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MANOIR ET SEIGNEURIE DE LANAVAN

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Il est le mieux conservé des anciens manoirs de Mahalon. Il garde encore, à l’entrée de sa cour, un portail gothique monumental, et des dépendances anciennes. Les ruines de certains corps de logis conservent de fort jolies fenêtres. Le colombier, situé dans un verger au Sud du manoir, est magnifique avec ses centaines de petits compartiments accouplés et sa grande vasque centrale en granit où les pigeons venaient se baigner et se désaltérer. L’on imagine facilement les énormes dégâts que causait une telle nuée d’oiseaux lorsqu’ils s’abattaient sur un champ de blé...

Il ne reste aucune trace de la chapelle. Elle se trouvait à une certaine distance du château. Vers 1930, une prairie en couvre l’emplacement.

Il est probable que le premier manoir qui fut construit à Lanavan ou Lanalan datait seulement de la seconde partie du XVème siècle, car dans la réformation de 1443, Lanalan, qui appartenait à Guillaume de Tyvarlen, seigneur du Guilguiffin, est cité, non comme manoir, mais comme un simple village. C’est seulement quand il devint la propriété des Penfrat qu’un manoir y fut construit.

La famille des Penfrat avait pour berceau le manoir de Penfrat en Landudec où résidait, en 1426, Maître Yves Penfrat. Elle paraît avoir eu une origine commune avec les Pencoët qui portaient les mêmes armes et dont le nom rappelait celui de l’ancien castel de Penengoet, peu éloigné de Penfrat.

En 1502, le manoir de Lanavan était habité par Maître Yves Penfrat auquel succéda Jehanne Penfrat qui, décédée vers 1519, eut pour fils et héritier Yvon Geffroy, écuyer.

Celui-ci fut père de trois enfants dont l’aîné, Alain Geffroy, mourut sans postérité. Ses deux filles, Marguerite et Hélène, épousèrent, l’une François du Marc'hallec'h, sieur de Trélen, l’autre François de Coetanezre, sieur des Salles, qui demeurait au manoir du même nom en la paroisse de Kerfeunteun. François de Coetanezre et damoiselle Hélène Geffroy, sa femme, furent inhumés tous deux dans la chapelle Saint-Corentin de la cathédrale de Quimper. Leurs tombes voisinaient avec celles des seigneurs de Névet et du Marc'hallec'h.

Après la mort de son beau-frère Alain Geoffroy survenue en 1572, François du Marc'hallec'h vint habiter Lanavan dont sa femme avait hérité. Décédé lui-même quelques années plus tard, sans laisser d’enfants, il fut inhumé dans la tombe que les seigneurs de Lanavan possédaient dans l’église de Plozévet. Sa veuve, Marguerite Geoffroy, se remaria alors à Pierre du Dresnay. Elle vivait encore en 1605. Lorsqu’elle mourut, la terre de Lanavan passa à l’aînée de ses nièces, Julienne de Coetanezre, dame de Reuvillon, fille de sa soeur Hélène.

Julienne de Coetanezre avait épousé en premières noces René du Dresnay, seigneur de Kercourtois. Les armes des Dresnay, seigneurs de Kercourtois, étaient d’argent à la croix ancrée de sable, accompagnée de trois coquilles de gueules. Leur écu se voyait dans la nef de la cathédrale de Quimper.

René du Dresnay eut une fin tragique pendant la guerre de la Ligue en 1594. L’historien de la Ligue, le chanoine Moreau, en a fait le récit.

