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ABBAYE NOTRE-DAME DE MELLERAY

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Décadence et reconstruction de l'abbaye de Melleray.

L'histoire de l'abbaye de Melleray offre, comme celle de la plupart des monastères, trois périodes consécutives : le temps de la formation, signalé par les nombreuses donations des XIIème et XIIIème siècles, et par la ferveur des premiers religieux, — l'époque de relâchement dans la discipline provenant en partie des richesses acquises à l'abbaye, favorisé au XVIème siècle, par l'introduction de la commende et achevé par les guerres civiles du temps de la Ligue, — enfin la période de réformation religieuse aux derniers siècles.

Malheureusement les documents nous font défaut pour entrer dans les détails ; nous venons bien de décrire l'agglomération successive des terres, rentes et dîmes, qui donna dès le XIIIème siècle un beau domaine et de bons revenus aux religieux de Notre-Dame de Melleray. Cette dévotion populaire envers le monastère, cette pieuse rivalité de tous les seigneurs, grands et petits, des environs à doter les moines, prouvent bien en quelle estime ceux-ci étaient tenus dans le pays qu'ils habitaient.

Nous savons par ailleurs, qu'ayant trouvé au Vieux-Melleray un lieu désert et sauvage, partie en bois, partie en terres incultes, ils étaient parvenus, à force de travail et de persévérance, à en changer complètement la physionomie, et à créer de vertes prairies, des champs produisant de riches moissons et de beaux vergers pleins d'arbres fruitiers. Ils avaient aussi construit un solide et convenable monastère, d'où le luxe avait été proscrit, mais qui subvenait parfaitement à tous les besoins de la vie régulière.

Devant de tels résultats, qui n'étaient pas particuliers à Melleray, mais qu'offraient au XIIIème siècle tous les établissements Cisterciens, les papes s'empressèrent de féliciter les religieux qui suivaient si bien les enseignements de saint Benoît et de saint Bernard, partageant leur vie en deux occupations : la prière et le travail des mains. Nous avons déjà vu le pape Eugène III prendre dès 1141 l'abbaye de Melleray sous sa haute protection. Plus tard, le Souverain Pontife Innocent IV voulut à son tour récompenser par d'insignes privilèges tant de vertus pratiquées dans l'obscurité du cloître. De 1245 à 1247, il envoya aux religieux de l'ordre de Cîteaux plusieurs bulles que nous résumons en quelques mots. Par l'une, il dispense toutes les abbayes de cet ordre de la visite des Ordinaires ; dans une autre, il défend d'excommunier les serviteurs des religieux Cisterciens et dispense les religieux eux-mêmes de paraître devant un synode ou une assemblée séculière, pour un délit autre que celui d'hérésie ; dans une troisième, il interdit au clergé séculier de violer les privilèges, en vertu desquels les religieux de l'ordre de Cîteaux sont exempts de toute juridiction extérieure (Archives de la Loire-Inférieure, H. 19).

Mais on abusa de ces privilèges mêmes, et les passions humaines, renaissant avec le temps dans les cloîtres, ébranlèrent peu à peu les fondements de la vie monastique ; l'austérité première disparut, le travail ne sembla plus nécessaire parce qu'on était devenu riche, la ferveur et la piété diminuèrent en même temps, et la sainte règle tracée par les bienheureux fondateurs fut sinon abandonnée, du moins considérablement mitigée. Sur les entrefaites, l'ambition des grands pénétra dans l'abbaye, et la commende, ce fléau de l'Eglise, parvint à s'y introduire.

« On sait que les commendes n'étaient autre chose que des bénéfices accordés à des ecclésiastiques séculiers et même à des laïques, aux dépens des communautés régulières, qui se trouvaient privées à la fois d'une partie de leurs revenus et de l'autorité abbatiale, que les commendataires exerçaient seulement au temporel. On sait aussi à quels abus elles donnaient lieu. Dom Lobineau écrit qu'elles avaient souvent plutôt l'air d'un véritable brigandage que d'une administration légitime. Ces excès augmentèrent avec les guerres de religion, qui ouvrirent les portes à toutes les iniquités. Les biens ecclésiastiques devinrent la proie et le butin des combattants. Les spoliations furent brutales. On vit parfois le loup entrer dans la bergerie, sous le déguisement du pasteur » (Le Gouvello, Revue de Bretagne et de Vendée, XLIV, 346).

