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MANOIR ET SEIGNEURIE DE KERANDRAON

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MANOIR DE KERANDRAON.

Ce manoir se trouve auprès du bourg de Mahalon. Il a dû être considérable : des douves bordaient en partie son enceinte. Un portail pratiqué dans une forte muraille crénelée donnait accès dans sa cour. En 1932, la cour est limitée, au Levant, par une haute muraille percée au rez-de-chaussée de portes en ogives, et, aux étages supérieurs, de plusieurs fenêtres. Cette façade ruinée d’un grand corps de logis, à en juger par l’appareil petit de pierres, l’étroitesse des fenêtres, l’ogive aiguë des portes surmontées d’un arc à claveaux, la sobriété, ou, pour mieux dire, l’absence de toute ornementation, pourrait dater peut-être du XIVèmev siècle. Des appentis servant de granges et d’étables étaient adossés au rempart crénelé qui forme au Sud et à l'Ouest la clôture de la cour.

Le manoir de Kerandraon était demeuré à peu près intact jusqu’en 1750. A cette époque, on démolit l’étage supérieur dont les pierres furent transportées au Guilguiffin, en Landudec. De la construction primitive il ne reste plus en 1930 qu’un corps de logis du XVème ou du XVIème siècle, en pierres de taille, avec une porte à ornements gothiques. Seul le rez-de-chaussée subsiste en partie. Il comprend, outre la tourelle à pans coupés qui contient un monumental escalier en vis, une salle de 12 mètres de longueur sur 6 m. 60 de largeur et 4 m. 15 de hauteur. Cette salle est éclairée par deux grandes fenêtres à croisées de pierre.

Un colombier s’élève au Nord-Ouest du manoir. Entre ce dernier et l’église paroissiale s’étend un verger d’une contenance d’environ trois hectares qu’entourait naguère un mur qui subsiste encore en partie. Et ce mur en ruines donne encore un air de grandeur à Kerandraon et rappelle un peu sa splendeur d’autrefois.

La seigneurie de Kerandraon a été pendant plusieurs siècles en la possession d’une très ancienne famille, les Kercaro ou Kerharo, qui avaient pour berceau, dans la paroisse de Cléden-Cap-Sizun, le manoir de Kercaro (Villa Cervi) situé à trois ou quatre cents mètres de la mer et à peu de distance de la voie romaine qui aboutissait à la forteresse de Castel-Meur. Ce manoir de Kercaro parait avoir été abandonné de bonne heure par ses seigneurs que l’on trouve, dès le XIVème siècle, établis à Mahalon. En tout cas, il était en ruines longtemps avant 1540. De ce manoir dépendait le bois taillis de Coatdéro, dernier vestige d’un quartier de la forêt de Névet, qui jadis s’étendait depuis le Ménez-Hom et le Porzay jusque dans le Cap-Sizun.

En venant à Mahalon et en y édifiant le manoir de Kerandraon, les Kerharo ne donnèrent leur nom qu’au moulin dépendant du manoir et qui, aujourd’hui encore, s’appelle Meil-Kerharo.

La seigneurie de Kerandraon avait droit de haute, moyenne et basse justice et possédait les premières prééminences de l’église de Mahalon où l’on voyait, au-dessus du portail occidental, le blason des Kercaro : de gueules au massacre de cerf d’or. Maintenant encore on peut voir, au-dessus du maître-autel, un écusson en pierre portant une tête de cerf. Les seigneurs de Kerandraon étaient aussi premiers prééminenciers de la chapelle de Saint-Pierre.

Un procès-verbal, dressé le 17 Juin 1535, à la demande de Nicolas de Plœuc, seigneur de Kerharo, leur attribuait en outre, dans le chœur de l’église, six tombes basses, et, devant le maître-autel, une tombe élevée sur laquelle était représenté un chevalier portant sur son écu un rencontre de cerf : « une tombe haute... vis-à-vis du grand autel, ayant la représentation gravée d’un gendarme, et à l’entour une inscription en vieux caractères gothiques non lisibles... et deux autres tombes basses aux deux costés de celle qui est eslevée, lesdites trois tombes armoyées d’un rencontre de cerf ». C’est dans cette « tombe haute » que fut inhumée, en 1611, Anne de Tyvarlen, dame douairière de Ploeuc.

Chaque année, à la fête de « Monsieur Saint Mahé », le manoir de Kerandraon devait comme chefrentes un bouquet de roses au seigneur de Pont-Croix auquel ne le rattachait toutefois aucun lien de sujétion féodale puisque, de temps immémorial, Kerandraon relevait directement du Duc. C’est au Dauphin, Duc de Bretagne, que Guillaume de Tyvarlen, comme garde naturel de son fils Nicolas, présenta en 1540 son aveu pour cette seigneurie qui, outre le manoir avec ses maisons, porte-close, colombier, verger cerné de murs et autres appartenances, comprenait le moulin à eau appelé Meil-Kerharo, les domaines de Kerjacob ou Keransal (aujourd’hui Kersal) et de Lanhoantec (aujourd’hui Lohoantec), composé de trois tenues, et plusieurs autres convenants dans les paroisses de Mahalon et de Meilars. De Kerandraon dépendaient également quelques domaines relevant de Coatmorvan, à savoir : les trois domaines de Kerilis-Mazalon, c’est-à-dire le presbytère et deux autres maisons qui, à eux trois, constituaient le bourg de Mahalon à cette époque. L’une de ces maisons était Ty-Glas [Note : Ty-Glas : la maison bleue], appelée de ce nom parce qu’elle était couverte en ardoises à une époque où la plupart des maisons étaient couvertes en chaume. Un souterrain, dont l’ouverture se voit encore au milieu de la maison, la reliait au manoir de Kerandraon. A Ty-Glas habitait, au XVIIème siècle, Maître Jacques Trépos, notaire royal.

