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Lutte contre l'armée Anglo-Saxonne du roi IDA

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Lutte des Bretons du Nord contre les Anglo-Saxons. — Lutte contre Ida.

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Bretagne : lutte des bretons insulaires contre les anglo-saxons

C'est à dessein que j'ai remis jusqu'à ce moment à parler de la lutte des Bretons du Nord contre les Anglo-Saxons. 

Sous ce nom de Bretons du Nord je comprends toutes les tribus indigènes établies dans le territoire borné, au nord, par la muraille d'Antonin, de la Clyde au Forth, limite extrême de l'ancienne province romaine, et au sud, par les deux fleuves de Dee et d'Humber, ou pour parler plus exactement, par la Dee et la Trent ; car, à vrai dire, l'Humber n'a pas de cours qui lui soit propre et n'est que l'embouchure commune de deux grandes rivières, dont la Trent est la plus considérable. 

On ne peut douter que cette partie de l'île de Bretagne n'ait reçu dès l'origine de grosses bandes saxonnes. Car à quel titre, les Saxons avaient-ils été admis par Vortigern ? A titre d'auxiliaires chargés de défendre les Bretons contre les Pictes et les Scots. Ils vainquirent effectivement ces barbares à Stamford (Lincolnshire) et les chassèrent complètement de l'ancienne province romaine (de 450 à 455). Mais pour en fermer l'entrée définitivement à ces hôtes insupportables, la première mesure à prendre était de faire occuper le nord de ce territoire par une forte armée saxonne. Le bon sens indique si clairement la nécessité de ce fait, que l'induction suffirait à nous en donner la certitude. 

Ici, d'ailleurs, l'induction se trouve confirmée par une tradition ancienne, consignée dès le IXème siècle dans l'Historia Britonum, et suivant laquelle Hengist, dès les premiers temps de son arrivée en Bretagne, fit venir de Germanie une nombreuse horde, qui fut, avec l'assentiment de Vortigern, préposée à la défense du mur de Sévère. On ajoute que cette bande, commandée par Octha et Ebissa, fils et neveu d'Hengist, et portée sur une flotte de quarante gros bâtiments, commença par ravager les Orcades, puis vint débarquer au lieu où on l'attendait et où elle occupa de grands territoires jusqu'à la frontière des Pictes [Note : L'Historia Britonum, compilation légendaire, attribuée à Nennius, mais dont l'auteur véritable est inconnu, fut écrite en l'an 823. On y lit : « Et dixit Hencgistus ad Guorthigirnurm : — Invitabo filium meum cum fratruele suo, bellatores enim viri sunt, ut dimicent contra Scotos ; et da illis regiones quœ sunt in Aquilone juxta murum qui vocatur Guault. — Et jussit ut invitaret eos, et invitati sunt Octha et Ebissa cum quadraginta ciulis. At ipsi, cum navigarent circa Pictos, vastaverunt Orcades insulas, et venerunt et occupaverunt regiones plurimas ultra mare Frenessicum usque ad confinium Pictorum » ($ 38, édit. Stevenson, Gale et Petrie). Guaul, calque breton du latin vallum, est le mur de Sévère]. 

Quand les Saxons, infidèles à la mission par eux acceptée, tournèrent leurs armes contre les Bretons (en 455), les hordes d'Octha et d'Ebissa s'allièrent aux Scots et aux Pictes, et de concert avec eux, durent faire subir à toute la Bretagne septentrionale une dévastation terrible. Mais l'histoire est sans lumière sur ces événements. 

Plus tard, vers 527, lorsque de nombreuses bandes, sorties de la tribu des Angles, envahirent le centre de la Bretagne (Estanglie et Mercie), une partie plus ou moins considérable de ces envahisseurs ne put manquer de se répandre jusqu'au nord de l'Humber, de manière à renforcer les établissements formés par Octha et Ebissa. On ne peut douter, en effet, de la force acquise dès lors dans ces parages par les conquérants Anglo-Saxons, puisque, sur les douze ou treize batailles d'Arthur, dont la tradition garde le souvenir, dix eurent précisément pour théâtre la Bretagne du nord. Il semble que, pour empêcher ce torrent de déborder, Arthur se soit vu contraint de redoubler ses coups et de concentrer sur ce point les forces de la puissante confédération créée par son génie. Aussi, tant qu'il fut en vie, les envahisseurs, toujours menacés, toujours en crainte, durent renoncer à fonder au nord de l'Humber une domination solide. 

