire que nous ayons pu découvrir aux archives, ne nous donne que des indications très incomplètes sur les circonstances de cet événement].

Le commandant de la place de Moncontour envoie le jour même un détachement à la poursuite des chouans. Duviquet, surpris endormi dans un champ, est arrêté et conduit à Saint-Brieuc où il est déféré au conseil de guerre [Note : Il fut arrêté par Saulnier, fourrier à la 13ème légère. En récompense, on remit à ce dernier la ceinture de Duviquet, après exécution du jugement].

Le 19 (1er messidor) le conseil, présidé par Palasne-Champeaux, chef de brigade, condamne Duviquet à mort pour désertion, pour faits de chouannerie et pour avoir, le 29 prairial, avec des chouans revêtus de l'uniforme national, massacré le capitaine L'Honoré de la 13ème légère, six chasseurs du même corps et quatre gendarmes de la résidence de Loudéac. Il est en outre condamné à 10.000 francs d'amende pour indemniser l'Etat de divers pillages et de la perte des effets enlevés aux chasseurs tués à la Tantouille. Son exécution a lieu le lendemain (Arch. judic.) [Note : La plupart des auteurs avancent que L'Honoré, blessé grièvement et fait prisonnier, ne fut mis à mort qu'après l'exécution de Duviquet et par représailles. Il faut donc admettre, si ces auteurs sont bien renseignés, que le conseil de guerre considérait L'Honoré comme mort de ses blessures ou ne devant pas survivre].

JUILLET. — Le 5, Duval le Gris et Dutertre (ce dernier contumace) sont condamnés à mort et sept de leurs coaccusés à la déportation. Les autres sont relâchés.

Peu de temps après, Duval le Gris est rendu à la liberté par le président du tribunal révolutionnaire, gagné à prix d'argent (de Kerigant).

SEPTEMBRE. — Un détachement républicain arrête en Plumieux M. Cochon, prêtre insermenté, de Gomené. Emmené sur la route de Saint-Brieuc, ce malheureux est fusillé à la Tantouille, immolé sans doute en mémoire des républicains tués dans ce hameau. Son corps repose dans le cimetière de Plémy et l'on a élevé un monument sur le lieu où il fut mis à mort.

DÉCEMBRE. — En présence d'une recrudescence de chouannerie, la municipalité de Moncontour arrête la formation d'une colonne mobile et prend diverses autres mesures pour assurer la sécurité publique.

Marie Verde, de Trébry, dont le mari avait été exécuté, est arrêtée et condamnée à mort pour avoir logé des chouans et leur avoir remis de l'argent et des vivres qu'elle s'était procurés par intimidation (Arch. judic.).

1799. FÉVRIER. — Une colonne venue de Saint-Brieuc pour faire rentrer les contributions dans la commune de Quessoy, est attaquée par les chouans. Ceux-ci perdent 3 ou 4 hommes et ont plusieurs blessés (Le Maoût).

M. Loncle, prêtre de Plouguenast, qui se cachait dans cette localité, est surpris par une colonne mobile qui l'emmène à Plessala et le fusille sur la route de Collinée.

AOUT. — Les chouans ayant enlevé la caisse de Loudéac, pillé le bourg de Collinée et commis diverses tentatives sur d'autres communes, la municipalité de Moncontour décide de rétablir la fermeture des trois portes de la ville. (A. Houssaye).

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