Au cours de cette guerre, René du Dresnay fut chef des Ligueurs de la Haute-Cornouaille. Un vieux chant breton, recueilli par Hersart de la Villemarqué, nous a conservé le souvenir de cette levée en masse des paysans bas-bretons, contre ceux qu’ils considéraient à la fois comme les ennemis de leurs croyances catholiques et de leur nationalité bretonne. Ce même chant populaire nous représente René du Dresnay, seigneur de Kercourtois, donnant à ses hommes l’exemple de la bravoure la plus héroïque : « Prenez exemple sur moi, dit-il, et vous serez croisés ! ». « A peine il achevait ces mots qu’il s’était ouvert une veine du bras et que le sang jaillissait, et qu’il avait peint une croix rouge sur le devant de son pourpoint blanc ; et que tous ils étaient croisés dans un instant » (Barzaz-Breiz).

Lorsqu’il mourut, en 1594, il commandait une compagnie de gens d’armes de cent cinquante hommes. Il eut une mort glorieuse en défendant, seul, pendant une heure le pont de la Houssaie, près de Pontivy, contre 5 à 600 ennemis.

Restée veuve avec une fille en bas-âge nommée Marguerite, Julienne de Coetanezre était remariée avant 1597 au capitaine du Clou, se disant gentilhomme poitevin et sieur de Reuvillon, qui paraît avoir vécu jusqu’à 1616. C’est ce du Clou qui s’empara par ruse du bandit Guy Eder de La Fontenelle alors que celui-ci venait de piller Pont-Croix et les environs et d’y faire pendre un bon nombre d’habitants et qu’il rêvait de prendre aussi Quimper. Précisément du Clou faisait partie de la garnison de Quimper. Il fit semblant de se laisser gagner à la cause de La Fontenelle. Il s’en alla avec une partie de ses gens occuper le manoir de Kerguelenen, en Pouldergat, où il avait, fort souvent, la nuit, des conférences avec La Fontenelle. Un beau jour du Clou écrivit à Guy Eder de La Fontenelle qu’il arrivait de Quimper, où il avait trouvé leurs partisans bien disposés et en bon nombre, que l’heure serait bientôt venue d’agir, mais qu’il avait besoin de s’entretenir avec lui, une fois encore, pour prendre leurs dernières dispositions avant d’agir. En conséquence, du Clou priait son cher La Fontenelle de le venir voir, au lieu habituel de leurs rendez-vous, le lendemain soir, sans escorte et sans bruit ; et que, de son côté, il s’y rendrait avec un seul laquais.

Ravi du succès de ses négociations et se réjouissant déjà à la pensée de s’emparer de Quimper, Guy Eder renvoie sur l’heure le messager avec la promesse d’être exact au rendez-vous.

Ceci se passait un soir du mois d'Octobre 1595. La nuit était déjà profonde, quand deux cavaliers sortirent furtivement du fort de Douarnenez. Ils s’engagèrent silencieusement sur le vieux chemin qui, de cette localité, conduisait à Pouldergat : c’étaient La Fontenelle et son fidèle lieutenant Lestel, sieur de la Boulle, qui se rendaient confiants à l’appel de du Clou.

La courte distance qui les séparait du lieu de rendez-vous fut promptement franchie, et, bientôt, les cavaliers mettaient pied à terre, en présence du capitaine de Kerguénélen qui, embrassant tendrement celui qu’il allait trahir, commença à conférer avec La Fontenelle, comme il le faisait habituellement. Soudain un coup de feu retentit, signal d’une décharge de carabines, et une troupe de trente hommes armés surgit des haies dans lesquelles ils étaient cachés. Du Clou saisit La Fontenelle au collet et s’en rendit maître, après une courte lutte, tandis que La Boulle, voyant l’inutilité de tout essai de défense, et sachant combien sa présence serait nécessaire au fort en l’absence de Guy Eder de La Fontenelle, s’enfuyait au grand galop de son cheval. Du Clou n’essaya point, d’ailleurs, de le poursuivre. Il fit remettre sa petite troupe en ordre de marche et conduisit, de ce pas, son prisonnier à Quimper, où il le remit aux mains du sieur de Saint-Luc. Celui-ci se montra fort satisfait d’une telle capture.