Mais sitôt le héros mort, la grande confédération bretonne se disloqua. Pendant que les Bretons du Sud (Cambrie et golfe de la Saverne) mettaient à leur tête le roi de Gwéned Maëlgoun, les Bretons du nord choisissaient pour chef suprême un prince appelé Dutigern, dont on ne sait guère que le nom (Genealog. Saxon. dans M. H. B., p. 75 ; et dans Nennius de Stevenson $ 61-62). Presque en même temps de nouvelles bandes, apparemment alléchées par la mort d'Arthur, abordaient vers l'embouchure de la Tweed sous les ordres d'un vaillant chef, Ida, qui bâtit un peu plus bas sur la côte la puissante citadelle de Bebbanburh (du nom de Bebban, femme d'Ida) et fut, en l'an 547, proclamé premier roi de Northumbrie, par tous les Anglo-Saxons établis entre l'Humber et le mur d'Antonin (Chron. Saxon., A 547 ; H. de Hunt. dans M. H. B., pp. 712-713. Bebbanburh est aujourd'hui Bamborrow à l'embouchure de la petite rivière de Warne et en face de l'île de Lindisfarne). 

Ida avait le titre de roi ; restait à conquérir son royaume, dont plus des deux tiers était détenu par les indigènes, résolus à se défendre énergiquement. Aussi tout son règne, qui dura douze ans (de 547 à 559), ne fut-il qu'une longue bataille. 

A ce moment, les Bretons possédaient encore toute la côte occidentale, de l'embouchure de la Dee au golfe de Solway, et une grande partie du territoire étranglé, compris entre ce golfe et ceux de la Clyde et du Forth : ce qui répond à peu près aux comtés actuels de Chester, Lancastre, Westmoreland, Cumberland, et à la partie méridionale de l'Ecosse depuis Edimbourg et Dumbarton jusqu'à la frontière anglaise. Suivant le génie des Bretons — génie, hélas ! si funeste aux destinées de leur race — ce territoire était partagé en une foule de petits royaumes, qui, réunis pour combattre les Anglo-Saxons, formaient ce que j'ai déjà appelé la ligue des Bretons du Nord. Nous sommes loin de connaître le nom, encore moins la situation exacte de tous ces royaumes. Je me contenterai d'en signaler cinq ou six, qui jouèrent un rôle important dans la lutte dont nous allons parler, et qui seront souvent nommés dans les pages suivantes. 

Le plus septentrional est celui de Strat-Cluyd, Stradclwyd ou Strath-Clyde, qui occupait la vallée de la Clyde et avait pour capitale Arclwyd, depuis nommée Dunbritton et maintenant Dumbarton. Selon M. de la Villemarqué, les bardes appelaient parfois ce royaume la Gwéned du nord (Gwynedd a goglez) pour le distinguer de la Vénédotie ou Gwéned de la Cambrie, qui faisait partie de la confédération des Bretons du Sud (Note : Ce royaume répondait à la province d'Ecosse appelée Clydesdale). 

Au sud du Stradclwyd, l'ancienne peuplade des Selgoves, mentionnée au IIème siècle par Ptolémée, conservait encore son nom au VIème siècle (Note : Aneurin les appelle Sellovir, voir Bardes bretons du VIème siècle, p. 310) et formait un petit état, que ses vastes forêts et sa situation retirée dans l'intérieur des terres avaient fait nommer Argoëd, Pays des Bois (Note : Plus exactement pays sur le Bois : ar, sur, coëd ou goëd, bois. Il répondait aux provinces d'Annandale et de Nithesdale). 

A l'ouest de l'Argoëd et se développant au contraire le long de la côte, dans le territoire actuel de Galloway, on trouvait un autre petit royaume appelé Tir Reivonioc ou simplement Reivonioc, dont le nom n'est qu'une contraction de Retigonium, ville, et Retigonius sinus, golfe, mentionnés l'un et l'autre par Ptolémée (Note : Du radical Retigon ou Retigoni s'est formé Reivon ou Reivoni ; la terminaison oc marque l'adjectif ; Tir Reivonioc signifia exactement Terra Retigoniaca. — Retigonium répond à Strathnaven, bourg du Galloway, et Retigonius sinus au golfe de Loch Ryan, sur lequel est situé Strathnaven. Voir Petrie M. H. B.). 

