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Lutte entre Saxons (Hengist) et les Bretons (Vortigern)

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Sommaire

I. Bataille d'Aylesford (455) ; — bataille de Crayford et fondation du royaume saxon de Kent (457). 

II. Désolation de la Bretagne par les Saxons. 

III. Hengist rentre dans le Cantium

IV. Ambroise Aurélien, chef suprême des Bretons, défait les Saxons ; — bataille de Wyppedsfleet (465).

V. Mort d'Ambroise Aurélien ; — nouvelle déroute des Bretons (473).

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Bretagne : lutte des bretons insulaires contre les anglo-saxons

I. Bataille d'Aylesford (455) ; — bataille de Crayford et fondation du royaume saxon de Kent (457).

La première attaque sérieuse des Saxons contre les Bretons eut lieu en 455, à Aylesford, aujourd'hui petite ville du comté de Kent. Les Saxons avaient pour chefs Hengist et Horsa, et  selon une tradition ancienne, les Bretons étaient conduits par Vortigern, assisté de deux de ses fils, Vortemir et Catigern [Henri de Huntingdon (M. H. B., p. 708) remplace Vortigern par Ambroise Aurélien, mais c'est une erreur complète ; la Chronique saxonne dit formellement : « Anno 455. Hengestus et Horsa prœliati sunt cum Wyrtgeorno rege in loco qui appellatur Egelesford ; et frater ejus Horsa occisus est », Trad. Gibson , p. 13]. Au commencement de l'action, Horsa, chargeant avec impétuosité le corps commandé par Catigern, le mit en complète déroute et tua ce prince ; mais au milieu de son triomphe il se vit lui-même surpris et attaqué de flanc par Vortemir, qui vengea son frère en tuant Horsa et mettant sa troupe en pièces ; puis se retournant avec toute l'armée bretonne coutre Hengist, il le contraignit à fuir après un combat des plus acharnés (H. de Hunt., I. II, dans M. H. B., p. 708. Huntingdon nomme le lieu de cette bataille Aeillestreu ; mais c'est certainement le même que AEgelesford de la Chronique saxonne, auj. Aylesford). Ainsi cette première journée fut pour les Bretons, grâce à la résolution de Vortemir qui, à partir de ce moment, devint le véritable chef de la défense nationale.

Malheureusement il mourut l'année suivante, et les Saxons regagnèrent du terrain. Chaque jour leur amenait de Germanie de nouveaux renforts, si bien que, fiers de leur nombre, ils vinrent de nouveau, en l'an 457, présenter le combat aux Bretons, sur les bords de la rivière de Craye. au lieu dit maintenant Crayford, et toujours dans le comté de Kent, mais à l'ouest d'Aylesford. — Les Bretons, de leur côté, avaient assemblé pour les recevoir une armée considérable, divisée en quatre corps, conduits par quatre chefs illustres. Mais l'avantage du nombre restait aux Saxons, qui comptaient de plus parmi eux force guerriers d'élite, venus récemment de Germanie, habiles à manier ces lourdes haches et ces longs glaives à deux mains, dont un seul coup suffisait pour abattre un homme. Dès le commencement de la bataille, l'infériorité des Bretons se manifesta ; toutefois, tant que leurs chefs furent là pour soutenir leur résistance, ils tinrent bon ; mais leurs chefs tués, ils s'enfuirent. Ce fut d'abord une vaste déroute et puis un immense massacre : quatre mille Bretons, dit-on, restèrent sur le champ de bataille. Ce qui échappa fut s'enfermer dans les murs de Londres, et le Cantium resta acquis aux barbares. De ce jour Hengist se décora du titre de roi, et de ce jour, en effet, le premier royaume saxon, celui de Kent , fut fondé (Chron. Sax. A. 457, et H. de Hunt., I. II, dans M. H. B., p. 708-709).  