Nous ne connaissons pas assez la vie privée des abbés commendataires de Melleray au XVIème siècle, pour pouvoir les accuser d'avoir donné scandale à ce point ; mais nous savons du moins qu'ils ne résidaient point à Melleray ; nous savons aussi que la guerre de la Ligue fit de terribles ravages dans les environs de Châteaubriant, ville plusieurs fois prise et reprise par les Ligueurs. Voici d'ailleurs un document qui va nous faire connaître tout à la fois ce qu'était l'ancien monastère de Melleray, tel que l'avaient construit les Cisterciens du XIIème, siècle, et quels dégâts y occasionnèrent « la négligence des abbés et le passage des gens de guerre ». Ce procès-verbal (Archives de la Loire-Inférieure, H. 76) fut dressé en 1603, à la demande de Jean Giraud, nouvellement nommé abbé commendataire de Melleray ; nous en extrayons ce qui suit :

Les enquêteurs constatèrent d'abord diverses réparations urgentes dans le carrelage, le vitrage et la couverture de l'église abbatiale de Melleray et de ses deux chapelles adjacentes, dédiées à l'Annonciation et à saint Jean.

Les dégâts signalés an grand cloître nous font connaître cette galerie aujourd'hui disparue. « La base qui porte les colonnes est rompue en quelques endroits, et il manque jusqu'au nombre de onze colonnes de pierre de taille et deux arceaux qui supportent la couverture dudit cloistre tombée et du tout ruisnée ».

L'on passa de ce cloître dans la salle du Chapitre, puis dans le Petit Cloître appelé aussi le Cloître de l'Abbé, et enfin dans la chapelle du dit Petit Cloître ; mais les murailles de cette chapelle se trouvaient « presque du tout ruisnée et gastée et prestes à tomber, et n'y a aucun carreau ny vitrail en icelle ».

Le dortoir contenant neuf « chambres » à l'usage des simples religieux ; « le grand logix, appelé le logix de Prières » et les chambres de l'abbé, du prieur et du sous-prieur avaient moins souffert et n'avaient guère besoin que d'un nouveau carrelage.

Le réfectoire se trouvait dans un pitoyable état et sans pavé « en toutes les fenestres n'y a aucunes vitres, » et dans la dite salle, « sont quantité de gerbes de blé et de grains ». Pourquoi le réfectoire des religieux se trouvait-il ainsi converti en grenier ? la suite du procès-verbal nous l'apprend : c'est que « le grand logix, sans cheminées, où anciennement estoient le grand cellier et les grands greniers de l'abbaye » était en ruine, « les terrasses d'iceluy toutes gastées et rompues, et sa charpente tombée en partie ».

Mentionnons encore « la galerie qui est en la principale entrée du couvent » et « le grand portail qui est au joignant » ; celui-ci n'a plus de « portes fermantes, » et sa couverture laisse à désirer.

Il faut aussi noter un logis renfermant la cuisine, la salle servant alors de réfectoire et quelques chambres au-dessus. N'oublions pas non plus les ruines d'un petit édifice voisin du cloître de l'abbé, que les religieux dirent « avoir esté une chapelle qu'on appeloit la chapelle de Clisson ».

Il existait encore une autre chapelle « appelée la chapelle des Daille, joignant le grand portail de ladite abbaye, laquelle chapelle menace ruine, l'autel rompu et sans aucunes portes ny vitres ».

La visite et le procès-verbal se terminent par les étables, fanneries, boulangeries et moulins de l'abbaye et par les métairies qui en dépendaient.

Ce qui est surtout intéressant pour nous dans ce document, c'est la constatation de l'ensemble des édifices formant l'abbaye de Melleray avant la commende : l'église abbatiale avec son cloître et les logements d'une dizaine de religieux, l'appartement de l'abbé, sa chapelle et son cloître particuliers. — plusieurs autres petits oratoires, probablement fondés par de pieuses familles ; — enfin quelques bâtiments caractéristiques, tels que ce logis des celliers et greniers et ce portail principal avec sa galerie.

Lorsque l'abbé Jean Giraud entreprit la reconstruction de son abbaye — fait attesté par plusieurs écussons à ses armes qui existent encore à Melleray, — il dut commencer par raser tout ce qui tombait en ruines, notamment les anciennes chapelles de Clisson et des Dailles, et malheureusement aussi les deux cloîtres et l'appartement de l'abbé avec son oratoire.

