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MILIZAC DURANT LA REVOLUTION

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Hervé Le Guen, recteur de Milizac, refusa le serment à la Constitution civile du Clergé, de même que ses deux vicaires, Jean-Marie Talarmein et Jean-Louis Le Meur (Peyron). 

Le 15 Mai 1791, M. Le Guen dit une messe basse à Milizac, puis il disparaît de la perspective. Ce jour-là, à neuf heures du matin, Ulfien Duval, curé de Trégouescat, élu par les électeurs du district de Brest curé constitutionnel de Milizac, prête serment dans l’église de cette paroisse avant d’y chanter la messe (Archives de Milizac).

Le 31 Juillet suivant, M. Talarmein est arrêté à Milizac, au moment où il vient d’y dire la messe, et conduit aux Carmes de Brest, où il fut interné jusqu’au 27 Septembre (Peyron). Nous le retrouvons à Milizac le 19 Octobre. Ce jour-là, Ulfien Duval, Talarmein et Le Meur se trouvent assemblés avec un certain nombre de paroissiens dans la chapelle Sainte-Anne. Un concordat est conclu : il est entendu que Talarmein et Le Meur sans troubler leur collègue constitutionnel, diront la messe l’un à huit heures, l’autre à onze heures du matin, qu’ils pourront baptiser, confesser, bénir les mariages et visiter les malades. Pour les baptêmes il suffira que les parents avisent Duval qu’ils désirent que leur enfant soit baptisé par les prêtres de leur choix (Archives de Milizac).

Le Meur continua de dire la messe matinale à Milisac jusqu’an 15 Août. Il la dit ensuite à Guipronvel jusqu’au 19 Octobre, puis la redit à Milizac jusqu’au 12 Décembre. Il la disait encore dans l’église paroissiale en 1792, le dimanche de l'Epiphanie et les deux dimanches suivants. Le 23 Mai de cette année, le séquestre fut établi sur ses meubles. Quant à Talarmein, ses meubles avaient été séquestrés trois jours auparavant, et lui-même se présentait le 23 Mai à la municipalité, pour déclarer qu’il avait résidé à Milizac comme prêtre desservant jusqu’au 1er Décembre 1791, invoquant à ce propos le témoignage de François-Marie Bescond et de Jacques Follezour, tous deux de Milizac. Un certificat de sa déclaration lui fut aussitôt accordé. Le 29 Mai 1792, Le Meur obtient aussi de la municipalité un certificat de résidence actuelle et habituelle à Milizac (Archives de Milizac).

Dans le courant de Juin, plusieurs paroisses du Bas-Léon, dont Milizac, adressaient au Roi une supplique en vue d’obtenir la liberté des prêtres non assermentés et la liberté pour elles-mêmes de recourir aux prêtres de leur choix dans leurs besoins spirituels [Note : Cette supplique ne parvint pas au Roi, et quand, en Septembre, elle fut saisie, Louis XVI était au Temple depuis le 10 Août, et la déchéance avait été prononcée]. On rechercha les auteurs de cette pétition, et, le 12 Septembre, Jean L'Hostis, greffier du juge de paix de Saint-Renan, Pierre Jaouen, maire de Milizac, et les officiers municipaux de Plabennec furent incarcérés à Brest. Le 19 Septembre, sur appel du district, se rendaient également à Brest François Raguénez, Vincent Tréhoret, Tanguy Fagon, officiers municipaux, et François Penvern, procureur de la commune de Milizac. Interrogés sur la supplique adressée au Roi, ils répondirent qu’elle leur avait été présentée par Pierre Jaouen, leur maire, et qu’ils l’avaient signée pour obtenir le calme dans la paroisse, en y faisant venir des prêtres non assermentés (Peyron).