De l'autre côté de l'Argoëd, vers l'est, les anciennes tribus des Gadeni et des Otadeni ou Otodoni, fondues ensemble, formaient sous le nom de Gododin, qui semble un composé des deux autres, un état d'une certaine importance, le plus important de ceux que possédaient les Bretons entre les deux murs (Note : Le mur d'Antonin et celui de Sévère. Les anciens Otadeni, bien plus importants que les Gadeni, occupaient la plus grande partie du Northumberland actuel, et en Ecosse, les provinces de Tweedale, Teviotdale et les Marches) ; et aussi voit-on parfois, le nom de Gododin appliqué à toute la partie de ce territoire conservée au VIème siècle par les Bretons. 

Tous ces royaumes étaient en effet au nord du mur de Sévère. Pour ceux qui se trouvaient placés au sud, le long de la côte occidentale, de la Dee au golfe de Solway, ils sont encore moins connus. Pourtant il en est un fort célèbre, le plus puissant de tous les états du Nord, celui du moins dont les princes tinrent longtemps le premier rang dans la lutte contre Ida et ses successeurs, et que l'on ne peut placer ailleurs qu'entre Solway et Dee. C'est le royaume de Réghed, qui me semble avoir répondu au comté de Lancastre actuel. Car on retrouve justement ce nom dans celui de Rhigod-dun, Tertre de Rhigod ou de Rhéghed, ville mentionnée par Ptolémée (ou Rhigodunum) et que les antiquaires anglais placent à Ribchester sur la rivière de Rible. 

Quant au Westmoreland et au Cumberland, j'y placerais volontiers une autre principauté qui semble avoir été fort notable, et que les bardes appellent pays d'Eiden. On place ordinairement ce royaume à Edimbourg (Edin-burg), sans réfléchir que l'ancien nom breton de cette ville est Agned ou Aned, ainsi qu'on l'a dit plus haut. Le nom d'Eiden ou Eden a été, au contraire, donné de tout temps à cette belle et grande rivière, que Ptolémée appelait Ituna, et qui, après avoir traversé les deux comtés de Westmoreland et de Cumberland, se jette dans la baie de Solway, nommée par les géographes anciens Itunœ œstuarium. Il est donc plus naturel de voir dans le pays d'Eiden le territoire arrosé par cette rivière. 

Cela fait six royaumes : au nord du mur de Sévère, Stradclwyd, Reivonioc, Argoëd, Gododin ; au sud, Eiden et Réghed. Il y en avait probablement d'autres, mais c'était là les principaux. — Notons enfin que les auteurs du moyen-âge donnent fréquemment aux Bretons du Nord et à leur territoire le nom générique de Cumbrie (Cumbria) et Cumbriens (Cumbri, Cumbrenses), qui n'est qu'une forme latinisée du breton Kymru, pays des Kymris ou des Bretons, dont Cambria, Cambri, Cambrenses, appliqué de même comme nom générique aux Bretons de la rive gauche de la Saverne, n'est aussi qu'une autre forme. 

De l'Humber au Forth, les Anglo-Saxons tenaient toute la côte orientale, et en profondeur la moitié environ de la largeur de l'île. Le mur de Sévère partageait ce long territoire en deux contrées distinctes : au sud, le pays de Deira, que les Bretons appelaient Deur, — et au nord, la Bernicie, en breton Berneich. On ne sait au reste si cette double dénomination est d'origine bretonne ou anglo-saxonne. 

La domination d'Ida semble avoir été primitivement restreinte à la Bernicie ; étant ensuite parvenu à faire reconnaître son autorité par les nombreuses bandes d'Angles et de Saxons établies avant sa venue dans le pays de Deira, il unit ces deux contrées en un seul état [Genealog. Saxon., ad calcem Nennii $ 61, édit. Stevenson (p. 52), et $ LXVI, édit. Petrie (M. H. B. p. 74)], et le royaume de Northumbrie fut fondé, comme nous l'avons déjà dit, en 547. 