Saint-Luc n’était pas le seul à se réjouir de l’arrestation de La Fontenelle : chacun « se flattait d’être délivré de ses courses et des ravages qu’il faisait dans le pays. Les habitants de Quimper représentèrent à Saint-Luc qu’il convenait de mettre le prisonnier entre les mains de la Justice, pour lui faire expier sur une roue tous les crimes dont il s’était noirci. C’était le plus grand service que l’on pût rendre à la Province ; mais Saint-Luc avait d’autres vues... Il tira de Fontenelle une rançon de quatorze mille écus et lui rendit la liberté dont il ne se servit que pour devenir encore le fléau de la Basse-Bretagne. C’est ainsi qu’un sordide intérêt l’emporta, en cette occasion, sur l’utilité publique » (Dom Taillandier, Histoire de Bretagne, Tome II, page 448).

Enfin, quatre ans après la mort du capitaine Du Clou, vers 1620, Julienne de Coetanezre contractait une troisième union avec Martin de Bragelonne, dont le frère aîné, Claude de Bragelonne était, depuis plusieurs années, marié à Marguerite du Dresnay, fille de Julienne. Celle-ci devenait ainsi belle-soeur de sa fille !...

Julienne de Coetanezre avait vendu en 1616 une partie de ses domaines ; notamment deux tenues à Mezros-Izela en Plozévet, vendues à Yves Le Sal, de Pont-Croix, et Kerlom en Mahalon, acquis par Jean Michelet, dit Scol, d’Audierne. Vers la même époque, elle vendit le manoir de Lanavan à Sébastien Le Gubaer et à Marie Gouesnou, sieur et dame de Keraval.

Dans la suite on trouve ce manoir entre les mains d’un petit-fils des acquéreurs, François Le Gubaer, qui avait pour femme Suzanne Le Baillif, et dont la fille aînée, Marie-Anne Le Gubaer, épousa, en 1676, Jean-Grégoire de Keratry, sieur de Kerbiquet.

François Le Gubaer, qui mourut en 1679, avait, en 1678, fourni aveu au Roi pour le manoir de Lanavan dont les dépendances comprenaient cour close au Midi, jardin au Levant, futaie au Couchant, chapelle en ruine, colombier, métairie... Cet aveu décrit longuement les prééminences de Lanavan qui possédait :

A Mahalon, dans la chapelle Saint-Michel, à droite du choeur, une tombe sur laquelle était sculpté un éléphant portant un château (armes des Penfrat) ;

A Plozévet, dans le choeur, une tombe haute chargée de cinq écussons des armes pleines ou en alliance des seigneurs de Lanavan, et, dans la maîtresse-vitre, une écusson parti au 1, d’azur à l’éléphant d’argent portant une tour d’or, et au 2, d’azur au chevron d’argent accompagné de trois cignards de même.

Enfin, le blason de Lanavan se voyait à la Trinité, dans la fenêtre de l’abside, au-dessous des armoiries des Rohan et des Le Barbu.

Marie-Anne Le Gubaer et Jean-Grégoire de Keratry, sieur de Kerbiquet, eurent plusieurs enfants. Les registres paroissiaux nous ont conservé les noms de quelques-uns.

Le 10 Octobre 1678, baptême de François de Keratry. Parrain : Maître François, chef de nom et d'armes de Keratry, seigneur du dit lieu. Marraine : Dame Suzanne Le Baillif, dame de Lanavan.

Le 15 Juillet 1680, baptême de Renée de Keratry, qui eut pour marraine Renée de Toulguengat, et pour parrain Sébastien de Kervilher.

Le 3 Avril 1683, baptême de Gabriel de Keratry. Parrain : Jean Plouhinec, de Kerdrézec. Marraine : Urbanne Claquin, de Lesplozévet.

Le 30 Août 1684, baptême de Pierre-Corentin de Keratry. Ce baptême fut fait par Sébastien de Toulguengat, prêtre. Le parrain fut noble escuyer Pierre­Corentin de Kerilher, seigneur de Kerouret, et la marraine, noble demoiselle Anne Larour, dame de Kerornan.