 

Bretagne : lutte des bretons insulaires contre les anglo-saxons

II. Désolation de la Bretagne par les Saxons.

Mais le Cantium ne suffit point aux Saxons ; ils s'étaient promis pour proie l'île de Bretagne, et, l'armée bretonne détruite, ne voyant plus devant eux aucun obstacle, aucune résistance organisée, ils se lancèrent aussitôt à travers l'île comme un torrent, ou plutôt comme une bande d'hyènes affamées. Ils promenèrent d'une mer à l'autre le glaive et la torche, partout ne laissant derrière eux que sang et ruines. C'est Gildas qu'il faut lire sur ce désastre ; mais, hélas ! comment le traduire ? 

« Juste vengeance, s'écrie-t-il, juste vengeance des crimes récents des Bretons ! La main impie des Saxons propage d'une mer à l'autre un vaste incendie, dont la flamme, partie de la rive orientale, après avoir ravagé les villes et les champs les plus voisins, dévore de proche en proche et presque en entier la surface de l'île, pour s'éteindre alors seulement que sa langue rouge et terrible vient lécher les premiers flots de l'Océan occidental. Cette invasion, comparable à celle des Assyriens en Judée, a réalisé chez nous les lamentables paroles du Prophète, quand il dit : " Seigneur, ils ont brûlé votre sanctuaire et souillé votre tabernacle ", et ailleurs : " Les nations ont envahi votre tabernacle, ô mon Dieu, et profané votre saint temple ! ".  En effet, toutes les cités, cédant aux coups redoublés du bélier, tous les citoyens, les prêtres, les évêques, le peuple entier, enveloppés dans un cercle de glaives étincelants et de flammes crépitantes, se voyaient frappés ensemble, ensemble couchés sur le sol. Et (le lendemain du désastre) spectacle affreux ! ce n'était plus, sur toutes les places publiques, qu'un amas de tours arrachées de leurs bases, de quartiers de murs renversés, de saints autels brisés, de cadavres coupés en pièces, tout couverts de larges croûtes d'un sang purpurin à demi-durci : le tout pèle-mêle entassé comme en un pressoir épouvantable ! Pour ces cadavres, d'ailleurs, nulle autre sépulture que ces ruines horribles, ou le ventre des bêtes féroces et des oiseaux de proie. Ce que je dis ici, toutefois, sans vouloir manquer de respect pour les âmes saintes, que les anges en ces temps-là purent enlever de la terre aux cieux, bien que je doute fort qu'il s'en soit trouvé beaucoup ; car cette vigne, jadis féconde, avait tellement dégénéré et tourné à l'amertume, qu'à peine y pouvait-on encore rencontrer, comme dit le prophète, une grappe ou un épi, échappé aux vendangeurs ou aux moissonneurs (Gildas, Hist. $24, édit. St., XXIV édit. G. et P.). 

Quant aux malheureux Bretons épargnés par ces désastres, une partie d'entre eux, surpris dans les montagnes par les Saxons, y furent égorgés en masse. Il y en eut aussi qui vinrent d'eux-mêmes, rongés de faim, tendre les mains aux barbares, dont ils n'avaient à attendre qu'une servitude éternelle, à moins toutefois que ceux-ci ne les massacrassent sur le champ, la plus haute grâce qu'ils pussent faire. D'autres [se jetant dans des barques] se rendaient aux pays d'outre-mer avec de grands gémissements, et sous leurs voiles gonflées, en place de la chanson des rameurs, ils chantaient ce psaume : Seigneur, votre main nous a livrés comme des agneaux à la boucherie, et elle nous a dispersés parmi les nations ! D'autres, enfin, se retranchaient derrière des cimes escarpées et des précipices affreux, confiaient leur vie aux forêts les plus épaisses, aux roches les mieux défendues par la mer, et bien que toujours inquiets, toujours tremblants au fond de leurs asiles, ils persistaient à rester sur le sol de la patrie » (Gildas, Hist., $ 25, édit. St., XXV. Edit G. et P.).