Les douze années du règne d'Ida (de 547 à 559) ne furent qu'un long combat, dans lequel il employa contre les Bretons toutes les armes, y compris le feu. Il semble même avoir eu pour ce terrible agent de destruction un goût tout particulier, car les bardes du VIème siècle l'appellent constamment Moug maour trevez, c'est-à-dire le Grand brûleur de villes, ou, avec une brieveté plus énergique, Flamzouen, littéralement le Porte-brandon, nous dirions aujourd'hui l'Incendiaire. 

Son premier adversaire fut le roi Dutigern, que j'ai déjà nommé, et qui fut, selon toute apparence, le premier chef de la ligue des Bretons du Nord après la mort d'Arthur. Un seul chroniqueur mentionne ce prince ; il résume toute son histoire en deux lignes : « Ida, dit-il, occupa les régions septentrionales de la Bretagne au-dessus de l'Humber, et régna douze ans. En ce temps Dutigern combattait énergiquement contre la nation des Angles » (« Ida tenuit regiones in sinistrali parte Britanniœ, id est, Umbri maris, et regnavit annis duode im... Tunc Dutigirn in illo tempore fortiter dimicabat contra gentem Anglorum ». - Genealog. Saxon., ad calcem Nennii, p. 62, édit. Stev. et M. H. H., p.75. Bardes bretons du VIème siècle, pp. 400-403). 

Ces deux lignes suffisent sans doute à consacrer la mémoire du vieux héros ; mais nous n'en regrettons pas moins de ne connaître aucune des circonstances de sa vaillante lutte. A la mort de Dutigern, Ida crut la résistance bretonne brisée du coup, et jugea la circonstance favorable pour imposer par surprise sa domination aux indigènes. Il se jeta donc à l'improviste, avec de grosses forces, sur les Bretons de Réghed et de Gododin, les menaçant d'une guerre terrible s'ils se refusaient à lui livrer des otages et à lui payer tribut. Le barde Taliésin, témoin oculaire des événements, va nous apprendre comment cette proposition fut reçue. «  Le Porte-brandon criait d'une voix forte : — Nous seront-ils livrés, nos otages ; sont-ils prêts ? » — Owen (fils du roi de Réghed) répondit, en tirant son épée : — « Ils ne te seront pas livrés ! Ils ne sont pas prêts, et ils ne seront jamais prêts ! » — Kéneu aussi, le fils de Coël (autre prince breton), aurait été opprimé, le lion, plutôt que de livrer un seul otage à personne. Alors Urien (roi de Réghed), le chef de la plaine cultivée, s'écria : — Hommes de ma famille ici réunis, levons notre étendard sur la montagne, et marchons contre les envahisseurs de la plaine ! Tournons nos lances contre la tête des guerriers ! cherchons le Porte-brandon au milieu de son armée, et tuons avec lui ses alliés ! »

Les Bretons joignirent Ida en un lieu que le barde appelle Argoëd-Louéven, ce qui indique un point quelconque du royaume d'Argoëd et probablement les bords d'un de ces fleuves nommés Léven, qui se déchargent dans le golfe de la Clyde ou dans celui de Solway, peut-être ce même Lawen sur les bords duquel Arthur et Gwenn avaient jadis vaincu les Saxons. Toutefois la situation est incertaine. Ce qui ne l'est pas, c'est le résultat de la bataille, Taliésin nous le fait connaître en ces termes : « Samedi matin, un grand combat a eu lieu. Il a duré depuis le lever du soleil jusqu'à son coucher. Le Porte-brandon se précipitait avec quatre bataillons pour combattre Goden (ou Gododin) et Réghed. — Ils s'étendirent des bois aux montagnes ; mais ils ne vécurent qu'un jour. — Or, dans la bataille d'Argoëd-Louéven il y eut bien des cadavres. — Dans les ruisseaux sanglants du combat les corbeaux rougirent. Et le peuple se hâta de publier la nouvelle ; et moi je célébrerai cette année jusqu'à ce que je ne gravite plus. — Oui, jusqu'à ce que je défaille de vieillesse ; jusqu'à ce que la rude angoisse de la Mort arrive, je ne sourirai point si je ne loue pas Urien ! » (Bardes bretons, pp. 400-403). 

A partir de cette victoire — qu'on peut placer environ l'année 555 — Urien devint le chef de la confédération des Bretons du Nord, et Ida trouva en lui un adversaire plus redoutable encore que Dutigern. 