Milizac supportait avec peine la présence de l’intrus Duval, dont le ministère n’y avait aucun succès. Il se plaint au District, le 20 Avril 1792, que Catherine Pichon épouse d'Yves Kerboul, de Kerlaudi, soit allée faire ses couches à Plouzané, de façon à y faire baptiser son enfant. Il est également mécontent de Nicolas Kerlosquet, marguillier des Trépassés, qui refuse de rendre ses comptes. « On présume bien, ajoute Duval qu’il donne l’argent à nos prêtres réfractaires, qui sont je ne sais où depuis deux mois. Nous avons donc toute la fatigue et point le casuel ».

Le jour de la Saint-Corentin, en Décembre 1792, un instant avant la grand'messe, on déshabilla le maître-autel, en n’y laissant que deux bouts de cierge. Le bruit se répandit que les marguilliers devaient, après vêpres, prendre les croix à la sacristie pour les porter à la maison mortuaire, à l’occasion d’un décès. Le 12 Janvier 1793, le maire alla au presbytère réclamer les clefs de la sacristie pour y prendre les croix en vue d’un enterrement. Sur le refus de Duval, il déclara qu’il les prendrait quand même. Le jour suivant, l'intrus exposait la situation au District, avec la réflexion suivante : « Vous voyez la malice des marguilliers qui est de faire avoir aux aristocrates tous les honneurs de l'Église qu’ils déchirent... » [Note : Voir M. Peyron. — En cette même année 1793, une croix processionnelle, une Vierge, un encensoir et une lampe, tous objets en argent, furent portés de Milizac à La Monnaie].

Sous la Terreur, le dimanche dut céder le pas au décadi, jour de repos où les républicains devaient s’assembler pour entendre la proclamation des lois par les magistrats du peuple et leur explication par l’instituteur.

Cette institution supprima la messe officielle des prêtres constitutionnels. Le 29 Germinal an II (12 Avril 1794), le Conseil général de Milizac arrête :

1- Que la cloche laissée dans le clocher, par la loi du 22 Juillet dernier (vieux style), ne sera plus sonnée pour l’exercice d’aucun culte quelconque, mais seulement pour les institutions républicaines ;

2- Tous les citoyens sont avertis de s’assembler tous les jours de décades, à une heure après-midi, dans l'église de la commune, à défaut d’autre local assez spacieux.

On ne conservera dans tous les carrefours publics et autres lieux de la commune que les colonnes sur lesquelles étaient élevées des croix ou autres signes d’un culte particulier, et, en haut de chaque colonne, il sera substitué à la croix un écriteau portant les mots liberté, égalité, et l’indication des routes pour l’utilité des voyageurs.

Vu, en outre, que le fer sur une élévation n’est propre qu’à attirer la foudre, il sera substitué à la croix de fer du clocher un mât avec pavillon aux trois couleurs (Peyron).

Le 20 Messidor an II (16 Juillet 1795), la municipalité de Milizac arrête :

1° Que la ci-devant église paroissiale de cette commune sera accordée pour l'exercice du culte des prêtres non assermentés, et l’église de Sainte-Anne pour l’exercice du culte des prêtres assermentés, avec défense aux ministres des deux cultes d’entrer l’un dans le temple de l’autre, sous peine d’être punis conformément à la loi ;

2° Que les effets servant pour les cérémonies des dits cultes qui sont encore dans la sacristie ou dans l’église de cette commune soient de suite partagés par la Municipalité, qui fera un inventaire de ce qu’elle donnera à chaque partie, et nommera deux gouvernants qui seront responsables des dits effets et les représenteront à notre première réquisition ;

3° Qu’en conformité de la loi du 11 Prairial, les dits ministres auront à faire leur soumission aux lois de la République, avant de pouvoir jouir des bienfaits de la dite loi, dont nous leur décernerons acte ;

4° Qu’une copie du présent arrêté sera envoyée au District de Brest ; une autre copie sera affichée à la porte de la Maison commune, et une autre notifiée de suite aux ministres des dits cultes...