C'est à la suite de cette destruction que fut construite, sur le bord du bel étang de Melleray, la maison de l'Abbatiale, pour servir de résidence aux abbés commendataires ; cette maison, qui subsiste toujours. — affectée au logement des pensionnaires de l'abbaye, — est posée d'une façon charmante au milieu de parterres élevés sur une terrasse baignée par les flots du petit lac ; à sa droite un vieux bois, à sa gauche le monastère, en face la belle nappe d'eau et sur un flot rocailleux la statue de Notre-Dame.

Mais nous ne saurions trop regretter ces vieux cloîtres avec leurs colonnes et leurs arceaux en pierre probablement de style roman comme l'église et le portail : ce qui constitue actuellement le cloître de Melleray ne rappelle en rien la construction primitive.

 

Si au point de vue matériel l'abbaye de Melleray était en si triste état au commencement du XVIIème siècle, il est fort probable qu'au point de vue spirituel, le couvent cistercien laissait également à désirer ; la preuve en est qu'il fut, durant ce siècle, l'objet d'une sérieuse réforme.

La Bretagne ne possédait pas moins de seize abbayes appartenant à l'ordre de Cîteaux, quatorze maisons d'hommes et deux de femmes. La plupart d'elles, semble-t-il, avaient besoin d'être rappelées à l'observance de leur règle primitive. Cette salutaire réforme naquit en l'abbaye de Prières, au diocèse de Vannes, grâce au zèle persévérant et au véritable esprit religieux qui animaient dom Bernard Carpentier, prieur de ce monastère. A force d'instance, il parvint à chasser de Prières la commende et obtint un abbé régulier, choisi par les moines du lieu. Sous le gouvernement de dom Jean Jouaud, qu'éclairaient les conseils de dom Carpentier, la réforme s'étendit de Prières dans toutes les maisons cisterciennes de Bretagne ; d'ailleurs la protection de Richelieu, abbé général de Cîteaux, ne lui manqua point et fut d'un grand secours aux pieux réformateurs.

En 1653, dom Jouaud, abbé de Prières, devint vicaire général de l'Ordre et membre du conseil de conscience, ce qui l'obligea à venir résider à Paris, au collège de Saint-Bernard. Désigné presque en même temps comme visiteur de la Bretagne, de la Normandie et d'autres provinces, il releva l'Étroite Observance, à travers mille obstacles, dans un grand nombre d'abbayes, notamment au diocèse de Nantes, dans celles de Villeneuve et de Melleray.

C'est donc vers la fin du XVIIème siècle que fut réformé le monastère de Melleray ; en même temps qu'on y rétablissait la règle de saint Bernard, légèrement modifiée, on poursuivait la reconstruction des bâtiments claustraux entreprise par l'abbé Giraud. Du grand carré formant le cloître, l'un, celui de l'est, porte la date de 1701 ; l'autre, vis-à-vis à l'ouest, celle de 1761. Cette dernière construction vraiment monumentale présente, suivant l'usage du temps, plutôt la façade d'un riche hôtel ou d'un château que celle d'un couvent.

Quant à l'édification de la partie orientale du monastère, voici l'inscription qui fut alors gravée sur l'une des pierres fondamentales : il est à remarquer qu'on y lit le nom du vicaire général de Cîteaux, l'abbé de Prières, d'où la réforme était venue à Melleray, tandis que celui de l'abbé même de Melleray fait défaut, parce qu'il n'était que commendataire.

Uni trinoque Domino.
Anno salutis MDCCI, VI non. maii
Sub Pont. Max. Clement XI.
Reg. Franc. Lud. XIV. Abb. gen.
Cist R. D. Nic. Larcher ; vic.
Gen. R. D. J. M. de Sérent,
A. de Precib : Lapis hic fundamentalis
Positus est a nobilissimis et protectricibus personis
D. Francisca Dondel uxore D. J. B.
De Cornulier D. de Loreire equitis et magnatis,
D. B. Theresi de Sancyin uxore
D. J. Raoul D. de la Guibourgère equitis et magnatis,
D. Jac. Awril D. de Senegrau equitis et magnatis
Cum D. Francis. Fournier uxore sua

(Voir Lainé, Généalogie de la maison de Cornulier, 194).