Au nombre des plus intrépides auxiliaires d'Urien, on doit nommer le barde Liwarch-Hen, qui était roi d'Argoëd, et ses vingt-quatre fils. Liwarch, déjà vieux, ne pouvait plus guère donner à la confédération que le secours de ses conseils, de sa prudence, et de ses chants inspirés. Mais ses fils donnèrent leurs bras et leurs vies. Nous avons déjà entendu leur père célébrer Gwenn, le plus brave d'entre eux, tombé en combattant sous Arthur. Ecoutons-le maintenant pleurer la perte des autres : « Il y avait vingt-quatre fils dans la famille de Liwarch, tous gens de coeur, animés de fureur guerrière ; leurs marches étaient secrètes, leur gloire au-delà de toute mesure. — Vingt-quatre fils gardaient mon corps : par ma langue ils ont été tués ; la mesure de mon malheur est comblée ! Quand Peil mourut, ce fut d'une large blessure, avec du  sang dans sa chevelure en désordre, et au fracas de ses armes sur les deux rives du Fraou. — On bâtirait une salle avec les débris de boucliers, élevés les uns sur les autres, que Peil a brisés de sa main. — Qu'il était beau ! que son bras était terrible dans le combat ! que ses soldats étaient riches ! C'était une citadelle que le beau Peil sur son cheval... — Quand s'avançaient les Kymris contre l'armée dévastatrice des Logriens, avec de nombreux guerriers de chaque côté, c'était Peil qui leur donnait l'élan (Barde bretons, pp. 152-157). Ni Peil ni Madoc n'ont vécu longtemps. Si, selon la coutume, on leur criait : Se rendent-ils vos hommes? — Ils ne se rendent pas, répondaient-ils. — Jamais ils ne demandaient quartier. — Maën et Madoc et Médel étaient des guerriers vaillants, frères intrépides de Selef, Heilen, Laour et Liver. La tombe de Gwel est à Rioumélen ; la tombe de Saouel à Langolen ; Laour garde le fort du Lorien. — Cet épais gazon ne cache-t-il pas une tombe sanglante? L'herbe d'Ammarch est-elle souillée par la tombe de Lenghédoué, fils de Liwarch ? Les trois hommes du pays qui défendaient le mieux leur habitation étaient Eizar, et Ersar, et Argad. — Les trois fils de Liwarch, tous trois indomptables dans le combat, tristes voyageurs tous trois : Lef, et Arao, et Urien.... A l'aurore, au lever du jour, lorsque s'avança le Grand Brûleur de villes, ils ne furent point étranglés les chevaux de Mer'hez. — En face de ma cabane (Note : Liwarc'h composait cette élégie dans son extrême vieillesse, retiré loin du bruit dans un coin reculé du pays de Powys) il y a dans la plaine un cadavre dans le sang ; c'est par suite de la rencontre de Run et d'un autre brave. — Un cri s'élève du sommet du mont Lug, du haut de la tombe de Kenlug — En vain la vallée est couverte de neige ; les guerriers volent au combat : moi je n'y vais point, la maladie ne me quitte pas » (Bardes bretons, pp. 156 à 163). 

Et l'infortuné père continue, achevant jusqu'au bout la funèbre litanie de ses vingt-quatre fils immolés en combattant le Grand Brûleur de villes ; mais ce qu'il déplore par dessus tout, c'est d'être lui-même trop vieux pour prendre leur place dans ce combatte les venger. 

En face d'une telle résistance, Ida ne pouvait faire de grands progrès. Son règne finit même par une catastrophe. Il se laissa surprendre par Owen, fils d'Urien, qui le tua et massacra son armée : « Quand Owen tua le Porte-brandon (dit Taliésin), aucun obstacle ne s'offrit. Il dormait, l'ennemi ; elle dormait, la grande armée des Logriens, avec une torche dans les yeux ! Tous ceux qui ne s'enfuirent point à l'instant furent traités pire que des esclaves. Owen les châtia rudement, comme une bande de loups qui traque des moutons. L'excellent guerrier, aux harnais de diverses couleurs, fit don de leurs chevaux à ceux qui lui en demandèrent » (Bardes bretons, pp. 442-445). La mort d'Ida est de 559.

(M. Arthur de La Borderie - 1881)  

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