Dans leurs considérants, les municipaux notaient :

1° Que la grande majorité des habitants de la commune n’avaient jamais voulu suivre le culte des prêtres assermentés ni assister à leur office, mais avait constamment suivi les prêtres non assermentés depuis leur retour (en Mars ou Avril 1796), bien que ceux-ci n’eussent point eu à leur disposition de local commode et qu’ils eussent été contraints d’exercer leur culte dans des maisons particulières ;

2° Qu’ayant fait leur soumission, devant la municipalité, aux lois de la République, ces prêtres non assermentés, pouvaient, aux termes de la loi, exercer librement leur culte ;

3° Qu’ils doivent être assurés d’un local, à cet effet ;

4° Qu’aux termes de la loi, toutes les églises servant anciennement à l’exercice du culte devaient être rendues ; que l’église de Sainte-Anne était beaucoup plus grande qu’il ne fallait pour recevoir les adeptes des prêtres assermentés, tandis que l’église paroissiale suffisait à peine à recevoir le reste de la population... (Peyron).

A Brest, près du District, la pétition de la commune de Milizac reçut un accueil défavorable, et ce ne fut qu’en l’an IX (1801) que l’on fit droit aux nouvelles instances de la municipalité.

Celle-ci représentait en effet au Premier Consul, le 29 Pluviose an IX (18 Février 1801), qu’à Milizac, sur 1.400 habitants, une quarantaine au plus suivait le culte exercé par Duval dans la grande église, tandis que le reste était attaché aux prêtres catholiques Guen et Boulch, qui célébraient dans l’église Sainte-Anne. Ils demandaient en conséquence que l’ordre des choses fût interverti.

Dans la première quinzaine de Vendémiaire an XI (Septembre-Octobre 1802), François Quéméneur, maire de Milizac, recevait une lettre de M. Larchantel, vicaire général de Quimper, lui notifiant que tous pouvoirs étaient ôtés à M. Duval, desservant de la commune, jusqu’à nouvel ordre, par Mgr. André. Il remit la lettre à Duval, le sommant, en présence de son adjoint et du juge de paix du canton de Plabennec, de lui remettre les clefs de l’église. Duval répliqua « qu’il se reconnaissait à Mgr. André, évêque de Quimper, aucun pouvoir sur lui, qu’il n’a aucun pouvoir de l’interdire, qu’en conséquence il passerait outre, qu’il ne remettrait ni les clefs de l’église ni celles de la sacristie, qu’il continuerait les fonctions comme au passé, qu’il était ici curé de droit divin, que pas même le pape n’avait droit de l’interdire ». Sur son refus, le maire lui déclara qu’il lui défendait toute fonction dans la commune, vu que méconnaissant l’autorité de Mgr. André, il n’appartenait pas à l’évêché de Quimper, puis il requit le juge de paix de mettre les scellés sur la sacristie pour assurer à qui de droit les effets qu’il a à son usage pour la desserte du culte (Archives de Milizac).

Le 3 Prairial an X (23 Mai 1812), treize frênes du cimetière furent vendus 200 francs et la somme fut affectée à la réparation des cloches.

Ayant appris qu’il était question d’une nouvelle circonscription des succursales, le Conseil municipal de Milizac se réunit le 27 Thermidor an XII, et demanda le maintien du statu quo pour la commune : « La commune, expliquent-ils, a au moins 8 lieues de circonférence et une population de 1.600 âmes, le chef-lieu est à peu près au centre : un seul desservant ne pourrait parcourir une si grande distance ; dans un cours de maladie quatre suffiraient à peine. Avant la révolution, la commune était desservie tantôt par 4 tantôt par 5 ecclésiastiques, non compris les prêtres de Guipronvel sa trêve. Il serait impossible, sans entraver l’exercice du culte, d’annexer cette commune, vue son étendue à une autre commune... » (Archives de Milizac).

M. Pérennès

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