Les deux autres côtés du cloître sont occupés au nord par la vieille église abbatiale du XIIème siècle, et, au sud, par une construction trop modifiée de nos jours pour qu'on puisse lui assigner sa date ancienne. Ce sont là ce que l'on appelait les « quatre ailes » formant le carré du cloître. Au moment de la Révolution, on y trouvait « quinze chambres de religieux, quatre chambres d'hôtes, un salon, une salle à manger et les autres pièces nécessaires au service de la communauté. Il y avait huit lits pour les domestiques » (Abbé Grégoire, Etat du diocèse de Nantes en 1790, 2ème partie, 19). Suivant le Cartulaire de Bégar et la Chronique de Melleray, ce dernier monastère n'avait été fondé que pour huit religieux (Abbé Tresvaux, l'Eglise de Bretagne, 574). Il ne semble pas que ce nombre assez restreint ait jamais été de beaucoup dépassé ; en 1790, il n'était même plus atteint.

A cette dernière et triste époque, en effet, le personnel régulier de l'abbaye de Melleray se composait des sept religieux dont voici les noms : Etienne Carlier, prieur ; Jean-Joseph Richard, procureur ; Jean Le Maître, chantre ; Pierre Chinon, sacriste ; Jean-Baptiste Bresdon, cellerier ; Jean-Baptiste Vannier, ancien prieur de Buzay ; Clément Martin, frère convers.

Vers le milieu du XIXème siècle, quelques vieillards des environs de l'abbaye parlaient encore volontiers de ces derniers religieux de Melleray. D'après leurs dires, recueillis par le R. P. Hermeland (Etude historique ms. sur Melleray), ils exerçaient beaucoup de charités ; le prieur faisait travailler grand nombre d'ouvriers du pays, soit comme vassaux, en leur faisant acquitter leurs journées de prestations, soit comme journaliers, moyennant salaire ; ils avaient aussi plusieurs domestiques attachés à leur maison et parfois ne dédaignaient point de travailler de leurs mains avec eux ; c'est ainsi que des témoins racontaient avoir vu les moines construire eux-mêmes la clôture d'un de leurs jardins. Au reste, on ne faisait pas seulement de l'horticulture et de l'agriculture sur une assez vaste échelle dès ce temps-là à Melleray, mais les religieux y dirigeaient aussi des tanneries et des moûtures et exerçaient plusieurs autres industries et métiers.

Le Jardin de l'abbaye Notre-Dame de Melleray

Ils sortaient parfois de leur cloître pour aller remplir aux environs diverses fonctions sacerdotales, prêchant, confessant et remplaçant au besoin les prêtres des paroisses voisines, infirmes ou absents.

Néanmoins ces derniers religieux de Melleray ne menaient point une vie aussi austère que leurs prédécesseurs au moyen-âge. Un inventaire dressé en 1791 prouve que chacun d'eux avait sa chambre bien meublée d'un bon lit avec secrétaire, fauteuil et canapé ; ils usaient d'argenterie à leur repas pris en commun, et vivaient en somme un peu comme de bons prêtres séculiers, à part l'office du choeur, qu'ils chantaient en leur église, où l'Inventaire mentionne leurs huit pupitres de cuivre. Que devinrent ces religieux, derniers membres de l'antique abbaye ?

Au mois de mai 1791, il fut sursis à la vente par la Nation, de l'abbaye de Melleray, parce qu'on la destina à recevoir les religieux de différents ordres qui désireraient continuer la vie monastique. Naturellement, les moines étrangers à la règle de Cîteaux ne voulurent point se rendre en ce monastère ; les Bernardins eux-mêmes firent la sourde oreille, et, en 1792, il ne se trouvait plus à Melleray que le père Carlier, prieur, avec deux ou trois autres religieux de son Ordre. Ils furent autorisés à y prolonger leur séjour, sous la condition de ne pas sonner leurs messes et de les célébrer portes closes. Le Père Carlier, infirme et très âgé, eut alors la faiblesse de prêter le serment de fidélité à la Constitution civile du clergé, devant la municipalité de Melleray, le 4 septembre 1792. Cette lâche condescendance du prieur de l'abbaye n'empêche pas celle-ci d'être pillée et ravagée quelques jours après, le 11 septembre, par la garde nationale de Joué (Lallié, Le diocèse de Nantes pendant la Révolution, I, 201, 202, II, 68). On ne sait ce que devint ensuite le Père Carlier. Il était originaire de Cambray et comptait, en 1790, cinquante ans de religion.