  

Bretagne : lutte des bretons insulaires contre les anglo-saxons

III. Hengist rentre dans le Cantium

J'ai tenu à citer immédiatement et en son entier cette sombre et énergique peinture du vieux Gildas, afin de donner dès le début (si je puis dire) une vue générale et bien caractérisée de l'invasion anglo-saxonne. Mais il me semble impossible qu'après la journée de Crayford la bande d'Hengist, qui n'était encore malgré tout qu'une avant-garde, ait été assez nombreuse pour dévaster ainsi l'île entière. Ce qui est sûr, c'est que l'invasion grossissant de plus en plus ses hordes, comme nous le dirons tout à l'heure, l'île entière ne tarda pas à subir de proche en proche cette effroyable désolation ; et Gildas ici, suivant d'ailleurs sa mode habituelle, a concentré fortement dans une peinture d'ensemble des traits et des événements qui se produisirent peu à peu. 

Ce qui semble vrai, quant à Hengist, c'est qu'il dévasta de la sorte, dès sa première irruption, tout le sud de l'île d'une mer à l'autre, si bien que l'on trouve aujourd'hui encore, dans le comté de Cornwall et non loin du cap Land's End, des monuments et des lieux portant son nom (Entre autres, Hengestune, anciennement Hengestesdune, c'est-à-dire Montagne d'Hengist. Voir les cartes de Camden). Il est bien aisé, d'ailleurs d'expliquer comment cette course effrénée d'une bande furieuse à travers une masse de population très-supérieure en nombre put cependant s'accomplir presque sans obstacle. Les Bretons, je l'ai déjà dit, se trouvaient divisés en une foule de petites principautés, donc les chefs, loin d'être prêts à s'entendre et à s'unir, étaient toujours eu rivalité et souvent en guerre. La bande d'Hengist les surprit comme un torrent débordé surprend pendant leur sommeil les habitants des campagnes. Envahies rapidement l'une après l'autre, toutes ces petites tribus tombèrent en quelque sorte l'une sur l'autre, sans même avoir le temps de se reconnaître, encore moins de combiner une défense commune ; et bientôt l'immense terreur qui précédait les Saxons bannit jusqu'à la moindre idée de résistance. 

Toutefois si les Saxons d'Hengist, favorisés par ces circonstances, étaient déjà assez forts pour dévaster au pas de course, d'une mer à l'autre, le midi de la Bretagne, ils étaient de beaucoup trop faibles, trop peu nombreux, pour occuper à demeure une telle étendue de pays, et même pour tenter d'y asseoir leur domination d'une manière sérieuse. Le torrent, quoi qu'il en ait, ne peut se changer en lac ; à peine a-t-il accompli son œuvre dévastatrice, on le voit rentrer dans son lit. Ainsi lit la bande d'Hengist : après avoir tout ruiné, brûlé, massacré sur son passage, elle rentra chargée de butin au siège de son établissement, c'est-à-dire dans le territoire du Cantium. 

 

Bretagne : lutte des bretons insulaires contre les anglo-saxons

IV. Ambroise Aurélien, chef suprême des Bretons, défait les Saxons ; — bataille de Wyppedsfleet (465).

Du moins cette leçon terrible profita aux Bretons. Toutes les tribus, tous les chefs comprirent cette fois l'immensité du péril, en même temps que l'impérieuse nécessité d'unir toutes leurs forces pour le combattre : il y allait, en effet, de l'existence même de la nation. On proclama donc un chef suprême, et le choix qu'on fit fut heureux. Il porta sur un homme de race romaine, et presque le seul Romain, dit Gildas, qui fût demeuré en Bretagne. Son nom confirme son origine, il s'appelait Ambroise Aurélien. Ses parents, jadis honorés de la pourpre, venaient d'être tous massacrés par les hordes d'Hengist. Quant à lui, ajoute Gildas, il était modeste, affable, sincère, fidèle à sa parole et d'une bravoure héroïque. Ce devait être aussi sans doute un habile capitaine, et Dieu couronna ses armes. 

L'énergique résolution du chef releva le courage des Bretons ; ils eurent bientôt une armée nombreuse, ardente, avide de se battre. Ambroise en sut profiter ; avec une audace pleine de sagesse, au lieu d'attendre les Saxons, il résolut d'aller lui-même les chercher dans leur Cantium et de tomber sur eux à l'improviste, quand ils croyaient encore les Bretons attérés de leurs désastres. Ce plan réussit au mieux, et les Saxons furent vaincus (Gildas,Hist., $ 25, édit. St. XXV édit. G. et P.). Par malheur nous ignorons le détail de cette pierre. On sait seulement qu'en l'an 465, huit ans après la journée de Crayford, les Saxons, chassés à leur tour du pays de Kent, étaient rentrés dans l'île de Tanet, où les Bretons pénétrèrent pour leur livrer un dernier combat. 