En 1686, baptême de Jean de Keratry qui fut enterré trois mois plus tard.

A la mort de Marie-Anne Le Gubaer, Jean-Grégoire de Keratry se remaria à Urbanne Billoart. De ce mariage naquirent trois filles, Françoise, le 23 Août 1689, Marie-Corentine en 1690 et Marguerite en 1692. Urbanne Billoart mourut à son tour et fut enterrée le 26 Février 1692. « Escuyer Jean-Grégoire de Keratry, sieur de Kerbiquet, son mari, suivait le convoi », nous dit l’acte de décès.

Enfin, Jean-Grégoire de Keratry convola une troisième fois avec Catherine-Jacquette de Keryec qui lui donna un fils, Jacques de Keratry, dont le baptême eut lieu le 13 Décembre 1695. Le parrain fut Jacques de Keratry, chef de nom et d’armes et seigneur dudit lieu ; la marraine fut damoiselle Marie Plougoulm, dame de Penanros. Du même mariage naquirent deux filles. L’une fut baptisée le 31 Mai 1699 et eut pour parrain noble homme messire Boédan, recteur de Mahalon, et pour marraine Marie-Corentine Rospiec, dame de Trévin. L’autre ne vécut que quelques mois.

Jean-Grégoire de Keratry, seigneur de Kerbiquet et Lavanan, mourut en 1699.

Après lui, la terre de Lanavan appartint à Pierre-Corentin de Keratry qui l’avait héritée de sa mère, Marie-Anne Le Gubaer. Mais il ne la posséda pas longtemps. Il s’était marié à Isabelle de Ravaot. Et soit qu’ils fissent de folles dépenses, soit qu’ils fissent de mauvaises affaires, ils furent bientôt criblés de dettes. Et, en 1716, la terre de Lanavan fut saisie à la requête de leurs créanciers. Cette terre comprenait, outre le manoir et sa réserve affermés 165 livres à la dame de Quélen, la grande garenne de Lanavan contenant plus de 100 journaux, les domaines de Kervenalet et de Rulan en Mahalon, quatre convenants dans Plozévet et une terre à Kergurun en Plovan.

Vendu judiciairement à Rennes en 1723, Lanavan eut pour acquéreur Jean-Baptiste Le Baillif, sieur de Porzsaluden, chevalier de l’ordre de Saint-Louis et porte-étendard des chevau-légers de la Garde. Il était le fils aîné de Nicolas Le Baillif, sieur de Porzsaluden, l’un des 200 chevau-légers de la Garde du Roi. Sa mère, Claude Le Gubaer, morte en 1689, était soeur de François Le Gubaer. Elle avait eu en partage Kerouzinic et le moulin de Lanavan.

Quelques années avant sa mort, arrivée en 1735, Jean-Baptiste Le Baillif avait reconstruit la maison d’habitation de Lanavan, dont la façade rappelle celle de l’ancien presbytère de Plozévet. De son mariage avec Anne Porlodec, fille d'Eutrope Porlodec, sieur de Kerlivin, mort en 1704, et de Catherine Le Sicourmat, qui lui survécut jusqu’en 1745, était issu Jean-Pierre Le Baillif de Porzsaluden, qui servit, comme son père et son grand-père, dans les chevau-légers de la Garde.

Le dernier descendant de cette famille, Jean-Pierre Le Baillif, prit part, en Juillet 1795, au débarquement des Emigrés à Quiberon. Sept cents d’entre eux furent lâchement fusillés à Auray par ordre du Comité du Salut Public. Parmi eux se trouvait Jean-Pierre Le Baillif.

Lanavan avait été séquestré pendant la Révolution comme bien national et vendu comme tel le 26 Septembre 1793. Jean-François Guéguen s’en porta acquéreur. 

(H. Pérennès)

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