Le Père procureur de Melleray montra plus de fermeté que son prieur. Jean-Joseph Richard, né à Rennes, en la paroisse Saint-Sauveur, était, en 1792, âgé de 53 ans ; autorisé à demeurer dans son monastère avec les Pères Carlier et Vannier, il refusa de prêter le serment sacrilège qu'on lui demandait, et exerça tant qu'il le put le saint ministère en la paroisse de Melleray, dont le pasteur légitime avait dû fuir à la fin de 1791. Poursuivi par les révolutionnaires, ce bon religieux fut arrêté et condamné à la déportation à l'étranger. Le 10 septembre 1792, il partit pour Paimbœuf et s'embarqua sur le vaisseau le Télémaque, qui le conduisit en Espagne (Lallié, Le diocèse de Nantes pendant la Révolution, I, 307, II, 335).

Le chantre de Melleray, Jean Lemaître, eut, comme le Père Carlier, la faiblesse de faire le serment, mais il répara honorablement sa faute. Né à la Chapelle-Glain, en 1756, il fut élu curé constitutionnel d'Erbray le 29 mai 1791, puis de Saint-Mars-la-Jaille le 25 septembre suivant. Sur le registre des pensions du district d'Ancenis, à la date du 13 février 1792, il figure comme curé du Pin. Mais à la fin de cette même année 1792, le Père Lemaître sortit de France, ce qui fait supposer que dès cette époque il avait reconnu ses erreurs et rétracté son serment. Rentré dans sa patrie, en 1797, ce pauvre religieux fut arrêté à Châteaubriant, et y fut emprisonné. De là il fut amené à Nantes, le 9 vendémiaire an VI (30 septembre 1797), et déporté à la Guyane ; il y mourut, à Conanama, le 12 septembre de l'année suivante (Lallié, Le diocèse de Nantes pendant la Révolution, II, 227).

Jean-François Bresdon, religieux bernardin de Melleray, était né à Nantes le 27 septembre 1745 ; il fit profession le 20 août 1768, quitta le cloître le 27 octobre 1790, et fit sa déclaration de sortie à la municipalité de Nantes le 24 décembre suivant. Il fut élu curé constitutionnel du Grand-Auverné le 29 mai 1791, et, deux jours après, nommé vicaire à Saint-Similien de Nantes. Il choisit, paraît-il, la cure du Grand-Auverné, où il se trouvait établi à la fin de 1791. Obligé de se réfugier à Châteaubriant en 1793, le Père Bresdon exerça plus tard, le culte à Saint-Donatien de Nantes, et finit par reconnaître ses torts ; il rétracta ses serments schismatiques dans une lettre adressée au Saint-Père, et datée de 20 mai 1796. Ce fut, sans doute, l'envoi de cette lettre, dont une copie tomba aux mains de l'Administration, qui fut la cause de son incarcération au château du Bouffay, à Nantes, le 15 juin suivant ; quatre jours après on le transféra en la prison du Bon-Pasteur. Réconcilié avec l'Eglise, cet ancien religieux mourut vicaire aux Moûtiers le 11 juin 1811 (Lallié, Le diocèse de Nantes pendant la Révolution, II, 57).

On sait peu de choses du sascriste Pierre Chinon, si ce n'est qu'il quitta l'habit religieux vers le milieu de 1791, et se retira dans sa famille.

L'ancien prieur de l'abbaye de Buzay, retiré à Melleray, le Père Jean-Baptiste Vannier, était, en 1791, âgé de 62 ans. Ayant alors exprimé le désir de continuer la vie commune des religieux, il fut maintenu à Melleray, où il mourut le 31 avril 1792.

Enfin le seul frère convers de l'abbaye de Melleray, au moment de la Révolution, était Clément-Julien Martin, né le 3 juin 1741. Il prêta, à Nantes, les serments de 1792 et de fructidor an V, jurant haine à la royauté (Lallié, Le diocèse de Nantes pendant la Révolution, II, 262).

En résumé, des six religieux profès que renfermait l'abbaye de Melleray en 1790, deux demeurèrent constamment fidèles à leur sainte vocation ; les quatre autres faiblirent, il est vrai, devant l'orage révolutionnaire, mais deux d'entre eux reconnurent leur faute, qu'ils expièrent cruellement, et se réconcilièrent d'assez bonne heure avec l'Eglise, leur mère. Quant aux deux derniers et au frère convers, rien ne prouve qu'ils aient persévéré dans les mauvais sentiments qu'avait suscités en eux la terrible tempête ; la charité nous porte donc à croire que Dieu leur fit également la grâce de rétracter leurs erreurs, à l'exemple de leurs confrères (Guillotin de Corson). 

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