Ce fut une grande bataille. L'armée bretonne était partagée en douze corps, commandés par douze guerriers illustres. De leur côté, les Saxons dans leur détresse avaient demandé de nouveaux secours à la mère-patrie, et venaient justement de recevoir de nombreux renforts ; ainsi leurs vides se trouvaient comblés. Le combat fut long, acharné, fort meurtrier, longtemps soutenu de part et d'autre sans avantage décisif. Enfin les douze chefs des Bretons, victimes de leur téméraire bravoure, finirent par succomber, et leur armée décapitée par ce coup, quitta en désordre le champ de bataille. Les Saxons toutefois ne purent la poursuivre ; leurs pertes étaient trop graves ; beaucoup de leurs chefs aussi avaient péri, entre autres, un des plus vaillants, appelé Wypped , d'oie le lieu de ne combat sanglant prit le nom de Wyppedsfleet, qu'il garde encore aujourd'hui (Chron. Sax. A 465 – H. de Hunt., I, II, dans M.H.B., p. 709). 

 

Bretagne : lutte des bretons insulaires contre les anglo-saxons

V. Mort d'Ambroise Aurélien ; — nouvelle déroute des Bretons (473).

On ne marque point, mais il semble pourtant certain, qu'Ambroise Aurélien était le premier des douze chefs bretons tués dans cette bataille. Sa mort fut le plus grand gain des Saxons. Ils sortirent d'ailleurs si affaiblis de leur propre victoire, qu'ils restèrent assez longtemps sans oser de nouveau se lancer contre les Bretons, qui de leur côté, privés d'Ambroise, n'osaient revenir à la charge. Par la seule force des choses, la guerre se trouva donc suspendue, et suivie d'une paix forcée, dont les deux parties usèrent d'ailleurs très-diversement. Les Bretons se laissèrent prendre au charme d'une sécurité trompeuse. Les Saxons ne s'occupèrent qu'à réparer leurs pertes et à se mettre en état de recommencer la lutte au plus tôt. Pour cela ils eurent recours à leur ressource ordinaire, à cette terre de Germanie, dont les flancs inépuisables enfantaient incessamment des nuées de barbares, et qui ne se lit guère prier pour leur expédier de nouveau une armée de forbans. 

Le résultat de cette conduite si différente des deux peuples fut ce qu'il devait être. Huit ans après la bataille de Wyppedsfleet (en 473), Hengist tomba tout à coup sur les Bretons au moment où ils s'y attendaient le moins, broya tout ce qui voulut résister, et se lança de nouveau à travers l'île, brûlant, tuant, pillant, poussant l'épée dans les reins des masses d'indigènes éperdus et effarés, qui fuyaient devant lui comme devant le feu, nous dit la Chronique saxonne ; puis, comme la première fois, il rentra dans le Cantium avec un immense butin (« An. 473. Hoc anno Hengistus et AEsc cum Britannis prœlio congressi spolia ceperunt innumera ; ac Britanni ab Anglis diffugiebant tanquam ibi ignis fuisset ». Chronicon Saxonicum, trad. Gibsou). Ainsi le plan d'Hengist était — soit tactique, soit impuissance — de s'enfermer dans le pays de Kent comme dans une forteresse, sans tenter d'étendre au-delà sa domination, mais en se réservant de sortir de temps en temps de cette place d'armes pour exécuter dans le reste de la Bretagne des razzia épouvantables. Avec ce plan, malgré tout, l'invasion saxonne restait stationnaire ; les Bretons, en s'unissant et redoublant d'efforts, pouvaient un jour arriver non-seulement à la contenir, mais même à la dominer. Malheureusement d'autres hordes, entièrement indépendantes d'Hengist, vinrent bientôt sur un autre point élargir le cercle de la conquête.

(M. Arthur de La Borderie - 1881)  

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