Le bourg de Mahalon est toujours tout petit puisqu’il compte moins de dix feux en 1930. C’est pourtant un progrès considérable sur son état en 1540 !

De Kerandraon dépendait encore, tout en relevant de Coatmorvan, les villages de Penanroz, de Kérégoat (aujourd’hui Kéréval) et de Lestréogan.

 

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LES SEIGNEURS DE KERANDRAON.

Pendant la guerre de Succession de Bretagne, cette guerre fratricide qui désola notre pays au XIVème siècle, Henry de Kercaro, seigneur de Kerandraon, avait suivi la bannière de Charles de Blois. Après la bataille d'Auray où fut tué Charles de Blois, Henry de Kercaro bénéficia, ainsi que les sires de Névet et de Kerengar, de l’amnistie accordée par Jean de Montfort en 1364 aux partisans de son rival.

Henry de Kercaro, fils du précédent, était âgé de 51 ans en 1411 lorsqu'il fut entendu comme témoin dans l’enquête relative aux droits du Vicomte de Léon en Cornouaille, ce qui le fait naître par conséquent en 1360.

Ses successeurs portèrent comme lui le prénom d'Henry. L’un d’eux, qui mourut en 1475 et qui devait être le petit-fils du précédent, fut père de Jehan de Kercaro avec qui s’éteignit la descendance masculine de cette famille.

Jehan de Kercaro (1456-1501) épousa Jehanne de Kerigny, dame de Kerdrein en Guengat. (Les Kerigny portaient d’azur au lion d’or couronné et lampassé d’argent). Il eut pour héritière principale sa fille aînée, Françoise de Kercaro, qui se maria à Charles de Guer, seigneur de la Porteneuve. (Nous avons vu précédemment qu’à la mort de Françoise de Kercaro, Charles de Guer épousa en secondes noces Françoise de Kerguégant, en 1510).

Décédée en 1508, Françoise de Kercaro fut ensevelie dans l’église de Riec. Elle laissait un fils, René de Guer, qui épousa, en 1520, Françoise Le Thominec, dont il n’eut pas d’enfant, et une fille, Magdelaine, qui fut mariée à Guillaume de Tyvarlen, seigneur de Guilguiffin en Landudec et de Brémalen en Saint-Nic. L’écusson des Tyvarlen était d’azur à un château d’or. A noble et puissant homme Guillaume de Tyvarlen appartenait, en 1542, la présentation d’une chapellenie fondée dans la chapelle Notre-Dame des Carmes en la cathédrale de Quimper. Il mourut en 1560.

Magdelaine de Guer mourut vers 1535, après avoir recueilli dans la succession de son frère René les seigneuries de Kerandraon, Kercaro, Lescogan et Kerdrein qu’elle transmit à son fils, Nicolas de Tyvarlen.

En 1574, celui-ci hérita de tous les droits sur la seigneurie de Coatmorvant, à la suite d’un arrangement avec la maison de Guer à laquelle il appartenait par sa mère. Il mourut en 1585. Avec lui s’éteignit la filiation masculine de la maison de Tyvarlen. De son alliance avec Louise de Rosmadec, il ne laissait que quatre filles, dont l’aînée, Anne de Tyvarlen, épousa Jehan de Ploëuc, le 14 Novembre 1580. (La maison de Ploëuc avait pour armes d’hermines à 3 chevrons de gueules). C’est par ce mariage d'Anne de Tyvarlen avec Jehan de Ploëuc, seigneur du Breignou en Plouvien, puis après son mariage, seigneur de Kerharo et de Guilguiffin, que Kerandraon est passé à la famille de Ploëuc. Anne mourut en 1611 et fut enterrée dans l’église paroissiale de Mahalon.

Kerandraon passa à son fils Nicolas de Ploëuc qui, en 1635, fit dresser le procès-verbal de ses prééminences et privilèges. Il fonda une tombe dans la chapelle de la Vierge de l’église des Carmes de Pont-l'Abbé, en 1647. Il y fut inhumé en 1655. Plus tard, son fils Sébastien, mort sans postérité, y fut inhumé aussi.

Un autre fils, René de Ploëuc, né en 1619, mort en 1685, lui succéda. Il épousa Marie Gourcun, dame de Mesros (en Plozévet ?), dont il eut de nombreux enfants. Parmi eux, citons Vincent de Ploëuc, dit Monsieur de Kercaro, qui mourut à Brest, le 15 Septembre 1753 ; Marie, fille aînée, dite Dame de Kerharo, qui semble ne s’être pas mariée ; Anne, Dame de Coatmorvan, morte. à Quimper, le 1er Avril 1747, qui ne se maria pas non plus ; Mauricette de Ploëuc, que nous voyons, le 28 Octobre 1676, tenir sur les fonts baptismaux un enfant de Jacques Trépos, notaire royal, et de Marie Gourmelen, qui demeuraient à Ty-Glas [Note : Le 11 Mars 1689, sa mère, « haute et puissante Dame Marie Goureun » fut marraine d’un antre enfant du Maître Jacques Trépos de Ty-Glas]. François-Hyacinthe de Ploëuc, né en 1661, et qui devint évêque de Quimper, de 1707 à 1739, appartenait aussi à cette famille.

Tout l’héritage revint à un neveu, René-Joseph de Ploëuc, né le 6 Juin 1692, qui mourut à Philisbourg, le 4 Juin 1734. Ses descendants possèdent encore Kerandraon en 1930.

Le manoir appartient en 1931 à Mme la Baronne de Gargan, fille du Comte Henry de Salaberry.

(H. Pérennès)

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